La bataille de Baugé, dans l'actuel Vieil-Baugé, qui eut lieu le 22 mars 1421, marque un tournant décisif dans la guerre de Cent Ans, opposant le royaume de France et ses alliés écossais à l'Angleterre. En pleine campagne militaire anglaise visant à consolider leur domination sur la France, le jeune roi Henri V, victorieux quelques années plus tôt à Azincourt, envoie son frère, Thomas de Lancastre, duc de Clarence, mener une expédition punitive en Anjou.
 
Mais à Baugé, les Anglais, sûrs de leur supériorité, tombent dans un piège tendu par l’armée franco-écossaise. Ce qui devait être une démonstration de force tourne rapidement à la débâcle pour les troupes anglaises, le duc de Clarence trouvant la mort au cours des combats.
Ce revers inflige un coup dur à l'armée anglaise, renforçant la résistance française et redonnant espoir à Charles et marquant la montée en puissance des troupes écossaises dans le conflit.
 

Contexte

 
Le 21 mai 1420, le traité de Troyes déshérita le dauphin Charles, futur Charles VII, pour ses "crimes horribles". Ce traité ne fut cependant reconnu que dans les régions occupées par le roi d'Angleterre et le duc de Bourgogne. Le 1er décembre 1420, Henri V fit une entrée triomphale à Paris en compagnie du duc de Bourgogne et de Charles VI. Les États approuvèrent le traité de Troyes le 6 décembre et le parlement banni le dauphin le 3 janvier 1421. Les deux royaumes étaient désormais alliés sans obstacle. Le roi d'Angleterre retourna auprès de ses sujets anglais et laissa son jeune frère Thomas, duc de Clarence, diriger l'armée d'occupation pour récupérer les territoires encore occupés par les Armagnacs et le dauphin déshérité.
 

Le dauphin Charles scella une alliance avec les Écossais, obtint des renforts importants et les utilisa pour tenter de reconquérir son royaume. En 1421, de 5 000 à 6 000 Écossais débarquèrent à La Rochelle pour aider les Français.

 
 
vieil bauge bataille

Vieil Baugé, lieu où la bataille s'est déroulée, entre l'église notamment et le petit pont.

 

Déroulement de la Bataille de Baugé

panneau commemoration bauge

Le 22 mars 1421, la veille de Pâques, les 3 000 hommes de l'armée anglaise du duc de Clarence se reposaient à Beaufort en Vallée. Ayant échoué à prendre Angers, ils se dirigeaient vers Tours sur une ancienne voie romaine. Certaines de leurs forces étaient dispersées, notamment les archers qui s'étaient éloignées pour piller les alentours. Cependant, un chevalier écossais fut capturé et amené au duc de Clarence, qui apprit ainsi l'existence d'une force franco-écossaise de 5 000 hommes dans les environs. Quelques heures  avant le coucher du soleil, le duc décida de profiter de l'effet de surprise et d'attaquer avec sa seule cavalerie sans attendre le reste de son armée, principalement les archers.

En clair le duc de Clarence va se retrouver face à la force franco-écossaise de 5 000 soldats dirigée par John Stuart, comte de Buchan pour les Écossais, et par Motier de Lafayette, chambellan du dauphin pour les Français.

En respect de la Trêve pascale, une attaque était prévue pour le lundi. Cependant, des éclaireurs écossais ont été capturés et leur présence a été trahie. C'est alors que, quelques heures avant la tombée de la nuit, le duc de Clarence décida d'attaquer par surprise, réunissant à la hâte ses troupes à cheval et partant par le chemin le plus court vers Baugé.

LES ÉVÉNEMENTS DE LA BATAILLE

eglise vieil bauge

Lorsque les Anglais sont arrivés près de Baugé, ils ont vu des archers écossais sur les hauteurs. Pour les affronter, les cavaliers anglais ont dû traverser le Couasnon en crue. Le passage était étroite et a ralenti les hommes et les chevaux. Les Anglais ont d'abord mis en déroute un petit groupe, puis sont allés à Baugé. Lorsqu'ils sont arrivés dans le bourg du Vieil-Baugé, un avant-poste angevin commandé par Jean des Croix s'est réfugié dans l'église. Les troupes du Dauphin qui se trouvaient entre Baugé et le Vieil-Baugé se sont alors organisées pour se battre. Des renforts sont rapidement arrivés pour soutenir les angevins en première ligne. Le détachement du duc de Clarence a été encerclé autour de l'église et dans le cimetière.

