Le château de Demigny se situe en Saône-et-Loire, à proximité de Beaune et de Chalon-sur-Saône, dans une région réputée pour ses paysages viticoles et son patrimoine architectural. Niché dans un vaste parc arboré, ce château est un bel exemple de l’architecture de la fin du XVIIIᵉ siècle, période où la Bourgogne se distinguait par l’élégance de ses demeures aristocratiques.
L’histoire du château de Demigny
Édifié sur les bases d’un ancien manoir féodal, le château de Demigny fut la résidence de grandes familles bourguignonnes. Il témoigne du passage du style médiéval au style néoclassique, plus sobre et harmonieux, qui marqua la fin de l’Ancien Régime. Le domaine a traversé les époques, de la Révolution française au XIXᵉ siècle, tout en conservant son cachet d’origine. Classé Monument Historique, il fait aujourd’hui partie du patrimoine protégé de Bourgogne-Franche-Comté.
L’architecture et le parc
Le château présente une façade symétrique typique de l’architecture néoclassique, avec un corps central sobre et deux ailes élégantes. À l’intérieur, certaines pièces conservent des éléments d’époque comme des cheminées sculptées, des boiseries et des décors raffinés. Le parc paysager, aménagé dans l’esprit des jardins à l’anglaise, offre de larges perspectives, des allées bordées d’arbres centenaires et un cadre propice à la promenade. Il constitue un écrin naturel qui valorise l’architecture du château.
Bourgogne non loin du Château de la Rochepot il fait place un ancien château médiéval distant d’environ 60 mètres, mais disparu aujourd'hui. Construit après la Révolution Française, dans une architecture dite d'époque "directoire", c'est un château de facture très classique. Par ailleurs il a en grande partie gardé ses meubles d'origine.
La vue est superbe et on comprend rapidement l’instauration du château médiéval sur ce site qui lui permettait d'avoir une vue imprenable sur toute la vallée. Si vous êtes passionné de chasse, de vénerie, c'est un endroit parfait. Le musée est intéressant et outre le domaine de la chasse, vous pourrez voir des intérieurs typiques 'Directoire', un important pressoir daté de 1777 en état de marche (!), un potager, une chapelle de 1222 (pour l'instant en attente de restauration), un four à pain et un musée sur les anciens outillages.
Il ya aussi régulièrement des manifestations assez connues dans le milieu et dans la région, sur la chasse (voir le site officiel).
Informations
Adresse : Château de Demigny - Rue du Château - 71150 Demigny
Heures d'ouvertures & Visites : pas de visite libre. Vérifier les horaires sur le site officiel avant tout déplacement.
Visites Guidées : Du 1er Juillet au 31 Aout ( sauf le lundi ) & les journées du Patrimoine 10h à 12h et 14h à 18h (dernière visite à 17h) Groupes : De Pâques à la Toussaint sur rendez-vous
Historique
Sources : plaquette information au château
Situé en Bourgogne non loin du château de la Rochepot, il fait place à un ancien château médiéval distant d’environ 60 mètres, mais disparu aujourd'hui. Construit après la Révolution Française dans une architecture dite d'époque "directoire", c'est un château très classique.
Les commanditaires du château sont Alexandre Henri de Foudras, officier supérieur de la gendarmerie et chevalier de l'Ordre de Saint-Louis et de Malte et Marie-Antoinette, comtesse de Schlegenberg, née le 4 février 1805 en Silésie Prussienne.
Les dates :
- 1254 : Le hameau de Vacheret, à proximité duquel est construit le château, est donné en fief à Guy de Vacheret par le duc Hugues IV de Bourgogne. *
- 1431 : Jean de Vacheret en fit don à Guillaume de Vienne.
- XVe et XVIe siècles : La seigneurie est partagée entre les familles de Malain et de Vienne, la part de cette dernière passant à la famille d'Ugny puis à celle de Foissy.
- 1603 : Les Foissy réunirent les deux parties de la seigneurie en rachetant celle que possède Esme de Malain, baron de Lux.
- Début du XVIIe siècle : Jeanne de Foissy apporte le domaine en dot à Philippe d'Andelot.
- 1669 : La famille de Foissy est remplacée par la maison de Foudras, Louis de Foudras obtenant le domaine par mariage avec Anne d'Andelot, petite-fille des précédents. Le château médiéval existe encore sous la forme d'un quadrilatère cantonné de tours.
- 1752 : un dénombrement comportant une description du château primitif est réalisé par Louis de Foudras, descendant du précédent. La grille actuelle, le portail et une partie des communs sont réalisés au XVIIIe.
- Révolution Française : Alexandre-Henri de Foudras, fils du précédent, parvint à conserver le domaine, en dépit de son émigration. Alors très modifié, le château est très abîmé, on décida de le raser.
- 1805 : Marie-Antoinette de Schlegenberg, épouse du précédent, fit bâtir une nouvelle demeure dans le style « Directoire » à une soixantaine de mètres de la forteresse.
- 1839 : Après avoir achevé les aménagements intérieurs, planté une allée de peupliers et dessiné des jardins anglais, Théodore de Foudras, fils du précédent, célèbre pour ses œuvres cynégétiques, vendit le tout à M. Brémond.
- En 1853, le domaine devient la propriété de l'orientaliste Émile Guimet qui a donné son nom à un musée (le musée Guimet). Sa femme possédait un équipage et une meute de chiens bleus. Une race créée par Monseigneur de Foudras, évêque de Poitiers au XVIIe.
- 1932 : La famille Leflaive fit l'acquisition du domaine.
- Depuis 1994, Damarys, comtesse de Malibran-Santibanez,et Pierre Boilard possèdent les lieux. Ils font d'importants travaux de restaurations en essayant de perpétuer le lieu.
(dates : sources tirées en grande partie de Wikipedia, mais agrémentées et améliorées ;))
Le château aujourd'hui appartient à la Comtesse Malibran-Santibanez. Il s’agit d’une propriété privée.
Le 16 mai 1364 eut lieu la bataille de Cocherel, dans les plaines de Normandie près de Houdencourt-Cocherel. Elle fut une des batailles les plus intenses et les plus décisives de la guerre de Cent Ans, marquée par des affrontements féroces et un enchaînement de moments héroïques. Au cœur de ce chaos, une mêlée violente s’engagea autour du pennon du captal, un étendard que les forces navarraises défendaient avec une détermination sans égale.
La bataille, où l'honneur et la bravoure étaient en jeu, fit tomber de nombreux soldats des deux camps, dont des figures marquantes comme le vicomte de Beaumont, et vit la capture de plusieurs seigneurs, dont le prestigieux messire Geffroy de Roussillon. Ce fut une victoire coûteuse pour les Français, où, malgré leur triomphe, ils durent déplorer des pertes lourdes et des sacrifices.
Cette journée à Cocherel, en Normandie, ne fut pas seulement un affrontement militaire, mais un événement qui scella le destin de nombreux hommes et redéfinit le cours de la guerre. Cette bataille est aussi la mise en lumière d'un capitaine breton : Bertrand Du Guesclin !
Cocherel où le jeux du chat et de la souris !
CHAPITRE CLXX.
Comment le captal Jean III de Grailly partit d’Évreux avec une grande compagnie de gens d’armes pour combattre messire Bertrand Du Guesclin et les Français, dans le but de perturber le couronnement du roi Charles V.
Après avoir rassemblé une armée composée d’archers et de brigands à Évreux, messire Jean de Grailly, dit le captal de Buch, prépara ses troupes et confia la direction de la ville à un chevalier nommé Liger d’Orgesi. Il envoya messire Guy de Gauville à Gonches pour surveiller les environs et se mit en route avec ses hommes d’armes et archers, ayant entendu dire que les Français se déplaçaient, bien qu’il ignorait leur position exacte. Il partit donc à leur recherche, espérant les trouver, avec une armée de sept cents lances, trois cents archers et environ cinq cents autres hommes.
Parmi ses compagnons se trouvaient de nombreux chevaliers et écuyers de valeur, notamment le sire de Saux, un banneret navarrais, et l’un des plus importants chefs de son armée, un chevalier anglais nommé Jean Juiel. Parmi les autres, on comptait messire Pierre de Saquenville, messire Bertrand du Franc, le bascle de Mareuil, messire Guillaume de Gauville, et d’autres chevaliers prêts à affronter messire Bertran et ses troupes. Ils se dirigeaient vers Pacy et le Pont-de-l’Arche, convaincus que les Français allaient traverser la rivière de Seine.
