Château de Gençay

« chastel de grant et somptueux édifice »
 
La forteresse était située sur les frontières historiques du comté du Poitou et de la Marche, actuellement il est situé dans le département la Vienne en Nouvelle-Aquitaine. La famille de Rancon sont parmi les premiers seigneurs connus de Gençay, ils y resteront du début du XIe siècle jusqu’en 1263. Par la suite les familles, dont les La Trémoilles, se succèdent jusqu’au XVIIe siècle. D’une forme triangulaire,  de par sa situation géographique qui permettait notamment d’assurer les chemins et routes entre Poitiers, Civray, Ruffec, Angoulême et Bordeaux, il fut l’objet de diverses luttes entre les Anglais et Français, mais aussi comme on le verra plus tard, entre les seigneurs, comtes, duc et autres personnages.

Après la bataille de Poitiers, le Prince Noir enferme le roi de France Jean II le Bon dans le Château avant qu'il ne soit envoyé à la Tour de Londres. Duguesclin reprendra notamment la place en 1374, après avoir pris la forteresse de Lusignan. 

 chateau de gencay

 

Historique & Histoire 

 

 


1er château de Gençay

Le «castrum Gentiacum» est indiqué par le chroniqueur Adémart de Chabannes en 1034. Elle avait le nom de citadelle de Moncabré, peut-être à côté de la rue de Montcabré actuelle.

Xe-XIe, 996 : destruction du château de Gençay par Aldebert Ier, comte de la Marche après une expédition à Poitiers qui échoua, mais il réussit à prendre la ville de Tours. On est alors dans un conflit entre le Comte du Poitou face aux Comtes de la Marche et Hugues IV de Lusignan.

997, après avoir été reconstruit par Guillaume II, duc d’Aquitaine, probablement en bois comme le premier, le château est à nouveau assiégé par Aldebert Ier, ce dernier meurt blessé par une flèche lors d’une visite d’inspection de la forteresse, il est inhumé à Charroux.

Boson II, frère d’Aldebert, lui succède, mais il est blessé et fait capturer par Guillaume le Grand, devant Rochemeau, forteresse dans les alentours de Charroux. Son geôlier Guillaume négocie avec Boson et le fait libérer, et cette même année Guillaume se mari avec Almodis, la veuve du Comte d’Aldebert, on peut penser que les discussions entre Boson et Guillaume comportait un accord sur ce point.
Le château de Gençay est à nouveau rasé, cette fois-ci par Guillaume qui va le reconstruire.

1018, Hugues IV de Lusignan, assiège la forteresse et capture l’ensemble des assiégés.

Aimery II Rançon prend la place de Civray. S’ensuit une longue lutte entre Aimery Ier de Rancon et Hugues de Lusignan, jouant chacun des circonstances et des faveurs du duc d’Aquitaine qui changera de position selon ses intérêts.
Hugues de Lusignan prend le château de Gençay, il le reconstruit et souhaite l’occuper, ce que refuse Foulque Nerra, comte d’Anjou. Une négociation eut lieu entre le duc d’Aquitaine et Foulque Nerra, cet accord conclus rend Gencay à Rancon. Hugues de Lusignan prend Chizé.
Aimery II Rançon se trouve renforcé dans ses positions, même s’il semble que Gençay soit partagé entre plusieurs propriétaires selon les chartes des abbayes de Charroux.
Les différents descendants de la famille de Rançon sont toujours en lutte avec les Lusignan mais jouissent cependant d’une certaine reconnaissance dont Geoffroy II de Rançon qui succéda vers 1122, à son frère aîné Aimeri IV décédé sans postérité. Il recevra à Taillebourg, dont il était le seigneur, notamment Aliénor d’Aquitaine et son mari Louis VII dit le Jeune le soir du mariage en 1137.

1149, Geoffroy II de Rancon va accompagner ces derniers en croisade avant de devoir revenir en France, à la demande du roi, il sera chargé du gouvernement du Poitou. Il préféra résider à Taillebourg, autre seigneurie des Rancon, en déléguant la tour à Guitard de Gençay qui en devient capitaine de la place.

1179, Richard Cœur de Lion qui s’était emparé du château de Taillebourg, se fit livrer la Tour de Moncabré et il la fit démanteler. Elle ne fut jamais reconstruite ou restaurée, elle tomba peu à peu en ruines. ( III ) source : https://gencay.fr/ )

 

chateau de gencay medieval

Construction du château actuel vers 1245


Geoffroy IV de Rançon

« Geoffroy IV de Rançon, à la mort de son père, survenu vers 1194, fut seigneur de Taillebourg, Gençay et autres lieux. Il assura les fonctions de Sénéchal Administratif du Poitou. Ayant été gravement offensé par le Comte de la Marche, il ouvrit à Saint Louis, roi de France les portes de son château de Taillebourg et contribua ainsi à l'éclatante victoire remportée sur les anglo-saxons au pont de Taillebourg en 1242. C'est probablement lui qui fit construire le vieux château de Gencav. Il testa en 1258 et mourut peu après en 1260. »

1263, sans descendance, puisque son fils est mort en bas-âge, les terres de Geoffroy IV de Rancon sont partagées entre les enfants de ses filles.