Les cavaliers anglais laissés sur l'autre rive avaient du mal à traverser et leurs chevaux se sont enlisés dans les terres humides. Les archers franco-écossais avaient l'avantage du terrain, surplombant la vallée. Les Anglais qui ont réussi à traverser le cours d'eau se sont retrouvés sous les flèches et les coups de piques du côté du pont défendu par Jean de Fontaine. Des combats acharnés et désordonnés ont eu lieu dans tout le village du Vieil-Baugé. Les troupes anglaises se font massacrés autour du pont :  Le duc, le baron de Ros et le comte de Tancarville sont tués, les comtes d'Exeter, de Somerset et de Huntingdon sont capturés, et les pertes anglaises s'élèvent à 1 000 hommes, avec 500 prisonniers. Les pertes franco-écossaises sont minimes. Dans la nuit, le comte de Salisbury effectue la retraite vers la Normandie avec le reste de l'armée.

En reconnaissance de sa participation à la bataille de Baugé, Jean Stuart de Darnley reçoit la seigneurie de Concressault près de Sancerre et devient plus tard seigneur d'Aubigny-sur-Nère en mars 1423. John Stuart de Buchan, le comte écossais, reçoit de Charles VII l'épée de Connétable de France en avril 1424 en reconnaissance de ses efforts.

 

 

 

La bataille de Baugé, qui opposa les Anglais à une armée franco-écossaise le 22 mars 1421 à Baugé, en France, à l'est d'Angers, fut une défaite majeure pour les Anglais lors de la guerre de Cent Ans. L'armée anglaise était dirigée par le frère du roi, Thomas, duc de Clarence, tandis que les Franco-Écossais étaient commandés par John Stewart, comte de Buchan, et Gilbert Motier de La Fayette, maréchal de France. L'armée anglaise comptait 4 000 hommes, mais seulement 1 500 furent déployés contre 5 000 Français et Écossais.

Contexte
En 1415, Henri V, avec l'intention de reprendre la guerre, quitta l'Angleterre pour la France avec une force d'environ 10 500 hommes. Il mena ensuite une campagne militaire couronnée de succès, notamment la victoire décisive à la bataille d'Azincourt, et reprit à la couronne française une grande partie des terres précédemment détenues par l'Angleterre en France.

Les Écossais étaient alliés à la France depuis 1295. En 1419, la situation en France était désespérée. La Normandie avait été perdue aux mains des Anglais, et Paris était contrôlée par les Bourguignons. La France était en pleine guerre civile entre la faction royaliste et les partisans des ducs de Bourgogne. Dans ces circonstances dégradées, le Dauphin appela les Écossais à l'aide. Une armée écossaise fut rassemblée sous le commandement de Jean, comte de Buchan, et d'Archibald, comte de Wigtown, et, de la fin de 1419 à 1421, l'armée écossaise devint le pilier de la défense du Dauphin dans la basse vallée de la Loire.

Lorsque Henri rentra en Angleterre en 1421, il laissa son héritier présomptif, Thomas, duc de Clarence, à la tête du reste de l'armée. Conformément aux instructions du roi, Clarence mena 4 000 hommes en raids à travers les provinces d'Anjou et du Maine. Cette chevauchée rencontra peu de résistance et, le Vendredi Saint, 21 mars, l'armée anglaise établit son camp à Beaufort-en-Vallée.

L'armée franco-écossaise d'environ 5 000 hommes arriva également dans la région pour bloquer la progression des Anglais. Elle était commandée par le comte de Buchan et le maréchal de France, La Fayette. Cependant, les forces anglaises étaient dispersées et, de manière significative, de nombreux archers anglais étaient partis chercher du butin ou du fourrage. Le samedi de Pâques, un de ces groupes captura un homme d'armes écossais qui fournit au duc de Clarence des renseignements sur l'armée écossaise forte de 5 000 hommes. Clarence, impatient d'engager le combat, avait un problème : le lendemain était le dimanche de Pâques, un jour sacré où il était impensable de livrer bataille. Un délai de deux jours fut également jugé inacceptable. Selon les chroniques de Walter Bower, les deux commandants s'accordèrent sur une courte trêve pour Pâques.

