Bataille de Castillon
La Bataille de Castillon : Dernier Acte de la Guerre de Cent Ans
La Bataille de Castillon est la grande victoire française dans la guerre de Cent-Ans, elle met un terme à cette guerre de Cent-Ans.
Elle se déroule le 17 juillet 1453, elle permet à Charles VII de remporter une grande victoire mettant fin à la guerre de Cent-Ans qui ne sera officialisé qu'avec le traité de Picquigny par Louis XI en 1475, les anglais n'ayant de toute façon plus la motivation et les moyens de leurs ambitions ! seule la ville de Calais restera encore un siècle aux mains des Anglais.
Dans cette bataille Talbot, le célèbre capitaine Anglais, fait un choix crucial, piégé peut-être par des informations fausses et aussi par la supériorité des Français dans le domaine de l'artillerie encore en balbutiement et en évolution constante à l'époque, mais aussi par une chaine de commandement plus efficace. Fini l'époque terrible d'Azincourt, Crécy ou Poitiers où les français sont dominés par une organisation militaire bien plus rigoureuses des anglais et un encadrement souvent exemplaire, face à une armée française chevaleresque et combative mais souvent trop téméraire et mal organisée.
Camp Français dans l'hypothèse la plus ancienne selon Léo Drouyn.
Contexte de la Bataille de Castillon
La reconquête progressive de la Normandie par les troupes françaises s’achève avec la victoire à la bataille de Formigny, le 15 avril 1450, et la prise de Cherbourg. À Formigny, on assiste à une première historique : l’utilisation de canons de campagne sur le champ de bataille, sous la direction du canonnier Giribault, souvent appelé Girault. Cette innovation jouera un rôle déterminant lors de la bataille de Castillon.
Le comte de Dunois, alors « lieutenant général des armées » de Charles VII, propose à ce dernier de poursuivre les succès militaires en reprenant la Guyenne, une région correspondant en partie à l’actuelle Nouvelle-Aquitaine. Bien que réticent au départ, Charles VII finit par accepter et confie à Dunois la direction des opérations en Guyenne.
La Guyenne, dominée par les Anglais depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II d’Angleterre au XIIe siècle, présente un contexte très différent de celui de la Normandie. En Normandie, la population locale soutenait majoritairement l’expulsion des Anglais, comme en témoignent les événements à Formigny et ailleurs, où des villageois ont massacré des troupes anglaises. En revanche, en Guyenne, et particulièrement à Bordeaux, la population entretenait d’excellentes relations avec les Anglais, profitant de réductions d’impôts et de nombreux avantages commerciaux.
En Normandie, Charles VII avait su s’attirer les faveurs de la population en allégeant les taxes. Cependant, il ne parvient pas à reproduire cette stratégie en Guyenne, où des maladresses fiscales vont peser sur son image, dans une région largement acquise à la cause anglaise.
Charles VII convoque à Tours les princes du sang, le clergé et les dignitaires du royaume. Ensemble, ils approuvent le projet de Dunois, qui rassemble une armée d'environ 14 000 hommes, incluant des compagnies d’ordonnances, ancêtres des armées de métier modernes. Cette armée, comprenant des officiers tels que le comte de Penthièvre, les frères Bureau (spécialistes de l’artillerie de campagne), et le maréchal de Culant, se met en marche en avril 1450.
La campagne en Guyenne démarre vigoureusement.
Après une série de victoires, dont la prise de Bergerac, Chalais, et Saint-Émilion, Dunois s’approche de Bordeaux en 1451. La ville capitule après des négociations, et Dunois accède aux demandes locales, garantissant le maintien des lois et l’établissement d’un parlement.
À ce moment, la Guyenne est pratiquement entièrement reprise, et beaucoup pensent que la guerre de Cent Ans touche à sa fin.
Dunois, honoré du titre de « restaurateur de la patrie », quitte alors la région. Cependant, Charles VII impose des taxes lourdes aux habitants de la Guyenne, en contraste avec les avantages offerts sous la domination anglaise, provoquant une rébellion.
En réponse, les Bordelais envoient des émissaires à Londres à l’été 1452 pour solliciter l’aide d’Henri VI, déclenchant ce que l’on pourrait appeler « l’appel de Londres » des seigneurs gascons. Henri VI dépêche alors son meilleur capitaine, John Talbot, surnommé localement « le bon roi Talbot », qui débarque en Guyenne en octobre 1452 et reprend rapidement le contrôle de Bordeaux et des territoires environnants.
En juin 1453, Talbot adresse une lettre aux chefs de l’armée française, exprimant un esprit chevaleresque malgré les tensions croissantes. Cependant, les forces françaises, en pleine expansion, se rassemblent pour affronter Talbot lors de la bataille décisive de Castillon.
Cette bataille voit s’opposer Talbot aux troupes françaises commandées par le maréchal de Lohéac, Jean V du Bueil, et les frères Bureau, maîtres de l’artillerie. Ayant déjà pris Castillon en 1451, les frères Bureau connaissent bien le terrain et disposent d’une puissante artillerie, avec des centaines de couleuvrines et de bombardes. La bataille de Castillon marquera la fin des espoirs anglais en Guyenne et la conclusion définitive de la guerre de Cent Ans.
