L'histoire fascinante de la cathédrale Saint-Jean : Un Trésor entre splendeur et résilience

Implantée dans le paysage lyonnais depuis le IVᵉ siècle, la cathédrale Saint-Jean et son groupe architectural racontent une histoire riche et tourmentée, à l’image de la ville elle-même. À l’origine, cet ensemble religieux se compose de deux églises et d’un baptistère. Mais au XIIᵉ siècle, l’évolution de l’édifice voit la transformation de la plus grande des deux églises en la cathédrale Saint-Jean que nous connaissons aujourd’hui.

Dans une ville qui, entre le Bas-Empire romain et le Moyen Âge, fut le théâtre de multiples dominations, l’archevêché s’est imposé comme un centre de pouvoir stable. En 1079, l’archevêque de Lyon reçoit le prestigieux titre de primat des Gaules, une distinction qui renforce son autorité. Entouré d’un collège de chanoines, il joue un rôle crucial dans les grands événements de l’époque, à l’image des conciles œcuméniques de 1245 et 1274, ou encore de l’élection du pape Jean XXII en 1316.

Le trésor perdu : entre pillages et fonte des métaux

Le trésor de la cathédrale, à l’origine, était d’une richesse exceptionnelle. Il comprenait des objets précieux dédiés au culte ainsi que des pièces somptueuses destinées à orner l’édifice. Ces merveilles, patiemment constituées au fil des siècles, témoignaient de l’éclat spirituel et culturel de la cathédrale. Mais la splendeur de ce trésor a été anéantie par deux épisodes tragiques : le pillage des calvinistes sous la direction du baron des Adrets en 1562, puis la fonte des métaux précieux ordonnée par les finances royales sous Louis XIV et Louis XV.

Une renaissance grâce au cardinal Fesch

Cependant, le XIXᵉ siècle marque une renaissance pour la cathédrale Saint-Jean. Le cardinal Joseph Fesch, archevêque de Lyon entre 1802 et 1839 et oncle de Napoléon Bonaparte, dote l’édifice d’un nouveau trésor, signe d’un renouveau spirituel et matériel. Son initiative est poursuivie par Monseigneur de Bonald, archevêque de 1840 à 1870, qui complète cette précieuse collection par ses dons.

Ainsi, l’histoire de la cathédrale Saint-Jean est celle d’une institution à la fois témoin et actrice des bouleversements de l’Histoire, où se mêlent grandeur, destruction, et résilience. Une mémoire vivante qui continue de fasciner au fil des siècles.

 Tresor cathedrale Saint Jean Lyon

 

La salle de la Manécanterie : un écrin pour le trésor de la cathédrale Saint-Jean

Nichée dans la salle haute de la Manécanterie, le trésor de la cathédrale Saint-Jean offre un voyage fascinant à travers l’histoire de l’art liturgique et des savoir-faire artisanaux. Cette pièce historique expose une richesse inestimable de sculptures, d’objets liturgiques et de textiles rares, reflétant des siècles de dévotion et d’excellence artistique.

Dès l’entrée, des pièces archéologiques captent l’attention, notamment des chapiteaux d’origine byzantine, taillés dans la masse et disposés contre le mur de gauche. Mais c’est dans les vitrines que s’étale tout l’éclat du trésor : objets de vénération, vêtements liturgiques somptueux et insignes religieux témoignent de leur importance sacrée autant que de leur qualité artistique. Parmi les pièces les plus anciennes, un coffret d’ivoire du Xe siècle et un autel portatif byzantin du XIIIᵉ siècle se distinguent. Ces reliques offrent un aperçu rare de la finesse des productions médiévales.

Le savoir-faire des émailleurs de Limoges et l’art gothique

Les vitrines suivantes mettent en lumière l’ingéniosité des artisans du Moyen Âge. Des plaques de psautier et une navette à encens, ornées d’émaux champlevés caractéristiques de Limoges au XIIIᵉ siècle, brillent par la vivacité de leurs couleurs. À proximité, un encensoir gothique du XVe siècle, façonné en forme d’édicule, incarne l’élégance des formes en usage à la fin du Moyen Âge.

reliquaire Saint Vincent de Paul

Héritage moderne et contributions prestigieuses

La période moderne, également représentée, dévoile des formes d’objets religieux qui se sont fixées dans la tradition. La majorité de ces pièces ont été acquises par Monseigneur de Bonald, tandis que le cardinal Fesch, célèbre pour son rôle dans la revitalisation du trésor au XIXᵉ siècle, a enrichi l’ensemble avec des créations somptueuses. Parmi elles, des ornements taillés dans les tentures rouges utilisées lors du sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris occupent une place centrale.

L’orfèvrerie se distingue également par des pièces remarquables, comme un ostensoir offert par Joséphine de Beauharnais, réalisé par un orfèvre lyonnais. Dans une autre vitrine, on trouve les ornements portés par le cardinal Fesch lors du mariage de Napoléon et de Joséphine en 1804. Les œuvres d’André Favier, maître orfèvre lyonnais, comme un ostensoir néo-gothique et des mors de chape finement sculptés, témoignent d’un savoir-faire raffiné.

Textiles précieux et tapisseries magistrales

Le trésor ne se limite pas aux objets liturgiques. Une vitrine met en valeur des vêtements liturgiques en soie lyonnaise, conçus d’après les dessins de l’architecte Pierre Bossan, maître d’œuvre de la basilique Notre-Dame de Fourvière. Parmi eux, une chape arborant les figures en relief de saint Pothin et de saint Irénée.

