La bataille de Pontvallain ( Pont-Vallain ou Pont-Valin au Moyen-Age ) s'inscrit dans un contexte où la situation du roi de France s'améliore, notamment après la bataille de Cocherel qui voit la fin d'un prétendant au royaume de France disparaitre : Charles le Mauvais, roi de Navarre qui perd totalement la possibilité de devenir roi de France.
Charles V aidé de Bertrand Du Guesclin en particulier, mène une guerre d'usure contre les troupes anglaises, évitant notamment des combats frontals en bataille rangée souvent favorable aux anglais.
Enleminure ( détail ) de la bataille de Pontvallain ( les français avec les croix blanches sur l'enleminure ) écrasent les troupes anglaises à Pontvallain, puis à Vaas et dans la foulée à Bressuire.
Après la lourde défaite de Poitiers en 1356, la France est contrainte à la négociation. Le traité de Brétigny, signé en 1360, offre à l'Angleterre d'immenses territoires dans le sud-ouest de la France. En échange, Édouard III renonce à ses prétentions sur la couronne française. L'objectif ? Clarifier un échiquier féodal complexe, et concentrer la puissance anglaise autour d'une Aquitaine souveraine, confiée au Prince Noir.
Mais ce traité ne calme rien. En France, l'humiliation est profonde, et la volonté de revanche est vive.
Le réveil français : Charles V et Du Guesclin reprennent l'initiative
Dès 1364, avec la victoire de Cocherel , le vent tourne. Charles V, fraichement sacré à Reims, change de stratégie. Fini les grandes batailles rangées, place à la guerre d'usure et aux coups d'éclat stratégiques.
En 1369, estimant que les Anglais ont violé le traité, Charles V relance les hostilités. Les Français attaquent en Normandie, tandis que l'Angleterre rappelle ses vétérans, riches des pillages passés, et engage de jeunes commandants.
Mais rapidement, les défaites s'accumulent côté anglais. Les Français, mieux organisés et bénéficiant d'une supériorité démographique et économique (près de 15 millions d’habitants contre 3 millions pour l’Angleterre), reprennent l’initiative. Poitiers, clé stratégique, retombe dans le giron français. La dynamique de la guerre de Cent Ans bascule.
La bataille de Pontvallain en vidéo
Les stratégies s'opposent : deux visions de la guerre
Côté anglais : Knolles et le Prince Noir à l'offensive
L’Angleterre déploie deux armées majeures :
Au sud-ouest, le Prince Noir tente de contenir les avancées françaises depuis l'Aquitaine. Malade, il délègue le commandement à ses généraux.
Au nord, Robert Knolles, vétéran redouté, mène une "chevauchée" destructrice depuis Calais. Il connaît la recette : pillages, incendies, terre brûlée. Lors de ses campagnes précédentes, il avait amassé une fortune colossale.
Malgré son talent militaire, Knolles est affaibli par les tensions internes. La haute noblesse anglaise, méfiante de son origine modeste, lui impose de partager le commandement. Un choix désastreux qui précipitera la désunion de l’armée.
En août 1370, Knolles débarque à Calais avec 4 000 à 6 000 cavaliers. Sans instructions du roi, il lance seul une chevauchée audacieuse à travers la France, visant à provoquer une bataille décisive.
Côté français : Du Guesclin, maître de la guerre d’usure
La riposte française s’organise autour d’un homme : Bertrand du Guesclin, nommé connétable de France en octobre 1370. Stratège hors pair, il privilégie embuscades et frappes éclairs. À ses côtés, Olivier de Clisson, redoutable seigneur breton, scelle avec lui un pacte de fraternité d’armes.
Du Guesclin lève une armée à Caen, bientôt renforcée par les maréchaux Mouton de Blainville et Arnoul d’Audrehem. En parallèle, Louis de Sancerre commande une seconde force de 1 200 hommes qui avance à marche forcée vers l’est, encerclant lentement l'armée anglaise.
La chevauchée de Knolles : un succès en apparence, un désastre en réalité
Knolles avance rapidement, incendiant tout sur son passage. Mais, sans soutien, il s'enlise. Les querelles internes gangrènent ses troupes. En novembre, l’unité anglaise éclate : Knolles se replie vers la Bretagne, abandonnant ses subordonnés à leur sort.
Les armées anglaises se fragmentent en petits groupes, vulnérables. L'heure de la contre-offensive française a sonné.
La réponse éclair de Du Guesclin
Le 1er décembre 1370, Du Guesclin quitte Caen pour une marche légendaire. En seulement deux jours, son armée parcourt 160 kilomètres, soit plus de 80 km par jour ! Un exploit.
Les Anglais, informés de sa nomination, envoient un défi en bonne et due forme. Du Guesclin, avec malice, fait festoyer le héraut jusqu’à l’ivresse... avant de partir en pleine nuit sous une pluie battante, prenant de vitesse ses ennemis.
La bataille de Pontvallain : la déroute anglaise
À l’aube du 4 décembre, Du Guesclin et ses 200 chevaliers surprennent les Anglais, à peine éveillés, désorganisés. Les Français attaquent avec férocité, soutenus bientôt par les renforts de d'Audrehem, de Clisson et de Jean de Vienne. Le choc est brutal. La bataille tourne rapidement à la débâcle pour les Anglais. Le capitaine Thomas de Grandson est capturé en tentant de poignarder Du Guesclin. Olivier de Clisson s’apprête à l’achever, mais Du Guesclin, magnanime, s'y oppose.
La victoire est totale.
La bataille de Vaas : l'armée anglaise est anéantie
Les restes des troupes anglaises fuient vers l’abbaye fortifiée de Vaas. Mais les Français, menés par Louis de Sancerre et bientôt rejoints par Du Guesclin, attaquent sans relâche. Les défenses anglaises s'effondrent. Fitzwalter, leur commandant, est capturé. La victoire française est écrasante.
Les fuyards anglais se réfugient à Bressuire. Mais les habitants, redoutant un siège, ferment leurs portes aux Anglais. Pris au piège, ceux-ci sont massacrés lors de l’assaut mené par Du Guesclin, Clisson et leurs chevaliers.
Face aux disputes pour le partage des prisonniers, Du Guesclin ordonne l’exécution de cinq cents captifs anglais. Cruel, mais efficace : l’armée anglaise est brisée.
Conséquences : la reconquête française est en marche
Avec ces victoires décisives, la France reprend l’avantage dans la guerre de Cent Ans. Knolles, quant à lui, fuit en Bretagne et rentre en Angleterre, laissant derrière lui un désastre militaire. Du Guesclin et Clisson poursuivront la reconquête jusqu’à Bressuire, faisant trembler les possessions anglaises du Poitou à la Guyenne.
Ces campagnes éclair inspireront plus tard Jeanne d'Arc lors de la campagne de la Loire et les chefs français lors de la reconquête de Normandie.
La leçon est claire : dans cette guerre d’usure, la rapidité, l’audace et la cohésion des commandements priment sur la force brute.
Le 16 mai 1364 eut lieu la bataille de Cocherel, dans les plaines de Normandie près de Houdencourt-Cocherel. Elle fut une des batailles les plus intenses et les plus décisives de la guerre de Cent Ans, marquée par des affrontements féroces et un enchaînement de moments héroïques. Au cœur de ce chaos, une mêlée violente s’engagea autour du pennon du captal, un étendard que les forces navarraises défendaient avec une détermination sans égale.
La bataille, où l'honneur et la bravoure étaient en jeu, fit tomber de nombreux soldats des deux camps, dont des figures marquantes comme le vicomte de Beaumont, et vit la capture de plusieurs seigneurs, dont le prestigieux messire Geffroy de Roussillon. Ce fut une victoire coûteuse pour les Français, où, malgré leur triomphe, ils durent déplorer des pertes lourdes et des sacrifices.
Cette journée à Cocherel, en Normandie, ne fut pas seulement un affrontement militaire, mais un événement qui scella le destin de nombreux hommes et redéfinit le cours de la guerre. Cette bataille est aussi la mise en lumière d'un capitaine breton : Bertrand Du Guesclin !
Cocherel où le jeux du chat et de la souris !
CHAPITRE CLXX.
Comment le captal Jean III de Grailly partit d’Évreux avec une grande compagnie de gens d’armes pour combattre messire Bertrand Du Guesclin et les Français, dans le but de perturber le couronnement du roi Charles V.
Après avoir rassemblé une armée composée d’archers et de brigands à Évreux, messire Jean de Grailly, dit le captal de Buch, prépara ses troupes et confia la direction de la ville à un chevalier nommé Liger d’Orgesi. Il envoya messire Guy de Gauville à Gonches pour surveiller les environs et se mit en route avec ses hommes d’armes et archers, ayant entendu dire que les Français se déplaçaient, bien qu’il ignorait leur position exacte. Il partit donc à leur recherche, espérant les trouver, avec une armée de sept cents lances, trois cents archers et environ cinq cents autres hommes.
Parmi ses compagnons se trouvaient de nombreux chevaliers et écuyers de valeur, notamment le sire de Saux, un banneret navarrais, et l’un des plus importants chefs de son armée, un chevalier anglais nommé Jean Juiel. Parmi les autres, on comptait messire Pierre de Saquenville, messire Bertrand du Franc, le bascle de Mareuil, messire Guillaume de Gauville, et d’autres chevaliers prêts à affronter messire Bertran et ses troupes. Ils se dirigeaient vers Pacy et le Pont-de-l’Arche, convaincus que les Français allaient traverser la rivière de Seine.
Captal de Buch avait été décisif lors de la bataille de Poitiers. C'est un capitaine Gascon redouté.
Le mercredi de la Pentecôte, alors que le captal et son armée chevauchaient près d’un bois, ils rencontrèrent par hasard un héraut nommé le roi Faucon, qui venait de quitter le camp français. Le captal le reconnut immédiatement, car il était héraut au service du roi d’Angleterre, et lui demanda des nouvelles des Français. Faucon lui répondit qu’ils avaient traversé le Pont-de-l’Arche et Vernon, et qu’ils étaient proches de Pacy. Le captal lui demanda aussi qui commandait les troupes françaises et quels étaient leurs effectifs. Le héraut lui répondit que les Français étaient environ mille cinq cents combattants, dirigés par messire Bertran du Guesclin et d’autres chefs notables, dont le comte d’Auxerre, le vicomte de Beaumont, et plusieurs seigneurs du royaume.
Lorsqu’il entendit le nom des chevaliers gascons, en particulier ceux du seigneur de Labreth, le captal, furieux, répliqua en ces termes : « Gascons contre Gascons, il faudra bien qu’ils se rencontrent. » Le captal, inquiet de la présence des Gascons parmi les Français, s’indigna de cette situation, d’autant plus que le seigneur de Labreth se trouvait à Paris avec le régent, le duc de Normandie, en préparation pour le couronnement du roi Charles.
Alors que le captal méditait sur cette rencontre imminente entre Gascons, Faucon lui rapporta qu’un autre héraut, envoyé par l’archiprêtre, l’attendait pour lui parler. Le captal répondit sèchement qu’il n’était pas intéressé par de telles discussions, se méfiant des intentions de l’archiprêtre, qu’il considérait comme un traître potentiel. Lorsque le héraut François tenta de le convaincre, le captal maintint fermement sa position, ne voulant en aucun cas discuter avec l’archiprêtre.
Ainsi, dans cette atmosphère tendue et pleine de méfiance, les manœuvres de l’un et l’autre camp annonçaient des affrontements à venir, avec pour enjeu non seulement la victoire sur le terrain, mais aussi le destin politique du royaume de France.
Préparatifs et reconnaissances, le 14 Mai 1364
CHAPITRE CLXXI.
Comment les Navarrais et les Français se mirent au courant des mouvements de l'un et l'autre et comment le captal organisa ses troupes pour la bataille.
