Jean de Dunois est le fils illégitime de Louis Ier, duc d’Orléans, et de Mariette d’Enghien, dame de Cany, Jean Dunois fut éduqué par Florent de Villers, un astrologue et médecin réputé. À la mort de son frère en 1420, malgré les conseils de rejoindre les ordres religieux, Dunois choisit de s’engager au service du dauphin Charles (futur Charles VII). En récompense, il reçut la seigneurie de Vaubonnais, en Dauphiné. Marié à Marie Louvet en 1422, il accéda rapidement à des fonctions influentes, devenant conseiller et grand chancelier.
Sa carrière militaire prit un tournant décisif en 1427 lorsqu’il réussit à faire lever le siège de Montargis par les Anglais. Il combattit avec Jeanne d'Arc à Patay, Jargeau, Beaugency et durant la campagne vers Reims, puis Paris.
Il devient le chef d'état major des troupes de Charles VII et organise la campagne de reconquête en Normandie et en Guyenne, mettant fin à la guerre de Cent-Ans.
La lutte contre les Anglais
Après la disparition de Jeanne d’Arc, Dunois poursuivit la guerre contre les Anglais avec acharnement. En 1436, il reprend Paris aux Anglo-Bourgignons. En octobre 1439, il épousa en secondes noces Marie d’Harcourt, héritant ainsi de droits sur la seigneurie de Parthenay.
Lorsque la guerre contre les Anglais reprit en 1449, Dunois fut nommé lieutenant général. Il mena avec succès le siège de Rouen, qui tomba le 18 octobre 1449. Il enchaîna ensuite une série de victoires qu’il qualifia lui-même de « miraculeuses », s’emparant de Harfleur, Honfleur, Bayeux, Caen, Falaise et Domfront entre décembre 1449 et août 1450. En 1451, il conquit la Guyenne, prenant Bordeaux et Bayonne, il est alors considéré par Charles VII comme le "restaurateur de la patrie".
Fin de carrière et reconnaissance royale
Après avoir bouté les Anglais hors de France, excepté Calais, Dunois resta actif politiquement, demeurant fidèle à Charles VII. Toutefois, à la mort de ce dernier en 1461, son successeur, Louis XI, le priva de la plupart de ses titres. Dunois rejoignit alors la ligue du Bien public, jouant le rôle de diplomate officiel. Mais Louis XI ne tarda pas à lui pardonner cette fronde, le rétablissant dans ses privilèges et lui permettant de retrouver la faveur royale, il valait mieux avoir Dunois à ses côtés que contre lui probablement.
Dunois est considéré comme l'un des grands capitaines français de la guerre de Cent-Ans. Sa relation avec Charles VII, et bien avant comme prince de sang puis dauphin, va faire de ce personnage l'un des plus importants de la cour du roi, l'un des plus fidèles et l'un des plus proches.
"Noble chevalier, beau, doux et calme, du grand conseil ( du roi Charles VII ), que le roi aimait beaucoup, non sans raison, car il était prudent et de bon gouvernement ainsi que disait la commune renommée".
Portrait supposé de Dunois, la ressemblance avec Jean d'Orléans son père est manifeste. Ce portait est initialement dans une collection privée, retravaillé par montjoye.net avec l'IA pour le rendre plus réaliste.
Articles connexes : Jeanne d'Arc lors du Siège d'Orléans - Bastille Saint-Loup , Château de Saint-Loup. Château de Châteaudun- Assassinat du duc Louis d'Orléans à Paris en 1407 - Charles VII - Bataille de Castillon - Bataille de Baugé
SOMMAIRE
- Enfance de Jean de Dunois
- Guerre de 100 ans
- Siège d'Orléans, il est alors capitaine d'Orléans
- Jean de Dunois et Jeanne d'Arc
- Bataille du Berger, quelques jours après que Jeanne d'Arc fut brûlée vive à Rouen
- Prise de Chartres
- Guerre de Pragueries
- Reconquête de la Normandie et de la Guyenne, il devient alors le "restaurateur de la patrie".
Le comte de Dunois était souvent appelé le « Bâtard d'Orléans », avant qu'il ne devienne Comte de Longueville en 1443, titre donné par Charles VII, et de Dunois en 1439 grâce à Charles d'Orléans.
