Jeanne était-elle un homme ?
Représentation de Jeanne d'Arc à Domremy, probablement une copie de celle qui était sur l'ancien Pont des Tourelles à Orléans aujourd'hui détruit. Cette statue a probablement été mise par le frère de la Pucelle d'Orléans, ou l'un de ses descendants, fin XVe ou début XVIe. On peut supposer, sans certitude, que si elle a été posée à la demande du frère dans la maison natale c'est qu'elle ressemble peu ou prou à la Pucelle de Domremy. On remarquera ses mains totalement disproportionnées mais qui semble être dû à un rajout ultérieur des mains et ses cheveux longs.
Pourquoi Jeanne d'Arc serait un homme ?
Depuis quelques années Jeanne d’Arc est particulièrement attaquée par les thèses de plus en plus farfelues, dont les auteurs ont une certaine présence médiatique qui rend crédible l’impossible, malgré l’anachronisme, les errements parfois à but politique, les imprécisions et les « oublis » volontaire pour accréditer leurs causes. De manière bien modeste je vais tenter de répondre à certaines questions, en utilisant les textes contemporains de Jeanne d’Arc, principalement de ceux qui ont vu, vécu et poursuivi l’aventure avec la Pucelle de Domremy. Je n’invente donc rien et n’élude rien, vous vous ferez votre propre opinion sur ce sujet mais si vous raisonnez clairement et objectivement vous arriverez vite à des conclusions bien plus réalistes et crédibles que le complot international depuis 600 ans….sauf à remettre en cause tous les témoignages...j'ai même lu parfois sur internet que Jeanne serait Juive et que ça serait "encore" un éventuel complot sioniste selon certains ...
Ces auteurs divers et variés cherchant à salir Jeanne d’Arc tentent également de salir l’histoire de France, en remettant tout en cause, afin d’instiller dans l’esprit des français que leur histoire n’est pas leur histoire car elle serait ,selon eux, faussée. Si bien évidemment tout n’est jamais vraiment clair en histoire, ni vraiment tout beau ni vraiment tout mauvais, on frôle parfois l’absurde, quand ces mêmes auteurs rechignes à voir la réalité et inventent des histoires à dormir debout, comme si l’Histoire n’était pas déjà assez compliquée. Tout cela dans un but probablement mercantile de faire du tirage et de se faire un nom sur le mensonge et l'ignorance. Le pire dans tout cela c'est qu'il n'y a aucune preuve tangible , historiquement irréfutable, de ce qu'ils avancent. Il s'agit ,à mon avis, tout autant d'un objectif mercantile que politique, savamment instrumentalisé par une partie de la gauche.
Il est en tout cas incompréhensible qu'une chaîne public, même dans le cadre d'une information, puisse autant donner de crédit, sans prendre de distance et en donnant l'impression que c'est une vérité établie, un manque de discernement et de travail journalistique surtout à une heure de grande écoute, personnellement je trouve cela honteux et ça ne grandit pas cette chaîne de télévision...même le Canard Enchaîné semble dubitatif.
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Jeanne d’Arc à Domremy
On ne connaît pas la date exacte de la naissance de Jeanne d’Arc, dont je donne beaucoup d’éléments à ce sujet sur son âge sur cette page [ 6 janvier 1412 ]. Aujourd’hui ,sans aucun doute à moins d'une découverte majeure historique qui ne viendra probablement jamais, on est certain que Jeanne d’Arc a vécu à Domremy toute son enfance et on peut penser qu’elle y soit née, même si aucun écrit contemporain à sa naissance n’existe à ce sujet, pour les raisons évidentes et logiques, que j’ai évoqué sur la page en question. Le risque à ce sujet est de faire un anachronisme en s’imaginant qu’à l’époque les extraits de naissances, actes civils étaient aussi précis, évidents et existants qu’aujourd’hui, il n’en est rien sauf éventuellement pour la grande noblesse, la royauté et l'église. C’est seulement l'ordonnance du 10 août et du 15 août 1539 à Villers-Cotterêts, par François Ier, qui va imposer difficilement les actes de baptêmes par écrit en créant l'ancêtre de l'état civil que ça va vraiment évoluer. Avant cette ordonnance il en existait peu car le besoin ne se faisait pas ressentir, si il pouvait en exister localement parce que l'église l'avait décidé, beaucoup de ces actes enregistrés par écrit ont été détruits pendant la guerre de Cent-Ans et les Guerres de Religions.