Les Navarrais et les Français apprirent l’un et l’autre leur position grâce aux deux hérauts qui leur rapportèrent des informations. Après en avoir discuté et réfléchi, ils décidèrent de partir à la rencontre de l'ennemi.
Quand le captal (chef des Navarrais) apprit par Faucon que les Français étaient environ quinze cents soldats, il envoya aussitôt des messagers à Évreux pour prévenir le capitaine de la ville. Il lui demanda de rassembler tous les jeunes combattants disponibles et de les envoyer près de Cocherel, car il pensait bien y trouver les Français. Il était déterminé à les affronter, peu importe l'endroit où il les rencontrerait.
Quand le capitaine d’Évreux, monseigneur Leger d’Orgesy, reçut ce message, il fit immédiatement annoncer publiquement que tous ceux qui pouvaient combattre à cheval devaient rejoindre le captal sans tarder. Plus de cent vingt jeunes hommes de la ville répondirent à l'appel et partirent le rejoindre.
Ce mercredi-là, en début d’après-midi, le captal s'installa avec ses troupes sur une colline, tandis que les Français, qui cherchaient à les affronter, avancèrent jusqu’à la rivière appelée l'Iton, qui passe près d’Évreux et prend sa source près de Conches. Ils s’installèrent tranquillement dans deux grands prés le long de cette rivière.
Le jeudi matin, les Navarrais quittèrent leur campement et envoyèrent des éclaireurs en avant pour recueillir des informations sur la position des Français. Les Français firent de même. En moins de deux lieues, les éclaireurs revinrent de chaque côté avec des informations précises sur la position de l'ennemi.
Guidés par Faucon, les Navarrais avancèrent et arrivèrent sur les plaines de Cocherel vers neuf heures du matin. Là, ils aperçurent les Français en train de se préparer au combat, formant leurs lignes de bataille. Il y avait de nombreuses bannières et étendards, et ils semblaient être bien plus nombreux qu'eux. Les Navarrais s’arrêtèrent alors près d’un petit bois et les capitaines se regroupèrent pour organiser leurs troupes.
Ils formèrent trois divisions, toutes à pied, et envoyèrent leurs chevaux, leurs bagages et leurs valets se cacher dans le petit bois.
La première division fut confiée à monseigneur Jean Juviel, qui prit sous son commandement tous les Anglais, hommes d’armes et archers.
La deuxième division fut placée sous les ordres du captal de Buch, avec environ quatre cents combattants. Aux côtés du captal se trouvaient le sire de Saux, un jeune chevalier navarrais avec sa bannière, ainsi que messire Guillaume de Gauville et messire Pierre de Saquenville.
La troisième division fut dirigée par trois autres chevaliers : le Basce de Mareuil, Bertrand du Franc et Sanchez Lopez, avec également environ quatre cents soldats en armures.
Une fois leurs troupes organisées, ils restèrent proches les unes des autres et prirent position sur une colline avantageuse située à leur droite, près du bois, faisant face aux Français. Ils placèrent stratégiquement le pennon (étendard) du captal dans un buisson épineux bien protégé et laissèrent soixante soldats en armures pour le défendre.
Ils choisirent ce lieu comme point de ralliement au cas où ils seraient dispersés par la force des armes. Ils décidèrent également de ne jamais quitter cette position ni de descendre de la colline, peu importe ce qui pourrait se passer. Si les Français voulaient les combattre, ils devraient venir les affronter sur cette colline.
CHAPITRE CLXXII.
Comment messire Bertran du Guesclin et les seigneurs français organisèrent leurs troupes.
Tandis que les Navarrais et les Anglais s’étaient déjà organisés sur la montagne, les Français de leur côté préparaient leurs propres batailles, en formant trois groupes et une arrière-garde.
La première bataille fut dirigée par messire Bertran du Guesclin et rassemblait tous les Bretons. Parmi les chevaliers et écuyers présents, on comptait notamment monseigneur Olivier de Mauny, monseigneur Hervé de Mauny, monseigneur Eon de Mauny (frères et neveux de messire Bertran), monseigneur Geoffroy Feiron, monseigneur Allain de Saint-Pol, monseigneur Robin de Guite, monseigneur Eustache et monseigneur Allain de La Houssoye, monseigneur Robert de Saint Père, monseigneur Jean le Boier, monseigneur Guillaume Bodin, Olivier de Quoiquen, Lucas de Maillechat, Geffroy de Quedillac, Geffroy Palen, Guillaume du Hallay, Jean de Pairigny, Sevestre Budes, Berthelot d’Angoullevent, Olivier Feiron, son frère Jean Feiron, et bien d’autres chevaliers et écuyers que je ne peux tous nommer. Cette bataille avait pour mission de rejoindre celle du captal de Buch.
La deuxième bataille fut dirigée par le comte d’Aucerre, accompagné des gouverneurs de la bataille : le vicomte de Beaumont et messire Baudoin d’Ennequins, maître des arbalétriers. Cette bataille comptait parmi ses rangs des Français, des Normands et des Picards, ainsi que des chevaliers comme monseigneur Oudart de Renty, monseigneur Enguerran d’Eudin, monseigneur Louis de Haveskerques, et plusieurs autres barons, chevaliers et écuyers.
La troisième bataille fut dirigée par l’archiprêtre et les Bourguignons, avec lui monseigneur Louis de Châlons, le seigneur de Beaujeu, monseigneur Jean de Vienne, monseigneur Guy de Trelay, messire Hugues Vienne et plusieurs autres. Cette bataille devait se regrouper autour du bascle de Mareuil et de sa troupe.
Enfin, l’arrière-garde était entièrement composée de Gascons. Messire Aymon de Pommiers, monseigneur le soudich de l’Estrade, messire Perducas de Labreth et monseigneur Petiton de Curton étaient les leaders de cette troupe. Ces chevaliers gascons, après avoir bien réfléchi, se rendirent compte de la disposition des troupes du captal et de la position de son pennon, qui était posé sur un buisson, bien gardé par certains de ses hommes. Ils décidèrent de concentrer leur attaque sur ce pennon, pensant que s'ils parvenaient à le prendre, cela affaiblirait considérablement leurs ennemis et les mettrait en danger. Ils mirent également en place une autre stratégie qui s’avéra très utile et décisive pour leur bataille.
La Ruse !
CHAPITRE CLXXIII.
Comment les Gascons eurent une bonne idée pour capturer le captal et le retirer du champ de bataille.
L’arrière-garde était entièrement composée de Gascons, dirigée par messire Aymon de Pommiers, le seigneur de l’Estrade, messire Perducas de Labreth et messire Petiton de Curton. Ces chevaliers gascons eurent alors une idée brillante : ils se rappelèrent que le captal (leur chef ennemi) avait placé son pennon (étendard) sur un buisson, gardé par quelques-uns de ses hommes pour en faire un point de ralliement.
Ils se dirent alors : « Quand nos armées s’affronteront, il faudra que nous foncions résolument droit sur le pennon du captal et que nous fassions tout pour nous en emparer. Si nous y parvenons, nos ennemis perdront une grande partie de leur force et risqueront fort d’être vaincus. »
En plus de ce plan, les Gascons élaborèrent une autre stratégie qui leur fut très avantageuse et contribua grandement à leur victoire ce jour-là.
Peu de temps après avoir organisé leurs lignes de bataille, les chefs des seigneurs français se réunirent pour discuter longuement de la meilleure façon de tenir leur position, car ils voyaient bien que leurs ennemis avaient un avantage stratégique.
À ce moment-là, les chefs gascons mentionnés précédemment proposèrent une idée qui fut bien accueillie : « Seigneurs, nous savons que le captal est un chevalier extrêmement vaillant et expérimenté dans l’art de la guerre. Tant qu’il restera sur le champ de bataille et pourra diriger le combat, il nous causera de lourdes pertes. Nous devons donc envoyer trente de nos meilleurs hommes à cheval, les plus courageux et les plus habiles que nous ayons. Leur mission sera claire : ils ne devront se concentrer que sur une chose, atteindre le captal.
Pendant que nous attaquerons son pennon pour semer le désordre, ces trente cavaliers devront, grâce à la rapidité de leurs montures et à leur force, traverser les rangs ennemis, atteindre le captal, le capturer, puis l’emporter loin du champ de bataille sans attendre la fin du combat. Nous pensons que si nous réussissons à le capturer de cette manière, la victoire sera à nous, car ses hommes seront tellement choqués par sa capture qu’ils perdront courage. »
Les chevaliers français et bretons présents approuvèrent immédiatement ce plan, le jugeant excellent. Ils choisirent alors trente des guerriers les plus courageux et déterminés parmi leurs troupes. Ces trente hommes montèrent sur les meilleurs chevaux disponibles, les plus rapides et les plus agiles du champ de bataille, puis ils se déplacèrent sur le côté, prêts à exécuter leur mission.
Pendant ce temps, le reste des troupes resta à pied, en formation, prêt à livrer bataille comme prévu.
Où comment bien choisir son chef !
CHAPITRE CXXIV.
Comment les seigneurs de France se mirent d’accord sur le cri à lancer et sur leur chef, et comment messire Bertran fut choisi pour mener la bataille.
Après avoir organisé leurs lignes de bataille et assigné à chacun son rôle, les chefs français discutèrent longuement du cri de ralliement à utiliser pendant la bataille et de la bannière autour de laquelle ils se regrouperaient. Pendant un moment, ils envisagèrent de crier « Notre-Dame, Auxerre ! » et de faire du comte d’Auxerre leur chef pour la journée.
Cependant, le comte refusa poliment cette proposition, en expliquant : « Seigneurs, je vous remercie de l’honneur que vous me faites, mais pour l’instant, je préfère ne pas accepter. Je suis encore trop jeune pour assumer une si grande responsabilité, d’autant plus que c’est ma première vraie bataille. Il vaut mieux choisir un autre chef. Parmi nous, il y a beaucoup de chevaliers expérimentés, comme messire Bertrand, l’Archiprêtre, le maître des arbalétriers, messire Louis de Châlons, messire Aymemon de Pommiers ou messire Oudart de Renty. Ils ont tous combattu dans de nombreuses batailles et savent mieux que moi comment diriger en de telles circonstances. Je vous demande donc de m’en dispenser. »
Les chevaliers présents insistèrent : « Comte d’Auxerre, vous êtes le plus noble parmi nous, par votre rang, vos terres et votre lignée. Vous êtes donc le plus légitime pour être notre chef. » Mais le comte resta ferme : « Je vous remercie de votre confiance, mais aujourd’hui, je préfère rester votre compagnon d’armes. Je combattrai à vos côtés, pour vivre ou mourir avec vous. Mais je ne souhaite pas exercer le commandement suprême. »
Les chevaliers se consultèrent alors pour choisir un autre chef.
Finalement, ils tombèrent d’accord sur le choix de Bertrand du Guesclin, considéré comme le meilleur chevalier présent sur le champ de bataille, non seulement pour son courage, mais aussi pour son expérience dans l’art de la guerre. Ils décidèrent donc que le cri de ralliement serait « Notre-Dame, Guesclin ! » et que Bertrand du Guesclin commanderait les troupes ce jour-là.
Tout étant en place, avec chaque seigneur sous sa bannière ou son pennon, les Français observaient leurs ennemis postés sur la colline, bien retranchés. Les Navarrais et les Anglais avaient clairement l’intention de garder cette position avantageuse, ce qui contrariait fortement les Français. Le soleil montait déjà haut dans le ciel, rendant la chaleur accablante et pénible pour les soldats qui n’avaient ni vin ni provisions, sauf quelques seigneurs avec de petits flacons de vin vite vidés.
Les Français n’avaient pas prévu une attente aussi longue, pensant que la bataille commencerait rapidement après leur arrivée. Mais les Navarrais et les Anglais utilisaient toutes les ruses possibles pour retarder l’affrontement, ce qui épuisait les Français à cause de la chaleur et du manque de ravitaillement.
