Siège d'Orléans, Jeanne d'Arc

 

Jeanne d'Arc entre dans Orléans

Détail de l'oeuvre réalisée en1887 par Jean-Jacques Sherrer, Musée Orléans

 
 

Les grandes dates de la libération du siège d'Orléans

 
 
 

25 Avril 1429, Blois


pont de blois Pont de Blois, édifié au XVIIIe selon les plans de Jacques Gabriel, il est le père de Anges-Jacques Gabriel

Jeanne se trouve au  Château de Blois le 25 avril, dès le 27 avril l’armée de secours prends la route d’Orléans en passant sur la rive gauche de la Loire dans l’actuelle Sologne, escortée par 3000 hommes, 60 chariots de vivres et 435 chariots de bétails pour les Orléanais, Gilles de Rais et le maréchal de Saint-Sévère  accompagnent et dirigent le convoi.

 

28 Avril 1429, Olivet ( Sud d’Orléans )


cours d'eau à Olivet, banlieue d'Orléans
 
Le convoi de vivre arrive au Sud d’Orléans à Olivet dans la nuit du 28 avril
 

 

29 Avril 1429, Port Saint-Loup  ( Sud-Est d’Orléans ) et entrée dans Orléans


Rencontre entre Jeanne et Dunois
Rencontre entre Jeanne et Dunois
 
Le Comte de Dunois apprenant l’arrivée du convoi traverse la Loire, avec Thibaud de Termes, et rejoint Jeanne. La rencontre a lieu au port du Bouchet ( ou Port St Loup ) en face de la bastille Saint-Loup mais sur l’autre rive. Ce port aujourd’hui se situerait à peu près à la fin de la rue « levée de chevauchée » juste à côté du parc de loisirs.
 
La première rencontre entre Dunois et Jeanne est empreint de méfiance de la part de la pucelle, certains diront houleux, voici la déclaration de Dunois à ce sujet au procès de réhabilitation le 22 février 1456 :
 
« Ayant été avisé qu’il n’y avait rien de mal dans le fait de la Pucelle, il l’envoya en compagnie du seigneur archevêque de Reims, alors chancelier de France, et du seigneur de Gaucourt, actuellement grand maître d’hôtel du roi, à Blois, où vinrent les seigneurs chargés de mener le convoi, savoir les seigneurs de Rais et de Boussac, maréchaux de France, le seigneur de Culan, amiral de France, La Hire et le seigneur Ambroise de Loré, nommé depuis gouverneur de la ville de Paris.
Tout ce monde se joignit à l’armée et à la Pucelle. Elle  se mit en route ; et elle arriva, par la Sologne, en bon ordre, au bord de la Loire, jusqu’en face de l’église Saint Loup ( la Bastille Saint-Loup comportait une église ), où les Anglais étaient nombreux et en force.
Ni aux autres capitaines, ni à moi-même, il ne nous semblait possible que l’armée qui conduisait le convoi fût capable de résister et de faire entrer les vivres par ce côté. Force était de recourir à des bateaux par lesquels entrerait le convoi. Mais c’était difficile, car il fallait remonter le courant, et le vent était absolument contraire.
Alors Jeanne me dit : « Êtes-vous le bâtard d’Orléans?Oui, répondis-je, et je me réjouis de votre arrivée.Est-ce vous qui avez conseillé que je vienne ici, de ce côté de la rivière, et que je n’aille pas directement où étaient Talbot et les Anglais ? » — Je lui dis : « Moi et de plus sages que moi, nous avons donné conseil, croyant faire mieux et plus sûrement. »
«  En nom pieu », répliqua Jeanne, « le conseil de Notre-Seigneur est plus sûr et plus sage que le vôtre. Vous avez cru me tromper, et vous vous trompez davantage vous-même; car je vous amène meilleurs secours qu’il n’en est onques advenu à chevalier ni ville au monde, vu que c’est le secours du Roi des cieux. Toutefois il ne vous vient pas par amour de moi, il procède de Dieu même, qui, à la requête de saint Louis et de saint Charlemagne, a eu pitié de la ville d’Orléans et n’a pas voulu que les ennemis eussent à la fois le corps du duc et sa ville. »
 
On remarquera que Jeanne n’est pas en confiance précisément quand elle dit «  vous avez cru me tromper », doutes répétés par la suite d’autant que Dunois veut la faire entrer dans Orléans et propose aux Capitaines de rentrer sur Blois, avec l’armée, et de revenir début Mai. 
 