Captal de Buch avait été décisif lors de la bataille de Poitiers. C'est un capitaine Gascon redouté.
Le mercredi de la Pentecôte, alors que le captal et son armée chevauchaient près d’un bois, ils rencontrèrent par hasard un héraut nommé le roi Faucon, qui venait de quitter le camp français. Le captal le reconnut immédiatement, car il était héraut au service du roi d’Angleterre, et lui demanda des nouvelles des Français. Faucon lui répondit qu’ils avaient traversé le Pont-de-l’Arche et Vernon, et qu’ils étaient proches de Pacy. Le captal lui demanda aussi qui commandait les troupes françaises et quels étaient leurs effectifs. Le héraut lui répondit que les Français étaient environ mille cinq cents combattants, dirigés par messire Bertran du Guesclin et d’autres chefs notables, dont le comte d’Auxerre, le vicomte de Beaumont, et plusieurs seigneurs du royaume.
Lorsqu’il entendit le nom des chevaliers gascons, en particulier ceux du seigneur de Labreth, le captal, furieux, répliqua en ces termes : « Gascons contre Gascons, il faudra bien qu’ils se rencontrent. » Le captal, inquiet de la présence des Gascons parmi les Français, s’indigna de cette situation, d’autant plus que le seigneur de Labreth se trouvait à Paris avec le régent, le duc de Normandie, en préparation pour le couronnement du roi Charles.
Alors que le captal méditait sur cette rencontre imminente entre Gascons, Faucon lui rapporta qu’un autre héraut, envoyé par l’archiprêtre, l’attendait pour lui parler. Le captal répondit sèchement qu’il n’était pas intéressé par de telles discussions, se méfiant des intentions de l’archiprêtre, qu’il considérait comme un traître potentiel. Lorsque le héraut François tenta de le convaincre, le captal maintint fermement sa position, ne voulant en aucun cas discuter avec l’archiprêtre.
Ainsi, dans cette atmosphère tendue et pleine de méfiance, les manœuvres de l’un et l’autre camp annonçaient des affrontements à venir, avec pour enjeu non seulement la victoire sur le terrain, mais aussi le destin politique du royaume de France.
Préparatifs et reconnaissances, le 14 Mai 1364
CHAPITRE CLXXI.
Comment les Navarrais et les Français se mirent au courant des mouvements de l'un et l'autre et comment le captal organisa ses troupes pour la bataille.
Les Navarrais et les Français apprirent l’un et l’autre leur position grâce aux deux hérauts qui leur rapportèrent des informations. Après en avoir discuté et réfléchi, ils décidèrent de partir à la rencontre de l'ennemi.
Quand le captal (chef des Navarrais) apprit par Faucon que les Français étaient environ quinze cents soldats, il envoya aussitôt des messagers à Évreux pour prévenir le capitaine de la ville. Il lui demanda de rassembler tous les jeunes combattants disponibles et de les envoyer près de Cocherel, car il pensait bien y trouver les Français. Il était déterminé à les affronter, peu importe l'endroit où il les rencontrerait.
Quand le capitaine d’Évreux, monseigneur Leger d’Orgesy, reçut ce message, il fit immédiatement annoncer publiquement que tous ceux qui pouvaient combattre à cheval devaient rejoindre le captal sans tarder. Plus de cent vingt jeunes hommes de la ville répondirent à l'appel et partirent le rejoindre.
Ce mercredi-là, en début d’après-midi, le captal s'installa avec ses troupes sur une colline, tandis que les Français, qui cherchaient à les affronter, avancèrent jusqu’à la rivière appelée l'Iton, qui passe près d’Évreux et prend sa source près de Conches. Ils s’installèrent tranquillement dans deux grands prés le long de cette rivière.
Le jeudi matin, les Navarrais quittèrent leur campement et envoyèrent des éclaireurs en avant pour recueillir des informations sur la position des Français. Les Français firent de même. En moins de deux lieues, les éclaireurs revinrent de chaque côté avec des informations précises sur la position de l'ennemi.
Guidés par Faucon, les Navarrais avancèrent et arrivèrent sur les plaines de Cocherel vers neuf heures du matin. Là, ils aperçurent les Français en train de se préparer au combat, formant leurs lignes de bataille. Il y avait de nombreuses bannières et étendards, et ils semblaient être bien plus nombreux qu'eux. Les Navarrais s’arrêtèrent alors près d’un petit bois et les capitaines se regroupèrent pour organiser leurs troupes.
Ils formèrent trois divisions, toutes à pied, et envoyèrent leurs chevaux, leurs bagages et leurs valets se cacher dans le petit bois.
La première division fut confiée à monseigneur Jean Juviel, qui prit sous son commandement tous les Anglais, hommes d’armes et archers.
La deuxième division fut placée sous les ordres du captal de Buch, avec environ quatre cents combattants. Aux côtés du captal se trouvaient le sire de Saux, un jeune chevalier navarrais avec sa bannière, ainsi que messire Guillaume de Gauville et messire Pierre de Saquenville.
La troisième division fut dirigée par trois autres chevaliers : le Basce de Mareuil, Bertrand du Franc et Sanchez Lopez, avec également environ quatre cents soldats en armures.
Une fois leurs troupes organisées, ils restèrent proches les unes des autres et prirent position sur une colline avantageuse située à leur droite, près du bois, faisant face aux Français. Ils placèrent stratégiquement le pennon (étendard) du captal dans un buisson épineux bien protégé et laissèrent soixante soldats en armures pour le défendre.
Ils choisirent ce lieu comme point de ralliement au cas où ils seraient dispersés par la force des armes. Ils décidèrent également de ne jamais quitter cette position ni de descendre de la colline, peu importe ce qui pourrait se passer. Si les Français voulaient les combattre, ils devraient venir les affronter sur cette colline.
CHAPITRE CLXXII.
Comment messire Bertran du Guesclin et les seigneurs français organisèrent leurs troupes.
Tandis que les Navarrais et les Anglais s’étaient déjà organisés sur la montagne, les Français de leur côté préparaient leurs propres batailles, en formant trois groupes et une arrière-garde.
La première bataille fut dirigée par messire Bertran du Guesclin et rassemblait tous les Bretons. Parmi les chevaliers et écuyers présents, on comptait notamment monseigneur Olivier de Mauny, monseigneur Hervé de Mauny, monseigneur Eon de Mauny (frères et neveux de messire Bertran), monseigneur Geoffroy Feiron, monseigneur Allain de Saint-Pol, monseigneur Robin de Guite, monseigneur Eustache et monseigneur Allain de La Houssoye, monseigneur Robert de Saint Père, monseigneur Jean le Boier, monseigneur Guillaume Bodin, Olivier de Quoiquen, Lucas de Maillechat, Geffroy de Quedillac, Geffroy Palen, Guillaume du Hallay, Jean de Pairigny, Sevestre Budes, Berthelot d’Angoullevent, Olivier Feiron, son frère Jean Feiron, et bien d’autres chevaliers et écuyers que je ne peux tous nommer. Cette bataille avait pour mission de rejoindre celle du captal de Buch.
La deuxième bataille fut dirigée par le comte d’Aucerre, accompagné des gouverneurs de la bataille : le vicomte de Beaumont et messire Baudoin d’Ennequins, maître des arbalétriers. Cette bataille comptait parmi ses rangs des Français, des Normands et des Picards, ainsi que des chevaliers comme monseigneur Oudart de Renty, monseigneur Enguerran d’Eudin, monseigneur Louis de Haveskerques, et plusieurs autres barons, chevaliers et écuyers.
La troisième bataille fut dirigée par l’archiprêtre et les Bourguignons, avec lui monseigneur Louis de Châlons, le seigneur de Beaujeu, monseigneur Jean de Vienne, monseigneur Guy de Trelay, messire Hugues Vienne et plusieurs autres. Cette bataille devait se regrouper autour du bascle de Mareuil et de sa troupe.
