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Poton de Xaintrailles - Châteaux, Histoire et Patrimoine - montjoye.net

Jean Poton de Xaintrailles fut l’un des grands capitaines français de la Guerre de Cent Ans. Chevalier gascon réputé, compagnon de Jeanne d’Arc, puis maréchal de France, il se distingua par sa fidélité à Charles VII et par son rôle décisif dans la reconquête du royaume.

poton de xaintrailles

Portrait imaginaire de Xaintrailles. 

 

« Le type parfait de l'homme de guerre au XVème siècle »

Jean Poton de Xaintrailles, souvent désigné simplement comme Poton dans les écrits, est né aux alentours de 1400, probablement en Gascogne, une région alors très disputée. Issu d'une famille de petite noblesse en Gascogne, son père était le seigneur de Xaintrailles. Il était également apparenté à l'évêque de Bordeaux, sa mère étant la soeur de l'évêque, et même au pape Guido Vincent V, ce qui souligne son extraction nobiliaire.

Jeune homme fougueux, irascible et d'une bravoure reconnue, Poton commença sa carrière militaire en Gascogne. Il servit d'abord  les troupes d'Armagnac dès 1415, puis se rallia, après la prise de Paris par les Bourguignons, au dauphin Charles qui deviendra Charles VII, durant la Guerre de Cent Ans. Sa loyauté envers le dauphin, puis le roi, fut indéfectible.


Jeunesse et formation chevaleresque

Né probablement vers 1390 -1400 à Xaintrailles ( incertain mais très probable ), en Gascogne, dans une famille de petite noblesse, Poton se forma très tôt à l’art de la guerre.

Pierre Poton, le frère aîné de Xaintrailles, était capitaine du château de Coucy. Il y a fait emprisonner des partisans du duc de Bourgogne capturés par La Hire et son frère. Parmi eux se trouvaient les seigneurs de Maucourt, de Bournonville et d'Humereuilles.

Fortifications et Château de Coucy

 

La captivité du duc d’Orléans n’empêcha pas le duc de Bourgogne de poursuivre ses hostilités contre les vassaux de ce prince. Plusieurs seigneurs fidèles à la cause bourguignonne — Maucourt, Bournonville, Humereuilles et d’autres — étaient alors détenus au Château de Coucy, placé sous le commandement de Pierre de Xaintrailles, gentilhomme gascon.

Les agents du duc de Bourgogne parvinrent à corrompre deux domestiques du gouverneur, ainsi qu’une femme de chambre éprise d’un des prisonniers. Une nuit de février 1419, cette dernière s’introduisit dans la chambre de son maître endormi, subtilisa les clefs de la grosse tour dissimulées sous son chevet, et ouvrit la porte aux captifs. Sitôt libres, ceux-ci, accompagnés des domestiques complices, se précipitèrent dans l’appartement du gouverneur, qu’ils assassinèrent avec son valet de chambre. Ils égorgèrent ensuite les sentinelles et les hommes dévoués au duc d’Orléans, libérèrent tous les prisonniers et crièrent « Vive Bourgogne ! ». Dans le même temps, un détachement bourguignon, embusqué dans la vallée, pénétra dans la forteresse.

Étienne Vignolles, connu plus tard sous le nom de La Hire, commandait alors la garnison de la ville. Informé de la prise du Château, il accourut avec ses troupes jusqu’au pont de la forteresse, espérant en reprendre le contrôle. Mais Humereuilles, posté sur la plate-forme de la grosse tour, fit pleuvoir sur lui et ses hommes une telle quantité de pierres que La Hire, voyant tomber inutilement de nombreux soldats, dut se replier dans la ville et attendre le jour. Constatant bientôt qu’il lui était impossible de tenir avec une garnison trop faible, il fit exécuter soixante prisonniers placés sous sa garde, puis se retira avec ses troupes vers Guise.

Les chevaliers bourguignons appelèrent alors à l’aide Jean de Luxembourg, comte de Ligny. Mais avant de lui ouvrir les portes de Coucy, ils exigèrent qu’il leur laissât la propriété de tout ce qui s’y trouvait. Envoyé à la rencontre du comte, Maucourt n’osa pas lui exposer cette condition. Lorsque Luxembourg arriva devant le château et trouva les portes closes, il soupçonna une trahison. Il fit aussitôt arrêter Maucourt et menaça de le faire exécuter. Effrayés, les gentilshommes ouvrirent les portes. Le comte pardonna à tous et prit officiellement possession de la forteresse, où il plaça une garnison.

