La Cathédrale Saint-Jean de Lyon est également la primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne. C'est le siège épiscopal de l'archidiocèse de Lyon. Elle possède un double statut : celui de cathédrale et de primatiale, en raison du titre de « primat des Gaules » conféré à l’archevêque de Lyon.

Située dans le cinquième arrondissement de Lyon, au cœur du quartier médiéval et Renaissance du Vieux Lyon, elle constitue un élément emblématique de la ville. Durant le Moyen Âge, elle appartenait à un vaste ensemble ecclésial, le groupe cathédral, comprenant notamment les églises Saint-Étienne et Sainte-Croix, détruites lors de la Révolution française, ainsi que la manécanterie, encore existante aujourd’hui.

La Cathédrale est rayonnante lors des Fêtes des Lumières.

Cathedrale Saint Jean Lyon

À l'origine, l’église était dédiée à saint Étienne, tandis que son baptistère honorait saint Jean-Baptiste. Cependant, comme souvent, le nom du baptistère a fini par s’imposer pour désigner l’ensemble de l’édifice. La première cathédrale, mentionnée dans les sources sous le nom de maxima ecclesia (« grande église »), fut construite par Patient. La seconde, édifiée au IXᵉ siècle par Leidrade, était plus vaste.

L’édifice actuel, fruit d’un projet s’étalant sur trois siècles (1175-1480), reflète la transition architecturale entre le style roman et le style gothique. Trois archevêques ont marqué son évolution : Guichard de Pontigny lança la construction en style roman ; Jean Belles-mains amorça la transition vers le gothique, bien que les techniques en soient encore balbutiantes ; enfin, Renaud de Forez transforma le projet, profitant des avancées techniques, pour lui donner son aspect actuel. Contraintes géographiques (entre colline et rivière) et rivalités politiques au Moyen Âge ont limité l’espace disponible pour la construction, ce qui explique les dimensions modestes de l’édifice, ainsi que son ornementation, moins riche que celle des cathédrales du Bassin parisien.

Au fil des siècles, la primatiale a subi de lourds dégâts : lors des guerres de Religion en 1562, puis pendant la Révolution française et le siège de Lyon en 1793. Restaurée au XIXᵉ siècle, elle bénéficie d’un nouvel élan sous la direction de l’architecte Tony Desjardins, qui cherche à lui redonner un aspect médiéval sublimé, fidèle à l’esprit gothique du XIIIᵉ siècle. Ses travaux incluent des ajouts comme des flèches et un relèvement de la charpente, mais certaines modifications, vivement critiquées, restent inachevées.

Au XXᵉ siècle, les restaurations se poursuivent, mais les conflits mondiaux les interrompent. En septembre 1944, le retrait des troupes allemandes provoque des sabotages endommageant gravement les vitraux. Leur remise en état, ainsi que des travaux sur les façades et l’intérieur, occupent la seconde moitié du XXᵉ siècle et le début du XXIᵉ.

Classée monument historique en 1862, la primatiale fait partie depuis 1964 du premier secteur sauvegardé de France. En 1998, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son emplacement dans le site historique de Lyon.

Lieu de culte majeur et paroisse du Vieux Lyon, la cathédrale demeure un symbole de l’identité liturgique lyonnaise, marquée par l’attachement au rite lyonnais. Cette spécificité explique, entre autres, qu’elle ait été la dernière cathédrale française à s’équiper d’un orgue, en 1841, et la modestie relative de cet instrument.

Enfin, la primatiale est une attraction touristique prisée pour sa localisation, ses événements, notamment durant la fête des Lumières, et son horloge astronomique du XIVᵉ siècle, restaurée en 2021.

 

Chronologie de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon

 


IVe-VIe siècles : Premières églises chrétiennes à Lyon

  • IVe siècle : La ville de Lyon, alors appelée Lugdunum, est un centre religieux important de la Gaule romaine. C’est à cette époque que l’archevêché de Lyon s’installe sur la colline de Fourvière, où se trouvait la première église chrétienne dédiée à Saint-Jean-Baptiste.
  • VIe siècle : Le siège de l’archevêché est déplacé de Fourvière à la rive droite de la Saône, dans la basse-ville. Une première cathédrale dédiée à Saint-Jean-Baptiste est construite sur le site actuel. Celle-ci est probablement une basilique paléochrétienne, bâtie sur les ruines d’anciens édifices romains.

