Château et Donjon de Vez
Le Château de Vez , ou donjon de Vez, est un château médiéval dans les Hauts de France, dans le département de l'Oise. Il est situé dans la vallée de l’automne qu’il surplombe majestueusement, c'est un formidable témoin du Moyen-Age. Vez a été pendant une longue période la capitale des Valois avant d’être remplacée par le Château de Villers-Cotterêts.
Le donjon, haut de 27 mètres, et la chapelle jouxtant le logis de la cour intérieure, furent terminés à la fin du XIVe siècle par Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI à qui le Valois fut donné en 1386. Le duc d'Orléans fut assassiné à Paris par le duc de Bourgogne voir : Assassinat du duc Louis d'Orléans à Paris en 1407
La chapelle du château a la particularité d’avoir une armature métallique réalisée par Gustave Eiffel. On sera assez étonné d’y voir un ensemble à la fois visuellement léger, se fondant dans la structure de la chapelle, tout en étant un élément très identifiable de son œuvre, clairement une réussite qui doit très largement à son architecte.
Sinon on peut regretter aussi que le Donjon ne soit pas ouvert à la visite, sauf la pièce de Sol LeWitt sur RDV, car c’est quand même la pièce maîtresse de l’ensemble. Edifié en 1360 par Jehan de Vez, il est dans un état remarquable et dans une forme assez singulière ressemblant à un A majuscule, appelé donjon pentagonale à cause de ses cinq angles non réguliers formant un polygone ( il n'a pas la forme du pentagone régulier connu aujourd’hui aux US ). Dans l’ensemble la visite est très agréable, dans un joli silence apaisant, loin des routes et des vacarmes citadins. Il y a un parking gratuit en bas du château.
Si Jeanne d'Arc est peut-être passée au château de Vez le 23 avril 1430 ( la plaque indique le 28 avril ) en revenant de Crépy en Valois, Jeanne d'Arc, rien ne permet aujourd'hui de l'étayer de façon formelle. Pour autant une partie du film "Jeanne Captive" est tournée dans ce château même si la scène en elle même n'a rien à voir avec la visite de Jeanne d'Arc puisque dans le film elle est prisonnière. Cependant il s'agissait plutôt pour le réalisateur de trouver un décors d'époque et le donjon de Vez sur certains plans si prête parfaitement.
Informations
- Adresse : donjon de vez, 60117 Vez - au niveau du GPS " rue de malaise" c'est sur la D32.
- Google Maps : Carte
- Téléphone : 03 44 88 55 18
- Email :
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
- Site : http://www.donjondevez.com
- Heures d'ouvertures & Visites :
De mai à septembre 2019, du mardi au dimanche (fermé le lundi) 9 €, — Gratuit < 15 ans - horaires : Visites libres de 13h à 18h et une visite guidée à 15h.
Tarifs 2019 : 9€ en visite libre ou 10€ en visite guidée qui inclus le donjon. ( tarifs en 2011 : 6 € )
Ouvert depuis déjà de nombreuses années au public, les puristes du Moyen-Âge pourront être surpris de voir des œuvres contemporaines.
Pour autant rien de comparable à Versailles qui pour un effet mercantile se préoccupe plus de la publicité faite autour de ses œuvres ( parfois franchement monstrueuses pour ma part ). Ici rien n’est vraiment choquant, pas d’outrage au temps et tout l’ensemble d’art contemporain semble épouser l’histoire dans une certaine continuité puisque tout a débuté au début du XIXe.
Certes on ne peut pas tout aimer, j’ai été par exemple pas très emballé par l’œuvre de Kawamata qui n’est ni plus ni plus moins assez raté pour ma part. J’ai du mal en comprendre les cabanes dans les arbres et les fenêtres disloqués dans la chapelle, édifiant un monstre de verre dans une salle assez épurée. Cependant n’étant un adepte de l’art contemporain, je n’ai pas été dans l’ensemble trop surpris. J’ai assez bien apprécié par contre le pot doré de Jean-Pierre Raynaud ou des œuvres de Bourdelle.
Souvent réutilisé dans ses romans, Alexandre Dumas y fera référence régulièrement notamment dans le « le meneur de loups » .
