Donjon du Coudray
Edifié après la prise du Château de Chinon par Philippe Auguste en 1205, il se caractérise par par un avant-corps rectangulaire donnant à l'unique accès du premier étage et du donjon, hors souterrain, à la différence de la majorité des donjons de type Philippiens. Les deux autres particularités sont également son accès direct par la courtine au dessus de la porte de l'accès au "Château du Coudray" par le "Château du Milieu"et son escalier direct à la place d'une passerelle amovible comme au Château de Dourdan et Château de Nesles par exemple.
Les donjons Philippiens en dehors de l'aspect purement défensif avaient également un objectif politique, puisqu'il permettait au roi d'asseoir son autorité par la construction de tours défensives imposantes, à ne pas douter que ce fut pour Chinon le cas également.
Le donjon fut utilisé comme prison, dont Jacques de Molay, grand Maître de l’Ordre du Temple, et 4 autres dignitaires y ont été emprisonnés. Cet emprisonnement va conduire notamment au fameux "Parchemin de Chinon ", qui fut découvert seulement en 2007 dans les archives du Vatican.
Ce qu'on sait moins c'est qu'après la rencontre avec Charles VII, Jeanne d'Arc y est également logée quelques jours, probablement dans de meilleures conditions, mais très certainement pour mieux la surveiller le temps de répondre à certaines questions, notamment sur sa virginité.
Informations
- Adresse : forteresse royale de Chinon 37500 Chinon
- Google Maps : Carte
- Téléphone : 02 47 93 13 45
- Email :
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
- Heures d'ouvertures & Visites :
- Ouvert toute l'année, tous les jours :
2 janvier au 31 mars : 9h30 à 17h / 1er avril au 30 septembre : 9h à 19h / 1er octobre au 31 décembre : 9h30 à 17h. Fermé les 25 décembre et 1er janvier.
- Pour y accéder depuis la ville, vous avez un ascenseur qui vous emmène pas très loin de l'office du tourisme de Chinon, sinon tout proche également : un petit chemin sinueux accessible uniquement à pied : rue Jeanne d'Arc. En voiture il faut prendre l'avenue François Mitterand et s'arrêter vers le numero 45 ( pour le GPS ), vous trouverez facilement le parking. Les caves Plouzeau sous le Château de Chinon, dans les anciennes carrières transformées par la suite en celliers géant, sont visitables sans rdv et gratuitement d'avril à septembre de 11h à 13h et 15h à 19h.
(infographie Bastien Lefebvre) source ici
D'une certaine manière cet avant-corps ,qui permettait également de surveiller l'entrée et d'assurer la défense de la Haute Cour en cas d'intrusion forcée, était d'une certaine façon un petit château dans le château du Coudray. Il semble en tout cas que cette structure fut implantée dès l'origine dans la construction selon Jean Mesqui. La porte de cet avant-corps, de même taille et hauteur que celle du donjon, était fermée par une herse, rendant difficile son accès. L'accès au donjon directement par les courtines n'est pas fréquente mais pas rare non plus, on en trouve par exemple au donjon du Château de Blandy les Tours, néanmoins à la différence l'accès au donjon du Coudray par la courtine ne permettait pas d'atteindre l'autre courtine, en tout cas à priori, ce qui fait qu'il y aurait alors une discontinuité du chemin de ronde ce qui est peu fréquent pour un château de cet ampleur.
(infographie Bastien Lefebvre) source ici
Comme on peut le constater l'escalier est très raide, on est bien sur une construction défensive, sans sécurité. La montée de l'escalier par un envahisseur était probablement assez périlleux d'autant que si on est armé ( bouclier , épée par exemple ) il n'y a aucun moyen de se rattrapper en cas de déséquilibre, il faut donc imaginer que l'escalier a été construit dans ce but, faciliter l'accès mais pas trop....
Le Ier Etage
Il s'agissait probablement de la salle de garde, permettant l'accès à la salle basse et les souterrains et la salle supérieure qui fut probablement la salle où fut logée Jeanne d'Arc. Le 1er étage devait posséder une voute, aujourd'hui disparu, mais on peut penser qu'elle devait ressembler peu ou prou à celle de Dourdan ou Nesles.
On peut remarquer sur la gauche la cheminée, ainsi que l'accès par un petit escalier à une meurtrière ou fenêtre ajourée. Le donjon a été très tardivement utilisé comme pigeonnier, ce qui explique les trous de boulins. On remarquera que les entrées ne se font pas face à face, comme à Dourdan par exemple qui reste une particularité rare. L'accès au premier étage et à cette salle permettait de surveiller les allées et venues, donc de faire un filtrage.
Voûte du donjon de Dourdan de la salle de Garde, l'appareillage néanmoins de Dourdan est plus sommaire et moins qualitatif que ce nous pouvons trouver à Nesles qui sur ce point bénéficie d'une qualité bien supérieure. On remarquera aussi que le foyer des cheminées est très proche entre celle de Dourdan, Nesles et Chinon.
Salle supérieure
La salle principale, celle du seigneur, capitaine de la place ou éventuellement du roi en temps de guerre, n'existe plus. Mais on peut très largement imaginer cette pièce en se calquant sur celle de Nesles :
C'était probablement la salle la plus sécurisée du château, ce qui n'empêcha pas Guillaume de FlavyGuillaume de Flavy, seigneur du château de Nesles, de se faire assassiner dans cette même pièce. On peut penser que Jeanne fut loger dans le même style de pièce, peu probable qu'elle fut enfermer dans la prison des Templiers, même si il faut constater qu'elle possédait une cheminée et donc un confort relativement important pour l'époque. Il faut remarquer que les étages supérieurs ont été semble t'il largement modifiés par Louis Ier duc d'Anjou au XIVe, c'est un personnage important puisqu'il fut le tout premier Gouverneur militaire de Paris, qui fut régent après la mort de son frère Charles V et qu'il réalisa la Tenture de l'Apocalypse, qu'il commanda vers 1375, qui est maintenant exposée au Château d'Angers.