Voyant cela, les chefs français se réunirent à nouveau pour décider de la marche à suivre : fallait-il attaquer leurs ennemis retranchés ou non ? L’opinion était divisée. Certains voulaient les affronter immédiatement, estimant qu’il serait honteux de reculer après avoir attendu si longtemps. D’autres, plus prudents, faisaient remarquer que les attaquer en position de force sur la colline serait trop risqué et pourrait entraîner une défaite certaine.
De leur côté, les Navarrais observaient les mouvements des Français et disaient : « Regardez-les, ils vont bientôt nous attaquer, c’est certain. »
Des chevaliers normands, prisonniers des Anglais et des Navarrais, mais libres de se déplacer car on leur faisait confiance à cause de leur serment de ne pas se battre contre les Français, rapportèrent alors aux chefs français : « Seigneurs, il faut prendre une décision rapidement. Si la bataille n’a pas lieu aujourd’hui, vos ennemis seront renforcés demain par l’arrivée de messire Louis de Navarre avec trois cents lances. »
Ces informations poussèrent fortement les Français à envisager de combattre les Navarrais le jour même, malgré les difficultés. Ils se préparèrent à lancer l’assaut à plusieurs reprises, mais chaque fois, les plus sages parmi eux conseillèrent d’attendre un peu pour voir si leurs ennemis bougeraient de leur position avantageuse.
Pendant ce temps, de nombreux soldats français souffraient terriblement de la chaleur. Le soleil était au plus haut, ils n’avaient pas mangé de la matinée et leurs armures surchauffées leur pesaient lourdement. Certains disaient même : « Si nous attaquons cette colline maintenant, avec la fatigue et la chaleur, nous serons vaincus à coup sûr. Retirons-nous pour aujourd’hui et préparons un meilleur plan pour demain. »
Ainsi, les chefs français étaient partagés, incertains de la meilleure stratégie à adopter face à un ennemi solidement retranché et bénéficiant de conditions plus favorables.
Quand les chevaliers français, chargés de diriger leurs troupes avec honneur, virent que les Navarrais et les Anglais ne quittaient pas leur position fortifiée, et que le soleil était déjà haut dans le ciel, ils commencèrent à s'inquiéter. Ils écoutaient aussi les informations apportées par des prisonniers français revenus du camp navarrais et voyaient que leurs soldats souffraient beaucoup de la chaleur. Cela les mettait dans une situation difficile.
Conseil de guerre !
Ils décidèrent alors de tenir un nouveau conseil, dirigé par Bertrand du Guesclin, leur chef respecté. « Seigneurs, dit-il, nos ennemis cherchent à nous fatiguer et espèrent que nous les attaquerons dans leur position avantageuse. Mais ils ne bougeront pas de là, à moins qu’on ne les y force par une ruse. Voici mon plan : faisons semblant de battre en retraite, comme si nous abandonnions l'idée de combattre aujourd’hui. De toute façon, nos soldats sont épuisés par cette chaleur accablante. Nous enverrons nos valets, nos équipements et nos chevaux traverser le pont pour rejoindre nos campements, en faisant bien attention à rester organisés et disciplinés. Nous resterons en embuscade sur les flancs, prêts à observer leurs mouvements. Si vraiment ils ont envie de se battre, ils descendront de leur colline pour nous attaquer en terrain ouvert. Dès que nous verrons leur mouvement, nous pourrons faire demi-tour et les affronter dans de meilleures conditions. »
Tout le monde approuva cette stratégie. Chaque chef retourna alors auprès de ses troupes, sous sa bannière ou son pennon, prêt à suivre ce plan. Les trompettes sonnèrent, et les Français firent semblant de se retirer. Ils ordonnèrent à leurs valets et écuyers de traverser le pont avec les équipements, et beaucoup le firent, suivis même par quelques soldats d’apparence découragée.
16 mai 1364, les Anglo Navarrais attaquent !
Quand Jean Juviel ( ou Jouel selon les écrits et les versions ), un chevalier fougueux et avide de combat, vit ce mouvement, il s’écria auprès du Captal : « Sire, regardez ! Les Français fuient ! Descendons vite pour les attaquer ! » Mais le Captal répondit prudemment : « Jean, ne sois pas trop sûr de toi. Des hommes aussi valeureux ne fuient pas de cette manière. C’est sûrement un piège pour nous attirer en terrain découvert. »
Cependant, Jean Juviel était trop impatient. Il s’écria : « En avant ! Que ceux qui m’aiment me suivent, je pars au combat ! » Épée à la main, il mena son groupe hors de la colline, suivi par une partie de ses hommes. Voyant cela, le Captal réalisa que Jean Juviel avait agi sans attendre ses ordres. Ne voulant pas le laisser combattre seul, il s’écria à son tour : « Allons ! Descendons de la colline, Jean Juviel ne se battra pas sans moi ! » Et il chargea en tête, son épée brandie.
Quand les Français, toujours en embuscade, virent que leurs ennemis avaient quitté leur position avantageuse et descendaient en plaine, ils se réjouirent et dirent : « Voilà ce que nous attendions toute la journée ! » D’un seul élan, ils se retournèrent en criant : « Notre-Dame, Guesclin ! » et se lancèrent à l’assaut des Navarrais, bannières en tête. La bataille s’engagea violemment, avec tous les soldats à pied.
Jean Juviel se précipita en avant, l’épée levée, et attaqua la division des Bretons commandée par Bertrand du Guesclin. Il montra un grand courage et prouva sa valeur au combat.
La mêlée fut féroce, les chevaliers et écuyers s’affrontant violemment sur la plaine. Les Navarrais et Anglais criaient : « Saint-George, Navarre ! » tandis que les Français répondaient : « Notre-Dame, Guesclin ! »
Du côté français, plusieurs chevaliers se distinguèrent, notamment Bertrand du Guesclin, le jeune comte d’Auxerre, le vicomte de Beaumont, Baudouin d’Ennequins, Louis de Châlons, Antoine de Beaujeu, Louis de Havesquierque, Oudard de Renty et Enguerran d’Eudin. Les Gascons, quant à eux, combattaient à part sous le commandement de chevaliers comme Aymon de Pommiers, Perducas de Labreth, le Soudich de l’Estrade et d'autres. Ils se dirigèrent directement contre les troupes du Captal, leur principal adversaire.
Le combat fut intense, avec de violents corps-à-corps et des démonstrations de bravoure de part et d’autre.
Pour être juste dans le récit de cette bataille, il faut expliquer pourquoi l’Archiprêtre, pourtant un grand capitaine présent ce jour-là, n’est pas mentionné dans les combats. Dès qu’il vit que l’affrontement était inévitable, il quitta discrètement le champ de bataille avec un seul écuyer. Avant de partir, il ordonna à ses hommes de rester et de se battre jusqu’au bout. Il leur expliqua : « Je ne peux pas combattre aujourd’hui contre ceux qui sont de l’autre côté. Si on vous demande où je suis, répondez ce que je viens de vous dire. » Puis, il traversa la rivière, laissant ses troupes derrière lui.
Ni les Français ni les Bretons ne remarquèrent son absence, car ils voyaient toujours sa bannière sur le champ de bataille et croyaient qu’il combattait à leurs côtés.
Revenons maintenant à la bataille elle-même, qui fut acharnée et pleine d’exploits de bravoure des deux côtés.
Dès le début de la bataille, lorsque Jean Juviel descendit de la colline suivi de toutes ses troupes aussi vite qu'elles le pouvaient, y compris le Captal et ses hommes, ils pensaient déjà avoir remporté la victoire. Mais les choses ne se passèrent pas du tout comme prévu. Quand ils virent que les Français s’étaient réorganisés avec discipline, ils comprirent immédiatement qu’ils avaient fait une erreur. Pourtant, en guerriers courageux, ils ne se laissèrent pas déstabiliser et décidèrent de se battre vaillamment pour renverser la situation.
Incertitude de guerre !
Ils reculèrent un peu pour se regrouper, puis s’ouvrirent pour laisser passer leurs archers placés à l’arrière. Une fois en première ligne, les archers se déployèrent et commencèrent à tirer de toutes leurs forces. Mais les Français étaient si bien protégés par leurs armures et leurs boucliers qu’ils ne souffrirent presque pas de cette attaque, et cela ne les empêcha pas de continuer le combat. Ils chargèrent alors les Navarrais et les Anglais à pied, et les deux camps s’affrontèrent avec une grande détermination.
Le combat fut extrêmement brutal, avec des soldats des deux côtés qui arrachaient les lances, les haches et les armes de leurs adversaires par la force ou en luttant corps à corps. Ils se capturaient mutuellement, se faisaient prisonniers, et se battaient si férocement qu’ils en venaient à se battre main à main avec un courage exceptionnel. La mêlée était si dense et dangereuse qu’il y eut un grand nombre de morts et de blessés des deux côtés, car personne ne faisait de quartier.
Les Français durent se battre sans relâche, car ils faisaient face à des ennemis déterminés et audacieux. Chacun d'eux devait donner le meilleur de lui-même pour survivre, protéger sa position et saisir les occasions qui se présentaient, sinon ils risquaient d'être tous vaincus. Les Picards et les Gascons, en particulier, se montrèrent très courageux et accomplirent de nombreux exploits durant cette bataille.
Maintenant, parlons des trente chevaliers d’élite qui avaient pour mission de capturer le Captal. Montés sur de puissants chevaux de bataille, ils n’avaient qu’un seul objectif en tête : atteindre le Captal. Se frayant un chemin à travers les lignes ennemies grâce à l’aide des Gascons qui les soutenaient, ils foncèrent droit vers lui.
Le Captal se battait alors vaillamment avec une grande hache, frappant si fort que personne n’osait s’approcher de lui. Mais les trente chevaliers, sachant parfaitement ce qu’ils avaient à faire et sans craindre le danger, l’entourèrent soudainement. Ils le saisirent de force et l’immobilisèrent avant de l’emporter hors du champ de bataille.
À cet instant, un grand chaos éclata autour d’eux. Tous les soldats convergèrent vers l’endroit où le Captal avait été capturé. Ses hommes, furieux et désespérés, criaient : « À la rescousse du Captal ! » Mais malgré leurs efforts, ils ne purent rien faire pour le libérer. Le Captal fut emmené en captivité en dépit de tous leurs cris et tentatives de sauvetage.
À ce moment-là, personne ne savait encore de quel côté la victoire allait pencher.
La Victoire !
Dans cette mêlée chaotique où tout le monde se battait violemment, les Navarrais et les Anglais tentaient de suivre les traces du Captal, qu'ils voyaient emporté devant eux. Ils semblaient comme enragés en voyant leur chef capturé. De leur côté, messire Aymon de Pommiers, messire Petiton de Courton, le soudich de l’Estrade, ainsi que les hommes du seigneur de la Breth, décidèrent d’attaquer l’étendard du Captal, qui avait été planté dans un buisson et servait de point de ralliement aux Navarrais.
Un terrible combat éclata à cet endroit, car l’étendard était bien défendu par de vaillants guerriers, notamment messire le bascle de Marueil et messire Geffroy de Roussillon. On y vit de nombreux exploits de bravoure, des prises d'otages, des tentatives de libération, ainsi que beaucoup de blessés et de morts. Finalement, les Navarrais, qui protégeaient l’étendard près du buisson, furent repoussés par la force des armes. Le bascle de Marueil fut tué ainsi que plusieurs autres combattants, et messire Geffroy de Roussillon fut capturé par Aymon de Pommiers. Les autres furent soit tués, soit faits prisonniers, soit repoussés si loin qu’il ne restait plus personne autour du buisson lorsque l’étendard du Captal fut arraché et jeté à terre.
Pendant que les Gascons menaient cet assaut, les Picards, Français, Bretons, Normands et Bourguignons se battaient avec acharnement ailleurs sur le champ de bataille. Ils en avaient bien besoin, car les Navarrais les avaient repoussés. Le vicomte de Beaumont fut tué dans cette mêlée, ce qui fut une grande perte car il était jeune et prometteur. Ses hommes réussirent à peine à l'extraire de la bataille pour le protéger.