Bataille

John Stewart comte de Buchan

John, comte de Buchan, commandant des forces écossaises à Baugé, Jean II Stuart, connétable de Buchan (+ 1424). Inspiré d'une peinture du XIXe siècle et retravaillé en IA pour le rendre réaliste. Néanmoins le visage de la peinture d'origine de Merry-Joseph Blondel reste une vue d'artiste et ne reflète probablement rien de réel.


Il existe plusieurs récits de la bataille de Baugé, avec des variations dans les détails, mais la plupart s'accordent à dire que le facteur clé de la victoire franco-écossaise fut la témérité du duc de Clarence, peut-être aussi piégé par André Forgusa qui aurait donné des fausses informations à Clarence. André Forgusa fut capturé par les éclaireurs français, puis libéré par des archers anglais plus tardivement, selon les sources anglaises il aurait trahis le duc de Clarence en donnant de fausses informations.

Il semble que Clarence soit mal informé et pense que les troupes franco-écossaises ne sont que très peu nombreuses et décida d'attaquer immédiatement en comptant sur l'effet de surprise. Il ignora les conseils de ses lieutenants, le comte de Huntingdon et Gilbert Umfraville, qui lui recommandaient de consolider ses forces et sa position.

Au lieu de cela, il ordonna au comte de Salisbury de rassembler les archers et de le rejoindre le plus vite possible. Avec seulement 1 500 hommes d'armes et pratiquement aucun archer, Clarence chargea les lignes franco-écossaises. Les Écossais se regroupèrent rapidement, et la bataille s'engagea sur un pont que Clarence tenta de traverser. Une centaine d'archers écossais, sous le commandement de Sir Robert Stewart de Ralston, et renforcés par Hugh Kennedy, tinrent le pont assez longtemps pour que le comte de Buchan puisse rallier le reste de son armée.

Lorsque Clarence parvint enfin à franchir le pont, il fut confronté à l'ensemble de l'armée franco-écossaise ; ses hommes d'armes furent mis à terre et défendus par les archers écossais. Dans la mêlée qui s'ensuivit, John Carmichael de Douglasdale brisa sa lance en désarçonnant le duc de Clarence. Selon Walter Bower, le chevalier écossais Sir John Swinton blessa le prince au visage, mais c'est Alexander Buchanan qui est crédité de l'avoir tué avec sa masse, brandissant la couronne du duc mort en triomphe. Une autre version attribue la mort de Clarence à un Écossais des Highlands, Alexander Macausland de Lennox, tandis que le chroniqueur bourguignon Georges Chastellain affirme que Clarence fut tué par un Français.

Plus tard dans la journée, probablement dans la soirée, une action décisive fut menée par Salisbury, qui, ayant rassemblé les archers anglais, utilisa un contingent d'entre eux pour sauver ce qui restait de l'armée anglaise et récupérer certains corps, dont celui de Clarence.

Conséquences


Les Écossais permirent au reste de l'armée anglaise, sous les ordres de Salisbury, de s'échapper, manquant ainsi l'occasion de chasser complètement les Anglais de France. Néanmoins, la bataille renforça la réputation de l'armée écossaise en France. En apprenant la victoire, le pape Martin V déclara : « En vérité, les Écossais sont l'antidote des Anglais ».

Le Dauphin exploita cette victoire pour annoncer son intention d'envahir la Normandie contrôlée par les Anglais. Il récompensa plusieurs commandants écossais : Archibald Douglas devint comte de Longueville, Sir John Stewart de Darnley reçut des terres, et le comte de Buchan fut nommé connétable de France. En 1422, le Dauphin créa les « Cent Lances de France », qui devinrent plus tard la Gendarmerie de France.

Pendant ce temps, Henri V, occupé en Angleterre, apprit la défaite de Baugé et la mort de son frère avec une grande dignité. Il retourna en France avec une nouvelle armée et entama une campagne, notamment un siège difficile de la ville de Meaux. Henri tomba malade et mourut peu après, en août 1422 au château de Vincennes.

La guerre se poursuivit sous la direction du duc de Bedford, qui remporta d'autres victoires, dont la bataille décisive de Verneuil en 1424. Contrairement à Baugé, les archers anglais jouèrent un rôle crucial à Verneuil, où l'armée du Dauphin fut presque totalement anéantie. Après cela, l'Écosse cessa d'envoyer des renforts significatifs en France.

 

 

sources : 

 

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