Etage de Défense
Le dernier étage était assujetti à la défense du fort du Coudray, il devait avoir avant son accès une latrine comme au château de Nesles qui possède une des dernières latrines extérieures d'origines de ce type de donjon. Si initialement il s'agissait probablement d'une plate forme avec un système de hourd il est modifié au XIVe siècle, le donjon est renforcé par des machicoulis sur console et par un système défensif caractéristique de cette époque.
Dessin aquarellé de Hendi Déverin, Architecte en chef des Monuments Historiques, en 1882, il obtient un prix au Salon de Paris. Elle est aujourd'hui dans la collection des Amis du Vieux Chinon, partiellement exposée au château de Chinon en 2015.
On retrouve ce type de sommet de tour notamment au Château de Pierrefonds, très courant sous le duc Louis d'Orléans assassiné à Paris en 1407.
Les Souterrains de Chinon
La forteresse de Chinon possède ses propres souterrains, l'un des plus importants est celui de la tour du Coudray. On peut constater qu'il a été creusé ultérieurement surement pour atteindre plus facilement l'escalier menant au sous-sol, la hauteur était différente, on peut le voir au niveau du sol du mur de parement. On peut observer un assommoir qui permettait en cas d'intrusion par le souterrain de le défendre. Il devait surement avoir un sas ou un système de fermeture bloquant son accès de l'extérieur. Le souterrain mène jusqu'à la tour du moulin qui elle même donnait sur une Poterne ( petite porte menant vers l'extérieur ).
Salle Basse
C'est une prison cependant relativement confortable, vu la disposition de la cheminée et les latrines à proximité, ce qui rend tout à fait plausible leur enfermement dans cette pièce. En effet ce type de prison, que l'on trouve aussi dans le Donjon de Vincennes ou dans la Forteresse & Prison de La Bastille , étaient souvent réservées à des personnalités plus ou moins importantes, le voleur de grand chemin avait en général plutôt droit à une prison lugubre sans chauffage, voir des oubliettes pour des cas plus rares.
Salle basse du donjon du Coudray, belle salle ronde, avec cheminée , meurtrières qui faisaient aussi office d'ouverture de jour, on est loin d'une prison atroce que l'on peut retrouver très souvent dans des petits châteaux seigneuriaux. Cette pièce devait surement avoir des fonctions différentes, notamment en cas de siège ou en cas de menace précise.
Les Templiers
C'est très probablement le lieu d'enfermement des Templiers à Chinon, dont le Grand Maître de l'Ordre, Jacques de Molay, et personnages importants tels que Rimbaud de Caron, Hugues de Péraud, Geoffroy de Gonneville, Geoffroy de Charny, ainsi que deux frères servants.. Il existe des graffitis qui pourraient provenir de ces derniers, même si pour l'instant cela reste incertain. Néanmoins selon des archéologues les graffitis correspondent à ce qu'on peut trouver entre 1290 et 1340, période cependant assez large d'une cinquantaine d'année ( source ici )
Après plusieurs mois de prisons, Philippe le Bel accepte d'envoyer 75 templiers à Poitiers pour que le Pape puisse faire son enquête par ses cardinaux. Mais les templiers enfermés à Chinon, dont Jacques de Molay, qui devaient partir à Poitiers restent en définitive dans la prison. Il est fort probable que ce revirement de situation est lié à la crainte d'une évasion du Grand Maître , Jacques de Molay.
C'est donc au Château de Chinon que trois cardinaux, entre le 18 août et le 20 août 1308, viennent interroger les dignitaires qui finissent par confesser leurs fautes afin de se faire absoudre. Dans l'église la rédemption permet en général d'amoindrir, voir d'annuler la condamnation, et la condamnation parfois à mort est commuée en peine de prison à vie, ce qui arriva à Jeanne d'Arc au cimetière de Saint-Ouen à Rouen avant d'être considérée comme Relapse et brûlée vive.
L'absolution officielle du pape fut retranscrite dans le Parchemin de Chinon - Templiers.
Les Graffitis
Les graffitis sont donc très souvent attribués à ces derniers, si la datation est possible, elle reste parcellaire et dénué de sens en terme historique. Rien aujourd'hui n'a pu permettre de faire un lien formel, historiquement incontestable ou presque, avec les templiers. Rien ne permet par ailleurs de confirmer, si c'était le cas, que seuls les Templiers en seraient les auteurs. En effet si les Templiers ont pu réaliser des graffitis il est donc possible que d'autres prisonniers ont réalisé ,à côté ou en rajout sur d'autres, leurs propres graffitis. En d'autres termes non seulement il faut rester prudent sur leurs auteurs éventuels, mais il faut aussi rester prudent sur l'intéprétation que l'ont peut en faire, certains inventant , sans fondement mais uniquement parce qu'ils ont envies d'y croire afin qu'on y croit, des thèses parfois totalement farfelues.
Néanmoins ils restent de précieux témoignages de prisonniers, qui au vu des réalisations sont certainement restés un certain temps au fond de la prison du Coudray.
Voir ces deux pages : Temple de Paris et Chinon un Testament
{gallery}{/gallery}