Enfin, l’arrière-garde était entièrement composée de Gascons. Messire Aymon de Pommiers, monseigneur le soudich de l’Estrade, messire Perducas de Labreth et monseigneur Petiton de Curton étaient les leaders de cette troupe. Ces chevaliers gascons, après avoir bien réfléchi, se rendirent compte de la disposition des troupes du captal et de la position de son pennon, qui était posé sur un buisson, bien gardé par certains de ses hommes. Ils décidèrent de concentrer leur attaque sur ce pennon, pensant que s'ils parvenaient à le prendre, cela affaiblirait considérablement leurs ennemis et les mettrait en danger. Ils mirent également en place une autre stratégie qui s’avéra très utile et décisive pour leur bataille.
La Ruse !
CHAPITRE CLXXIII.
Comment les Gascons eurent une bonne idée pour capturer le captal et le retirer du champ de bataille.
L’arrière-garde était entièrement composée de Gascons, dirigée par messire Aymon de Pommiers, le seigneur de l’Estrade, messire Perducas de Labreth et messire Petiton de Curton. Ces chevaliers gascons eurent alors une idée brillante : ils se rappelèrent que le captal (leur chef ennemi) avait placé son pennon (étendard) sur un buisson, gardé par quelques-uns de ses hommes pour en faire un point de ralliement.
Ils se dirent alors : « Quand nos armées s’affronteront, il faudra que nous foncions résolument droit sur le pennon du captal et que nous fassions tout pour nous en emparer. Si nous y parvenons, nos ennemis perdront une grande partie de leur force et risqueront fort d’être vaincus. »
En plus de ce plan, les Gascons élaborèrent une autre stratégie qui leur fut très avantageuse et contribua grandement à leur victoire ce jour-là.
Peu de temps après avoir organisé leurs lignes de bataille, les chefs des seigneurs français se réunirent pour discuter longuement de la meilleure façon de tenir leur position, car ils voyaient bien que leurs ennemis avaient un avantage stratégique.
À ce moment-là, les chefs gascons mentionnés précédemment proposèrent une idée qui fut bien accueillie : « Seigneurs, nous savons que le captal est un chevalier extrêmement vaillant et expérimenté dans l’art de la guerre. Tant qu’il restera sur le champ de bataille et pourra diriger le combat, il nous causera de lourdes pertes. Nous devons donc envoyer trente de nos meilleurs hommes à cheval, les plus courageux et les plus habiles que nous ayons. Leur mission sera claire : ils ne devront se concentrer que sur une chose, atteindre le captal.
Pendant que nous attaquerons son pennon pour semer le désordre, ces trente cavaliers devront, grâce à la rapidité de leurs montures et à leur force, traverser les rangs ennemis, atteindre le captal, le capturer, puis l’emporter loin du champ de bataille sans attendre la fin du combat. Nous pensons que si nous réussissons à le capturer de cette manière, la victoire sera à nous, car ses hommes seront tellement choqués par sa capture qu’ils perdront courage. »
Les chevaliers français et bretons présents approuvèrent immédiatement ce plan, le jugeant excellent. Ils choisirent alors trente des guerriers les plus courageux et déterminés parmi leurs troupes. Ces trente hommes montèrent sur les meilleurs chevaux disponibles, les plus rapides et les plus agiles du champ de bataille, puis ils se déplacèrent sur le côté, prêts à exécuter leur mission.
Pendant ce temps, le reste des troupes resta à pied, en formation, prêt à livrer bataille comme prévu.
Où comment bien choisir son chef !
CHAPITRE CXXIV.
Comment les seigneurs de France se mirent d’accord sur le cri à lancer et sur leur chef, et comment messire Bertran fut choisi pour mener la bataille.
Après avoir organisé leurs lignes de bataille et assigné à chacun son rôle, les chefs français discutèrent longuement du cri de ralliement à utiliser pendant la bataille et de la bannière autour de laquelle ils se regrouperaient. Pendant un moment, ils envisagèrent de crier « Notre-Dame, Auxerre ! » et de faire du comte d’Auxerre leur chef pour la journée.
Cependant, le comte refusa poliment cette proposition, en expliquant : « Seigneurs, je vous remercie de l’honneur que vous me faites, mais pour l’instant, je préfère ne pas accepter. Je suis encore trop jeune pour assumer une si grande responsabilité, d’autant plus que c’est ma première vraie bataille. Il vaut mieux choisir un autre chef. Parmi nous, il y a beaucoup de chevaliers expérimentés, comme messire Bertrand, l’Archiprêtre, le maître des arbalétriers, messire Louis de Châlons, messire Aymemon de Pommiers ou messire Oudart de Renty. Ils ont tous combattu dans de nombreuses batailles et savent mieux que moi comment diriger en de telles circonstances. Je vous demande donc de m’en dispenser. »
Les chevaliers présents insistèrent : « Comte d’Auxerre, vous êtes le plus noble parmi nous, par votre rang, vos terres et votre lignée. Vous êtes donc le plus légitime pour être notre chef. » Mais le comte resta ferme : « Je vous remercie de votre confiance, mais aujourd’hui, je préfère rester votre compagnon d’armes. Je combattrai à vos côtés, pour vivre ou mourir avec vous. Mais je ne souhaite pas exercer le commandement suprême. »
Les chevaliers se consultèrent alors pour choisir un autre chef.
Finalement, ils tombèrent d’accord sur le choix de Bertrand du Guesclin, considéré comme le meilleur chevalier présent sur le champ de bataille, non seulement pour son courage, mais aussi pour son expérience dans l’art de la guerre. Ils décidèrent donc que le cri de ralliement serait « Notre-Dame, Guesclin ! » et que Bertrand du Guesclin commanderait les troupes ce jour-là.
Tout étant en place, avec chaque seigneur sous sa bannière ou son pennon, les Français observaient leurs ennemis postés sur la colline, bien retranchés. Les Navarrais et les Anglais avaient clairement l’intention de garder cette position avantageuse, ce qui contrariait fortement les Français. Le soleil montait déjà haut dans le ciel, rendant la chaleur accablante et pénible pour les soldats qui n’avaient ni vin ni provisions, sauf quelques seigneurs avec de petits flacons de vin vite vidés.
Les Français n’avaient pas prévu une attente aussi longue, pensant que la bataille commencerait rapidement après leur arrivée. Mais les Navarrais et les Anglais utilisaient toutes les ruses possibles pour retarder l’affrontement, ce qui épuisait les Français à cause de la chaleur et du manque de ravitaillement.
Voyant cela, les chefs français se réunirent à nouveau pour décider de la marche à suivre : fallait-il attaquer leurs ennemis retranchés ou non ? L’opinion était divisée. Certains voulaient les affronter immédiatement, estimant qu’il serait honteux de reculer après avoir attendu si longtemps. D’autres, plus prudents, faisaient remarquer que les attaquer en position de force sur la colline serait trop risqué et pourrait entraîner une défaite certaine.
De leur côté, les Navarrais observaient les mouvements des Français et disaient : « Regardez-les, ils vont bientôt nous attaquer, c’est certain. »
Des chevaliers normands, prisonniers des Anglais et des Navarrais, mais libres de se déplacer car on leur faisait confiance à cause de leur serment de ne pas se battre contre les Français, rapportèrent alors aux chefs français : « Seigneurs, il faut prendre une décision rapidement. Si la bataille n’a pas lieu aujourd’hui, vos ennemis seront renforcés demain par l’arrivée de messire Louis de Navarre avec trois cents lances. »
Ces informations poussèrent fortement les Français à envisager de combattre les Navarrais le jour même, malgré les difficultés. Ils se préparèrent à lancer l’assaut à plusieurs reprises, mais chaque fois, les plus sages parmi eux conseillèrent d’attendre un peu pour voir si leurs ennemis bougeraient de leur position avantageuse.
Pendant ce temps, de nombreux soldats français souffraient terriblement de la chaleur. Le soleil était au plus haut, ils n’avaient pas mangé de la matinée et leurs armures surchauffées leur pesaient lourdement. Certains disaient même : « Si nous attaquons cette colline maintenant, avec la fatigue et la chaleur, nous serons vaincus à coup sûr. Retirons-nous pour aujourd’hui et préparons un meilleur plan pour demain. »
Ainsi, les chefs français étaient partagés, incertains de la meilleure stratégie à adopter face à un ennemi solidement retranché et bénéficiant de conditions plus favorables.