D’après ceux qui ont participé à cette bataille, c’était l’un des combats les plus violents qu’on ait jamais vus avec si peu de soldats. Les deux camps se battaient à pied, au corps à corps, s’agrippant les uns aux autres et utilisant toutes les armes possibles. Les coups de hache étaient si violents que tout le monde en restait stupéfait.
Messire Petiton de Courton et le soudich de l’Estrade furent grièvement blessés et ne purent plus combattre de toute la journée. Quant à messire Jean Juviel, qui avait déclenché la bataille en attaquant courageusement les Français, il se battit vaillamment sans jamais reculer. Mais il fut finalement gravement blessé à plusieurs endroits et capturé par un écuyer breton sous les ordres de Bertrand du Guesclin.
Pendant ce temps, le sire de Beaujeu, messire Louis de Châlons, les hommes de l’archiprêtre, ainsi qu’un grand nombre de chevaliers et d’écuyers de Bourgogne se battaient de leur côté contre un groupe de Navarrais et les troupes de Jean Juviel. Les Français n’avaient pas l’avantage, car leurs adversaires se montraient d'une résistance acharnée. Bertrand du Guesclin et ses Bretons firent preuve de loyauté et de courage, se soutenant mutuellement tout au long du combat.
Ce qui fit basculer la bataille en faveur des Français fut la capture du Captal au début du combat et la prise de son étendard, ce qui empêcha ses hommes de se regrouper. Les Français remportèrent finalement la victoire, mais au prix de lourdes pertes parmi leurs rangs, dont le vicomte de Beaumont, messire Baudoin d’Ennequins (le chef des arbalétriers), messire Louis de Havesquierques et plusieurs autres.
Du côté des Navarrais, un chevalier de Navarre, le sire de Saux, ainsi que beaucoup de ses hommes furent tués. Le bascle de Marueil trouva également la mort, et messire Jean Juviel mourut prisonnier le même jour. Parmi les captifs, on compta messire Guillaume de Gauville, messire de Saquenville, messire Geffroy de Roussillon, messire Bertran du Franc et bien d'autres. Peu d’entre eux réussirent à s’échapper, car presque tous furent tués ou capturés sur place.
CHAPITRE CLXXVIII.
Comment messire Bertran et les Français quittèrent Coucherel avec leurs prisonniers et se rendirent à Rouen.
Après la défaite, une fois les morts dépouillés de leurs armures, chacun s'occupait de ses prisonniers, si tant est qu’il en avait, ou s’assurait que les blessés soient pris en charge. La majorité des Français avait déjà traversé le pont et la rivière, se dirigeant vers leurs logis, tout fatigués et épuisés. Mais, dans leur lassitude, ils furent pris de court par un danger dont ils ne se méfiaient pas. Laissez-moi vous expliquer comment cela se passa.
Messire Guy de Gauville, fils de monseigneur Guillaume qui avait été pris sur le champ de bataille, était parti de Conches, une garnison navarraise. Il avait appris que des combats se préparaient, et s’était précipité pour rejoindre la bataille, espérant que les hostilités se poursuivraient le lendemain. Il voulait absolument être aux côtés du Captal, et avait autour de lui une cinquantaine de cavaliers, tous bien montés.
Messire Guy et sa troupe arrivèrent en galopant à toute vitesse jusqu’à l’endroit où la bataille avait eu lieu. Les Français, qui étaient à l’arrière et n’avaient pas pris garde à cette arrivée soudaine, furent soudainement effrayés par le bruit des chevaux et se mirent à crier : « Retournez, retournez ! Voici les ennemis ! » Cette alerte causa une grande panique parmi eux. Mais messire Aymon de Pommiers, qui était présent avec ses hommes, réconforta ses troupes. Dès qu'il aperçut les Navarrais arriver, il se replia sur la droite, fit déployer son étendard et le plaça en hauteur sur un buisson pour rassembler ses troupes.
Quand messire Guy de Gauville, qui était pressé, arriva sur la scène, il vit l’étendard de monseigneur Aymon de Pommiers, et en entendant le cri de « Notre Dame Guesclin ! », il remarqua aussi une grande quantité de morts étendus sur le sol. Il comprit immédiatement que ses troupes avaient été battues et que les Français avaient pris le contrôle de la place. Sans tenter de se battre, il fit demi-tour et poursuivit sa route sans s’arrêter, en passant assez près de monseigneur Aymon de Pommiers qui était prêt à l’accueillir si une confrontation avait eu lieu. Il continua donc sa route, probablement en direction de la garnison de Conches.
Passons maintenant aux Français et à leur manière de gérer la situation. Comme vous l’avez entendu, la journée avait été en leur faveur. Le soir venu, ils traversèrent à nouveau la rivière et se retirèrent dans leurs logis, heureux de ce qu’ils avaient accompli. Cependant, l'archiprêtre fut vivement critiqué et remis en cause lorsqu’on se rendit compte qu’il n’avait pas participé à la bataille et qu’il était parti sans en informer personne. Ses hommes firent de leur mieux pour justifier son absence.
Sachez également que les trente hommes qui avaient capturé le Captal, comme vous l’avez entendu, ne s’arrêtèrent pas. Ils continuèrent leur route et amenèrent le Captal jusqu’au Château de Vernon, où il fut mis à l’abri. Le lendemain, les Français se préparèrent à partir, emballèrent leurs affaires, et prirent la direction de Rouen, en passant près de Vernon. Ils finirent par y arriver, et une partie de leurs prisonniers fut laissée à Rouen, tandis que la plupart d’entre eux repartirent vers Paris, heureux et satisfaits. Cette journée avait été une grande victoire pour eux et bénéfique pour le royaume de France.
Si les choses avaient tourné autrement, le Captal aurait fait un véritable ravage en France. En effet, il avait l’intention de se diriger vers Reims, où le duc de Normandie, qui y était déjà, l’attendait pour être couronné et consacré, accompagné de la duchesse.
Comment le duc de Normandie fut très heureux de la défaite du captal et comment Charles V fut couronné roi avec grande solennité.
Les nouvelles se répandirent rapidement un peu partout que le captal avait été capturé, et que ses troupes avaient été mises en déroute. Cela apporta à messire Bertran du Guesclin une grande gloire et une renommée immense dans tout le royaume de France, et son nom fut particulièrement honoré. Les nouvelles parvinrent jusqu’au duc de Normandie, qui se trouvait à Reims. Il en fut très joyeux et rendit grâce à Dieu à plusieurs reprises. Sa cour et toutes les personnes présentes à son couronnement furent ravies et très contentes.
Ce fut le jour de la Trinité de l’année 1364 que le roi Charles V, fils aîné du roi Jean II le Bon, fut couronné et consacré roi à la grande église Notre-Dame de Reims, tout comme madame la reine, son épouse, fille du duc Pierre de Bourbon, par monseigneur Jean de Craon, archevêque de Reims. Le roi Pierre de Chypre, le duc d’Anjou, le duc de Bourgogne, le duc de Luxembourg et de Brabant, oncle du roi, le comte d’Eu, le comte de Dampmartin, le comte de Tancarville, le comte de Vaudemont, messire Robert d’Alençon, l’archevêque de Rouen et de nombreux prélats et seigneurs étaient présents, mais je ne pourrai pas tous les nommer ici, tant ils étaient nombreux.
Les festivités et les cérémonies furent grandioses, et le roi de France et la reine demeurèrent à Reims pendant cinq jours. De nombreux dons et magnifiques bijoux furent offerts aux seigneurs étrangers, dont la plupart prirent congé du roi et retournèrent dans leurs terres. Le roi de France repartit ensuite pour Paris, voyageant à un rythme tranquille et accompagné d’un grand nombre de prélats et de seigneurs, dont le roi de Chypre.
Il est difficile de décrire ou de rappeler en une seule journée d’été toutes les festivités et les réjouissances qui eurent lieu à Paris à son arrivée. La plupart des seigneurs et chevaliers qui avaient participé à la bataille de Coucherel étaient déjà revenus à Paris. Le roi leur fit un grand accueil et les reçut avec beaucoup de plaisir, en particulier messire Bertran du Guesclin, les chevaliers de Gascogne, monseigneur Aymon de Pommiers et les autres, car le sire de Labreth avait aussi assisté à son couronnement.
Source principale : Jean Froissard, texte réecrit en français plus courant avec des modifications.
Le Château de Sours, également désigné sous le nom de « Château de la Vallé » sur la carte de Cassini, ou encore « château de l'Aval », s'élève au cœur d'un domaine de 17 hectares, composé de bois et de terres irriguées, situé sur le territoire de la commune de Sours, dans le département d’Eure-et-Loir.
L’édification du château actuel, ainsi que l’aménagement de son parc, remontent à l’année 1653. Depuis 1987, l’édifice est inscrit à l’inventaire des Monuments historiques et relève de la Conservation régionale des Monuments historiques.
Le château est réputé avoir accueilli les délibérations du traité de Brétigny ( Brétigny-lez-Chartres ), car c'est le château le plus proche de Brétigny et il est attesté depuis le XIIIe siècle au minimum.
Conçu à l’origine comme un vaste domaine cynégétique et piscicole destiné aux chevaliers et seigneurs de Montigny, il conserve aujourd’hui encore cette vocation dans sa partie privée, toujours utilisée à des fins de chasse.
Le parc, d’une grande étendue, est réparti en deux sections distinctes : l’une publique, accessible aux visiteurs, et l’autre privée. Il abrite une faune variée, tant sédentaire que de passage, qui en fait un lieu apprécié des chasseurs et des pêcheurs.
Le domaine comprend également une exploitation agricole, toujours en activité, vouée à la culture céréalière et gérée par une entreprise spécialisée dans l’agriculture.
L’hypothèse la plus répandue concernant l’origine du nom de Laval suggère qu’il pourrait être lié à la célèbre famille de Laval, l’une des grandes dynasties féodales du royaume de France. À la fin du XVe siècle, cette maison prestigieuse jouissait d’un rang quasi princier, contrôlant de vastes domaines dans le nord-ouest du royaume. Toutefois, l’extrême dispersion des informations relatives à cette famille, aggravée par la disparition de ses archives, empêche de confirmer avec certitude un tel rattachement. Il demeure néanmoins établi qu’à l’époque de la splendeur des Laval, un château existait déjà à l’emplacement de l’édifice actuel, dont les fondations reposent sur des voûtes datées du XIIIe siècle.
Le château au Moyen Âge
Les origines médiévales du château sont mal documentées. L’existence d’un premier édifice fortifié est cependant attestée, dont le bâtiment subsistant conserve les soubassements. Les voûtes trapues du château, caractéristiques de l’architecture du XIIIe siècle, constituent à ce jour les vestiges les plus anciens de l’ensemble.
Selon Alain Lameyre, auteur du Guide de la France templière, la tradition locale rapporte que des membres de l’ordre du Temple, établis à la commanderie de Sours, auraient creusé de vastes souterrains reliant le château à leur commanderie, voire à la cathédrale de Chartres. Bien que cette hypothèse relève de la légende, elle illustre l’importance stratégique de la région au cours du Moyen Âge.
En 1360, en raison de sa proximité immédiate avec le hameau de Brétigny, le château aurait servi de lieu de rencontre pour les plénipotentiaires du roi Édouard III d’Angleterre et ceux du futur Charles V, fils du roi Jean II de France. Les négociations qui s'y déroulèrent conduisirent à la rédaction des clauses du célèbre traité de Brétigny. Peu après cet événement, la fonction du château aurait été réduite à celle de grange seigneuriale. Dans le même temps, les cultivateurs des terres de la plaine, s’étendant de Sours à Nogent-le-Phaye — région qui avait accueilli le campement des troupes anglaises — furent exemptés de la dîme en souvenir du traité. Ce privilège exceptionnel perdura jusqu’à la Révolution française de 1789.
