Selon une tradition locale, la maison au 64 rue d’Allier ( ou rue de la Flèche )  dans la ville de Moulins serait le lieu d’habitation de Jeanne d’Arc. Elle y serait passée après la prise de Saint-Pierre-le-Moûtier dans le but de prendre les fortifications de la Charité-sur-Loire. Jeanne y resta entre deux et trois semaines environ. Il faut noter qu’il n’y a aucune trace de la présence de Jeanne d’Arc dans les archives municipales de Moulins du XVe siècle,  c'est  donc une légende qui ne s'appuie que sur des croyances populaires.

 

Historique
source : source sur place, documentation diverses, voirs sources dans le texte

 

Jeanne d’Arc à Moulins

 

Selon Chambron lors d’un discours de commémoration en 1929 pour les 500 ans, elle était accompagnée de : Jean Pasquerel, du comte de Montpensier, Jean de Brosse  baron d’Huriel, de Perrin Blanc seigneur de la Baulme, du maître chirurgien du roi Regnault Thierry et de Jean d’Aulon, bizarrement il fait  l’impasse sur Charles II d’Albret.

Jeanne d’Arc écrivit deux lettres :

-  la première lettre conjointement avec Charles II d’Albret, probablement à Moulins, le 7 novembre 1429 à la ville de Clermont. Lettre disparue mais on retrouve sa trace dans « le livre des mémoires et diligences de la ville de Clermont ». Elle fait la demande, dans le but de prendre la Charité-sur-Loire, de poudre à canon, des traits (flèches) et de l’artillerie. (3). Ils recevront d’après les comptes de Montferrand, deux quintaux de salpêtre, un quintal de souffre, deux caisses de traits et pour Jeanne, une épée, deux poignards et une hache d’armes. (10)

- la deuxième lettre est écrite le 9 novembre 1429 à Moulins pour la ville de Riom avec une demande similaire de « poudre, du salpêtre, souffre, trait, puissantes arbalètes et autres vêtements de guerres » (3 – p37).

Il n’est pas impossible que Jeanne ait pu rencontrer Sainte Colette de Corbie qui était présente à Decize (source), point de passage sur la Loire ( 10P198 ). Cette rencontre est incertaine, aucun document ne permet de le prouver ou même de le suggérer. Il faut dire qu’on sait très peu de chose sur cette période.

Jeanne d’Arc a probablement priée dans une ou plusieurs églises de la ville, néanmoins à l’exception de la chapelle Sainte-Claire qui est la seule rescapée présente en 1429, elles sont toutes été détruites ou remplacées par la suite. La chapelle Sainte-Claire fut vendue comme bien national en 1795 au citoyen Coinchet, la chapelle devient salle de spectacle jusqu’en 1847, année au cours de laquelle on inaugure le théâtre. Comédies et tragédies remplacèrent pour un temps les prières. Après quelques différents survenus entre l’évêque, Monseigneur de Dreux Brezé et la mairie, la chapelle fut rendue au culte en 1854.

Au sujet de la Cathédrale Notre-Dame-de-l' Annonciation de Moulins, la partie la plus ancienne est de 1468, date de construction par Agnès de Bourgogne. Il est donc impossible qu’elle soit venue prier dans l’église actuelle, mais il est probable qu’elle soit allée prier devant la Vierge Noire présente depuis plusieurs siècles. En effet Jeanne d’Arc est connue pour prier devant la Sainte-Vierge dès qu’elle en avait l’occasion, elle le fit donc probablement dans l’ancienne chapelle Notre-Dame avant qu’elle ne devienne une collégiale, néanmoins aucune certitude.

L’église Saint-Pierre de Ménestraux édifiée en 1421 fut détruite à la révolution. (source)

Il peut être aussi possible qu’elle se rendit au Couvent des Carmes, détruit en 1411 par les Bourguignons et reconstruit au cours du XVe siècle. Sa reconstruction fut encouragée par les dons de la duchesse Anne, épouse de Louis II de Bourbon, puis par une bulle du pape Pie II accordant une indulgence à tous ceux qui visiteront l’église des Carmes et qui contribueront financièrement à sa reconstruction. L’église n’est finalement terminée qu’en 1581.

 

Au sujet de la maison Jeanne d’Arc et l’Hôtel de Feydeau

 

Cette inscription comme étant la maison de Jeanne est récente puisqu’elle est du XXe siècle lors du 500ième anniversaire de la Pucelle. Elle était connue comme étant l’Hôtel Feydeau. Notamment sur les plans du XIXe siècle on ne trouve aucune référence précise à ce sujet.

Son historique est assez confus, en effet sur la base Mérimée on retrouve deux descriptions relativement différentes :

Selon cette page, la maison serait reconstruite après les incendies de 1408 et 1409. Une analyse dendrochronologique, par une étude scientifique du bois, date les pièces de la charpente de 1411. 

La maison a conservé la maçonnerie  surmontée d’un étage en encorbellement et pignon à structure de bois avec galeries sur une cour intérieure ainsi que différents éléments de décor médiévaux et classiques.