Viollet le Duc – Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe, Tome 5, Donjon
Il était peu de châteaux des XIVe et XVe siècles qui possédassent des donjons aussi étendus, aussi beaux et aussi propres à loger un grand seigneur, que celui de Pierrefonds. La plupart des donjons de cette époque, bien que plus agréables à habiter que les donjons des XIIe et XIIIe siècles, ne se composent cependant que d’un corps de logis plus ou moins bien défendu. Nous trouvons un exemple de ces demeures seigneuriales, sur une échelle réduite, dans la même contrée.
Le château de Véz relevait du château de Pierrefonds ; il est situé non loin de ce domaine, sur les limites de la forêt de Compiègne, près de Morienval, sur un plateau élevé qui domine les vallées de l’Automne et de Vandi. Sa situation militaire est excellente en ce qu’elle complète au sud la ligne de défense des abords de la forêt, protégée par les deux cours d’eau ci-dessus mentionnés, par le château même de Pierrefonds au nord-est, les défilés de la forêt de l’Aigle et de la rivière de l’Aisne au nord, par les plateaux de Champlieu et le bourg de Verberie à l’ouest, par le cours de l’Oise au nord-nord-ouest. Le château de Véz est un poste très-ancien, placé à l’extrémité d’un promontoire entre deux petites vallées. Louis d’Orléans dut le rebâtir presque entièrement lorsqu’il voulut prendre ses sûretés au nord de Paris, pour être en état de résister aux prétentions du duc de Bourgogne, qui, de son côté, se fortifiait au sud du domaine royal. Véz n’est, comparativement à Pierrefonds, qu’un poste défendu par une enceinte et un petit donjon merveilleusement planté, bâti avec le plus grand soin, probablement par l’architecte du château de Pierrefonds22.
"Ce donjon (fig 45) s’élève en A (voy. le plan d’ensemble), à l’angle formé par deux courtines, dont l’une, celle B, domine un escarpement B’, et l’autre, C, flanquée extérieurement d’échauguettes, est séparée d’une basse-cour ou baille E par un large fossé. Du côté G, le plateau descend rapidement vers une vallée profonde ; aussi les deux courtines HH’ sont-elles plus basses que les deux autres BC, et leur chemin de ronde se trouve-t-il au niveau du plateau sur lequel s’élevait un logis K du XIIe siècle presque entièrement rebâti au commencement du XVe. Ce logis, en ruine aujourd’hui, était une charmante construction. La porte du château, défendue par deux tours de petite dimension, est en I. On voit encore quelques restes des défenses de la baille E, mais converties aujourd’hui en murs de terrasses 23. Le donjon est détaillé dans le plan du rez-de-chaussée X. Son entrée est en L, et consistait en une étroite poterne avec pont à bascule24 donnant sur un large escalier à vis montant de fond. Chaque étage contenait deux pièces, l’une grande et l’autre plus petite, munies de cheminées et de réduits. En P est un puits. On voit en F le fossé et en M l’entrée du château avec ses tours et son pont détourné. La courtine C est défendue par des échauguettes extérieures flanquantes O, tandis que la courtine B, qui n’avait guère à craindre une attaque du dehors, à cause de l’escarpement, était protégée à l’intérieur par des échauguettes flanquantes R. Par les tourelles SS’, bâties aux deux extrémités des courtines élevées, on montait sur les chemins de ronde de ces courtines au moyen d’escaliers. En V était une poterne descendant de la plate-forme sur l’escarpement. Quand on examine la situation du plateau, on s’explique parfaitement le plan du donjon d’angle dont les faces extérieures enfilent les abords du château les plus accessibles. Les tourelles d’angle montant de fond forment d’ailleurs un flanquement de second ordre, en prévision d’une attaque rapprochée.
