Tour Blanche ou de la Reine Blanche, Donjon d'Issoudun
Édifié au XIIe et terminé au tout début du XIIIe siècle, c'est un cas rare de donjon à Éperon en Angle, en comparaison des constructions en éperon à accolade ou éperon en amande, mais qui donne presque tous cette forme "goutte d'eau" ou "d'amande effilée". C'est un des plus beaux exemple de donjon du XIIe et XIIIe siècle.
Voir aussi
Informations
- Adresse :
- Google Maps : Plan issoudun
- Téléphone : Office de Tourisme Tél : 02 54 21 74 02
- Email :
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
- Heures d'ouvertures & Visites : Adultes : 3 €Adultes : 3 €12-18 ans : 2 €- de 12 ans : gratuit. Le billet se prend à l'Office de Tourisme. avril et mai : samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h / juillet et août : tous les jours de 14h à 18h / Juin : du mardi au dimanche de 14h à 18h / septembre : du mardi au dimanchede 14h à 18h / Fermé d'Octobre à Mars.
L’étymologie d’Issoudun viendrait selon Bullet du celtique Y-Kill-Dun, signifiant « Mont sur une presqu’île ». Il pourrait venir également du culte d’Isis transformé en Isis-Dunum ou du Gaëlique « bas, inférieur, au-dessous » « Is-Dun » serait à sous-dun, puisque la ville était à l’origine au pied de la colline.[i] On peut faire le rapprochement évident avec Dun-le-Roi ( aujourd’hui Dun-sur-Auron ) qui fut une forteresse en hauteur.
Avril 52 avant J-C, la présence des Gaulois, Bituriges Cubes (en grec ancien Βιτούριγες οἱ Κοῦβοι / Bitoúriges oi Koũboi, en latin Bituriges Cubii) à Issoudun est attestée après le siège de Avaricum ( Bourges ) qui obligea les Gaulois à bruler leur ville ,et fortification, qui seront reconstruites par Jules César. Leur capitale, Avaricon (latin Avaricum), du nom de la rivière Yèvre (Avara), se trouvait sur le site actuel de Bourges.
Néanmoins il faut préciser que tous les historiens et chercheurs ne sont d’accord sur la bataille d’Avaricum, de son emplacement et qu’il reste des zones d’ombres sur la ville identifiée comme Auxeliodunum. [ii]
675, date de la première monnaie frappée à Issoudun.
VIIe siècle, une basilique est édifiée sur l’emplacement de l’actuelle Tour Blanche, elle fut cependant en partie détruite pour y construire la tour.
Entre 900 et 950, Issoudun dépend de la seigneurie de Déols, Roger dit « Taillefer » est le premier seigneur connu.
984, Charles d’Emenon est seigneur d’Issoudun. Issoudun est attesté sous la forme d'Uxelodunum ( ou Auxeliodunum ) dans une charte « Emenon et Adhénaure »[iii]. Il serait composé du mot gaulois « uxello », faisant référence à ce qui est « élevé » ou le « le plus haut » et du terme latin Dunum « forteresse » ou « enceinte fortifiée ».
Néanmoins on trouve des villes anglaises, comme Stanwix, qui avaient le nom de Uxelodunum dite la « haute forteresse » ou la « forteresse Uxellus », qui fut un fort romain situé sur le mur d’Hadrien et donc un nom en partie d’origine Celtique.[iv]
1167 à 1199, c’est Eude III qui est seigneur d’Issoudun. Il partira en Croisade avec Richard Cœur et Philippe-Auguste en 1190.
1187, Philippe-Auguste prend la ville d’Issoudun.
Construction du donjon de la Tour Blanche à Issoudun
1195, Marchader ( Mercadier ), chef des Cottereaux, prend la forteresse et la renforce au profit de Richard Cœur de Lion, il est donc peut-être le commanditaire réel de la Tour Blanche.
