Jeanne d'Arc à Saint-Florent-lez-Saumur

 

Jeanne d'Arc est venue, au printemps 1429 à une date inconnue aujourd'hui mais au printemps, quelques jours, trois ou quatre selon Perceval de Cagny, à Saint-Florent Lez Saumur afin d'y rencontrer la fille du duc d'Orléans. Jeanne d'Orléans, elle est à la fois l'épouse du duc d'Alençon mais aussi la fille de Charles d'Orléans, prince légitime des Orléanais mais emprisonné en Angleterre.

Elle logea probablement à l'intérieur de l'Abbaye fortifiée et non à l'extérieur des murs comme le sous-entend la plaque de commémoration des 500 ans de Jeanne d'Arc. Il est en effet assez peu probable, et comme c'était souvent le cas dans des périodes aussi incertaines, qu'elle puisse loger dans une simple hostellerie à l'extérieur des murailles fortifiés, même si l'hostellerie était peut-être entourée d'une enceinte.

 Eglise St Barthelemy St Hilaire St Florent clocher

Ancienne église Saint-Barthelemy, elle faisait partie intégrante de l'Abbaye de Saint-Florent.

 

 

 

La déposition du Duc d'Alençon 

"Un jour, je chassais aux cailles, près Saint-Florent-lez-Saumur ; un de mes courriers me vint dire qu’il était arrivé près du roi une fille qui se disait envoyée de Dieu pour mettre en fuite les Anglais et délivrer Orléans. Sur ce, je m’en fus le lendemain à Orléans. J’y trouvai ladite Jeanne devisant avec le roi. Quand je fus près, Jeanne demanda qui j’étais : « C’est mon cousin, le duc d’Alençon, » répondit le roi. — « Vous, soyez le très bienvenu, me dit Jeanne. Plus on sera ensemble du sang du roi de France, mieux cela sera. »

Le Duc d'Alençon est marié à Jeanne d'Orléans, qui est également la cousine de Charles VII et du comte de Dunois. Il est donc fréquemment présent à Saint Florent lez Saumur.

Jeanne d'Orléans est née le 13 septembre 1409 à Blois. Elle est la fille de Charles Ier d'Orléans et d'Isabelle de France, la fille aînée du roi Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Malheureusement, sa mère décède en lui donnant naissance à l'âge de seulement 19 ans. En raison des mariages successifs de son père avec Bonne d'Armagnac en 1410 et Marie de Clèves en 1440, Jeanne est la demi-sœur du futur roi Louis XII.

Le 15 avril 1410, Jeanne d'Orléans est fiancée par son père à Jean Ier d'Alençon, le fils de son allié Jean Ier d'Alençon lors de la formation de la ligue de Gien. Elle l'épouse en 1424 à Blois, mais leur mariage ne donne naissance à aucun enfant. Jeanne décède prématurément le 19 mai 1432 à Angers, pour des raisons inconnues. Après sa mort, son époux se remarie en secondes noces avec Marie, une des filles de Jean IV d'Armagnac.

 

jeanne darc plaque 500 ans saumur

Le témoignage de Perceval de Cagny dans ses chroniques

 "Au mois de mars précédent, après son arrivée à Chinon, la Pucelle, entre les autres affaires qu'elle disait avoir de par Jésus, affirmait que le bon duc d'Orléans était de sa charge, et que dans le cas où il ne reviendrait pas par deçà, elle aurait beaucoup de peine pour aller le quérir en Anglelerre. Elle avait une très grande joie de s'employer au recouvrement de ses places. A cause de l'amitié et du bon vouloir qu'elle eût pour le duc d'Orléans, et aussi parce que c'était une partie de sa mission, elle se tint très près du duc d'Alençon qui avait épousé sa fille.

Après son arrivée, elle ne fut pas longtemps à Chinon sans aller voir la duchesse d'Alençon, en l'abbaye de Saint-Florent, près de Saumur, où elle résidait. Dieu sait le joyeux accueil que lui firent la mère du duc, le duc et sa femme, ladite fille du duc d'Orléans, durant les trois ou quatre jours qu'elle passa audit lieu. Et après cela, et toujours depuis, elle se tint plus près et plus familière du duc d'Alençon que d'aucun autre ; et toujours, en parlant de lui, elle l'appelait Mon beau duc, et pas autrement."

La visite dans l'abbaye n'est pas si étrange que cela, Jeanne d'Arc a pour mission selon elle de délivrer Orléans du siège Anglais. Orléans appartenant au duc d'Orléans emprisonné en Angleterre, elle ne peut que se rapprocher des Orléanais : Dunois, duc d'Alençon, la fille du duc Jeanne d'Orléans et éventuellement Yolande d'Aragon, reine de Sicile. Yolande d'Aragon possède le début du XVe un manoir ou petit Château sur l'une des îles de Saumur.

Probablement que Jeanne d'Orléans et son mari le duc d'Alençon étaient assez enthousiastes de voir une envoyée de dieu libérer Orléans. Il lui a fallu à partir de Chinon environ une journée de cheval pour atteindre Saumur, c'est donc une étape d'environ 5 à 6 jours en tout, ce qui en cette période est quand même assez important si on en croit "l'emploi du temps" assez chargé de la Pucelle de Domremy après ses entrevues avec le roi.

On peut constater, selon Perceval de Cagny, qu'elle attache une certaine importance au sang de la famille royal. Là aussi point de mystère, il faut se mettre dans le contexte de l'époque, le droit du sang royal est un élément essentiel.