Né au Château de Beauté sur Marne, actuelle Nogent-sur-Marne, le 18 avril en 1402 [ L10 ], il décède dans le Château de Tournelle dans la ville de l'Hay le 24 novembre 1468. Son corps est porté à la Basilique Notre-Dame de Cléry, Cléry-Saint-André en présence de Louis XI et son cœur est entreposé au Château de Châteaudun.
Le château de Tournelle décrit par Jean Lebeuf (prêtre et historien du XVIIIe), ou plutôt la maison forte du XIVe qui servait de couvent aux sœurs de Saint-Vincent-de-Paul au XIXe, a disparu pendant la Révolution Française. Il se trouvait à l'emplacement du 34 rue de Tournelle dans l'actuelle ville de L'Haÿ les Roses en région parisienne dans le Val de Marne.
Une note en 1438 sur Jean de Dunois par un moine de l'Abbaye de Saint-Martial à Limoges dit de lui lors d'une visite de Charles VII [L10-674] :
"Noble chevalier, beau, doux et calme, du grand conseil ( du roi ), que le roi aimait beaucoup, non sans raison, car il était prudent et de bon gouvernement ainsi que disait la commune renommée".
Il est également surnommé le « restaurateur de la Patrie » après avoir pris la Normandie et la Guyenne aux Anglais. Il est donc un personnage clé de la Guerre de Cent-Ans.
Enfance de Dunois
Les parents de Dunois sont Louis d'Orléans, frère de Charles VI, et Mariette d'Enghien, petite-fille d'Eustache d'Enghien qui était le favori de Philippe de Valois. Il semble que Louis d'Orléans voulut épouser Mariette d'Enghien, mais cette relation consumée déplaisait à Charles VI pour des raisons politiques principalement. Louis d'Orléans tenta de faire intervenir le Saint-Siège, en vain, si les raisons n'étaient pas celles de Charles VI, le Vatican condamna la relation.
C'est pendant cette idylle entre Louis d'Orléans et Mariette d'Enghien que naît Jean. Forcé, Louis se marie avec Valentine de Milan, fille du grand-duc de Milan. Jean est donc le demi-frère de Charles Duc d'Orléans, de Jean d'Angoulême et Philippe Comte de Vertus. Il est également le cousin germain de Charles de Ponthieu, futur Charles VII. Valentine de Milan est aussi duchesse de Milan et demi-sœur de Pierre Marie et Philippe Marie Visconti, auquel la Lettre de Boulainvilliers fait référence.
Ses premiers jours, au château de Beauté sur Marne, sont sous la garde de Jeanne du Mesnil la gouvernante [ L22 - P279 ].
Valentine de Milan va facilement, semble-t-il, accepter Jean dans la famille jusqu'à d'ailleurs exercer auprès de cette mère d'adoption une certaine estime affective. En effet elle disait à son propos « on me l'a volé », termes qui signifiait qu'elle aurait aimée qu'il soit son fils. En tout cas il est probable que Jean fut dès son jeune âge d'une nature assez douce mais relativement déterminé, un trait de caractère qui se prolongea jusqu'à la fin.
C'est au Château de Château-Thierry où réside à ce moment-là Valentine, ainsi que Jean et ses demi-frères, qu'ils apprennent le meurtre de Louis d'Orléans
Assassinat du Duc d'Orléans à Paris, père de du Comte de Dunois ( BNF )
Elle demandera à ses enfants « Mes enfants, dit-elle, lequel de vous se montrera le plus ardent à venger ce crime ? – Moi » répondit Jean. Elle finit par admettre au bout de quelques années de chagrin, et l'impossibilité de faire juger ce crime, que « lui seul est taillé pour punir les assassins de son père ».
On comprend donc mieux la ténacité de Jean de Dunois, sa fidélité quasi sans faille à Charles VII, mais aussi son tempérament relativement entreprenant sur tout ce qui permettait de réduire l'influence Anglo-Bourguignonne.
Cette relation entre Louis d'Orléans, Mariette d'Enghien et puis plus tard avec Valentine de Milan rends difficilement, et objectivement, concevable une quelconque relation entre Louis d'Orléans et la femme de Charles VI : Isabeau de Bavière.