L’enfance de Jeanne
Aucun document, aucun témoignage ne parle d’une quelconque allusion à ce que Jeanne soit un homme où née ailleurs que dans la famille de Jacques d’Arc et d’Isabelle Romée. La Lettre de Boulainvilliers, qui ne fait aucunement référence à un éventuel homme, dont les théoriciens du "complot international " utilisent souvent comme preuve de son jour de naissance, n’est pas très crédible sur sa date de naissance en faisant référence par ailleurs qu'au jour et non pas à l'année. Mais dès le début de la lettre Boulainvilliers explique déjà qu'elle est née à Domremy :
"Elle est née dans un petit village appelé Domremy, au bailliage de Bassigny, en deçà et sur les confins du royaume de France, sur le fleuve de Meuse, non loin de la Lorraine. Elle est issue, on le sait, de parents justes et simples."
Par exemple l’un des auteurs, fervent adepte du complot, affirme sur France 2 ( voir la vidéo ci-dessus ) qui semble avec une certaine fausse prudence accréditer cette thèse, qu’elle ne connaît ni son âge, qu’elle ne sait pas d’où elle vient, qu’elle n’a jamais gardé de moutons, qu’elle n’a jamais vécu à Domremy ! Une preuve , soit de mensonge éhonté, soit d'une méconnaissance flagrante du sujet, d’un auteur bien mal avisé qui a dû lire en diagonale le procès de Rouen...et pourtant il suffit de lire le premier jour du procès !
Dès le 21 février 1431, le lendemain de la mort du Pape Martin V, Jeanne est interrogée pour la première fois à Rouen, en public, par Pierre Cauchon. Elle va donner quasiment son état civil, le nom de ses parents, raconter en partie sa vie à Domremy, donner le nom du prêtre qui l'aurait baptisé etc. Un nombre important de détails qu’elle raconte sur Domremy qui prouve bien qu’elle y a vécu toute son enfance, d'autant que les Anglais ont mené une enquête poussée à Domremy et les alentours :
Après avoir prêté serment, Jeanne réponds à la question de Pierre Cauchon sur son lieu de naissance :
Cauchon : Votre lieu de naissance?
Jeanne : Je suis née au village de Domrémy, qui est tout un avec Greux; c’est à Greux qu’est la principale église. ../..
Cauchon : Quel prêtre vous a baptisée?
Jeanne : Messire Jean Minet, à ce que je crois.
Cauchon : Vit-il encore?
Jeanne : Oui, j’imagine.
Cauchon : Votre âge?
Jeanne : Dix-neuf ans, je pense, environ.
Le 24 février 1431, toujours au procès de Rouen, elle répond au sujet des animaux
Interrogateur : Ne conduisiez-vous pas les animaux aux champs?
Jeanne : J’ai répondu déjà à cela. Depuis que je fus un peu grande et que j’eus l’âge de discrétion ( puberté normalement ), je ne gardais pas les bêtes communément, mais j’aidais bien à les mener au pré, ainsi qu’à un Château nommé l’Ile, par crainte des hommes d’armes. Dans mon tout jeune âge, je ne me rappelle pas si je les gardais ou non.
Jeanne réponds donc à une question formulée toujours par le même auteur fallacieux, elle gardait éventuellement les animaux sur une île pour éviter les agressions d’hommes en armes. Sa théorie selon laquelle Jeanne d’Arc ne pouvait garder les animaux sous prétexte qu’elle était une femme et qu’elle risquait d’être agressée ne tient pas. Il était commun qu’avant la puberté des filles, selon leur rang sociale, elles pouvaient faire des tâches différentes. À la puberté le rôle des filles s’affirmaient un peu plus, simplement une question d’éducation.