Quand les chevaliers français, chargés de diriger leurs troupes avec honneur, virent que les Navarrais et les Anglais ne quittaient pas leur position fortifiée, et que le soleil était déjà haut dans le ciel, ils commencèrent à s'inquiéter. Ils écoutaient aussi les informations apportées par des prisonniers français revenus du camp navarrais et voyaient que leurs soldats souffraient beaucoup de la chaleur. Cela les mettait dans une situation difficile.
Conseil de guerre !
Ils décidèrent alors de tenir un nouveau conseil, dirigé par Bertrand du Guesclin, leur chef respecté. « Seigneurs, dit-il, nos ennemis cherchent à nous fatiguer et espèrent que nous les attaquerons dans leur position avantageuse. Mais ils ne bougeront pas de là, à moins qu’on ne les y force par une ruse. Voici mon plan : faisons semblant de battre en retraite, comme si nous abandonnions l'idée de combattre aujourd’hui. De toute façon, nos soldats sont épuisés par cette chaleur accablante. Nous enverrons nos valets, nos équipements et nos chevaux traverser le pont pour rejoindre nos campements, en faisant bien attention à rester organisés et disciplinés. Nous resterons en embuscade sur les flancs, prêts à observer leurs mouvements. Si vraiment ils ont envie de se battre, ils descendront de leur colline pour nous attaquer en terrain ouvert. Dès que nous verrons leur mouvement, nous pourrons faire demi-tour et les affronter dans de meilleures conditions. »
Tout le monde approuva cette stratégie. Chaque chef retourna alors auprès de ses troupes, sous sa bannière ou son pennon, prêt à suivre ce plan. Les trompettes sonnèrent, et les Français firent semblant de se retirer. Ils ordonnèrent à leurs valets et écuyers de traverser le pont avec les équipements, et beaucoup le firent, suivis même par quelques soldats d’apparence découragée.
16 mai 1364, les Anglo Navarrais attaquent !
Quand Jean Juviel ( ou Jouel selon les écrits et les versions ), un chevalier fougueux et avide de combat, vit ce mouvement, il s’écria auprès du Captal : « Sire, regardez ! Les Français fuient ! Descendons vite pour les attaquer ! » Mais le Captal répondit prudemment : « Jean, ne sois pas trop sûr de toi. Des hommes aussi valeureux ne fuient pas de cette manière. C’est sûrement un piège pour nous attirer en terrain découvert. »
Cependant, Jean Juviel était trop impatient. Il s’écria : « En avant ! Que ceux qui m’aiment me suivent, je pars au combat ! » Épée à la main, il mena son groupe hors de la colline, suivi par une partie de ses hommes. Voyant cela, le Captal réalisa que Jean Juviel avait agi sans attendre ses ordres. Ne voulant pas le laisser combattre seul, il s’écria à son tour : « Allons ! Descendons de la colline, Jean Juviel ne se battra pas sans moi ! » Et il chargea en tête, son épée brandie.
Quand les Français, toujours en embuscade, virent que leurs ennemis avaient quitté leur position avantageuse et descendaient en plaine, ils se réjouirent et dirent : « Voilà ce que nous attendions toute la journée ! » D’un seul élan, ils se retournèrent en criant : « Notre-Dame, Guesclin ! » et se lancèrent à l’assaut des Navarrais, bannières en tête. La bataille s’engagea violemment, avec tous les soldats à pied.
Jean Juviel se précipita en avant, l’épée levée, et attaqua la division des Bretons commandée par Bertrand du Guesclin. Il montra un grand courage et prouva sa valeur au combat.
La mêlée fut féroce, les chevaliers et écuyers s’affrontant violemment sur la plaine. Les Navarrais et Anglais criaient : « Saint-George, Navarre ! » tandis que les Français répondaient : « Notre-Dame, Guesclin ! »
Du côté français, plusieurs chevaliers se distinguèrent, notamment Bertrand du Guesclin, le jeune comte d’Auxerre, le vicomte de Beaumont, Baudouin d’Ennequins, Louis de Châlons, Antoine de Beaujeu, Louis de Havesquierque, Oudard de Renty et Enguerran d’Eudin. Les Gascons, quant à eux, combattaient à part sous le commandement de chevaliers comme Aymon de Pommiers, Perducas de Labreth, le Soudich de l’Estrade et d'autres. Ils se dirigèrent directement contre les troupes du Captal, leur principal adversaire.
Le combat fut intense, avec de violents corps-à-corps et des démonstrations de bravoure de part et d’autre.
Pour être juste dans le récit de cette bataille, il faut expliquer pourquoi l’Archiprêtre, pourtant un grand capitaine présent ce jour-là, n’est pas mentionné dans les combats. Dès qu’il vit que l’affrontement était inévitable, il quitta discrètement le champ de bataille avec un seul écuyer. Avant de partir, il ordonna à ses hommes de rester et de se battre jusqu’au bout. Il leur expliqua : « Je ne peux pas combattre aujourd’hui contre ceux qui sont de l’autre côté. Si on vous demande où je suis, répondez ce que je viens de vous dire. » Puis, il traversa la rivière, laissant ses troupes derrière lui.
Ni les Français ni les Bretons ne remarquèrent son absence, car ils voyaient toujours sa bannière sur le champ de bataille et croyaient qu’il combattait à leurs côtés.
Revenons maintenant à la bataille elle-même, qui fut acharnée et pleine d’exploits de bravoure des deux côtés.
Dès le début de la bataille, lorsque Jean Juviel descendit de la colline suivi de toutes ses troupes aussi vite qu'elles le pouvaient, y compris le Captal et ses hommes, ils pensaient déjà avoir remporté la victoire. Mais les choses ne se passèrent pas du tout comme prévu. Quand ils virent que les Français s’étaient réorganisés avec discipline, ils comprirent immédiatement qu’ils avaient fait une erreur. Pourtant, en guerriers courageux, ils ne se laissèrent pas déstabiliser et décidèrent de se battre vaillamment pour renverser la situation.
Incertitude de guerre !
Ils reculèrent un peu pour se regrouper, puis s’ouvrirent pour laisser passer leurs archers placés à l’arrière. Une fois en première ligne, les archers se déployèrent et commencèrent à tirer de toutes leurs forces. Mais les Français étaient si bien protégés par leurs armures et leurs boucliers qu’ils ne souffrirent presque pas de cette attaque, et cela ne les empêcha pas de continuer le combat. Ils chargèrent alors les Navarrais et les Anglais à pied, et les deux camps s’affrontèrent avec une grande détermination.
Le combat fut extrêmement brutal, avec des soldats des deux côtés qui arrachaient les lances, les haches et les armes de leurs adversaires par la force ou en luttant corps à corps. Ils se capturaient mutuellement, se faisaient prisonniers, et se battaient si férocement qu’ils en venaient à se battre main à main avec un courage exceptionnel. La mêlée était si dense et dangereuse qu’il y eut un grand nombre de morts et de blessés des deux côtés, car personne ne faisait de quartier.
Les Français durent se battre sans relâche, car ils faisaient face à des ennemis déterminés et audacieux. Chacun d'eux devait donner le meilleur de lui-même pour survivre, protéger sa position et saisir les occasions qui se présentaient, sinon ils risquaient d'être tous vaincus. Les Picards et les Gascons, en particulier, se montrèrent très courageux et accomplirent de nombreux exploits durant cette bataille.
Maintenant, parlons des trente chevaliers d’élite qui avaient pour mission de capturer le Captal. Montés sur de puissants chevaux de bataille, ils n’avaient qu’un seul objectif en tête : atteindre le Captal. Se frayant un chemin à travers les lignes ennemies grâce à l’aide des Gascons qui les soutenaient, ils foncèrent droit vers lui.
Le Captal se battait alors vaillamment avec une grande hache, frappant si fort que personne n’osait s’approcher de lui. Mais les trente chevaliers, sachant parfaitement ce qu’ils avaient à faire et sans craindre le danger, l’entourèrent soudainement. Ils le saisirent de force et l’immobilisèrent avant de l’emporter hors du champ de bataille.
À cet instant, un grand chaos éclata autour d’eux. Tous les soldats convergèrent vers l’endroit où le Captal avait été capturé. Ses hommes, furieux et désespérés, criaient : « À la rescousse du Captal ! » Mais malgré leurs efforts, ils ne purent rien faire pour le libérer. Le Captal fut emmené en captivité en dépit de tous leurs cris et tentatives de sauvetage.