Jeanne s’offusque et refuse dans un premier temps craignant que ça soit une manœuvre pour éviter de combattre et de retarder la lever de siège d’Orléans. Cette réaction peut surprendre, mais probablement que la pucelle d’Orléans sent de la part de certains capitaines une certaine réticence à son égard. Dans un sens c’est compréhensible aussi de leur part, elle vient de nulle part, envoyée par Dieu et n’a encore rien prouvée. Le comte de Dunois par ailleurs à ces débuts semblait très sceptique également, il ne s’en cache d’ailleurs pas au procès de réhabilitation rendant ses témoignages relativement honnête.
 
Jean de Dunois « Je l’avais suppliée de se résoudre à passer la Loire et à entrer dans Orléans où elle était fort désirée. De cela elle fit difficulté, disant qu’elle ne voulait pas abandonner son monde. Pour rester avec ces gens d’armes, bien confessés, pénitents et de bonne volonté, elle refusait de venir. Je fus trouver les chefs de guerre qui avaient refusé de conduire les hommes d’armes, et je leur demandai en grâce de trouver bon, dans l’intérêt du roi, que Jeanne entrât à Orléans. Eux avec toute leur compagnie iraient jusqu’à Blois où ils passeraient la Loire pour venir à Orléans, faute de passage plus rapproché. Lesdits capitaines accueillirent ma requête. Ils consentirent à passer par Blois, et Jeanne vint avec moi. Elle portait son étendard qui était blanc et où se trouvait figuré Notre-Seigneur tenant à la main une fleur de lis. La Hire passa la Loire avec elle; et nous entrâmes tous ensemble à Orléans. »
 
La stratégie de Dunois se révèle payante et lucide, très clairement il veut aussi galvaniser les résistants de la ville et leur donner un nouvel espoir. Ce qui prouve dans un sens qu’il croit déjà en elle car sinon le risque était important, si elle échouait rapidement dans des circonstances dramatiques ça aurait probablement ternis l’image de Dunois et sa crédibilité, il était alors capitaine d’Orléans, et aurait rendu encore plus difficile la levée du siège. Il est difficile de savoir si cette idée vient directement de lui ou de son cousin Charles VII.
 
En définitive c’est la rencontre de deux personnalités totalement différentes. D’un côté le Comte de dunois, Capitaine d’Orléans, fin stratège, pragmatique, prudent et déjà très aguerri aux faits de guerre et de l’autre Jeanne l’audacieuse, l’impétueuse mais néanmoins brillante à l’esprit vif et volontaire mais aussi une bien téméraire jeune fille qui semble assez peu avertis des tactiques militaire. En temps de paix cette relation aurait peut-être été impossible, mais en temps de guerre quand l’intérêt est commun l’impensable devient nécessaire. 
 
 

Entrée dans Orléans


 

jeanne darc Orleans entree

Chromolithographie de 1880, Jeanne d'Arc entre dans Orléans.

 

Dans la nuit elle entre par la porte de Bourgogne, à sa gauche le Comte de Dunois, à l’arrière La Hire et d’autres capitaines et hommes d’armes.  source L10- P125

L’effet psychologique sur la population est manifeste, le témoignage d’un bourgeois d’Orléans Jean Luillier :
 
« Son arrivée était ardemment désirée par tous les habitants de la ville; car le bruit public était qu'elle s'était présentée au roi comme envoyée par Dieu pour faire lever le siège qui nous étreignait. Les assiégeants nous avaient tous réduits à une telle extrémité, que nous ne savions à qui avoir recours pour trouver remède. Dieu seul nous restait. 
— Étiez-vous dans la ville quand Jeanne y entra ? — Oui, j'y étais. Tous, hommes et femmes, grands et petits la reçurent avec des transports de joie, tels que si elle avait été un Ange de Dieu; c'est que tous espéraient que, par son moyen, nous serions délivrés de nos ennemis, ainsi que nous le fûmes en réalité. » source : "La vraie Jeanne d'Arc, tome IV : la vierge-guerrière" R.P Ayroles (1898) p.164.
 
