Jeanne d'Arc brûlée vive le 30 mai 1431 à Rouen
Jeanne d’Arc est brûlée vive sur la place du Vieux Marché à Rouen le mercredi 30 mai 1431.
Après un procès en hérésie ( du 9 janvier 1431 au 24 mai 1431 ) , initialement condamnée à la prison à perpétuité, il fut suivi d’un autre procès en relapse ( du 26 mai 1431 au 30 mai 1431 ) qui la condamne à mort.
Chronologie de l’exécution selon les témoignages d’époques, principalement des témoins visuels, ne laissant aucun doute sur la teneur de leur témoignage.
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Informations
- Adresse : Place du Vieux Marché 76000 Rouen
- Google Maps : Carte
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- Site Officiel : http://www.rouen.fr/place-du-vieux-marche
- Heures d'ouvertures & Visites & Météo :
- Place publique
Chapitres
- I - Déroulement de l'éxécution
- II - Substitution de Jeanne avant l'éxécution ?
- III - La sentence du procès en relapse
Déroulement de l'éxécution
Dans la matinée du 30 mai, vers 9 heures, Jeanne est amenée sur la place du marché.
« Avec la permission des juges, avant le prononcé de la sentence, j’entendis Jeanne en confession et je lui administrai le corps de Notre-Seigneur. Elle le reçut avec grande dévotion et beaucoup de larmes. Son émotion était telle que je ne saurais l’exprimer. »
Ensuite entre dans la pièce Pierre Cauchon, l'infâme évêque de Beauvais « Le matin de ce jour qui était un mercredi, tandis que j’étais avec Jeanne pour la préparer au salut, l’évêque de Beauvais et quelques chanoines de Rouen entrèrent : Quand elle vit l’évêque, Jeanne lui dit :
Après la confession est prononcée la sentence ( voir bas de page ).
« Jeanne fut menée à son supplice avec une grande troupe d’hommes d’armes, au nombre d’environ quatre-vingts, partant épées et bâtons » selon Guillaume Manchon, environ 120 selon maître Nicolas de Houppeville.
Entre la tour des champs où elle fut enfermée et le marché elle est emmenée dans une charrette « Sur le chemin, Jeanne faisait de si pieuses lamentations que frère Martin et moi ne pouvions nous tenir de pleurer. » relate Jean Massieu ( Huissier ).
Au marché la place est encadrée par plusieurs centaines d’hommes en armes, Anglais principalement, selon Jean Massieu ( Huissier ) «Il y avait plus de 800 hommes d’escorte portant haches et glaives. » présent sur les lieux de la place du vieux marché, chiffre corroboré par Guillaume Manchon ( Greffier ) « Sur la place étaient rangés sept à huit cents hommes de guerre » . Le nombre, quoique très important voir surestimé ( ?), de soldats en armes laisse tout de même à penser qu’il y a une peur d’une évasion ou d’une réaction hostile, relativement improbable, de la population, en tout cas les Anglais prennent la situation très au sérieux.
Selon Clément de Fauquembergue, greffier de l’université de Paris mais non présent sur les lieux, il relate que « Il était écrit en la mitre qu'elle avait sur sa tête les mots qui s'ensuivent : « hérétique, relapse, apostât, idolâtre. » Et en bas du bûcher un tableau devant échafaud, étaient écrits ces mots : « Jehanne qui s'est fait nommer la Pucelle, menteresse, pernicieuse, abuserresse de peuple, devineresse, superstitieuse, blasphemeresse de Dieu, présomptueuse, malcreant de la foi de Jésus-Christ, vanterresse, idolâtre, cruelle, dissolue, invocaterresse du diable, apostât, schismatique et hérétique. » Et prononça la sentence messire Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, ou diocèse duquel ladite Jehanne avait été prise »
Un échafaud en plâtre fut édifié pour l’occasion. Selon Adrien Harmand dans son étude « Par la suite Jeanne, ainsi mitrée, est hissée sur le bûcher. À ses instances, on est allé lui chercher la grande croix de la paroisse Saint-Sauveur qu’elle tient étroitement, embrassée en pleurant. Elle ne la quitte que pour la liée à l’estache qui surmonte le très haut tas de bois. Pendant qu’on la lie, elle continue ses louanges et lamentations envers Dieu et les saints, invoquant spécialement Saint-Michel » il faut y voir ici peut-être un lien avec Charles VII et ses voix. Geoffroy Thérage y mit le feu, semble-t-il avec difficulté au vu de la hauteur.