Peu après, La Hire, réuni à Pothon de Xaintrailles, avide de venger la mort de son frère, marcha de nouveau sur Coucy et réussit à reprendre la place. Le duc de Bourgogne, conscient de l’importance stratégique de la forteresse, envoya aussitôt des renforts. Son armée fut repoussée, et l’un de ses plus redoutés capitaines, Tabary le Boiteux, chef d’une bande de paysans à sa solde, fut tué devant les murailles.

La même année, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur — dont l’audace lui avait valu ce surnom, et qui, pour servir ses desseins, avait ouvert la France aux Anglais — trouva lui-même la mort. Il fut assassiné sur le pont de Montereau, alors qu’il paraissait disposé à se réconcilier avec le dauphin et à unir ses forces aux siennes contre le roi d’Angleterre, dont les conquêtes menaçaient désormais la monarchie.

Coucy demeura sous la domination des Orléanais jusqu’en 1423, date à laquelle la place fut assiégée et prise par les Anglais, maîtres de tout le nord du royaume. source :  HISTOIRE DE LA VILLE ET DES SIRES DE COUCY PAR M. LE Cher E. DE L’EPINOIS 

 

Deux domestiques de Pierre Poton ont trahi leur maître. Ils ont libéré les prisonniers et leur ont ouvert les portes du château. Aux cris de "Vive Bourgogne !", les Bourguignons ont massacré les gardes, les portiers, Pierre Poton et tous les soldats du Dauphin qu'ils ont croisés.

Quant à Jean Poton, il était le vassal du comte d'Armagnac. C'est pour cette raison qu'il s'est mis à son service dès qu'il fut en âge de combattre.  L'allégeance de La Hire (de la famille des Vignoles) et de Xaintrailles au parti des Armagnacs explique leur engagement. Leurs familles étaient en effet liées par des relations de vassalité aux puissantes maisons d'Albret et des comtes d'Armagnac.

Cette connexion est prouvée par le fait que les deux capitaines figuraient déjà dans l'armée de Bernard VII d’Armagnac en 1415, lors d'une campagne militaire contre le comte de Foix. (1)

À partir de 1418, leur rôle dans la lutte contre l'alliance anglo-bourguignonne est jugé essentiel par les chroniqueurs de l'époque. Le Héraut Berry écrit qu'ils ont accompli de grands faits d'armes dans le royaume, tandis que la Cronique Martiniane rapporte qu'ils ont rendu au royaume de France de « grands et louables services ».(  pour le Héraut Berry, ils « ont fait depuis grans
exercices et faiz de gens d’armes par le royaume de France tant que la guerre y a duré
» et la Cronique Martiniane dit qu’ils « ont fait au royaume de France plusieurs grans et louables services »(1 )

La Hire, Poton de Xaintrailles et d'autres capitaines du Dauphiné continuent de harceler l'armée bourguignonne dirigée par Jean de Luxembourg en Picardie. Celle-ci est alors cantonnée à Montdidier. Les soldats du Dauphiné, partis de Guise et de ses environs, rejoignent la garnison de Compiègne et avancent jusqu'à Montdidier. En octobre 1419, les Dauphinois, commandés par La Hire et Xaintrailles, s'emparent de la ville de Coucy où le frère de Poton fut exécuté par trahison.

En dehors des champs de bataille, il participa régulièrement à des tournois, où il montra une grande habileté et un panache reconnu par ses contemporains. Ces affrontements, bien que rudes, se concluaient rarement par des blessures graves, et se terminaient souvent dans la convivialité, les combattants partageant une boisson après les joutes.

La campagne militaire de La Hire et de Xaintrailles en 1419 leur a permis de s'emparer de Crépy-en-Laonnois et du château de Clacy, consolidant ainsi leur emprise sur le Laonnois et le Vermandois.


