Jean V de Bueil, né après le 17 août 1405 et avant le 18 août 1406, et mort en 1478, probablement le 7 juillet, est un chevalier (en 1428 au plus tard), capitaine de Tours (en 1428), amiral de France (1450-1461), comte de Sancerre (1451-1478), sire d'Aubijoux et de Vailly-sur-Sauldre par sa mère, seigneur de Bueil, de Château-en-Anjou, de Vaujours, de Courcillon, de Château-Fromont (échangé avec Yolande d'Aragon contre Mirebeau en août 1431), de St-Christophe, de Montrésor, de Saint-Calais, d'Ussé (par son premier mariage probablement), vicomte de Carentan (1450-1478) par la faveur royale.

Jean V de Bueil

Portrait imaginaire de Jean V de Bueil au château de Versailles, il était surnommé le" Fléau des Anglais", il faut dire qu'il participa à la bataille de Patay mais aussi celle de Castillon.

 

Fils de Jean IV (ou V) de Bueil et de Marguerite-Dauphine d'Auvergne-Clermont, il figure parmi les compagnons d'armes de Jeanne d'Arc et fut surnommé le Fléau des Anglais. Il est l'auteur d'un livre intitulé Le Jouvencel (1466), un roman à clef semi-autobiographique relatant ses expériences à la fin de la guerre de Cent Ans.

En 1418, Jean de Bueil reçut de son grand-oncle, Hardouin de Bueil, évêque d'Angers, la seigneurie et Château de Vaujours. Le roi Louis XI vint plusieurs fois à Vaujours, et Jean y mourut en son Château en juillet 1478. En août 1422, Jean V termina son apprentissage auprès du vicomte Guillaume II de Narbonne. Jean V n'avait que 18 ans lors de sa première bataille, le 17 août 1424, à Verneuil, où il servit aux côtés du jeune duc d'Alençon et sous le vicomte de Narbonne, qui y fut tué. Il entra alors au service du capitaine La Hire.

Malgré sa jeunesse, de Bueil gagna tôt le surnom de Fléau des Anglais. Il est en 1427 au siège du Lude, et il est nommé capitaine de Tours en 1428. Le 25 octobre de la même année, le chevalier entre dans Orléans avec les 800 hommes d'armes composant la suite du bâtard d'Orléans. Il participa au paiement de la rançon pour libérer André de Lohéac à la suite du siège de Laval (1428).

Il combattit sous la bannière de Jeanne d'Arc pendant la campagne de 1429 sur la vallée de la Loire. Sur ordre du roi, 200 livres-tournois lui ont été payées par le trésorier dans les mois d'avril et de mai 1429, pour le dédommager, ainsi que ses 30 gens d'armes et 40 gens de traict, des dépenses effectuées durant l'escorte des marchandises pour le réapprovisionnement de la ville assiégée d'Orléans. Jean V de Bueil fut également présent aux côtés de Jeanne d'Arc à la prise de Sablé, aux batailles de Jargeau, Meung-sur-Loire, Beaugency, Patay, Reims (où ils accompagnent le dauphin Charles pour son sacre), et Paris.

Son père et ses oncles sont tués à la bataille d'Azincourt en 1415. Bueil participa à de nombreuses batailles en Normandie, et, à la fin des années 1430, obtint la charge de capitaine-général du roi en Anjou et Maine, provinces alors aux frontières du Royaume. Bueil défendit les terres de Yolande d'Anjou contre les attaques de compagnies de mercenaires françaises et anglaises, en 1432 à Beaumont, puis Vivoin et Loré et s'empare de Matthew Gough. Il libère la ville de Saint-Célérin en avril et combat Rodrigue de Villandrando à la bataille des Ponts-de-Cé. Il s'engagea également dans une petite guerre contre André de Lohéac pour tenir le château de Sablé-sur-Sarthe.

Il est fait chevalier en 1434 après le troisième siège de St-Célérin en février et la prise de Sillé-le-Guillaume, puis l'année suivante avec Ambroise de Loré il bat encore Matthew Gough, qui est capturé, et Thomas Kyriel pendant la bataille d'Estregny. En décembre 1439, il reprend aux Anglais la forteresse de Sainte-Suzanne que les Anglais dirigés par sir John Fastolf occupaient depuis 14 ans. Un soir où le commandant Matthew Gough était absent, il parvint, grâce à la complicité d'un soldat anglais, John Ferremen, marié à une Suzannaise, à reprendre la cité en pleine nuit et à en chasser les Anglais.

Jean V de Bueil prit part en 1433 à la capture de Georges de La Trémoille avec quatre compagnons et en 1439-40 à une praguerie contre Charles VII. Bueil s'installa à Sainte-Suzanne au détriment de la famille d'Alençon, ses légitimes propriétaires. En mars 1441, le roi Charles VII lui fit enjoindre de restituer la cité. Mais la ville ne sera véritablement rendue à la famille d'Alençon qu'en mars 1447. Cependant, son habilité militaire le fit revenir dans les faveurs du roi de France. Bueil commanda le principal corps d'armée qui fut envoyé en Suisse et Allemagne, avec le dauphin Louis de France, en 1444. Le 26 août 1444, de Bueil est à la bataille de la Birse, ou de Saint-Jacques, près de Bâle, où les Suisses sont défaits, mais à grand coût pour les mercenaires français. Il est capitaine de l'une des compagnies d'ordonnance en 1445.

Bueil servit aussi avec distinction dans la reconquête finale de la Normandie. En 1450, Jean de Bueil reçoit la charge d'amiral de France, après la mort de Prigent de Coëtivy, au siège de Cherbourg et est fait capitaine de Cherbourg. Le titre d'amiral donnait à son titulaire un rôle d'administrateur des affaires maritimes, en concurrence avec d'autres amirautés provinciales. Il possédait néanmoins des pouvoirs étendus sur la marine de guerre, le commerce maritime, et même le droit de justice sur sa juridiction que constituait l'amirauté. Il reçut également la vicomté normande de Carentan.