Philippe-Auguste, prend d’abord la ville puis assiège le Château. Le roi d’Angleterre accourt afin de lever le siège sur Issoudun contraignant Philippe-Auguste à lâcher prise. Alors que le combat était imminent et contre toute attente, selon Rigord ( moine de Saint-Denis, médecin et chroniqueur de Philippe-Auguste ) et Guillaume le Breton ( prêtre et chroniqueur breton de Philippe-Auguste ), le roi d’Angleterre fit allégeance et hommage à Philippe-Auguste afin de rétablir la paix.
1196, la trêve au traité de Gaillon, avec le roi d’Angleterre. Il est convenu que Issoudun, et ses dépendances, devaient rester aux mains des anglais et Philippe II conserve une partie de ses conquêtes normandes (château de Gisors, Neaufles-Saint-Martin et le Vexin normand, Vernon, Gaillon, Pacy-sur-Eure ) et voit reconnue l’affirmation de sa suzeraineté sur l’Auvergne ; en revanche, il doit abandonner à Richard le Berry aquitain et bon nombre de places fortes comme Issoudun, Graçay, Le Vaudreuil, les comtés d'Eu et d'Aumale. Cette entente ne satisfait réellement aucune des deux parties et la guerre reprend dès l’été 1196.[v] Richard demande, après son retour à Issoudun, à Hervé de Vierzon de lui faire hommage, ce dernier refuse et fait appel à Philippe-Auguste, en vain la ville et le Château de Vierzon sont pillés par les Anglais.
Il est fort probable que la construction du donjon d’Issoudun se fait en cette période, fin XIIe siècle. Au même moment Philippe-Auguste a fait construire la tour du Louvre et achève la grosse-tour à Bourges.
Néanmoins aucun élément historique ne permet aujourd’hui d’identifié avec certitude son commanditaire d’autant qu’il faut noter que le donjon de la Roche-Guyon comporte la même caractéristique en forme d’amande effilée.
Le château de la Roche-Guyon fut édifié sous Guy de La Roche vers 1190 qui furent les seigneurs du fief du Xe au XVe siècle au profit du roi de France quasi sans interruption, sauf notamment entre 1419 et 1439. Elle était cependant plus haute, 38m au lieu de 27m pour le donjon d’Issoudun avec une motte de 15m de haut cependant.
D’autres tours peuvent prétendre le partage de caractéristiques proche avec éperon en angle : Douvres à la porte Fitzwilliam ( 1216 – 1227 ), Château-Gaillard, Roche-Guyon, une tour au Château Coudray-Salbart et Parthenay ( après 1225 ), à Loches après 1250, la porte Saint-Jean de Provins et Lützenbourg en Alsace.[vi]
Éperon en angle du donjon d'Issoudun
XIIe siècle, la Tour Blanche attribué à Richard Cœur de Lion mais a probablement été terminée par Philippe-Auguste après le traité du Goulet en 1200. Le roi Jean d'Angleterre, dit Jean sans Terre, reconnaît la suzeraineté du roi de France sur les possessions continentales des Plantagenêt.
Le roi d'Angleterre cède le comté d'Évreux et ses fiefs du Berry (Issoudun et Graçay) au prince Louis, fils du roi Philippe II de France, pour la dot de Blanche de Castille, fille du roi de Castille Alphonse VIII, petite-fille d'Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine et nièce de Jean d'Angleterre. Toujours selon Rigord, le lundi suivant l'Ascension, soit le 22 mai 1200, le prince Louis épouse Blanche de Castille. En contrepartie, le roi Philippe Auguste renonce à tout droit sur la Bretagne et le jeune Arthur doit prêter hommage au roi Jean.
Salle d'Honneur du donjon, située au Ier étage, avec son puits ( sur la droite ) et sa cheminée.
Le nom de Tour Blanche ou de la Reine Blanche semble être admis rapidement après sa construction, se rapportant, selon la légende, à une princesse qui aurait pu être résidente. Par conjecture on peut donc considérer que le donjon doit son nom à Blanche de Castille, qui reçoit en dot Issoudun, elle n’était alors que princesse, puisque fille du roi de Castille Alphonse VIII. Néanmoins on peut aussi faire un lien, plus hasardeux, avec la White Tower ( Tour Blanche ) ancien donjon de la Tour de Londres.
