Château de Brie-Comte-Robert

Château de Brie-Comte-Robert

 

 Le Château de Brie-Comte-Robert est un château de plaine en Seine-et-Marne, sur une superficie de 2 500 m2.  L'ensemble, de plan carré d'environ 58 mètres de côté, est bâti dans une cuvette naturelle qui fut intelligemment utilisée au point le plus bas de la ville. Tous les ans , au mois d'octobre, se déroule les Médiévales de Brie-Comte-Robert ( 5 et 6 octobre 2019 ). Il fut l'objet pendant la guerre de Cent-Ans de divers sièges et combats.

 

 

Historique
  Sources :  divers

  
 Edifié fin du XIIème, il est un des rares châteaux de type ‘castral’ à ne pas avoir subi des modifications importantes lors des diverses guerres ( excepté les destructions ). Malheureusement, si les guerres ne l’ont pas modifié depuis ses origines, le temps et son environnement humide ont très largement contribué à une détérioration longue mais importante. Il a d'ailleurs la particularité d'avoir une tour porte ( Tour Saint-Jean reconstitué en partie aujourd'hui ) , protégeant l'ensemble, fait unique en Île de France. Il préfigure des châteaux dit 'philipien' comme celui de Dourdan même si le donjon est dans un emplacement totalement différent. Sa particularité est également sa tour sud et sa relative complexité architecturale avec notamment un système de canal interne à la tour : 

C'est Robert Ier de Dreux, quatrième fils de Louis VI dit le ‘Gros’ (pour sa fortune et non pas pour son poids) qui édifia le château en contrebas du village. Sa situation peut en effet surprendre le visiteur habitué à des châteaux en général en haut de colline ou de mont. Pourtant ces châteaux en rase campagne ne sont pas aussi rares que l’on pense, on en trouve un grand nombre encore aujourd'hui.

Ces châteaux étaient en général de petites forteresses, un peu comme à l’époque le Fort de Challeau, à Dormelles ou le Château de Gombervaux en Lorraine et plus proche le Château de Nesles . Ce qui diffère donc avec le château de Brie Comte Robert, c’est donc non seulement sa situation mais aussi également sa taille relativement imposante pour l’époque, même si aujourd’hui on peut le considérer comme un château de taille très modeste. Il faut voir le château aussi comme un rempart défensif en complément de l'enceinte fortifiée de la ville.

On remarquera également ces tours rondes, de taille moyenne, et ces deux tours carrés imposantes en bout de route de chaque côté. Ce sont des innovations de taille: ces tours rondes sont alors encore assez rares pour l’époque.

Pourquoi avoir construit le château en bas du mont ? Plusieurs raisons peuvent être envisagées. Tout d’abord le sol était très marécageux donc difficile d’accès ce qui permettait une défense naturelle dissuasive, ensuite le fait qu’un grand nombre de cours d’eau s’y rejoignaient, permettait d’avoir de l’eau potable indispensable à l’époque.

La route menant à Paris était surement une raison tout aussi valable. La position du château était sans aucun doute un excellent point de surveillance, de sécurisation des lieux et de taxation. Une autre raison plus locale peut aussi jouer cette fois-ci, c’est le fait que Robert Ier de Dreux était le vassal de l’évêque de Paris. L’église existant déjà, il aurait été difficile, vu sa taille, et cher de construire un château soit autour ou à côté…, en prenant le risque peut-être de froisser l’évêque de Paris qui aurait vu d’un mauvais œil l’accaparement de son église dans un château qui n’était pas le sien. De plus il y avait seulement depuis quelques années que Robert Ier de Dreux avait pris possession des lieux. La partie jaune c’est la ‘lices’ partie entouré d’un mur, entre les douves et les fortifications.

Le château resta dans la famille de Dreux jusqu’en 1254, puis passa dans la famille illustre ‘de Châtillon’ (voir Renaud de Châtillon).
  