Néanmoins sur une autre page, toujours sur Mérimée ( voir ici ), l’Hôtel Feydeau serait composé d’une tourelle d’escalier datée du XVe siècle. On y aurait accès par une porte moulurée, composé d'une tourelle d'escalier du 15e siècle, on y trouve trois fenêtres munies d'accolades fleuries. On y trouverait un écusson avec les armoiries des Feydeau. L’hôtel aurait été probablement édifié par Antoine Feydeau, seigneur de Rochefort au milieu du XVe siècle (voir plus bas).

Il s’agit de la même maison et hôtel mais dont les entrées sont identifiées aujourd’hui différemment car elles ne sont pas dans la même rue.
 

Maison de Jeanne d’Arc ?


La difficulté d’attribuer la maison à celle que Jeanne d’Arc proviens du fait qu’on n’a pas le nom chez qui elle logea à Moulins, à la différence par exemple d’Orléans et Poitiers. L’autre difficulté c’est que la source est une légende locale, dont je n’arrive pas pour l’instant à trouver son origine et datation. De plus les maisons du XVe siècle à Moulins sont encore très nombreuses, même si la majorité date de la fin du XVe et pas du début du siècle. Par ailleurs Moulins subit un incendie majeur le 20 novembre 1655 détruisant une partie de la ville par le feu.

On ne peut exclure également qu’elle logea dans le Château de Charles Ier de Bourbon au côté de Charles II d’Albret, ce dernier est le commandant des armées lors des expéditions à Saint-Pierre le Moutier - 58240  et à la Charité sur Loire. Néanmoins ça serait alors une exception, car Jeanne logeait généralement chez une personnalité de la ville, proche du roi en général.

On retrouve cette maison dans un plan du XVIe siècle.  Jusqu’au XIX siècle environ, la rue de l’Allier où se trouve la maison dite de Jeanne d’Arc était la rue des grenouilles. En 1929 se tenait la quincaillerie «  aux forges de vulcain », c’est à cette époque que fut posée la plaque commémorative pour les 500 ans de Jeanne d’Arc.

 

Les Feydeau

Si on se réfère à la généalogie des Feydeau, relativement incomplète, la famille est initialement dans le comté de la Marche, touchant le comté de Bourbon, dans la baronnie de Feydel (aujourd’hui disparue) proche de Felletin. 
 
Le premier Feydeau connu est Hugues de Feydeau au milieu du XIIIe siècle. Puis vint son fils Louis de Feydeau qui commanda jusqu’à neuf écuyers du côté de Limoges et sept écuyers qui participèrent aux guerres de Guyennes.
 
Hugues II de Feydeau mort en 1415 ( mort à Azincourt ? ) et sa mère Yolande de Chalus. Hugues II de Feydeau rendit foi et hommage à Charles Ier de Bourbon le 27 mai 1415.
Albert Feydeau, fils de Hugues II, vivant en 1447, était chevalier, baron de Feydel,  et seigneur de Neoux (actuellement dans la Creuse) et Lessonne et d’autres lieux. Il fut marié à Marguerite Charpentier. Il avait rendu « foi et hommage » au comte de la Marche, Jacques II de Bourbon, en 1434 et 1437.
 
La famille de Feydeau était originaire de la baronnie de Feydel, proche de la commune actuelle de Felletin. Le Château de Feydel fut complètement détruit, ainsi que les archives familiales, dans un incendie par les Anglais au XVe siècle ; Thomas Feydeau (vivant encore en 1472) alors seigneur réussi à s’en échapper de justesse en chemise de nuit, sa femme et deux ses enfants ont probablement péri à cette occasion funeste. C’est à partir de cette période que la famille de Feydeau se retrouve un peu partout jusqu’à Paris ; néanmoins on ne connait pas la période dans laquelle fut détruit le château, mais c’est probablement entre la bataille de Formigny en 1450 et la bataille de Castillon en 1453.
 
Le premier Feydeau connu à Moulins est Antoine de Feydeau qui fut le médecin du duc Pierre II de Bourbon ( ou Pierre II de Beaujeu ) et Suzanne de Bourbon , il meurt en 1522. Selon la base Mérimée, il s’agit probablement de celui qui édifia l’Hôtel Feydeau ou qui donna son nom. Il se maria avec Catherine Renard de Cachefève dont ils eurent un fils, André Feydeau qui fut avocat à Moulins.
 
Il est peu probable que l’Hôtel Feydeau appartenait à la famille avant 1438. Néanmoins la destruction des archives familiales au château de Feydel rend difficile certaines datations (naissance, âge et décès). On peut cependant rapprocher la construction de la maison, à priori vers 1411, avec l’hommage fait à Charles Ier de Bourbon en 1415, mais cela n’est que conjecture de faits. La seule certitude actuellement c’est la présence fréquente d’un Feydeau à Moulins dans la deuxième partie du XVe, soit bien après la présence de Jeanne d’Arc.
 

 


 

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