IXe-XIIe siècles : Développement du site et influence romane

  • IXe siècle : Sous l’impulsion des archevêques lyonnais, notamment Leidrade (archevêque de 798 à 814), la cathédrale est agrandie. Cette période marque également l’affirmation du rôle de Lyon comme centre religieux majeur.
  • XIe siècle : Une reconstruction de la cathédrale est entreprise dans le style roman. Les vestiges de cette époque incluent des fragments d’architecture et des éléments décoratifs visibles dans la crypte actuelle.
  • 1175 : L’archevêque Guichard de Pontigny lance le chantier de reconstruction de la cathédrale dans le style gothique, influencé par les édifices d’Île-de-France. Ce chantier marque le début de la cathédrale que l’on connaît aujourd’hui.

XIIIe-XVe siècles : Épanouissement gothique

  • XIIIe siècle : Le chantier principal de la cathédrale gothique débute véritablement. La construction de la façade occidentale, de la nef et du chœur progresse sur plusieurs décennies.
    • 1225-1250 : Le chœur, partie la plus ancienne encore visible, est achevé. Sa conception respecte le style gothique rayonnant, avec de grandes baies vitrées et des voûtes croisées d’ogives.
  • XIVe siècle : La construction se poursuit avec la réalisation des transepts et de la façade.
    • 1308 : Le mariage royal entre Philippe le Bel et Jeanne de Bourgogne est célébré dans la cathédrale, marquant son importance politique et religieuse.
    • La célèbre horloge astronomique, l’une des plus anciennes d’Europe, est installée au cours de ce siècle. Conçue pour calculer des données astronomiques complexes, elle devient l’un des trésors de l’édifice.
  • XVe siècle : La construction s’achève après trois siècles de travaux. La façade occidentale, ornée de ses magnifiques rosaces et de son portail richement décoré, est finalisée vers 1480.

XVIe-XVIIe siècles : Guerres de religion et transformations

  • 1562 : Lyon est touchée par les guerres de religion. La cathédrale subit des pillages de la part des troupes protestantes menées par le baron des Adrets. De nombreux trésors et œuvres d’art sont détruits.
  • XVIIe siècle : La cathédrale retrouve son prestige sous l’influence de l’Église catholique et du mouvement de la Contre-Réforme. Des travaux de restauration et d’embellissement sont entrepris. La liturgie lyonnaise, réputée pour sa spécificité, s’y développe avec éclat.

XVIIIe siècle : Décadence sous la Révolution

  • 1779 : Une rénovation mineure est réalisée pour moderniser certains éléments. Cependant, des conflits internes au chapitre cathédral affaiblissent la gestion de l’édifice.
  • 1793 : Pendant la Révolution française, la cathédrale Saint-Jean est saccagée. Elle est transformée en entrepôt et subit des dommages importants, notamment la destruction des sculptures de la façade et des trésors liturgiques.

XIXe siècle : Restauration et renouveau

  • 1802 : Avec le Concordat de Napoléon Bonaparte, la cathédrale est rendue au culte catholique. Cependant, elle reste dans un état de grande détérioration.
  • 1844-1862 : Une vaste campagne de restauration est entreprise sous la direction de l’architecte Pollet. Les parties endommagées sont réparées, et la façade est restaurée dans un esprit néogothique, fidèle à son style d’origine.
  • 1859 : La cathédrale accueille le cardinal Louis-Jacques-Maurice de Bonald pour le concile provincial de Lyon, soulignant son rôle spirituel dans la région.

XXe siècle : Résilience et modernité

  • 1905 : Avec la loi de séparation des Églises et de l’État, la cathédrale devient propriété de l’État français. Elle est classée monument historique.
  • 1944 : Pendant la Seconde Guerre mondiale, la cathédrale échappe de peu à la destruction lors de la libération de Lyon. La communauté locale s’efforce de protéger l’édifice des bombardements.
  • 1970 : Une nouvelle campagne de restauration est lancée, visant à consolider les structures et à nettoyer les façades noircies par la pollution industrielle.

XXIe siècle : Préservation et mise en valeur

  • 2002 : Le pape Jean-Paul II visite la cathédrale Saint-Jean lors de son passage à Lyon, renforçant l’importance spirituelle de l’édifice pour l’Église catholique.
  • 2013 : Une nouvelle restauration de l’horloge astronomique est réalisée, lui rendant son éclat et ses fonctionnalités.
  • 2020-2023 : Des travaux de rénovation sont entrepris pour adapter la cathédrale aux normes contemporaines de conservation. Des efforts sont également faits pour améliorer l’accessibilité et valoriser l’histoire de l’édifice auprès des visiteurs.

