Histoire de l'Arbalète

 

Arbalète à Cranequin

 Arbalète à Cranequin au Château de Chambord, avec le temps elles deviennent de plus en plus belles mais aussi de plus en plus efficace.

 

Durant des siècles l'arc, seule arme de jet avec le javelot, servait à la chasse comme à la guerre. Mais l'arc n'utilisait que la force d'un bras pour tendre la corde, limitant la puissance à 70 livres environ. L'apparition des casques, des cottes de maille et des armures, poussa à l'invention d'un fût central appelé "arbrier", libérant ainsi le deuxième bras pour armer, donc pour doubler la puissance de 70 à 140 livres environ (photo de gauche) : l'arbalète était née.

Un des avantages de l'arbalète, à ses débuts, est sa formation qui demande moins de temps que pour un archer, les Anglais avaient un "centre" de formation spécifique parce que le maniement de l'arc demandait une certaine expérience et dextérité pour être efficace. L'arbalète par contre est plus simple à mettre en oeuvre pour garder une certaine efficacité, néanmoins avec le perfectionnement des arbalètes, il fut nécessaire de procéder à des équipes spécifiques formées pour le combat, comme sous Charles VII.

En France l'arbalète fut souvent utilisée pendant la Guerre de Cent-Ans, mais c'est surtout Charles VII qui aura une armée d'arbalétriers d'environ 6000 hommes. Vers 1448 - 1450,  il constitue la première unité d'arbalétriers qui est pour ainsi dire la première armée professionnelle, ou armée de métier en France, ce fut la compagnie des Francs-Archers. Les Anglais avaient déjà depuis quelques décennies crée une armée similaire mais avec des archers, archers qui seront d'une efficacité redoutable pendant la guerre. François Ier est un des derniers roi de France à avoir garder jusqu'à 200 arbalétriers comme unité combattante afin d'assurer sa sécurité.

La création des Francs-Archers a été probablement la résultante de batailles perdues par une mauvaise gestion des arbalétriers et des autres unités, sans compter qu'il fallait avoir des personnes ayant une formation adéquate pour assurer une meilleure efficacité. Un exemple c'est la défaite de la Bataille d Azincourt qui fut probablement liée à une mauvaise gestion et coordinations des arbalétriers, des unités à pied ainsi que des chevaliers. En effet ils ont été cantonnés derrière les rangs de chevaliers, laissant de fait les chevaliers se faire massacrer par les longbows sans pouvoir vraiment réagir, et la  pluie qui fut assez dense avait rendu certaines arbalètes inopérantes.

  

Arbalète Chinoise

Arbalète chinoise à répétition, le gros bloc au dessus permet de recharger son arbalète en flèche plus rapidement, un peu comme un chargeur de fusil automatique.

 

Si les Chinois ont surement inventé l'arbalète, ce furent les croisades et les guerres qui améliorèrent les performances et les mécaniques jusqu'au XVème siècle , ci-dessus reconstitution d'une arbalète chinoise avec un système ingénieux de rechargement. 

Alexandre le Grand pendant ses conquêtes utilisaient également les arbalètes. Cette arme utilisée par les hoplites d'Alexandre le Grand ( - 330 av. J.C ) s'armait en poussant avec la poitrine d'où gastra... gastrique...(estomac)...La Gastraphète est probablement d'origine Grecque initialement. La portée de cette arme était d'environ 130 mètres.

 

Gastraphète sous Alexandre le Grand

 Gastraphète sous Alexandre le Grand, reconstitution.

 

La puissance de l'arbalète est due à son arc qui, à son début, était composée d'if, de frêne, de tendon, voire de fanons de baleine. L'association de ces divers composants rendait la tension avec les deux bras quasiment impossible. Les cordes, quant à elles, composées de chanvre, de soie, de tendons, suivaient l'évolution.
 

 arbalete tension par crochet de ceinture

Au XIème siècle, un crochet de ceinture et un étrier facilitèrent l'armement par une poussée du pied.

 


Très vite, les bois composites, durcis à la colle de poisson, permirent d'atteindre 160 à 190 livres et  en tir tendu ou direct ( à l'horizontal, donc pas un tir en cloche qui permettait une portée plus importante ) d'une portée de 100 mètres, voire plus. Cette puissance en faisait l'arme la plus meurtrière du Moyen-Age. D'ailleurs l'Eglise au Concile de Latran (1139) en interdit l'utilisation…

 

Arbalète à Crochet

Au XIIIème siècle, le levier d'armement apparaît apportant une certaine rapidité de maniement (3 carreaux/minute) , en bas à gauche reconstitution d'une arbalète chinoise.

 

Le système mécanique de gâchette va évoluer également, passant d'une simple poignée à bascule à une barrette basculante.  

Au début du XIVème siècle, nouvelle évolution, à la bataille de Crécy (1346), les arbalétriers génois moulinaient un système à roulettes appelé "moufle" ou "girelle" . La manipulation peu pratique va diminuer la cadence de tir à 2 carreaux/minute.