Jeanne demande à Isambard de la Pierre de descendre du bûcher, selon le témoignage de ce dernier « Elle m’avait prié de descendre avec la croix, une fois le feu allumé, et de la lui faire voir toujours. Ainsi je fis. »
Alors que le feu consume son corps, Isambard présent sur place continue son récit au procès de réhabilitation « inclinant la tête et rendant l’esprit, Jeanne prononça encore avec force le nom de Jésus. Ainsi signifiait-elle qu’elle était fervente en la foi de Dieu, comme nous lisons que le firent saint Ignace d’Antioche et plusieurs autres martyrs. Les assistants pleuraient.Un soldat anglais qui la haïssait mortellement avait juré qu’il mettrait de sa propre main un fagot au bûcher de Jeanne. Il le fit. Mais à ce moment, qui était celui où Jeanne expirait, il l’entendit crier le nom de Jésus. Il demeura terrifié et comme foudroyé. »
Pour éviter tout doute sur une éventuelle évasion de Jeanne « Une fois morte, les Anglais, redoutant qu’on ne fît courir le bruit qu’elle s’était échappée, ordonnèrent au bourreau d’écarter un peu les flammes pour que les assistants la pussent voir morte.
Pendant l’exécution, maître Jean Alépée, alors chanoine de Rouen, était à mes côtés. Il pleurait que c’était merveille et je lui entendis dire : « Plut à Dieu que mon âme fût au lieu où je crois être l’âme de cette femme. » témoignage de Jean Riquier curé d’Heudicourt ( petit village du côté de Péronne ). Le "Journal de Paris" relate les même faits :
"Jeanne fut bientôt estainte ( morte ) et sa robe toute arse (toute brûlée) ; et fut veue de tout le peuple-toutte nue et tous les secrets qui peu[v]ent estre ou doibvent en femme, pour aster les doubtes du peuple. Et quand ils l’eurent assez à leur gré veue, toutte morte, le bourrel remist le feu grant sur sa pauvre charongne qui tantôt fut toutte comburée et os et chair mis en cendre."
Pont Mathilde à Rouen au XVIIe, il fut fortement endommagé par la crue au XVIe. Peinture actuellement au musée des Beaux-Arts de Rouen.
Ces cendres sont jetées par-dessus le pont de Saint-Mathilde qui enjambe la Seine, ceci très probablement pour éviter un éventuel recueillement et la réutilisation des « reliques ». Selon la chronique des Cordeliers de Paris :
" Les cendres de son corps furent par sacs jetées en la rivière, pour que jamais on ne put en faire, ni tenter d'en faire des sorcelleries, ou méchante chose."
Substitution de Jeanne ? Jeanne n'est pas morte sur le Bûcher ?
Aucun des témoignages visuels présent sur place ne doute à aucun moment d’une quelconque substitution de Jeanne comme le prétendent les 'comploteurs' sur une éventuelle évasion. Si c’était le cas, il faudrait alors que tout le monde, y compris les Anglais, mentent ce qui est impossible. Le visage n'étant pas caché et même si éventuellement il l'avait été, le feu aurait vite brûlé le tissu.
Le fait d'avoir mis le bûcher en hauteur, peut-être plus haut qu'habituellement, n'a qu'un seul but :
Qu'il soit visible de tout lieu sur la place. Si les Anglais et Pierre Cauchon avaient voulu masquer une quelconque supercherie, ils auraient pu prendre d'autres moyens plus discrets. Ils auraient pu l'assassiner, par exemple, en tout discrétion dans la tour des Champs du Château de Bouvreuil, sans témoin. On peut constater qu'au moyen-âge les fenêtres existent, ce qui permet à la population de regarder la place sans gêne.
