Portrait de 1550 ou XVIIe siècle retravaillé en IA. Ce portrait est peut-être tiré d'un autre portrait réaliste, car ce protrait fut réalisé bien après sa mort en 1422. Néanmoins le visage de profil ne permet pas de voir sa balafre sur sa joue droite obtenue à la bataille de Shrewsbury. Avec un père accusé de régicide sur Richard II, Henry V ne démerite pas en terme de violence...
Henri V d'Angleterre, né en 1386, est le fils d'Henry IV, premier roi de la dynastie des Lancastre. Héritant du trône en 1413, il s'affirme très vite comme un roi énergique, décidé à renforcer son autorité et à affirmer sa légitimité dans un contexte politique complexe, héritage de l'usurpation de son père.
Connu pour ses compétences militaires et son ambition de reconquérir des territoires français, il est devenu un héros national grâce à sa victoire retentissante à la bataille d'Azincourt en 1415. Cependant, son règne fut aussi marqué par des actions controversées, qui lui valent à la fois des éloges pour son leadership et des critiques pour sa brutalité, y compris envers la population anglaise.
Le récit shakespearien d'Azincourt, à la gloire du roi d'Angleterre souvent d'ailleurs en contradiction avec les faits historiques, renforce l'image d'une nation soudée autour de son jeune roi de 28 ans, de quelques hommes courageux et solidaires, prêts à se surpasser pour vaincre un adversaire plus puissant. Il illustre également le mythe d'une armée populaire triomphant d'une aristocratie française trop sûre d'elle.
Héros" et "criminel de guerre" ?
Grâce à Shakespeare, la légende d'Azincourt a traversé les siècles, au point que beaucoup d'Anglais voient la pièce de théâtre comme un écho des événements réels. Lors de l'hommage à Henri V à Westminster, l'évêque de Londres, Richard Chartres, a rappelé l'importance du leadership, un thème essentiel en ce moment, affirmant qu'il y a beaucoup à apprendre d'un héros shakespearien. L'acteur Sam Marks, incarnant Henri V pour la Royal Shakespeare Company, a lu quelques vers en mémoire du roi.
Pourtant, ce portrait héroïque est loin de faire l’unanimité. Henri V est une figure controversée. À Azincourt, il ordonna de tuer de nombreux prisonniers français, un acte qui violait les codes de la chevalerie. L'hebdomadaire *Catholic Herald* n'hésite pas à le qualifier de « monstre » responsable de nombreux crimes de guerre.
Certains Anglais rappellent qu'à Azincourt, Henri V était l'agresseur, rompant une trêve de 20 ans. Le roi cherchait à asseoir sa légitimité par des victoires militaires, étant le fils d'un usurpateur, Henri IV, qui s'était emparé du trône en destituant puis en faisant assassiner Richard II.
Il est très probable qu'aujourd'hui il pourrait être inculpé pour crimes de guerres, car même à l'époque, le massacre de prisonniers par un roi reste en général rarissime surtout avec une telle ampleur. Ce genre de massacre était surtout perpetré par des écorcheurs ou capitaines peu chevaleresque. Il va instaurer une certaine méfiance, en effet même duc de bourgogne envoie des espions afin de mieux connaître les intentions du roi d'Angleterre. ( source : Valentin Baricault )
Azincourt, une victoire inutile ?
Pour Henri V, attaquer la France, c'était poursuivre les ambitions de son arrière-grand-père Édouard III, qui revendiquait la couronne française. Sa conquête de la Normandie fut particulièrement brutale, marquant l'un des épisodes les plus sanglants de la Guerre de Cent Ans. Le siège de Rouen entre 1418 et 1419 en est un exemple frappant : Henri V y imposa la famine en refusant de laisser passer les civils expulsés de la ville, et les pertes humaines furent terribles, entre 30 000 et 70 000 morts selon les sources.
En 1420, le traité de Troyes fit de lui l'héritier et le régent de France, mais son destin prit fin prématurément lorsqu’il mourut de dysenterie en 1422 au Château de Vincennes, laissant un fils en bas âge, Henri VI. Incapable de maintenir l'occupation de la France, l'Angleterre perdit la Guerre de Cent Ans et fut déchirée par la guerre civile. L'historien britannique Gwilym Dodd qualifie donc la victoire d'Azincourt de « victoire vaine », affirmant qu'elle a généré des attentes irréalistes et détourné Henri de la réalité stratégique d'une conquête française insoutenable.
Ce qui est certain c'est que la victoire d'Azincourt n'a pas permis aux Anglais de prendre définitivement l'avantage, malgré le traité de Troyes.