Un autre point , ce sont les fiançailles de Jeanne d’Arc vers 1429 à Toul, ses parents ayant probablement tenté de la marier pour éviter son départ de Vaucouleurs, voir cette page [ Toul ]. Pensez-vous un instant que l’église aurait accepté des fiançailles entre deux hommes si on en croit la théorie fumeuse que Jeanne serait en fait Philippe ? Peut-on penser que si le jeune garçon, de Domremy ou Neufchâteau, pensait une seule seconde que Jeanne était un garçon il aurait tenté de se marier avec elle, jusqu’à même porter plainte contre elle pour son refus ? il faut rappeler que non seulement le mariage entre homme est impossible dans l’église mais qu’en plus être homosexuel, voir travesti, à l’époque était synonyme d’une mort certaine !
France 2 qui est une chaîne publique doit-elle faire passer une information sans vérification ? Où est le travail de journaliste et d’investigation ? Si France 2 donne la voix à de tels ragots, à une heure de grande écoute, sans chercher à vérifier, que peut-on penser des autres informations de cette chaîne du service public, parmi tant d’autres, qu'elle délivre à longueur de journée ?
Les témoignages des amis et connaissances de son enfance
Ces témoignages au procès de réhabilitation ne laissent aucun doutes, aucun témoignage ne suggère, ne sous-entends, que Jeanne est un garçon, bien au contraire son cousin va même jusqu’à dire qu’elle faisait des besognes revenant aux femmes.
- Jeanne savait filée et faire le ménage selon Mengette et d’autres personnes de Domremy et Vaucouleurs, la femme de Joyart qui vivait juste à côté de la maison de Jeanne d’Arc. Peut-on penser que Jeanne si elle était un homme aurait su filer et faire le ménage ? sans vouloir faire de misogynie déplacée, c’est quand même peu crédible. En tout cas pour l’un des auteurs du complot, le fait qu’elle garde, uniquement de temps en temps, des animaux ne peut qu’être fait par un homme…ce qui est absurde, là encore on a des extrapolations hasardeuses d’écrivains en mal de reconnaissance à la limite de l’invention perfide.
« Elle était courageuse au travail et à maintes besognes. Jeannette filait, faisait le ménage, allait à la moisson et à la saison, quand c’était son tour, gardait quelquefois les bêtes, sa quenouille à la main. »
C’est malheureusement ce témoignage, en partie, qui va instaurer plus tard l’idée que Jeanne était bergère, ce n’est pas le cas sauf à quelques occasions comme le reste de la famille, mais ce n’était pas sa fonction première ou son travail.
- Toujours au procès, on sait que les habitants de Domremy l’appelaient « Jeannette » :
Cauchon : Votre nom?
Jeanne: Dans mon pays on m’appelait Jeannette. En France, on m’appelle Jeanne depuis que j’y suis venue
Là encore les complotistes estiment qu’en ne donnant pas "Jeanne d’Arc" comme patronyme, c’est qu’elle ne s’appelle pas Jeanne d’Arc, anachronisme flagrant. Evidemment aujourd’hui ça semblerait étrange, à l’époque c’est normal on vit sur la reconnaissance des autres, même si les usurpations d’identités doivent être nombreuses, mais les gens se déplacent peu, naissent et meurent dans le même village et tout le monde se connaît. Les autres témoignages qui donnent Jeannette comme prénom d’usage à Domremy :
- Hauviette ,au procès de réhabilitation, amie de Jeannette
« Étant petite fille, j’ai connu Jeannette. Son père et sa mère étaient d’honnêtes laboureurs, gens de bonne renommée et bons catholiques. » ../.. « Étant petites filles, Jeannette et moi demeurions volontiers ensemble chez son père » « Au logis, elle faisait le ménage et elle filait. Maintes fois je l’ai vue garder les bêtes de son père. »
Hauviette était a priori la meilleure amie de Jeanne, si Jeanne était un homme qui se serait appelé Philippe elle s’en était sûrement rendu compte….mais ce n’est pas le cas. Elle parle du fait qu’elle filait et faisait le ménage, une constante dans les dépositions des proches de Jeanne à Domremy, mais peut-être Philippe était une bonne ménagère….( lol )
- Isabelle, femme Gérardin.