Hypothèses de possession et rattachements féodaux
L’analyse toponymique laisse supposer que le domaine de Laval appartenait encore à la famille de Laval au XVe siècle. Par ailleurs, compte tenu de sa proximité géographique avec le hameau de Brétigny, il est probable que le château relevait de la baronnie d’Auneau. Ce fief était alors administré, notamment depuis le château de Baronville, par les familles de Montescot et de Lattaignant, seigneurs influents de la région.
Olivier de Clisson naît le 23 avril 1336 au Château de Clisson, en Bretagne. Olivier V porte les titres de seigneur de Clisson, de Porhoët, de Belleville et de la Garnache. Il participe aux batailles d'Auray au profit de l'alliance anglo-bretonne mais change de camp par la suite sous Charles V et Charles VI. Il participe notamment à la bataille de Pontvallain avec Bertrand du Guesclin, qu'il a affronté à Auray et aussi lors de la bataille de Najera en Espagne, avec qui il a conclu un accord.
Cette image d'Olivier de Clisson est probablement proche de la réalité historique, excepté éventuellement la couleur des yeux et des cheveux. J'ai repris le visage du gisant d'OIivier de Clisson puis mis son blasonnement sur un habit du Moyen-Âge.
Contexte familial
Son père, Olivier IV, prend le parti de Charles de Blois et du roi de France durant la guerre de Succession de Bretagne. Il est alors commandant militaire de la ville de Vannes, assiégée par les Anglais en 1342. Capturé et emprisonné, il est relâché contre une rançon étonnamment faible, ce qui fait naître des soupçons de trahison auprès du roi Philippe VI et de ses conseillers.
Peu après la signature d’un traité de paix, Olivier IV est invité à Paris sous prétexte d’un tournoi, mais il y est arrêté, jugé sommairement, puis décapité le 2 août 1343. Cette exécution rapide scandalise la noblesse, car aucune preuve n’est rendue publique. À cette époque, la notion de trahison est ambiguë chez les nobles, qui revendiquent le droit de choisir leur fidélité. Le corps d’Olivier IV subit une humiliation posthume : il est pendu par les aisselles à Montfaucon, à Paris, et sa tête est fichée à la porte Sauvetout, à Nantes.
Jeunesse et exil en Angleterre
En réaction, Jeanne de Belleville prend les armes et mène une guerre de piraterie contre les Français. Après la perte de ses navires, elle trouve refuge avec Olivier en Angleterre. Le jeune Olivier est élevé à la cour du roi Édouard III aux côtés de Jean IV de Montfort, futur duc de Bretagne.
Retour en Bretagne et début de carrière militaire
Olivier retourne en Bretagne en 1359 avec une armée anglo-bretonne. En 1360, il se réconcilie avec la couronne française dans le cadre du traité de Brétigny. La même année, il épouse Catherine de Laval et de Châteaubriant, dont il aura deux filles. Il participe à la bataille d’Auray en 1364, où il perd un œil et gagne le surnom de « l’homme borgne d’Auray ».
Rapprochement avec Du Guesclin et le roi de France
En 1370, il s’allie à Bertrand Du Guesclin par le serment de Pontorson et participe à la victoire de Pontvallain contre les Anglais. Cette alliance marque son ralliement à la maison de Valois. En 1371-1372, il dirige des campagnes en Poitou, Saintonge et Anjou. Il prend part à la prise de Loudun, Saint-Jean-d’Angély et Saintes. Suite à la torture de son écuyer à Benon, il fait exécuter personnellement quinze prisonniers anglais.
Opposition au duc Jean IV et co-régence bretonne
En raison de l’alliance du duc Jean IV avec l’Angleterre, Clisson se rallie à Charles V qui lui confie la seigneurie de Guillac. Avec Du Guesclin, il lance une campagne contre Jean IV, qui s’exile en 1373. Clisson devient co-régent de Bretagne pour la partie gallophone aux côtés de Jean Ier de Rohan. Il construit la forteresse de Gouesnou et le Château de Josselin.
Connétable de France
En 1380, à la mort de Du Guesclin, il est nommé connétable de France par Charles VI. Il conserve cette fonction jusqu'en 1392. En 1382, il remporte la bataille de Roosebeke contre les Flamands et réprime la révolte des Maillotins à Paris. Il se fait alors construire l’hôtel de Clisson, surnommé « Hôtel de la Miséricorde ».
Tentatives d’assassinat et disgrâces
En 1387, il est emprisonné par le duc Jean IV mais épargné par Jehan de Bazvalan. Il est libéré après paiement d’une forte rançon. En 1392, il survit à une tentative d’assassinat à Paris perpétrée par Pierre de Craon. Cette affaire provoque la première crise de folie de Charles VI. Les oncles du roi accusent Clisson, qui est banni, condamné à une amende et dépossédé. Il se réfugie à Montlhéry puis à Josselin.
Retour en faveur et fin de vie
En 1394, Charles VI le réhabilite. Bien que déchargé de sa fonction, il conserve l’épée de connétable. Il s’allie à Louis d’Orléans et se réconcilie avec Jean IV en 1396. En 1399, il préside à Rennes le couronnement du jeune duc Jean V. En 1402, il est confronté à l’hostilité de ce dernier. Il meurt le 23 avril 1407 à Josselin, le jour de ses 71 ans. Sa tombe est profanée en 1793.
Généalogie
Olivier V est seigneur de Clisson, comte de Porhoët, baron de Pontchâteau, seigneur de Belleville et de la Garnache. Il appartient à la puissante famille bretonne de Clisson. La numérotation des Olivier de Clisson varie selon les sources, mais la plus retenue chez les historiens fait de lui le cinquième du nom.
Biographie complète
Contexte familial
Son père, Olivier IV, prend le parti de Charles de Blois et du roi de France durant la guerre de Succession de Bretagne. Il est alors commandant militaire de la ville de Vannes, assiégée par les Anglais en 1342. Capturé et emprisonné, il est relâché contre une rançon étonnamment faible, ce qui fait naître des soupçons de trahison auprès du roi Philippe VI et de ses conseillers.
Peu après la signature d’un traité de paix, Olivier IV est invité à Paris sous prétexte d’un tournoi, mais il y est arrêté, jugé sommairement, puis décapité le 2 août 1343. Cette exécution rapide scandalise la noblesse, car aucune preuve n’est rendue publique. À cette époque, la notion de trahison est ambiguë chez les nobles, qui revendiquent le droit de choisir leur fidélité. Le corps d’Olivier IV subit une humiliation posthume : il est pendu par les aisselles à Montfaucon, à Paris, et sa tête est fichée à la porte Sauvetout, à Nantes.
Jeunesse sur les mers et en Angleterre
La mère d’Olivier, Jeanne de Clisson (née de Belleville), jure à ses fils Olivier et Guillaume de venger la mort de leur père. Elle parvient à lever des fonds pour constituer une armée destinée à attaquer les troupes françaises stationnées en Bretagne. Elle équipe également des navires pour mener une guerre de piraterie contre les vaisseaux français.
Cependant, ces navires sont perdus, et Jeanne, avec ses deux fils, se retrouve à la dérive en mer pendant cinq jours. Guillaume meurt de soif, de froid et d’épuisement. Olivier et sa mère sont finalement secourus par des partisans de Montfort et conduits à Morlaix.
À la suite de ces événements, Jeanne emmène Olivier en Angleterre. Il est alors élevé à la cour du roi Édouard III, aux côtés de Jean IV de Montfort, futur prétendant au duché de Bretagne. Jeanne finit par épouser un commandant militaire anglais, son quatrième mari, fidèle au roi Édouard.
La guerre de Succession de Bretagne
Après environ dix années passées en Angleterre, notamment à la cour d'Angleterre, Olivier, alors âgé de 23 ans, revient en Bretagne en 1359. Il accompagne Édouard III et Jean IV de Montfort à la tête d’une force anglo-bretonne dans une campagne de guérilla autour du Poitou.
Réconciliation avec la France – Traité de Brétigny (1360)
En 1360, sous le règne de Jean II le Bon, Olivier se réconcilie avec la couronne française à l’occasion du traité de Brétigny, rédigé le 8 mai et ratifié officiellement le 24 octobre. Rebaptisé traité de Calais, ce texte instaure une trêve de neuf ans entre la France et l’Angleterre. Dans un geste symbolique, il rétablit l’honneur du père d’Olivier à titre posthume, permettant à sa famille de retrouver ses privilèges nobiliaires.
La même année, Olivier épouse Catherine de Laval et de Châteaubriant, héritière de la puissante maison de Laval et petite-fille du duc Arthur II de Bretagne. Il devient ainsi cousin des deux prétendants au duché : Jean IV de Montfort et Jeanne de Penthièvre (épouse de Charles de Blois), et même parent du roi de France. Ce mariage ouvre à Olivier de nouvelles perspectives politiques. Le couple a deux filles : Béatrice, dame de Villemomble, et Marguerite.
Reprise du conflit
En 1363, Olivier soutient encore les Montfortistes et participe, en tant que commandant, à une tentative de prise de Nantes qui échoue. Il réussit néanmoins à défendre Bécherel.
Bataille d’Auray (1364-1365)
En 1364, peu après l’accession de Charles V au trône de France, Jean IV de Montfort profite de la faiblesse du royaume et reçoit l’appui des troupes anglaises dirigées par Jean Chandos. En 1365, Jean IV assiège Auray, où les deux armées bretonnes s’affrontent le 29 septembre.
Sur la suggestion d’Olivier, les troupes anglo-bretonnes attendent que l’armée franco-bretonne (dirigée par Charles de Blois et du Guesclin) gravisse une pente, avant de la diviser et de l’attaquer. Charles de Blois est tué au combat, Bertrand du Guesclin capturé (puis libéré contre rançon). Olivier, quant à lui, est grièvement blessé et perd un œil, ce qui lui vaut le surnom de « l’homme borgne d’Auray ».
Premier traité de Guérande
La veuve de Charles de Blois, Jeanne, duchesse de Bretagne, accepte les événements survenus, et des négociations de paix sont engagées entre les maisons de Blois et de Montfort. Jean IV, surnommé « le Conquérant », est reconnu comme le seul duc de Bretagne. Tandis qu’il soigne sa blessure, Olivier apprend que Jean IV a attribué le château et la forêt de Gâvre au commandant anglais Jean Chandos, récompense que lui-même convoitait en raison de ses loyaux services. Olivier exprime vivement son mécontentement, mais cela ne change rien. Il aurait alors fulminé : « Je préfère me livrer au diable que d’avoir un voisin anglais ! » Quinze jours plus tard, le château de Gâvre est mystérieusement incendié. En représailles, le duc Jean IV confisque à Olivier la seigneurie de Châteauceaux.
En 1366, Olivier est envoyé à Paris comme ambassadeur breton, chargé de veiller à ce que le roi de France Charles V respecte les garanties d’indépendance de la Bretagne. Le 22 mai, il est reçu à Paris avec faste.
Bataille de Castille
En 1367, Olivier participe à la bataille de Nájera (en Castille) aux côtés du général anglais Robert Knolles, sous le commandement du Prince Noir. Il affronte les troupes du connétable français Bertrand du Guesclin. Les Français perdent la bataille, et du Guesclin est capturé pour la seconde fois.
Changement d’allégeance
Au printemps 1369, Olivier conseille le roi de France dans la préparation d'une invasion de l’Angleterre, en suggérant d’éviter les tempêtes hivernales de la Manche, en raison de la faiblesse de la flotte française.
En août de la même année, il échoue à prendre Saint-Sauveur-le-Vicomte pour les Anglais, et se voit contraint d’abandonner le siège. Il est alors chargé de négocier au nom du duc Jean IV avec le roi Charles V.
