Jeanne d'Arc et la tentative de prise de la Charité sur Loire

La Charité sur Loire et son pont traversant la Loire.

 

Après la tentative avortée de prendre Paris en septembre 1429, Jeanne est alors dans le Berry pour reprendre Saint-Pierre le Moutier, ce qui fut fait , et la Charité sur Loire ainsi que quelques autres bourgades de moindre importance. C'est probablement au mois d'octobre 1429, lors d'un "conseil" du roi ou de guerre, qu'il fut décidé de reprendre la ville fortifiée.

De cette période où Jeanne vint devant la Charité sur Loire, il reste encore les fortifications , le prieuré et l'Abbaye avec L'église Notre-Dame, consacrée par le pape Pascal II en 1107 qui fut la deuxième plus grande église de l'ordre de Cluny.

 

 

Historique
source : source sur place, documentation diverses, Chronique Hérault de Berry, Histoire et Dictionnaire Jeanne d'Arc( 1)

Depuis 1423, soit depuis 6 ans environ sévissait un certain Perrinet Gressart dans la région, imposant même à la ville de Bourges de payer une rançon pour s'assurer d'une non agression.

Perrinet Gressart était donc un puissant routier à la solde initialement du duc de Bourgogne mais assez opportuniste pour se mettre au service du roi d'Angleterre, quand il semblait que ça lui était plus profitable. Il donne du fil à retorde dans le Berry aux troupes du roi de France. Lui et ses complices lancent régulièrement des razzias dans les alentours, rendant difficile la vie des habitants.

C'est donc dans ces conditions et la nécessité de reprendre la Charité sur Loire, par sa position sur la Loire que Jeanne d'Arc est envoyée, ainsi que quelques centaines troupes d'hommes avec notamment Charles d'Albret et Louis de Bourbon ( comte de Montpensier ), Jean d'Aunay gouverneur de Bourges et le sénéchal de Toulouse, Jean de Bonnay. ( source 1 )

Il faut noter que le commandement officiel est sous la responsabilité de Charles II d'Albret, ce dernier  étant un proche de Charles VII  d'autant qu'il est , tout comme le Comte de Dunois, son cousin et que son père Charles Ier d'Albret est mort à la bataille d'Azincourt ce qui fait de lui un personnage particulièrement fidèle. On peut penser que sa présence auprès de Jeanne d'Arc a pour but de maximiser les chances de réussites, même si très clairement les moyens mis en œuvre furent probablement relativement assez faible fasse à un Perrinet Gressard particulièrement audacieux et particulièrement doué qui mettra en échec le siège « par une merveilleuse finesse » selon un chroniqueur.

 

Sur cette photo on voit nettement les fortifications imposantes de la Charité-sur-Loire. On comprend aisément la difficulté de prendre cette place sans un arsenal imposant et un long siège.



Déroulement des opérations

Après avoir logée à Bourges Jeanne d'Arc part de la ville en direction de Saint-Pierre-le-Moutier, la ville quoique prise assez rapidement mais après une âpre lutte, il est décidé de partir à Moulins dans le but d'obtenir des renforts pour la Charité sur Loire.

On peut penser qu'il en fut décidé ainsi par la forte résistance des troupes de Perrinet Gressard mais aussi il  a été probablement  admis que les fortifications de la Charité sur Loire étaient difficilement inexpugnable sans armes de siège évoluées.

En venant sur place même encore aujourd'hui on comprend aisément que la ville était difficile à prendre. La forteresse assez vaste entourait une grande partie de la ville jusqu'au bord de la Loire, de plus les fortifications les plus importantes étaient sur un éperon rocheux qui avait largement été creusé par un fossé assez profond rendant très difficile son approche. Une partie des fortications sont encore en place, dont la tour dite Perrinet Gressard  et la tour de Cuffy, le reste des remparts en grande partie a été remplacée par une école. Peut-être existait-il au XVe un pont en bois, néanmoins le premier cité est au XVIe siècle remplacé par un pont en pierre au XVIIe et par celui que nous connaissons actuellement du XVIIIe en partie.
 
C'est donc à la mi-novembre que le siège commence devant la Charité-sur-Loire, probablement du côté de la Nièvre actuelle, il va s'étendre sur un mois.