Puis imaginons que la personne qui fut brûlée ne soit pas Jeanne d'Arc, qui était-elle alors ? Une actrice qui juste au dernier moment aurait jouée Jeanne en allant même pleurer "jésus" à plusieurs reprises et Saint-Michel alors que le feu l'embrase ? Une actrice qui aurait juste à la dernière minute trompée son monde alors que Jeanne serait on ne sait ou ?
On peut souligner que Martin Ladvenu a suivi Jeanne de la tour des champs jusqu'au bûcher et il n'est pas le seul, tous les protagonistes sont présents sur la place y compris le " Cardinal d'Angleterre".
Les Anglais prendront la précaution ultime, après sa mort, de sortir le corps du bucher pour montrer à tous, prélats, badauds, habitants de la place du vieux marché, que c’est bien Jeanne et nulle autre personne.
Le corps après avoir été montré à tous est rejeté dans le feu pour être consumé totalement. Après qu'elle fut totalement consumée, les cendres sont jetés dans la Seine pour éviter toutes reliques. Pourquoi tant de précautions si ce n'est pas la bonne personne sur le bûcher ?
Ni les Anglais, ni les habitants, ni les hommes d’églises ne font à aucun moment état d’un doute particulier. C’est seulement plusieurs années après que des rumeurs d’une évasion furent lancées, comme souvent d’ailleurs pour tout personnage public; surtout lié aux diverses fausses Jeanne.
On peut aussi légitimement se poser la question pourquoi après tant d'efforts, et de haine envers Jeanne, pourquoi ils l'auraient libéré ? Imaginez simplement qu'après de longs mois de tractations ( du mois de mai 1430 à novembre 1430 environ ) pour que Pierre Cauchon puisse récupérer la Pucelle aux Bourguignons, qu'après la levée d'une taxe en Normandie pour payer la rançon, qu'après le procès d'une durée exceptionnellement longue, les diverses menaces du roi d'Angleterre et du Duc de Bedford, de l'Université de Paris.. sans oublier l'attitude des Anglais fou de rage, presque au bord de l'émeute, quand ils apprennent qu'initialement l'église la condamne à la prison à perpétuité, ils finissent par dire qu'en faite ben non... ils la rendent à Charles VII . En échange de quoi ? ça parait tout de même assez absurde et invraisemblable, mais bien évidemment les fervents défenseurs des théories fumeuses ont du mal à en trouver une quelconque raison.
Sa libération en catimini aurait posé un problème politique important au roi d'Angleterre. En effet il faut rappeler que rendre la liberté à la Pucelle c'était légitimer la position du roi de France au trône, la condamner par un jugement ecclésiastique c'était politiquement annuler le sacre de Charles VII dans la Cathédrale de Reims. Pourquoi Charles VII a t'il fait faire un procès de réhabilitation si elle était vivante ? ça n'avait évidemment aucun intérêt.
Sur la place du marché, il y a eu plusieurs centaines de témoins ,et très surement plus d'un milliers en comptant les soldats anglais...auraient-ils tous été trompés ? selon les théories de certains journalistes, tous ces gens seraient donc de profonds imbéciles, voir aveugles, tous manipulés par on ne sait qui ?
Pour finir, la réaction du roi d'Angleterre Henry VI qui écrivit d'ailleurs une lettre à ce sujet, preuve que le sujet est de la plus haute importance pour les Anglais.
( lettre peut-être écrite par le duc de Bedord au nom du roi, ce qui ne change rien sur le fond ), le 8 juin 1431 ( extrait ), il confirme son exécution :
"Enfin, comme les sanctions canoniques l'ordonnent, pour ne pas porter pourriture aux autres membres du Christ, elle fut abandonnée au jugement de la puissance séculière qui décida que son corps devait être brûlé .