Haute de 27 m, elle a des murs de 4 m d'épaisseur. Un escalier de 150 marches permet d'accéder aux trois étages de la tour et de profiter du panorama sur la ville.
***
1236, Blanche de Castille fait construire les Halles d’Issoudun.
1242, Issoudun devient ville Royale.
1298, sous Philippe-le-Bel c’est Enguerrand de Marigny, intendant des finances et bâtiments, capitaine du château du Louvre. Plus tard il deviendra chambellan et ministre du roi Philippe IV le Bel, ainsi que comte de Longueville. En 1302, il devint le grand conseiller de Philippe le Bel, qui le nomma coadjuteur du royaume, le plaçant ainsi à la tête de l'administration. Il fut pendu gibet de Montfaucon à Paris le 30 avril 1315.
1307, octobre, les Templiers sont arrêtés dans la ville.
1312, les biens des Templiers sont transférés aux Hospitaliers de Saint-Jean.
1324, Marie de Luxembourg, femme du roi Charles IV ne survécut pas à un accident de la route, son chariot se renverse alors qu’elle est enceinte, et succombe le 26 mars 1324 à Issoudun, elle a l'âge de 19 ans. Elle est cependant inhumée à Montargis, dans l'église des dominicaines. La mort d’un futur héritier entraine en partie la guerre de Cent-Ans.
1356, le « prince noir », Edouard de Galles, attaque Issoudun dans les chroniques de Froissard : « les Anglais plus faire vindrent à Issoudun, à un fort chastel. Si l’assaillirent roydement, et là se recuillit l’ost, mais il ne le purent gaigner, car le chastellain et les gentilhommes qui dedans estoient le défendirent fortement. »
1427, Pierre de Giac est enlevé au Logis Royal d’Issoudun par le duc de Richemond et Georges de la Trémoille ">Trémoille s. Il sera jugé prestement et noyé à Dun-le-Roi ( aujourd’hui Dun sur Auron ).
1435, le 8 avril, états généraux du royaume.
1447, les fossés de la ville sont comblés mais avec l’ordre de ne rien construire.
1465, affranchissement des sept foires par Louis XI.
1488, le futur Louis XII est enfermé temporairement dans la Tour Blanche. [vii]
À la mort de Louis XI, il échoue à obtenir la régence aux états généraux de Tours, confiée à Anne de Beaujeu. Après les péripéties de la Guerre Folle où il combattait aux côtés du duc François II de Bretagne, il est fait prisonnier à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, en juillet 1488. Gracié après trois ans de détention (Prisons : Château d’Angers, de Sablé, de Lusignan, de Poitiers, Château de Mehun-sur-Yèvre, Issoudun et de Bourges).
1492, Issoudun obtient le droit de Commune et Echevinage. Le droit de Commune est une charte qui réglait les rapports de la commune avec son suzerain, reconnaissait ses droits, ses privilèges et ses « libertés » ; il s'y ajoutait souvent des dispositions relatives à son organisation intérieure, à la condition des habitants, et souvent aussi des coutumes. [viii] Dans le cadre d’Issoudun, c’est quatre gouverneurs, un pour la forteresse et trois autres pour la ville et ses faubourgs. Les habitants élisaient leurs 32 représentants qui choisissaient leurs gouverneurs. [ix]
1499, par son mariage avec Charlotte d’Albret, César Borgia (en valencien et en Catalan, César de Borja), dit « le Valentinois » (Il Valentino), devient seigneur d’Issoudun.
C’est un seigneur italien de la Renaissance, né le 13 septembre 1475 à Rome et mort le 12 mars 1507 à Viana, en Navarre, Espagne.Il est pair de France, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, prince de Romagne, d'Andria et de Venafro, duc de Gandie et de Valentinois, comte de Diois, seigneur d'Issoudun, de Piombino, Camerino et Urbino, gonfalonier et capitaine général de l'Église, condottière et cardinal.
1510, naissance de François Habert, « poète du roi » et traducteur, qui écrivit sous le nom de Banny de Liesse.
