Chapelle Notre Dame de Bermont

 La chapelle de Bermont dans le village de Greux en Lorraine fut le lieu où Jeanne d'Arc venait presque tous les samedis y prier et dans d'autres jours de la semaine.

chapelle notre dame de bermont

Bermont, mais aussi parfois appelée Bellemont ou Beaumont, fut une ancienne léproserie fondée au XIIIe par Pierre de Bourlémont, seigneur de Domremy, au moment où la lèpre avait été répandue en Europe pendant les croisades. Le cimetière derrière la chapelle, initialement beaucoup plus grand, était le lieu où on enterrait les lépreux morts, plusieurs squelettes furent retrouvés au XIXe.

En 1998 lors des travaux, de restaurations intérieures, ont été découverts deux dessins représentants manifestement Jeanne d'Arc en train de prier.

 

  Voir aussi : Maison de Jeanne d'Arc - Domremy - Jeanne d'Arc - Histoire & Parcours - Abbaye de Bourgeuil

 

Historique
source : source sur place, site officiel, wikipédia pour la fin de l'historique à partir de 1902, Histoire populaire de Jeanne d'Arc AFF Huin p152,1856, Procès de Réhabilitation

 

Chapitres :

 

 

Les fresques de Jeanne à Notre Dame de Bermont

 

 

Des photos de meilleures qualités sont disponibles sur Sainte Jeanne d'Arc.netsource photo wiki commons.

 

Ces dessins ont été probablement réalisés au XVe, et peut-être du vivant de la pucelle même si cela reste encore très incertain, car la période entre laquelle elle arrive à Chinon et de son exécution à Rouen reste très rapide, à peine deux ans. Cependant après la victoire à Orléans, Jeanne devient très vite une personnalité connue et populaire, dès le mois de mai et juin 1429, y compris en Europe notamment en Allemagne et en Italie. Des experts envoyés par le ministère de la Culture après examens ont conclus que les fresques pouvaient avoir été faites vers 1430source, cependant dans la base mérimée on parle de la fin du XVe siècle source. Il semble en tout cas qu'il n'y a pas aujourd'hui de consensus sur le sujet et qu'historiquement parlant il n'est pas irréfutable que ça soit bien Jeanne qui est représentée, même si le contexte permet tout de même d'en avoir une quasi-certitude. 
 
 
 
Jeanne d'Arc, détail d'un document réalisé au XVe siècle, on remarque ses yeux bleu ciel assez vif également, cependant la couleur de cheveux semble plus clair que l'unique écrit à ce sujet. On peut même penser que ses cheveux sont blonds, alors qu'il semble qu'ils soient marron foncé voir noir, mais rien de surprenant il peut avoir une évolution de la couleur de la peinture. Cependant ce portrait n'a pas été fait du vivant de Jeanne d'Arc et il est pour l'instant impossible de savoir si la ressemblance est réelle, même si on peut remarquer des similitudes avec d'autres peintures de l'époque sans qu'on sache cependant sur quelles bases elles ont été réalisées.

On notera sur la première fresque ses yeux bleus assez vif, dont la couleur au Moyen-Âge était très difficile et chère à faire, laissant à supposer que si les artistes ont pris le soin de le faire, et qu'il y a eu un financement à ce sujet, c'est qu'il y a une véracité historique sur la couleur des yeux. On peut remarquer que sur l'un des dessins du XVe siècle sur Jeanne elle possède également des yeux bleus ce qui permet également de faire un rapprochement intéressant, on constate aussi des chaussures rouges ou pourpres. Sur la couleur des yeux aucun écrit n'est aujourd'hui disponible, on sait juste qu'elle avait des cheveux noirs ou très foncés notamment grâce à un cheveu ( aujourd'hui disparu ) de couleur noir dans une lettre destinée aux habitants de la  ville de Riom, écrite le 9 novembre 1429 elle était scellée par un cheveu pris dans le cachet de cire pour attester son authenticité puis d'un texte sur ce sujet,  de beaux seins selon le duc d'Alençon,  un corps bien compacté et une taille de 1m56-58, taille déjà conséquente pour une femme à cette époque, si on se réfère aux mesures de son armure fondée à Tours.

