La bataille de Formigny est un événement marquant de la guerre de Cent Ans.Cette bataille, qui s’est déroulée le 15 avril 1450 à Formigny en Normandie, a vu les forces françaises, soutenues par leurs alliés bretons, affronter les troupes anglaises. La victoire décisive des Français a non seulement marqué un tournant dans la guerre, mais a également mis fin aux ambitions anglaises sur la Normandie.

Les forces françaises étaient commandées par le connétable de Richemont et le comte de Clermont. Elles comprenaient des troupes régulières ainsi que des contingents bretons. Les Anglais, quant à eux, étaient dirigés par Sir Thomas Kyriell et comprenaient des archers et des fantassins expérimentés. C'est probablement la première  bataille à utiliser les canons ( couleuvrines ) de campagne en bataille rangée avec l'artilleur Giribault qu'on retrouve à la bataille de Castillon avec les frères Bureau. C'est néanmoins la charge bretonne avec le connétable de Richemont qui va sceller le sort des anglais dont les champs seront jonchés de leur corps et le ruisseau de Formigny coulait de leur sang, certain champs on le surnom de "Tombeau des Anglais" tant les pertes furent importantes.

 

 

 

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La Bataille de Formigny en vidéo

 

 

Les Prémices de la Bataille

Au cours des décennies précédant la Bataille de Formigny, les Français ont progressivement regagné du terrain face aux forces anglaises, notamment grâce à des victoires stratégiques à Orléans et à Patay. Ces succès ont renforcé la position du roi Charles VII de France et ont affaibli la présence anglaise sur le continent.

Au début de l'année 1450, les possessions continentales anglaises sont dans une situation critique. Après des décennies d'indécision, le roi de France Charles VII décide de consolider son autorité et d'accélérer la reconquête des territoires tenus par les Anglais. Dans un premier temps, il cherche à consolider son alliance avec la Bourgogne, amorçant des négociations de paix. Le 21 septembre 1435, le traité d'Arras met fin à la guerre entre la France et la Bourgogne, avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon reconnaissant Charles VII comme le roi légitime de France. En échange, Charles VII cède à Philippe le Bon les comtés de Mâcon et d'Auxerre, ainsi que plusieurs villes de la Somme telles qu'Amiens, Abbeville et Saint-Quentin. Malgré le tribut considérable à payer, cette entente offre à Charles VII la liberté d'affronter les Anglais.

Le 12 novembre 1437, Charles VII entre dans Paris, marquant un tournant dans sa quête pour consolider son pouvoir. En 1444, une trêve est conclue entre les deux camps, bien que de courte durée. Le 23 mars 1449, un aventurier aux services des Anglais, Surienne, surnommé l'Aragonais, s'empare de la ville bretonne de Fougères pour le compte du duc de Somerset, lieutenant du roi d'Angleterre en Normandie. Cette action, bien que réalisée alors qu'Arthur III de Bretagne, frère du duc de Bretagne, est connétable de France depuis plusieurs années, officialise l'alliance de la Bretagne avec la France.

Une coalition est formée entre le duc de Bretagne François Ier et le roi Charles VII pour mener une campagne en Normandie et libérer définitivement la province. Les forces anglaises subissent une défaite à Rouen le 29 octobre 1449 et se replient vers le Cotentin. Au 12 octobre, seules quelques places, telles qu'Avranches, Bayeux, Bricquebec, Caen, Cherbourg et Saint-Sauveur-le-Vicomte, sont encore aux mains des Anglais. À la fin de la campagne de 1449, les forces françaises ont reconquis plusieurs villes importantes de Basse-Normandie, dont Coutances, Carentan, Saint-Lô et Valognes, et ont infligé plusieurs défaites aux Anglais en Haute-Normandie sous le commandement de Dunois. À moins de recevoir des renforts, la totalité de la Normandie est sur le point de basculer aux mains des Français. Cependant, avec l'arrivée de l'hiver, les troupes bretonnes se retirent des rangs, promettant de revenir en Normandie dès le mois de janvier suivant.

 

Les Forces en Présence

Lorsque la bataille s'annonce à Formigny, les forces françaises sont dirigées par le talentueux commandant Arthur de Richemont, également connu sous le nom de Connétable de Richemont. En face, les Anglais, sous le commandement de Sir Thomas Kyriell, comptent sur des troupes expérimentées mais sont affaiblis par des années de conflit prolongé.