Il hérita, en 1451, du comté de Sancerre, après son oncle maternel le dauphin Béraud III († 1426), sa cousine germaine la dauphine Jeanne Ire de Clermont-Sancerre († 1436), et le mari de cette dernière, Louis Ier de Bourbon, comte de Montpensier († vers 1486 ; ayant conservé les fiefs de sa première épouse, la dauphine Jeanne, il dut tardivement se résoudre à abandonner Sancerre). Jean de Bueil prit part le 17 juillet 1453 à la bataille de Castillon.

Il épousa 1° Jeanne de Montjean, dame de Puirenon/Purnon et Collonges-les-Royaux, probablement héritière d'Ussé, fille de Jean, seigneur de Montjean (fils de Briant V de Montjean, lui-même fils de Briant IV et de Jeanne fille héritière de Vaslin d'Ussé), et d'Anne de Sillé ; puis, devenu veuf en mai 1456, il épousa 2° en janvier 1457 Martine Turpin de Crissé, dame de Concourson-sur-Layon (elle teste en août 1477), fille d'Antoine Turpin, seigneur de Crissay (lui-même fils aîné de Lancelot), et d'Anne de la Grézille. Toujours en 1456, Jean V fit construire à Sancerre la halle aux grains (démolie en 1883) et un grand corps de logis où se tenait la boucherie. La même année ou à la liquidation des biens de Jacques Cœur (1458), « le comte acheta la seigneurie de Barlieu pour trois mille écus d'or. Les châtellenies de Vailly et de Charpignon et les prévotés du Mêche et Bannerois.... » Il vendit le château fort de Gelles à Antoine de Chabannes, comte de Dammartin.

Quand Louis XI accéda au trône de France en 1461, il destitua la plupart des officiers, qui étaient, comme Jean de Bueil, proches de son père, Charles VII. De Bueil perdit son titre d'amiral au profit de Jean de Montauban, et fut forcé de se retirer de la Cour royale. Bien qu'il eût rejoint la ligue du Bien public, en 1465, révolte contre Louis XI, de Bueil rentra en grâce en 1469, comme de nombreux autres vétérans, quand le roi réalisa que leur expérience lui était nécessaire pour faire face à la puissance militaire bourguignonne alors grandissante. Jean V devint le conseiller et le chambellan de Louis XI et fut reçu dans l'ordre de Saint-Michel le 1er août 1469.

Le 3 juin 1469, il accueillit le roi dans son château de Vaujours, sans doute au regard de ces sujets. Les 9 et 21 septembre 1473, il fut victorieux au combat d'Ouchy et à celui de Ribemont. Isabeau, abbesse de l'Abbaye de Bonlieu, rendit aveux pour la métairie de Couart, paroisse de Dissay-sous-Courcillon, à Jean de Bueil en tant que seigneur de Courcillon en 1476.

Chronologie des principaux faits de la vie de Jean V de Bueil (1406-1478), comte de Sancerre et "Fléau des Anglais"

1404 : Mariage de ses parents

Jean IV, sire de Bueil, épouse Marguerite Dauphine, fille de Beraud II, dauphin d'Auvergne, et de Marguerite, comtesse de Sancerre.

1406 : Naissance de Jean V de Bueil

Jean V naît en 1406, fils aîné de Jean IV et de Marguerite Dauphine. Il succède à son père comme sire de Bueil et devient le premier comte de Sancerre de la maison de Bueil.

1415 : Mort de son père à la bataille d'Azincourt

Le 25 octobre 1415, Jean IV de Bueil, ainsi que plusieurs membres de sa famille, sont tués à la bataille d'Azincourt. Le jeune Jean V, alors âgé de 9 ans, est désormais orphelin de père.

1418 : Entrée des Bourguignons à Paris

À l'âge de 12 ans, Jean V est témoin des troubles politiques qui secouent la France. En 1418, l'entrée des Bourguignons à Paris force le dauphin Charles et ses partisans, dont Jean fait partie, à quitter la ville.

1424 : Première bataille à Verneuil

Le 17 août 1424, Jean V de Bueil, à 18 ans, participe à la bataille de Verneuil en tant que page du vicomte de Narbonne, qui y perd la vie. Ce fut sa première expérience militaire.

Bataille de Verneuil

 La Bataille de Verneuil se déroule le 17 août 1424, La bataille de Verneuil représentée dans une enluminure du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de Charles VII, vers 1484 on peut le constater notamment par le type d'armure de cette fin de siècle, BnF, département des manuscrits, ms. Français 5054, fo 32 vo.

1427 : Siège de Marchenoir et escalade du Lude

En septembre 1427, Jean V participe à la prise de Marchenoir sous les ordres de La Hire. Plus tard dans l'année, il contribue à la reprise de la forteresse du Lude, tombée aux mains des Anglais.

1428 : Capitaine de Tours et siège d'Orléans

En octobre 1428, Jean V de Bueil est nommé capitaine des château et ville de Tours par le comte de Vendôme. Le 12 octobre, les Anglais commencent le siège d'Orléans. Jean V rejoint l'armée de secours menée par le bâtard d'Orléans et entre dans la ville le 25 octobre.

chateau de tours indre et loire

Château de Tours dont Jean de Bueil en fut capitaine.