« Depuis mon premier âge, j’ai toujours connu le père et la mère de Jeannette. Pour Jeannette, je l’ai connue, quand j’étais petite fille, aussi longtemps qu’elle demeura chez ses parents. C’était une brave fille, bonne, chaste, pieuse, craignant Dieu, donnant l’aumône, faisant le bien. » là encore aucun doute, c’est bien une fille dès son enfance.
- Jean Morel, Laboureur, parrain de Jeanne
« Elle (Jeanne) était si excellente fille que, dans le village, tout le monde l’aimait. » ../..
« Je suis témoin que Jeannette allait volontiers et souvent à la chapelle dite l’Hermitage de la bienheureuse Marie de Bermont, près de Domrémy. Tandis que ses parents la croyaient dans les champs, à la charrue ou ailleurs, elle était là. Quand elle entendait sonner la messe et qu’elle était aux champs, elle rentrait au village et se rendait à l’église pour ouïr messe. Je l’affirme, car je l’ai vu. »
Là encore on a un témoignage visuel de l’enfance de Jeanne, de l’un de ses parrains.
- Mochel Lebuin, laboureur
« Étant petit garçon, je suis allé plusieurs fois avec Jeannette en pèlerinage à l’Hermitage de la bienheureuse Marie-de Bermont. Elle y allait presque chaque samedi avec une de ses sœurs ; elle apportait des cierges et donnait avec joie pour Dieu ce qu’elle pouvait donner... Elle était toute bonne. »
- Déposition de Jean Waterin, laboureur.
« J’étais petit garçon quand Jeannette était petite fille et je la voyais souvent. »
- Déposition de Colin, laboureur.
« Elle veillait à la nourriture des bestiaux, s’occupait volontiers de ceux de son père, filait, faisait le ménage, allait à la charrue, bêchait et, son tour venu, gardait les bêtes. Je me souviens d’avoir entendu dire par feu notre curé de ce temps-là, messire Guillaume Fronte, que Jeannette était une bonne catholique et qu’il n’avait jamais vu ni ne possédait meilleure qu’elle dans la paroisse » Nouveau témoignage qui explique qu’elle filait et faisait le ménage, gardait les bêtes.
- Gérard Guillemette, laboureur
« Elle était bonne, honnête, simple, ne fréquentant que les filles et les femmes honnêtes, allant souvent à l’église et à confesse. A mon avis, il n’y avait pas de meilleure qu’elle dans le village. »
Selon un des écrivains, éventuellement romancier à l’eau de rose, Jeanne fréquentait des femmes car c’était un homme… c’est surtout qu’elle était de bon esprit et qu’elle ne voulait pas dans la mesure du possible se trouver dans des situations compromettantes. Mais ça échappe parfois aux meilleurs fumistes…
- Simonin Musnier, laboureur.
« J’ai été élevé avec Jeannette... J’ai éprouvé sa bonté, car, étant tout petit, je fus malade et Jeannette m’assista. »
Là encore aucun doute, personne ne soupçonne que Jeanne est un garçon ! incroyable non ? ( ironie )
- Nicolas Bailly, enquêteur au service des anglais pour préparer le procès de Rouen, qui ne trouva rien à redire sur les mœurs de Jeannette, tabellion et substitut à Andelot.
« Elle fut toujours une brave fille, de moeurs honnêtes, bonne catholique, assidue à l’église, aimant le pèlerinage de la chapelle de Bermont et se confessant presque chaque mois. J’ai ouï attester par plusieurs habitants de Domrémy ce que j’avance et je l’ai constaté dans une enquête à laquelle je procédai jadis avec le prévôt d’Andelot. »
Une nouvelle fois rien sur un supposé sex masculin ou une attitude ambiguë, au contraire l’enquête imposé par les Anglais en 1430 démontre qu’il n’y a rien à lui reprocher.