En effet ils auront 11 enfants dont 6 morts jeunes. Pour autant la réputation de Louis d'Orléans est exécrable sur ce sujet, si il y a peut-être une partie de vraie, il faut noter que ces rumeurs à son sujet sont surtout colportés par ses ennemis de l'époque du camp Bourguignon, notamment par Jean sans Peur.
Valentine de Milan, ainsi que ses enfants et Jean, vivent à Blois. Les protégeant notamment de Paris et des Bourguignons qui ont pris la ville. Elle fait renforcer la forteresse, en termes de défense. Elle tente habilement d'éduquer Jean, elle lui adjoint Florent de Villiers qui professait l'Astrologie et la Médecine...à l'époque cela ne paraissait pas inconcevable, c'est lui qui dira à Louis d'Orléans qu'il ne servait à rien de construire une maison à ce fils car il serait toute sa vie errant pour le secours d'autrui [ L10 ].
La vie de Valentin de Milan dans la dernière année après la mort de Louis d'Orléans est consacrée à faire juger les meurtriers de son mari, en vain. Elle fait mettre au Château de Blois les bannières noires avec la mention suivante « Rien ne m'est plus, plus ne m'est rien »
Elle décède, épuisée et dans le chagrin, le 4 décembre 1408. La mère naturelle de Jean est à Claix. [ source ]
À ses quinze ans, il est fait prisonnier par les Bourguignons, mais on ne connait pas les circonstances, enfermé dans le Château Vieux de Saint Germain en Laye et libéré en 1419 après avoir payé la rançon. [ L1p53 ].
En plus de ces études religieuses et culturelles nombreuses, il va suivre très tôt un enseignement militaire, combat à l'épée et des lances notamment, dans le but de le faire chevalier.
Il deviendra écuyer de banneret, au moins à partir de 1421, qui est un statut de chevalier, dont le devoir est de se tenir près du seigneur, mais qui lui concède le droit de lever bannière. Il avait sous son pennon quatre bacheliers, vingt-un écuyers et dix-huit archers.
Le 24 novembre 1421, Charles de Ponthieu lui donne par acte, la seigneurie du Vaubonnais en Dauphiné. ( 11 )
À 17 ou 18 ans il reçoit des mains de Philippe Comte de Vertus, le collier d'argent du Porc-épic qui symbolise l'ordre fondé par leur père, Louis d'Orléans.
Le Basculement
Sa vie va rapidement basculer par une succession d'événements, tout d'abord Jean d'Angoulême est détenu en otage en Angleterre en 1412 et n'est libéré qu'en 1445. Charles son autre demi-frère, autre prétendant au duché d'Orléans, est capturé à la Bataille d Azincourt le 25 octobre 1415 et n'est libéré qu'en 1440. Il a eu la charge de trouver l'argent pour payer la rançon de 120 000 Livre ( ou 220 000 ).
Pour finir Philippe Comte de Vertus, soutien essentiel du dauphin Charles, décède subitement à 24 ans en 1420, très probablement de la peste ou de dysenterie, par conséquent Jean de Dunois devient l'unique héritier dépositaire du duché d'Orléans en attendant un éventuel retour de l'un ou de ses deux demi-frères.
Bataille de Baugé
À la bataille de Baugé en Anjou, il est sous les ordres de John Stuart ( Ecosse ) et de Gilbert Motier de la Fayette ( Royaume de France ), il fait face à plus de 1500 à 3000 soldats anglais sous les ordres de Thomas Lancastre qui y décède, de Jean et Thomas Beaufort.
Cette bataille est importante, car depuis 1415 les Français n’ont plus gagné de bataille rangée face aux archers anglais notamment. Les pertes anglaises furent nombreuses avec plus de 1000 morts et la perte d'officiers.
Il est adoubé chevalier à 18 ans, ce qui en général se fait plus tard, vers 20 ans et plus, mais les impératifs militaires et la situation l'exigeaient sans compter les qualités de Dunois qui se sont vite mises en avant.
Il porte alors les éperons d'or et l'épée offerte par le prince Charles, qui lui permet de porter les armoiries du blason de la maison d’Orléans, auxquelles il rajoute la brisure ( trait rouge en diagonale sur un blason ) qui correspond aux « bâtards ».