1429 : Levée du siège d'Orléans et victoire à Patay

  • 29 avril 1429 : Jean V accompagne Jeanne d'Arc dans son entrée triomphale à Orléans avec un convoi de vivres et d'artillerie.
  • 4 mai 1429 : Jean V participe à la levée du siège d'Orléans.
  • 18 juin 1429 : Il est présent lors de la victoire française à la bataille de Patay, contribuant à la défaite des Anglais. Parmi les « plusieurs autres » des « coureurs, par manière d'avant-garde » , était Jean V de Bueil « mon maistre, qui fut ordonné pour les Anglois gardiger et chevaucher (21) » Bueil cite la rencontre de Patay comme exemple d'armée surprise en pleine marche, et vaincue pour n'avoir pas pu se mettre en ordre de bataille : « En ung autre lieu, nommé Patay, les Angloys marchèrent devant les François en cuidant aller prendre leur champ et furent desconfiz. Et, pour ce, on doit prendre champ de bonne heure, qui veult combattre à pié (22), »

Fin de 1429 En ce temps, les partisans français du Maine et de l'Anjou tenaient Château-l'Hermitage en Belinois, enlevé naguère aux Anglais par Guillaume de Brézé.

Auprès de ce bon capitaine et de son ami Guy de Fromentières, tous deux d'âge et d'expérience, accourent de jeunes gentilshommes, appartenant en général à la plus haute noblesse et brûlant du désir de se faire un nom par le métier des armes : Gervaise Nardereau, lieutenant du sire de Fromentières, Pierre de Brézé, neveu de Guillaume, et André d'Averton, seigneur de Belin.

Jean V de Bueil, digne héritier d'un nom illustre, compagnon d'armes de la Pucelle, formé à l'école du bâtard d'Orléans et de La Hire, ne craint pas de prendre garnison modestement dans la bicoque en ruine du Belinois.

Il fera la guerre de partisan. Il arrachera à l'ennemi, pas à pas, le sol sacré de la patrie. Il vengera les morts d'Azincourt. Mais le Jouvencel, qui n'en était point à ses premières armes, ne tarda pas à acquérir sur ses nouveaux compagnons un ascendant considérable.

1430 Gilles de Raiz, qui commandait en compagnie de Beaumanoir dans la place voisine de Sablé appartenant à la maison d'Anjou, a une querelle avec Jean V de Bueil et le fait prisonnier près de Château-l'Hermitage.

Le sire de Raiz emmène Bueil à Sablé et l'enferme en haut d'une tour. Bueil, qui de là voyait une partie des remparts, combine un plan d'attaque du château et de la ville de Sablé. Délivré de sa captivité et aidé par la garnison de Château-l'Hermitage, il met son plan à exécution, fait de nuit l'escalade du château et descend le lendemain dans la ville.

26 octobre 1430 Jean V de Bueil commande dans Sablé comme lieutenant de Charles d'Anjou, comte de Mortaing.

Fin de 1430 Appuyé sur la place de Sablé, Jean V de Bueil assiège et reprend Château-du-Loir. Puis, revenu à Sablé, il va prendre à Laval André de Laval, sire de Lohéac. S'avançant au nord jusqu'à Mortain, les deux capitaines taillent en pièces les bandes anglaises qui désolaient les campagnes.

6 août 1431 Jean V de Bueil est au Mans, grâce sans doute à un sauf-conduit ; car la ville est encore sous la domination anglaise. Il assiste à un combat singulier à cheval, ordonné par le bailli du Maine, entre messire Pierre Boylesve et Lejeune d'Escalles, capitaine de Sainte-Suzanne et de Domfront. Ce dernier reste sur le champ.

Juillet et août 1431 Yolande, reine douairière de Sicile, et Charles d'Anjou, son fils, achètent la seigneurie de Château-Fromont à Jean V de Bueil, et lui engagent celle de Mirebeau, sous clause de rachat pendant trente ans.

1431 Jean V de Bueil préside, dans Sablé, à une lutte à outrance entre un Anglais, André Trollop, et un chevalier français. L'Anglais est vainqueur.

Mai 1432 Jean V de Bueil remporte, à Vivoin, une brillante victoire, qui oblige les Anglais à lever le siège de Saint-Célerin, actuellement Saint-Céneri-le-Gérei. Le fameux capitaine anglais Matthew Gough, le Matago des chroniques et des légendes, fut fait prisonnier par un écuyer de Jean V de Bueil.

Septembre 1432 Jean V de Bueil écrase, dans la ville des Ponts-de-Cé, Rodrigue de Villandrando, comte de Ribadeo, capitaine castillan. Ce chef de bandes s'était installé en Anjou, et ses routiers à la solde de Georges de la Trémoille au service de Charles VII couraient jusqu'aux portes d'Angers.

Juin 1433 Serviteur dévoué de la maison d'Anjou, Jean V de Bueil devient l'instrument docile de la politique de Charles d'Anjou. À la demande de ce prince, il est le chef des conjurés qui, une nuit, dans le château de Chinon, enlèvent le despotique et cruel La Trémoille, indigne favori et perfide conseiller du roi Charles VII. La Trémoille est expédié, sous bonne escorte, à Montrésor, l'une des places fortes de Bueil. Pour recouvrer sa liberté, il devra payer à son oncle Bueil une rançon de quatre mille écus d'or. Ce coup d'État de Chinon eut les conséquences les plus heureuses sur la suite du règne de Charles VII.

Juin 1433 Complot formé contre le favori de Charles VII, Georges de La Trémoille, qui résidait au Château de Chinon.

Février ou mars 1434 À la journée dite de Sillé-le-Guillaume ou du Grand-Ormeau, Jean V de Bueil est armé chevalier par Charles d'Anjou.

3 février - 12 mars 1434 Siège de Sillé-le-Guillaume en Maine, Arthur de Bretagne, comte de Richemont, et Gilles de Rais.