- Perrin le Drapier, ancien marguillier et sonneur de cloches
« Jeannette, en ses jeunes ans, allait quelquefois, en compagnie des autres fillettes, à l’arbre des Dames et à la Fontaine-des-Groseilliers, pour courir et danser avec ses compagnes. »
- Durant Laxart, laboureur à Burey-le-Petit, cousin de Jeanne de 10 ans environ son aîné, est un personnage important de l’épopée de la Pucelle. C’est lui qui accompagna à plusieurs reprises la Pucelle à Vaucouleurs.
« Jeanne avait bon naturel; elle était pieuse, patiente, charitable. Elle aimait aller à l’église, était exacte à se confesser, faisait l’aumône aux pauvres toutes les fois qu’elle le pouvait. Je parle de ce que j’ai vu soit à Domrémy, soit à Burey-le-Petit, dans ma maison, où Jeanne demeura l’espace de six semaines. Elle était laborieuse, filait, conduisait la charrue, gardait les bêtes et s’acquittait des autres besognes revenant aux femmes. »
- Henri le Roger, charron à Vaucouleurs
« Quand Jeanne vint à Vaucouleurs, elle logea en ma maison. C’était, il me semble, une très bonne fille. Elle travaillait avec ma femme et allait volontiers à l’église »
Comme vous pouvez le constater rien ne permet de dire que c’était un homme, qu’elle se comportait en homme, elle réalisait simplement ce que ses parents lui demandaient, tout au mieux on peut penser que Jeanne était physiquement vive, comme beaucoup de jeunes filles aujourd’hui. Je n’ai éludé aucun témoignage qui aurait pu faire penser l’inverse, pour autant il existe plusieurs centaines de témoignages probant sur Jeanne ( environ 200 selon Olivier Bouzy, historien à Orléans ) je n'ai donc mis que les essentiels.
L’épopée de Jeanne et les témoignages
Après avoir repris les témoignages de son enfance, passons aux témoignages juste avant et après son départ de Vaucouleurs.
- Frère Jean Pasquerel, aumônier de Jeanne, dit ceci sur les prédictions de Jeanne juste avant la prise d'Orléans du 8 mai 1429
« Il faudra vous tenir toujours près de moi, car demain j’aurai fort à faire et plus ample besogne que je n’ai jamais eue. Et il sortira demain du sang de mon corps au-dessus du sein. »
- Duc d’Alençon, compagnon de Jeanne, raconte au procès de réhabilitation :
« Quelquefois à l’armée j’ai couché avec elle sur la paille à côté d’autres hommes d’armes; j’ai pu la voir quand elle mettait son armure, et de temps en temps je voyais ses seins qui étaient fort beaux; mais jamais je n’eus de désir charnel à son sujet. »
- Chevalier Aymond de Macy :
« J’ai vu Jeanne emprisonnée au château de Beaurevoir, je l’ai vue souvent dans la prison et lui ai souvent parlé. Il m’arriva même, jouant avec elle, de chercher à toucher ses tétons en tâchant de lui glisser ma main dans le sein. Mais elle ne le supportait pas et me rudoyait si fort qu’elle pouvait. C’était une fille qui se comportait honnêtement tant en paroles qu’en actes. »
Un homme avec des seins, aurions-nous un premier résultat d’une transformation physique, la chirurgie esthétique existait-elle à l’époque ? Baliverne ! preuve qu’elle ne dormait pas qu’avec des jeunes filles mais quand la situation l’exigeait elle dormait là où elle pouvait en temps de guerre ( rappelons-le ! ). Si les compagnons de Jeanne la respectait, ce n’était pas le cas du chevalier lorsqu’elle était prisonnière, preuve qu’elle devait être désirable physiquement et probablement pas un laideron ou un homme déguisé en femme....
- Jean de Novelompont, dit Jean de Metz, guide de Jeanne :
« La première fois que je vis Jeanne à son arrivée à Vaucouleurs, elle portait une robe rouge, pauvre et usée. »
Avant de décider, sur les conseils de dieu dit-elle, de s’habiller en homme, elle portait une robe rouge, pauvre et usée, là encore Philippe ( selon le prénom donné par l’auteur romanesque ) se serait habillé en femme depuis sa naissance et aurait trompé son monde, bravo il a trompé tout un village, l'évêque de Toul , les Bourguignons, les Anglais, les compagnons, le Roi, la Reine, l'église etc , sacré Philippe ! C’est vraiment risible.