Lors de son entrée le Pennon est brûlé accidentellement par un des habitants lors de son passage, elle parviendra à l’éteindre avec une dextérité, sur son cheval, qui semble t’il a étonné son monde.
 
Elle prend la direction de la cathédrale d’Orléans, selon le témoignage de Jacques l’Esbahy, alors en construction mais cependant déjà utilisée pour des messes, et y fait faire chanter un « te deum ». C’est une caractéristique de la Pucelle d’Orléans d’aller dans quasiment chaque église de ses lieux de passage, faisant parfois sonner les cloches.
 
Elle loge dans l’hôtel  de  Jacques Boucher, situé à côté de la porte Renart, seigneur Guilleville, de Mézières et d’Appoigny, il était trésorier général du duc d’Orléans depuis 1421/1422. Cet hôtel est la maison de Jeanne d’Arc actuellement à Orléans. Elle a été fortement modifiée en 1908 et  fut endommagée pendant la seconde guerre mondiale. Jacques Boucher décède en 1443 il n’a donc plus témoigné au procès de réhabilitation, il était marié à Jeannette Luillier probablement parente de Jean Luillier qui témoigna au procès de 1456. Selon la légende locale d’Appoigny, Jeanne sur le parcours du sacre à Reims passa par le gué de la Pucelle, rare passage possible, à quelques encablures du Château de Régennes.
 
 

30 avril 1429, Orléans


Maison Jeanne d'Arc Orléans

Le lendemain elle rend visite à Dunois et fait convoquer les principaux responsables de la ville. Elle ne veut pas perdre de temps et attaquer sans attendre le retour de l’armée alors à Blois.

Dunois et les autres capitaines réussissent, difficilement probablement, à la convaincre de patienter l’arrivée des renforts qui ne sauraient tarder.
Pourtant quelques heures après La Hire et Florent d’Illiers tentent de prendre la Bastille « Paris » située au Nord-Ouest d’Orléans à quelques centaines de mètres, Jeanne n’est pas au courant et semble mise donc à l’écart. La chevauchée se termine par un échec.
Jeanne envoie une lettre aux Anglais, mais l’un de ses hérauts ( messagers ) est capturé par ces derniers, il s’agit de Guyenne, tandis qu’Ambleville parvient à revenir.
 
Témoignage de Jacques l’Esbahy en 1456
 
« Ils ont gardé le Hérault, nommé Guyenne, et remis à l'autre, à savoir Ambleville, pour délivrer le message des Anglais, Ambleville raconta que les anglais  avaient conservé son compagnon Guyenne, pour le brûler. Jeanne répondit, qu'il n'y a rien de mal dans le nom du Seigneur, afin qu'ils puissent amener à lui, et il a dit que le dit Ambleville était revenu, il est courageusement allé vers les gouverneurs des Anglais ( Scales, Talbot et Suffolk ), et qu'ils feraient pas de mal de lui, que dis-je, pour restaurer la santé et à sauver son compagnon, et comme il l'a fait.» 
 
Le témoignage du « Journal du Siège » raconte les faits d’une manière différente « La nuit venue, la Pucelle envoya deux hérauts aux Anglais et avec pour mission de reprendre le Hérault  par lequel elle avait envoyé ses lettres de Blois. Pareillement le Bâtard d’Orléans envoya que si ils ne le renvoyaient pas, qu’il ferait mourir d’une mort atroce tous les Anglais prisonniers à Orléans, et tous ceux qui par les seigneurs avaient été envoyés pour traiter des rançons. Pour cette raison les chefs Anglais renvoyèrent tous les Héraults et Messagers de la Pucelle. »
On constate la présence de Dunois dans quasiment toutes les décisions et actions, mais aussi de son soutien fidèle à la Pucelle, on ne peut le soupçonner d’une quelque conque volonté de la nuire. 
 