Janvier - mars, juillet - septembre 1434 Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

Hiver 1435 Le duc d'Alençon et Jean V de Bueil, allant au secours des paysans normands révoltés contre les Anglais, entreprennent sans succès le siège d'Avranches. La rigueur de l'hiver et le manque de secours, promis cependant par le roi, les obligent à regagner le Maine, où ils emmènent une partie des révoltés.

Avril - juin 1435 Jean de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

Septembre 1435 Jean V de Bueil fait partie de l'armée de secours, rassemblée par le bâtard d'Orléans, sur l'ordre du roi, dans l'intention de débloquer Saint-Denis assiégé par les Anglais. Venue de Chartres, l'armée s'avance jusqu'au Pont-de-Meulan, qui vient d'être enlevé à l'ennemi. Les sires de Bueil, de Lohéac et de Loré, partis du Pont-de-Meulan, font prisonnier le capitaine anglais Matthew Gough, dans une embuscade de nuit près de Pontoise.

3 mars 1436 Jean V de Bueil est à Poitiers et se trouve au conseil où le roi Charles VII signe les lettres d'abolition attendues par la ville de Paris. Le parti national, sous la conduite du connétable, devait rentrer dans Paris le 13 avril 1436.

Avril 1436 Jean V de Bueil, Lohéac et Jean de La Roche pénètrent dans le Cotentin, se logent près de Granville, s'emparent du château de Saint-Denis-le-Gast et menacent Coutances. Le but de l'expédition était surtout de faire une puissante diversion, destinée à maintenir loin de Paris la plus grande partie des forces anglaises.

16 août 1436 Jean V de Bueil est à Tours. Avec son beau-frère, Pierre d'Amboise, seigneur de Chaumont, il assiste au traité de mariage d'Amédée, prince de Piémont, avec Yolande de France.

Juillet - septembre 1436 Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

2 décembre 1436 Le roi Charles VII, par lettres de ce jour, nomme Jean V de Bueil capitaine de quarante-six hommes d'armes et de deux cent quatre-vingts archers. C'était une disgrâce pour le chef qui avait amené cent vingt lances à l'armée de secours, au Pont-de-Meulan. Telle était l'ingratitude de Charles d'Anjou, le futur comte du Maine, alors au comble de la faveur, le prince pour lequel notre capitaine s'était tant de fois battu et avait mainte fois risqué sa vie et sa fortune. Tel est le secret des paroles amères que le Jouvencel ne craint pas d'adresser à la Cour.

Fin octobre ou décembre 1436 - juin 1437 Jean V de Bueil accompagne au voyage de Languedoc le roi, le dauphin, Charles d'Anjou et les principaux conseillers de la couronne. Bueil est au nombre des conseillers qui, avec Charles d'Anjou et Chaumont, ont décidé Charles VII à entreprendre ce voyage.

20 janvier 1437 Bueil et Chaumont sont présents au conseil du roi, à Vienne.

Entre octobre 1437 et février 1438 Le duc de Bretagne envoie deux messagers à Jean V de Bueil, lieutenant du roi, capitaine de Tours, pour l'engager à venir au siège du Croisic.

18 mars 1440 (v. s.)
Le roi Charles VII adresse des lettres à son premier huissier, lui ordonnant d'enjoindre Jean V de Bueil de laisser le duc d'Alençon jouir paisiblement de sa forteresse de Sainte-Suzanne. Cependant, Jean V de Bueil ne tient pas compte de ce commandement royal.

16 juin 1439
Jean V de Bueil est nommé chambellan du duc de Bretagne. À cette occasion, il prête serment de fidélité et promet de soutenir le duc contre Jean de Blois, seigneur de L'Aigle, et sa mère, Marguerite de Clisson.

Entre août et novembre 1439
Pendant que Charles VII décide une expédition contre la Basse-Normandie, Jean V de Bueil et son frère Louis, capitaine général des Écorcheurs, font une diversion du côté de Dreux. Ils prennent Damville d'assaut, occupent Louviers, et mettent en déroute l'avant-garde anglaise menée par Talbot. Après avoir repoussé l'ennemi, ils rejoignent l'armée française près d'Avranches.

Décembre 1439
Jean V de Bueil organise une escalade nocturne qui lui permet de prendre le château et la ville de Sainte-Suzanne dans le Maine, grâce à une trahison. Suite à l'évacuation de Saint-James-de-Beuvron, Bueil se retire à Sainte-Suzanne et refuse de la restituer au duc d'Alençon, à qui la place appartient par héritage.

20 décembre 1439
Jean V de Bueil s'engage à payer au roi d'Angleterre, avant la Saint-André de 1440 (soit le 30 novembre), quatre mille saluts d'or en gage de sa participation à la libération du duc Charles d'Orléans. Divers nobles, dont Charles d'Artois, comte d'Eu, et Jean de Bueil, s'engagent à verser cette somme si le duc ne se représente pas à la Saint-André prochaine.

1440
Jean V de Bueil détient toujours la place forte de Sainte-Suzanne, malgré l'injonction royale, sous prétexte de l'occuper au nom du roi. Il refuse de s'impliquer dans la révolte de la Praguerie, qui se déroule du 14 avril au 23 juillet 1440, une rébellion féodale dirigée nominalement par le dauphin Louis, âgé de 17 ans, et orchestrée par le duc d'Alençon, le duc de Bourbon, le comte de Vendôme, et d'autres nobles mécontents.

26 juillet 1440
Trois jours après la paix de Cusset, qui marque la fin de la Praguerie, les élus de la ville de Tours demandent à la reine de Sicile d'écrire à Jean V de Bueil pour qu'il fasse cesser les abus de sa garnison de Montrésor, ou qu'il retire cette garnison.

20 août 1440. Le dauphin réunit ses capitaines en conseil de guerre à Montbéliard, qu'il a occupé pour dix-huit mois avec l'aide de Jean V de Bueil, son lieutenant.