La fig. 46, qui donne l’élévation perspective du donjon de Véz, prise de l’intérieur de l’enceinte, fait voir la disposition des échauguettes flanquantes R de la courtine B, la poterne avec son petit fossé et son pont à bascule, l’ouverture du puits, la disposition des mâchicoulis-latrines, le long de l’escalier, le sommet de l’escalier terminé par une tourelle servant de guette. Du premier étage du donjon, on communiquait aux chemins de ronde des deux courtines par de petites portes bien défendues. Ainsi la garnison du donjon pouvait, en cas d’attaque, se répandre promptement sur les deux courtines faisant face aux deux fronts qui seuls étaient attaquables. Si l’un de ces fronts, celui C, était pris (c’est le plus faible à cause de la nature du terrain et du percement de la porte), les défenseurs pouvaient encore conserver le second front B, rendu plus fort par les échauguettes intérieures R (voy. les plans) ; s’ils ne pouvaient garder ce second front, ils rentraient dans le donjon et de là reprenaient l’offensive ou capitulaient à loisir. Dans un poste si bien disposé, une garnison de cinquante hommes arrêtait facilement un corps d’armée pendant plusieurs jours ; et il faut dire que l’assaillant, entouré de ravins, de petits cours d’eau et de forêts, arrêté sur un pareil terrain, avait grand ’peine à se garder contre un corps de secours. Or le château de Véz n’était autre chose qu’un fort destiné à conserver un point d’une grande ligne de défenses très-bien choisie. Peut-être n’a-t-on pas encore assez observé la corrélation qui existe presque toujours, au moyen âge, entre les diverses forteresses d’un territoire ; on les étudie isolément, mais on ne se rend pas compte généralement de leur importance et de leur utilité relative. À ce point de vue, il nous paraît que les fortifications du moyen âge ouvrent aux études un champ nouveau.
Telle est l’influence persistante des traditions, même aux époques où on a la prétention de s’y soustraire, que nous voyons les derniers vestiges du donjon féodal pénétrer jusque dans les châteaux bâtis pendant le XVIIe siècle, alors que l’on ne songeait plus aux demeures fortifiées des châtelains féodaux. La plupart de nos châteaux des XVIe et XVIIe siècles conservent encore, au centre des corps de logis, un gros pavillon, qui certes n’était pas une importation étrangère, mais bien plutôt un dernier souvenir du donjon du moyen âge. Nous retrouvons encore ce logis dominant à Chambord, à Saint-Germain-en-Laye, aux Tuileries, et plus tard aux châteaux de Richelieu en Poitou, de Maisons, de Vaux près Paris, de Coulommiers, etc."
Un des plus beaux vitrails sur Jeanne d'Arc que j'ai pu voir.
En plus de ce que j'ai pu décrire au dessus, on peut voir aussi : un très beau vitrail de Jeanne d'Arc avec un soucis du détail notamment au niveau de l'armure qui pourrait ressembler réellement à celle porter par Jeanne car il s'agit bien d'une armure du XVe , un gisant de Leon Victor Edmond Dru, des galleries souterraines médiévales , de l'art moderne ( XIXe ) , des oeuvres de Daniel Buren, un jardin de Pascal Cribier , etc
Jeanne d'Arc au château de Vez ?
Tour dite de Jeanne d'Arc, selon l'auteur elle serait venue surveiller les alentours à plusieurs reprises... on se demande bien pourquoi ?!
Selon Eugène Barbier, qui fut propriétaire du château, Jeanne d'Arc est venue plusieurs fois au château de Vez, mais comme rappelé au début de cette page les "visites" de Jeanne ne sont pas étayées par des documents historiques. Cependant la tour "Jeanne d'Arc" existe bien mais il est difficile de dire à partir de quand ce nom fut donné. Il faut rester assez prudent sur les écrits du début du XXe siècle, car bien souvent elles sont emprunts d'une certaine vigueur religieuse ou nationaliste, après une guerre de 14-18 difficile, qui bien souvent inventent des choses. Par ailleurs Eugène Barbier étant le propriétaire du château il n'est pas impossible qu'il fut emporter largement par sa passion mais sans réalité historique.
Si Eugène Barbier est clairement quelqu'un d'érudit, son livre transpire la passion qui l'anime et semble se fier plus à ses envies qu'à la réalité historique. Si il n'est pas impossible qu'elle soit venue une fois à Vez, d'autant plus possible que Vez est la "capitale" des Valois, donc du roi Charles VII, il est par contre peu probable qu'elle soit venue plusieurs fois sans aucune trace de son passage. Surtout à l'époque les distances ne se franchissent pas aussi rapidement qu'aujourd'hui, 30 à 40 km maximum par jour à cheval.