 
 
 

Maison Jeanne d'Arc, Plan Orléans 1429

Hôtel de Jacques Boucher qui est aujourd'hui appelé la maison de Jeanne d'Arc, Plan Orléans 1429
 
Lors du retour des Héraults et Messagers, les Anglais avaient renvoyés comme réponse à la Pucelle « qu’ils la bruleraient ardemment, qu’elle n’était qu’une ribaude, et comme telle qu’elle retourne garder les vaches » Réponse qui semble-t-il la courrouça , au point que le soir même elle vint «  au boulevard de la Belle-Croix » sur le pont ( pont des Tourelles ) et parla directement à Glacidas ( William Glasdale qui avait remplacé au pieds levé Salisbury ) et d’autres Anglais dans les Tourelles en leur demandant de se rendre «  de par dieu , et seulement ils auront la vie sauve », la réponse des Anglais est fidèle à leur habitude , ils «  répondirent vilainement, l’injuriant et l’appelant vachère » en criant fortement «  qu’ils la  brûleraient si il la détenait » , à cela elle répondit calmement « qu’ils mentaient » et elle repartit dans la cité d’Orléans.
 
On peut être assez surpris de tant d’effronteries d’une jeune fille, elle est sûre d’elle, elle marque assez fortement les esprits au point que le « journal du siège d’Orléans » en parle régulièrement. Cependant on note une différence entre les récits du « Journal du siège d’Orléans » et de Jacques l’Esbahy au procès de réhabilitation, ce dernier enjolivant, volontairement ou non, le récit en omettant le rôle de Dunois et donnant le rôle uniquement à la Pucelle.
 
 
 
Dimanche 1er Mai, Dunois va chercher les renforts à Blois
 
Le comte de Dunois, avec Jean d’Aulon, partent  à Blois à la rencontre du Comte de Clermont, du maréchal de Sainte-Sévère, le seigneur Gilles de Rais, et plusieurs autres chevaliers, écuyers et gens de Guerre. 
 
Entre temps la population d’Orléans est impatiente de voir ou revoir la Pucelle, au point que l’Hôtel où elle loge est abîmé, on frôle l’émeute de joie. Jeanne s’y résout et accompagnée de plusieurs chevaliers et écuyers, ils  chevauchèrent la ville à la rencontre de la population. La population d'Orléans forme une foule compacte qui rend difficile le passage de la Pucelle.
 
Le « Journal du siège d’Orléans » écrit ceci «  le peuple ne pouvait se lasser de la voir » et semblaient ébahit de sa façon de se tenir sur son cheval comme «  eux su faire un homme d’armes, suivant la guerre dès sa jeunesse ». On peut comprendre la population qui depuis des mois souffrent d’un siège dur et long, semblent reprendre espoir et donnent à chaque fait une importance démesurée.
 
Le jour même elle parle aux Anglais de  la Croix Morin, situés dans le boulevard de la porte Renart qui fait face à la porte Renart à proximité direct de l’hôtel où loge la Pucelle. Elle leur promet la vie sauve s’ils partent en Angleterre, la réponse anglaise est coutumière en effet il  «  répondirent par de vilaines paroles, les mêmes qu’ils avaient dit des Tourelles », elle repartit dans Orléans.
 
Louis de Coutes raconte les mêmes faits avec plus de précision :
 
« Néanmoins, elle s’en fut à un boulevard qu’occupaient les gens du roi, vis-à-vis d’un boulevard des Anglais ; et là, parlant aux Anglais qui étaient sur le boulevard en face d’elle, elle leur dit: « En nom Dieu, retirez-vous, sinon je vous chasserai.» L’un d’eux, appelé le bâtard de Granville, lui dit plusieurs injures : « Veux-tu donc, lui criait-il, que nous nous rendions à une femme? » Et il appelait les Français qui étaient avec Jeanne : « maquereaulx, mescréans ». 
 