On ne sait pas grand chose de ce siège si ce n'est que les troupes ont du partir avec précipitation en laissant une partie de leur arsenal.

Dans sa chronique le Hérault de Berry dit la chose suivante :

"Le roi étant à Gien au retour du sacre, et le duc d'Alençon avec lui, celui-ci désirait amener avec lui en Normandie la Pucelle et les hommes d'armes du roi ; mais le sire de La Trémoille ne le voulut pas; il envoya la Pucelle, au plus fort de l'hiver, avec son frère, le sire d'Albret et le maréchal de Boussac et bien peu de gens, devant la ville de La Charité. Ils furent là environ un mois, et ils en partirent honteusement, sans que secours vint à ceux de dedans; ils y perdirent bombardes et artillerie. Dans un assaut il y mourut un baron du pays du Dauphiné, nommé Raymond de Montmor, dont fut dommage." source texte


De cette chronique on peut en déduire les choses suivantes : tout d'abord que la Trémoille, conseiller encore bien trop influent sur Charles VII,  ne voulait pas lancer la reprise de la Normandie. La Trémoille est un personnage dont ses liens avec le duc de Bourgogne et le duc de Bedford sont encore bien ambigu.

On comprend aussi qu'il y eu au moins un assaut, dont on signale la mort d'un baron : Raymond de Montmor ( ou Montremur ), et qu'ils ont ensuite quitté " honteusement " avec la perte d'un arsenal important : " bombardes et artillerie ". Il faut noter que la fameuse bombarde la " Bergère" fut probablement perdue à ce moment là, elle avait été utilisée lors du siège d'Orléans.



Témoignage du Chevalier d'Aulon

 

Chevalier d'Aulon dans le film de Luc Besson



"Dit encores que, certain temps après le retour du sacre du roy, fut advisé par son conseil estant lors à Mehun-sur-Yèvre, qu’il estoit très nécessaire recouvrer la ville de la Chérité (la Charité) que tenaient les dits ennemis ; mais qu’il falloit avant prendre la ville de Saint-Pierre-le-Moustier, que pareillement tenoient iceulx ennemis."



procès de Rouen

Jeanne d'Arc lors de son procès à Rouen est très vite interrogé à ce sujet le samedi 3 mars 1431, notamment sur sa rencontre avec Catherine de la Rochelle et du déroulement du siège de la Charité sur Loire.

Interrogée s’elle parla point à Katherine de la Rochelle du fait d’aller à la Charité
Jeanne : la dite Catherine ne lui conseilla pas d'y aller, qu'il y faisait trop froid, qu'elle n'y verrait rien.

Interrogée sur ce qu'elle fit sur les fossés de La Charité
Jeanne répondit : Qu'elle y fait faire un assault ( il s'agit probablement de l'assault relaté par le Hérault de Berry )

Interrogée pourquoi elle n’y entra pas, puisqu’elle avait commandement de Dieu
Jeanne :  Qui vous a dit que j'avais commandement d'y entrer ?

Interrogée si elle avait eu des conseils de ses voix ?
Jeanne :  Qu'elle devait venir en ( île de )France, mais les gens d’armes lui dirent que c’était le mieux d'aller devant la Charité en premier.
 
On remarque que les réponses de Jeanne ne sont pas très détaillées et qu'elle ne cherche pas à s'étendre sur le sujet, on peut penser qu'elle avait peu d'emprise sur les avènements à la Charité-sur-Loire.

Néanmoins cela reste un échec qui fait suite à l'échec devant Paris. Si la motivation de Jeanne devait rester intacte, il semble assez certain que Charles VII assez mal conseillé, préféra lui donner après Paris un rôle très amoindris avec peu de forces militaire en présence. Ni Dunois, ni La Hire, ni Gilles de Rais ou d'autres capitaines importants semblent présent, mais si Charles d'Albret et Louis de Bourbon sont tout de même d'un haut niveau.

Après l'échec du siège de la Charité-sur-Loire, Perrinet Gressart va reprendre la ville de Saint-Pierre le Moutier quelques temps plus tard et va asseoir son autorité dans le Berry avec une certaine intelligence politique et militaire, puisque Charles VII finira par lui laisser la gouvernance à vie  de la ville à condition de se soumettre au roi. Perrinet Gressart meurt en 1438.

 

Photographies

Recherche sur le site