À ce moment-là, personne ne savait encore de quel côté la victoire allait pencher.
La Victoire !
Dans cette mêlée chaotique où tout le monde se battait violemment, les Navarrais et les Anglais tentaient de suivre les traces du Captal, qu'ils voyaient emporté devant eux. Ils semblaient comme enragés en voyant leur chef capturé. De leur côté, messire Aymon de Pommiers, messire Petiton de Courton, le soudich de l’Estrade, ainsi que les hommes du seigneur de la Breth, décidèrent d’attaquer l’étendard du Captal, qui avait été planté dans un buisson et servait de point de ralliement aux Navarrais.
Un terrible combat éclata à cet endroit, car l’étendard était bien défendu par de vaillants guerriers, notamment messire le bascle de Marueil et messire Geffroy de Roussillon. On y vit de nombreux exploits de bravoure, des prises d'otages, des tentatives de libération, ainsi que beaucoup de blessés et de morts. Finalement, les Navarrais, qui protégeaient l’étendard près du buisson, furent repoussés par la force des armes. Le bascle de Marueil fut tué ainsi que plusieurs autres combattants, et messire Geffroy de Roussillon fut capturé par Aymon de Pommiers. Les autres furent soit tués, soit faits prisonniers, soit repoussés si loin qu’il ne restait plus personne autour du buisson lorsque l’étendard du Captal fut arraché et jeté à terre.
Pendant que les Gascons menaient cet assaut, les Picards, Français, Bretons, Normands et Bourguignons se battaient avec acharnement ailleurs sur le champ de bataille. Ils en avaient bien besoin, car les Navarrais les avaient repoussés. Le vicomte de Beaumont fut tué dans cette mêlée, ce qui fut une grande perte car il était jeune et prometteur. Ses hommes réussirent à peine à l'extraire de la bataille pour le protéger.
D’après ceux qui ont participé à cette bataille, c’était l’un des combats les plus violents qu’on ait jamais vus avec si peu de soldats. Les deux camps se battaient à pied, au corps à corps, s’agrippant les uns aux autres et utilisant toutes les armes possibles. Les coups de hache étaient si violents que tout le monde en restait stupéfait.
Messire Petiton de Courton et le soudich de l’Estrade furent grièvement blessés et ne purent plus combattre de toute la journée. Quant à messire Jean Juviel, qui avait déclenché la bataille en attaquant courageusement les Français, il se battit vaillamment sans jamais reculer. Mais il fut finalement gravement blessé à plusieurs endroits et capturé par un écuyer breton sous les ordres de Bertrand du Guesclin.
Pendant ce temps, le sire de Beaujeu, messire Louis de Châlons, les hommes de l’archiprêtre, ainsi qu’un grand nombre de chevaliers et d’écuyers de Bourgogne se battaient de leur côté contre un groupe de Navarrais et les troupes de Jean Juviel. Les Français n’avaient pas l’avantage, car leurs adversaires se montraient d'une résistance acharnée. Bertrand du Guesclin et ses Bretons firent preuve de loyauté et de courage, se soutenant mutuellement tout au long du combat.
Ce qui fit basculer la bataille en faveur des Français fut la capture du Captal au début du combat et la prise de son étendard, ce qui empêcha ses hommes de se regrouper. Les Français remportèrent finalement la victoire, mais au prix de lourdes pertes parmi leurs rangs, dont le vicomte de Beaumont, messire Baudoin d’Ennequins (le chef des arbalétriers), messire Louis de Havesquierques et plusieurs autres.
Du côté des Navarrais, un chevalier de Navarre, le sire de Saux, ainsi que beaucoup de ses hommes furent tués. Le bascle de Marueil trouva également la mort, et messire Jean Juviel mourut prisonnier le même jour. Parmi les captifs, on compta messire Guillaume de Gauville, messire de Saquenville, messire Geffroy de Roussillon, messire Bertran du Franc et bien d'autres. Peu d’entre eux réussirent à s’échapper, car presque tous furent tués ou capturés sur place.
CHAPITRE CLXXVIII.
Comment messire Bertran et les Français quittèrent Coucherel avec leurs prisonniers et se rendirent à Rouen.
Après la défaite, une fois les morts dépouillés de leurs armures, chacun s'occupait de ses prisonniers, si tant est qu’il en avait, ou s’assurait que les blessés soient pris en charge. La majorité des Français avait déjà traversé le pont et la rivière, se dirigeant vers leurs logis, tout fatigués et épuisés. Mais, dans leur lassitude, ils furent pris de court par un danger dont ils ne se méfiaient pas. Laissez-moi vous expliquer comment cela se passa.
Messire Guy de Gauville, fils de monseigneur Guillaume qui avait été pris sur le champ de bataille, était parti de Conches, une garnison navarraise. Il avait appris que des combats se préparaient, et s’était précipité pour rejoindre la bataille, espérant que les hostilités se poursuivraient le lendemain. Il voulait absolument être aux côtés du Captal, et avait autour de lui une cinquantaine de cavaliers, tous bien montés.
Messire Guy et sa troupe arrivèrent en galopant à toute vitesse jusqu’à l’endroit où la bataille avait eu lieu. Les Français, qui étaient à l’arrière et n’avaient pas pris garde à cette arrivée soudaine, furent soudainement effrayés par le bruit des chevaux et se mirent à crier : « Retournez, retournez ! Voici les ennemis ! » Cette alerte causa une grande panique parmi eux. Mais messire Aymon de Pommiers, qui était présent avec ses hommes, réconforta ses troupes. Dès qu'il aperçut les Navarrais arriver, il se replia sur la droite, fit déployer son étendard et le plaça en hauteur sur un buisson pour rassembler ses troupes.
Quand messire Guy de Gauville, qui était pressé, arriva sur la scène, il vit l’étendard de monseigneur Aymon de Pommiers, et en entendant le cri de « Notre Dame Guesclin ! », il remarqua aussi une grande quantité de morts étendus sur le sol. Il comprit immédiatement que ses troupes avaient été battues et que les Français avaient pris le contrôle de la place. Sans tenter de se battre, il fit demi-tour et poursuivit sa route sans s’arrêter, en passant assez près de monseigneur Aymon de Pommiers qui était prêt à l’accueillir si une confrontation avait eu lieu. Il continua donc sa route, probablement en direction de la garnison de Conches.
Passons maintenant aux Français et à leur manière de gérer la situation. Comme vous l’avez entendu, la journée avait été en leur faveur. Le soir venu, ils traversèrent à nouveau la rivière et se retirèrent dans leurs logis, heureux de ce qu’ils avaient accompli. Cependant, l'archiprêtre fut vivement critiqué et remis en cause lorsqu’on se rendit compte qu’il n’avait pas participé à la bataille et qu’il était parti sans en informer personne. Ses hommes firent de leur mieux pour justifier son absence.
Sachez également que les trente hommes qui avaient capturé le Captal, comme vous l’avez entendu, ne s’arrêtèrent pas. Ils continuèrent leur route et amenèrent le Captal jusqu’au Château de Vernon, où il fut mis à l’abri. Le lendemain, les Français se préparèrent à partir, emballèrent leurs affaires, et prirent la direction de Rouen, en passant près de Vernon. Ils finirent par y arriver, et une partie de leurs prisonniers fut laissée à Rouen, tandis que la plupart d’entre eux repartirent vers Paris, heureux et satisfaits. Cette journée avait été une grande victoire pour eux et bénéfique pour le royaume de France.
Si les choses avaient tourné autrement, le Captal aurait fait un véritable ravage en France. En effet, il avait l’intention de se diriger vers Reims, où le duc de Normandie, qui y était déjà, l’attendait pour être couronné et consacré, accompagné de la duchesse.
Comment le duc de Normandie fut très heureux de la défaite du captal et comment Charles V fut couronné roi avec grande solennité.
Les nouvelles se répandirent rapidement un peu partout que le captal avait été capturé, et que ses troupes avaient été mises en déroute. Cela apporta à messire Bertran du Guesclin une grande gloire et une renommée immense dans tout le royaume de France, et son nom fut particulièrement honoré. Les nouvelles parvinrent jusqu’au duc de Normandie, qui se trouvait à Reims. Il en fut très joyeux et rendit grâce à Dieu à plusieurs reprises. Sa cour et toutes les personnes présentes à son couronnement furent ravies et très contentes.