Vie d'Henry V
Naissance et famille
Henry est né dans la tour au-dessus de la porte du Château de Monmouth, au Monmouthshire, ce qui lui vaut parfois le surnom de « Henry de Monmouth ». Il est le fils de Henry de Bolingbroke (qui deviendra Henry IV d'Angleterre) et de Mary de Bohun. Son père est cousin du roi d'Angleterre régnant, Richard II. Le grand-père paternel de Henry, John de Gand, fils d'Édouard III, est une figure influente. Étant éloigné de la succession, la naissance de Henry n'est pas officiellement documentée, et il existe longtemps un doute sur son année de naissance, entre 1386 et 1387. Cependant, des documents indiquent que son frère cadet Thomas est né à l’automne 1387 et que ses parents étaient à Monmouth en 1386. Il est maintenant admis que Henry est né le 16 septembre 1386.
Lors de l'exil de son père en 1398, Richard II prend Henry sous sa protection et le traite avec bienveillance. Le jeune Henry accompagne Richard en Irlande, où il visite le château de Trim dans le comté de Meath, un lieu de réunion du Parlement irlandais.
Ascension de Henry IV
En 1399, à la mort de John de Gand, Richard II est renversé par la maison de Lancastre, permettant à Henry IV de monter sur le trône. Henry est rappelé d'Irlande et devient l’héritier présomptif du royaume d’Angleterre. À l'intronisation de son père, il est créé prince de Galles et, le 10 novembre 1399, il devient duc de Lancastre, ainsi que duc de Cornouailles, comte de Chester et duc d'Aquitaine. La même année, il passe un certain temps au Queen's College d’Oxford, sous la tutelle de son oncle Henry Beaufort, chancelier de l'université. Il y apprend la lecture et l’écriture dans la langue vernaculaire, devenant le premier roi anglais à recevoir cette éducation.
Débuts militaires et rôle dans le gouvernement
De 1400 à 1404, Henry assume les fonctions de Haut Shérif de Cornouailles et commande une partie des forces anglaises. Il mène sa propre armée au Pays de Galles contre Owain Glyndŵr et se joint à son père pour combattre Henry « Hotspur » Percy à la bataille de Shrewsbury en 1403. Là, le jeune prince est gravement blessé par une flèche dans la joue, une blessure traitée avec succès par le médecin royal, John Bradmore. Les révoltes galloises de Glyndŵr occupent Henry jusqu'en 1408. Lorsque la santé de son père décline, Henry prend un rôle plus actif en politique et, à partir de 1410, avec l’aide de ses oncles, il contrôle effectivement le gouvernement.
Règne de Henry V (1413–1422)
Accession au trône
À la mort d'Henry IV le 20 mars 1413, Henry V lui succède et est couronné le 9 avril à l’abbaye de Westminster. La cérémonie se déroule pendant une violente tempête de neige. Henry, grand et mince, avec les cheveux coupés court et le teint rougeâtre, est décrit comme ayant un regard pouvant passer de la douceur à la fureur.
Affaires intérieures
Dès son accession, Henry cherche à gouverner en tant que chef d'une nation unie. Il restaure l’honneur de Richard II, accueille favorablement Edmund Mortimer, 5e comte de March, et rétablit graduellement les héritiers des victimes de l’ancien régime. Henry agit cependant avec fermeté, réprimant les dissidents comme les Lollards et ordonnant l'exécution de son ancien ami, Sir John Oldcastle, en 1417.
Guerre en France
Libéré des tensions internes, Henry se tourne vers la France. En 1415, il relance la guerre de Cent Ans, invoquant des droits dynastiques et des griefs commerciaux, mais aussi la faiblesse politique de la France. Le 25 octobre 1415, il remporte une victoire décisive à la bataille d’Azincourt, face à une armée française supérieure en nombre. La boue et l’inexpérience des Français contribuent à la victoire anglaise. Cette bataille renforce la position de Henry en Angleterre et légitime ses prétentions au trône de France.
Campagnes et diplomatie
Entre 1417 et 1421, Henry conquiert la Normandie et obtient de nombreuses victoires, malgré des épisodes sombres, comme le siège de Rouen en 1418 où il refuse de secourir les femmes et enfants expulsés de la ville. En 1420, le traité de Troyes reconnaît Henry comme héritier de Charles VI de France et prévoit son mariage avec Catherine de Valois.
Mort et héritage
Ironie du sort, il est probablement mort dans la chambre de Charles V au château de Vincennes.
Henry V meurt le 31 août 1422, probablement de dysenterie, au château de Vincennes près de Paris. Il laisse un fils en bas âge, Henry VI, et nomme son frère, Jean de Bedford, régent de France. Bien qu'il n'ait jamais été couronné roi de France, son règne est marqué par un succès militaire et des revendications territoriales importantes, bien que ces dernières soient en grande partie perdues au cours des décennies suivantes.
Sources : France 3, wikipedia English