« En route, Bertrand et moi nous reposions chaque nuit avec elle. Jeanne dormait à côté de moi, serrée dans son habit d’homme. »
- Charlotte Boucher, femme Havet. Elle est la fille de Jacques Boucher chez qui elle loge à Orléans, la fille n'a que 9 ans environ !
- Bertrand de Poulengy, guide de Jeanne entre Vaucouleurs et Chinon :
« Les nuits suivantes, Jeanne couchait à nos côtés près de Jean de Metz et moi, tout habillée, avec une couverture sur elle et gardant ses chausses liées à son justaucorps. J’étais jeune pour lors et cependant je ne ressentis contre cette fille aucun désir coupable, aucun appétit charnel, tant la bonté que je voyais en elle m’inspirait de révérence. »
Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui ont dormi avec elle pendant 11 à 12 nuit à côté de la pucelle, ainsi que plus tard le Duc d’Alençon, ne se sont jamais rendu compte que c’était un homme ? Étrange non ? Étaient-ils aveugle ou plus simplement Jeanne était vraiment Jeanne, c’est-à-dire une jeune fille....
Il existe cependant un seul témoignage qui expliquait ( pas encore retrouvé le texte original ) que lorsque Jeanne arrive à Chinon, une partie de l’assemblée qui entourait le roi pensait d’abord avoir à faire à un homme jusqu’à qu’elle parle d’une voix douce….Il faut se mettre dans le contexte, une femme avec une coiffure d’homme, habillée en homme, est une nouveauté qui a dû sûrement en décontenancé plus d’un à une époque où une femme doit s’habiller en femme et les hommes en homme, pas comme aujourd’hui ou chacun est libre de s’habiller comme il l’entend.
Jeanne a subi plusieurs inspections physiques sur sa virginité
I. À Chinon et Poitiers par les Français
Jeanne est inspectée, questionnée, surveillée à la demande du roi qui veut être sûr que Jeanne est bien ce qu’elle prétend être. Elle reste entre 4 à 6 semaines à Poitiers en constante surveillance, sans échappatoire et personne dans les témoignages semblent se poser des questions sur Jeanne et son "sex".
- Frère Séguin, frère prêcheur, examinateur de Jeanne à Poitiers.
« Au surplus, les autres commissaires et moi nous nous étions enquis de la vie et des moeurs de Jeanne. Nous trouvâmes qu’elle était bonne chrétienne, vivant catholiquement et jamais oisive. Pour savoir plus au juste quelle était sa vie intime, on avait mis auprès d’elle des femmes qui rapportaient au conseil tous ses faits et gestes. »
- Frère Jean Pasquerel, aumônier de Jeanne :
« Elle fut notamment visitée, paraît-il, par la dame de Gaucourt ( Jeanne de Preuilly ) et par la dame de Trèves ( Jeanne de Mortemer ) » il est probable qu’elle « fut visitée » au moins une fois à Chinon par la femme de Robert le Maçon seigneur de Trèves, homme de confiance de Charles VI.
Lorsqu’elle rentre au Château de Chinon pour la première fois, un cavalier se mit à dire selon le Frère Jean Pasquerel : « N’est-ce pas là la Pucelle ? Jarnidieu ! si je l’avais une nuit, je ne la rendrais pas telle que je l’aurais prise » preuve encore une fois qu’il n’y a pas de doute que c’est une femme surtout quand un cavalier veut, pour parler vulgairement, se la faire, alors qu’il la voit pour la première fois, comme une vulgaire prostituée ou fille facile.