 
 

Lundi 2 Mai, repérage tactique


 


La Pucelle sort d’Orléans pour visiter les Bastilles et faire du repérage. La population toujours aux aguets de ses moindres gestes  la suit dans Orléans. Après avoir terminé son repérage tactique, elle revient à l’église Sainte-Croix d’Orléans pour assister aux Vêpres.

 

- 4 mai 1429, Prise la Bastille Saint-Loup, première victoire


Prise de la Bastille Saint-Loup par Dunois et Jeanne d'Arc.
 
 
 

- 5 Mai 1429, jour de l'Ascension


Le jour de l’ascension il est réuni les personnes suivantes : Jeanne, Dunois et les officiers suivant : Le Maréchal de Sainte-Sévère ( Jean de Brosse ), Gilles de Rais, le seigneur de Graville, le Baron de Coulonces, le seigneur de Villars, le seigneur de Xaintrailles, le seigneur de Gaucourt, la Hire, le seigneur de Corraze, messire Denis de Chailly, Thibault d’Armignac dit de Termes, Jamet de Tilloy et un capitaine écossais Hugues de Kennedy. Au sujet de Hugues Kennedy il n’est pas évident de faire un lien avec JFK, en effet l’antériorité de la famille Kennedy dans une certaine certitude relative remonte au XVIIIe siècle, avant il s’agit de conjection pas forcément heureuse.

Il est décidé alors de s’attaquer aux Tourelles, véritable épine dorsale du siège d’Orléans, en effet en supprimant l’accès au pont, l’approvisionnement est rendu difficile. Les tourelles, ouvrage avancé du pont, avait été perdue par les français le 22 octobre 1429 après 10 jours d’âpres combats.
 
L’assaut est ordonné au 6 mai 1429, en effet le jour de l’ascension est une journée importante à cette époque, il est donc hors de question de se battre, même si il existe d’innombrable contre-exemple.
 
Elle écrivit cependant une lettre aux anglais, message envoyé avec une flèche, avec le contenu suivant, selon le témoignage de Jean Pasquerel :
 
 « Vous, hommes d’Angleterre, qui n’avez aucun droit en ce royaume de France, le Roi des cieux vous mande et ordonne par moi Jehanne la Pucelle, que vous quittiez vos bastilles et retourniez en vos pays. Sinon je ferai de vous un tel chahut qu’il y en aura perpétuelle mémoire. Voilà ce que je vous écris pour la troisième et dernière fois, et je ne vous écrirai plus. 
Ainsi signé: « JHÉSUS MARIA, Jehanne la Pucelle. » 
 
« Je vous aurais envoyé mes lettres plus honnêtement; mais vous retenez mes hérauts; vous avez retenu mon héraut Guyenne. Veuillez me le renvoyer et je vous renverrai quelques-uns de vos gens qui ont été pris à la bastille Saint-Loup; car ils ne sont pas tous morts. »
La lettre écrite. Jeanne prit une flèche, attacha au bout la missive avec un fil et ordonna à un archer de la lancer aux Anglais en criant : «, Lisez, ce sont nouvelles». La flèche arriva aux Anglais avec la lettre. Ils lurent la lettre, puis ils se mirent à crier avec très, grandes clameurs « Ce sont nouvelles de la putain des Armagnacs.» À ces mots Jeanne se mit à soupirer et à pleurer beaucoup, invoquant le Roi des cieux à son aide. Bientôt elle fut consolée, parce que, disait-elle, elle avait eu des nouvelles de son Seigneur. 
Tout devait être prêt pour le lendemain, ce qui est confirmé par le « journal du siège d’Orléans » et Jean Pasquerel à qui Jeanne demande de se lever aux aurores.
 