Sur la deuxième fresque on peut voir une robe rouge à priori, peut-être celle que Jeanne porta lors du premier rendez-vous avec Baudricourt certains y voit une armure également. Elle tient entre ses mains probablement un chien, signe de fidélité.


Historique de la Chapelle

 

 

chapelle saint ceneri le gerei

Chapelle de Saint-Céneri-le-Gérei, elle est du XIVe ou début XVe, c'est un bel exemple typique de chapelle très courante à l'époque. Il est probable que la chapelle de Notre-Dame de Bermont devait ressembler peu ou prou à celle-ci. On est donc dans un bâtiment relativement modeste.

 

XIe est fondée la première chapelle par l'Abbaye Bénédictine de Bourgueil alors dirigée par l'église d'Angers, mais les terres sont sous la juridiction ecclésiastique de l'évêque de Toul, le premier écrit est une bulle de 1004 du Pape Sylvestre II. Initialement dédiée à Notre-Dame, elle est dédiée plus tard à Saint-Thiébaut ( ou Saint-Thibaut de Provins ) qui est décédé en 1066 à Sossano en Vénétie, il est canonisé en 1073 et ses reliques reviennent en 1075 dans la Champagne.

 

abbaye bourgueil royale en vallee

Abbaye Royale de Bourgueil qui fonda Notre-Dame de Bermont. Cette Abbaye se trouve à quelques km du château de Chinon.



En 1263, l'Abbaye cède la chapelle à Joffroi de Bourlémont, homme-lige de l'évêque de Toul.  Pierre de Bourlémont avait fait édifier un hôpital appelé Gerbonval ou Gerbonvaux dans le but d'accueillir les malades et voyageurs.

L'hôpital et la léproserie dépendaient de l'hôpital de Neufchâteau. La chapelle de Bermont était desservie par un prêtre de l'ordre du Saint-Esprit qui vivait à Coussey, petit village entre Domremy et Neufchâteau.

XVe, Jeanne alors assez jeune y viendra prier régulièrement.

Au XVIe siècle la chapelle passe dans la famille des comtes de Salm. Une petite communauté religieuse accueille les voyageurs. Des ermites y vivent et un certain Plantin y meurt en 1583 après y avoir vécu 9 ans.

1619, Bermont reste dans la famille de Salm jusqu'au mariage de Christine de Salm avec François de Lorraine, comte de Vaudémont, ce dernier donne Bermont aux Père de l'Oratoire de Nancy qui en restent propriétaire jusqu'en 1793.

1793, la chapelle est vendue comme bien public, avec 16 hectares de terrain. Il ne reste plus que la chapelle et le logement de l'ermite, il semble que d'importantes destructions eurent lieux avant sans que l'on sache à quel moment.

Thouvenin rachète le terrain et la chapelle et revend l'ensemble à 16 propriétaires et la chapelle est divisée en autant de propriétaire ….

1806, jusqu'à cette période la chapelle reste un lieu de pèlerinage pour invoquer la protection de Saint Thiébaut, notamment lors des sécheresse ou des grandes inondations. Les pèlerins venaient prendre également de l'eau auprès de la source de Fontaine-de-Saint qui avaient comme vertus, dit-on à l'époque, de guérir des fièvres.

ancienne partie cimetiere Notre Dame de Bermont

La partie la plus ancienne de la chapelle, avec à côté le cimetière. Aujourd'hui l'accès n'est plus permis.



1834, la chapelle est en ruine, comme la chapelle est divisée en 16 propriétaires, plus les héritiers, personne ne s'en occupe réellement.

Mr de Sainsère, habitant à Vaucouleurs, achète la chapelle ainsi que l'étang et un demi-hectare pour soixante francs ! Puis il achète pour 1000 francs les propriétés qui en dépendaient.

Il fait envoyer à Nancy 4 statues, qui existent toujours, pour les restaurer :

- la statue de Notre-Dame de Bermont de 60kg en chêne massif, dont peut-être Jeanne venait prier, elle est aujourd'hui dans la cathédrale du Bois-Chênu.
- la statue de Sainte-Anne en bois.
- statue de Saint-Thiébaut en pierre.
- plus deux autres, dont une brisée en deux aujourd'hui à Domremy (?).