Ce fut le jour de la Trinité de l’année 1364 que le roi Charles V, fils aîné du roi Jean II le Bon, fut couronné et consacré roi à la grande église Notre-Dame de Reims, tout comme madame la reine, son épouse, fille du duc Pierre de Bourbon, par monseigneur Jean de Craon, archevêque de Reims. Le roi Pierre de Chypre, le duc d’Anjou, le duc de Bourgogne, le duc de Luxembourg et de Brabant, oncle du roi, le comte d’Eu, le comte de Dampmartin, le comte de Tancarville, le comte de Vaudemont, messire Robert d’Alençon, l’archevêque de Rouen et de nombreux prélats et seigneurs étaient présents, mais je ne pourrai pas tous les nommer ici, tant ils étaient nombreux.
Les festivités et les cérémonies furent grandioses, et le roi de France et la reine demeurèrent à Reims pendant cinq jours. De nombreux dons et magnifiques bijoux furent offerts aux seigneurs étrangers, dont la plupart prirent congé du roi et retournèrent dans leurs terres. Le roi de France repartit ensuite pour Paris, voyageant à un rythme tranquille et accompagné d’un grand nombre de prélats et de seigneurs, dont le roi de Chypre.
Il est difficile de décrire ou de rappeler en une seule journée d’été toutes les festivités et les réjouissances qui eurent lieu à Paris à son arrivée. La plupart des seigneurs et chevaliers qui avaient participé à la bataille de Coucherel étaient déjà revenus à Paris. Le roi leur fit un grand accueil et les reçut avec beaucoup de plaisir, en particulier messire Bertran du Guesclin, les chevaliers de Gascogne, monseigneur Aymon de Pommiers et les autres, car le sire de Labreth avait aussi assisté à son couronnement.
Source principale : Jean Froissard, texte réecrit en français plus courant avec des modifications.
Nichée au pied du Monviso, dans le Piémont occidental, la ville de Saluzzo ( Saluces en français ) possède une histoire qui remonte à l’Antiquité. Occupée dès l’époque romaine, elle se développe au Moyen Âge comme un centre stratégique entre la plaine du Pô et les vallées alpines. Dès le XIᵉ siècle, Saluzzo devient le siège d’une seigneurie puissante : le marquisat de Saluzzo, fondé officiellement en 1142 par Manfredo I, issu de la lignée des Alérame.
Pendant plusieurs siècles, ce marquisat constitue une véritable petite principauté indépendante, riche et prospère, gouvernée par ses propres marquis. Grâce à sa position géographique, Saluzzo joue un rôle d’intermédiaire économique et culturel entre l’Italie, la France et la Provence. Ses marquis encouragent les arts, la littérature et l’architecture, ce qui donne à la ville un caractère raffiné encore perceptible dans son centre historique, marqué par ses ruelles médiévales, ses palais et son Château.
À partir du XVe siècle, Saluzzo subit les rivalités entre la France et la maison de Savoie. Après plusieurs occupations françaises (notamment sous François Ier et Henri II), le marquisat perd progressivement son autonomie avant d’être définitivement annexé au duché de Savoie en 1601 par le traité de Lyon.
Aujourd’hui encore, Saluzzo conserve l’image d’une petite capitale médiévale, avec son Château, ses églises, son centre historique où se mêlent héritage artistique, mémoire d’un marquisat indépendant et identité alpine.
Charmant petit village animé, offrant de nombreux restaurants locaux où une grande partie des produits sont préparés sur place.
Castiglia (Château des Marquis de Saluzzo)
Construit au XIIIᵉ siècle par Manfredo III comme forteresse défensive, il devient la résidence des marquis au XIVᵉ siècle. Après l’annexion par la Savoie (1601), il est transformé en citadelle militaire, puis en prison jusqu’au XXᵉ siècle. Aujourd’hui, il abrite le Musée civique, le Musée de la Chevalerie et le Musée de la Prison.
Cathédrale de Saluzzo (Duomo di Maria Vergine Assunta) Édifiée entre 1491 et 1501 sur les restes d’une ancienne église romane, elle est un bel exemple de gothique tardif lombard. Elle conserve de précieuses œuvres d’art, dont des fresques de Hans Clemer, peintre flamand actif à la cour des marquis.
Église San Giovanni Fondée au XIVᵉ siècle par les Dominicains, elle mêle style roman et gothique. À l’intérieur se trouvent des fresques remarquables et surtout la chapelle Cavassa, joyau de la Renaissance décoré par Hans Clemer.
Casa Cavassa
Ancienne demeure de la puissante famille Cavassa, datée du XVe siècle, elle est aujourd’hui un musée de la Renaissance. Restaurée au XIXᵉ siècle, elle conserve des fresques, des meubles d’époque et des retables précieux, dont la célèbre Madonna della Misericordia de Clemer.
Torre Civica (Tour Civique)
Construite au XVe siècle comme symbole du pouvoir communal, elle servait de tour de guet et de clocher civil. Haute de 48 mètres, elle domine encore le centre historique et offre un panorama exceptionnel sur la plaine du Pô et le Monviso.
Couvent San Bernardino
Fondé au XVe siècle, il se distingue par son cloître et ses fresques. Il témoigne de la diffusion de l’ordre franciscain dans la région et de l’importance religieuse de Saluzzo à la fin du Moyen Âge.
Palazzo delle Arti Liberali Ancien siège de la corporation des arts libéraux au XVe siècle, il illustre l’importance économique et culturelle des métiers à Saluzzo.
Le Château de La Roche-Guyon, niché au cœur du parc naturel régional du Vexin français, est un joyau historique situé sur les rives de la Seine, à la frontière entre l’Île-de-France et la Normandie. Dominant le village du même nom, il offre un témoignage exceptionnel de l’évolution architecturale du Moyen Âge à nos jours. Construit à flanc de falaise, son donjon du XIIe siècle surplombe un élégant Château des XVIIe et XVIIIe siècles, formant un ensemble unique où se mêlent histoire, légendes et nature. Tantôt forteresse médiévale, demeure seigneuriale ou quartier général militaire lors de la Seconde Guerre mondiale, ce lieu chargé d’histoire séduit aujourd’hui les visiteurs par son atmosphère envoûtante et son panorama exceptionnel sur la vallée de la Seine.Son histoire est riche et couvre une période très large de l’histoire de France qui s’étale du IXème siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale. Son emplacement, sa conception dans les roches de craie et son histoire en font une place de choix et un lieu unique et pittoresque.
D’où vient son nom ‘ La Roche Guyon ‘ ? Les premiers seigneurs s’appelaient traditionnellement Guy et ‘La Roche’ par rapport évidemment à sa situation rocheuse.Le village de la Roche Guyon fait partie d'un des 152 "plus beaux villages de France", le seul en Île-de-France. Il est vrai que le village est très agréable, bien entretenu, des parkings gratuits sont disponibles et l'accueil en général est plutôt bon.
Informations
Adresse : E.P.C.C du Château de La Roche-Guyon - 1 rue de l’Audience - 95780 La Roche-Guyon
Heures d'ouvertures & Visites : Horaires d’ouverture du château (dernier billet vendu 1h avant la fermeture) :
BASSE SAISON : Du samedi 6 FÉVRIER au dimanche 28 MARS et du lundi 1er NOVEMBRE au dimanche 28 NOVEMBRE : 10h à 17h.
HAUTE SAISON : Du lundi 29 MARS au dimanche 31 OCTOBRE 2010 : du lundi au vendredi de 10h à 18h. Le week-end et les jours fériés : de 10h à 19h. Fermeture annuelle de l’administration : fin-décembre 2010 à début janvier 2011 (dates à préciser).
OUVERTURE DU POTAGER : aux horaires du château, à partir d’avril... TARIFS : Tarif plein : 7,50 € Tarifs réduits : 5 € handicapés, 4 € (6-25 ans, étudiants, demandeurs d’emploi), 3 € habitants de la communauté de communes Vexin Val de Seine (Amenucourt, Chérence, Haute-Isle, La Roche-Guyon, Vétheuil, Vienne-en-Arthies, Villiers-en-Arthies).
Historique
Sources : divers, dont les plaquettes d'informations du château.