Il reste des incertitudes profondes sur les descendants de Geoffroy IV de Rancon et des ses terres.

1288, du mariage d’Eustache de Doué, dame de Gençay avec Barthélémy III, chevalier, baron de l’Ile-Bouchard mort avant 1288 sont issus :

- Bouchard, qui succéda à son père comme baron de l’Ile-Bouchard. Il épousera Agnès de Vendôme.
- Jean, seigneur de Sainte-Maure, marié en 1327 à Isabeau de Montbazon.
- Barthélémy, qui devint seigneur de Gençay. Il se maria avec Jeanne de Morthemer, fille de Geoffroy de Morthemer seigneur de Couhé et de Jeanne de Lezay.
- Agnès, abbesse de Beaumont de Tours.
- Alméria, qui épousera Hardouin de Bauçay.

1288, Barthélémy III dit de Bueil, chevalier baron de l’Isle-Bouchard, seigneur de Rochefort-sur-Loire et de Gençay.

Barthélémy IV (?-1335), baron de l’Isle-Bouchard, seigneur de Gençay.
Bouchard VIII de l’Isle-Bouchard seigneur de Gençay avant 1335.

XVe siècle


Description du château dans un chartrier de Thouars : « fort et de grande défense, bâti en triangle et à chacun des trois coins une grosse tour, ayant en chacune d’elle trois voltes de pierre, et un escalier en vis en chacune d'elle. Aussi est au-devant du dit chastel le pont-levis, la poterne et une grande porte garnie de de deux tours. » ( mis dans un français plus courant ).

lieu bataille de poitiers 1356

Lieu de la bataille de Poitiers, le roi de France est capturé à quelques centaines de mètres, dans le champ dit d'Alexandre.

 

1356, après la défaite de Poitiers du 19 septembre 1356, qui a vu le roi Jean II le Bon capturé par les Anglais, Gençay appartenait alors à Bouchard VIII de l’Isle-Bouchard et à son frère Barthélémy ainsi que sa sœur.

Le 19-20 septembre, le prince de Galles passa la journée au château de Gençay tenant captif le roi Jean qu'il avait fait prisonnier à la bataille de Poitiers-Maupertuis.

Lors de la bataille de Poitiers, à Nouaillé-Maupertuis à proximité de Poitiers, Bouchard VIII et Barthélémy sont capturés, comme le roi, à la bataille. Gençay est alors donné par le prince de Galles à Adam Chel, chevalier et sieur d’Agorisses. Ce dernier renforce la place et résiste jusqu’à la venue de Duguesclin.

 Jean II Le Bon Roi de France

Portrait de Jean II le Bon, avant son accession au trône, donc avant 1350 alors qu'il était duc de Normandie, portrait aujourd'hui au Musée du Louvre, auteur inconnu.

 

1360, Adam Chel d’Agorisses, se marie avec Radegonde Béchet, ou de Morthemer, cette dernière est à son troisième mariage, l’époque étant propice aux décès prématurés des différents seigneurs et maris. Ce dernier va piller les troupes françaises. La fille de Radegonde , agée de 14 ans, est mariée à un chevalier Anglais, Jean Herpedenne, veuf de Jeanne de Clisson.

1362, libéré mais dépossédé de ses terres, Bouchard VIII part en pèlerinage en Terre Sainte, il meurt en 1366. Né en 1300, il est aussi connu sous le nom de Bouchard VIII de l' Isle-Bouchard, seigneur et Villemaison, Il est le fils de Barthélémy IV de l' Isle-Bouchard, seigneur et Jeanne de Sainte-Maure. Il épouse Agathe de Bauçay, fille de Guy II Gomon de Bauçay, seigneur de Chénèche et Marguerite de Pons en 1325.

1371, Charles V, alors roi de France, va procéder au dépeçage « virtuelle » des terres d’Adam et de Radegonde, en reprenant Montmorillon, Morthemer et Gençay. En réalité, le roi accorde à des chevaliers, comme Jean de Villemur et Louis Malval, sieur de Châtelus dans la Marche, des terres en récompense de services rendus mais dont le roi ne possédait pas la jouissance. En clair cela pouvait être un encouragement à reprendre ces places et éventuellement une promesse d’une récompense en cas de prise de ces dernières, ce qui est bien sur toujours sujet à multiples aléas en ces périodes difficiles, autant dire que c’était des promesses et offrent empoisonnées qui n’engageaient que ceux qui y croyaient.