Juin 1441. Le roi Charles VII assiège Pontoise.

16 septembre 1441. Grâce aux brèches suffisantes ouvertes par l'artillerie de Jean Bureau, le roi fait venir ses réserves, restées aux environs d'Argenteuil et commandées par le maréchal de Lohéac, Jean V de Bueil, le sire de Thouars et le vidame de Chartres.

19 septembre 1441. Pontoise, assailli de tous côtés, est emporté d'assaut.

Juillet-septembre 1441. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

20 août 1442. Jean V de Bueil n'a pas encore rendu au duc d'Alençon la place de Sainte-Suzanne, qu'il fait garder par son frère Louis.

Été 1443. Lohéac et les deux Bueil sont surpris vers la nuit et mis en déroute par le capitaine anglais Matthew Gough, au Bourg-Neuf-Saint-Quentin près de Craon, entre Château-Gontier et Pouancé. Louis de Bueil est fait prisonnier, avec le sire d'Aussigny et quelques autres gentilshommes. Jean V de Bueil, Lohéac et le reste des Français réussissent à s'enfuir.

Août 1444. Le dauphin Louis est chargé par son père d'une expédition contre les Suisses.

20 août 1440. Le dauphin réunit ses capitaines en conseil de guerre à Monbéliard, qu'il s'est fait remettre pour une durée de dix-huit mois et qu'il a fait occuper par Jean V de Bueil, son lieutenant.

23 août 1444. Le dauphin quitte Montbéliard, où reste une garnison de trois cents hommes ; il se dirige vers Bâle. Le même jour, Jean V de Bueil arrive aux environs de Bâle, ville impériale où siégeait le Concile.

26 août 1444. Jean V de Bueil bat les Suisses à Saint-Jacques, près de Bâle. Il combat avec une partie de l'armée seulement ; mais le dauphin est à proximité pour le secourir, avec le reste des troupes. Les auxiliaires anglais, commandés par Matthew Gough, qui avaient demandé à faire cette campagne sous les étendards du roi de France, n'avaient pu arriver à temps pour se trouver à la bataille.

27 août 1444. Les Suisses lèvent le siège de Farnsburg, et Jean V de Bueil s'avance dans le Jura. L'armée suisse lève aussitôt le siège de Zurich et descend son artillerie à Baden.

6 septembre 1444. Jean V de Bueil et Gabriel de Bernes, maître d'hôtel du dauphin et conseiller diplomatique du jeune prince, sont envoyés par leur maître à Bâle, pour poursuivre des négociations. Les premières démarches des Bâlois avaient été faites auprès de Louis en personne, le 27 août à Waltighofen, puis le 31 août à Altkirch. Une trêve avait été conclue jusqu'au 8 septembre.

13 septembre 1444. L'incident se termina par un arrangement qui se fit à Ensisheim, devant le dauphin.

21 octobre 1444. Le nom de Jean V de Bueil est en tête de ceux des conseillers du dauphin, au bas de l'original du traité de paix avec les Suisses. Venu le 5 septembre à Ensisheim, Louis eut une conférence avec les députés des conseils et des principales villes de Suisse. Un armistice de vingt jours, à partir du 20 septembre, est conclu avec les villes de Bâle, Berne, Soleure et leurs alliés. Le 21 octobre, Gabriel de Bernes signe à Zofingue un traité, ratifié le 28 par le dauphin à Ensisheim.

Fin de 1444 ou janvier 1445. Jean V de Bueil est chargé par le dauphin d'une mission auprès de l'archiduc Albert, frère de Frédéric III. L'archiduc s'est plaint de la façon dont se sont conduits les Ecorcheurs à Ensisheim. Louis lui répond qu'il a concentré ses troupes à Ensisheim pour ne pas les laisser errer dans la campagne, sur la demande de l'archiduc lui-même, transmise par Jean de Bueil et autres envoyés.

Avril-juin 1445. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

Deuxième moitié de 1445. Jean V de Bueil, semblant écarté des emplois militaires et mis en disgrâce au moment de la réforme de l'armée, prend part aux menées du dauphin et des gens du dauphin contre Brézé, le tout puissant ministre de Charles VII.

5 février 1446. Louis de Bueil, écuyer, seigneur de Marmande, frère puîné de Jean V, est tué dans une joute à Tours par Jean Châlons, écuyer anglais. Cette joute a lieu à Tours, devant le roi Charles VII, la reine, les ambassadeurs d'Angleterre, de René duc d'Anjou, Roi de Sicile, le duc d'Orléans, Louis, père de Charles, le prince-poète, auteur, entre autres, de Louis XII, avec le concours de Marie de Clèves, et protecteur de François Villon et une foule de princes et seigneurs, parmi lesquels Jean V, sire de Bueil, Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, et Pierre de Brézé, sire de La Varenne.

  1. René d'Anjou, roi de Sicile, tient près de Saumur le Pas de la joyeuse Garde. Jean de Bueil est parmi les assistants.

27 octobre 1446. La conspiration est définitivement brisée. Louis part peu après pour le Dauphiné ; il ne rentrera en France qu'à la mort de Charles VII. Les deux Bueil ne furent pas inquiétés.

Fin de 1446. Jean V de Bueil rentre en grâce auprès du roi.

Fin de 1447. Jean V de Bueil rompt avec le dauphin.

15 mars 1448. René d'Anjou, roi de Sicile, rachète à Jean V de Bueil la seigneurie de Mirebeau.