Profitant d'une brève accalmie dans les hostilités, le duc de Suffolk réussit à rassembler des fonds pour financer l'envoi d'environ 3 500 hommes, placés sous les ordres de sir Thomas Kyriell. Cette force débarque à Cherbourg le 15 mars avec pour objectif initial de rejoindre la garnison anglaise de Caen, forte de 2 000 hommes. En chemin, ils rencontrent Valognes, tenue par les partisans français. Le 20 mars, les troupes anglaises entament le siège de la ville, renforcées par des contingents provenant d'autres garnisons anglaises sous le commandement de Matthew Gough. Alerté, le roi de France mobilise rapidement une armée de 3 000 hommes sous le commandement de Jean II de Bourbon, comte de Clermont, avec l'intention d'être rejoint par une seconde armée dirigée par le connétable de Richemont.

La première armée, conduite par le comte de Clermont, atteint Carentan le 12 avril, apprenant la reddition de Valognes survenue deux jours auparavant. Pendant ce temps, le comte de Richemont, mobilisant les forces bretonnes, est informé de la situation seulement vers le 25 mars. Avec son frère, ils lèvent une armée de 4 000 hommes, mais le 8 avril, arrivé à Dol-de-Bretagne, le duc décide de retenir la moitié de l'armée bretonne en Bretagne. Ainsi, le 10 avril, il avance en Normandie avec une armée réduite à 2 000 hommes.

Le 13 avril, Richemont atteint Coutances, où il reçoit un message du comte de Clermont concernant la situation. Cependant, interprétant mal les mouvements de l'armée anglaise, il croit à tort qu'elle se dirige vers Saint-Lô. Comme le rapporte Guillaume Gruel, écuyer d'Arthur de Richemont, celui-ci semble avoir été désorienté par les messages qu'il a reçus :

« Monseigneur de Clermont, Monsieur de Kastres, de l'amiral de Coitivi, et du grant Seneschal [...] lui escripvoient que les Angloys avoient prins Valoignes, et que encore estoient au dit lieu, et qu'il leur sembloit qui devoit tirer à Saint-Lo.[...]; et il tira à Saint Lo. »

En réalité, le commandant anglais Thomas Kyriell a décidé de contourner Saint-Lô, préférant trouver un passage à gué dans les marécages de la baie du Grand Vey. Dans l'après-midi du 14 avril, il arrive au village de Formigny où il érige des fortifications pour établir une étape.

Le 14 avril, le comte de Clermont est informé du passage des Anglais mais n'agit pas immédiatement. Ce n'est que dans la soirée qu'il envoie un messager à Richemont, qui ne reçoit l'information que le matin du 15 avril.

 

Le Déroulement de la Bataille

La Bataille de Formigny débute dans la matinée du 15 avril 1450, lorsque les forces françaises lancent une attaque déterminée contre les positions anglaises. Les Français, soutenus par une cavalerie bien organisée et une artillerie efficace, parviennent à briser les lignes ennemies. Malgré une résistance acharnée, les Anglais sont peu à peu repoussés.

Le matin du 15 avril 1450, alors que les troupes anglaises se préparent à reprendre leur marche vers Bayeux, elles sont confrontées à l'armée du comte de Clermont venant de l'Ouest, déterminée à leur barrer la route.

Fidèle à la stratégie anglaise, Kyriell organise ses troupes en formation de bataille, plaçant les archers en avant, protégés par des pieux. Tous les cavaliers descendent de leurs montures, seuls ceux de la réserve restent à cheval, positionnés sur le flanc gauche. Pour renforcer le flanc droit, Kyriell ordonne la construction d'un petit retranchement fortifié, le "Taudis", en avant de sa position. Il prend personnellement le commandement du flanc droit, tandis que Mathieu Goth, dit "Matago", capitaine de Bayeux, dirige le flanc gauche, contrôlant ainsi la route menant à Bayeux.

La stratégie de Thomas Kyriell est simple : se retrancher et laisser les cavaliers français s'approcher pour les décimer sous une pluie de flèches. Il espère répéter les succès de Crécy et d'Azincourt, mais les Français ne tombent pas dans le piège.

 

L'Artillerie Française 

L'artillerie française entre en action, mais le comte de Clermont maintient son armée à distance des flèches anglaises, n'avançant que 60 lances et deux couleuvrines sous le commandement de Louis Giribaut. Ces dernières commencent à causer des ravages parmi les archers anglais, tirant un coup toutes les huit minutes. Leur objectif est de prendre le contrôle d'un pont et d'un gué proches pour sécuriser la rivière séparant les deux corps de l'armée anglaise. Cependant, cette tentative est lancée avant l'arrivée de l'armée bretonne commandée par le connétable de Richemont, encore à quelques lieues de là.