Titre et dédicace

La primatiale de Lyon est dédiée à deux saints : saint Jean-Baptiste, cousin de Jésus, prophète et martyr, et saint Étienne, l’un des premiers diacres de l’Église et martyr. Cette double dédicace s’explique par le fait que la cathédrale reprend celle de l'ancien baptistère voisin, autrefois consacré à saint Étienne.

Outre son rôle de cathédrale, c’est-à-dire le siège de l’évêque (lieu de la cathèdre), Saint-Jean est également primatiale des Gaules. Ce titre lui confère un rang symbolique au-dessus des autres cathédrales françaises des quatre provinces ecclésiastiques de 1079 : Lyon, Rouen, Tours et Sens. Cette prééminence repose sur trois éléments :

  1. L’ancienneté de l’adoption du christianisme à Lyon.
  2. Le martyre de nombreux chrétiens célèbres dans la ville.
  3. L’importance théologique des écrits de saint Irénée, figure majeure de l’Église primitive.

Cependant, ce statut de primauté a été contesté à certaines époques, notamment au Moyen Âge. Les habitants de la presqu’île prétendaient que l’église Saint-Nizier avait été la première cathédrale de Lyon. Ces affirmations, documentées dans des textes des XIIᵉ et XIIIᵉ siècles, furent considérées comme historiques au XIXᵉ siècle, bien qu’il s’agisse en réalité de falsifications destinées à appuyer les revendications d’autonomie des bourgeois de la presqu’île vis-à-vis du chapitre de Saint-Jean.

Depuis le 20 décembre 2020, l’archevêque de Lyon est Olivier de Germay.

 

Evènements et Personnalités

 

Conciles œcuméniques

  1. Premier concile de Lyon (1245)

    • Date : Juin-juillet 1245.
    • Contexte : Ce treizième concile œcuménique se tient dans la primatiale encore inachevée. Le pape Innocent IV consacre le maître-autel pendant le concile.
    • Raison : Innocent IV réside à Lyon (1244-1251) sous la protection de l’archevêque Philippe Ier de Savoie, fuyant la menace de l’empereur Frédéric II. Les frais du concile sont entièrement pris en charge par l’archevêque de Lyon.
  2. Deuxième concile de Lyon (1274)

    • Date : Mai-juillet 1274.
    • Contexte : Le quatorzième concile œcuménique réunit environ 1 500 délégués, sur un total de 8 000 visiteurs, dans une ville qui compte à peine 12 000 habitants.
    • Objectif : Le pape Grégoire X cherche à réconcilier les Églises latines et grecques. Les délégués grecs y professent la foi catholique.
    • Événements marquants : La présence d’une délégation tatare venue pour le baptême, ainsi que la mort de saint Bonaventure, qui avait joué un rôle clé dans le concile.

Visites pontificales

  1. Innocent IV (1244-1251)

    • Contexte : Le pape Innocent IV s’installe à Lyon pour échapper à Frédéric II. Sa présence marque fortement la ville et la primatiale.

  2. Jean XXII (1316)

    • Événement : Le pape Jean XXII (Jacques Duèse) est couronné à la primatiale.
    • Contexte : Ce couronnement à Lyon, et non à Rome, est motivé par des raisons politiques liées à la succession du trône de France.

  3. Pie VII (1804 et 1805)

    • Premier passage (1804) : En route pour le sacre de Napoléon à Paris, le pape Pie VII fait une halte à Lyon.
      • Dates : 19-21 novembre 1804.
      • Activités : Accueilli par une foule immense, il célèbre une messe à la primatiale, bénit la foule place Bellecour et reçoit des délégations au palais archiépiscopal.
    • Retour (1805) : En avril, lors de son retour vers Rome, il s’arrête à Lyon du 16 au 20 avril.
      • Acte notable : Il restaure le culte dans la chapelle Saint-Thomas de Fourvière, renforçant la dévotion à Notre-Dame de Fourvière.

  4. Jean-Paul II (1986)

    • Date : 5 octobre 1986.
    • Événement : Le pape visite la primatiale pour rencontrer 900 malades venus de toute la région. Un tiers de l’espace de l’édifice est spécialement aménagé pour les accueillir. La visite se termina par un concert de Jean-Michel Jarre, Lyon étant sa ville natale, réunissant pas loin de 800 000 spectateurs, c'est d'ailleurs le premier concert où il utilisa la Harpe Laser.



