Jeanne d'Arc à Paris, la quatrième blessure. 8 septembre 1429.
On parle plus rarement de la tentative de Jeanne d'Arc de prendre la ville de Paris, alors qu'aujourd'hui la porte Saint-Honoré se trouverait à côté du Louvre. Paris est alors aux mains des Bourguignons de Philippe le Bon et indirectement des Anglais. L'emplacement du siège de Paris pour prendre la ville se trouve juste à côté de la station "Palais royal - musée du Louvres", endroit d'ailleurs totalement eclipsé par la statue Jeanne d'Arc sur la place des pyramides située à quelques centaines de mètres de l'ancienne porte Saint-Honoré supprimée au XVIIe.
Informations
- Adresse : Porte Saint-Honoré : 145-150 rue saint-honoré, 75001 Paris Marché au pourceaux : 15 rue de richelieu, 75001 Paris
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- Visible de l'extérieur pour la plaque commémorative de la porte Saint-Honoré, le lieu où elle aurait été blessée à côté du marché aux pourceaux est par contre dans une arrière-cour.
Après avoir fait sacrer le roi à Reims Jeanne veut libérer Paris. Mais Charles VII semble moins enclin à suivre Jeanne, sûrement sur les conseils du néfaste Georges Ier de la Trémoille ">Trémoille seigneur du Château de Sully sur Loire et de divers conseillers.
En réalité le roi est partagé entre deux fronts :
- Ceux qui veulent continuer le combat : Jeanne d’Arc, Duc l’Alençon, La Hire, le Comte de Dunois, Arthur III de Bretagne et Gilles de Rais.
- Ceux qui veulent négocier avec les bourguignons : Georges Ier de la Trémoille ">Trémoille alors favori de Charles VII et les conseillers du roi qui estimaient, peut être alors assez justement, qu’ils ne pourraient vaincre les Anglais sans l’aide des Bourguignons.
La lutte fratricide entre La Trémoille ">Trémoille et Arthur III de Bretagne, le soutien de Jeanne d’Arc sur ce dernier va sûrement jouer un rôle relativement néfaste à la poursuite des combats. Charles VII , est encore assez jeune avec ces 26 ans et il est très clairement sous l’emprise de son favori.
Néanmoins de nature prudente Charles VII veut temporiser et veut respecter la trêve entre les Bourguignons et le Roi de France signé officiellement le 28 août 1429 à Compiègne entre Philippe le Bon et Charles VII. En réalité des accords secrets , début août, avaient déjà été passés entre le Duc de Bourgogne et le Roi de France (8-P124), espérant alors selon les dires du roi « la parfaite affection et le vrai désir de pacifier avec lui et d’avoir trouvé un accord ». Jeanne d’Arc n’a pas confiance aux Bourguignons et veut continuer la lutte, le temps lui donnera raison avec notamment l’arrivée en catimini de renforts britanniques dans le nord de la France.
Cependant la trêve signée entre le Duc de Bourgogne et le Roi ne prend pas en compte Paris et se termine à Noël de la même année.
Jeanne d’Arc entre à Compiègne avec le Roi le 18 août 1429
Ils sont reçus par Guillaume de Flavy alors Capitaine de Compiègne. Elle ne loge pas avec le Roi, mais à l’Hôtel du Bœuf ( ou enseigne du Bœuf ) (8-P122) qui appartient au procureur du roi Jean le Féron. Elle dort alors avec la femme du procureur Marie Le Boucher. Aujourd’hui on peut être surpris, mais à l’époque c’était courant, les lits étaient rares et l’on dormait souvent en famille ( mère , père , enfants selon les situations financières ). Il faut donc ne pas voir en cela une attitude particulière, on est en période de guerre et les logements confortables sont rares et dispendieux et il est évidemment hors de question qu’elle aille dormir avec les soldats surtout pour une vierge. Bien évidemment quand des livres tel que celui de Ruggieri, « le stratagème », raconte tout en étant à la limite du ridicule et de la fumisterie, mais qui peut-être est un bon roman, affirme que Jeanne était un homme parce qu’elle voulait dormir qu’avec des femmes c’est méconnaitre totalement les usages de cette époque, voire prendre les gens pour des imbéciles. Franchement en raisonnant un peu quelle aurait été la réaction de toutes ces femmes ? des premiers compagnons de Jeanne d'Arc qui ont parfois dormi à côté d'elle lors du voyage entre Vaucouleurs et Chinon ? qui se serait rendu compte dans leurs lits ,le soir en allant se coucher, que Jeanne était un homme ...
Elle prend cependant assez rapidement congé du Roi, peut-être avec son accord, le 23 août 1429. Elle dira au Duc d’Alençon selon la déclaration de ce dernier au procès de réhabilitation : « Mon beau Duc, faites appareiller vos gens et des autres capitaines. Par mon Martin ! je veux allez voir Paris de plus près que je ne l’ai vue ».