Il remplace les ouvertures par des vitraux à l'arrière, refait l'autel. Lors des travaux de restaurations ils trouvèrent des ossements mais aussi des fondations de bâtiments du moyen-âge ainsi que des fosses communes de 5 mètres de largeurs. C'est lui qui fait construire les bâtiments actuels attenant à la chapelle.

C'est son tombeau que l'ont voit derrière la chapelle dans le petit cimetière avec l'inscription suivante : «  ci-gît, Claude-Jean-Baptiste Sainsère, né à Vaucouleurs , le 2 juillet 1771, décédé le 12 novembre 1848 ; il est le restaurateur de cette chapelle qui, suivant la tradition confirmée par l'histoire, est bien véritablement celle dans laquelle Jeanne d'Arc reçut les inspirations qui la portèrent à se dévouer au service de son pays. Respectez, et cette chapelle, en mémoire de l'héroïne, qui arracha la France des mains des Anglais, et la cendre que couvre cette tombe. »

Après sa mort les bâtiments sont quasiment abandonnés, elle passe de propriétaire en propriétaire pour revenir aux descendants de Sainsère.

En juin 1902, Bermont est cédé par Olivier Sainsère, conseiller d’État, futur Secrétaire Général des services du Président Poincaré durant la guerre de 1914-1918 et arrière-petit-neveu de C-J-B Sainsère, à l’Association des Amis de Jeanne d’Arc. En raison du souhait de O. Sainsère de voir s’établir une oeuvre à Bermont, l’association met l’ermitage à la disposition de l’½uvre du « Rayon de Soleil pour la Jeune Fille », fondée à Paris à la fin de 1902, afin d’accueillir des colonies de jeunes ouvrières. En 1904, l’½uvre est placée sous le patronage de Notre-Dame de Bermont et de Jehanne d’Arc, et organise sa première colonie à Bermont.

Cette association cède elle-même Bermont à l’association diocésaine des Amis de Jeanne d’Arc, créée en 1925. Les colonies de vacances de la cathédrale de Saint-Dié s’y dérouleront jusqu’en 1970.

Dès 1944, un pèlerinage annuel à Notre-Dame de Bermont, est organisé par les paroisses de Domremy, de Greux et des environs, chaque 1er dimanche d’août.

Le 10 septembre 1948, l'actrice Ingrid Bergman à la fin du tournage du film "Jehanne d'Arc" visite la chapelle de Bermont.

Le 5 septembre 1976, la statue de Notre Dame de Bermont (XIVe siècle), devant laquelle Jehanne d’Arc a si souvent prié, quitte la chapelle de Bermont pour être transférée à la basilique de Domremy lors du cinquantième anniversaire de sa consécration.

Le 8 décembre 1992, l’Association « Notre Dame de Bermont – Sainte Jehanne d’Arc » est fondée en vue « de la restauration, de la gestion et de l’animation de l’ermitage, dans le respect et la continuité de son passé ». Un bail de longue durée est conclu à cet effet avec le diocèse de Saint-Dié, des travaux de restaurations sont entrepris.

Le 30 juin 1998, la chapelle de Bermont est mise à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, « en tant que témoin de l’épopée johannique », après la découverte, le 10 mai, de deux peintures murales représentant probablement Jeanne d’Arc.

Le 29 septembre 2013, dimanche de la solennité de saint Michel archange, l'abbé Guillaume de Tanoüarn, directeur du Centre Saint-Paul (Paris), a bénit une statue en bronze de 3 mètres de haut dédiée à "la vocation de Jeanne", installée à côté de la chapelle Notre-Dame de Bermont. Elle est l’oeuvre du sculpteur Boris Lejeune. L'association nationale Avec Jeanne a pris l'initiative d'ériger cette sculpture à l'occasion du 6ème centenaire de la naissance de Jeanne d'Arc, commémoré en 2012.

clocheton

Une petite cloche fut mise en place au XVe avec les inscriptions suivantes

« Ad Virginem E Manibus Populi Extrahentem Imperium Anglicani Dedicatum Est Post Mortem Ad Nominis Gloriam Tintinnabulum »
«  cette cloche a été dédiée, après sa mort, pour la gloire de son nom, à la vierge qui a arraché le gouvernement des mains des anglais »



plan notre dame de bermont  

 
 
 

Les différents témoignages lors du procès de réhabilitation entre le 28 janvier et le 11 février 1456.