Autres visiteurs notables

  1. Saint Louis (1248 et 1271)

    • 1248 : Le roi Louis IX, en route pour la septième croisade, rencontre le pape Innocent IV à Lyon.
    • 1271 : Après son décès à Tunis, son corps est temporairement accueilli dans la primatiale avant d’être transféré à la basilique Saint-Denis.

  2. Mariage d’Henri IV et de Marie de Médicis (1600)

    • Date : 17 décembre 1600.
    • Événement : Le mariage est célébré à la primatiale par un légat du pape, après l’annulation du mariage précédent d’Henri IV avec la reine Marguerite.

  3. Napoléon Ier et Joséphine (1805)

    • Contexte : L’empereur et l’impératrice sont reçus par le cardinal Joseph Fesch à la primatiale pour la fête de Pâques.

 

Architecture

L'intérieur de la cathédrale : entre splendeur architecturale et innovations techniques

Découvrez les merveilles architecturales de cette cathédrale exceptionnelle, où chaque espace reflète un mélange subtil de styles romans et gothiques, témoins des évolutions et innovations de plusieurs siècles.


La nef et les bas-côtés : une harmonie de styles

La nef offre un panorama saisissant, avec ses travées sexpartites et la lumière colorée qui joue sur les piliers, filtrée par les vitraux. Construite entre 1200 et 1210, la voûte témoigne d’un savoir-faire ancien mais audacieux. Les travées sont soutenues par des piles alternant supports "forts" et "faibles", permettant une transition fluide entre l’architecture romane et gothique.
Les hautes verrières ajoutées ultérieurement adoptent un style rayonnant : leurs lancettes sont surmontées de roses polylobées. Ce détail, caractéristique du XIIIe siècle, apporte une luminosité unique et renforce la grandeur de cet espace central.


Le chœur et l'Abside : entre tradition et modernité

Le chœur et l'Abside dévoilent une complexité architecturale fascinante. L'abside polygonale, à sept pans, est dotée de niveaux d'élévation distincts. Le sanctuaire combine des arcs pendants romans, un triforium inspiré des cloîtres et un clair-étage gothique illuminé par des baies aux formes élégantes.
Initialement, Guichard avait envisagé une voûte en cul-de-four, mais les plans ont évolué sous l’influence de Jean Belles-Mains. Ce dernier a introduit une galerie à loges pour répondre aux défis structurels imposés par les contreforts romans, moins adaptés aux voûtes gothiques. Ces loges, voûtées en berceau brisé, témoignent d’un mélange d’audace technique et de calculs précis pour optimiser lumière et stabilité.


Le transept : un carrefour architectural

Le transept, conçu comme un lien entre le chœur roman et la nef gothique, illustre une transition architecturale remarquable. L’ajout de rosaces monumentales aux extrémités nord et sud est une innovation majeure du XIIIe siècle, marquant la première apparition de ce type de vitraux au sud de la Loire. Ces rosaces imposèrent un rehaussement de la voûte, permettant de maximiser la lumière tout en accentuant l’esthétique rayonnante.
Un second architecte, probablement actif dans les années 1230-1240, introduisit des galeries intérieures et un décor épuré au clair-étage, influencé par l'architecture cistercienne.


Les chapelles latérales : lieux de dévotion et d’art

La cathédrale abrite huit chapelles latérales, chacune portant une identité forte.

  • Côté méridional : La chapelle des Bourbons, chef-d'œuvre du gothique flamboyant, se distingue par ses clefs pendantes et sa décoration raffinée. À l’entrée de la nef, la chapelle Saint-Raphaël conserve aujourd’hui des sculptures restaurées, tandis que la chapelle Saint-Sacrement abritait autrefois le cœur de Saint Vincent de Paul.

  • Côté septentrional : La chapelle du Sacré-Cœur, unique par sa longueur (une travée et demie), et la chapelle des fonts baptismaux, sous laquelle repose le tombeau des archevêques de Lyon, sont les points forts. D'autres chapelles, comme celle dédiée au curé d'Ars, témoignent des évolutions architecturales et spirituelles.


Une prouesse esthétique et technique

Les parements intérieurs de l'abside, réalisés en choin et marbre, reflètent une recherche esthétique sophistiquée. Les architectes ont su jouer sur les textures et les illusions : l’utilisation d’orthostates verticaux donne une impression de pierre massive et continue. Le triforium du chœur, inspiré des galeries de cloîtres, propose une alternance harmonieuse de colonnes et motifs, contrastant avec la sobriété plus classique de l'abside.

