Jean de Metz

Appellé aussi Jean de Nouillonpont

Né probablement à la fin du XIVe , date inconnue, Jean de Nouillonpont, écrit aussi Novelompont, était âgé d'environ 30 ans en 1429. Il était alors qualifié d'écuyer en 1429. Il est au service de Robert de Baudricourt depuis 1418, soit depuis une dizaine d'année lors de sa rencontre avec la Pucelle. Charles VII l'anoblit en mars 1448. Il est connu pour avoir été un des compagnons de route entre Vaucouleurs et Chinon avec Jeanne d'Arc. Il est surnommé Jean de Metz probablement pour ses origines messinnes ( région de Metz ).

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Dessin d'Albert Robida, l'équipe de Jean de Metz, Jeanne d'Arc, Bertrand de Poulengy, Colet de Vienne traversant les plaines de France pour atteindre Chinon. Le voyage s'est fait principalement de nuit pour être le plus discret possible.

 

Johannes de Novyllomponty, tel que c'est écrit dans sa lettre d'anoblissement. Cela correspondrait à la commune de Nouillonpont  située dans le département de la Meuse.

Il semble que Jean de Metz , ainsi que Bertrand de Poulengy, seront partis prenantes pour convaincre le capitaine de Vaucouleurs de conduire Jeanne vers le roi à Chinon. Son témoignage lors du procès de réhabilitation permet de mieux comprendre comment Jeanne a tenté de convaincre le capitaine de Vaucouleurs. On apprend notamment que c'est Jean de Metz et Poulengy qui vont avancer une partie des frais du voyage " Le voyage se fit aux frais de Bertrand et à mes frais. ", frais qui seront remboursés comme on l'apprendra plus tard.

Jean de Metz semble aussi être le plus convaincu des deux guides par la Pucelle lorsqu'il fait une déclaration dithyrambique au procès : "J’avais foi entière dans cette pucelle. J’étais enflammé par ses paroles et par l’amour divin qui était en elle.

On connait peu de détail sur sa vie et son action après Chinon avec Jeanne, mais la lettre d'anoblissement du roi « la vie digne d'éloges, l'honorabilité de la conduite et l'éclatante réputation dont jouit le bien-aimé Jean de Novilonpont, dit encore de Metz ; les louables et très gratuits services qu'il a rendus dans les guerres et dans d'autres circonstances. » sous entend qu'il a eu un rôle après la rencontre de Jeanne avec le roi mais dont on ne connait pas es détails, car on ne retrouve que très rarement sa trace par la suite et il n'en fait pas mention dans sa déclaration, très élogieuse sur Jeanne, lors du procès. 

On le retrouve au retour du sacre de Reims en octobre 1429 : « Jehan de Mes et Barthelemy de Poulegny », appartenant à la « compagnie de la Pucelle ».

Il vit à Vaucouleurs en 1455, il a donc au moins 55 ans ce qui est déjà un âge assez avancé pour l'époque, mais sa date de décès est inconnue à ce jour.

 

 

 

1418, Jean de Metz est déjà au service de Robert de Baudricourt en 1418 après avoir été débauché chez un autre capitaine Jean de Wal : J.B.J. Ayroles révèle ceci : En 1418 il était soldoyer au service de Robert de Baudricourt, après avoir précédemment été à celui de Jean de Wal, capitaine et prévôt de Stenay. Il avait acquis à titre d'engagère, ou, suivant un auteur local, hérité de son père, la seigneurie de Novillonpont et Hovécourt dont il portait le titre. »

En clair, Jean de Metz est un petit seigneur vassal de Robert de Baudricourt, il deviendra avec le temps un des hommes de confiance de Baudricourt, ce dernier envoi notamment Jean suivre Jeanne à Nancy, en 1428, lors de la rencontre avec le duc de Lorraine. Néanmoins selon Jean-Baptiste-Joseph Ayroles cette mission initiale avait peut-être comme objectif de surveiller Jeanne, cette thèse n'est pas totalement démontrée aujourd'hui mais reste crédible vu le contexte historique.

1428

Il est intéressant de noter que 1428 est une année particulière pour Vaucouleurs, en effet la ville est prise par Antoine de Vergy ( Bourguignon ) en août 1428 et Robert de Baudricourt est contraint de ruser afin de garder sa place en tant que capitaine de Vaucouleurs, il est donc dans une position délicate, mais il  reste sans aucun doute partisan de Charles VII. Néanmoins la première rencontre connue entre Jeanne et le capitaine de la place se fait en février 1428, donc avant la main mise théorique des Bourguignons, en réalité les Bourguignons n'auront jamais vraiment d'emprise sur Vaucouleurs et Baudricourt.