Pourquoi serait-elle revenue plusieurs fois à Vez ? sur quel document il se base ? mystère tiré des légendes locales d'autant qu'à cette époque , selon Perceval de Cagny, Jeanne serait partie en catiminie du Château de Sully sur Loire.
Il faut rappeler que Jeanne d'Arc est béatifiée en 1920, qu'elle a été mise au rang de "star nationale" après la guerre de 14-18, son livre écrit en 1929 entre dans cette lignée où il est bon de voir Jeanne d'Arc partout et nulle part à la fois.
Voilà ce qu'il écrit à ce sujet :
" En apprenant que le duc de Bourgogne, malgré la trêve conclue cherchait à s'emparer des places de Soissons et de Compiègne, pour relier les Flandres à ses domaines de Bourgogne et compléter l'investissement du domaine royal, Jeanne d'Arc, comprenant le danger, était accourue des bords de la Loire. C'est ainsi que pendant la période qui s'écoula du 15 avril au 23 mai 1430, elle vint, à plusieurs reprises inspecter la citadelle. Suivant la tradition, elle entendait la messe dans la chapelle du château, et faisait de longues stations dans la petite tourelle, appelée depuis « la tour de Jeanne d'Arc » d'où elle surveillait les routes environnantes.
Soissons venait de capituler. Il ne restait plus que la place de Compiègne à défendre.
Pendant cette période de trente huit jours, Jeanne ne quitta plus la région, allant et venant à Crépy, à Compiègne, battant la campagne, et, suivant l'expression de Gabriel Hanotaux, dans son livre sur l'héroïne :
« Rôdant en quelque sorte, autour de la ville, comme un chien de garde vigilant qui rassemble son troupeau. »
Jeanne vécut pendant cette période les heures les plus douloureuses de sa vie.
Impuissante à faire prévaloir ses idées, abandonnée en quelque sorte par Charles VII dès le lendemain du sacre de Reims, sentant l'ingratitude et l'hostilité régner autour d'elle, parce que les courtisans la trouvaient encombrante et présomptueuse, que le roi était jaloux de sa gloire et de l'hommage enthousiaste que lui rendaient les populations, Jeanne avait le pressentiment que sa carrière serait bientôt terminée. « Ses voix » l'avaient avertie qu'elle serait prise avant la Saint-Jean...
Quelques-unes de ces heures d'angoisse où elle lutta en dépit des intrigues politiques, de l'hostilité des courtisans, de l'indifférence et de l'indolence du monarque, la sublime héroïne les vécut à Vez. on se la représente dans cette petite tourelle, d'où elle surveillait les alentours, se recueillant et méditant sur l'ingratitude humaine !
Tour dite de Jeanne d'Arc à gauche, au centre la chapelle où elle serait venue prier et à droite un superbe vitrail de la pucelle dans la chapelle du château, on peut noter la qualité de la reconstitution historique de l'armure qui semble bien de l'époque.
Jeanne avait fait le sacrifice de sa vie. Quand on voulut la dissuader d'aller s'enfermer à Compiègne : «Par mon Martin, répondit-elle, j'irai retrouver mes bons amis de Compiègne ! »
Le 23 mai de grand matin, elle quitta Crépy-en-Valois avec une faible escorte. Dès son arrivée, le 24 mai, ayant à ses côtés quelques-uns de ses bons compagnons, Guillaume de Flavy, Poton de Xaintrailles, et cinq ou six cents hommes, elle organise une sortie pour aider l'arrivée des secours attendus, bouscule d'abord l'ennemi, quand, à la nuit tombante, un renfort inattendu ranime les Anglais.
Jeanne se replie alors et marche avec sa troupe en ordre, vers la porte de secours. Restée à l'arrière-garde pour assurer la retraite, elle arrive au but, quand la herse est subitement abaissée, par inattention ou à dessein, sur l'ordre de Guillaume de Flavy !...