Le retour des Anglais : John Talbot entre en scène
Toutefois, la paix est de courte durée. Mécontent des lourdes taxes imposées par Charles VII, la population de Bordeaux fait appel à l'Angleterre pour retrouver son ancienne alliance. En réponse, Henri VI envoie en 1452 son meilleur capitaine, John Talbot, surnommé le "bon roi Talbot" par certains Gascons. Ce dernier, malgré un serment de ne plus combattre les Français, reprend les armes et reconquiert rapidement une partie de la Guyenne, y compris Bordeaux.
Mais en 1453, face à une nouvelle offensive française, Talbot se retrouve dans une situation de plus en plus difficile. Talbot décide de venir en aide à la ville de Castillon, assiégée par les forces françaises commandées par les frères Bureau, experts en artillerie, et le maréchal de Lohéac.
La bataille de Castillon : Le choc des armées
Le 13 juillet 1453, les Français commencent le siège de Castillon, une ville située à environ 50 km à l’est de Bordeaux. L'armée française, dirigée par des chefs militaires d'expérience, comprend des figures notables comme les maréchaux Loéhac et Jalognes, Jean V de Bueil, surnommé le « fléau des Anglais », et le comte de Penthièvre. Les frères Bureau, maîtres de l’artillerie, et plusieurs autres seigneurs, dont Jean de Beauvau, Godefroy de Grancy, et le comte de Castres, participent également. Ces chefs, entourés de barons, chevaliers et écuyers, forment une force expérimentée d'environ 8 000 hommes, dont 4 000 archers et arbalétriers.
Sous la direction de Jean et Gaspard Bureau, les Français fortifient leur position en creusant des fossés autour d’un camp retranché où ils installent une puissante artillerie. Ce camp comprend plusieurs centaines de bombardes, couleuvrines et ribaudequins, des armes à poudre qui jouent un rôle décisif dans cette campagne. Selon les chroniques, le nombre d’artilleurs varie, mais il est estimé qu’environ 600 à 700 hommes opèrent les canons, ce qui pourrait représenter un arsenal de 200 à 300 pièces d’artillerie, un chiffre impressionnant pour l’époque.
Pendant ce temps, John Talbot, qui se trouve à Bordeaux, reçoit des appels à l'aide des Gascons. Mal informé, il sous-estime la préparation des Français, croyant qu'ils peinent à se fortifier. Cette fausse information retarde son intervention. Finalement, Talbot quitte Bordeaux avec environ 1 000 cavaliers anglais, dont son fils, et 4 000 à 5 000 fantassins qui le suivent à une certaine distance.
Le 17 juillet, Talbot arrive près de Castillon et affronte une avant-garde de francs-archers français, qu’il parvient à repousser après avoir tué entre 100 et 120 hommes. Les survivants se réfugient dans le camp retranché, où les frères Bureau ont préparé leurs canons. Talbot fait alors une pause pour attendre ses troupes à pied, et ses hommes profitent de ce moment pour se rafraîchir. Pendant ce temps, les Français ajustent leurs positions et préparent l’artillerie, sachant qu’il leur faut près de 10 minutes pour recharger leurs canons après chaque tir.
Talbot reçoit de nouvelles informations, erronées, affirmant que les Français sont en pleine retraite. Pensant pouvoir en finir rapidement, il décide d’attaquer. Cependant, en arrivant devant le camp retranché, il se trouve totalement surpris par les fortifications des Français, bien en place et prêtes au combat. Jean Chartier, chroniqueur de l’époque, décrit la réaction de Talbot : « Il fut fort ébahi quand, de ses yeux, il vit les belles fortifications qu’avaient faites les Français. » Les travaux défensifs, réalisés en quelques jours, ont totalement pris Talbot au dépourvu, scellant ainsi son destin lors de cette bataille cruciale.
La mort de John Talbot : Fin d'une ère
John Talbot, combattant valeureux, reste à cheval pour encourager ses troupes jusqu'à la fin. Son cheval est abattu par un coup de couleuvrine, et Talbot est projeté à terre. Bien qu'il tente de se rendre, il est achevé par un archer français. Sa mort symbolise la fin de l'hégémonie anglaise en France. Sa dépouille est reconnue le lendemain ou le surlendeamin par son héraut grâce à une particularité dentaire, marquant la fin tragique de celui que Shakespeare surnomma "l'Achille anglais".
Colonne de Talbot à Castillon sur l'emplacement de l'ancienne chapelle.
La Bataille de Castillon : L'Ultime Combat de John Talbot
Avant d'attaquer le camp français, le chevalier anglais Thomas Evingham conseille à John Talbot, commandant des troupes anglaises, de ne pas poursuivre l'offensive. La situation semble complexe, avec les positions françaises trop bien fortifiées. Cependant, Talbot, connu pour son tempérament fougueux, refuse catégoriquement l'idée de battre en retraite. Pour lui, renoncer à la bataille serait une honte indélébile, impensable pour un chevalier de son rang. Dans le contexte de la guerre de Cent Ans, se retirer sans combattre équivalait à perdre son honneur, une marque d’infamie qu’aucun chef de guerre ne pouvait accepter.
