Château de Gournay-sur-Marne
Le petit Château de Gournay sur Marne est édifié en 1680 [1] dans la ville de Gournay sur Marne. Il fait partie des châteaux assez méconnus de la région parisienne excepté des habitants de la ville et des alentours.
Le site est dans un parc ouvert tous les jours, profitant notamment des bords de Marne, assez joli dans cette partie dotée de pistes cyclables de qualité. Cette petite ville de 6000 habitants environ a réussi, plus ou moins avec succès, à garder son charme et une qualité de vie qui tranche beaucoup avec une grande partie du département du 93.
Situé sur la rive gauche des bords de Marne, c’est un château d’une taille modeste mais dans un style français assez classique et en très bon état. Il est à 3 km du château de Champs-sur-Marne.
Informations
- Adresse : Mairie et Château Parc de la Mairie avenue Foch 93460 Gournay-sur-Marne
- Google Maps : Carte
- Téléphone : 0687011171
- Email :
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- Site : Mairie : http://www.ville-gournay-sur-marne.fr/ - Société Historique de Noisy-le-Grand, Gournay-sur-Marne, Champs-sur-Marne. http://noisygournaychamps.free.fr/
- Heures d'Ouvertures & Visites ( à titre indicatif, changement d'horaire possible, toujours se référer au site officiel avant tout déplacement ) : :
Pour Visite libre à toute heure de l'extérieur, pas de visite intérieur. C'est l'actuelle mairie de Gournay sur Marne.
Gournay sur Marne existe depuis au moins un siècle avant J-C grâce notamment à des fouilles archéologiques qui ont permis de déterminer une datation plus précise.
En 1063, Guy le Rouge de la famille de Montlhéry, famille très puissante à l’époque et pendant plusieurs générations, devint seigneur de Gournay. Guy II de Montlehery dit "le rouge", époux d'Elisabeth de Crecy est Comte de Rochefort (en Yvelines), seigneur de Châteaufort , de Gournay-sur-Marne et de Crecy en Brie du fait de sa femme. Sénéchal de France (avant 1095), il est fondateur du prieuré de Gournay. source : https://issuu.com/jfblanc/docs/name0bc344/232
La biographie de Louis VI d'Éric Bournazel ne donne pas plus d'informations. La fortune de la famille de Garlande commence à la fin du règne de Philippe Ier avec Gilbert dit Païen et se développe avec Étienne de Garlande pendant le règne de Louis VI.
Devenu chancelier de France, seigneur de Livry, il y construit un manoir. Quelques habitations de serfs se regroupent alors autour du château. Le seigneur était très apprécié du peuple, grâce aux donations qu'il fait en 1111 au monastère de Saint-Martin-des-Champs. Il meurt en 1120 On ne le connait qu'indirectement : un texte du XIème siècle voit Anseau de Garlande, fils d'Adam, renoncer avec ses frères à l'avouerie de SaintPierre de Lagny.
Il est nommé Guillaume selon La Chesnaye. source : https://issuu.com/jfblanc/docs/name0bc344/232
Passer le Pont de Gournay
"pasé le pô de ɡurnè"
L'expression "passer le pont de Gournay" est née au XIIe siècle dans l'Abbaye de Chelles, en Seine-et-Marne. À l'époque, les bénédictines de l'abbaye avaient tendance à rendre visite ou accueillir leurs confrères masculins du prieuré clunisien édifié par Guy le Rouge. Pour ce faire, elles devaient traverser la Marne, enjambée par le pont de Gournay.
Mais le pont de Gournay n'était pas seulement un obstacle physique. Il était aussi un symbole de la limite entre le monde des femmes et le monde des hommes. En traversant le pont, les nonnes et les moines franchissaient également les bornes de la décence telles que voulues par la règle de saint Benoît.
Le XIIIe siècle fut une période de relâchement moral pour l'ordre de Cluny. En concurrence féroce avec les franciscains et les dominicains, les moines clunisiens se laissaient aller à des excès. C'est à cette époque que l'expression "passer le pont de Gournay" commença à être utilisée pour désigner les relations amoureuses entre les nonnes et les moines.
L'expression était à la fois un symbole de la transgression et de la liberté. Elle était une manière de défier les conventions religieuses et morales de l'époque. C'est pourquoi elle a connu un tel succès.
