Fort de Challeau

   
 

Fort de Challeau

 

Par sa position, sa faible hauteur et de faible étendue, le Château ne paraît pas bien impressionnant, pourtant il ne manque pas d’intérêt. Tout d’abord par son époque de construction qui pour une grande majorité s'échelonne entre le XIe et le XIIe, et dont les archères canonnières trahissent les modifications apposées vers le XVe. Ensuite il est presque unique dans sa conception des échauguettes dans les angles, avec une forme arrondie à la base assez surprenante et rarissime. C'est une des rares fortifications en série construites sur ordre de Philippe Ier qui existent encore dans un état tout à fait correct.

599, à quelques encablures du Château, qui n'existait pas à cette époque, se déroula une bataille entre les rois Mérovingiens, Clotaire II  est vaincu par Thierry II et Théodobert.
 
On pourra regretter cependant qu’il ne soit pas ouvert plus souvent et pas très ‘médiatisé’. Mais le propriétaire et l’association y gardent un attachement particulier qui permet lors des Journées du Patrimoine d’offrir gratuitement un spectacle ( selon les années ) et surtout une somme d’informations sur les arbalétriers lors de ma visite ( selon les années ), tout à fait intéressante, et tout cela dans la bonne humeur.
 
Sur ce point, rien que pour cela la visite lors des Journées du Patrimoine en vaut la chandelle et le déplacement, bien que l'endroit, il est vrai, est un peu reculé, mais vous pouvez jumeler votre visite avec le village médiéval de Moret-sur-Loing par exemple.

On peut s’y garer relativement facilement et l’accueil en tenue d’époque est jovial et accueillant.


 

Historique
Petit livret vendu lors des Journées du Patrimoine sur le fort de Challeau, petit livret tiré à seulement 500 ex.

 
Le fort de Challeau n’est pas à proprement dit un château fort, mais plutôt une place forte de taille réduite. Sa position stratégique dans la commune de Dormelles permettait probablement à l’époque de surveiller les alentours, bien qu’il ne soit pas du tout sur une position dominante, mais très marécageuse et malgré tout point de passage vers le département de l’Yonne actuel.
 
Sa fonction principale était de servir de point de repli pour les villageois et les soldats. Sa taille très modeste ne comprenait donc à priori pas de garnison importante et permanente, tout au plus quelques gardiens ou une petite unité. Ses murs ont une trentaine de mètre de longueur et en largeur de 24 mètres dont une épaisseur correcte pour l’époque de 1.30 mètres et une hauteur de 6 à 8 mètres. Il semble qu’il n’y a pas eu d’habitations mais de simples constructions légères permettant de s’abriter.
 
Il est assez clair que ce fort spartiate n’était pas du tout préparé à un long siège ou à une attaque frontale de grande envergure. En revanche, il s’agissait de protections efficaces face à des brigands ou autres routiers en faible nombre et mal équipé. Il permettait aussi à Philippe Ier d’implanter dans un lieu son autorité et d’une certaine manière un marquage de territoire. A noter que le fort ne possède pas de donjon ce qui est assez rare et démontre probablement bien sa faible importance dans un lieu qui n'est  pas très peuplé, encore aujourd’hui. Cependant le fort possédait quand même un pont-levis, ce qui peut paraître un peu surprenant au vu de la taille du fort.
 
Son époque de création n’est pas datée, mais au vu des formes, de la structure et de son évolution, il semble probable que le fort soit du XIe voir début du XIIe. Cependant il est important de préciser que le fort ne peut être daté précisément. Son entrée principale, aujourd’hui occultée par une maison, ressemble en effet beaucoup à d’autres entrées de fort d’une époque similaire au XIe et XIIe.

Belle tourelle en encorbellement

Belle tourelle en encorbellement


Le fort de Challeau prit des noms différents selon les siècles : chaloel au XIIe, Chailloello au XIVe, Challouyau, Challiau, Chaluau, Chailot, Chailleau….
Un nom qui change donc énormément tout en gardant une structure nominative proche.



 Les seigneurs de Challeau



Sans donjon, il est fort peu probable que les seigneurs de Challeau vécurent dans ce fort, malgré quelques constructions avoisinantes.
 
- Guillaume de Villebéon qui se fit dépossédé du château par Philippe le Bel en 1310
- Gilles Granche seigneur de Challeau dès 1310
- Bouchard III de Montmorency, Chevalier Conseiller Chambellan, inquisiteur des eaux et forêts Seigneur de Saint Leu, Nangis et La Houssaye.
- Guillaume de Montmorency
- Gaucher de Thorotte et d’Arziller
- Georges de Marolles
- Guérin le Groing
- Jean le Groing
- Jacquette le Groing
 
La guerre de Cent Ans permit d'apporter une modification majeure, avec l’ajout d’une basse cour fortifiée comportant des meurtrières canonnières, adaptées aux nouveautés des armes à feux (bombarde, couleuvrine etc). On notera que les meurtrières canonnières sont à hauteur d’hommes pour la basse cour et en hauteur pour la première fortification.
 
Vers le XVIe, c’est la nièce d'Anne Pisseleu, Marguerite Hurault, qui vendit les terres à Dormelles et de Challeau à Pierre Le Charron, serviteur d’Henri IV. Par alliance le fort appartint à Thimoléon de Cossé via un mariage.
 
A la mort de Louis de Cossé et de sa femme, leurs héritiers gardèrent le fort jusqu’en 1678. Le fort fut vendu à Louis Urbain le Fèvre de Caumartin. Ils le gardèrent jusqu’à la Révolution. Puis comme bien des châteaux il fut vendu comme bien national à la famille Guillot de Blancheville.
 
La famille de l’actuel propriétaire a pris possession des lieux en 1937, en y faisant d’importantes et bénéfiques restaurations.



 

 
 

Photographies


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