En 1421, il se marie une première fois avec Marie Louvet, la fille du ministre Louvet. Il s'agit également de l'année de la mort de Charles VI. Cependant ce mariage va le contraindre à l'exil pendant un an, en effet Charles VII banni toute la famille de Louvet.
En 1422 il achète le Château de Beaugency, dans laquel il réside avec sa femme.
Manoir de Dunois au Château de Beaugency.
En 1424, à la demande d'Arthur de Richemont Duc de Bretagne , qui fut lui aussi un partisan de Jeanne d'Arc pour combattre après le sacre de Reims, il va aider Louis d'Estouteville, gouverneur, en position difficile au Mont Saint-Michel.
En 1425 Dunois est nommé Capitaine du Mont Saint-Michel. Ce même Arthur Duc de Bretagne et Dunois se retrouveront lors de la prise de Paris en 1436.
1426, Marie Louvet décède.
Siège de Montargis, 1427
La grande victoire de Dunois a lieu lors de la bataille de Montargis le 5 septembre 1427, qui va être magistralement menée par Etienne de Vignole dit La Hire alors capitaine des opérations militaires*. [L8]
La Hire et Dunois se partagent les rôles, alors qu’ils sont sous les murs de Montargis assiégée par les Anglais depuis quelques mois. Une phrase célèbre de la Hire a été relevée par le chroniqueur Montreuil , avant l’assaut des troupes anglaises: « Dieu je te prie que tu fasses aujourd’hui pour La Hire autant que tu voudrais que La Hire fasse pour toi s'il était Dieu et tu fusses La Hire. »
Chacun de leur côté, ils vont tailler en pièces les armées anglaises, plus de 2000 Anglais vont périr ( par noyade ou au combat ) sur les 3000 environ. Les pertes sont faibles pour les forces françaises alors au nombre de 1600. Les chiffres sur les forces françaises et anglaises sont à prendre avec précaution, en effet leur nombre varie beaucoup selon les chroniqueurs , ce qui est sûr c’est la débâcle anglaise et les pertes nombreuses dans leurs rangs.
Le duc de Warwick perd sa bannière, qui resta par ailleurs jusqu’en 1792 dans l'Hôtel de ville de Montargis, lui-même est obligé de se réfugier sur Paris et une partie des troupes anglaises doivent s'enfuir vers Château-Landon et le château de Nemours.
La victoire de Montargis permet à Dunois de devenir Lieutenant-général, une très haute responsabilité alors qu’il n’a que 25 ans environ. Une trêve est signée entre Dunois et les Anglais permettant initialement de protéger un temps le duché d'Orléans et le comté de Blois.
1456, le 31 mai, le 1er juin, le duc d'Alençon et d'autres compagnons sont arrêtés en son hôtel de Paris par Jean de Dunois, comte de Dunois et Robert d'Estouteville, prévôt de Paris, le
1456 - 1458, début octobre, et pendant une partie du procès, le comte de Dunois fait partie des pairs qui doivent juger le duc d'Alençon au château de Vendôme.
Dunois en prière, dans les Heures de Dunois ( source )
Sources principales :
- 1 - Capitaine et Gouverneurs de Saint Germain en Laye, maîtrise et guerre, J. Dulon 1899
- 2 - Histoire de France ... jusqu'en 1789. Tome VI Par Bon Louis Henri Martin, P435
- 3 - http://ueb.saooti.com/fr/broadcast/3498_Charles_VII_et_la_Praguerie_de_1440 Jean-Marc Loisil à l'Université de Rennes
- 4 - http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1971_num_129_2_449896
- 5 - http://www.lest-eclair.fr/article/sorties-loisirs/1440-execution-du-batard-de-bourbon L'Est Eclair
- 6 - Journal d'un bourgeois de Paris p428
- 7 - Corps submergés, corps engloutis Par Frédéric Chauvaud p36
- 8 - Histoire de Charles VII: Roi de France et de son époque - Auguste Vallet de Viriville )
- 9 - Documentations sur place au château de Chateaudun
-10 - Le beau Dunois et son temps, Michel Caffin de Mérouville