Mars 1448. Malgré les trêves plusieurs fois prolongées, Charles VII se trouve dans la nécessité de reprendre les hostilités avec l'Angleterre. L'une des clauses du traité de mariage de Marguerite d'Anjou (1445) avec Henri VI, roi d'Angleterre, stipulait que les Anglais évacueraient Le Mans et les autres places qu'ils occupaient encore dans le Maine. Malgré deux années de négociations, le roi de France n'avait pu obtenir l'exécution de cette clause de la part du roi d'Angleterre, qui n'était pas obéi par ses capitaines. Le principal négociateur de Henri VI était Matthew Gough, qui commandait au Mans avec Foulques Eton. Charles VII venait de réformer et discipliner son armée ; il avait réorganisé ses finances, remis l'ordre dans l'administration et ramené la prospérité dans le royaume ; son entourage et ses conseillers le poussaient à reprendre l'offensive. L'occasion se présente aussi favorable que possible. L'Angleterre est divisée ; le jeune Henri VI, faible de corps et d'esprit, se montre incapable de gouverner ; les Anglais, profondément découragés, ne se maintiennent plus en France que par le brigandage sur terre et sur mer. C'est alors que Charles VII fait assiéger Le Mans par des troupes d'élite, sous le commandement de Dunois, qui emmène avec lui Prégent de Coetivy, amiral de France, Pierre de Brézé, sire de La Varenne, Jean V, sire de Bueil, et autres vaillants capitaines. Le roi de France en personne demeure à proximité au château de Lavardin, l'une des plus puissantes forteresses de la ligne du Loir, dans le comté de Vendôme ; Charles VII viendra au siège s’il le faut, en amenant des réserves si c'est nécessaire. La place du Mans est investie, et les opérations du siège sont poussées avec fureur. Pressés par les Français, les Anglais n'attendent pas l'assaut et abandonnent la ville, malgré la protestation écrite faite la veille par Gough et Eton, dont la conduite devait être approuvée par le roi d'Angleterre le 12 juin suivant. Le 16 mars 1448, Le Mans rentra sous la domination du roi de France. Par traité daté de Lavardin, le 11 mars, les trêves avaient été prolongées jusqu'au 1er avril 1450.

1448-juillet 1449. Jean V de Bueil est capitaine de la ville d'Issoudun.

Salle d'Honneur du donjon d'Issoudun, 1er étage, avec le puits " girafe" , ses deux ouvertures et sa cheminée.

Salle d'Honneur du château d'Issoudun

Deuxième moitié de 1449. Vaine illusion, ces trêves que les capitaines anglais n'observent pas. L'affaire du Mans a révélé la force militaire de la France. Le roi hésite encore pendant plus d'une année. Mais il faut bien qu'il écoute ses conseillers et entende l'opinion publique, celle du parti national ; car, à cette heure décisive, le parti national est celui de tous les Français. À l'assaut de la Normandie, forteresse anglaise déjà démantelée par les rébellions des Normands et les divisions des Anglais, Charles VII lance quatre armées. Le duc de Bretagne et le connétable, son lieutenant général, pénètrent au sud-ouest dans la basse Normandie. Le duc d'Alençon, opérant sur ses terres, s'avance par le sud. Les troisième et quatrième armées, qui marchent souvent ensemble, sont celles du roi. La troisième armée, qui aura à opérer plus spécialement sur la rive gauche de la Seine, est commandée par le comte de Dunois, lieutenant général du roi par lettres de provision en date du 17 juillet. Dunois, le meilleur chef de guerre de son temps, n'avait sous ses ordres que des capitaines expérimentés, le comte de Nevers, le comte de Clermont, le maréchal de Jalognes, Pierre de Brézé, Jean V de Bueil, Gaucourt, Floquet, Saintrailles. Enfin les comtes d'Eu et de Saint-Pol sont à la tête de la quatrième armée, qui va opérer surtout sur la rive droite de la Seine. Le roi passe la Loire à Amboise, le 6 août, séjourne pendant quelques jours à Vendôme (12 ou environ — 17 ou 18 août 1449), traverse Chartres (22 août) et va à Evreux. Depuis plus d'un mois, Dunois avance en Normandie, à la tête de la troisième armée. Il passe par quelques villes déjà conquises ; mais il a à soumettre des places et des forteresses encore occupées par l'ennemi, ce qui ralentit considérablement sa marche. Voici l'itinéraire de la troisième armée : Verneuil (20 juillet). Evreux (départ, 8 août). Pont-Audemer (jonction avec la quatrième armée, 12 août). Lisieux, puis Mantes (26 août). Vernon (28-30 août). Louviers (fin août, séparation des deux armées). Château de Harcourt (1er - 15 septembre). Château de Chambrois (soit Broglie, arrivée 18 septembre, prise environ huit jours plus tard). Château de Touques (27 septembre). Château d'Exmes (30 septembre). Argentan (probablement fin septembre). Rouen (16 octobre, jonction des deux armées). Devant Rouen (16 octobre), Jean V de Bueil prend position ; il ne monte pas à l'assaut sanglant et infructueux de la courtine livrée par les habitants, près de la porte des Chartreux. Grâce à la rébellion des Rouennais, qui voulaient être délivrés de l'odieuse domination anglaise, la ville de Rouen est remise, le 19 octobre, entre les mains des Français.

22 octobre 1449. Jean V de Bueil prend part au siège du château et du palais de Rouen, qui capitulent au bout de quelques jours.

10 novembre 1449. C'est le jour de l'entrée solennelle du roi Charles VII à Rouen. Bueil figure dans le cortège royal.

8 décembre 1449. Dunois, accompagné des comtes d'Eu, de Nevers, de Clermont, et de Jean V de Bueil, commence le siège de Harfleur.

1er janvier 1450. Les Anglais de Harfleur capitulent. Ce siège fut l'opération la plus pénible de la campagne, à cause du froid très vif, durant l'hiver le plus rigoureux enregistré par les contemporains.

