15 juin 1429
Restes du Pont de Meung-sur-Loire
- Septembre 1428 à Juin 1429, Meung-sur-Loire est détenu par les Anglais
La guerre de Cent Ans s'intensifie, et le 5 septembre 1428 le Château de Meung-sur-Loire devient un quartier général anglais, avec à sa tête le comte de Salisbury. Il envisage notamment la prise d'Orléans qu'il fait assiéger dès le mois d'octobre 1428. Mais il est touché à la tête, par un boulet de bombarde, alors qu'il inspecte « les Tourelles » du pont d'Orléans le dimanche 24 octobre 1428, et meurt au château de Meung-sur-Loire le mercredi 27 octobre.
Les armées Anglaises se renforcent à Meung-sur-Loire et Jargeau dès le 8 novembre, seule une garnison reste aux Tourelles d'Orléans. Salisbury est remplacé tardivement par John Talbot en Avril 1429, arrivé avec des renforts mais avec la défection des Bourguignons qui, dans un désaccord sur le sort de la ville, décident de partir.
- Campagne de la Loire
Quelques jours plus tard les choses s'accélèrent, Jeanne d'Arc avec la Hire, le comte de Dunois et Gilles de Rais libèrent Orléans du siège Anglais le 8 mai. Il est décidé de prendre les autres villes autour d'Orléans, notamment pour dégager les ponts de la Loire et préparer le sacre de Reims.
Alors que les Anglais ont mis des mois pour tenter de maitriser les villes autour d'Orléans, l'armée conduit par La Hire, Dunois, Gilles de Rais, le Duc d'Alençon et Jeanne d'Arc vont reprendre plusieurs villes, dont Jargeau et Beaugency, en quelques jours, c'est les prémices d'une guerre « éclair ».
Lors de la prise de Jargeau le 12 juin, la Pucelle est blessée pour la troisième fois, une fois au pied par une chausse trappe et une deuxième fois par une flèche à Orléans. La Hire poursuit les Anglais vers le Château de Meung, les obligeant dans la panique générale à laisser une partie de leur armement sur place et des prisonniers.
Pont de Meung-sur-Loire vers le XVe, avant sa destruction. Vitrail de la Collégiale de Saint-Liphard.
Puis après la prise de Jargeau « Dans la nuit ils s'en retournèrent, le duc d'Alençon et la Pucelle avec plusieurs seigneurs et gens d'armes en la cité d'Orléans, là ils furent reçue à très grande joie. » Journal du siège d'Orléans
- Le mardi 14 juin 1429 d'après la chronique de Perceval de Cagny :
« Au vêpres ( donc vers 17-19h environ ) elle appela son beau duc d'Alencon et lui dit : "Je veux demain après le diner aller voir ceux de Meung. Faites que la compagnie soit prête pour partir à cette heure." Le mercredi suivant, la Pucelle, le duc d'Alençon, leur compagnie et un bien grand nombre de commun ( population ) se mirent en la compagnie de la Pucelle, partirent après diner et allèrent gîter près de Meung. Et à l'arrivée fut donnée une escarmouche à ceux de la place, et plus n'en fut fait. » On peut s'étonner de l'ordre donnée, assez directif, de Jeanne sur le Duc d'Alençon.
- Le mercredi 15 juin 1429, autre chronique sur la prise du pont de Meung-sur-Loire, Journal du siège d'Orléans
« Et alors le Duc Jean II d'Alençon, comme lieutenant général de l'armée du Roi, accompagné de la Pucelle, de messire Louis de Bourbon, comte de Vendôme, d'autres seigneurs, capitaines et gens en armes en grand nombre tant à pied qu'à cheval, partirent d'Orléans avec une importante quantité de vivres, de charrue et d'artillerie, le mercredi 15 du mois de juin, pour aller mettre le siège devant Beaugency, mais en voyant le pont de Meung-sur-Loire, combien les anglais l'avaient fortifiés et fortement défendu par des vaillant combattants, qui tentaient de bien le défendre. Malgré cette défense, le pont fut pris dans l'assaut, sans guère retarder l'armée. »
Perceval de Cagny parle même d'une escarmouche, on peut penser que la déroute anglaise d'Orléans, poursuivit sans relâche dans leur replis par La Hire, et de la prise Jargeau a mis à mal leur défense, ce qui explique très probablement la prise très rapide du pont comme le dit d'ailleurs, plus ou moins, la chronique de l'établissement du 8 mai écrite au XVe probablement par Jean de Mâcon :
« Et puis après ils allèrent par devant Meung sur Loire où était Talbot et toute sa puissance ; mais il n'osa frapper sur nos gens, car ils étaient totalement désemparés. » ( Il ne s'agit pas de Talbot mais de Thomas de Scales. )
Les forces françaises devaient tourner autour de 4000 à 6000 hommes, dont une partie semble être la population d'Orléans notamment.
Jeanne ne resta pas à priori au château de Meung, ou alors une nuit sans qu'on ait de certitude. En effet il y a un flou sur la prise du château consécutive à la prise du pont de Meung, soit le château et la ville furent pris le jour même , soit seulement trois jours plus tard le 18 juin après la bataille de Patay, dans ce dernier cas il est totalement incertain de confirmer la présence de la Pucelle d'Orléans au Château et dans l'église de Saint-Liphard, en effet Jehanne dort à Patay après la bataille et rejoint Orléans ,après le dîner, le 19 juin 1429 selon Perceval de Cagny :
"La Pucelle, le duc d'Alençon, le connétable de France, le conmte de Vendôme et toute l'armée couchèrent au village de Patay et dans les environs. Le dimanche 19 juin, la Pucelle, le duc d'Alencon et toute la compagnie dînèrent audit lieu de Patay." Jean Chartier autre chroniqueur confirme la présence de la Pucelle à Patay également.
Après la prise du pont de Meung-sur-Loire qui est à l'extérieur du village, il ne donne donc pas accès directement à la cité comme à Orléans, dès le lendemain Jehanne et le Duc d'Alençon vont devant Beaugency que Talbot avait quitté dans la nuit du 15 juin, dans le but de rejoindre les renforts de Johan Fastolf, laissant le soin de la défense à Richard Guétin qui capitulera dès le 18 juin. Jeanne n'est donc pas manifestement à Meung-sur-Loire entre le 16 et 18 juin 1429.
Les forces anglaises, de Thomas Scales et de Talbot, se dirigèrent vers Meung-sur-Loire mais apprenant la prise de Beaugency par les français et le retour de ces derniers vers Meung-sur-Loire, ils quittent précipitamment les remparts de la ville et se dirigent vers Janville en direction des renforts de Johan Fastolf ... ils seront pris en chasse, puis pris par surprise, et écrasé à la Bataille de Patay le 18 juin 1429.
Le Relais Louis XI
Relais Louis XI
Situé très certainement sur les fortifications du pont, Louis XI crée son écurie privative, édifiée en 1464, avec un logis pour abriter ses chevaux, stocker leur nourriture, loger les écuyers, les gardes et le maréchal des Forges. L'écurie cessa d'être une écurie royale en 1604.
On remarquera la tourelle arrière, à priori transformée un temps en pigeonnier, probablement un vestige de l'ancienne fortification du pont ainsi qu'une girouette datée de 1464. Aujourd'hui le Relais Louis XI est un hôtel-restaurant qui a été restauré dans les règles du développement durable : Les douches sont équipées d'un filtre anticalcaire, le chauffage et l'eau chaude sont produits par géothermie et les peintures utilisées sont écologiques (huiles végétales, résines naturelles, aucun dérivé pétrolier ni solvants volatils).
voir le site internet du Relais de Louis XI