 

Déposition de Jean Morel, laboureur, un des parrains de Jeanne. Lors de sa déposition il était âgé de 70 ans ( environ ) lors de la déposition, ce qui déjà un bel âge pour un laboureur.

Elle (Jeanne) était si excellente fille que, dans le village, tout le monde l’aimait.
Elle connaissait sa croyance et savait son Pater et son Ave aussi bien qu’aucune de ses pareilles. Ses parents n’étaient guère riches, Jeannette vivait honnêtement selon leur condition.
Je suis témoin que Jeannette allait volontiers et souvent à la chapelle dite l’Hermitage de la bienheureuse Marie de Bermont, près de Domrémy. Tandis que ses parents la croyaient dans les champs, à la charrue ou ailleurs, elle était là. Quand elle entendait sonner la messe et qu’elle était aux champs, elle rentrait au village et se rendait à l’église pour ouïr messe. Je l’affirme, car je l’ai vu.


Déposition de Isabellette, femme Gérardin d'Epinal, agée de 50 ans lors de la déposition  (environ).

On ne la voyait pas par les chemins ; elle était le plus souvent dans l’église à prier. Elle aimait les lieux de dévotion et allait de temps en temps à la chapelle de Notre-Dame de Bermont. Je l’ai vue souvent se confesser ; car il faut dire qu’elle était ma commère, ayant tenu au baptême mon fils Nicolas. Souvent je l’accompagnais et je la voyais aller à confesse, dans l’église, aux pieds de messire Guillaume, alors curé.


Déposition de Michel Lebuin, laboureur à Burey, agé de 44 ans lors de la déposition (environ).

Étant petit garçon, je suis allé plusieurs fois avec Jeannette en pèlerinage à l’Hermitage de la bienheureuse Marie-de Bermont. Elle y allait presque chaque samedi avec une de ses soeurs; elle apportait des cierges et donnait avec joie pour Dieu ce qu’elle pouvait donner... Elle était toute bonne.


Déposition de l'honorable homme Nicolas Bailly, tabellion et substitut à Andelot, chargé en 1430 par les Anglais de l’enquête sur les m½urs de Jeanne.
 
Le père de Jeanne, tel que je l’ai vu et connu, était un brave laboureur. Bien des fois j’ai vu Jeanne dans sa jeunesse, avant qu’elle quittât la maison de son père.
Elle fut toujours une brave fille, de moeurs honnêtes, bonne catholique, assidue à l’église, aimant le pèlerinage de la chapelle de Bermont et se confessant presque chaque mois. J’ai ouï attester par plusieurs habitants de Domrémy ce que j’avance et je l’ai constaté dans une enquête à laquelle je procédai jadis avec le prévôt d’Andelot.


Déposition de noble homme Bertrand de Poulengy, écuyer du roi en 1455 et vivant à Vaucouluers, guide de Jeanne. Âgé de 63 ans lors de déposition.
 
Je fus à plusieurs reprises chez les parents de Jeanne. C’étaient de bons laboureurs. Quant à Jeanne, j’ai entendu dire que c’était une bonne enfant, de bonne conduite, allant à l’église et, à peu près chaque samedi, à l’Hermitage de la bienheureuse Marie de Bermont, où elle apportait des cierges, filant et quelquefois aussi gardant les bestiaux et les chevaux de son père.
Depuis son départ du logis de son père, je l’ai vue à Vaucouleurs et ailleurs à la guerre. Elle se confessait souvent, jusqu’à deux fois en une semaine, communiait et était fort pieuse.


Colin, fils de Jean Colin, agé de 50 ans environ lors de la déposition, laboureur à Greux, un des compagnons de jeux de Jeannette lors de son enfance.

Elle aimait l'église et presque chaque samedi après-midi, Jeanne allait avec sa propre s½ur et d'autres femmes à l'ermitage ou église de Notre-Dame de Bermont et emportait des cierges, bien assidue au service de dieu et de Notre-Dame, tellement que nous autres, on se moquait d'elle et de sa dévotion.


Jean Waterin , agé de 45 ans environ lors de la déposition, laboureur à Greux mais né à Domremy.

« Elle portait des cierges à Notre-Dame de Bermont, où elle allait en pèlerinage ».

 

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