La sentence du procès en relapse
« La prédication finie, nous avons de nouveau averti la dite Jeanne qu’elle pourvût au salut de son âme; qu’elle songeât à ses méfaits pour en faire pénitence avec vraie contrition. Nous l’avons exhortée de croire aux conseils des clercs et notables hommes qui l’instruisaient et enseignaient touchant son salut; spécialement des deux vénérables frères qui l’assistaient et que nous y avions commis pour cet effet . Cela fait, nous évêque et vicaire, eu égard à ce qui précède. D’où il résulte que ladite femme, obstinée dans ses erreurs, ne s’est jamais sincèrement désistée de ses témérités et crimes infâmes; que, bien plus et loin de là, elle s’est montrée évidemment plus condamnable, par la malice diabolique de son obstination en feignant une contrition fallacieuse et une pénitence et amendement hypocrite, avec parjure du saint nom de Dieu et blasphème de son ineffable majesté; attendu qu’elle s’est montrée ainsi, — comme obstinée, incorrigible, hérétique et relapse — indigne de toute grâce et communion que nous lui avions miséricordieusement offertes dans notre première sentence; tout considéré, sur la délibération et conseil de nombreux consultants, nous avons procédé à notre sentence définitive, en ces termes.
Au nom de Dieu, amen. Toutes les fois que le venin pestilentiel de l’hérésie s’attache à l’un des membres de l’Eglise, et le transfigure en un membre de Satan, il faut s’étudier avec un soin diligent à ce que l’infâme contagion de cette lèpre ne puisse gagner les autres parties du corps mystique de Jésus-Christ. Les préceptes des saints Pères ont en conséquence prescrit qu’il valait mieux séparer du milieu des justes les hérétiques endurcis que de réchauffer un serpent aussi pernicieux pour le reste des fidèles dans le sein de notre pieuse mère l’Eglise. C’est pourquoi nous, Pierre, etc., Jean, etc., juges compétents en cette partie, nous t’avons déclarée par juste jugement, toi, Jeanne, vulgairement appelée la Pucelle, être tombée en diverses erreurs et crimes de schisme, idolâtrie, invocation des démons et beaucoup d’autres délits. Néanmoins comme l’Eglise ne ferme pas son sein au pécheur qui y retourne, nous, pensant que tu avais de bonne foi abandonné ces erreurs et ces crimes, attendu que certain jour tu les as désavoués, que tu as publiquement juré, voué et promis de n’y plus retourner sous aucune influence ou d’une manière quelconque, mais que tu préférais demeurer fidèlement et constamment dans la communion, ainsi que dans l’unité de l’Eglise catholique et du pontife romain, comme il est plus explicitement contenu dans ta cédule souscrite de ta propre main; attendu néanmoins que, après cette abjuration, séduite dans ton coeur par l’auteur de schisme et d’hérésie, tu es retombée dans ces délits, ainsi qu’il résulte de tes déclarations, ô honte! Comme le chien retourne à son vomissement; attendu que nous tenons pour constant et judiciairement manifeste que ton abjuration était plutôt feinte que sincère.
Pour ces motifs, nous te déclarons retombée dans les sentences d’excommunication que tu as primitivement encourues, relapse et hérétique, et par cette sentence émanée de nous siégeant au tribunal, nous te dénonçons et prononçons, par ces présentes, comme un membre pourri, qui doit être rejeté et retranché de l’unité ainsi que du corps de l’Eglise, pour que tu n’infectes pas les autres. Comme elle, nous te rejetons, retranchons et t’abandonnons à la puissance séculière, en priant cette puissance de modérer son jugement envers toi en deçà de la mort et de la mutilation des membres, priant aussi que le sacrement de pénitence te soit administré, si en toi apparaissent les vrais signes de repentir. »
On remarquera les termes particulièrement violents comme « Comme le chien retourne à son vomissement » et « nous te dénonçons et prononçons, par ces présentes, comme un membre pourri, qui doit être rejeté et retranché de l’unité ainsi que du corps de l’Eglise ».