Louis II de Bourbon
Louis II de Bourbon, collection de Roger de Gaignières (XVIIe siècle)
Louis II fut un grand capitaine de son temps, qui servit avec fidélité la monarchie française pendant plus d’un demi-siècle. Voici l'histoire de sa vie.
Voir aussi
Le château de Montluçon, Montluçon Histoire et Patrimoine, Anne Dauphine d'Auvergne, Louis II de Bourbon
Louis II de Bourbon, né en 1337, a été duc de Bourbon de 1356 à 1410, baron de Combrailles et comte de Forez. Il était le fils de Pierre Ier, duc de Bourbon, et d’Isabelle de Valois, fille de Charles de Valois. Son rôle de grand capitaine a servi la monarchie française avec fidélité pendant plus d’un demi-siècle. En 1356, le roi Jean II le Bon l’a envoyé aider son fils Jean nommé lieutenant du roi en Languedoc, Auvergne, Périgord et Poitou. Louis a commencé ses faits d’armes en secourant Reims, assiégé par Édouard III d’Angleterre en 1359. Peu après, il est devenu négociateur du traité de Brétigny puis l’un des otages livrés à la Cour d’Angleterre en échange de la libération de Jean II le Bon, fait prisonnier à Poitiers. Pendant sa captivité, le duché de Bourbon était dirigé par sa mère Isabelle de Valois. Après la bataille de Poitiers, où son père a été tué et où le roi Jean le Bon a été fait prisonnier des Anglais, Louis de Bourbon a été pris en otage à Londres. Il n'a pu rentrer en France qu'à la fin de 1366. Bien qu'il ait eu sa place au Conseil du roi, il s'est distingué principalement dans l'armée de reconquête, participant à des campagnes en Flandre, en Espagne et contre les Routiers en 1385.
En 1366, Louis II est libéré. À son retour, il a constaté que le duché de Bourbon était plongé dans le chaos. Les compagnies s’y installent et répandent la terreur, tandis que les seigneurs, loin de les combattre, les laissent faire ou même participent à leurs brigandages. La justice est impuissante face à ces bandes, et le « grand procureur de Bourbon », un dénommé Huguenin Chauveau, ne peut que consigner les méfaits opérés par les vassaux du duc dans un ouvrage qu’il appelle le Livre Peloux. Plutôt que de combattre ces derniers, il choisit de se les rallier en fondant un ordre de chevalerie, l’Ordre de l’Écu d’or, pour récompenser les principaux gentilshommes de ses domaines. La devise de l’ordre est « Espérance ». Le jour de l’an 1367 a lieu une fête célébrant la création de l’ordre. Selon le chroniqueur Cabaret d’Orville, apparaît ce jour-là à la cour ducale Huguenin Chauveau qui, espérant faire justice, présente au prince son Livre Peloux. Il ajoute qu’avec les amendes et autres confiscations prononcées comme châtiments, le duc pourrait renflouer ses caisses. Mais Louis préfère jeter l’ouvrage au feu et accuse à juste titre le « procureur » de vouloir compromettre la noblesse de ses états. Il prononce donc de fait l’amnistie pour tous les crimes commis par ses vassaux durant son absence. La concorde rétablie entre les seigneurs du duché, l’armée ducale peut écraser les compagnies lors de deux campagnes en 1367 et 1368.
1356 : Les débuts de Louis II comme capitaine
En 1356, le roi Jean II le Bon confie à Louis II de Bourbon la mission de seconder son fils Jean, nommé lieutenant du roi en Languedoc, Auvergne, Périgord et Poitou. Louis II de Bourbon débute alors sa carrière militaire en participant au secours de Reims assiégé par Édouard III d'Angleterre en 1359. Peu après, il devient négociateur du traité de Brétigny avant de devenir l'un des otages livrés à la Cour d'Angleterre en échange de la libération de Jean II le Bon, capturé à Poitiers. Pendant sa captivité, sa mère Isabelle de Valois assure la direction du duché de Bourbon.