Talbot est réputé pour son agressivité et son courage au combat, comme en témoigne son refus de fuir lors de la bataille de Patay, même alors que son armée fut décimée. Céder face à l'ennemi aurait terni à jamais sa réputation, tout comme celle de Fastolf, qui avait fui à Patay et fut marqué à vie malgré son acquittement. Talbot, fidèle à sa réputation, choisit donc l'affrontement, malgré les conseils avisés de ses conseillers.
Image d'une couleuvrine en action, probabvlement qu'à la bataille de Castillon nous étions sur des couleuvrines équivalentes. Image en IA inspirée d'un dessin dont l'auteur m'est inconnu.
Un Choix Crucial
À ce moment critique, Talbot fait face à un dilemme. S’il attend trop longtemps, il devra affronter non pas un mais trois corps d’armée français, soit environ 24 000 hommes contre ses 8 000 combattants, dont seulement une partie est anglaise. Les autres sont des Gascons dont l'efficacité est fluctuante. Les autres troupes françaises ne sont qu’à un ou deux jours de marche de Castillon, rendant la situation de plus en plus périlleuse pour Talbot. La seule solution viable semble être d’attaquer immédiatement, mais les options se réduisent rapidement.
L'Assaut Fatale !
Malgré les conseils de ses chevaliers, Talbot persiste. Monté sur sa jument, il ordonne à ses chevaliers de descendre de leurs chevaux pour attaquer à pied. L’assaut sur le camp retranché français commence, mais les défenseurs sont bien préparés. Les Français, sous la direction des frères Bureau, répliquent avec une artillerie redoutable, notamment des ribaudequins capables de tirer plusieurs coups à la fois, causant de lourdes pertes chez les Anglais. Malgré une première charge d’une heure, au cours de laquelle les Anglais tentent plusieurs assauts, les Français tiennent bon.
Les Anglais parviennent à planter leurs bannières devant les fossés du camp français, mais cela ne fait qu’encourager une contre-attaque massive. Furieux de cette provocation, les troupes françaises, peut-être avec l’aide de chevaliers bretons, sortent de leur camp retranché pour engager un combat au corps à corps.
Image d'illustration IA inspiré de la bande dessinée : Champ d'Honneur, Bataille de Castillon, bande dessinée disponible ici : https://amzn.to/3Y0WGZU .Contre Attaque du camp français.
La Mort de Talbot
C'est durant cette contre-attaque que Talbot connaît son funeste destin. Alors qu’il galvanise ses troupes depuis son cheval, une couleuvrine française touche sa monture, le faisant chuter. Blessé, Talbot est désormais une cible facile. Plusieurs de ses chevaliers, y compris son fils, tentent de le défendre, mais ils sont massacrés. Un archer français, ne le reconnaissant pas, achève Talbot malgré sa demande d’être pris en rançon, mettant ainsi fin à la vie de l’un des plus grands capitaines anglais de la guerre de Cent Ans.
Talbot, qui avait juré de ne plus combattre les troupes de Charles VII, est finalement tué sur le champ de bataille. Il ne sera identifié que plus tard grâce à son héraut, qui reconnaît son corps à une particularité dentaire, son visage étant méconnaissable.
L'Intervention des Chevaliers Bretons et la Défaite Totale
Après la mort de Talbot, la bataille tourne rapidement en faveur des Français. Les chevaliers bretons, postés en renfort à distance, arrivent sur le champ de bataille et achèvent les dernières résistances anglaises. Pris par surprise, les troupes de Talbot, démoralisées, tournent le dos aux Français et tentent de fuir. Jean Chartier rapporte que c’est une véritable débandade. Certains soldats anglais et gascons se réfugient dans le Château de Castillon, tandis que d’autres fuient vers Saint-Émilion ou tentent de traverser la Dordogne, nombreux périssant dans la tentative.
Le lendemain, les Français assiègent la ville de Castillon, qui se rend sans résistance. Les villes de Saint-Émilion et Libourne suivront, marquant la chute progressive des positions anglaises dans la région.
Un Héritage Ambigu de John Talbot
La mort de Talbot est un coup dur pour l’Angleterre. Considéré comme l'un des plus grands chefs de guerre anglais, il avait marqué la guerre de Cent Ans par son courage et sa ténacité. Cependant, sa témérité lors de la bataille de Castillon lui coûta la vie, et les Anglais, tout en lui reprochant cette défaite, ne peuvent nier l'impact de son leadership. Shakespeare lui-même le qualifiera d'« Achille anglais », une figure héroïque mais tragique de cette longue guerre.
Avec la défaite de Castillon, les combats s’achèvent pour l’essentiel, ouvrant la voie à la reconquête de Bordeaux par les Français. Ce fut la dernière grande bataille de la guerre de Cent Ans, scellant ainsi le destin des possessions anglaises en France.