Siège de Crépy-en-Laonnois (1420) ( aujourd'hui Crépy en Valois )

En février 1420, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, se rend à Péronne, puis à Saint-Quentin. Les habitants de Saint-Quentin et de Laon le sollicitent alors pour assiéger Crépy, dont la garnison « gastoit et destruisoit le pays d'environ ». Le duc accepte et envoie une avant-garde sous le commandement de Jean de Luxembourg, Hector et Philippe de Saveuse, qui s'établit à Crécy-sur-Serre.

Le duc de Bourgogne, accompagné de deux maréchaux de France et de nombreux seigneurs picards, décide de diriger personnellement le siège, ce qui marque ses premières armes. La garnison de Crépy, forte d'environ 500 combattants, est défendue avec vigueur par La Hire, Xaintrailles et Dandonnet. Les Bourguignons installent des engins de siège pour attaquer les portes et les murailles. Après quinze jours de siège, les défenseurs se rendent. La Hire, Xaintrailles et leurs hommes obtiennent la vie sauve et se retirent vers Soissons.

Crépy est pillée et démantelée par les Bourguignons. Mais Xaintrailles, assoiffé de vengeance après la mort de son frère, s'unit à La Hire pour reconquérir Coucy.

Le duc de Bourgogne envoie rapidement des troupes pour reprendre la place, mais elles sont repoussées. Tabary le Boiteux, un brigand célèbre qui dirigeait une bande de paysans pour le duc, est tué lors de cet affrontement.

L'influence de Jacques d'Harcourt, lieutenant du Dauphin en Normandie, a été déterminante pour l'occupation du Ponthieu et du Vimeu par les forces dauphinoises. En juillet 1421, il a fait appel à Xaintrailles et à Guy de Nesle d'Offemont, qui sont arrivés avec un contingent de 1 200 à 1 500 cavaliers, majoritairement issus de la garnison de Compiègne. Ils ont traversé la Somme au gué de Blanquetaque de nuit et ont surpris la ville de Saint-Riquier, la prenant sans combat.


Courses et affrontements

Une fois maîtres de Saint-Riquier, Xaintrailles, Jacques d'Harcourt et Guy d'Offemont se sont livrés à des raids continuels dans le Ponthieu. Ils ont étendu leurs ravages jusqu'à la Canche, pillant les villages et s'emparant de Conchy. Xaintrailles a ensuite avancé jusqu'à l'Authie et a pris le château de Dourier, où il a établi une garnison.

En août 1421, alors que l'armée de secours dauphinoise arrive, Xaintrailles quitte Saint-Riquier de nuit avec onze hommes d'armes d'élite. Il traverse la Somme à la nage pour rejoindre l'avant-garde. Il la mène au gué de Blanquetaque. Alors que 500 hommes ont déjà traversé, le duc de Bourgogne se présente avec toute sa cavalerie, coupant le passage au reste des troupes. Xaintrailles se distingue par sa bravoure lors de la bataille qui s'ensuit à Mons-en-Vimeu. Il mène une charge impétueuse qui met en déroute le centre de l'armée bourguignonne. Cependant, après la bataille, il est fait prisonnier par le duc de Bourgogne en personne.

La reconquête de Saint-Riquier (juillet 1421)

Profitant du départ du roi d'Angleterre, Jacques d'Harcourt se lance à la conquête de Saint-Riquier. Au mois de juillet 1421, il est rejoint par Xaintrailles et Guy de Nesle, seigneurs d'Offemont, à la tête de 1200 à 1500 cavaliers. L'armée du Dauphin traverse la Somme à gué à Blanquetaque de nuit et prend la ville de Saint-Riquier par surprise. Les forteresses voisines de la Ferté et de Drugy tombent également. À la suite de cette victoire, les Dauphinois ravagent la région jusqu'à la Canche, s'emparent de Conchy et de Dourier, menaçant ainsi Abbeville et Amiens. La prise de Saint-Riquier établit une solide base pour les Dauphinois dans la région.


Captivités et libérations

Xaintrailles est libéré en novembre 1421. Le duc de Bourgogne, impressionné par sa valeur, le comble de présents, dont une armure et un cheval, et lui donne 500 écus d'or. En échange de sa liberté et de celle de ses compagnons, il accepte de livrer Saint-Riquier aux Bourguignons.

En 1422, Xaintrailles rassemble entre 800 et 1000 combattants à Compiègne pour secourir les garnisons d'Airaines. Ils avancent jusqu'à Pierrepont. Lors d'une escarmouche contre les Bourguignons, les troupes de Xaintrailles parviennent à rallier leurs rangs et à reprendre leurs prisonniers, mais leur offensive est stoppée.