 
 

- 6 Mai 1429, Prise des Bastilles Saint-Jean le Blanc et Bastille Saint-Augustin


Très tôt dans la matinée, voir la nuit, une armée sort d’Orléans, avec Jean de Dunois, Gilles de Rais, Jean de Brosse maréchal de Sainte-Sévère, le seigneur de Graville, Florent d’Illiers, Etienne de Vignolles dit La Hire, et plusieurs chevaliers, écuyers et 4000 fantassins incluant les archers.

Ils traversent la Loire en passant par l’Île aux Toiles, appelée à l’époque Île devant Saint-Aignan. Pour passer le dernier bras l’armée mis en place un pont de deux bateaux, technique couramment utilisée notamment par les Romains.

La Bastille Saint-Jean de Blanc est rapidement prise, en effet dans l’effet de surprise les Anglais de la Bastille sont partis « désemparés » selon Jean d’Aulon,  ils se réfugient dans la Bastille des Augustins juste en face des Tourelles. La Bastille Saint-Jean le Blanc est la dernière construite, le 20 avril 1429, on peut penser qu’elle fut relativement sommaire pour déguerpir aussi subitement.

Rapidement les français attaquent la bastille des Augustins, entouré de palissade ( voir emplacement B ) ,  mais c’est un échec, l’armée doit se replier en bon ordre dans la Bastille Saint-Jean de Blanc. Les Anglais en profite pour lancer une offensive, mais La Hire et Jeanne accompagner de leur troupe, lance à la main ( précision de Jean d’Aulon ) réussissent à barrer la route aux Anglais et à les repousser.

Ils poursuivent les Anglais jusqu’à la Bastille de Saint-Augustin et un évènement très étrange se produit, il est raconté par Jean d’Aulon.

Alors que les Anglais sont réfugiés dans la Bastille, les Français ne tentent plus rien et s’organisent, un certain Alphonse de Partada et un autre « bel homme, grand et bien armé » se défièrent pour ce qu’on pourrait appeler une futilité. En effet Alphonse de Partada, un espagnol, de garde avec Jean d’Aulon, et d’autres soldats, voient un « bel homme, grand et bien armé » qui passe devant eux pour repartir vers l’arrière. Alphonse de Partada lui demande de rester, ce que le « bel homme, grand et bien armé » refuse assez vulgairement.

S’ensuit une discussion « entre homme », puis pour décider et prouver lequel des deux  est le plus courageux ils partent vers la palissade Anglaise pour défier les Anglais. Après avoir couru, étonnamment les Anglais ne réagissent pas pourtant une simple volée de flèche les auraient mis au tapis, ils arrivent au pied de la palissade.

 Jean d’Aulon dit ceci ( que j’ai traduit dans un texte plus compréhensible )

« ainsi qu’ils furent devant la palissade de la dite bastille, il vit derrière  un grand, fort et puissant Anglais, bien en point et armé, lequel leur résistait tellement qu’ils ne pouvaient entrer à l’intérieur. Jean d’Aulon montra le dit Anglais à un nommé Maistre Jean le Canonnier, en lui disant qu’il devait tirer sur cet Anglais, car il faisait trop grande résistance, et portait moult de dommage à ceux qui voulaient approcher ladite bastille, ce que fit le dit maitre Jean ; dès qu’il  l’aperçut, il adressa son trait ( lui tira dessus ) vers lui, le tir fut si violent qu’il est mortellement mis à terre »

Profitant de l’aubaine, les deux courageux entrèrent suivit très rapidement par d’autres hommes en armes, pris de cours les Anglais se font rapidement encercler, une partie est tuée sur place, d’autres prisonniers et les plus chanceux réussissent à rejoindre les Tourelles. Plusieurs prisonniers français enfermés dans la chapelle de Saint-Augustin sont libérés malgré une âpre résistance des Anglais.

On remarquera que le fait sur les deux protagonistes est uniquement relaté par Jean d’Aulon, à aucun moment sur cet évènement il fait référence à la Pucelle, mais on peut penser qu’il en fait état car il est présent et actif.