En effet selon la croyance de l'époque le pouvoir royal provenait de dieu, c'est d'ailleurs une des justifications de Charles VII pour déclarer le traité de Troyes d'illégitime car c'est dieu qui décide de la descendance royale en France et non les humains par leurs tractations malveillantes, en tout cas c'était la croyance de l'époque.

Jeanne d'Arc, envoyée de dieu, entre donc tout à fait dans ce cadre et respecte cette croyance. C'est une des raisons également de l'attachement des Anglais de la faire condamnée par l'église et non par eux-mêmes, en tout cas symboliquement, pour en effet mettre à mal le fait qu'elle était une envoyée de dieu et que ce dernier n'avait rien à voir.

Tout est une question de croyance.

eglise plaque jeanne darc saumur

Cette plaque donne l'impression qu'elle fut logée dans une Hostellerie, rien ne permet de l'affirmer historiquement aujourd'hui. Il est plus probable qu'elle logea dans les parties fortifiées de l'abbaye.

Jean II d'Alençon

Jean II d'Alençon participera assez activement avec Jeanne lors de la campagne de la Loire après la libération d'Orléans dans laquelle il ne semble pas être présent. Mais si on observe la suite des évènements après Jeanne, on constate que le duc d'Alençon est assez critique envers Charles VII, probablement notamment parce qu'il estime que Charles VII ne défend pas assez bien les intérêts du duc, notamment avec le traité d'Arras.

Cela peut expliquer l'attitude de Perceval de Cagny dans ses écrits envers le "dauphin". Le duc d'Alençon va conspirer régulièrement contre Charles VII mais également contre Louis XI, il finira emprisonner à la fin de sa vie mais évitant, à deux reprises, de peu la sentence qui le condamne à mort.

C'est après la bataille de Verneuil en 1424, dans laquelle il est capturé, que les liens avec Charles VII vont se dégrader. En effet pour payer la rançon, il a fallu hypothéquer une partie de ses terres.   Après sa libération il reproche notamment à Charles VII de ne pas chercher à défendre les intérêts du duc. Il va régulièrement conspirer contre Charles VII puis Louis XI, ce dernier sera beaucoup moins tolérant avec les agissements du duc.

chateau des ducs alencon

Château des Ducs d'Alençon

En 1473, Il conspira une fois de plus, cette fois-ci avec le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, en lui proposant de vendre son duché ainsi que le comté du Perche. Il fut à nouveau arrêté en février et emprisonné au Château de Rochecorbon près de Tours, puis après quelques péripéties, il fut enfermé au Louvre en attendant d'être jugé par le Parlement. Louis XI confisqua ses terres et prit personnellement possession d'Alençon le 25 juillet 1473 tandis que la duchesse fut chassée du Perche.

En 1474, le duc fut une deuxième fois condamné à la peine capitale. Mais Louis XI ne fit pas procéder à son exécution et le laissa en prison au Louvre. Le 18 juillet 1474, le Parlement de Paris mit fin à ses procès. Le vieux duc fut finalement libéré en 1476 et mourut peu après, laissant sa fortune à son fils en 1476.

 

 

 vue abbaye de saint florent lez saumur

L'abbaye en 1699 on peut observer les défenses de l'abbaye, relativement modeste mais suffisante pour éviter d'être prise par surprise. C'est très probablement dans cette partie que Janne a logée et non à l'extérieur. source image : gallica.bnf.fr

 

 

Fortification

Des travaux de défense ont été effectués à la hâte sur l'abbaye de Saint-Florent en 1369, lors de l'approche des Anglais. Le 24 novembre 1369, des lettres patentes de Charles V ont été émises pour régulariser cette première fortification. Au cours du demi-siècle suivant, d'importants chantiers ont transformé l'abbaye en citadelle.

À partir de 1407, l'abbé Jean du Bellay l'Ancien a fait construire un logis abbatial situé entre l'église du monastère et l'église paroissiale de Saint-Florent. Cette maison, entourée de fossés et pourvue de mâchicoulis et d'un pont-levis, constituait un petit donjon. En 1409-1413, le même abbé a remis à neuf les remparts entourant le couvent : les murailles ont été relevées de quatre pieds et couronnées de mâchicoulis en pierre. L'église Saint-Barthélemy a été intégrée dans l'enceinte, et trois arcatures ont été accolées à son mur extérieur, percées de mâchicoulis sur arcs d'un type très rare dans la région. Au lieu d'être couronnées de créneaux en pierre, ces arcatures étaient surmontées de hourds en bois, qui formaient une longue galerie en encorbellement. Des plans inclinés ont été installés vers la base du mur, donnant une trajectoire horizontale aux projectiles lancés à travers les orifices des mâchicoulis. Une nouvelle poterne, pourvue d'un pont-levis, a été ajoutée du côté de l'actuelle place Jeanne d'Arc.

À partir de 1428, des fossés ont été creusés tout autour de l'abbaye, ce qui représentait un énorme travail, puisqu'il fallait les creuser dans le tuffeau. L'église abbatiale elle-même a été fortifiée, et la chapelle Notre-Dame, qui prolonge le chœur, a été surmontée de tourelles et de créneaux. On peut noter également qu'il y a une garnison ainsi qu'un capitaine.

Eglise St Barthelemy St Hilaire St Florent

L'église Saint Barthélémy avec sa façade intégrée à la défense de l'abbaye. On peut observer des restes de machicoulis et des assommoirs sur arc.

 

 

 

 

 

sources : http://www.stejeannedarc.net/chroniques/chronique_perceval.phphttps://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/recit/ch6/r6d6jean.htmhttp://www.stejeannedarc.net/chroniques/pc5.php, (1) Dictionnaire de Jeanne d'Arc

 

 

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