Après la bataille de Poitiers, où son père a été tué et où le roi Jean le Bon a été fait prisonnier des Anglais, Louis de Bourbon a été pris en otage à Londres. Il n'a pu rentrer en France qu'à la fin de 1366. Bien qu'il ait eu sa place au Conseil du roi, il s'est distingué principalement dans l'armée de reconquête, participant à des campagnes en Flandre, en Espagne et contre les Routiers en 1385.
1366 : La création de l’Ordre de l’Écu d’or
Louis II ne fut libéré qu’en 1366. Lorsqu’il retrouva son duché, son autorité était gravement mise à mal par les compagnies et les barons. Plutôt que de combattre ces derniers, il choisit de se les rallier en fondant un ordre de chevalerie, l’Ordre de l’Écu d’or, pour récompenser les principaux gentilshommes de ses domaines. La devise de l’ordre était « Espérance ». Le jour de l’an 1367 eut lieu une fête célébrant la création de l’ordre.
1367-1368 : L’anarchie en Bourbonnais
Selon le chroniqueur Cabaret d’Orville, apparaît ce jour-là à la cour ducale Huguenin Chauveau qui, espérant faire justice, présente au prince son Livre Peloux. Il ajoute qu’avec les amendes et autres confiscations prononcées comme châtiments, le duc pourrait renflouer ses caisses. Mais Louis préfère jeter l’ouvrage au feu et accuse à juste titre le « procureur » de vouloir compromettre la noblesse de ses états. Il prononce donc de fait l’amnistie pour tous les crimes commis par ses vassaux durant son absence. La concorde rétablie entre les seigneurs du duché, l’armée ducale peut écraser les compagnies lors de deux campagnes en 1367 et 1368. L’un des barons turbulents qu’il ramène alors en son giron est son ami le puissant seigneur Goussaut de Thoury, qu’il fait Maître d’Hôtel et qu’il sort d’affaires judiciaires plusieurs fois.
1369-1374 : Campagnes de Charles V
Pendant les campagnes de Charles V, le Duc de Bourbon joua un rôle crucial dans la reconquête des territoires qui avaient été conquis par les Anglais. Suivant les instructions du roi et de Bertrand Du Guesclin, le Duc mena une guerre d'escarmouches plutôt qu'une bataille directe, ce qui lui permit de prendre une trentaine de places fortes entre 1369 et 1374, dans des régions telles que le Limousin, la Bretagne et la Guyenne.
L'une des campagnes les plus mémorables de cette période fut le siège de Belleperche en 1369-1370. À cette époque, un petit groupe de « routiers » gascons, qui étaient du côté des Anglais, parvint à s'emparer du Château de Belleperche, où résidait la duchesse douairière de Bourbon, Isabelle de Valois. Louis II, qui était à la cour, rassembla des troupes et mit le siège devant le Château. Le siège dura trois mois, pendant lesquels le duc fit installer quatre grands engins de siège qui envoyaient nuit et jour des pierres sur la forteresse, causant d'importants dégâts.
Cependant, une troupe de routiers poitevins et aquitains, commandée par deux princes anglais, le comte de Cambridge et le comte de Pembroke, vint au secours des assiégés et retarda la prise du château. Louis II finit par prendre Belleperche, mais ne put empêcher les routiers, Bernardon de la Salle, Bernard de Wisk et Hortingo de la Salle, de s'échapper avec la duchesse en otage. Celle-ci ne fut libérée que deux ans plus tard contre rançon.
La mort de Charles V a fait de lui l'un des oncles du jeune Charles VI, et il a continué à gouverner le royaume tout en maintenant ses commandements militaires. Pendant la courte période du règne personnel de Charles VI, il a pris la tête de la « Croisade de Barbarie » en 1390, et est devenu l'idéal de prince des fleurs de lis pour les « Marmousets », qui étaient un groupe de conseillers influents à la cour.
[Prince représenté à cheval, armé en guerre, tenant un gonfanon] : [dessin]Source document: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69345650/f1
Sous le règne de Charles VI
Charles VI à Poitiers
L'oncle préféré du roi était le duc de Bourbon. Après la mort de Charles V, Bourbon a fait partie du conseil de régence de Charles VI, où son prestige militaire et ses liens étroits avec les Valois ont contribué à faire de lui un personnage central sur la scène politique. Sa grande influence sur son neveu s'est manifestée pendant trente ans, que ce soit à la tête des armées royales ou sur le terrain diplomatique.
