Château de Nemours

Le Château de Nemours, situé en Seine-et-Marne, est un joyau du patrimoine médiéval français. Édifié à la fin du XIIe siècle, il a traversé les siècles en conservant son architecture défensive caractéristique, tout en s'adaptant aux évolutions de l'histoire. Ancienne propriété des seigneurs de Nemours, puis résidence de différentes familles nobles, le Château a connu d'importantes modifications, notamment au XVème siècle, sous Jacques d'Armagnac. Classé monument historique en 1926, il abrite aujourd'hui un musée d'art et d'histoire, offrant aux visiteurs un voyage fascinant à travers le temps.

 

 

 

Après plusieurs mois de fermeture, le château de Nemours a réouvert en 2008. Musée d’art depuis 1903, il restitue pendant une exposition toute l’histoire de son passé. Edifié fin du XIIème et peu modifié depuis, il est un témoin important de cette époque.

Histoire du château de Nemours

Le château de Nemours : un témoignage architectural entre défense et résidence

Situé dans l’ancien comté du Gâtinais, sur les rives du Loing, le château de Nemours s’inscrit dans l’histoire médiévale française comme un édifice à la fois défensif et résidentiel. Sa construction, initiée dans la seconde moitié du XIIe siècle, est attribuée à Gauthier de Villebéon, également connu sous le nom de Gauthier de Nemours. À cette époque, le comté venait d’être rattaché au royaume de France en 1068, renforçant ainsi l’importance stratégique du site.

Dès son origine, le château se distingue par une conception innovante. Bien que conçu comme un château fort, il était avant tout destiné à être habité, ce qui en fait un donjon résidentiel – une caractéristique encore rare au XIIe siècle. Plutôt qu’un bastion purement militaire, il s’agissait d’une résidence fortifiée, offrant à son propriétaire un cadre de vie à la fois sécurisé et confortable.

Une architecture singulière et énigmatique

L’une des particularités du château réside dans sa tour de guet, souvent confondue à tort avec un donjon, en raison de sa hauteur imposante. Construite ultérieurement, cette tour présente une forme carrée, contrairement aux tours rondes plus courantes à partir du XIIIe siècle. Elle s’élève sur sept niveaux, reliés à une courtine de quatre niveaux, qui assure la jonction avec le donjon. L’origine exacte de cette disposition architecturale demeure incertaine.

Le donjon, quant à lui, préfigure certains modèles du XIIIe siècle, bien que son rôle de précurseur reste sujet à débat. Initialement conçu sur trois niveaux, il n’était pas accessible comme aujourd’hui par le flanc nord. Ses tours, en revanche, comptaient entre trois et cinq étages, témoignant d’une recherche de verticalité et d’optimisation de l’espace.

Une fortification limitée, mais un confort notable

D’un point de vue militaire, le château ne semble pas avoir été conçu pour une défense active de grande envergure. Sa configuration laisse supposer l’existence de dispositifs de protection complémentaires, tels que des enceintes entourant le donjon jusqu’au Loing. Cependant, leur agencement exact demeure incertain, et les sources historiques manquent de précisions sur leur dimension et leur disposition.

En revanche, le confort du château était remarquable pour son époque. Il disposait notamment d’un puits mural, une rareté architecturale au XIIe siècle, ainsi que de latrines évoluées, excentrées tout en restant accessibles depuis le donjon. Ces éléments confirment que le château de Nemours était destiné à une élite noble, soucieuse d’allier prestige et commodités dans un cadre fortifié.

Un site stratégique et une influence durable

L’emplacement du château revêtait une importance particulière, dominant un pont (aujourd’hui disparu) qui traversait le Loing, constituant ainsi un point de passage obligé dans la région. Cette situation stratégique, associée à son architecture singulière, laisse entrevoir une ambition dépassant le simple rôle de fortification locale.

Si le château de Nemours a traversé les siècles en évoluant, son caractère hybride entre résidence et défense en fait un témoignage précieux de l’architecture médiévale. Sa conception avant-gardiste, son confort rare pour l’époque et son emplacement stratégique en font un site d’exception, dont les mystères continuent d’intriguer historiens et visiteurs.

 

 

Essai de reconstitution de l'aspect du bâtiment au XIIe siècle, côté Loing par Paul BOUEX (1865-1940) , remarquons que les ouvertures de jours sont bien trop nombreuses pour un château de cette époque ( pour celles qui sont vers le sol ).

Au XIVe siècle, Il est donné un temps au Gascon Jean III de Grailly par Charles V en espérant qu'il rejoigne le camp français, mais en définitive il renonce à cette seigneurie au profit d'Edouard III roi d'Angleterre.

 

Portrait de Jean III de Grailly en 1430 modifié par IA.

 

 

•    Le château au XVe

Elevé au rang de duché le 19 juin 1404, la ville s’agrandit et se fortifie d’une muraille entourant la cité. Il en reste aujourd’hui que quelques fragments. Un grand nombre de modifications seront faites dont de superbes fenêtres sur le Loing avec une décoration dite de larmier affublée de personnages inconnus.

Le château pendant la Renaissance, comme des milliers d’autres, s’apparente davantage à des forts de villégiatures que d’attitudes guerrières.

•    Du XVIIIe au XVIIIe

Le château a diverses fonctions, notamment de tribunal et conjointement de prison. Au Moyen-âge, il était courant que la justice se fasse rapidement (on est loin de notre époque où le ‘supposé’ coupable va attendre plusieurs mois ou années) et la salle de justice était en général proche de quelques mètres du cachot. Les fils du comte d’Artois (Robert et Jacques) en firent les frais en étant pris en otages de 1334 à 1343 (ou 1347 ???)… après que Robert d’Artois s'est réfugié en Angleterre en 1332.


•    Après la Révolution

Le château ne subit pas de graves destructions, ce qui est plutôt en effet surprenant, car le donjon était à l’évidence un signe seigneurial qui était très souvent détruit à cette époque.
Le château est acheté en 1810 par Anne-Antipas Hédelin, alors maire de Nemours. L’année suivante il en fait ‘don’ à la commune avec un premier objectif: en faire une école communale. Si plusieurs projets sont à l’étude ou concrétisé, aucun n'est réellement définitif ce qui finit par mettre le château en ruine faute d’entretien.

•    Les artistes à la rescousse

Dès 1884, Justin-Chrysostome Sanson, Sanson sculpteur, écrit au maire pour créer un musée. C’est le début d’une longue attente, et c’est en 1903 qu’il s'ouvre. La collection de tableaux, œuvres, sculptures, s’intensifie grâce aux donateurs. Trois artistes s’ajoutent à la première idée de Sanson :
Albert Ardail
Ernest Marché
Adolphe Ardail
Justin-Chrysostome Sanson n’est pas un inconnu puisqu’il réalise des sculptures dans l’actuel Opéra de Paris et au Louvre dans l’escalier Mollien.

Aujourd’hui restauré, le château possède toujours le musée, mais depuis quelques semaines une exposition, pour l’instant temporaire, permet de mieux connaître l’histoire de ce château un peu oublié par le temps mais tellement captivant.
 



 
Texte écrit par Montjoye.net
Vérifié par Cécile Bricault