Peinture d'Hubert Robert, entre 1750 et 1808, actuellement au Musée des Beaux-Arts de Rouen
• La naissance du château
Vers le IIIe siècle des habitants vivent dans les troglodytes de l’actuel château inexistant à l’époque. Il existait même une chapelle, qui est à l’emplacement actuel, agrandie aujourd’hui. Selon la légende elle serait à l’endroit précis où un oratoire avait été construit par Sainte Pience. C'est là qu'était enterré, ou baptisé, Saint Nicaise.
La légende de Saint Nicaise ressemble étrangement à celle de Saint Denis à Paris. Sans rentrer dans les détails, les Vandales étant dans la région auraient fait décapiter Saint Nicaise, prêtre envoyé par Rome avec Saint Denis, ce dernier resta à Paris qui connut un sort similaire. Mais ressuscité il se leva avec la tête dans sa main pour venir dans l’île de Gasny (tout comme Saint Denis qui se leva avec sa tête et descendit de Montmartre pour arriver et être enterré à Saint-Denis, la basilique actuelle serait construite à l’endroit même de son inhumation ). Pience convertie par Saint Nicaise, l’enterra selon les rites chrétiens .
Le donjon principal est probablement du XIIème siècle. Cependant, les premières traces d’une fortification sommaire datent probablement des premières invasions Normandes et Viking. Son emplacement stratégique est double : il permet de surveiller le fleuve qu’il surplombe et l’une des routes qui mènent à la Normandie. Il faut évidemment rappeler que les fleuves et rivières étaient à l’époque un moyen de voyager rapidement, sans compter la pêche et toutes les nécessités d’usage et indispensables de l’époque.
Les diverses invasions de la région fait de la Roche Guyon une place centrale de choix et très hautement stratégique, tout comme le château de Gisors à quelques kilomètres de là. La vallée de l’Epte et ses abords sont des points de frictions importants lors de la guerre de Cent Ans et bien avant.
Le donjon a subi deux étapes importantes et majeures pour sa construction. La première, c’est sa construction vers la fin du XIIe siècle avec un donjon simplifié, mais déjà imposant, qui fut vite adjoint par deux ‘chemises’ de protection qui doublèrent son épais donjon initial. Sa forme rare reflète déjà pour l’époque une grande avancée technique. En arrondie vers la Seine et triangulaire vers l’arrière en forme effilée, il ressemble à une amande.
Le donjon a un diamètre de 12 mètres vers l’extérieur et 6 mètres en intérieur, avec des murs épais d’environ 3 mètres en moyenne. Son éperon de protection a un mur épais d’environ 4 mètres. Son architecture ramassée et compacte en fait un donjon capable de résister à la plupart des assauts de l’époque. Il est difficilement prenable, voire impossible, d’autant que pour y accéder, il n’y a qu’un unique chemin principal dans les roches de craie juste en dessous. Dès son origine et pendant plusieurs siècles, sa hauteur initiale était de plus de 30 mètres.
Vers 1250, le donjon reçoit un manoir fortifié, qui permet d’assurer une défense sans failles. La crête protégée par le donjon et la rive par le manoir fortifié en fait une place forte de renom, d’autant que les deux systèmes de protection sont reliés directement l’un à l’autre par un escalier souterrain permettant une défense bi-polaire difficilement attaquable. La tour carrée actuelle, quoique très modifiée présente encore des stigmates importants de cette époque. Appelée aujourd’hui le "circuit des herses", on y voit notamment deux entrées avec des herses, dont une qui représentait l’ancienne entrée du château. Elle est aujourd’hui cachée par le remblai de la terrasse. Mais si l’entrée n’est plus utilisable, on y observe encore parfaitement les fentes des herses. L’entrée était composée de successions importantes de herses, d’assommoirs, de mâchicoulis et autres défenses. Le château était bien gardé et ses imposantes protections alliée à un donjon imprenable qui surplombant l'ensemble.
La tour carrée est la plus ancienne du château avec le donjon, elle a été cependant remaniée de nombreuses fois.
• La guerre de Cent Ans
Lors de la bataille d’Bataille Azincourt le 25 octobre 1415, Guy VI de La Roche meurt comme des centaines d’autres chevaliers et combattants. Perrette de la Rivière devint veuve avec ses trois enfants. Le château va sûrement connaître l’une de ses premières attaques, par les Anglais notamment. Henri V fait ordonner le siège du château en 1419. Il lui faudra 6 long mois pour que le château soit livré aux mains des Anglais. Encore que Perrette de La Rivière n’avait plus tous ses chevaliers, ce qui aurait peut-être permis peut-être de résister plus longtemps.
Henri V lui propose un marché de dupe. Soit elle quitte ses terres ou soit elle se soumet à la couronne d’Angleterre : elle décide de partir. Il faut dire que le choix était cornélien et si cela peut paraître évident aujourd’hui, il l’était beaucoup moins évident à l’époque, sachant que le territoire ‘français’ était morcelé. La riche Ile de France était, pour l’ensemble, la plus grande partie du royaume français et la plus riche. Cela prouve probablement l’attachement de la famille à la royauté française, mais on peut supposer aussi que la mort de son mari lors de la bataille d’Azincourt ne lui donnait pas envie de se soumettre au royaume qui tua son mari.
Le château devint la propriété de Guy Le Bouteiller II (seigneur de Bouteiller), l’un des descendants directs de Charlemagne, mais qui trahit la ville de Rouen en la faisant tomber aux mains des Anglais. Cette ‘juste’ récompense offerte par Henri V lui permit d’y vivre jusqu’en 1439, date à laquelle son fils prit le relais pendant 10 ans. En 1449 ,avec les armées du roi Charles VII, le Comte de Dunois reprends la place sans coup férir ou presque :
Le château de la Roche-Guyon , est gouverné par John Howell. Il promet de libérer le château s’il ne reçoit pas de renfort dans les quinze-jours. Le duc de Sommerset, lieutenant de la Normandie alors à Rouen, fou de rage envoi 24 hommes pour le faire assassiner. John Howell apprends secrètement que le duc veut le faire tuer, il livre alors la place à Dunois et change de camp.
Guy VII de la Roche reconquiert son bien car unique et légitime héritier du château.
• De la guerre à la paix
Comme une grande partie des châteaux, la guerre de Cent Ans va être un formidable tremplin pour des fortifications purement défensives pour la plupart. Mais l’après-guerre de Cent Ans va changer la donne lentement mais sûrement. Puisque la Normandie est devenue française et que la guerre avec les Anglais sur le territoire n’est plus d’actualité, le château fort de la Roche Guyon perd de son intérêt stratégique et militaire. Il resta néanmoins une place de choix.
C’est le changement de propriétaire par alliance qui va chambouler ce château à l’aspect affreux selon l’abbé Suger : « Au sommet d'un promontoire abrupt, dominant la rive du grand fleuve de Seine, se dresse un château affreux et sans noblesse appelée La Roche. Invisible à sa surface, il se trouve creusé dans une haute roche. L'habile main du constructeur a ménagé sur le penchant de la montagne, en taillant dans la roche, une ample demeure pourvue d'ouvertures rares et misérables ».
Le mariage de Marie de la Roche avec Bertin de Silly en 1474 fait passer le château dans une famille d’officiers royaux, qui y restèrent par ailleurs jusqu’en 1628. Ils transformèrent le château en un lieu agréable de vie.
Par le mariage de Marie de La Roche (fille de Guy VII) avec Bertin de Silly en 1474, le château passe dans la famille de Silly où il reste jusqu’en 1628. Ils eurent par ailleurs un fils Charles de Silly qui devint seigneur de Rochefort. La famille de Silly transforma la forteresse médiévale en lieu de résidence habitable.
Des ouvertures sont faites, les remparts et donjons sont transformés pour être des lieux d’habitations. On remarquera notamment qu’en dessous du chemin de la ronde et des tours d’angles, on pratique des ouvertures de jour importantes. La tour actuelle ‘carrée’ subit d’importantes modifications, avec l’adjonction de fenêtre ‘gothique’ d’un enchevêtrement d’ouvertures laissant passer la lumière qui devait manquer avant. Ce type de modifications est d’ailleurs très courant après la guerre de Cent Ans. Pour certains même ils furent complètement détruits pour en faire des résidences de ‘luxe’. Mais une grande partie également fut abandonnée au fur et à mesure.