Elle est accompagnée (8-121) du Duc d’Alençon, de son frère Pierre d’Arc, de son écuyer Jean d’Aulon, de ses deux pages Louis de Contes et Raymond, de Jean de Metz et de Bertrand de Poulengy deux fidèles compagnons de route depuis Vaucouleurs ainsi que d’une compagnie d’hommes en armes. L’Armée royale fournie à Jeanne d’Arc pour la libération d’Orléans n’est pas encore dissoute, mais Charles VII semble gêné par les prises de position de la pucelle d’Orléans et veut gagner du temps…il la laisse donc partir car ça l’arrange probablement, en effet elle entre en conflit d’intérêt direct avec les intentions du roi. Charles en profite alors pour recevoir notamment Jean de Luxembourg qui lui fait alors « moult promesses de faire la paix, dont il ne fit rien sauf le décevoir » ( chronique de Berri ), celui même qui arrêtera Jeanne d’Arc en mai 1430.
Cet éloignement sonne alors le glas de la relation entre Charles VII et Jeanne d’Arc qui se consume à petit feu.
L’acte de la trêve signé avec le Duc de Bourgogne comporte une clause curieuse alors que Jeanne d’Arc est déjà à la Basilique de Saint-Denis depuis le 26 août pour attaquer Paris :
« Réservé à notre dit cousin de Bourgogne que, si bon lui semble, il pourra, durant ladite abstinence, employer lui et ses gens à la défense de la ville de Paris, et résister à ceux qui voudraient faire la guerre ou porter dommage à celle-ci »
Cette clause démontre assez bien que Charles VII ne soutient plus directement Jeanne d’Arc ,ou alors que du bout des lèvres, d’autant que Paris ne fait pas partie du traité de paix temporaire, mais il accepte ou propose alors aux Bourguignons de la défendre quelque soit l’attaquant.
S’agit-il alors d’une manœuvre politique de Charles VII pour entourlouper le duc de Bourgogne ?
Alors que ce dernier apprendra sûrement rapidement des intentions du roi ? ou s’agit-il tout simplement d’un abandon pur et simple de Jeanne d’Arc ? Voir même d’une tentative délibérée de la faire capturer, ou pire, comme il sera le cas plus tard à Compiègne ? difficile à dire tant les tractations sont intenses et les intentions de chacun étant de tromper l'autre. Cela explique en tout cas la non volonté de Charles VII de rejoindre Jeanne d'Arc aux portes de Paris, ce qu'il fait mais avec un certain retard.
Mais comment un roi qui envoie, ou accepte, son armée aux bords de Paris peut-il alors accepter ce traité ? qui stipule que les bourguignons doivent défendre Paris contre une attaque ? d’un autre côté on peut se dire que si le traité ne comprends pas Paris, rien n’interdit aux Bourguignons de défendre Paris et que la clause semble logique, mais alors pourquoi le signaler par écrit ? le duc de Bourgogne était-il au courant de l’avancée de l’armée du roi de France vers Paris ? Voulait-il s’assurer par écrit que même si la ville n’était pas actée dans le traité il avait droit de la défendre, qui a demandé cette clause ? le roi ou le duc ? s'agit il d'une ruse orchestré par Charles VII ou le Duc de Bourgogne ?
On est là face à un mystère, à la limite de la trahison qui aurait pu être aussi un magnifique coup de bluff, mais qui permet aussi de comprendre la suite des évènements, l’ambiguïté et l'indécision manifeste de Charles VII.
Jeanne d’Arc en tout état de cause est à Saint-Denis et prépare son attaque. Elle trépigne d’impatience, mais Charles VII se déplace plus lentement, peut-être il est vrai volontairement. Il s’arrête d’abord à Senlis, certains historiens ( Quicherat notamment ) pensent qu’il tarde alors à se déplacer sur Saint-Denis en s’arrêtant à Senlis. C’est oublier qu’une manœuvre militaire d’une armée ne se déplace pas forcément rapidement et que la logistique est parfois longue et difficile surtout à cette époque. La distance entre Compiègne et Senlis est d’environ 30 km de route, soit à l’époque au environ une journée de cheval et c’est déjà une expédition pour une armée. Il peut aussi avoir peur d’être pris à revers entre deux étaux, Paris d’un côté et le Duc de Bedford qui ne se trouve pas très loin. De plus Senlis vient d'être repris aux anglais, il est probable qu'il veut s'assurer de la loyauté de la ville avant de partir.
