L'hôtel Goüin, situé dans la ville de Tours, porte le nom d'une famille ayant gardé l'hôtel depuis 1738, est un des plus beau hôtel particuliers de la région Centre-Val-de-Loire. Il possède une des premières façades italianisante de la ville de Tours. Il appartient aujourd'hui Conseil Général de l’Indre-et-Loire qui en a fait un lien d'art et de culture ouvert au public.

L’Hôtel Goüin, joyau de la Renaissance à Tours

Situé en plein cœur du Vieux-Tours, au 25 rue du Commerce, l’Hôtel Goüin est l’un des rares témoignages encore visibles de l’architecture Renaissance à Tours. Cet hôtel particulier du XVe siècle, classé monument historique depuis le 7 août 1941, fascine par sa façade sculptée et son riche passé, mêlant histoire urbaine, grandes familles tourangelles et patrimoine architectural.

 

L'hôtel Goüin dans la ville de Tours

 

 


Un édifice ancré dans l’histoire de Tours

L’origine de l’hôtel remonte au XVe siècle, lorsqu’un riche marchand, Jean Gaudin, devenu trésorier de l’Anjou et maire de Tours en 1473, fait construire un premier corps de logis avec tourelle d’escalier. Son fils, Victor Gaudin, trésorier de la reine Anne de Bretagne, procède à des remaniements, avant que l’hôtel n’échoie à son frère Nicolas Gaudin. Ce dernier, homme influent et propriétaire des châteaux de La Bourdaisière et de Jallanges, transforme profondément l’édifice.

C’est à cette époque qu’est édifiée la somptueuse façade sud, mêlant gothique flamboyant et influences de la première Renaissance italienne, une prouesse architecturale antérieure même à celle du Château d’Azay-le-Rideau.


Transmission et embellissements au fil des siècles

Au fil des générations, l’hôtel passe entre les mains de grandes familles tourangelles : les Gardette, Compain, Pommier, puis Douineau. En 1738, Henri-François Goüin, fondateur de la Banque Goüin, en fait l’acquisition. L’hôtel devient alors le siège de la dynastie bancaire tourangelle. La famille y engage de nombreux travaux : agrandissement de la cour sud, ouverture sur la rue, reconstruction du grand corps de logis nord (1766), puis démolition de bâtiments pour améliorer la perspective sur la cour (1810).

L’Hôtel Goüin accueille également de prestigieux hôtes comme le général Philippe-Paul de Ségur en 1813. Restauré à plusieurs reprises au XIXe siècle, notamment par les architectes Meffre et Hardion, il incarne l’élégance classique tout en conservant ses racines médiévales.


Destruction, renaissance et vocation muséale

Durant la Seconde Guerre mondiale, les bombardements de 1940 détruisent presque entièrement l’hôtel, n’épargnant que la façade sud et la tourelle d’escalier. Reconstruit partiellement dans les années 1950 sous la direction de Bernard Vitry, architecte en chef des Monuments historiques, l’édifice retrouve une partie de son éclat grâce à la famille Goüin, qui finance en partie les travaux.

En 1925, la famille avait légué l’hôtel à la Société archéologique de Touraine, tout en continuant à l’occuper. À partir des années 1960, l’Hôtel Goüin devient musée. En 1977, il est cédé au Conseil général d’Indre-et-Loire pour un franc symbolique, et intègre les collections archéologiques et artistiques de la SAT.


Fouilles et redécouvertes

Les restaurations des années 2010 permettent de grandes avancées : des fouilles révèlent l’existence d’une maison longue du XIIe siècle sous la cour sud, comprenant quatre arcades et un puits, recouverts au XIXe siècle. Ces vestiges enrichissent encore le site, qui conserve également des éléments gallo-romains dans son sous-sol.


L’Hôtel Goüin aujourd’hui

L’Hôtel Goüin est aujourd’hui un lieu culturel vivant. Il accueille expositions temporaires, événements artistiques et visites guidées, au cœur d’un édifice au charme intemporel. Entre vestiges médiévaux et élégance Renaissance, il reste l’un des emblèmes patrimoniaux les plus précieux de la ville de Tours.

 

Vers 1491, date de construction de l’hôtel, grâce à une date dans l’escalier à vis.

Vers 1510, René Gardette fait remanier la façade sur cour de son hôtel du XVe dans le goût italien. Trois avant-corps sont construits devant la façade.

Vers 1560, René Gardette, dit le Jeune, riche marchand en soierie et maire de Tours, fait sculpter ses armoiries sur la façade.

1738, le banquier Henri Goüin achète cet hôtel, il va rester dans la famille jusqu’en 1925.

1810, afin d’ouvrir la cour au Sud, Alexandre-Pierre Goüin fait démolir le bâtiment qui fermait la cour.

1840, Alexandre-Pierre Goüin entreprend la restauration de la façade avec l’architecte Jacques Meffre de la ville de Tours. Il fonde également la Société Archéologique de Touraine.

1900, Jean Hardion, architecte en chef des Monuments Historiques, restaure à nouveau la façade, à la demande d’Eugène Goüin, alors maire de Tours et sénateur.

1925, l’hôtel est légué à l la Société Archéologique de Touraine fondée par Alexandre-Pierre Goüin.

1940, le 21 juin, l’hôtel brûle dans un incendie suite à des tirs allemands. Il est quasiment détruit sauf la façade Sud.

1941, classement au titre des Monuments Historiques.

1958, Bernard Vitry, architecte en chef des Monuments Historiques, achève la restauration de l’Hôtel.

1977, Société Archéologique de Touraine fait don de l’hôtel au Conseil Général de l’Indre-et-Loire.

2010, nouvelle restauration, lors des fouilles il est découvert la cour d’une maison longue du XIIe et son puits. Certaines sculptures ont été traitées avec des compresses d’eau déminéralisée pour enlever le salpêtre qui les dégradait. Ensuite elles ont été consolidées avec du silicate d’éthyle pour les préserver de la pluie et du gel. Le gel est un des principaux destructeurs de pierre, en effet en hiver lorsque l’eau pénètre dans la pierre, sous l’effet du gel, elle fait éclater la pierre.

Grâce à des photographies de 1900, les sculptures qui étaient devenues illisibles sont été refaits à l’identique.

Sculptures de l’Hôtel 

 

Sculptures de l’Hôtel

L’acanthe, plante rustique, luxuriante, avec de grandes feuilles. Elle remplace le motif du chou frisé très prisé à l’époque gothique. On la retrouve sur l’autel de la Paix d’Auguste à Rome.

Coupes de fruits et cornes d’abondance, symbole de prospérité évoquant l’âge d’or où la terre fournir en abondance de la nourriture à l’homme.

Pilastres cannelés, chapiteaux, médaillons et couronnes, candélabre. Les armoiries sont celles de la famille Gardette. On peut y voir aussi un dauphin et un aigle.

 

 

 

Photographies

 


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