À ce stade, Charles V s’attache pleinement les services d’Olivier, en lui offrant des terres en Normandie. C’est avec ces possessions qu’Olivier échange la seigneurie de Josselin auprès de son cousin, le comte d’Alençon, en 1370. Quelques mois plus tard, il officialise son changement de camp en signant une charte établissant la suzeraineté du roi de France sur Josselin — bien que cette ville se situe au cœur de la Bretagne. De son côté, le duc Jean IV désapprouve fortement cette décision.
Château de Josselin et nouvelles campagnes
Devenu seigneur de Josselin, Olivier entame dès 1370 la construction d’un imposant château à huit tours. La même année, il rejoint Bertrand du Guesclin, devenu connétable de France, et participe à plusieurs campagnes contre les Anglais, notamment le siège de Brest en 1373.
En 1370, sur ordre de Charles V, Olivier mène des raids dans le sud-ouest de la France, alors sous domination anglaise. Le 23 octobre, lié désormais à du Guesclin par le serment de Pontorson, Olivier défait les Anglais à la bataille de Pontvallain. L’accord stipulait que les profits de guerre seraient partagés. Cette alliance témoigne de l’évolution des relations féodales de l’époque, où la fraternité d’armes prenait parfois le pas sur les liens vassaliques. Olivier, fidèle à ce pacte, devient ainsi officiellement un soutien des Valois — les mêmes qui avaient tué son père.
Plus tard la même année, alors que le général anglais Robert Knolles approche de Paris, Olivier conseille au roi d’adopter une tactique prudente et défensive. Knolles finit par renoncer et se retire.
Bataille de Pontvallain
Le 3 décembre 1370, Olivier de Clisson participe à la bataille de Pontvallain en intervenant opportunément derrière la première offensive de Bertrand de du Guesclin.
Bertrand Du Guesclin, Olivier de Clisson et Louis de Sancerre, les protagonistes français de la Bataille de Pontvallain. Les visages d'Olivier de Clisson et de Louis de Sancerre sont directement inspirés de leurs gisants.
Campagnes en Guyenne
En 1371, Charles V décide d’attaquer les possessions anglaises en Guyenne. Le commandement est partagé entre du Guesclin, qui mène l’offensive en Auvergne et en Rouergue, et Olivier, qui attaque le Poitou, la Saintonge et l’Anjou durant l’été. Les Anglais répliquent par une expédition contre la forteresse de Moncontour, qui tombe après dix jours de siège.
En 1372, les villes de Loudun, Saint-Jean-d’Angély et Saintes sont reprises aux Anglais. Les Rochelais ouvrent d’eux-mêmes les portes aux troupes françaises. À Moncontour comme ailleurs, les Anglais refusent parfois d’épargner les prisonniers capables de payer rançon. L’écuyer d’Olivier, capturé à Benon, est torturé et exécuté. En représailles, Olivier fait mettre à mort quinze prisonniers anglais et se forge une réputation de brutalité : il n’hésite pas à mutiler personnellement ses ennemis captifs en leur coupant bras ou jambes. Du Guesclin s’exclame : « Par le corps de saint Benoît, les Anglais n’ont pas tort de vous appeler le Boucher ! »
Dette de guerre et crise bretonne
À cette époque, la Bretagne est endettée envers le roi d’Angleterre Édouard III. Le trésorier du duché, Thomas Melbourne, et d’autres conseillers du duc Jean IV sont anglais. Les nobles bretons, dont Olivier, rejettent cette influence étrangère, et le peuple gronde contre un nouvel impôt ducal permanent : l’impôt sur le foyer.
Pour contrer Olivier, Jean IV signe une nouvelle alliance avec l’Angleterre, arguant auprès de la France qu’il est contraint d’accueillir des troupes anglaises en raison de l’agitation causée par Olivier.
Second mariage
Devenu veuf, Olivier épouse en 1378 sa seconde épouse, Marguerite de Rohan (1330–1406), fille d'Alain VII de Rohan. Marguerite était la veuve de Jean de Beaumanoir, héros de la noblesse bretonne, connu pour avoir combattu les Anglais lors du combat des Trente. Elle avait eu trois filles. Une sœur d’Olivier, Isabeau de Clisson, avait également épousé en 1338 Jean Rieux. Par ces unions, Olivier se rattache ainsi aux plus grandes familles de la noblesse bretonne.
(Détail d’un vitrail représentant Olivier V et Marguerite à Josselin, Bretagne)
Connétable de France
En 1380, après la mort de Bertrand du Guesclin, le roi Charles VI, âgé de douze ans à son couronnement, confie à Olivier le titre de connétable de France le 28 novembre, avec le soutien du duc d’Anjou. Cette nomination se fait malgré l’opposition des ducs de Berry et de Bourgogne, tous trois oncles du roi. Deux autres candidats refusent la fonction, reconnaissant l’expérience militaire supérieure d’Olivier.
Le rôle de connétable conférait à son détenteur le droit de conserver le butin de guerre, à l’exception de l’or, de l’argent et des prisonniers. Olivier reçoit l’épée de connétable et occupe cette fonction de 1380 à 1392.
Second traité de Guérande
Le 4 avril 1381, le second traité de Guérande rétablit les relations normales entre le duché de Bretagne et le royaume de France. Le 30 mai 1381, le duc Jean IV et Olivier signent un traité d’« alliés fidèles », réaffirmé le 27 février 1382.
Campagne de Flandre
En 1382, à la suite d’une révolte en Flandre remettant en cause l’autorité féodale, Charles VI décide d’intervenir pour soutenir son allié, le comte de Flandre Louis de Male. Le 27 novembre, Olivier mène l’armée royale française à la victoire à la bataille de Roosebeke, où 25 000 hommes sont massacrés. Les milices bourgeoises, composées d’artisans et de marchands peu expérimentés, sont écrasées par des troupes françaises aguerries, qui se livrent ensuite à des pillages massifs.
Cette révolte flamande fait écho à Paris, où elle alimente des désirs d’émancipation. La décision de rétablir un impôt aboli par le roi précédent déclenche en mars 1382 la révolte des Maillotins. L’absence du roi en campagne laisse croire que le pouvoir royal s’est affaibli. Mais après la victoire et son retour, les Parisiens renoncent à la confrontation.
En février 1383, Olivier déclare aux bourgeois : « Corps et biens, vous êtes en état de confiscation. Choisissez : la justice ou la miséricorde. » Ils choisissent la miséricorde, c’est-à-dire le paiement d’amendes proportionnelles à leurs fortunes. Finalement, le roi abandonne une partie de ces pénalités.
Mariage de sa fille
En 1384, malgré le traité conclu avec Jean IV, Olivier paie la rançon de Jean Ier, comte de Penthièvre, fils de Charles de Blois, retenu prisonnier en Angleterre. De plus, il fiance sa fille Marguerite à Jean de Penthièvre.
Il semble qu’Olivier cherchait ainsi à positionner sa famille en vue d’une succession : si le duc Jean IV venait à mourir sans héritier mâle, Jean de Blois (fils de Jeanne, duchesse de Bretagne) deviendrait l’héritier présomptif, selon les termes du traité de Guérande.
Projet d’invasion de l’Angleterre
En 1384, Olivier conçoit un projet d’invasion de l’Angleterre à l’aide d’un immense radeau fortifié. 1 300 navires sont rassemblés, protégés par 97 vaisseaux de guerre. Mais ce projet extrêmement coûteux échoue : en décembre 1386, le duc de Berry retarde l’expédition, le principal soutien (le duc de Bourgogne) tombe malade, et le mauvais temps finit de ruiner l’opération. Elle est abandonnée en 1387.
Première tentative d’assassinat
En 1387, Olivier est invité par le duc Jean IV à Vannes pour assister à une séance du Parlement breton et inaugurer le château de l’Hermine. Le 27 juin, le connétable est saisi et emprisonné. Le duc ordonne qu’il soit enfermé dans un sac et jeté à l’eau. Mais Jehan Bazvalan, maître d’armes du duc, refuse d’exécuter l’ordre et se contente de le garder enfermé. Le lendemain, Jean IV s’enquiert de son sort, et Bazvalan avoue ne pas avoir obéi. Olivier accepte finalement de payer une lourde rançon et de céder au duc les forteresses de Blain, Josselin et Jugon-le-Guildo.
Rétablissement partiel
En 1388, le roi de France négocie avec Jean IV la libération d’Olivier et lui rend ses terres confisquées — mais pas sa rançon, pour éviter d’humilier le duc et d’en faire un allié des Anglais.
Le gouvernement des Marmousets
Comme Charles VI n’a que 12 ans, Olivier joue un rôle de mentor, surnommé par l’historienne Françoise Autrand « l’oncle ». En 1388, à 15 ans, le roi décide de gouverner sans ses oncles. Olivier entre alors dans un groupe de fidèles appelés les Marmousets, qui prennent en main le gouvernement du royaume. On y retrouve :
Bureau de La Rivière (chambellan de Charles V)
Jean Le Mercier (grand maître de l’Hôtel du roi)
Jean de Montagu
Héritier potentiel du duché de Bretagne
En 1389, Charles VI encourage des seigneurs bretons comme Olivier à se porter candidats au duché, si Jean IV meurt sans héritier mâle. Mais Jean IV a un fils avec Jeanne de Navarre : Jean V, né le 24 décembre 1389.
Deuxième tentative d’assassinat
En 1392, de retour à Paris, Olivier est attaqué dans une rue étroite par Pierre de Craon, probablement sur ordre du duc Jean IV. Les serviteurs d’Olivier s’enfuient, mais sa cotte de mailles le sauve. Il parvient à dégainer son épée et à repousser ses agresseurs. Dans la lutte, il tombe de cheval et est assommé contre une porte. Craon, le croyant mort, s’enfuit en Bretagne.
Exil et disgrâce
Pour punir Craon et Jean IV, Charles VI marche sur la Bretagne avec Olivier. Mais pendant l’expédition, le roi est frappé d’une crise de folie. Ses oncles accusent Olivier d’en être responsable. Le 10 décembre 1392, le Parlement condamne Olivier pour enrichissement illégal, le bannit du royaume, lui inflige une amende de 200 000 livres et exige la restitution de l’épée de connétable. Olivier refuse et se réfugie à Montlhéry puis à Josselin.
Rétablissement en grâce
Pour regagner la faveur du roi, Jean IV assiège le château de Josselin. Mais en 1394, Charles VI rétablit Olivier dans ses fonctions. Bien que Philippe d’Artois lui ait succédé comme connétable en 1392, Olivier conserve le privilège de porter l’épée du connétable. En 1397, Louis de Sancerre est nommé connétable, mais Olivier reste un acteur de poids, allié de Louis d’Orléans, frère du roi.
Réconciliation avec Jean IV et fin de conflit
Après trente années de conflit, une réconciliation a lieu en 1396, par l’intermédiaire du duc de Bourgogne. Jean IV envoie son fils en gage de sincérité. Les deux hommes tiennent leur promesse de paix jusqu’à la mort du duc, en 1399.
À cette date, le jeune duc n’a que dix ans. Sa mère, Jeanne de Navarre, épouse peu après Henri IV d’Angleterre. Louis d’Orléans propose alors que le gouvernement de la Bretagne soit confié à Olivier pour éviter une domination anglaise. Mais c’est Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui devient régent du duché.
Conflit avec sa fille Marguerite
Marguerite de Clisson, surnommée « Margot », épouse Jean, comte de Penthièvre. Elle se range contre son père et revendique le duché. Olivier s’en indigne et lui prédit : « Perversion ! Tu vas ruiner tes enfants ! » La prophétie se réalise : deux de ses fils sont exécutés pour trahison, et un troisième emprisonné pendant 25 ans.
Cette querelle donne naissance à une légende : fuyant son père, Margot se serait cassé la jambe et serait devenue boiteuse, gagnant le surnom de « Margot la Boiteuse » — une histoire probablement forgée par des opposants après 1420.