16 mai 1450. Dunois et le capitaine anglais Matthew Gough signent la capitulation de Bayeux, assiégé par les Français depuis quinze ou seize jours. Jean V de Bueil se trouve à ce siège.

Vers le 5 juin 1450. L'armée du roi et celle du connétable, venues des deux extrémités de la Normandie, font leur jonction devant Caen et assiègent cette ville, chacune d'un côté différent. Les comtes de Nevers et d'Eu, Bueil et Rouhault passent l'Orne au-dessus de la place, et vont prendre position aux faubourgs les plus près de la mer, dans l'Abbaye des Dames de la Trinité.

1er juillet 1450. Les Anglais de Caen capitulent.

22 août 1450. Cherbourg se rend au comte de Richemont, connétable de France, qui assiégeait la place depuis plus d'un mois. Jean V de Bueil est nommé capitaine de Cherbourg, avec quatre-vingt lances et des archers. Enfin Bueil reçoit du roi la charge d'amiral de France ; il remplace l'amiral Pregent de Coetivy, sire de Raiz, tué d'un coup de canon au siège de Cherbourg.

3 novembre 1450. L'amiral de Bueil est présent à l'hommage rendu par le duc de Bretagne au roi, à Montbazon.

Juillet-décembre 1450. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

  1. Charles VII fait don à Jean V de Bueil, amiral de France, jusqu'à concurrence de quatorze cents livres par an, du revenu de la vicomté de Carentan. D'après les quittances constatant le paiement de cette annuité, la rente semble avoir été réduite ultérieurement à douze cents livres.

  2. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

30 novembre 1451. Jean V de Bueil, amiral de France, fait au roi, duc de Berry, foi et hommage lige pour comté de Sancerre. À la même date, par mandement fait à Poitiers, le roi ordonnait à ses gens de mettre Jean V de Bueil en possession de ce fief. Les trois quarts du comté de Sancerre et d'autres seigneuries étaient la part d'héritage attribuée par arrêts du Parlement à Jean V de Bueil et à sa sœur Anne de Chaumont d'Amboise, sur la succession de leur oncle Beraud III, dauphin d'Auvergne, du fait de leur mère Marguerite Dauphine, mariée à Louis de Bourbon, comte de Montpensier, et morte sans enfants en 1436. Il en était résulté des procès interminables entre Jean V de Bueil et les autres cohéritiers, qui étaient son cousin Guillaume de Vienne et les princes de Bourbon. Plus tard, après de nouveaux procès et après la mort de Vienne, Bueil aura sans partage tout le comté de Sancerre, devenu alors un fief direct de la couronne. Un an après l'acte d'hommage, à la suite duquel Bueil prenait le nom et les armes des comtes de Sancerre, un accord intervint entre Jean V de Bueil et sa sœur Anne d'une part, et le duc de Bourbon d'autre part, pour le règlement du reste de la succession de Beraud III, dauphin d'Auvergne.

  1. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

5 mars 1452. Bueil vend à Villequier les château, ville et seigneurie de Montrésor.

Août-octobre 1452. Jean V de Bueil et Jacques de Chabannes, qui occupent une place prépondérante dans le conseil avec André de Villequier, négocient pour Charles VII avec Louis, duc de Savoie. Ils sont aidés, dans ces délicates négociations, par le cardinal Guillaume d'Estouteville, légat du pape en France. Charles VII, qui avait contre le duc Louis de nombreux griefs, était parti des environs de Bourges avec des troupes et s'était avancé en Forez, pour passer ensuite en Savoie ; puis, changeant d'avis, il s'arrêtait près de Feurs, au château de Cleppé. Au mois d'octobre, le duc Louis fut mandé à Cleppé par une lettre royale, que le cardinal lui porta à Genève. Louis, tremblant de peur, arriva à Cleppé le 18 octobre, et s'entendit facilement avec Charles VII. Finalement les négociations aboutirent au traité d'alliance de Cleppé entre le roi et le duc (27 octobre 1452). Le voyage du duc Louis en France donna lieu à une accusation portée contre Bueil, Chabannes et Villequier de s'être, avant la signature du traité, laissé corrompre par le duc, ou plutôt de lui avoir extorqué la promesse de grosses sommes d'argent. Cette accusation fut rendue publique par une enquête judiciaire, faite sur l'ordre de Charles VII au commencement de 1454, et motivée, au moins en partie, par les plaintes continuelles du duc ; celui-ci prétendait sans cesse que le traité de Cleppé lui avait été imposé par la force. L'enquête portait surtout sur la conduite de Jean V de Bueil, seul survivant, à la fin de 1454, des trois conseillers qui avaient eu l'influence prépondérante auprès du roi en 1452. Mais toutes les dépositions, faites au cours de l'enquête, prouvèrent que le faible duc, prince lâche et poltron, craignant sans cesse pour sa vie, avait pris lui-même l'initiative des engagements pécuniaires faits spontanément aux trois conseillers, en suppliant ceux-ci de lui concilier les bonnes grâces du roi. Bueil et Chabannes n'avaient pas extorqué l'argent, que le duc de Savoie offrait de son plein gré, suivant l'usage d'après lequel les princes gratifiaient toujours de quelque présent les envoyés étrangers. Le duc avait fait simplement un acte de courtoisie, qui avait d'ailleurs reçu l'approbation du roi. Bueil et Chabannes n'étaient pas coupables.

Janvier-septembre 1453. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

Juin 1453. Jean V de Bueil est l'un des chefs de la deuxième expédition de Guienne. Ayant sous ses ordres Louis de Beaumont, sénéchal de Poitou, et Pierre de Beauvau, seigneur de la Vaissière, avec cinq à six cents lances, Bueil assiège et prend Gensac. Vers le même temps, Jacques de Chabannes prend Chalais (3-7 juin). Les deux capitaines se réunissent ensuite pour prendre les places du cours de la Dordogne, pendant que le gros de l'armée commandée par le comte de Clermont, opère sur la rive gauche de la Garonne.