L'expression "passer le pont de Gournay" a continué à être utilisée au fil des siècles. Elle a dépassé les frontières de l'abbaye de Chelles et de l'ordre de Cluny. Elle est aujourd'hui utilisée pour désigner toutes les relations amoureuses qui transgressent les conventions sociales.
L'expression est toujours populaire car elle évoque un sentiment de liberté et d'interdit. Elle est une manière de défier les règles et de vivre sa vie comme on l'entend.
source : https://www.mots-surannes.fr/?p=18923
Histoire physique, civile et morale de Paris, depuis les premiers temps...
Par Jacques Antoine Dulaure , 1823, Tome II
Hugues de Pompone, seigneur de Crécy, châtelain de Gournay, fils de Guy, comte de Roche-fort, favori du roi Philippe Ier, volait les bateaux des marchands qui naviguaient sur la Marne, et transférait le fruit de ses rapines dans la forteresse de Gournay.
Un jour il enleva à des marchands plusieurs chevaux sur le chemin royal et les conduisit dans la même forteresse : alors le prince Louis vint assiéger le château de Gournay. Guy, comte de Rochefort, père de Hugues de Pompone, et Thibaud, comte de Champagne, vinrent au secours du noble voleur ; mais le prince parvint à mettre ses auxiliaires en déroute, et à prendre le château de Gournay ».
On a par ailleurs une anecdote assez intéressante dans le livre sur la prise du fort par Louis VI qui permet également d’en savoir un peu plus sur les coups foireux que les assiégés pouvaient faire aux assiégeants.
Dictionnaire historique de la ville Paris et de ses environs
Par Pierre Thomas Nicolas Hurtaut,Magny – 1779
« Le roi pour faire réduire cette forteresse avait construit une tour haut et forte avec un pont-levis qu’on abattit sur les murailles [2]. Mais les assiégés avaient dressés des pieux pointus et les avaient couverts de pailles. Si bien que lorsque les plus hardis sont entrés marchant sur les pailles sans méfiance, ils se trouvèrent empalés. » [3]
En 1330, la reine Jeanne d’Evreux fit l’acquisition de la seigneurie et sa fille Blanche en fit une donation au roi Charles V en 1376. Dès lors le domaine fait partie du domaine royal.
Un Kennedy capitaine de Gournay sur Marne
Hugh Kennedy, fils de Gilbert Kennedy de Dunure et d'Agnes Maxwell, était issu d'une famille écossaise influente et liée à la royauté. Les Kennedy dominaient la région de Carrick, en Écosse, depuis leur château ancestral de Dunure.
Destiné à une carrière religieuse, Hugh, connu sous le nom de "frère Hew", quitta le monastère de Blackfriars à Ayr pour s'engager dans une aventure bien différente : il rejoignit la France en tant que soldat-mercenaire sous les ordres du comte de Buchan, afin de combattre les Anglais durant la guerre de Cent Ans. Il se distingua rapidement, notamment lors de la bataille de Baugé en 1421, où les forces franco-écossaises infligèrent une lourde défaite aux Anglais. En 1427, il se fit à nouveau remarquer lors du siège de Montargis, où il combattit aux côtés de figures illustres telles que Dunois et La Hire.
En 1428, alors qu'Orléans était assiégée par les Anglais, et avant l'arrivée de Jeanne d'Arc, Hugh Kennedy parvint à pénétrer dans la ville pour ravitailler la population. L'année suivante, il participa à la bataille des Harengs, défaite française, et joua un rôle actif au Conseil de guerre. Il était également présent aux côtés de Jeanne d'Arc lors de l'Action de grâce à la cathédrale d'Orléans, puis assista au couronnement de Charles VII à Reims. En 1432, il défendit courageusement la ville de Lagny contre le duc de Bedford.
Entre 1434 et 1436, Hugh fut nommé écuyer de l’écurie royale de Charles VII. Il se vit confier une mission diplomatique de grande importance : représenter la France en Écosse et ramener la princesse Marguerite, destinée à épouser le Dauphin Louis. Après cette mission, il revint à la vie religieuse et devint chanoine régulier au monastère de Saint-Jean de Sens, grâce à l’intervention personnelle du roi Charles VII auprès du pape. Par la suite, il fut nommé doyen de la Chapelle royale de St Andrews, trésorier de Glasgow et archidiacre de St Andrews, sous la recommandation du roi d’Écosse.
