Maison Forte Aincourt

 

La Maison Forte d'Aincourt, parfois appelée aujourd'hui "Grande Ferme d'Aincourt" ou "maison forte d'Aincourt-en-Artie", est une petite place forte située sur une ancienne rue médiévale et une autre d'origine Franc. Elle fut édifiée entre 1197 et 1205.

Ses murs, épais de 1,85 m, sont construits en blocage. Parfois identifiée comme maison Templière, cette hypothèse est aujourd'hui peu probable, même si la simplicité des peintures murales religieuses auraient pu le faire penser,  elles sont datées du XIVe et pourraient avoir des similitudes avec le Palais Royal d'Étampes.

Jusqu'en 1934, la maison forte disposait encore de meurtrières. Son rez-de-chaussée était occupé par un cellier et une écurie, les pièces d'habitation se situant en étage. Le bâtiment a été fortement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale détruisant une partie du second étage. C'est aujourd'hui une propriété privée, utilisée en ferme.

 

 

La dernière Maison forte du Vexin, 

d'après un texte de Léon Plancouard mais mis à jour


Après 1197 (convention d'Issoudun), avant 1205 (fiefs du Roi), un édifice d'art militaire et civil était construit à la base du plateau de meulière meulière exploité à Arti dès l'époque gallo-romaine. Situé actuellement au milieu du village d'Aincourt, en face de l'église,  à laquelle il est sans doute antérieur, s'il est vrai que le premier curé connu d'Aincourt, Roger, nommé par l'archevêque de Rouen, Pierre de Golmieu (1236-1253), n'ait pas eu de prédécesseur.

Cet édifice est désigné depuis longtemps sous le nom de « grande ferme d'Aincourt » ; à la fin du XVIIe siècle, on l'appelait « la ferme du Colombier » mais dans un aveu de 1293, il est appelé la maison forte d'Aincourt-en-Artie. Il sépare la rue Boulangère (voie citée dès le XVe siècle) et la « voye de la Pavée menant au Carrefour » (cimetière franc), chemin qui conduit aujourd'hui au Sanatorium de la Bucaille ( aujourd'hui ruiné ).

Ses murs, épais de 1,85 m, sont construits en blocage. Il a été suggéré que cette construction soit l'œuvre des Templiers et qu'elle ait accueilli des prisonniers, mais cette hypothèse est aujourd'hui peu crédible, même si la simplicité des peintures murales religieuses auraient pu le faire penser,  néanmoins elles sont datées du XIVe et pourraient avoir des similitudes avec le Palais Royal d'Étampes.

Jusqu'en 1934, il disposait encore de meurtrières, qui ont disparus. Son rez-de-chaussée était occupé par un cellier et une écurie, les pièces d'habitation se situant en étage. Le bâtiment a été fortement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale détruisant une partie du second étage.

En face de la maison forte, son exploitation agricole : la ferme de Boran, dont les bâtiments semblent en grande partie contemporains de notre édifice. Un arpentage effectué en 1767, par Andrieu, lors de l'acquisition l'acquisition fit la famille Elie Randon de Marsane, la décrit ainsi : « maison, ferme et métairie de Boran en plusieurs travées de bâtiment, grande porte d'entrée, cour, enclos de murs, sur 42 perches. »

La maison forte regardait les ouvrages construits sur la frontière, si proche, de la Normandie ; elle commandait le poste du Tertre, au village devenu Maudétour. Elle se rattache à l'ensemble des défenses du pays d'Arti qu'ici même nous avons jadis étudiées en détail (2).

Nous n'avons pas l'intention d'écrire ici l'histoire de la communs d'Aincourt. Nous nous bornerons à dire que, selon bien des indices, Boran a précédé Aincourt comme centre d'habitation ; la forme même de chacun de ces noms en contient la preuve.

Le nom a pu changer quand 'la terre est passée des mains du roi dans celles d'une dynastie féodale. Nous n'avons d'ailleurs rencontré que cinq personnages portant le nom d'Aincourt :
Hugues (1034)
Gertrude d'Aincourt (1062)
Gauthier (1082).

Aucun d'eux ne paraît avoir habité notre localité ; le dernier, Gaszo (1149), est connu par ses dons à l'Abbaye de Josaphat de Chartres et au prieuré de Saint-Laurent. Pour les siècles suivant on trouverait une documentation dans un recueil de pièces composant deux gros volumes concernant exclusivement le domaine qui fait l'objet de la présente étude. Notre collègue, M. Thomassin, propriétaire de la Maison forte, que ses ancêtres occupaient déjà au XVIIIe siècle, a bien voulu nous communiquer ce précieux manuscrit, qui contient notamment onze aveux inédits.

Description qui remonte au 6 juin 1835, date de la vente de la grande ferme d'Aincourt par M. Demonjay, avoué à Paris, à M. H. Laisné. Néanmoins cette description est devenue caduque avec les différentes

« Art 1.  Un grand corps de logis servant d'habitation au fermier, isolé au milieu de la cour, ayant 21 mètres de face sur huit mètres de profondeur et quatorze mètres de hauteur de costière, contenant cinq travées, composé :

« 1° D'un rez-de-chaussée, où sont une écurie et un grand cellier à côté, par lequels on y communique par une porte sur la cour, la dite écurie  séparée du cellier par un mur de refend .

« 2° D'un premier étage où l'on monte par un escalier en dehors, et on communique à la cuisine par un corridor, et de la cuisine à une grande salle (4) y attenant ayant cheminée et chacune une croisée sur la cour au sud de la cuisine ; à droite du corridor sont trois chambres sombres n'étant éclairées que par le corridor qui lui-même n'est éclairé sur la cour que par une petite croisée, le tout pour le logement du fermier et des domestiques.