 

Arbalète à Manivelle

Arbalète à Manivelle

Puissance et précision arrivent à maturité à la fin du XIVème siècle avec l'arrivée de l'arc en acier, au lieu de celui en bois. Les pertes de puissance dues à l'humidité du bois disparaitrons. De plus une noix tournante remplaça la bascule de retenu, le contact direct de la corde avec le carreau évite toute perte de charge, permettant, par ce fait, de gagner encore une cinquantaine de mètres supplémentaires.

La puissance de l'arme demandant plus de force pour la bander, le rechargement se fait par un "cranequin" ou un cric manœuvré par manivelle crantée.

 

 

 

 

Les Carreaux d'arbalètes


Après ces différents moyens de tendre la corde, passons aux flèches, appelées "carreaux". Ces carreaux longs de 25 à 32 centimètres, plus lourds qu'une flèche, avaient un impact très destructeur. Une armure à 150 mètres pouvait sans peine être  traversée suivant la performance de l'arme. 

En partant de la Gauche sur la photo :

Carreaux arbalètes, 1) Matras 2) Tranchoir 3) Goujon 4) Vireton 5) Pointeau 6) Feuille

Carreaux arbalètes, 1) Matras 2) Tranchoir 3) Goujon 4) Vireton 5) Pointeau 6) Feuille

Il existait différentes formes de carreaux : madras, (sans pointe pour la chasse), perce maille, feuilles de laurier, tranchoirs (pour couper les jarrets des chevaux ou les cordages), mais surtout le célèbre vireton, ventru qui partait en tournant, perforant tout sur son passage.
Une trousse en peau ou une boîte en bois pouvait transporter quelques 25 carreaux.

C'est avec un vireton d'Arbalète (4) que Jeanne d'Arc à Paris, siège de Paris, porte de Saint Honoré, eut sa quatrième blessure.

 

Pavois

 

Pour se garantir des grêles de flèches ennemies et pouvoir réarmer son arme en sécurité, chaque homme se baissait derrière un "pavois" en bois très épais de 3 à 5 centimètres d'épaisseur coincé en terre par un piquet. ( ci-dessous )

L'arbalète puissante et précise, dont la performance pouvait être comparée à celle d'un fusil napoléonien, avait une qualité supplémentaire… la traîtrise de son silence.

L'arbalète restera présente, longtemps après l'apparition du trait à poudre et de l'arquebuse.

Le Renaissance conservera encore quelque temps cette arme. François Ier avait une garde personnelle de 200 arbalétriers !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

arbaletrier XVIe siecle arbalete

Gravure fin XIXe siècle, arbalètrier du XVIe siècle.

 

 

Grandes dates et batailles qui ont utilisées l'Arbalète

Liste non exhaustive

 

Bataille de Crécy

Les Français à gauche  avec les arbalètes ( principalement des gênois ) et les Anglais à droite avec leur Arc Longbow moins puissant mais permettant de tirer plus de flèches à la minute.

 

500 à 1000 : Époque des Mérovingiens et Carolingiens : utilisation des Arcs en bois composites

1066 : Bataille de Hastings, avec l'apparition d'Arbalète à "gâchette tournante"

1re croisade : Arbalète à crochet de Ceinture

1139 : Le Concile de Latran interdit l'arbalète, sauf pour combattre les infidèles, mais en réalité se fut peu suivi d'effet ...

1199, Richard Coeur de Lion, meurt d'un tir d'arbalète le 6 avril devant le Château de Chalus.

1337 : Début de la guerre de Cent Ans, apparition de l'arbalète avec levier d'armement.

1340 : Bataille maritime de l'Écluse

1346 : Bataille de Crécy

1365 : Charles V crée les compagnies d'ordonnances et les arbalétriers passent de 200 à 800 en 1375. Arbalète 'arc Acier' et 'moufle'. Ce sont des compagnies qui sont bien payées pour l'époque, en comparaison des soldats du "rang".

1415 : Bataille d'Azincourt

1424 : Bataille de Verneuil

1445 à 1448 : Sous Charles VII, les compagnies passent à environ 6000 hommes. Création des 'Francs-Archers' qui devient en quelque sorte une armée de métier, la première du genre pour le royaume de France, Arbalète à 'cric'

1450 : Bataille de Formigny

1453 : Bataille de Castillon

1475 : Dissolution des ' Compagnies' et regroupement en 'Quartiers'

1515 : Bataille de Marignan

1522 : Bataille de la Bicoque

1575,  Charles IX , supprime par décret les archers et arbalètes.

 

 

 

Vif remerciement à Serge BOULLAY (Me RAMVILLE) sans qui ce texte n’aurait pas pu être aussi précis, ainsi que ses photos. Vous pouvez en savoir plus ici sur ses animations, notamment au Fort de Challeau, Dormelles.

 


 

 


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