Château de Dourdan

 

Le Château de Dourdan appartient aux très rares châteaux de l’Ile-de-France qui ont été très peu modifiés depuis sa construction, ce qui lui confère aujourd’hui un réel intérêt. Son nom est d’origine Celte ‘dor’ ou ‘dour’ se traduisant ‘eau’. Il fait parti d'une longue série de château de type 'Philippien', édifié principalement sous Philippe-Auguste et ayant des correspondances communes : Château de Bapaume - Tour Jeanne d'Arc à Rouen - Château de Nesles. Il fut la propriété de personnages illustres tels que Saint-Louis, Blanche de Castille, le duc de Berry, le duc de Guise, Sully, la famille d’Orléans.

Château de Dourdan
 

Historique

Sources :  Joseph Guyot -  Dourdan Illustré

 


C’est à priori les Celtes qui viendront les premiers à Dourdan et qui édifièrent probablement à l’endroit actuel une tour de bois, qui sera suivie plus tard par un oppidum gaulois. L’invasion romaine apporta son lot de modifications avec notamment des routes et aussi une station ‘gallo romaine’. A cette époque, Dourdan a commele nom : Dordanum. La richesse de son environnement, notamment du fer et de la glaise, lui permit de subsister et d’être une importante fabrique de poterie. Cette spécificité dourdanaise donna plus tard le blason de Dourdan : avec trois pots d’argent sur un champ d’azur. Au fur et à mesure, le château prit de plus en plus d’ampleur, notamment grâce à sa position. C’est surtout Hugues le Grand, fils de Robert Ier et Duc des Francs, qui fit de Dourdan l’un des ses châteaux de prédilection. Il y décéda par ailleurs le 16 juillet 956. Par la suite une multitude de rois Capétiens y vinrent régulièrement, notamment pour chasser. Mais c’est Philippe-Auguste qui va, pour son confort personnel, agrandir et reconstruire presque totalement le château que nous voyons aujourd’hui.

 


•    Le Donjon de Dourdan

Donjon médiéval de Dourdan

 

 

Le Donjon se dressait autrefois complètement isolé au milieu des fossés, à l'angle nord. Cette « grosse tour », dont relevaient tous les fiefs des environs, est de forme cylindrique et mesure hors d'œuvre 13m50 de diamètre. Son soubassement « plein » est en magnifique grès taillé. Ses assises, admirablement appareillées et jointoyées, sont en calcaire de Beauce, fin et dur, apporté de loin et à peine égratigné malgré les nombreux et terribles sièges de la guerre de Cent ans et de la Ligue. Sa hauteur, qui était singulièrement accrue par le comble et le clocher ajouré qui la surmontaient, a été réduite, au XVe siècle, à 25m35 du sol des fossés, soit 18 mètres au-dessus de la cour. Ses murailles mesurent 3m75 d'épaisseur.

Son rez-de-chaussée, en réalité le premier étage, était relié par deux ponts-levis, X et Y, à l'extérieur et à l'intérieur, avant que Sully n'ait fait combler cette partie du fossé. Une rangée de pierres figure l'ancien parapet et la pile fixe où s'appuyait le pont-levis, qui battait sur le linteau en grès au-dessus de la porte ogivale. Ce rez-de-chaussée est entièrement occupé par une belle salle, B, la salle commune, de 6 mètres de diamètre. La voûte, haute de 8m45 sous clef, est portée par six fortes nervures reposant sur des culs-de-lampe finement sculptés.

Un faux plancher permettait d'en doubler la surface pour la garnison. On y remarque un buste de Saint Louis, unique reproduction du chef de la Sainte-Chapelle, trois larges berceaux en ogive correspondant aux ouvertures F, E, tout ce qui pouvait être utile en temps de siège, une haute cheminée à pilastre avec un four, I, un moulin à bras, J, un puits, G, merveilleusement appareillé dans le mur, d'une profondeur moyenne de 35 pieds, avec souterrain latéral effondré, dans lequel le capitaine Jacques, en 1591, noya ses derniers boulets et son moule à balles ; une trappe, K, où aboutit la casemate L, qu'il avait fait creuser et par laquelle il fut pris, après trahison, par le maréchal de Biron, au bout de vingt-deux jours de siège héroïque ; un escalier, D, large de 1m24, de quarante et une marches, taillé dans la muraille et conduisant en M à la seconde salle, N, percée d'une seule baie, O, et munie aussi d'une cheminée, P. La hauteur de cette salle est de 6m55 sous clé, également avec voûte, nervures et consoles sculptées.

C'était la chambre du commandant. Une vis montait jusqu'au faîte. Depuis son découronnement, la plate-forme de la tour, débarrassée de la terre des gabions et fortement cimentée, consiste en une sorte de bassin profond d'environ 6 mètres de diamètre sur plusieurs pieds de hauteur, bordé tout autour par la large muraille. Il était l'amorce de la salle supérieure surmontée par le comble.


Cette promenade circulaire est des plus curieuses et permet d'embrasser un superbe panorama. Au pied du donjon, est enclavée dans la muraille une fort belle pierre sculptée aux armes des Hurault de Cheverny, et provenant des ruines de la tour de Brethencourt longtemps en lutte avec sa suzeraine ; plus loin, la porte de l'ancienne chapelle Saint Jean-Baptiste, retrouvée dans la banquette de terre qui forme terrasse. Sous la tour du milieu, une pièce voûtée servit de cachot aux « chauffeurs ».