Il étudia à le droit à Paris, puis à Toulouse, mais la poésie l'enthousiasma plus que le droit. Il fut d'abord secrétaire d'hommes d'Église, puis entra à la cour de François Ier et de Henri II où il devint « poète du Roi ». Il traduisit en vers Les Métamorphoses d'Ovide, les Distiques de Caton et les Satires d'Horace.
1520, le baillage d’Issoudun, s’étend sur 241 Hautes Justices, parmi lesquelles six baronnies, quinze Abbaye royale et quarante-deux prieurés en commende.
1562, en pleine guerre de Religion, les protestants tentent de prendre la ville en vain le 2 août. Les catholiques se vengeront sur les protestants de la ville qui sont contraints de la fuir.
1569, le temple protestant est brûlé alors que l’Edit de Nantes est en vigueur. L’enquêteur du roi, Denis de Jon est massacré par la population d’Issoudun. Le roi Charles IX envisage de raser les fortifications de la ville avant de s’y résigner.
14 juillet 1589, une "révolution" à l’envers 200 ans avant la Révolution Française. Alors que la ville est aux mains des ligueurs ( duc de Guise ), Jacques Bernard au service du roi reprend le château par surprise dans la nuit du 14 juillet. Jusqu’à la Révolution Française elle fut fêtée.
1651, 21 septembre, une nouvelle fois mais cette fois-ci probablement par accident, la ville brûle. 600 maisons sont ravagées par l’incendie et 60 personnes trouveront la mort.
1917 – 1919, "The Flying City" (la ville volante), l'aérodrome d'Issoudun, avec environ 8.000 soldats dont 1200 pilotes de guerre ainsi ses 200 ouvriers venus des Etats-Unis, elle fut pendant très longtemps la plus grande base aérienne du monde. Ils utilisèrent cependant surtout des avions français ( Nieuport 15M - Nieuport 18M - Nieuport 23 - Nieuport 24 - Nieuport 28 ). [x]
Le site a formé plus de 80% des pilotes américains ayant combattu pendant la Première Guerre Mondiale. Le dernier commandant de la base fut l'explorateur américain Hiram Bingham. Il avait découvert le Machu Picchu, cité inca du Pérou en 1911.
1944, le 10 juin, lors de la montée des couleurs par les maquisards, sur la place des marchés d’Issoudun, une compagnie de soldats allemands fit, soudain, irruption sur la place. Les allemands sur la foule, puis des échanges de coups de feu eurent lieu avec les maquisards près du donjon : des civils furent tués ; au total 11 tués (dont 3 meurent à l’hôpital), et une vingtaine de blessés. Le capitaine dit : Jimane (Jean-Marie Peyroutet) était, à 24 ans, à la tête du secteur d’Issoudun de la résistance intérieure.[xi]
1944, 10 septembre, à 17 heures, le général Elster signait la reddition de ses troupes dans le grand bureau de la sous-préfecture d'Issoudun, devant le général Robert Macon de la 83è division d'infanterie américaine. Après la signature d'Issoudun, le général déposera officiellement les armes sur le pont de Beaugency, le 14 septembre.[xii]
sources :
[i] Recherches historiques et archéologiques sur la ville d'Issoudun
[ii] http://www.encyclopedie-bourges.com/avaricumbat.htm
[iii] Recherches historiques et archéologiques sur la ville d'Issoudun p22
[iv] http://www.arbre-celtique.com/forum/uxellodunum-5988.htm
[v] Le Traité de Gaillon (1196) : Édition critique et traduction
[vi] Provins: la fortification d'une ville au Moyen Age Par Jean Mesqui
[vii] A la découverte d’Issoudun, livret vendu à Issoudun.
[viii] http://www.cosmovisions.com/communes-chartes.htm
[ix] A la découverte d’Issoudun, livret vendu à Issoudun.
[x] http://www.wikiwand.com/en/Issoudun_Aerodrome
[xi] http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article187298
[xii] http://www.issoudun.fr/actualite/10-septembre-une-belle-commemoration.html