« 3° D'un second étage servant de grand grenier à blé au nombre de trois, par lequel on communique par un escalier couvert derrière et au nord de la maison et ayant trois lucarnes sur la rue carrelée et par lesquels grenier à blé, on communique à un autre grand grenier à avoine sous les toits par un escalier intérieur. « Le dit bâtiment faisant face au levant et au midi, couvert en tuiles.

Grenier à Avoines
 

« 4° Bâtiment écurie pour 12 chevaux.

« Un colombier en retour, rond, ayant 8 mètres 2 décimètres, garni de ses boulins et une échelle tournant à volonté, deux lucarnes dans le toit et une dans le mur pour l'entrée et la sortie des pigeons, un poulailler au rez-de-chaussée du colombier fermé en voûte sur un pilier au milieu pour mettre trois ou quatre cents poules ou volailles, couvert en tuiles, ayant porte et lucarne sur la cour.

« Un puits dans la cour, l'eau à 4 mètres de profondeur et très saine d'après la déclaration de 1762. Et un grand pressoir, un arbre où il y six grands morceaux de bois réunis en un monté sur jumelles de bouquet, une vis qui se conduit à bras au moyen d'une harasse ; un beau mettage garni de ses blos, planches et aiguilles, une belle auge en pierre contenant six hectolitres avec un pelage en pierre ; le tout contenant six travées de bâtiment couvert en paille. »

Masse exceptionnelle,  parfaitement orientée, avec des murs épais de 1 mètre 85, cette maison offre à la vue de curieuses meurtrières, des fenêtres rectangulaires à la base du glacis de gauche, des « trous » dans la manière de ceux du donjon de Gisors, permettant, en cas d'attaque, de placer des poutres. A l'extérieur, en arrière, un escalier de trente-deux marches de pierre, dont six monolithes, formant palier d'accès au premier étage, ont été tirées des carrières de la Goûtée.

Les édifices de cette nature sont très rares. M. A.-Georges Poulain a publié en 1934, dans le Bulletin de la Société libre d’Émulation de la Seine-Inférieure, une notice sur la Maison forte d'Authevernes (1) mais il faut surtout rappeler ici les beaux vestiges de la maison forte de la Villetertre  située comme celle d'Aincourt dans le Vexin français. L'étude approfondie qu'en a faite naguère notre savant et regretté collègue collègue Régnier  permet de comparer utilement ces deux monuments.

L'un et l'autre sont orientés, c'est-à-dire que leurs faces regardent à peu près les quatre points cardinaux. Leurs dimensions ne sont pas très différentes : 26 m. x 10 m. à la Villetertre, 21 m. x 8 m. à Aincourt, et, en tous cas, les proportions sont les mêmes, de part et d'autre, entre la longueur et la largeur. A la Villetertre, les murs sont épais de 1 m. 70 ; à Aincourt, de 1 m. 85. Les deux édifices sont construits en blocage, mais leurs angles et leurs baies sont appareillés avec soin.

La maison forte de la Villetertre est en ruines depuis longtemps, mais les fragments conservés contiennent encore des baies et des cheminées cheminées des colonettes dont les bases ont le tore inférieur aplati et garni d'une petite griffe, et dont les chapiteaux sont ornés de larges feuilles recourbées ou enroulées en crossettes. Ces éléments décoratifs permettent de dater l'édifice de la fin du xn° siècle. Celui d'Aincourt ne nous offre pas les mêmes ressources : certaines croisées de fenêtres, des accolades sculptées sur des linteaux y accusent assurément des travaux du xiv° ou du xv° siècle, mais ce n'est pas à dire que l'édifice ait été construit à une époque aussi tardive, et il s'agit assurément de remaniements de détail, qui n'ont en rien modifié l'ensemble de la construction. Celle-ci peut fort bien être la contemporaine, sinon l'ancêtre, de celle de la Villetertre. Les dessins que nous joignons à cette notice, et qui sont dûs au talent et à l'obligeance de notre excellent collègue M. Léon Port, nous dispenseront de rien ajouter de plus.

La Maison forte d'Artie n'est pas seulement intéressante par sa situation, situation, son âge et par son architecture. Elle possède, au premier étage, une peinture murale du XIVe ou du XVe siècle qui, malheureusement, se dégrade progressivement, en dépit du soin qu'apportent à sa conservation Mme Eléonore Lajoie, locataire de la ferme, et son frère M. Arthur Roze. S'il existe encore, quoique peu nombreuses, des peintures murales religieuses religieuses XIVe siècle, les peintures murales de la même époque sont infiniment rares dans les édifices civils et militaires. Un des plus beaux spécimens, un des mieux conservés aussi (malgré des mutilations stupidement stupidement pour l'établissement d'un conduit de cheminée), se trouve dans l'ancien palais royal d'Etampes, devenu palais de justice. La peinture d'Aincourt ne devait pas lui être inférieure, à en juger par ce qui en subsiste : on y reconnaît encore des chevaux richement harnachés et des fragments de certains personnages ; c'est, semble-t-il, la représentation d'un « Pas d'armes ». Tous les efforts tentés pour la photographier sont demeurés vains ; heureusement, le dévouement et l'habileté de M. Léon Port, qui en a effectué un relevé minutieux, nous permet de faire connaître cette œuvre d'art, entièrement inédite et sur l'origine de laquelle il nous est malheureusement malheureusement de trouver la moindre indication.



 

Photographies

 

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