Les différents seigneurs de Brie par ordre chronologique, les dates correspondent à la naissance et décès de chaque seigneur :

Robert Ier de Dreux (1125 - 1188)
Robert II de Dreux (1153 - 1218)
Robert III de Dreux ( 1182 - 1233)
Pierre de Dreux (1190 - 1250)
Jean Ier le Roux (1217 - 1286)
Alix II de Bretagne (1243 – 1288)
Blanche de Bretagne (1270 – 1326)
Jeanne de Chatillon (1258 - 1292)
Marguerite d’Artois (1285 - 1311)


Jeanne d’Évreux, Reine de France (1301-1370)

Jeanne d'Evreux, gisant musée du Louvre

Elle obtient la châtellenie de Brie-Comte-Robert par héritage, elle épouse le dernier Capétien direct, Charles IV le Bel. Lorsque le roi meurt en 1328, elle garde de confortables revenus, en tant que douaire royal assis sur de nombreux fiefs en Brie et en Champagne. Ses revenues conséquents vont permettre d'améliorer le château de Brie-Comte-Robert en y effectuant divers travaux, dont des aménagements sur les courtines sud-ouest et nord-est. Elle fait édifier une chapelle Saint-Denis et met en place des jardins d'agrément.

De nombreux personnages y viendront dont notamment les ducs de Bourgogne.

1349, la ville devient le lieu de mariage de Philippe VI de Valois et de Blanche d'Évreux-Navarre, nièce de la reine Jeanne.

1371, elle meurt au château.


Blanche de France, fille de Charles IV (1328 – 1393)


Louis d’Orleans (1371 – 1407)

Plan Brie Comte Robert, Moyen Age

 

Frère du roi Charles VI, père du Comte Jean de Dunois - Bâtard d'Orléans et oncle du futur Charles VII, il y mène en pleine guerre de Cent-Ans une vie relativement confortable. En 1400, le 31 août, il y organise un tournoi , un chevalier Anglais y sera victorieux contre Ogier de Nantouillet.

En 1405, il renforce le château, mais en 1407 il est tué par le duc de Bourgogne voir :  Assassinat du duc Louis d'Orléans à Paris en 1407. Par sa mort, les Bourguignons prennent le château afin d'assurer la route entre Paris et la Bourgogne. Louis d'Orléans est un important batisseur, comme notamment le Château de Pierrefonds.

1420, les troupes anglaises en opération lors du siège de Melun et en direction de Troyes occupent temporairement la ville sans grand dégats.

1429, à partir de cette année, le château fait l'objet de multiple reprise du côté français et anglais.

1430, septembre, le château est assiégé par le  comte Humphrey Stafford. Le siège se solde par d'importants dégâts dans la ville et le château.

1434, le château fait l'objet d'une transaction, il est rendu à Charles d'Orléans.

 


Charles d’Orléans (1394 - 1465)

Louis XII (1462 – 1515), qui par de ce fait entre dans le domaine royal.

On remarquera que la plupart des seigneurs sont nominés et notifiés, ce qui n’était pas toujours le cas à l’époque. Il est parfois très difficile de retoruver les différents seigneurs, pour plein de raisons dont les guerres, pillages, manque d’importance du lieu etc … Brie Comte Robert bénéficie en tout cas d’un bon panel de documents d’époque.


Après la mort de Louis XII, c’est François Ier qui en hérita de plein droit. Mais très rapidement son intérêt majeur se porta sur les châteaux de la Loire et ceux plus proche de Paris : (Château de Fontainebleau, Château Vieux de Saint Germain en Laye…etc) qui attisent sa curiosité et surtout son intérêt l’implique directement dans ces projets.


Le château va donc subir une longue période de décadence et de perte d’influence. Ce sont des ‘seigneurs engagistes’ qui remplacèrent les anciens seigneurs. Cela causa d’importants dégâts au château principalement par un manque d’entretien flagrant. Comme vous pourrez le constater, les ‘propriétaires’ sont nombreux et peu enclins à s’occuper du château.