Ne le voyant pas arriver, Jeanne d’Arc envoi alors le duc d’Alençon le 1er septembre rencontrer le roi pour l’adjoindre de venir à Saint-Denis, Charles VII promet alors de partir le lendemain. Mais il n’en fit rien, Jeanne d’Arc renvoya alors le Duc d’Alençon à la rencontre du roi… cependant si on compte les jours de cheval du duc d’Alençon pour venir à Senlis ( environ 1.5 jour ) à deux reprises. Il me paraît difficile au roi de venir plus rapidement avec son armée qui elle se déplace très lentement. Si manifestement le roi ne semble pas presser, avait-il alors le choix ? D'autant qu’il est d’une prudence de renard.
Charles VII finalement arrive donc à Saint-Denis au soir, le 7 septembre 1429 soit 10 jours après son arrivée à Senlis, en comptant au minimum presque deux jours de route entre Senlis et Saint-Denis. Jeanne d'Arc va le soir même prier à la chapelle Saint-Geneviève ( aujourd'hui Saint-Denys La Chapelle ) ,alors à l'époque à l'extérieur de l'enceinte de Paris mais aujourd'hui dans le XVIIIe arrondissement.
La Porte Saint-Honoré
Porte de Saint-Honoré en 1590, construite en 1340 sous Charles V, elle menait vers Saint-Germain-en-Laye. Il est fort probable qu'il n'y avait pas autant d'habitations en 1429. La porte a été détruite en 1636. Au dessus on trouve le Louvre alors forteresse, puis sur la gauche avec les deux "pendus" il s'agit du marché aux pourceaux où Jeanne d'Arc fut blessée par un tir d'Arbalete ,voir son Historique.
Un autre plan plus détaillé mais plus tardif
1 : Eglise Saint-Roch 2 : Marché aux Chevaux ( anciennement marché aux pourceaux ) où fut blessée la pucelle 3 : Porte Saint-Honoré ( source 1615 mérian ) -
un plan plus proche de Paris on voit que la porte a gardé des sélements défensifs ( herse notamment ) 1512 -1532.
Porte du Château de Garlande à Tournan-en-Brie, similaire à celle de la Porte Saint-Honoré que ça soit dans la forme et son époque de construction...bien sûr il faut imaginer un pont-levis et des fossés autour. Celle de Tournan-en-Brie semble en tout cas avoir été fortement remaniée au cours des siècles ( fenêtres larges, Cloche etc )
Après quelques escarmouches autour de Saint-Denis et des faubourgs de Paris, le 8 septembre 1429 en la fête de la Nativité de Notre-Dame fait qui lui sera reprochée au procès d’avoir mené bataille le jour d’une fête religieuse, Jeanne d’Arc arrive devant la porte Saint-Honoré défendue alors par le gouverneur Jean de Villiers de l’Isle d’Adam. (aujourd’hui située en plein Paris à quelques mètres de l’actuelle station de métro « Palais-Royal Musée du Louvre » de la ligne 1.) Les escarmouches ont été rapides, ce qui laisse supposé soit que l'armée de Jeanne d'Arc était largement supérieure, soit que les défenseurs de Paris ont préféré s'abriter derrière les remparts, soit les deux. On note aussi que Gilles de Rais, maréchal de France, est présent sur les lieux et participe directement.
Le choix de la porte Saint-Honoré n’est pas anodin. En fait en face de la porte Saint-Honoré il y avait la butte de Saint-Roch, aujourd’hui disparue, qui était presque à l’emplacement actuel de l’Eglise Saint-Roch à Paris. C’est de cette butte que l’armée royale va y installer des couleuvrines ( * ) pour tirer sur la porte et/ou sur l'enceinte, c’était probablement le seul emplacement de ce côté de la rive de la seine qui permettait ce positionnement en prenant en compte la portée des armes à feu de l’époque.
Blessure de Jeanne d'Arc
Elle est blessée pour la quatrième fois ,depuis son départ de Vaucouleurs par la Porte de France, au coucher du soleil, en sondant avec une lance le fossé de la Porte Saint-Honoré à côté de l’ancien marché aux pourceaux « hastant et essayant quelle profondeur il y avait d’eau et de boue » ( 9 ) pour y jeter des fagots de bois pour permettre aux soldats de franchir l’obstacle.
Elle reçoit un vireton d’arbalète qui lui traverse totalement la cuisse. Au vu de la distance des fossés et des murs de l’enceinte de Paris, il est tout à fait possible que le vireton ait même transpercé son armure sans forcément être tiré sur un point faible protégé uniquement par de la cotte de maille. Le vireton est très efficace contre une armure légère, cotte de maille et peut faire de terrible dégats. Sa puissance de perforation est par contre moins adapté à une armure lourde, car sa vitesse de rotation ralentis la vitesse et peine à perforer une armure lourde, mais tout dépends à quelle distance il est tiré.
Son page, Raymond, est tué après avoir été blessé au pied également par un vireton, il soulève alors sa visière pour tenter de l’enlever et se prend à nouveau une flèche qui l’achève.