Les murs de la salle sont ornés de tapisseries exceptionnelles. Issues d’un atelier bruxellois, quatre pièces du XVIIᵉ siècle relatent des épisodes de l’histoire de Jacob, dont son fameux songe d’une échelle menant à Dieu. Ces œuvres, prisées dans l’iconographie religieuse, sont accompagnées de tapisseries "verdures" du XVIIIᵉ siècle, illustrant des motifs végétaux, une licorne et des canards, provenant des ateliers d’Aubusson.

Une mémoire vivante

Le trésor est également enrichi par des éléments sculptés, exposés dans le hall d’entrée, qui établissent un lien direct avec l’architecture de la cathédrale elle-même. Enfin, un buste du cardinal Fesch, réalisé par le sculpteur lyonnais Joseph Chinard, couronne ce parcours patrimonial.

La salle de la Manécanterie n’est pas seulement un lieu d’exposition, mais un sanctuaire de mémoire, où l’art et la spiritualité se rencontrent pour raconter l’histoire de la primatiale de Lyon et de son rayonnement intemporel.

Therese Avilla Reliquaire

 

L’ancienne manécanterie : un témoin méconnu de l’histoire lyonnaise

Adossée au sud de la primatiale Saint-Jean, la manécanterie* est un édifice fascinant et pourtant encore méconnu, qui constitue l’un des trésors patrimoniaux du quartier cathédral de Lyon. Ce dernier s’est développé au Moyen Âge sur les berges de la Saône, formant un ensemble architectural remarquable comprenant la cathédrale Saint-Jean elle-même, le palais épiscopal, le cloître, et divers bâtiments nécessaires à la vie commune des chanoines. Parmi eux, la manécanterie, dont l’origine remonte à un réfectoire du haut Moyen Âge, se distingue par son histoire et son architecture.

Une reconstruction aux XIᵉ et XIIᵉ siècles sur des vestiges carolingiens

voute romane

Dans sa forme actuelle, l’édifice a été reconstruit aux XIᵉ et XIIᵉ siècles, mais il conserve des traces d’un bâtiment antérieur. Sur sa façade sud, un arc carolingien en pierre et brique témoigne de ces origines anciennes, faisant écho à l’époque où le chevet de la cathédrale était encore en travaux. La façade ouest, quant à elle, présente une composition austère mais élégante, rythmée par des arcatures jumelles en pierres de taille. Elle se distingue par son décor polychrome typiquement roman, réalisé à l’aide d’incrustations de disques ou de carreaux en brique. Ces ornements colorés, visibles également à l’abbatiale Saint-Martin d’Ainay à Lyon, ornaient les archivoltes*, les écoinçons* et la frise supérieure. Aujourd’hui, seules subsistent les alvéoles de ces incrustations, la plupart ayant disparu au fil des siècles.

Une façade transformée et un décor mutilé

La façade principale a subi plusieurs transformations au cours des siècles. Les fenêtres ont été percées, et la toiture a été surélevée, modifiant l’apparence initiale de l’édifice. Autrefois, des statues ornaient les niches de la façade. Malheureusement, les ravages des guerres de Religion et les dégradations survenues au XVIᵉ siècle rendent leur identification difficile. Ces altérations, bien que regrettables, participent à la complexité historique de la manécanterie.

L’intérieur : un espace chargé de spiritualité et d’histoire

À l’intérieur, l’espace est divisé en deux niveaux distincts. La chapelle basse, située au rez-de-chaussée, offre un lieu de recueillement empreint de sérénité. À l’étage, une grande salle dotée d’un plafond à poutres accueille aujourd’hui les pièces maîtresses du trésor de la cathédrale Saint-Jean, dont certaines remontent à plusieurs siècles.

Un témoin précieux de l’art roman

Classée monument historique en 1862, la manécanterie est le plus ancien édifice roman de Lyon. Restaurée en 1936, elle incarne une période clé de l’histoire architecturale lyonnaise. Sa proximité avec la cathédrale et son intégration au sein du quartier cathédral en font un témoin privilégié de l’évolution spirituelle et artistique de la ville.

Gravure Cathedrale Saint Jean XVIIIe


Le trésor de la cathédrale : héritage des archevêques

Outre son architecture, la manécanterie abrite des collections exceptionnelles liées à l’histoire des archevêques de Lyon. À la suite des bouleversements de la Révolution française, où la cathédrale avait été transformée en temple de la Raison, le cardinal Joseph Fesch, nommé par son neveu Napoléon Bonaparte en 1802, entreprit de restaurer le prestige de l’archevêché. Fesch, grand amateur d’art, enrichit le trésor de la cathédrale en acquérant de nombreux tableaux et objets liturgiques. Il permit ainsi la renaissance de ce patrimoine lors des cérémonies religieuses, qui retrouvèrent une partie de leur faste d’antan.

Après la chute de l’Empire, en 1814, le cardinal se réfugia à Rome, et l’archevêché passa sous l’administration de Monseigneur de Pins. Ce dernier poursuivit l’œuvre de préservation et d’enrichissement du trésor, dont les pièces, aujourd’hui exposées à la manécanterie, illustrent un pan essentiel de l’histoire religieuse et artistique de Lyon.


La manécanterie aujourd’hui : un lieu à découvrir

La manécanterie, joyau méconnu du patrimoine lyonnais, mérite l’attention des amateurs d’histoire et d’art. Classée, restaurée, et intégrée dans le circuit de découverte de la primatiale Saint-Jean, elle constitue une étape incontournable pour comprendre l’évolution du quartier cathédral et l’histoire de la ville de Lyon. N’hésitez pas à visiter ce lieu exceptionnel et à explorer les trésors qu’il recèle, témoignages d’un passé glorieux et d’un art roman d’une rare élégance.

 


Recherche sur le site