La bataille de Mons-en-Vimeu (30 août 1421)

Philippe le Bon, duc de Bourgogne, furieux de cette situation, quitte Croissy et se rend à Amiens. Après avoir obtenu des vivres et des munitions, il envoie Jean de Luxembourg en reconnaissance vers Saint-Riquier. Le duc arrive lui-même avec son armée à Pont-Remy, qu'il prend après six jours de siège le 27 juillet 1421. Après avoir détruit les châteaux de Mareuil et d'Eaucourt, le duc se rend à Abbeville. Le 28 ou 29 juillet, il part pour Saint-Riquier avec six mille hommes et met le siège devant la ville le 31 juillet.

Jacques d'Harcourt, qui a un plan de bataille bien organisé, demande l'aide des garnisons de Champagne et de Compiègne. L'armée de secours, forte de 1500 à 1600 lances, est dirigée par La Hire et se réunit à Soissons et Compiègne. Informé de leur arrivée grâce à ses espions, le duc de Bourgogne lève le siège de Saint-Riquier dans la nuit du 29 août. Le 30 août, il se dirige vers Abbeville pour intercepter les renforts. Il surprend les Dauphinois près de Saigneville.

L'armée de La Hire, dont l'avant-garde est dirigée par Xaintrailles, est prise de court. Bien que La Hire, blessé, ne participe pas au combat, Xaintrailles, qui a rejoint le détachement, mène une attaque audacieuse. La bataille de Mons-en-Vimeu, le 30 août 1421, se termine par la défaite des Dauphinois, avec environ 400 morts et 120 prisonniers, dont Xaintrailles.

 

Xaintrailles and La Hire XVe

La Hire et Xaintrailles formaient un duo de capitaines presque indissociable. Cette association s'explique non seulement par leurs origines gasconnes communes, mais surtout par leurs débuts militaires où ils commandaient conjointement des compagnies de routiers. Bien que la nature exacte de leur relation personnelle nous échappe, leur long parcours commun suggère un lien de fraternité et de confiance très fort.

Plus tard, le comte de Dunois est devenu leur principal compagnon d'armes et surtout leur chef, probablement au début de par son statut : fils du duc d'Orléans et cousin de Charles VII, mais aussi en partie par son comportement au combat. C'est ensemble que ce trio de capitaines a connu les premières victoires et défaites qui ont marqué la reconquête du royaume.

 

Duel d'Arras et bataille de Verneuil

En 1423, alors qu'il est en garnison à Guise, Xaintrailles participe à un tournoi solennel à Arras contre Lionel de Vandamne, présidé par le duc de Bourgogne. Le combat, qui dure deux jours, se solde par un succès indécis.

En juillet 1423, à la bataille de Cravant, Xaintrailles est de nouveau capturé. Cependant, il est libéré peu de temps après, le 17 août, grâce à un échange de prisonniers suite à la victoire des Français à Bussière.

Le 3 octobre 1423, il s'empare de la ville de Ham-sur-Somme. Huit jours plus tard, Jean de Luxembourg la reprend. Xaintrailles se replie sur Guise. C'est lors d'un siège ultérieur que Xaintrailles est de nouveau fait prisonnier par Jean de Luxembourg, qui l'a attiré dans un piège. Il est libéré après avoir payé une rançon et accepté de livrer la ville de Guise.

 

La Bataille de Verneuil, un tournant décisif

À la bataille de Verneuil en 1424, Xaintrailles et La Hire commandent l'une des ailes de l'armée française, composée principalement de Lombards. Leur charge initiale est un succès, mais ils s'éloignent en poursuivant les fuyards, les Lombards fuient en définitive ce qui va affaiblire le reste de l'armée française qui est lourdement défaite. Xaintrailles doit son salut à la vitesse de son cheval. 

Apèrs ce désaste, qui ne leurs sont pas imputés, La Hire et Poton de Xaintrailles voient leur importance grandir considérablement au sein de l'armée royale. Cette promotion résulte de deux changements majeurs provoqués par la défaite.

1 ) Un vide de commandement, il faut donc remplacer au pied levé !