Blessée Jeanne veut se battre et dit que "chacun doit s’approcher des murs et la place sera prise" en s’écriant « par mon Martin, la place eut été prise ». La nuit est tombée, elle refuse de partir. Elle est quasi emmenée de force à la faveur de la nuit par Gaucourt, Guillaume Bournell qui la cherche dans le fossé pour la hisser sur son cheval et l’emmener à la chapelle de Saint-Denis.
Fin des combats
Le lendemain, Jeanne veut reprendre le combat de « bien bon matin ». Le 10 septembre elle franchit le pont construit par l’armée du roi avec le Duc d’Alençon à un autre endroit ( probablement à côté de la porte de Saint-Denis ) pour prendre Paris, mais elle est stoppée net par la destruction de ce pont de fortune par ordre ( secret ? ) du Roi qui lui n’avait pas bougé de Saint-Denis.
L'actuelle 15 rue Richelieu, ancien emplacement des fossés de l'enceinte de Paris ainsi que du marché aux pourceaux.
Blessée, fatiguée et sentant que le destin ne lui était plus favorable elle part le 13 septembre 1429 à la basilique de Saint-Denis pour y déposer selon sa déclaration au procès " un mien blanc harnois entier ( son armure ), tel qu’il convient à un homme d’armes, avec une épée que j’avais gagné devant Paris " par " dévotion, comme à l'accoutumée parmi les hommes d’armes, quand ils sont blessés ; ayant été blessé devant Paris, j’offris les armes à Saint-Denis, parce que c’est le cri de la France "( montjoye saint denys ).
Jeanne voulait continuer le combat, mais le Roi en avait décidé autrement. Il semble en tout cas qu’à aucun moment il ne voulut vraiment prendre part au combat même si il parait peu concevable qu’il n’ait joué aucun rôle . Combien d’hommes à la disposition de Jeanne d’Arc ? Combien étaient restés avec le roi ? On n’en sait fichtrement rien, mais ce qui est sûr c’est que Charles VII n’était pas pressé de prendre Paris en tout cas pas à cette période.
Mosaique commémorative dans l'actuelle cours au 15 rue de Richelieu à l'emplacement où jeanne aurait été blessée, représentant l'assaut de la porte Saint-Honoré. Copie en réalité d'une enleminure du siège de Paris, par Martial d'Auvergne, issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII au XV°siècle. Les trois personnages de droite montrent bien qu'ils tentent de jeter des fagots dans le fossé pour le boucher.
Il n’est pas impossible que Charles VII sentait la mission périlleuse, prendre Paris n’aurait pas pu se faire en quelques jours ou quelques heures, mais sûrement en plusieurs semaines voire des mois.
Avait-il les moyens de le faire ? la volonté ? n’y avait-il pas de risque d’être pris à revers par les forces anglo-bourguignonnes ? le péril lui semblait peut-être trop élevé et il n’est pas difficile d’imaginer que Jeanne d’Arc le gênait profondément dans son entreprise de se réconcilier avec le Duc de Bourgogne dans lequel il avait une certaine espérance . Charles VII a tenté, très probablement sans plus y croire , de faire confiance à la bonne étoile de Jeanne d’Arc, il ne s’agissait plus de libérer Orléans d'un siège ou d’une prendre une petite ville, mais bien Paris qui était déjà, pour l’époque, une grande ville et qui ne pouvait être prise qu’avec une longue préparation, par trahison , par diplomatie ou par un siège long et difficile qui va finir par arriver quelques années plus tard.
Puis comment comprendre Jeanne d’Arc, elle qui avait été envoyée initialement par Dieu pour libérer Orléans et sacrer Charles à Reims, n’avait-elle pas déjà réussie ? ne s’est-il pas posé la question de savoir si Dieu continuerait à l’aider dans sa démarche sachant la mission terminée ?
La "défaite", ou la mésaventure de Paris, a sûrement joué en la défaveur de Jeanne d’Arc par la suite, mais je ne pense pas que Charles VII jusqu’à Paris ait vraiment cherché à nuire à la pucelle de Domremy sinon il n’aurait pas déplacé toute son armée au pied de Paris. Le rôle de la Trémoille ">Trémoille , des conseillers voir de certains capitaines jouent contre elle, par forcément d'ailleurs à titre personnel ,même si le doute est permis, mais peut être aussi simplement pour des raisons stratégiques et militaires. Mais il est évident que la défaite de Paris va jouer un rôle important par la suite sur la relation entre Jeanne et Charles malgré son respect pour elle, il va tout de même l’anoblir elle et tout sa famille ( fait très rare voire unique ) le 29 décembre 1429 à Mehun sur Yèvre soit 4 mois après Paris, mais c’est une demande émanant des frères de Jeanne et pas d’elle.
(*) source : Chronique de Jean Chartier - chapitre 59