- Maître Jean Barbin, docteur ès lois, avocat au Parlement :
« …Jeanne fut envoyée à Poitiers pour y être examinée. »
- Messire Simon Charles, président de la Chambre des comptes :
« le roi envoya Jeanne à Poitiers pour y être derechef examinée par les clercs de la ville. »
- Gobert Thibault, écuyer :
« J’étais à Chinon quand Jeanne vint trouver le roi, demeurant pour lors en cette ville. Mais en ce temps je n’eus pas grande connaissance de Jeanne. Plus tard, je l’ai mieux connue, quand le roi s’en fut à Poitiers et Jeanne avec lui, qui logea dans le logis de maître Jean Rabateau. A Poitiers, Jeanne fut interrogée et examinée.. dans le logis de maître Jean Rabateau. »
- Chevalier d’Aulon :
« la reine de Sicile ( Yolande d’Aragon ), par la Reine notre souveraine, certaines dames étaient avec elles ; par lesquelles la dite Pucelle fut vue, visitée et secrètement regardée et examinée ses secrètes parties de son corps; mais après ce qu’ils eurent vu et regardé tout ce que faisait à regarder en ce cas, la dite dame dit et relata au Roi qu’elle et ses dames trouvaient que c’était une vraie et entière pucelle, en laquelle n’apparaissait aucune corruption ou violence. »
- Le 27 février 1431, au procès de Rouen Jeanne réponds à nouveau et confirme qu’elle était à Chinon et à Poitiers.
Jeanne: Vous ne les aurez pas de moi encore de cette année. Pendant trois semaines j’ai été interrogée par les clercs à Chinon et à Poitiers. Mon roi eut un signe touchant mes faits avant d’y avoir créance. Les clercs de mon parti furent d’avis que dans mon fait il n’y avait rien que du bon.
Là encore aucun témoignage sur un éventuel homme…déguisé en homme en se faisant passer pour une femme…
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II. À Rouen par les Anglais
Il est très probable que les Bourguignons firent de même, mais je n’ai pas trouvé de texte ( pas encore )
- La Duchesse de Bedford, la femme du Duc du régent en France aux ordres des Anglais, l’inspecta et ne trouva rien à redire sur sa virginité ou sa sexualité.[ source ]
Elle envoya à Jeanne une robe pour qu'elle s'habille en femme selon Jean Marcel, bourgeois de Paris." Voici un fait que je tiens de Jeannotin ‘Simon, tailleur de robes. Mmc la duchesse de Bedford ayant fait faire pour Jeanne une tunique de femme, Jeannotin, au moment où il se disposait à l’en revêtir, prit Jeanne doucement par le sein. Cela indigna Jeanne qui envoya à Jeannotin une maîtresse gifle." ( Procès de réhabilitation 1456 ).
- Guillaume Boisguillaume, greffier au profit de Pierre Cauchon au procès de Rouen.
« Jeanne était dans une forte prison, les fers aux pieds. On lui avait laissé un lit. Elle avait des gardes anglais dont elle se plaignait maintes fois, disant qu’ils l’opprimaient fort et la maltraitaient.
J’ai entendu dire par des gens dont j’oublie les noms que Jeanne avait été visitée par des matrones et qu’elle avait été trouvée vierge. »
- Guillaume Delachambre, médecin.
« On m’a raconté que Jeanne avait été visitée pour savoir si, oui ou non, elle était vierge et qu’elle fût trouvée telle. Personnellement, je sais, autant que mon art me l’a permis de connaître, qu’elle, était vierge et sans tache, car, dans une maladie, je l’ai vue quasi nue, ayant dû la visiter. »
Peut-on mettre en doute la parole d’un médecin, à la solde des Anglais, qui était commis quasi d’office pour vérifier la virginité de Jeanne. Il dit l’avoir vu « quasi-nue » et ne semble pas penser que Jeanne est un homme….
- Frère Martin Ladvenu, frère prêcheur.
« La Pucelle me révéla qu’après son abjuration, on l’avait tourmentée violemment en la prison, molestée et battue, et qu’un lord anglais avait tenté de la violer. » Il est vrai que dans les prisons les hommes se violent souvent entre eux, pour autant peut-on penser qu’un Lord Anglais aurait tenté de la violer si ce n’était pas une femme , en l'occurance vierge et probablement désirable même si l'intention était probablement de la dévierger pour la salir et l'empêcher d'aller au paradis.