 

Chausse-trappe, actuellement au château de Mehun-sur-Yèvre, pour piéger initialement les chevaux, c'est probablement sur ce type de chausse-trappe que Jeanne fut blessée au pieds. 

Sur la chronique de la Pucelle écrite au XVe, ( T IV – Quicherat –P225 ), on apprend que lors de l’assaut, que la Pucelle est blessée par une chausse-trappe, pièce de métal pointue pour ralentir les chevaux. Même si la blessure semble superficielle, peut-être grâce à ses solerets ( ? ), vu qu’elle reprends les hostilités le lendemain, aucune personne présente n’en fait état ( Ni Dunois, Jean d’Aulon ou autre ). Toujours selon la chronique Gilles de Rais est présent lors de l’assaut, il est assez étonnant que la chronique en fait mention dans le sens qu’à aucun moment on ne parle de lui autre que par sa présence. Après la prise des palissades et du boulevard, elle fait brûler la bastille Saint-Augustin.

Jean Pasquerel dit ceci sur la soirée après la prise de la Bastille Saint-Augustin : « Jeanne, qui avait l’habitude de jeûner tous les vendredis, ne le put cette fois parce qu’elle avait, eu trop à faire. Ainsi elle soupa. Elle venait d’achever son repas lorsque vint à elle un noble et vaillant capitaine dont je ne me rappelle pas le nom. Il dit à Jeanne : « Les capitaines ont tenu leur conseil. Ils ont reconnu qu’on était bien peu de Français, eu égard au nombre des Anglais, et que c’était par une grande grâce de Dieu qu’ils avaient obtenu quelques avantages. La ville étant pleine de vivres, nous pouvons tenir en attendant le secours du roi. Dès lors le conseil ne trouve pas expédient que les hommes d’armes fassent demain une sortie. » Jeanne répondit: «Vous avez été à votre conseil ; j’ai été au mien. Or, croyez que le conseil de mon Seigneur s’accomplira et tiendra et que le vôtre périra. » Et s’adressant à moi qui étais près d’elle : « Levez-vous demain de très grand matin, encore plus, que vous ne l’avez fait aujourd’hui, et agissez le mieux que vous pourrez. Il faudra vous tenir toujours près de moi, car demain j’aurai fort à faire et plus ample besogne que je n’ai jamais eue. Et il sortira demain du sang de mon corps au-dessus du sein. »

Quelques remarques personnelles :

Pasquerel révèle que Jeanne est mise à l’écart, volontairement ou non, du conseil des capitaines, on peut penser que Jeanne est au campement ou à Orléans. En effet cette mise à l’écart pas forcément intentionnelle provient peut-être du fait qu’elle est blessée et donc pas présente au campement ou disponible. Mais c’est en tout cas un fait étrange, puis que les autres chroniques ne font pas dans le détail à ce sujet. Pasquerel ne parle pas de la blessure, alors qu’il est à ses côtés, mais relate par contre une prédiction sur la blessure aux tourelles du lendemain. Plus amusant le prêtre ne se rappel pas du nom du « noble et vaillant capitaine » mais arrive à décrire avec détail la conversation… il ne serait pas étonnant, pour ma part, qu’il ne veuille pas énoncer le nom du capitaine pour une raison que j’ignore. La plupart des historiens sont assez mitigés sur le rôle de Pasquerel, voir aussi les vidéos de Guillemin qui le déglingue régulièrement, je n’ai pas aujourd’hui un avis très tranché sur ce personnage assez énigmatique. Henri Guillemin, Jeanne d'Arc

Ce qui me semble étonnant, une nouvelle fois, c’est cette mise au silence de la blessure, certes probablement superficielle, dans toutes les chroniques du XVe excepté celle de la « Chronique de la Pucelle », y a-t-il une raison autre que celle supposée ?