Mort
Olivier de Clisson meurt à Josselin, le 23 avril 1407, le jour de ses 71 ans. Il avait exprimé dans son testament le souhait de rendre l’épée de connétable. Il est inhumé dans la chapelle du château. Sa tombe est cependant profanée en 1793, pendant la Révolution.
Château de Josselin ( vue ia il peut avoir quelques erreurs )
Armoiries et devise
Les armoiries d’Olivier V de Clisson se blasonnent : « De gueules au lion d'argent, armé, lampassé et couronné d'or. » Ce lion représente à la fois la puissance guerrière et la noblesse de son lignage.
Sa devise personnelle était : « Pour ce qui me plaist », reflétant son indépendance et sa détermination à agir selon sa volonté.
Sur les bâtiments qu’il fait édifier ou restaurer, Olivier fait apposer un « M » majuscule gothique, dont la première trace apparaît avant 1359 sur une pièce frappée en Angleterre. Cette monnaie figure un lion à queue fourchue passée en sautoir, dans une rosace à six lobes, entourée de couronnes et de « M » gothiques. L’autre face porte l’inscription « Maria Gratia Plena » — le « M » pourrait ainsi être une référence mariale.
Forteresses et architecture militaire
À sa mort, Olivier V de Clisson est l’un des plus puissants seigneurs féodaux de l’ouest de la France. Il détient notamment les forteresses de :
Josselin (sa résidence principale),
Clisson, Blain, Champtoceaux,
Jugon, Pontorson, Moncontour, Palluau, La Garnache.
La plus emblématique est celle de Josselin, qu’il transforme en une imposante forteresse de 4 500 m², dotée de neuf tours et d’un donjon circulaire de 26 mètres de diamètre et 32 mètres de hauteur, véritable défi symbolique à l’autorité ducale située à Vannes.
Il renforce également l’hôtel de Clisson à Paris, rue des Archives, qui devient sa résidence urbaine et un centre de pouvoir dans la capitale.
Seigneuries et domaines
Olivier V porte les titres de seigneur de Clisson, de Porhoët, de Belleville et de la Garnache. Son patrimoine s’étend :
en Bretagne : pays de Penthièvre (Côtes-d’Armor), Porhoët (Morbihan), Clisson (Loire-Atlantique) ;
en Île-de-France : Villemomble ;
en Poitou, Anjou et Normandie.
Il possède au total plus de 60 domaines, dont :
17 en Poitou,
8 en Normandie,
3 en Anjou,
le reste en Bretagne.
Ses terres bretonnes représentent environ 20 % de la population de la Bretagne à la fin du XIVe siècle, signe de son poids politique et territorial.
Fortune et revenus
Olivier V de Clisson est considéré par les historiens, notamment Yvonig Gicquel, comme l’un des hommes les plus riches de son temps. Sa richesse repose sur une gestion rigoureuse et diversifiée de ses ressources :
Revenus féodaux : droits seigneuriaux, fermages, redevances en nature.
Exploitation agricole : exploitation directe, droits de banalité, franc-fief.
Ressources naturelles : forêts de Blain, du Gâvre, bois du Porhoët ; sel de Bourgneuf et de Noirmoutier.
Commerce : vin du pays nantais, taxes sur les ponts, ventes d’animaux.
Affrètement maritime : il possède au moins deux navires de commerce.
Prêts à intérêt : au pape Clément VII, à la famille royale, aux armateurs bretons, aux marchands, aux paysans.
Grâce à ses fonctions de connétable de France, il bénéficie aussi de prises de guerre, conservant tout butin hormis l’or, l’argent et les prisonniers. Ses émoluments, en temps de guerre, sont vingt-quatre fois supérieurs à ceux du chancelier de Bretagne, et en temps de paix douze fois plus élevés.
Selon les éléments de ses testaments, ses revenus annuels sont estimés à l'équivalent de 180 millions d’euros actuels (valeur 2013), et sa fortune à sa mort en 1407 est évaluée à environ six tonnes d’or et soixante tonnes d’argent.
Mode de vie et représentation
Olivier mène un train de vie luxueux mais contrôlé. Il affiche une élégance assumée et se distingue par ses vêtements de mode courte, parfois jugés indécents par ses contemporains. Il participe à toutes les grandes cérémonies de cour, notamment lors du sacre de Charles VI, où il tient la sainte ampoule.
Vers la fin de sa vie, influencé par sa seconde épouse Marguerite de Rohan, il soutient activement des œuvres religieuses : rénovation de la basilique Notre-Dame du Roncier à Josselin, fondation du collège Notre-Dame-de-Clisson, dons aux ordres mendiants.
Le Château de La Roche-Guyon, niché au cœur du parc naturel régional du Vexin français, est un joyau historique situé sur les rives de la Seine, à la frontière entre l’Île-de-France et la Normandie. Dominant le village du même nom, il offre un témoignage exceptionnel de l’évolution architecturale du Moyen Âge à nos jours. Construit à flanc de falaise, son donjon du XIIe siècle surplombe un élégant Château des XVIIe et XVIIIe siècles, formant un ensemble unique où se mêlent histoire, légendes et nature. Tantôt forteresse médiévale, demeure seigneuriale ou quartier général militaire lors de la Seconde Guerre mondiale, ce lieu chargé d’histoire séduit aujourd’hui les visiteurs par son atmosphère envoûtante et son panorama exceptionnel sur la vallée de la Seine.Son histoire est riche et couvre une période très large de l’histoire de France qui s’étale du IXème siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale. Son emplacement, sa conception dans les roches de craie et son histoire en font une place de choix et un lieu unique et pittoresque.
D’où vient son nom ‘ La Roche Guyon ‘ ? Les premiers seigneurs s’appelaient traditionnellement Guy et ‘La Roche’ par rapport évidemment à sa situation rocheuse.Le village de la Roche Guyon fait partie d'un des 152 "plus beaux villages de France", le seul en Île-de-France. Il est vrai que le village est très agréable, bien entretenu, des parkings gratuits sont disponibles et l'accueil en général est plutôt bon.
Informations
Adresse : E.P.C.C du Château de La Roche-Guyon - 1 rue de l’Audience - 95780 La Roche-Guyon
Heures d'ouvertures & Visites : Horaires d’ouverture du château (dernier billet vendu 1h avant la fermeture) :
BASSE SAISON : Du samedi 6 FÉVRIER au dimanche 28 MARS et du lundi 1er NOVEMBRE au dimanche 28 NOVEMBRE : 10h à 17h.
HAUTE SAISON : Du lundi 29 MARS au dimanche 31 OCTOBRE 2010 : du lundi au vendredi de 10h à 18h. Le week-end et les jours fériés : de 10h à 19h. Fermeture annuelle de l’administration : fin-décembre 2010 à début janvier 2011 (dates à préciser).
OUVERTURE DU POTAGER : aux horaires du château, à partir d’avril... TARIFS : Tarif plein : 7,50 € Tarifs réduits : 5 € handicapés, 4 € (6-25 ans, étudiants, demandeurs d’emploi), 3 € habitants de la communauté de communes Vexin Val de Seine (Amenucourt, Chérence, Haute-Isle, La Roche-Guyon, Vétheuil, Vienne-en-Arthies, Villiers-en-Arthies).
Historique
Sources : divers, dont les plaquettes d'informations du château.
Peinture d'Hubert Robert, entre 1750 et 1808, actuellement au Musée des Beaux-Arts de Rouen
• La naissance du château
Vers le IIIe siècle des habitants vivent dans les troglodytes de l’actuel château inexistant à l’époque. Il existait même une chapelle, qui est à l’emplacement actuel, agrandie aujourd’hui. Selon la légende elle serait à l’endroit précis où un oratoire avait été construit par Sainte Pience. C'est là qu'était enterré, ou baptisé, Saint Nicaise.
La légende de Saint Nicaise ressemble étrangement à celle de Saint Denis à Paris. Sans rentrer dans les détails, les Vandales étant dans la région auraient fait décapiter Saint Nicaise, prêtre envoyé par Rome avec Saint Denis, ce dernier resta à Paris qui connut un sort similaire. Mais ressuscité il se leva avec la tête dans sa main pour venir dans l’île de Gasny (tout comme Saint Denis qui se leva avec sa tête et descendit de Montmartre pour arriver et être enterré à Saint-Denis, la basilique actuelle serait construite à l’endroit même de son inhumation ). Pience convertie par Saint Nicaise, l’enterra selon les rites chrétiens .
Le donjon principal est probablement du XIIème siècle. Cependant, les premières traces d’une fortification sommaire datent probablement des premières invasions Normandes et Viking. Son emplacement stratégique est double : il permet de surveiller le fleuve qu’il surplombe et l’une des routes qui mènent à la Normandie. Il faut évidemment rappeler que les fleuves et rivières étaient à l’époque un moyen de voyager rapidement, sans compter la pêche et toutes les nécessités d’usage et indispensables de l’époque.
Les diverses invasions de la région fait de la Roche Guyon une place centrale de choix et très hautement stratégique, tout comme le château de Gisors à quelques kilomètres de là. La vallée de l’Epte et ses abords sont des points de frictions importants lors de la guerre de Cent Ans et bien avant.
Le donjon a subi deux étapes importantes et majeures pour sa construction. La première, c’est sa construction vers la fin du XIIe siècle avec un donjon simplifié, mais déjà imposant, qui fut vite adjoint par deux ‘chemises’ de protection qui doublèrent son épais donjon initial. Sa forme rare reflète déjà pour l’époque une grande avancée technique. En arrondie vers la Seine et triangulaire vers l’arrière en forme effilée, il ressemble à une amande.
Le donjon a un diamètre de 12 mètres vers l’extérieur et 6 mètres en intérieur, avec des murs épais d’environ 3 mètres en moyenne. Son éperon de protection a un mur épais d’environ 4 mètres. Son architecture ramassée et compacte en fait un donjon capable de résister à la plupart des assauts de l’époque. Il est difficilement prenable, voire impossible, d’autant que pour y accéder, il n’y a qu’un unique chemin principal dans les roches de craie juste en dessous. Dès son origine et pendant plusieurs siècles, sa hauteur initiale était de plus de 30 mètres.
Vers 1250, le donjon reçoit un manoir fortifié, qui permet d’assurer une défense sans failles. La crête protégée par le donjon et la rive par le manoir fortifié en fait une place forte de renom, d’autant que les deux systèmes de protection sont reliés directement l’un à l’autre par un escalier souterrain permettant une défense bi-polaire difficilement attaquable. La tour carrée actuelle, quoique très modifiée présente encore des stigmates importants de cette époque. Appelée aujourd’hui le "circuit des herses", on y voit notamment deux entrées avec des herses, dont une qui représentait l’ancienne entrée du château. Elle est aujourd’hui cachée par le remblai de la terrasse. Mais si l’entrée n’est plus utilisable, on y observe encore parfaitement les fentes des herses. L’entrée était composée de successions importantes de herses, d’assommoirs, de mâchicoulis et autres défenses. Le château était bien gardé et ses imposantes protections alliée à un donjon imprenable qui surplombant l'ensemble.
La tour carrée est la plus ancienne du château avec le donjon, elle a été cependant remaniée de nombreuses fois.
• La guerre de Cent Ans
Lors de la bataille d’Bataille Azincourt le 25 octobre 1415, Guy VI de La Roche meurt comme des centaines d’autres chevaliers et combattants. Perrette de la Rivière devint veuve avec ses trois enfants. Le château va sûrement connaître l’une de ses premières attaques, par les Anglais notamment. Henri V fait ordonner le siège du château en 1419. Il lui faudra 6 long mois pour que le château soit livré aux mains des Anglais. Encore que Perrette de La Rivière n’avait plus tous ses chevaliers, ce qui aurait peut-être permis peut-être de résister plus longtemps.