 

Bataille de Castillon

13 juillet 1453. La ville de Castillon, sur Dordogne, est assiégée par quatre mille hommes d'armes sous les ordres de Bueil et Chabannes, et huit cents francs archers sous le commandement de Joachim Rouhault, seigneur de Gamaches. Jean et Gaspard Bureau, qui commandent à sept ou huit cents ouvriers, organisent en quatre jours un énorme camp retranché, entouré de palissades, défendu par de profonds fossés, hérissé de bombardes, couleuvrines, ribaudequins.

17 juillet 1453. Bueil et Chabannes remportent la victoire de Castillon. Les Anglais laissent sur le champ de bataille plusieurs milliers d'hommes, parmi lesquels leur vieux capitaine Talbot qui les commandait.

20 juillet 1453. Mille ou deux mille hommes, Anglais et Bordelais, réfugiés dans Castillon, demandent à capituler.

 

 

Fin juillet 1453. La chute de Castillon entraîne la capitulation de Saint-Emilion. Cette capitulation est signée par les maréchaux de Lohéac et de Jalognes, Jean V de Bueil, Louis de Beaumont et Jean Bureau, conseiller et trésorier de France. Libourne capitule peu après. Jean V de Bueil, blessé deux fois sans gravité dans la journée de Castillon, se prit de querelle, le lendemain de la bataille, avec son vieil ami Jacques de Chabannes. Chacun d'eux prétendait avoir l'honneur de la victoire. Jacques de Chabannes envoya un messager au roi, pour se plaindre de rumeurs défavorables, que Bueil et Beauvau auraient répandues sur son compte. Là-dessus, Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, se porte garant de la fidélité de son frère, le grand maître, et demande à Charles VII la permission de relever l'accusation. Le roi n'y consent point et déclare n'accorder aucune foi aux rapports faits contre Jacques. Pendant ces discussions, Jacques de Chabannes est atteint de la peste, huit à dix jours après la bataille, et meurt sept jours plus tard, au commencement d'août. Beauvau meurt aussi peu après. Cependant la campagne va s'achever en quelques semaines. Le comte de Clermont avance sur la rive gauche de la Garonne, puis en Médoc, où il enlève successivement toutes les places. D'autre part, l'armée de Castillon, renforcée d'une partie de celle du roi, occupe facilement la région entre la Dordogne et la Garonne, et vient s'établir, dès la fin de juillet, à Lormont, sur la rive droite de la Gironde, à dix kilomètres en aval de Bordeaux. Bureau construit une forte bastille, sur le bord de la Gironde. Devant cet ouvrage, une flotte formidable vient se rassembler sur la rivière ; elle arrive de La Rochelle et a été amenée par l'amiral de Bretagne. Maintenant cette flotte, comprenant des navires de Normandie, de Poitou, de Bretagne, d'Espagne et quinze gros vaisseaux de Hollande et de Zélande, est mise sous les ordres de Jean V de Bueil, amiral de France. Les Anglais s'étaient servis de leur flotte dégréée pour faire une bastille flottante, opposée à la bastille française de Lormont. Les deux ouvrages avaient été construits vers le 1er août.

5 octobre 1453. Jean V de Bueil fait dîner au château de Lormont, qualifié « hôtel de l'amiral », vingt-cinq ou trente députés bordelais, venus pour traiter avec les gens du roi.

8 octobre 1453. Jean V de Bueil signe, avec le chef anglais Roger de Camois, la capitulation de Bordeaux. Les Anglais abandonnent aux Français leur bastille sur la rivière, le dimanche 14 octobre. Ils rendent la ville le 19. Jean V de Bueil séjourne sans doute à Bordeaux pendant quelques semaines, pour surveiller le départ de l'ennemi, autorisé à partir librement avec ses biens, vaisseaux, matériel et artillerie, soit par terre, soit par mer. Mais des sauf-conduits devaient être délivrés gratuitement, valables pendant trois mois, par l'amiral, au nom du roi, à tout vaisseau et à tout détachement en partance.

1453-1454. Au milieu de la deuxième campagne de Guienne, Charles VII avait fait venir Bueil, en toute hâte, de Lormont à Libourne, et lui avait demandé de rendre compte de sa conduite. L'amiral, dont la fidélité envers le roi était mise en doute, se trouvait sur le point d'encourir la disgrâce royale, au lendemain de son éclatant succès de Castillon, qui ruina le prestige militaire de l'Angleterre. Revenu en Touraine vers la fin d'octobre, Charles VII ouvrit à Tours, au commencement de janvier 1454, l'enquête sur les diverses accusations portées contre Jean V de Bueil. Il s'agissait d'abord de sa conduite comme conseiller du roi, lors des négociations avec Louis, duc de Savoie. Mais on lui reprochait encore d'entretenir avec le dauphin une correspondance secrète. Bueil aurait révélé au dauphin Louis tout ce qui se disait dans les conseils du roi.

Avril-juin, octobre-décembre 1454. Jean V de Bueil assiste aux conseils du roi Charles VII.

Revenu en Touraine vers la fin d'octobre, Charles VII ouvrit à Tours, au commencement de **janvier 1454**, l'enquête sur les diverses accusations portées contre Jean V de Bueil.

Il s'agissait d'abord de sa conduite comme conseiller du roi, lors des négociations avec Louis, duc de Savoie. Mais on lui reprochait encore d'entretenir avec le dauphin une correspondance secrète.

Bueil aurait révélé au dauphin Louis tout ce qui se disait dans les conseils du roi.