Guillaume Charrier, receveur général des finances en 1429 et maître Hémon Raguier, notent des frais de la présence de Jean de Metz et de la troupe de la Pucelle. A Chinon, ils seront logés dans un premier temps dans une hostellerie, par la suite Jeanne est logée dans la cour du Coudray du Château de Chinon afin d'y être intérrogée, il n'est pas certain que les compagnons de route de Jeanne soit alors avec elle dans ce logement.

"Jehan de Metz, écuyer, la somme de cent livres pour le défraiement de lui et autres gens qui ont accompagné  la Pucelle n'aguères venue par devers le roy nostre sire, du Barrois, des frais qu'ils ont fait en la ville de Chinon, et qu'il leur convient faire au voyage qu'ils ont l'intention de faire pour servir le seigneur en l'armée qui est ordonnée pour le secours d'Orléans ; laquelle somme attestée donnée par lettres du roy du 21 avril 1429 " Guillaume Charrier.*

On comprend alors qu'en avril 1429, Jeanne est déjà présentie pour partir à Orléans, il s'agit donc de "notes de frais" payés pour ses compagnons après le procès de Poitiers. La deuxième note est plus intéressante encore puisqu'elle fait mention de frais pour payer notamment une armure, payée assez peu cher il faut le dire ( 100 livres tournois ) même si il est difficile de donner une valeur réelle, pour Jeanne mais aussi des équipements pour Jean de Metz, ainsi que deux étandarts ( un petit et un grand ) pour Jeanne.

"Aux personnes cy aprés nommées, la somme de 450 livres tournois qui, ou mois d'avril m cccc xxix après Pasques, de l'ordonnance et commandement du roy nostre sire, a estée payée et baillée par ledit thrésorier maître Hémon Raguier ; c'est assavoir : A Jehan de Mès, pour la despence de la Pucelle, 200 livres tournois ; - Au maistre armeurier, pour ung harnois complet pour laditte Pucelle, 100 livres tournois ; - Audit Jehan de Mès et son compaignon, pour luy aider à avoir des harnois pour eulx armer et habiller, pour estre en compaignie de ladite Pucelle, 125 livres tournois ; - Et à Hauves Pouloir, peintre, demourant à Tours, pour avoir paint et baillié estoffes pour ung grant estandart et ung petit pour la Pucelle, 25 livres tournois."

*L’original du document est perdu mais il en existe deux copies du XVIIe siècle :
Bibliothèque Nationale, ms. fr. 7858, fol. 49v°.
Bibliothèque Nationale, ms. fr. 20684, fol 558v°-560v° (ms. Gaignières 772).

Selon Olivier Bouzy, dans sa réponse très précise, au Guichet du Savoir ( voir lien dans les sources )

" Le découpage est complexe mais tient au partage des responsabilités : Raguier, trésorier des guerres, paye théoriquement pour les frais militaires (et les déplacements) et Charrier pour les frais civils (et les séjours). Le total est donc de 300 livres pour les dépenses de Jeanne et de son entourage du 13 février au 27 avril 1429, après quoi la compagnie doit être englobée dans l’expédition de ravitaillement d’Orléans lancée depuis Blois, et dont les frais sont remboursés à Gilles de Rais. Cette compagnie a considérablement augmenté après avril, passant de 5 à 13 personnes (au minimum)."

 1448 - 1455


Il est anobli en mars 1449 ( ou 1448 ) « la vie digne d'éloges, l'honorabilité de la conduite et l'éclatante réputation dont jouit le bien-aimé Jean de Novilonpont, dit encore de Metz ; les louables et très gratuits services qu'il a rendus dans les guerres et dans d'autres circonstances. » 

Lors du procès de réhabilitation Jean de Metz semble vivre à Vaucouleurs, un an plus tôt Robert de Baudricourt était décédé ce qui implique qu'on ne le retrouve pas dans le témoignage du procès de réhabilitation.

Déposition de noble homme Jean de Novelompont, dit Jean de Metz, guide de Jeanne.