Les anneaux sont encore visibles. Près de là, un édicule en l'honneur d'Henri IV. La tour d'angle du couchant, portant au dehors des vestiges d'ancienne défense, a conservé une partie de sa hauteur, son escalier intérieur, sa casemate à jour biais, pouvant servir d'oubliettes, et à son pied le trou de mine du maréchal de Biron qui l'a fendue.

Une courtine, d'où l'on découvre toute la vallée et la forêt, remplace au midi l'élégant corps d'hostel primitif, devenu au XVI siècle le bâtiment de Harlay de Sancy, dont la tour couverte de lierre était le centre et servit de salon à Louis XIII. Plus loin, est la terrasse, autrefois couverte, construite sur une large salle effondrée. Au pied était l'auditoire royal, où furent jugés les chauffeurs et où siégea le Tiers aux États généraux de 1789.


Prisonnier : La Hire , compagnon de Jeanne d'Arc - Histoire & Parcours y est enfermé en 1431 après la Bataille du Berger à côté de Rouen...peut-être ayant comme initial projet, avec le Comte Jean de Dunois - Bâtard d'Orléans, de libérer Jeanne d'Arc au château de Bouvreuil à Rouen. Il réussit cependant, peut être avec la complicité du capitaine de Dourdan, à s'échapper.


Château de Dourdan au Moyen-Âge

Château de Dourdan au Moyen-Âge, maquette au musée du château.


Les grandes dates du château de Dourdan

 

Hauteur de l'ancien château et actuellement

 

Historique du château de Dourdan


Xe siècle : Premier château construit sous Hugues Capet.

1220-1222 : Construction du château de Philippe Auguste (1165-1223). Il se caractérise par un plan régulier et un donjon circulaire excentré.

1237 : Louis IX (Saint Louis) donne en douaire à sa mère, Blanche de Castille en échange de Bapaume et d'autres places, puis à sa femme Marguerite de Provence (1260).

1307 : Philippe le Bel donna Dourdan à son frère, le comte d'Evreux (comtes d'Evreux 1307-1400).

1314 : Jeanne de Bourgogne accusée d'adultère, (femme de Philippe le long, fils de Philippe le Bel), est enfermée pendant un an dans le donjon avant d'être disculpée.

1400-1478 : La forteresse passe ensuite aux ducs de Berry (fortifications de la ville). Série de sièges lors de la lutte entre les Armagnacs et les Bourguignons.

1428 : Les Anglais pillent la ville.

1431 : Jean des Mazis, bailli de Dourdan pour les Anglais, fait prisonnier Etienne de Vignole dit La Hire, compagnon de Jeanne d'Arc. Celui-ci fut enfermé dans le donjon.

1477 : Louis XI reprend Dourdan dans son domaine.

1513 : Louis XII, ruiné par les guerres, engage Dourdan à Louis Mallet de Gravide, ancien conseiller de Louis XI, illustre seigneur normand. A sa mort, le domaine est rendu au roi.

1522 : François Ier dispose de Dourdan qu'il donne en 1536 à Anne de Pisseleu, comtesse d'Etampes.

1547 : Henri II le lui reprend et le vend à François de Guise.

1552 : Guerres de religion. Assassinat du duc de Guise en 1563.

1567 : Les protestants dirigés par Montgomery saccagent la ville.

1591 : Le capitaine Jacques prépare la défense et se retranche dans le donjon. Il fut trahi par un maçon et dut se rendre le 17 mai 1591.

1597 : Le château très abîmé fut engagé à un ami d'Henri IV, Nicolas Harlay de Sancy, surintendant des finances, qui fit construire des bâtiments le long des courtines sud. Il fut remplacé par Monsieur de Béthune, duc de Sully.

1611 : Louis XIII rachète Dourdan à Sully et le donne à sa mère, Marie de Médicis.

1624 : Marie de Médicis fait construire un corps de garde à l'entrée du pont du château pour loger les mousquetaires. Jacques de Lescornay écrit « Les mémoires de la ville de Dourdan ».

1652 : Louis XIV engage Dourdan à sa mère Anne d'Autriche.

1672 : Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, reçoit Dourdan, qui de ce fait n'appartient plus à la Couronne. A partir de 1690, il transforme la forteresse médiévale en prison royale.

1792 : Le château est acheté par le département de Seine et Oise pour en faire une prison départementale.

1818-1819 : Transfert de la prison à Poissy, mais maintien d'une prison municipale et d'un "dépôt" de militaires jusqu'en 1852.

1852 : Achat du château par Amédée Guénée qui le lègue à son cousin, Ludovic Guyot. Celui-ci le transmet à son fils Joseph en 1864.

1961 : La fille de Joseph Guyot, la comtesse de Gaillard de Lavaldène, vend le château en viager à la Ville.

1964 : Le château est classé Monument Historique.

1969 : Décès de la comtesse de Gaillard de Lavaldène. Création d'un musée, contrôlé par l'Etat à partir de 1977.

1972 : Restauration de la tour d'angle au N.E.

1975-1977 : Les fossés, menant au donjon, comblés à l’époque de Sully, sont dégagés et une passerelle de bois est installée en lieu et place d’un ancien pont levis.

1980-1982 : Réfection de la bordure du musée ainsi qu’une partie des façades côté cours.

1983-1984 : L’extérieur du Donjon et une courtine sont refaits.

1986-1988 : Restauration des courtines et des façades.

2002-2003 : Restauration de l’entrée du château et une partie des courtines S.E et S.O.

 
 

Photographies


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