Henri V lui propose un marché de dupe. Soit elle quitte ses terres ou soit elle se soumet à la couronne d’Angleterre : elle décide de partir. Il faut dire que le choix était cornélien et si cela peut paraître évident aujourd’hui, il l’était beaucoup moins évident à l’époque, sachant que le territoire ‘français’ était morcelé. La riche Ile de France était, pour l’ensemble, la plus grande partie du royaume français et la plus riche. Cela prouve probablement l’attachement de la famille à la royauté française, mais on peut supposer aussi que la mort de son mari lors de la bataille d’Azincourt ne lui donnait pas envie de se soumettre au royaume qui tua son mari.
Le château devint la propriété de Guy Le Bouteiller II (seigneur de Bouteiller), l’un des descendants directs de Charlemagne, mais qui trahit la ville de Rouen en la faisant tomber aux mains des Anglais. Cette ‘juste’ récompense offerte par Henri V lui permit d’y vivre jusqu’en 1439, date à laquelle son fils prit le relais pendant 10 ans. En 1449 ,avec les armées du roi Charles VII, le Comte de Dunois reprends la place sans coup férir ou presque :
Le château de la Roche-Guyon , est gouverné par John Howell. Il promet de libérer le château s’il ne reçoit pas de renfort dans les quinze-jours. Le duc de Sommerset, lieutenant de la Normandie alors à Rouen, fou de rage envoi 24 hommes pour le faire assassiner. John Howell apprends secrètement que le duc veut le faire tuer, il livre alors la place à Dunois et change de camp.
Guy VII de la Roche reconquiert son bien car unique et légitime héritier du château.
• De la guerre à la paix
Comme une grande partie des châteaux, la guerre de Cent Ans va être un formidable tremplin pour des fortifications purement défensives pour la plupart. Mais l’après-guerre de Cent Ans va changer la donne lentement mais sûrement. Puisque la Normandie est devenue française et que la guerre avec les Anglais sur le territoire n’est plus d’actualité, le château fort de la Roche Guyon perd de son intérêt stratégique et militaire. Il resta néanmoins une place de choix.
C’est le changement de propriétaire par alliance qui va chambouler ce château à l’aspect affreux selon l’abbé Suger : « Au sommet d'un promontoire abrupt, dominant la rive du grand fleuve de Seine, se dresse un château affreux et sans noblesse appelée La Roche. Invisible à sa surface, il se trouve creusé dans une haute roche. L'habile main du constructeur a ménagé sur le penchant de la montagne, en taillant dans la roche, une ample demeure pourvue d'ouvertures rares et misérables ».
Le mariage de Marie de la Roche avec Bertin de Silly en 1474 fait passer le château dans une famille d’officiers royaux, qui y restèrent par ailleurs jusqu’en 1628. Ils transformèrent le château en un lieu agréable de vie.
Par le mariage de Marie de La Roche (fille de Guy VII) avec Bertin de Silly en 1474, le château passe dans la famille de Silly où il reste jusqu’en 1628. Ils eurent par ailleurs un fils Charles de Silly qui devint seigneur de Rochefort. La famille de Silly transforma la forteresse médiévale en lieu de résidence habitable.
Des ouvertures sont faites, les remparts et donjons sont transformés pour être des lieux d’habitations. On remarquera notamment qu’en dessous du chemin de la ronde et des tours d’angles, on pratique des ouvertures de jour importantes. La tour actuelle ‘carrée’ subit d’importantes modifications, avec l’adjonction de fenêtre ‘gothique’ d’un enchevêtrement d’ouvertures laissant passer la lumière qui devait manquer avant. Ce type de modifications est d’ailleurs très courant après la guerre de Cent Ans. Pour certains même ils furent complètement détruits pour en faire des résidences de ‘luxe’. Mais une grande partie également fut abandonnée au fur et à mesure.
L’endroit devint tellement accueillant que les rois de France y vinrent régulièrement pour des parties de chasse. On peut noter notamment François Ier et Henri II. Henri IV y fut même éconduit par la charmante châtelaine, mais veuve, une histoire de ‘vacherie’ assez cocasse, mais qui démontre assez bien les relations de l’époque dans la haute sphère. Les femmes riches étaient bien souvent très libres et avaient dans certains cas des pouvoirs certains.
Au XVIIe siècle le potager fait son apparition. Il est juste en face du château, il existe encore presque à l’identique ! Identique jusqu’aux plantes et dans sa conception. Les potagers fleurissent et sont souvent des endroits d’expérience et découvertes botaniques, voir d’intrigues……
• De famille en famille
En 1628, la famille Silly ‘perdit’ le château. L’unique héritier François de Silly meurt à La Rochelle en 1628. Sa mère se remaria avec Charles de Plessis Liancourt et eut un fils Roger. Elle rachèta tous les droits nécessaires, en effet une partie appartienait à la seigneurie de la Roche-Guyon et d’autres éléments à des descendants des Silly. Roger continua le travail en négociant avec ses cousins de la famille de Silly en rachetant les droits également, cela permit de reconstituer l’intégralité du domaine.
Plus tard en 1659 Jeanne-Charlotte du Plessis Liancourt, petite fille de Roger de Plessis Liancourt, se maria avec son cousin François VII de la Rochefoucault, fils de l’écrivain de la Rochefoucault, célèbre auteur des Maximes, et fait tomber le domaine dans les mains de la famille de la Rochefoucault. Malgré un intermède d’une trentaine d’années, elle reste leur propriété jusqu'à aujourd’hui.
• Intrigues et traquenard
A cette époque le château va prendre une ampleur esthétique rarement vue avant.
C’est pourtant à cause d’une histoire de complot et d’intrigues que les choses vont clairement changer. Madame de Châteauroux alors favorite du roi est directement visé par une intrigue où la Rochefoucault est impliqué. Louis XV le fit exiler dans son château de la Roche Guyon avec impossibilité d’en partir. Mais Louis XV était un spécialiste des exils, un grand nombre de ministres et de personnages proches de sa personne en firent les frais : le Duc de Châtillon, le Comte de Maurepas, le garde des sceaux Chauvelin, tout le parlement de Paris, et un très grand nombre d’autres magistrats, des évêques, des abbés, et des hommes de tout état.
• De grands travaux sont réalisés, qui donneront à peu près l’actuel château.
Une écurie, grande et vaste, deux pavillons, une cour d’honneur et une entrée immense en dessous du chemin de ronde et de ses tours. Il rajoute au potager un réseau d’adduction d’eau, construit un réservoir souterrain long de 22 mètres, 9 mètres 30 de large et 3 de profondeur pour une capacité totale de 6.138 hectolitres.
Marie Louis Nicole de la Rochefoucault (qui devint la marquise d’Endeville), fille aînée du duc, vécut avec son père lors de l’exil royal. C’est toute une grande panoplie de personnages qui vinrent et se succédèrent dans ce château : les ministres, dont certains sont exilés ou répudiés par Louis XV (Choiseul, Maurepas et Turgot) et des gens d’esprit tels que Condorcet. La bibliothèque du château contenait par ailleurs un grand nombre d’ouvrages, aujourd’hui transférés dans d’autres lieux, un inventaire précis y recense 1713 titres pour 2791 volumes. Ce qui est déjà énorme pour l’époque, même si on est très loin des grandes bibliothèques comme celle de Colbert avec 64 000 ouvrages rares et précieux.
Marie Louis Nicole de la Rochefoucault contribua à la diffusion de la variole, à l’expérimentation de la culture de la pomme de terre pour créer un pain plus économique, ouvre une filature et crée même une école ‘publique’ gratuite. Elle correspondait régulièrement avec Voltaire et Walpole. La Révolution ne lui fit cependant pas grâce. Son fils, le duc de la Rochefoucault, fut assassiné à Gisors devant ses yeux le 4 septembre 1792 puis elle fut traînée en "justice" révolutionnaire. Elle ne dut sa survie qu’à une pétition des habitants du village de la Roche Guyon. La duchesse d’Enville décède à Paris le 31 mai 1797.
• La Révolution gronde
En dehors de la mort du duc de la Rochefoucault dans d’atroces conditions (tué à coups de pierres par une meute en folie à Gisors), le château connut peu d’atrocités ou de modifications, seul le donjon perdit de sa grandeur ……. Le 2 octobre 1793, le Conseil Général de Seine et Oise veut détruire le donjon pour éviter aux contre-révolutionnaires de l’utiliser. Le donjon fut réduit d’un tiers, pour ne faire plus que 20 mètres aujourd’hui. Bien que fut ordonnée sa destruction totale, cela ne fut pas fait et à peine entamé. Les pierres servirent à construire d’autres bâtiments dans le village, chose courante à cette époque, la pierre étant chère et rare.
• Un cardinal propriétaire
A la mort de la duchesse d’Endeville, c’est sa belle-fille qui en administra le bien, mais elle lâcha vite les rennes à son petit-fils le prince de Léon et Duc de Rohan. À la mort de celle-ci, l’ensemble du patrimoine revint donc au duc. Le 29 février 1788, naît Louis François Auguste de Rohan-Chabot. Il épousa en 1808 à l’âge de 20 ans Mademoiselle de Sérent âgée de 17 ans. Mais elle meurt brûlée vive 7 ans plus tard dans un tragique accident domestique.
Un an plus tard Louis François Auguste perd son père le duc de Rohan. Il devint donc duc de Rohan, mais entra dans les ordres quelque temps plus tard. En 1819 il entre au séminaire de Saint-Sulpice où il rencontre Victor Hugo. Ordonné prêtre en 1822, il est nommé archevêque d’Auch en 1828, puis archevêque de Besançon en 1829. En 1830, il est fait cardinal. Mais à cause de la chute des Bourbon, le cardinal-duc de Rohan fuit le territoire français. Il partit en Belgique, puis en Suisse. Il ne retourna dans son diocèse de Besançon qu’en 1832. Il resta à Besançon jusqu'à sa mort en 1833.
• Le château de La Roche-Guyon retourne dans la famille de La Rochefoucauld
1797-1829, c’est la période pendant laquelle le château de La Roche-Guyon quitte la famille de La Rochefoucauld. En effet, nommé archevêque de Besançon en 1829, Louis François Auguste de Rohan-Chabot revendit ses parts d’héritage à son cousin François XIII de La Rochefoucauld, fils du célèbre La Rochefoucauld-Liancourt, fondateur de la première caisse d’épargne de France.
• Sur le pont de la Roche Guyon ….
Entre-temps un pont fut construit en 1838, mais son incapacité et son unique voie n'était plus suffisant alors qu'il est un des rares ponts de la région. Il est donc décidé en 1882 de le détruire pour en refaire un autre, de type suspendu et semi-rigide. Mais c’est seulement le 17 août 1914 que les travaux commencèrent, pour être stoppés net quelque temps plus tard par la mobilisation de la Première Guerre mondiale. Les travaux ne reprennent qu’en 1932 pour finir deux ans plus tard. Le pont à arche unique fut inauguré le 7 juillet 1935, avec ses 200 mètres il était le plus long d’Europe. Fierté locale ce pont accueillit un grand nombre d’éloges. Mais la Seconde Guerre mondiale fait rage et s’approche de Paris. Le génie français le fit sauter dans un vacarme de 400 kilos de cheddites, dont l’objectif est de ralentir l’avancée allemande…ce qui ne servit presque à rien car les Allemands arrivèrent à Paris le 14 du même mois.
• La Seconde Guerre mondiale
Dès le mois d’août 1940, le village est occupé, et il resta une garnison jusqu’en 1941. Mais en 1943 on y installe une D.C.A le 17 mars .C’est surtout à partir de février 1944 que le château va connaître un des ses occupants les plus prestigieux : le maréchal Erwin Rommel.
La Roche Guyon est totalement libérée le 8 aout 1944, mais malheureusement un manque d’informations et de communication conduisit à un unique bombardement de la ville par les alliés. Ce bombardement malheureux va faire d’importants dégâts, mais sans blessés ni décès. Ce bombardement endommagea considérablement le château, le village et la maison la plus ancienne fut totalement détruite (1520).