 

HIstoire de la Cathédrale 

La Cathédrale Saint-Jean de Lyon : Une Histoire Fascinante à Travers les Âges

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon, joyau architectural et spirituel, porte en elle des siècles d’histoire complexe, marquée par des constructions successives, des conflits religieux et politiques, ainsi que des prouesses techniques. Voici un voyage à travers les étapes clés de son édification, depuis ses origines jusqu'à sa forme actuelle.


Avant l’actuelle cathédrale : Une histoire de « maxima ecclesia »

Avant d’être appelée cathédrale, ce qui signifie « église de l’évêque », les églises principales de chaque diocèse étaient simplement qualifiées de domus divina ou de maxima ecclesia. Lyon, une des premières villes de Gaule à posséder un tel édifice, s’est illustrée dès l’Antiquité tardive par son rôle central dans l’organisation ecclésiastique.

La première grande église, bâtie en 469 par l’évêque Patient, portait déjà le nom de Saint-Jean-Baptiste, tandis que le baptistère adjacent était dédié à Saint-Étienne. Cet édifice, décrit comme majestueux par des contemporains comme Sidoine Apollinaire, comprenait une façade tournée vers l’est, un triple portique et une riche décoration de marbre. Cependant, il subit des dommages importants lors des invasions sarrasines au VIIIᵉ siècle.


La reconstruction carolingienne par Leidrade

Au début du IXᵉ siècle, sous l’impulsion de l’empereur Charlemagne, l’évêque Leidrade, un Bavarois nommé pour restaurer l’Église lyonnaise, entreprit la reconstruction de Saint-Jean. Ce projet s’inscrivait dans une vaste réforme spirituelle et architecturale. Leidrade dota l’église d’un cloître, forma un clergé cathédral et fit enrichir l’édifice de reliques prestigieuses.

Sous son mandat, l'église devint un véritable centre de vie religieuse et spirituelle, ornée de mosaïques remarquables qui servaient à éduquer les fidèles en illustrant des scènes bibliques. Ces ornements symbolisent une étape clé où l’Église cherchait à affirmer son pouvoir spirituel à travers l’art.


La cathédrale actuelle : entre conflits et innovations techniques

La construction de la cathédrale actuelle débuta à la fin du XIIᵉ siècle, sous l’archevêque Guichard de Pontigny. Ce projet de grande envergure marqua une rupture avec l’ancien complexe épiscopal mérovingien. Cependant, il fut entaché par des tensions entre l’archevêque et le chapitre des chanoines, qui ne s’entendaient pas sur l’orientation et l’emplacement du nouvel édifice.

Le défi de l’emplacement : La colline de Fourvière, située à l’ouest, semblait être l’endroit idéal pour une extension. Cependant, les chanoines s’y opposèrent pour préserver une ancienne nécropole chrétienne où ils souhaitaient être inhumés. Finalement, la construction se fit vers l’est, sur les terrains alluvionnaires instables de la Saône, ce qui nécessita des travaux de renforcement du sol à l’aide de pieux et de remblais.


Les défis d’un chantier homotopique

L’érection de la nouvelle cathédrale devait se faire sans interrompre le culte dans l’ancienne structure. Cette superposition des chantiers donna lieu à un édifice hybride, où des parties de l’ancienne église cohabitaient temporairement avec les nouvelles constructions gothiques.

Un accident majeur survint au XIIIᵉ siècle lorsque le terrain meuble sous l’abside s’affaissa, causant d’importantes fissures dans les murs. Ces désordres architecturaux marquèrent durablement l’histoire de la cathédrale, nécessitant des réparations jusqu’au XXᵉ siècle.


Un édifice marqué par son époque

Malgré ces aléas, la cathédrale Saint-Jean devint un lieu emblématique. Elle accueillit des événements historiques majeurs, comme les deux conciles de Lyon (1245 et 1274) et le couronnement du pape Jean XXII en 1316. Le chantier s’étala sur plusieurs siècles, chaque archevêque ou doyen y apportant sa contribution. Ainsi, la tour nord, dite Saint-Thomas, fut achevée bien avant la tour sud, de la Madeleine, faute de financement équivalent.

Les matériaux utilisés, notamment des pierres de choin provenant du forum romain, témoignent d’un recyclage intelligent et durable dans un contexte de rareté des ressources.

 

 

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