Le premier changement est lié à la situation critique de l'armée française. La défaite de Verneuil fut une hécatombe, anéantissant une grande partie du commandement. Face à ce désastre, le roi Charles VII n'eut d'autre choix que de promouvoir des capitaines qui n'avaient jusqu'alors joué qu'un rôle secondaire. C'est ainsi que Jean, le bâtard d’Orléans, ainsi que La Hire et Poton de Xaintrailles, furent propulsés au premier plan.

Signe de cette nouvelle stature, la compagnie de La Hire vit ses effectifs augmenter. Des soldats dont les chefs avaient été tués à Verneuil, comme Antoine de Chabannes et Jean V de Bueil, un tourangeau ( sa famille est originaire de Pocé-sur-Cisse ) qui deviendra un redouté combattant ( voir Bataille de Patay et Bataille de Castillon ), rejoignirent son service, attirés par sa réputation de capitaine capable de leur assurer solde et renommée.

Cette fois-ci on ne cherche plus vraiment des nobles de haute noblesse mais surtout des hommes de guerres efficaces.

2 ) Un nouveau théâtre d'opérations

Le second changement concerne le déplacement des opérations militaires. La Hire et Xaintrailles quittent le nord-est du royaume pour se concentrer sur une zone devenue stratégique : la Beauce et le Maine. Cette région était le principal front entre les Anglais basés en Normandie et les forces françaises du "royaume de Bourges".

Désormais souvent sous les ordres du jean de dunois, ils y remportent plusieurs succès décisifs :

  • La prise de La Ferté-Bernard.

  • La libération de Montargis, assiégée par les Anglais en 1427.

  • La prise du Mans en 1428.

 


Collaboration avec Jeanne d'Arc et derniers combats

En 1427, Xaintrailles signe un traité d'alliance avec le comte de Foix pour soutenir la cause des fils de Louis d'Orléans. Il se démarque avec La Hire et Dunois au siège de Montargis.

En 1428, il participe à la levée du siège d'Orléans, où il est blessé. Avec La Hire, il mène plusieurs sorties contre les Anglais. Il est notamment l'un des commandants de l'arrière-garde à la bataille des Harengs, le 12 février 1429.

 

L’année 1429 : la rencontre avec Jeanne d’Arc

L’année 1429 constitua un tournant majeur. Au printemps, alors que Jeanne d’Arc rejoignait le dauphin Charles, Poton fut parmi les premiers capitaines à rallier sa cause, aux côtés d’Étienne de Vignolles, dit La Hire, et de Gilles de Rais. En 1429, il est nommé premier écuyer de corps. 

  • 29 avril – 8 mai 1429 : il participa à la levée du siège d’Orléans, première grande victoire française.

  • 10 juin 1429 : il combattit au siège de Jargeau.

  • 18 juin 1429 : il fut présent à la bataille de Patay, où l’armée française remporta un succès décisif contre les Anglais.

  • 17 juillet 1429 : il accompagna Jeanne à Reims pour le sacre de Charles VII, portant fièrement l’étendard royal. C’est à cette occasion qu’il fut anobli, à l’instar de plusieurs compagnons de la Pucelle.

  • 14-16 aoît 1429 : il est présent lors de la bataille de Montépilloy.

  • En 1430, il participe avec Jeanne d'Arc à une sortie contre les Anglais à Pont-l'Évêque, et les deux hommes échappent de justesse à la capture. 
  • En mai 1430, il est présent au siège de Compiègne où Jeanne d'Arc se fait capturer.
  • Il participe à la bataille du Bergers un an plus tard.

 Après  il reste en Champagne où ses troupes se livrent à des pillages.

Après la capture de Jeanne d’Arc (1430–1431)

Lorsque Jeanne d’Arc fut capturée à Compiègne en mai 1430 puis exécutée à Rouen en mai 1431, Poton demeura fidèle à Charles VII. 

 

Les campagnes de reconquête (1430–1453)

Au cours des décennies suivantes, Poton de Xaintrailles se distingua dans plusieurs théâtres d’opérations :

 

La carrière de Poton de Xaintrailles alterne entre les honneurs de la cour, les champs de bataille et les hautes responsabilités administratives.

L'année suivante, en mai 1430, il combat aux côtés de Jeanne d’Arc à Compiègne. Cependant, en 1431, il est capturé lors de la bataille du Berger.