Conseiller proche de Charles VII, Hugh Kennedy reçut la châtellenie de Gournay-sur-Marne en reconnaissance de ses services, ainsi que l'honneur d'ajouter une fleur de lys à son blason, symbole de la gratitude du roi de France.
Aujourd’hui, l’héritage de Hugh Kennedy perdure. Deux écoles situées près de son château en Écosse portent un uniforme bleu et jaune, en hommage à son engagement au service de la France et à l’amitié franco-écossaise qu’il a contribué à renforcer. source : https://catherinedemontsalvy.ch/French/Histoire/Gallery/Hugh_Alan_Kennedy.htm
Pendant la guerre de Cent Ans, Jeanne d’Arc y fit un court passage après avoir délivré sans combattre la bourgade de Lagny.
Les Guerres de Religion font rage comme un peu partout, et Henri IV y fit construire alors un château dit le Pillebadaut ou Pille Badaud. Les combats furent terribles. Face à Henri IV se trouvait aussi l’armée espagnole menée par le Duc de Parmes. Le fort avait pour objectif d’empêcher le ravitaillement vers Paris. Le nom étrange donné à ce fort s’explique assez bien dans cet ouvrage :
Journal du règne de Henri IV, roi de France et de Navarre, Volume 1
Par Pierre de L'Estoile - 1741
« 1592 : Le Vendredi 9 Octobre, quelques Parisiens revenant de la campagne s’étaient aperçus que le fort que le Roy faisait bâtir dans l’île de Gournay était déjà fort avancé et que bientôt il serait en état d’empêcher Paris de recevoir des vivres par la rivière de Marne, qu’ils s’imaginèrent que le Roi ( Henri IV ) voulait affamer Paris. Les premiers qui entendirent leurs discours tombèrent dans la même crainte, ceux-ci entrainèrent d’autres; en moins d’une heure la crainte de mourir de faim fut répandue dans tout Paris; et donna sujet à de grands murmures contre le gouvernement, dès ce jour ce fort fut appelé Pillebadaut. » [4]
Dans le même ouvrage, on apprend que le fort possédait 6 pièces de canon et les munitions nécessaires, mais surtout que les bastions étaient en terre (donc pas de renfort de pierre) et que Mr de La Nouë en était le gouverneur. C’était donc un fort assez petit et compact, mais Henri IV avait préféré mettre la troupe principale à Champs sur Marne.
Toujours en rapport avec cette guerre, un texte issu des "Mémoires secrets de Gabrielle d'Estrée" [5], le grand amour d’Henri IV, fait référence à cette bataille par un dialogue au début assez dur mais courtois entre De la Nouë (de Lanoue dans le livre) et Henri IV.
Alors que Gabrielle d’Estrées est en conversation sur le Louvre et au Louvre (alors en construction) avec Henri IV, lorsque De la Nouë entre avec fracas :
Tout soudainement M de Lanoue cramoisi de colère perça la foule des courtisans et se planta devant Henri les bras croisés et mordant les lèvres.
- Le Roi : Vive Dieu mon ami dit le roi votre fort de Gournai est-il enlevé par surprise ou trahison ?
- De Lanoue : Non sire, repartit-il, les remparts de Pillebadaud tiendront plus long temps que la Ligue mais ma patience est de petite résistance et le diable l’emporte.
- Le Roi : Çà mon cher Lanoue qui vous évertue à crier si haut ! L’ire est mauvaise conseillère dites-moi la cause de tout ce bruit que j’y remédie si c’est possible.
- De Lanoue : Quoi sire par le bras de fer de feu mon père n’est ce pas vergogne pour vous et moi, que sous vos yeux, des gens de justice viennent saisir mes équipages !
- Le Roi : Vous avez donc des dettes mon pauvre Lanoue ?
- De Lanoue : Oui sire tout l’argent que mon père emprunta pour votre cause.
- Le Roi : Je me souviens en effet qu’il était un fidèle serviteur et honnête gentilhomme lequel empruntait avec ferme résolution de rendre.