Duguesclin Bertrand

Siège du Château par Duguesclin, il dure environ 2 ans

1373, début du siège de Duguesclin. « Gençay fut investi en même temps que Lusignan: mais Adam Chel ne capitula qu'au mois de mai de l'année 1375, sous la condition expresse que tous les biens et revenus dont sa femme et lui jouissaient au temps où le pays était sous l'obéissance du prince de Galles lui seraient expressément conservés. Ce fut Du Guesclin en personne qui accepta cette capitulation : il avait, quelques jours auparavant, pris d'assaut Montreuil-Bonnin, dont la garnison de Gençay s'était emparée au mois de janvier précédent. Ce dernier fait d'armes signala l'expulsion définitive des Anglais du Poitou ; il fut suivi, au mois de juin 1375, de la prise de Cognac ; et cette campagne de trois années dans laquelle se révélèrent le génie militaire et la prodigieuse activité du grand connétable, se termina par une trêve qui se prolongea jusqu'à la mort du roi d'Angleterre. » (II)

1375, après la prise de Duguesclin, Morthemer et Gençay sont donnés au Duc de Berry. Catherine et sa mère Radegonde refusent, de gré ou de force, de reconnaître l’autorité du roi de France, elles sont contraintes de s’expatrier en Angleterre avec leurs maris. Après la mort du chevalier Anglais, Jean Herpedenne, Catherine revient en France et veut faire ses droits sur Morthemer et Gençay, le roi accepta pour Morthemer à la condition d’épouser un français proche du Duc de Berry : Etienne d’Aventois, seigneur de Saircergue et de Merry et qu’elle renonce à ses droits sur Gençay au profit du Duc de Berry.

1416,  le dauphin Charles, futur Charles VII, VII hérite de la baronnie de Gençay.

1425, 21 Mai, Charles VII remit, la baronnie de Gençay, à Catherine de l'Ile Bouchard, fille aînée de Jean de l'Ile Bouchard (75) tué à la bataille d'Azincourt, et de Jeanne de Bueil. Catherine, veuve de ses premiers maris, résidait à la cour où elle était dame d'honneur de la reine Marie d'Anjou. Le 14 juillet 1423, elle fût la marraine du dauphin Louis, futur Louis XI. Peu de temps après la restitution de Gençay, elle épousa Pierre de Giac ministre et favori de Charles VII (76). (i)

Georges de La Trémoille devient seigneur de Gençay par son mariage avec Catherine de l’Ile Bouchard le 2 juillet 1427.

Georges Ier de la Trémoille, né en 1384 et mort le 6 mai 1446 au château de Sully-sur-Loire, fut comte de Guînes de 1398 à 1446, comte de Boulogne et d'Auvergne, comte baron et seigneur de Sully, Craon, et de la Trémoille, de Saint-Hermine, de l'Isle-Bouchard, grand chambellan de France (1428)

Gençay reste dans le giron des La Trémoille jusqu’en 1599.

1569, prise du château par les protestants commandés par l'amiral Gaspard II de Coligny.

1599: René de Bueil est baron de Gençay.

1647: Jean VIII de Bueil.

Avant 1655: vente de la baronnie de Gençay à Pierre Brilhac de Nouzières.

1655: Nicolas Chrétien Brilhac hérite de son frère. Gençay devient une vicomté.

1753: Gençay est vendu à Jacques Charles de Créquy.

1783-1814: Jean Maumilon dernier seigneur de Gençay. (III)

 XIXe, il est utilisé comme carrière de pierre. Monument historique en 1840 par Prosper Mérimée

 

 

Architecture

 Parfaitement ancré sur son éperon rocheux, le château opte pour une forme triangulaire, forme que l'on retrouve d'une certaine façon sur l'ancien château médiéval de Poitiers. Il possède dès son origine un châtelet d'entrée, avec probablement à l'époque un pont-levis. La cour intérieure comportait plusieurs bâtiments résidentiels, communs, écuries etc, il n'en reste rien car probablement construit en bois et torchis, mais on remarque les trous de boulins dans les tours et courtines qui permettaient d'y mettre les poutres.

fouille archelogique gencay

Restauration et fouilles archéologiques en 2021.

 

 facade chateau medieval gencay

Façade assez rustique typique du XIIIe, comportant néanmoins deux latrines sur les tours d'angles. On remarquera l'entrée piétons qui étaient utilisées en priorité. Il n'y avait à l'époque aucune habitation autour du château, afin d'éviter que les assaillants puissent s'y protéger.

 

 

 

sources : 

 Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers  d'édition :  1969-04 -https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb371315989

[1] https://genealogie.quebec/

[II] Paragraphe de D. D'AUSSY CAMPAGNES DE DU GUESCLIN DANS LE POITOU, L'AUNIS ET LA SAINTONGE (1372-1375)

( III ) Site officiel de la mairie de Gençay, on y trouve une partie historique  https://gencay.fr/ )

La Nouvelle République

 

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