En 1431, après un combat près de Beauvais, à la bataille du Berger, il est capturé (avec la Hire ) et conduit à Rouen. Il est échangé contre Lord Talbot, qu'il avait fait prisonnier à Patay, et retrouve sa liberté.

Après sa libération, il assume d'importantes fonctions pour le royaume : il est d'abord nommé sénéchal de Limousin en 1433, un poste qu'il occupe pendant quatre ans, avant d'être promu bailli de Berry en 1437.

En 1435, il participe aux côtés de La Hire à l'expédition qui a conduit à la victoire de Gerberoy, où le comte d'Arundel est mortellement blessé.

1435 le traité d'Arras

Le traité d'Arras a pour effet pour certains capitaines un appauvrissement des opérations militaires et donc un aspect financier non négligeable.La même année, il prend part à une inqualifiable expédition de pillage en Artois au mépris de la trêve d'Arras, retenons néanmoins qu'ils pillaient les territoires sous domination anglaise ou anglo-bourguignonnes en évitant les territoires sous protection de Charles VII.

D'une manière générale la seconde moitié des années 1430 marque une accalmie dans l'activité militaire de La Hire et Xaintrailles. La raison principale est la signature du traité d'Arras en 1435, qui met fin au conflit entre le roi de France et le duc de Bourgogne. Cette paix, combinée à la reprise de Paris en 1436, réduit le nombre de batailles et prive les capitaines de leurs cibles de pillage habituelles.

Cette situation crée un nouveau problème : la gestion des nombreuses troupes de soldats sans solde, les "Écorcheurs", qui se tournent vers le pillage pour survivre. Pour les contrôler, Charles VII ordonne à ses capitaines de les affronter directement, comme il le demande à La Hire en 1438, ou d'en prendre le commandement, ce que firent La Hire et Xaintrailles durant l'hiver 1438-1439.

 

traite Arras entre Philippe le Bon Charles VII 1435

 

 

La reprise des offensives et les dernières années

Au début des années 1440, les hostilités contre les Anglais reprennent en Normandie et en Aquitaine. La Hire et Xaintrailles participent à toutes les opérations d'envergure. La Hire meurt en 1443 durant le siège de Montauban.

Poton de Xaintrailles, de son côté, partage son temps entre la guerre et les joutes, ce qui lui permet de conserver une position privilégiée à la cour, notamment après les trêves de 1444 qui raréfient les batailles.

Xaintrailles, artisan de la victoire finale

Grâce à ses talents militaires et à sa position à la cour, Xaintrailles devient l'un des chefs d'armée les plus respectés.

  • En 1445, lors de la réforme de l'armée, il est nommé capitaine d'ordonnance, une fonction qu'il gardera jusqu'à sa mort.

  • À partir de 1449, il est l'un des principaux acteurs de la reconquête de la Normandie, négociant la reddition de Rouen sous les ordres de Dunois, cette année-là, avant de prendre Caen et Falaise en 1450.

  • Il joue ensuite un rôle clé dans la reconquête de la Guyenne, négociant sous les ordres de Dunois la reddition de Bordeaux en 1451.

Son engagement sans faille est finalement récompensé par le titre de maréchal de France en 1454. Il meurt à Bordeaux en 1461, quelques mois après le roi Charles VII. En conclusion, les carrières de La Hire et de Xaintrailles furent étroitement liées à la politique et aux campagnes militaires menées par le roi.

 

  • Dans les années 1430-1440, il mena des actions militaires en Normandie et en Guyenne, contribuant à affaiblir l’emprise anglaise.

  • 1449–1450 : il participa à la campagne de Normandie, qui culmina avec la victoire française à Formigny (15 avril 1450) et la reprise de Caen (juillet 1450).

  • 1451–1453 : il fut engagé dans la campagne de Guyenne. En 1451, Bordeaux fut prise le comte de Dunois, mais la ville se souleva l’année suivante. Poton prit peut-être part à la bataille de Castillon (17 juillet 1453), première grande victoire de l’artillerie française, mais il est surtout présent lors de la capitulation de Bordeaux en octobre 1453, qui scella la fin effective de la Guerre de Cent Ans.