L’endroit devint tellement accueillant que les rois de France y vinrent régulièrement pour des parties de chasse. On peut noter notamment François Ier et Henri II. Henri IV y fut même éconduit par la charmante châtelaine, mais veuve, une histoire de ‘vacherie’ assez cocasse, mais qui démontre assez bien les relations de l’époque dans la haute sphère. Les femmes riches étaient bien souvent très libres et avaient dans certains cas des pouvoirs certains.
Au XVIIe siècle le potager fait son apparition. Il est juste en face du château, il existe encore presque à l’identique ! Identique jusqu’aux plantes et dans sa conception. Les potagers fleurissent et sont souvent des endroits d’expérience et découvertes botaniques, voir d’intrigues……
• De famille en famille
En 1628, la famille Silly ‘perdit’ le château. L’unique héritier François de Silly meurt à La Rochelle en 1628. Sa mère se remaria avec Charles de Plessis Liancourt et eut un fils Roger. Elle rachèta tous les droits nécessaires, en effet une partie appartienait à la seigneurie de la Roche-Guyon et d’autres éléments à des descendants des Silly. Roger continua le travail en négociant avec ses cousins de la famille de Silly en rachetant les droits également, cela permit de reconstituer l’intégralité du domaine.
Plus tard en 1659 Jeanne-Charlotte du Plessis Liancourt, petite fille de Roger de Plessis Liancourt, se maria avec son cousin François VII de la Rochefoucault, fils de l’écrivain de la Rochefoucault, célèbre auteur des Maximes, et fait tomber le domaine dans les mains de la famille de la Rochefoucault. Malgré un intermède d’une trentaine d’années, elle reste leur propriété jusqu'à aujourd’hui.
• Intrigues et traquenard
A cette époque le château va prendre une ampleur esthétique rarement vue avant.
C’est pourtant à cause d’une histoire de complot et d’intrigues que les choses vont clairement changer. Madame de Châteauroux alors favorite du roi est directement visé par une intrigue où la Rochefoucault est impliqué. Louis XV le fit exiler dans son château de la Roche Guyon avec impossibilité d’en partir. Mais Louis XV était un spécialiste des exils, un grand nombre de ministres et de personnages proches de sa personne en firent les frais : le Duc de Châtillon, le Comte de Maurepas, le garde des sceaux Chauvelin, tout le parlement de Paris, et un très grand nombre d’autres magistrats, des évêques, des abbés, et des hommes de tout état.
• De grands travaux sont réalisés, qui donneront à peu près l’actuel château.
Une écurie, grande et vaste, deux pavillons, une cour d’honneur et une entrée immense en dessous du chemin de ronde et de ses tours. Il rajoute au potager un réseau d’adduction d’eau, construit un réservoir souterrain long de 22 mètres, 9 mètres 30 de large et 3 de profondeur pour une capacité totale de 6.138 hectolitres.
Marie Louis Nicole de la Rochefoucault (qui devint la marquise d’Endeville), fille aînée du duc, vécut avec son père lors de l’exil royal. C’est toute une grande panoplie de personnages qui vinrent et se succédèrent dans ce château : les ministres, dont certains sont exilés ou répudiés par Louis XV (Choiseul, Maurepas et Turgot) et des gens d’esprit tels que Condorcet. La bibliothèque du château contenait par ailleurs un grand nombre d’ouvrages, aujourd’hui transférés dans d’autres lieux, un inventaire précis y recense 1713 titres pour 2791 volumes. Ce qui est déjà énorme pour l’époque, même si on est très loin des grandes bibliothèques comme celle de Colbert avec 64 000 ouvrages rares et précieux.
Marie Louis Nicole de la Rochefoucault contribua à la diffusion de la variole, à l’expérimentation de la culture de la pomme de terre pour créer un pain plus économique, ouvre une filature et crée même une école ‘publique’ gratuite. Elle correspondait régulièrement avec Voltaire et Walpole. La Révolution ne lui fit cependant pas grâce. Son fils, le duc de la Rochefoucault, fut assassiné à Gisors devant ses yeux le 4 septembre 1792 puis elle fut traînée en "justice" révolutionnaire. Elle ne dut sa survie qu’à une pétition des habitants du village de la Roche Guyon. La duchesse d’Enville décède à Paris le 31 mai 1797.
• La Révolution gronde
En dehors de la mort du duc de la Rochefoucault dans d’atroces conditions (tué à coups de pierres par une meute en folie à Gisors), le château connut peu d’atrocités ou de modifications, seul le donjon perdit de sa grandeur ……. Le 2 octobre 1793, le Conseil Général de Seine et Oise veut détruire le donjon pour éviter aux contre-révolutionnaires de l’utiliser. Le donjon fut réduit d’un tiers, pour ne faire plus que 20 mètres aujourd’hui. Bien que fut ordonnée sa destruction totale, cela ne fut pas fait et à peine entamé. Les pierres servirent à construire d’autres bâtiments dans le village, chose courante à cette époque, la pierre étant chère et rare.
• Un cardinal propriétaire
A la mort de la duchesse d’Endeville, c’est sa belle-fille qui en administra le bien, mais elle lâcha vite les rennes à son petit-fils le prince de Léon et Duc de Rohan. À la mort de celle-ci, l’ensemble du patrimoine revint donc au duc. Le 29 février 1788, naît Louis François Auguste de Rohan-Chabot. Il épousa en 1808 à l’âge de 20 ans Mademoiselle de Sérent âgée de 17 ans. Mais elle meurt brûlée vive 7 ans plus tard dans un tragique accident domestique.
Un an plus tard Louis François Auguste perd son père le duc de Rohan. Il devint donc duc de Rohan, mais entra dans les ordres quelque temps plus tard. En 1819 il entre au séminaire de Saint-Sulpice où il rencontre Victor Hugo. Ordonné prêtre en 1822, il est nommé archevêque d’Auch en 1828, puis archevêque de Besançon en 1829. En 1830, il est fait cardinal. Mais à cause de la chute des Bourbon, le cardinal-duc de Rohan fuit le territoire français. Il partit en Belgique, puis en Suisse. Il ne retourna dans son diocèse de Besançon qu’en 1832. Il resta à Besançon jusqu'à sa mort en 1833.
• Le château de La Roche-Guyon retourne dans la famille de La Rochefoucauld
1797-1829, c’est la période pendant laquelle le château de La Roche-Guyon quitte la famille de La Rochefoucauld. En effet, nommé archevêque de Besançon en 1829, Louis François Auguste de Rohan-Chabot revendit ses parts d’héritage à son cousin François XIII de La Rochefoucauld, fils du célèbre La Rochefoucauld-Liancourt, fondateur de la première caisse d’épargne de France.
• Sur le pont de la Roche Guyon ….
Entre-temps un pont fut construit en 1838, mais son incapacité et son unique voie n'était plus suffisant alors qu'il est un des rares ponts de la région. Il est donc décidé en 1882 de le détruire pour en refaire un autre, de type suspendu et semi-rigide. Mais c’est seulement le 17 août 1914 que les travaux commencèrent, pour être stoppés net quelque temps plus tard par la mobilisation de la Première Guerre mondiale. Les travaux ne reprennent qu’en 1932 pour finir deux ans plus tard. Le pont à arche unique fut inauguré le 7 juillet 1935, avec ses 200 mètres il était le plus long d’Europe. Fierté locale ce pont accueillit un grand nombre d’éloges. Mais la Seconde Guerre mondiale fait rage et s’approche de Paris. Le génie français le fit sauter dans un vacarme de 400 kilos de cheddites, dont l’objectif est de ralentir l’avancée allemande…ce qui ne servit presque à rien car les Allemands arrivèrent à Paris le 14 du même mois.
• La Seconde Guerre mondiale
Dès le mois d’août 1940, le village est occupé, et il resta une garnison jusqu’en 1941. Mais en 1943 on y installe une D.C.A le 17 mars .C’est surtout à partir de février 1944 que le château va connaître un des ses occupants les plus prestigieux : le maréchal Erwin Rommel.
La Roche Guyon est totalement libérée le 8 aout 1944, mais malheureusement un manque d’informations et de communication conduisit à un unique bombardement de la ville par les alliés. Ce bombardement malheureux va faire d’importants dégâts, mais sans blessés ni décès. Ce bombardement endommagea considérablement le château, le village et la maison la plus ancienne fut totalement détruite (1520).