La première fois que je vis Jeanne à son arrivée à Vaucouleurs, elle portait une robe rouge, pauvre et usée. Je lui dis : « Ma mie, que faites-vous ici? Faut-il que le roi soit chassé du royaume et que nous soyons Anglais? » Jeanne me répondit : « Je suis venue ici, à Chambre du Roi, parler au sire de Baudricourt, afin qu’il veuille me conduire ou me faire conduire au roi. Mais il n’a cure de moi ni de mon dire. Pourtant, avant que soit mi-carême, je dois être devers le roi, dussé-je user mes pieds jusqu’aux genoux; car nul au monde, ni rois, ni ducs, ni fille du roi d’Écosse, ni autres, ne peuvent recouv,rer le royaume de France. Il n’y a secours que de, moi, quoique j’aimerais mieux filer près de ma pauvre mère, vu que ce n’est point là mon état. Mais il me faut aller et le ferai parce que Dieu veut que je le fasse. » Je lui demandai quel était son seigneur.

Elle me répondit: « C’est Dieu. »

Alors je donnai à Jeanne ma foi en lui touchant la main, et je lui promis que, Dieu aidant, je la conduirais devers le roi. En même temps, je lui demandai quand elle voudrait partir. Elle tue dit : « Plutôt maintenant que demain et demain qu’après. » Je lui demandai encore si elle voulait faire chemin avec ses vêtements de femme. Elle me dit: « Je prendrais volontiers habit d’homme. » Pour lors, je lui donnai les vêtements et la chaussure d’un de mes hommes. Ensuite, les gens de Vaucouleurs lui firent faire un costume d’homme, des chausses, des guêtres, tout l’équipement, et lui donnèrent un cheval qui coûta seize francs ou à peu près.

Là-dessus, munie d’un sauf-conduit de Charles, duc de Lorraine, Jeanne s’en fut parler à ce seigneur, et je l’accompagnai jusqu’à Toul. Elle rentra peu après à Vaucouleurs; et, le premier dimanche de carême que nous appelons le dimanche des Bures, — il y aura, ce me semble, vingt-sept ans de cela au carême prochain, — Bertrand de Poulengy et moi, avec nos deux servants, Colet, envoyé du roi, et l’archer Richard, nous partîmes pour la mener au roi, alors à Chinon.

Le voyage se fit aux frais de Bertrand et à mes frais. Nous voyageâmes la nuit, de peur des Anglais et des Bourguignons qui étaient maîtres du pays. Nous chevauchâmes sans cesse, l’espace de douze jours. Pendant la route, je disais plusieurs fois à Jeanne : « Ferez-vous bien ce que vous dites? » Elle répondait : « N’ayez crainte. Ce que je fais, je le fais par commandement. Mes frères du paradis me disent ce que j’ai à faire. Voilà quatre ou cinq ans que mes frères du paradis et mon seigneur Dieu m’ont dit d’aller en guerre pour recouvrer le royaume de France. »

En route, Bertrand et moi nous reposions chaque nuit avec elle. Jeanne dormait à côté de moi, serrée dans son habit d’homme. Elle m’inspirait un tel respect que jamais je n’eusse osé la solliciter à mal; et je puis bien vous jurer que jamais je n’eus pour elle de pensée mauvaise ni de mouvement charnel J’avais foi entière dans cette pucelle. J’étais enflammé par ses paroles et par l’amour divin qui était en elle.

Pendant la route, Jeanne eût été bien aise d’ouïr toujours la messe. « Si nous pouvions ouïr la messe, disait-elle, nous ferions bien. » Mais, par crainte d’être reconnus, nous ne l’entendîmes que deux fois.

En vérité, je crois que Jeanne ne pouvait qu’être envoyée de Dieu, car elle ne jurait jamais, elle aimait ouïr la messe, elle se signait dévotement, se confessait souventes fois et se montrait zélée à faire l’aumône.

A plusieurs reprises je lui baillai de l’argent qu’elle distribuait pour l’amour de Dieu. Enfin, tout le temps que je fus en sa compagnie, je la trouvai bonne, simple, pieuse, excellente chrétienne, de bonne conduite et craignant Dieu.

Nous arrivâmes ainsi le plus secrètement possible à Chinon. Là, nous présentâmes Jeanne aux conseillers du roi et elle eut à subir force interrogatoires. Je ne sais rien de plus. (2)

 

 

 

 sources :  Jeanne d'Arc à Chinon et Robert de Rouvres - Motey (du) - (1)stejeannedarc - Guichet du Savoir - Le compte de Hémon Raguier est publié par Jules Quicherat, Les procès de Jeanne d'Arc, t. V, Paris, 1849, p 257-258, 265, 267-268, 271,, tome 11, p. 1-209. - (2) Le procès de Jeanne d'Arc - Société Archéologique de l'Orléanais