Matthieu Goth réagit rapidement en lançant une contre-attaque. Les hallebardiers anglais chargent et atteignent l'artillerie française, tandis que Pierre de Brézé intervient pour la dégager avec ses hommes d'armes des compagnies d'ordonnance, ramenant les archers qui étaient sur le point de fléchir. Bientôt, toute l'armée française est engagée dans la bataille mais se trouve en difficulté. Pendant ce temps, Arthur de Richemont, alerté par des paysans du début des combats, hâte le pas de ses troupes. Du côté anglais, seul le corps de Goth est engagé, Kyriell gardant le second corps en réserve. Bien que les Anglais semblent avoir pris l'avantage en neutralisant l'artillerie française et en submergeant les premières positions du comte de Clermont, Kyriell surprend en ne lançant pas d'attaque générale qui aurait pu écraser l'armée française, malgré son infériorité numérique.

Le Tournant de la Bataille

Un moment crucial survient lorsque les Français parviennent à percer les défenses anglaises, entraînant une confusion et un désordre dans les rangs ennemis. Les archers anglais, qui étaient traditionnellement redoutables sur le champ de bataille, se retrouvent isolés et vulnérables face à l'avancée française.

L'Arrivée Triomphale du Connétable de Richemont

Après près de trois heures de combat acharné, l'horizon s'illumine soudain de l'apparition de 2 000 hommes sur une colline au sud. Dans un premier temps, un cri de joie s'élève des rangs anglais, qui croient à l'arrivée de renforts de la garnison caennaise sous le commandement d'Edmond de Somerset.

Cependant, leur allégresse se transforme en désillusion lorsque les bannières bretonnes se déploient à l'horizon. Il s'agit en réalité de l'armée bretonne du connétable de Richemont, accompagnée de sa cavalerie, dévalant la colline en une charge redoutable sur la réserve de cavalerie anglaise. Cette arrivée inattendue suscite un soulagement palpable dans les rangs français, comme en témoigne l'amiral de Coëtivy quelques jours plus tard :

"Je crois que Dieu nous a envoyé le connétable, car s'il n'était pas venu à ce moment et de cette manière, je crains que nous n'aurions pas échappé à des dommages irréparables, car ils étaient deux fois plus nombreux que nous."

Déconcertés, les Anglais battent en retraite vers leurs retranchements, mais l'avant-garde bretonne menée par Tugdual de Kermoysan les assaille vigoureusement. De nombreux soldats sont tués ou blessés pendant leur repli. Pendant ce temps, le connétable de Richemont rejoint les forces du comte de Clermont et lance un assaut général.

Pierre de Brezé renverse les défenses anglaises du "Taudis", tandis que la ligne de front anglaise est percée et désorganisée, forçant les fuyards à se réfugier dans le village de Formigny. L'armée bretonne vient d'infliger le coup de grâce à l'armée anglaise. Profitant du chaos qui règne chez les Anglais, les Français les poursuivent à travers les jardins du village. Les archers gallois, redoutant d'être capturés et mutilés, se battent jusqu'au bout.

Si les soldats réguliers français épargnent la vie aux Anglais qui se rendent, les paysans, eux, se montrent impitoyables. Certains récits relatent le massacre de 500 archers gallois acculés, demandant grâce, mais tués jusqu'au dernier par des paysans normands. Thomas Kyriell et ses principaux officiers sont faits prisonniers. Seul Mathieu Goth parvient à s'échapper vers Bayeux avec quelques cavaliers.

Cette bataille est souvent évoquée comme celle où l'usage du canon a eu un effet décisif pour la première fois. Cependant, il semble que ce soit plutôt l'arrivée de l'armée bretonne d'Arthur de Richemont, avec sa charge de cavalerie imposante sur l'arrière de l'armée anglaise, qui ait véritablement scellé le destin de la bataille et précipité la défaite anglaise.

La Victoire Française

Finalement, la supériorité numérique et tactique des Français l'emporte. Les troupes anglaises, épuisées et désorganisées, sont contraintes de battre en retraite. La bataille se termine par une victoire décisive pour les Français, marquant un point tournant majeur dans la Guerre de Cent Ans.

Le Tombeau aux Anglais

cotte de maille dun soldat anglais mort a la bataille de formigny tombeau aux anglais 1

Cotte de Maille d'un soldat Anglais mort à la bataille de Formigny, retrouvée en 1812. Elle fut trouvée dans le fameux Tombeau aux Anglais où furent enterrés plusieurs milliers d'Anglais. Mis en lumière lors de l'exposition temporaire au musée de Cluny, les Arts en France sous Charles VII, exposition qui aborde aussi la victoire du roi de France. L'épée fut retrouvée sur les lieux de la bataille de Castillon.

 

Selon l'historien Léopold Delisle, les pertes anglaises lors de la bataille de Formigny sont estimées à 3 774 morts, avec 1 200 à 1 400 prisonniers. Ces soldats anglais sont inhumés dans un champ qui gardera le nom de "Tombeau aux Anglais".