Maréchal de France et gouverneur (1454–1461)

En reconnaissance de ses services, Charles VII nomma Poton de Xaintrailles maréchal de France en 1454. Revenu dans sa ville natale, il entreprit la reconstruction du château familial et exerça des responsabilités de gouverneur militaire dans sa région.

 chateau de Xaintrailles Lot et Garonne Dessin 3D

Château de Xaintrailles en 3D inspiré d'une gravure de Viollet le Duc.

Il accumula titres et charges :

  • seigneur de Xaintrailles, d’Ambrus et de Tonneins,

  • bailli du Berry,

  • sénéchal des Bordelais et du Limousin.

Ces fonctions témoignent de son influence grandissante et de sa richesse à la fin de sa vie.

 

 


Fonctions et mort

En 1437, Xaintrailles est nommé premier écuyer d'écurie du roi. Il participe à l'entrée solennelle de Charles VII à Paris, portant le heaume du souverain. La même année, il devient bailli de Berry.

En 1449, il prend part à la campagne de Normandie, participant aux sièges d'Harcourt, Rouen, Bellême, Lisieux, Caen et Falaise.

En 1451, il est nommé sénéchal du Limousin.

En 1453, il participe à la victoire de Castillon, la bataille finale de la guerre de Cent Ans, où Talbot est tué.

Le 1er avril 1454, Xaintrailles est nommé Maréchal de France. Il devient également gouverneur de Bordeaux en 1459.

Jeanne d'Arc et Xaintrailles


Un fait notable et surprenant est l'absence de Poton de Xaintrailles lors du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc. Alors que d'autres grands capitaines comme Dunois ont été appelés à témoigner, Xaintrailles, lui, n'a pas été convoqué ( en tout cas on en a pas connaissance ). Quant à La Hire, décédé quelques années auparavant à Montauban, il est impossible de savoir s'il y aurait participé.

Cette absence soulève plusieurs questions et hypothèses :

Une relation initialement tendue ?


Au début du siège d'Orléans, Xaintrailles et son compagnon La Hire étaient très réticents à l'idée de servir sous les ordres de la Pucelle, au point qu'ils tenter même de lui cacher certaines interventions. 

De son côté, Jeanne d'Arc elle-même ne mentionne jamais Xaintrailles lors de son propre procès à Rouen. C'est un détail frappant, car il était pourtant à ses côtés à Orléans, au sacre de Reims et lors de sa capture à Compiègne. Cet indice reste toutefois à nuancer, car le procès de Jeanne fut entièrement manipulé, et on ignore si elle a eu l'occasion ou le besoin de le nommer.

Dans l'ombre de La Hire ?
Une autre explication est que Xaintrailles, bien qu'il soit devenu Maréchal de France, a souvent été perçu comme le second de La Hire. Les chroniqueurs de l'époque ont davantage mis en lumière son compagnon, le présentant souvent comme le leader du duo. Il est possible que les organisateurs du procès l'aient simplement jugé moins pertinent.

Un témoignage potentiellement gênant ?
En définitive, bien qu'aucune certitude ne soit possible, l'absence de Xaintrailles suggère fortement que son témoignage n'allait pas dans le sens souhaité. Son récit contenait peut-être des nuances ou des détails considérés comme défavorables à l'objectif du procès, qui était de réhabiliter Jeanne sans la moindre ambiguïté.

 

Mort et héritage (1461)

Jean Poton de Xaintrailles mourut le 7 octobre 1461, quelques mois après la mort de Charles VII (22 juillet 1461). Resté sans descendance, il légua ses domaines à sa nièce, Béatrice de Pardailhan, dont les héritiers conservèrent la seigneurie de Xaintrailles jusqu’au règne d’Henri IV.


Postérité

Considéré comme l’un des plus grands capitaines de la Guerre de Cent Ans, Poton de Xaintrailles incarne le modèle du chevalier fidèle, courageux et dévoué. Compagnon de Jeanne d’Arc, plus par nécessité et ordre que par volonté manifestement, maréchal de France, artisan de la victoire française, il symbolise l’idéal du gentilhomme-guerrier au service du roi et du royaume.

 

 

 

Sources : textes au château de Xaintrailles, Esquisses militaires de la guerre de cent ans, par A. Ledieu,... La Hire et Xaintrailles. Les Flavy -  J. Lefort (Lille), (1) Christophe Furon


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