Bien que la modestie de sa principauté, à l'origine le duché de Bourbonnais et le comté de Clermont-en-Beauvaisis, lui ait interdit toute visée d'indépendance, Louis de Bourbon a su se servir de l'État pour servir ses propres intérêts. Les services militaires qu'il a rendus au roi ont été rétribués, passant de 1 000 francs par mois de 1380 à 1389 à 3 000 francs vers 1400. Ses hauts commandements lui ont rapporté encore plus, notamment les 40 000 francs qu'il a reçus pour l'expédition d'Espagne, sans compter sa part des impôts royaux.
Le duc de Bourbon était l'oncle que Charles VI affectionnait le plus. Le roi le voyait très régulièrement et il l'accompagnait dans beaucoup de ses déplacements. Bourbon était écouté et respecté au Conseil du roi, bien qu'il ne prenne que rarement parti pour un clan ou un autre. En cela, il suivait la ligne de conduite historique de la Maison de Bourbon, qui était celle d'un fidèle soutien de la monarchie. En effet, sans l'appui et les largesses royales, les maigres revenus de leur province n'auraient pas permis aux ducs de Bourbon d'occuper une place si importante dans les hautes sphères de la royauté.
L'influence du duc se faisait ressentir dans de nombreuses décisions symboliques prises par le roi. Ainsi, pour le premier anniversaire de son avènement, le jeune souverain choisit pour emblème le cerf volant (ou cerf ailé), emblème des Bourbons. Il distribua également aux gens de sa cour des livrées à ses couleurs et à sa devise, une tradition anglaise introduite par Louis de Bourbon. Surtout, lorsqu'en 1388, Charles VI décida de gouverner par lui-même, le duc de Bourbon fut le seul de ses oncles à ne pas tomber en disgrâce. Il apparut même aux yeux des « Marmousets » qui entouraient et conseillaient le roi comme le « prince idéal » (ou « modèle des princes »), un serviteur de l'État, en opposition aux seigneurs ambitieux et tapageurs que furent les ducs de Bourgogne et de Berry.
Le duc de Bourbon participa également à plusieurs campagnes militaires. En 1385, il combattit les Anglais en Guyenne. En 1390, à la demande de la république de Gênes, il dirigea une expédition contre le royaume de Tunisie et mit le siège devant Mahdia. La campagne se termina par un demi-échec, et le duc, par son attitude hautaine envers les chevaliers, perdit de sa popularité.
La guerre de Cent Ans
Louis II de Bourbon participe activement à la guerre de Cent Ans, qui oppose la France à l'Angleterre de 1337 à 1453. Il sert fidèlement les rois Charles V et Charles VI, ainsi que son successeur Charles VII. Il est notamment présent lors de la bataille de Nicopolis en 1396, aux côtés du roi de Hongrie Sigismond de Luxembourg, contre l'Empire ottoman. Cette bataille est une défaite pour les chrétiens, qui subissent de lourdes pertes.
Expansion du duché de Bourbon : La montée en puissance de Louis de Bourbon
Le duché de Bourbon, petit territoire dans la France du XIVème siècle, avait du mal à rivaliser avec les grands apanages des ducs de Berry et de Bourgogne. L’oncle maternel du roi, Louis de Bourbon, cherchait donc à augmenter ses revenus et espérait annexer le duché d’Auvergne, ce qui le mettait en concurrence directe avec le duc de Berry. Mais c’est en 1400 que le destin de Louis de Bourbon va prendre un tournant décisif. Son neveu, Édouard II de Beaujeu, lui lègue le Beaujolais, territoire convoité également par Philippe de Bourgogne.
Louis de Bourbon avait une position importante à la Cour de France. En 1392, il avait pris en charge la garde de son neveu, Charles VI, lors de sa première crise de folie. À son retour en France, il avait tenté d’empêcher l’anarchie qui s’installait, causée par la folie du roi et les luttes de pouvoir entre les différents prétendants à la couronne. En 1401, il avait réussi à obtenir la réconciliation entre Philippe et Louis de Berry lors de leur premier accrochage.