À partir du règne de François Ier, le château et ses terres sont confiés par le roi à certains de ses proches, soit à titre de faveur, « don pour un temps », soit par vente conditionnelle avec faculté de rachat, « l'engagement ». Parmi eux figurent Louis de Poncher, Philippe Chabot, le maréchal Jean Caraccioli, Balthazar Gobelin et Claude de Bullion, surintendant des finances de Louis XIII :

Louis Le Poncher (1522)
Anne de Poncher (1522 – 1528)
Philippe de Chabot (1528 – 1541)
Françoise de Longwy (1541 – 1543)
Jean Caraccioli prince de Melphi (1543 – 1546)
Jean-François d’Acquaviva, duc d’Atry (1546 – 1564)
En 1567 un arrêté du parlement fait cesser les déprédations.
Marie de Pierrevive, dame du Perron et du Château de Lésigny (1564 – 1570)
Charles de Gondi, seigneur de la Tour (1570- 1572)
René de Villequier, puis sa fille Charlotte (1572-1600)
Pierre Bruslard de Puisieux (1613 – 1620)
Jean de Choisy (1620 – 1621)
Pierre Bruslard de Puisieux (1621 – 1623)
Noel Bruslard de Sillery (1625 – 1633)
Claude de Bullion (1633 – 1640)
Angélique Faure (1640 – 1662)
Noel, François et Claude II de Bullion (1662 – 1684)
Jean-Jacques de Mesmes (1684 – 1688)
Jean Antoine de Mesmes (1688 – 1723)
Marie Antoinette de Mesmes (1723 – 1734)
Joseph de Belleville (1734)
Germain Louis Chauvelin , marquis de Gros Bois (1734 – 1766)
Anne Espérance et Anne Madeleine Chauvelin (1766)

Par la suite Louis XV racheta aux engagistes de l’époque le domaine. Cette même année il échangea avec le Comte d’Eu le château pour d’autres terrains. C’est le duc de Penthièvre qui va hériter du domaine en 1775. Il fut le dernier seigneur de Brie Comte Robert puisqu’il décéda pendant les frasques de la Révolution Française en 1793.

La Révolution Française laissa des traces, mais moins destructrices que pour d’autres châteaux. Le 15 juillet 1789, le Baron de Besenval, colonel des Gardes Suisses et commandant Militaire de l’île de France, essaya d’aller en Suisse. Il fut cependant débusqué dans une auberge de Villegruis. Il y fut emprisonné le 11 Aout de la même année et y resta jusqu'au 7 Novembre pour être déplacé au Chatelet. Il y fut jugé mais De Sèze adroitement le défendit et il ne fut donc pas guillotiné….mais il décéda cependant quelques temps plus tard de maladie.
 
Le château passa longtemps dans un oubli incertain. En 1798 il retrouva un nouveau propriétaire : Louis Lamblin (1798 – 1799), suivi de Dominique Barar (1799-1801) et de Denis-Claude Rousseau (1801 -1803).

La ville acheta l’édifice mais ne le garda que 10 ans … jusqu’en 1813. C’est Felix-Donat Belin puis la famille Gillet qui en furent successivement les successeurs.

Le château posa d’innombrables soucis, notamment au niveau des douves. Par sécurité le château est au fur et à mesure arasé, dont la tour Saint Jean alors de 33 mètres. C’est en 1879 qu’elle prit l’aspect d’aujourd’hui.

En 1923, le 10 avril, le château fut racheté à nouveau par la ville. Deux ans plus tard il fut classé monument historique le 23 juin 1925.

Mais c’est seulement en 1982 que des travaux sont entrepris pour restaurer le château. L'année 2003 voit le début du grand programme de restauration, avec le remontage de courtines sur plus de six mètres de hauteur, la restauration de la tour de Brie, puis la destruction de la maison du XIXe siècle, permettant la reconstruction partielle de la tour Saint-Jean, selon les relevés archéologiques. D’importantes fouilles, qui continuent encore en 2010, preuve d’une richesse importante, permettent de mettre le château sous un nouveau jour.

L’association ‘Les amis du vieux château’ en est l’axe central conjointement avec la mairie.

Plan du Château, XIVe siècle

 

 

 

 

 
 

 

Photographies
 

 

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