Cette phrase « Ils ont reconnu qu’on était bien peu de Français, eu égard au nombre des Anglais, et que c’était par une grande grâce de Dieu qu’ils avaient obtenu quelques avantages » du capitaine sous-entend qu’à ce moment-là les capitaines ne croient pas en elle, ils ne sont pas convaincus. Probablement ils pensent, pour une partie, que c’est lié à la providence et à la main de dieu, mais ils n’ont pas l’air à cet instant de rapprocher Jeanne à Dieu. Il faut dire que Jean d’Aulon dans son récit est assez clair sur le fait que la prise de la bastille de Saint-Augustin est liée à une incroyable série d’évènement qui n’est pas directement relié à la Pucelle.

En tout cas cette mise en attente voulu par les capitaines semble, à mon avis, être  du prudent Dunois . Lui qui avait déjà fait patienter Jeanne lors de son arrivée à Orléans. Il voulait attendre les renforts de l’armée de secours stationnée à Blois, alors qu’elle était déjà prête à en découdre rapidement…il réussit tant bien que mal à la convaincre malgré qu’elle « fit difficulté ». [ voir la prise de la Bastille Saint-Loup ]

On peut donc penser que si la présence de Jeanne fut importante dans la matinée, ou début d’après-midi, en repoussant avec La Hire une contre-attaque anglaise, sa présence en fin d’après-midi ne fut pas décisive. Avec le temps au procès de réhabilitation, les diverses chroniques et récits à ce sujet, ont donc lissé les évènements ou altérés certains éléments car seul Jean d’Aulon, Pasquerel et plus succinctement la « chronique de la Pucelle » entrent dans les détails. Cependant 27 ans après les faits il ne serait pas surprenant que tout le monde n’est pas une mémoire exacte de tous les faits d’autant qu’elle peut être très sélective, est-ce volontairement ? Difficile à dire.

 

- 7 mai 1429, prise du Pont des Tourelles


 

- 8 mai 1429, les Anglais quittent les Bastilles, Orléans est libérée du joug des Godons.


 

Ce téléfilm canadien de 1999 retrace la vie de Jeanne d'Arc. J'ai mis ici la bataille d'Orléans où Jeanne va libérer la ville le 8 mai 1429, assiégée depuis plusieurs mois.

Le film comporte évidemment plusieurs inexactitudes, des armures grossières et autres inepties; cependant je trouve que l'actrice avec un certain charme et quelques acteurs arrivent à sortir le film d'un enième navet. Certes les armures parfois prêtes à rire, certains dialogues sont un peu léger mais globalement le côté épique de Jeanne d'Arc ressort bien, d'autant que les faits relatés dans le téléfilm sont souvent proche de la réalité historique avec évidemment des variantes inhérent à la réalisation de ce genre de film. On est loin de la folle aliénée version "Luc Besson" qui malgré une belle réussite technique et visuelle transforme Jeanne en quelqu'un globalement d'historiquement faux.

Ce téléfilm est donc à prendre avec un certaine recul mais je pense que Liliane Rudabet Gloria Elsveta Sobieski (Leelee Sobieski ) arrive à donner une certaine candeur, douceur et naïveté touchante à la Pucelle d'Orléans sans la rendre ridicule, elle s'approche assez des écrits contemporains du XVe. Elle a la particularité également d'avoir un père français ( acteur dans Tanguy et Laverdure ) et selon le réalisateur ,qui insista lourdement dessus, lorsqu'elle tourna le film elle était encore vierge, ce qui en fait la seule vierge ayant jouée Jeanne d'Arc ...( toujours selon le réalisateur Christophe Duguay )

Ce qui étonnant c'est que le téléfilm est parfois inexact et souvent fourmille de détail montrant une réelle volonté de recherche et de travail. Un téléfilm ayant un budget souvent plus limité qu'un long métrage on peut donc beaucoup pardonner, même si dans le cas présent il s'agit dans ce domaine d'une grosse production.

Casting : (Jacqueline Bisset, Peter O'Toole, Shirley MacLaine...), le téléfilm « Jeanne d'Arc » cumulera 25 prix internationaux et 13 nominations aux Emmy Awards dont une nomination au Golden Globe Awards pour Leelee Sobieski.

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