À partir de 1405, il prend parti pour son neveu, Louis d’Orléans, car il désapprouve la volonté du duc de Bourgogne de partager le pouvoir avec les États provinciaux. Cependant, l’assassinat de Louis d’Orléans en 1407 par Jean sans Peur met un terme à l’influence de Louis de Bourbon sur le gouvernement royal. Son duché est de plus pris en tenaille d’un côté par les possessions du duc de Bourgogne, qui menace le Beaujolais, et de l’autre par celles du duc de Berry.
L'appui royal, à la fois financier et politique, a permis au duc de Bourbon de mener une politique d'agrandissement territorial ambitieuse. Grâce à son mariage avec Anne Dauphine, le duc a acquis le Forez et la seigneurie de Thiers, ainsi que la Combraille et la châtellenie de Château-Chinon, qui se sont ajoutées au duché de Bourbonnais pour former une vaste principauté d'un seul tenant. En 1400, le mariage de Jean de Bourbon avec Marie de Berry prépare le rattachement de l'Auvergne. Toutefois, le prix à payer au roi est la transformation du statut du duché, qui doit devenir un apanage royal, donc transmissible seulement en ligne masculine.
Cependant, Louis de Bourbon a transformé cet ensemble disparate, sans unité historique ni linguistique ni même ecclésiastique (car partagé en quatre diocèses), en un véritable espace politique doté d'une administration efficace créée sur le modèle royal. Pour ce faire, Moulins est devenue la capitale de la principauté, avec son château reconstruit par Louis II et sa collégiale Notre-Dame érigée en 1378. Le prieuré clunisien de Souvigny, qui servait de nécropole aux ducs, ainsi que la Sainte-Chapelle de Bourbon-l'Archambault, berceau de la famille, complétaient ces lieux symboliques qui donnaient une âme à la principauté.
Le vieux prince décide de se retirer dans ses terres et envisage de s’établir dans un couvent de Célestins. Mais en novembre 1408, alors que l’on craint que Jean sans Peur marche sur Paris pour s’emparer du pouvoir, Louis de Bourbon organise "l' enlèvement " du roi, le conduit hors de la capitale et le met en sécurité à Tours.
La guerre civile entre les partisans des Bourguignons et des Armagnacs faisait horreur à Louis de Bourbon. Dans un premier temps, il refuse d’adhérer à la Ligue de Gien conclue en avril 1410 et créant le parti des Armagnacs. Il tance très sévèrement son fils, le comte de Clermont, qui a rejoint les Armagnacs. Mais au début de l’été, il se décide finalement à rejoindre les princes d’Orléans dans leur lutte contre Jean sans Peur.
Louis de Bourbon est considéré comme le premier fondateur de l’État Bourbonnais, celui qui a assuré sa puissance future. Son influence à la cour de France a été considérable, il a su nouer des alliances stratégiques et préserver son duché face aux ambitions des autres grands seigneurs de l’époque.
La fin de sa vie
Château des Ducs de Bourbon où Louis II de Bourbon décède.
Au cours des dernières années de sa vie, Louis II de Bourbon se retire de la vie publique et se consacre à la prière et aux œuvres de charité. Il meurt au château de Montluçon le 10 août 1410, à l'âge de 73 ans. Il est enterré dans l'église des Cordeliers de Souvigny, dans l'Allier.
Son héritage
Louis II de Bourbon est resté dans l'histoire comme un grand prince de son temps, sage et fidèle à la monarchie française. Il a su régler les problèmes internes de son duché en instaurant l'ordre de l'Écu d'or et en rétablissant l'autorité ducale après sa captivité. Il a également servi avec courage et dévouement son pays pendant la guerre de Cent Ans.
Sa descendance a donné naissance à une grande lignée de princes, dont les plus célèbres sont Antoine de Bourbon, roi de Navarre et père d'Henri IV, et Henri de Bourbon, prince de Condé, chef du parti huguenot pendant les guerres de religion.