En ce qui concerne les pertes françaises, les rapports varient. Jean Chartier, l'historiographe officiel du règne de Charles VII, affirme que seulement huit Français ont été tués, ce qui semble peu plausible étant donné l'intensité des combats et les pertes subies par les Anglais. Le chroniqueur Jacques du Clercq estime quant à lui que les pertes françaises se situent entre six et huit cents hommes, ce qui semble plus crédible.

Suite à cette victoire, le comte de Clermont et le connétable de Richemont conquièrent successivement Vire le 23 avril, Avranches le 12 mai, Bayeux le 16 mai, et enfin Caen le 25 juin. À l'été 1450, la totalité de la Normandie est rapidement reconquise par le royaume de France. La prise de Cherbourg le 12 août met fin à la présence anglaise en Normandie, marquant ainsi la fin de la guerre de Cent Ans dans le Nord de la France.

En récompense de ses exploits, Arthur de Richemont reçoit du roi la seigneurie de Vire.

Connetable de Richemont fait enterrer les morts Bataille de Formigny 31

Le connétable de Richemont fait enterrer les morts, on ne sait pas si dans ce cas il s'agit d'Anglais ou Français ou les deux. Dessin du XVIIe siècle tiré d'une tapisseries réalisée par Richemont au XVe siècle. Les tapisseries ont disparus.  Mis en exposition de l'exposition temporaire au musée de Cluny, les Arts en France sous Charles VII, exposition qui aborde aussi la victoire du roi de France.

Les prémices avant la bataille de Castillon

Trois ans après la bataille de Formigny, l'armée française remporte une nouvelle victoire décisive à la bataille de Castillon, mettant ainsi fin à la présence anglaise dans le sud de la France. En 1475, malgré une tentative de reconquête des territoires perdus, le roi d'Angleterre Édouard IV préfère négocier avec Louis XI. Le traité de Picquigny est signé, reconnaissant Louis XI comme le seul roi légitime de France et mettant définitivement fin à la guerre de Cent Ans. Les Anglais, quant à eux, se retirent définitivement de France, ne conservant que Calais jusqu'en 1558. Ainsi, la guerre de Cent Ans prend fin, marquant une nouvelle ère dans l'histoire franco-anglaise.

Les Conséquences de la Bataille

Vigiles du roi Charles VII bataille de Formigny

La victoire à Formigny renforce la position de Charles VII en France et affaiblit considérablement la présence anglaise sur le continent. Cette défaite marque le début de la fin pour les ambitions anglaises en France et pave la voie à la conclusion du conflit plusieurs années plus tard.

La Bataille de Formigny reste un événement crucial dans l'histoire de la Guerre de Cent Ans. Son importance réside non seulement dans sa signification immédiate en tant que victoire française, mais aussi dans ses répercussions à long terme sur le cours de l'histoire européenne. Cette bataille a contribué à façonner les relations politiques et territoriales en Europe occidentale, et son héritage perdure encore aujourd'hui.

Libération des villes normandes

La nouvelle de la défaite de Formigny est un coup dur pour l'Angleterre, marquant le début de la fin de sa domination en Normandie. Les garnisons anglaises, privées de tout espoir de secours, sont désormais condamnées à la reddition.

  • Clermont et Dunois s'allient pour entrer dans Bayeux.
  • Caen se rend à Dunois le 1er juillet. Charles VII y fait son entrée le 6 août, accordant une amnistie aux habitants et même aux marchands de Bernay qui avaient approvisionné les Anglais.
  • Falaise capitule le 21 juillet après une brève résistance de Thierry de Robessart.
  • La dernière place forte anglaise en Normandie est Cherbourg.

Le siège de Cherbourg, entamé en juillet avec l'utilisation de grosses bombardes, prend fin le 12 août après des tractations. Les Anglais quittent la ville deux jours plus tard. Ainsi, la Normandie entière est récupérée par la France à l'été 1450, marquant la fin de la guerre de Cent Ans dans le nord du pays.

Bilan des Sièges en Normandie en 1450 :

  • 12 avril 1450 : Valognes reprise par les Anglais, puis rendue le même jour.
  • 25 mai 1450 : Bayeux prise par Charles VII.
  • 26 avril 1450 : Vire prise aux Anglais.
  • Mai 1450 : Avranches et Tombelaine rendues par les Anglais.
  • 20 juin 1450 : Caen capitule après un siège.
  • 23 juillet 1450 : Falaise se rend après un siège.
  • 2 août 1450 : Domfront prise par les troupes françaises.
  • 12 août 1450 : Cherbourg capitule après un siège de deux mois.


sources : Wikipedia, Dictionnaire de la Guerre de Cent-Ans par Jean-Marie Moeglin, Musée de Cluny, Formigny.free.fr


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