- De Lanoue : Certes sire et malgré moi carrosses et chevaux ont payé cette grosse somme qui n entra point en notre bourse, et Dieu me garde de vous en faire reproche aucun mais l’ire me transporte de penser mes équipages furent la proie des créanciers
- Le Roi : Ventre-saint-gris M de Lanoue il faut que chacun paie ses dettes puisque je paie bien les miennes !
- De Lanoue : Ah cette parole est équitable mais dure en votre bouche
- Le Roi : Voici les moyens de payer vos dettes ajouta ce grand roi. Le tirant à part et à voix basse en ce sac de peau sort trois diamants de la couronne “que je vous prie d’engager au lieu de vos équipages”
- De Lanoue : Non sire cette grande bonté dont vous êtes coutumier tourne à ma confusion et j’ai honte de m’être tant ému d’un fait auquel vous ne pouvez rien.
Construction du château
Etienne Le Vassor, dont il reste encore une pierre tombale dans l’église de Gournay, maria sa fille Marie Le Vassor en 1674 avec Louis Ancelin, fils d’une des nourrices de Louis XIV (Perrette Dufour native de Montesson), mais également contrôleur général de la maison de la reine Marie-Thérèse. C’est sa fille qui va faire construire le château actuel à partir de 1680.
En 1694, à la mort de Louis Ancelin, sa veuve et ses enfants, par arrêt du 10 novembre 1694, reçurent 2 000 livres de pension. Marie d’Ancelin vend le château en viager et respectant les dernières volontés de son mari en le faisant enterrer auprès de sa mère dans l’église de Gournay. [6]
Claude Élysée de Court (1665-1752) va devenir propriétaire du domaine. Exilé après sa défaite à la Ciotat en 1744, il va entreprendre beaucoup de travaux de décoration et faire aménager le parc.
Sur le plan de gauche, il s’agit d’un cadastre de 1819. Le numéro 56 représente le château actuel avec son pont en face, qui existe toujours mais dormant. Le 58 représente la ferme, remplacée totalement par une école municipale. Les deux petites tours entourant le pont existent encore et ont pu servir de pigeonnier.
Au début des années 1900, la famille Nast va transmettre par alliance le château à Roger Ballu alors maire de Gournay. Ses enfants vendirent par la suite le château à la municipalité qui s’y installa en 1925 [7].
En 1945, il est inscrit dans l’inventaire des Monuments Historiques.
Exposition de voitures anciennes en 2022
Sources :
[1] J’ai souvent deux dates qui apparaissent, 1667 et 1680. Mais 1680 est plus proche de la réalité puisque Louis d’Ancelin fit détruire à partir de cette date le château primitif. Donc sans document attestant la construction en 1667, il est difficile d’accréditer cette date. D’autant plus que Louis d’Ancelin ne se maria avec la fille d’Etienne Levassor qu’en 1674 et reçut en dot la seigneurie, il est donc impossible que la construction soit antérieure ( sauf preuve irréfutable du contraire ).
[2] Il s’agit probablement d’un Beffroi (tour de siège utilisée depuis l’Antiquité).
[3] Texte que j’ai modifié un peu pour qu’il soit compréhensible mais toujours dans l’esprit initial, donc dans un français compréhensible mais pas irréprochable.
[4] Je l’ai modifié dans un français plus proche du nôtre, en essayant de garder son état d’esprit initial, il ne s’agit pas d’une traduction mais d’une élaboration pour qu’il soit plus facilement lisible. Ce texte est assez intéressant car il montre comment à l’époque naît une rumeur partie d’un fait réel mais totalement déformée et accentuée par les “on-dit”. Il peut aussi s’agir d’une forme de désinformation politique dans le but de soulever la ville de Paris ou tout simplement de faire peur et de la soumettre psychologiquement aux assiégeants.
[5] Ce livre n’a pas été écrit de son vivant mais après sa mort par une de ses amies. Je crois qu’on n’en connait pas l’auteur cependant.
[6] Voir ce Lien sur Perrette Dufour : http://aaaf.free.fr/_F_1.htm
[7] Source : http://fr.topic-topos.com/chateau-de-gournay-gournay-sur-marne
[8] http://noisygournaychamps.free.fr
[9] http://www.templedeparis.fr/