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Détails
Catégorie : Savoie - 73
Mis à jour : 9 Décembre 2025
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Château de Carron

 Situé à Francin, sur un plateau dominant la Combe de Savoie et faisant face à la chaîne de Belledonne, le château de Carron (souvent orthographié Charron) est une élégante maison de campagne édifiée au XVIIIe siècle qui illustre parfaitement l’art de vivre de la noblesse savoyarde, puis de la bourgeoisie impériale. Construit en 1768 par le baron Joseph Rambert de Châtillon, président du Sénat de Savoie, ce château a vu se succéder des générations marquées par la Révolution, l’Empire, les guerres napoléoniennes et les profondes transformations de la Savoie jusqu’au XXe siècle. Son architecture sobre, ses décors intérieurs raffinés, son parc paysager romantique et les figures illustres qui y sont liées – notamment le général Pierre Decouz et le roi de Naples Joachim Murat – font de Carron un site patrimonial singulier, aujourd’hui ouvert au public à certaines périodes de l’année.​​

chateau de Carron

Château de Carron, Image IA interprétée à partir d'une vieille carte postale.

 

Le château est une propriété privée, les jardins sont accessibles uniquement lors des journées du patrimoine, je ne sais pas si c'est tous les ans.

Une maison de campagne aux portes de Chambéry

Au milieu du XVIIIe siècle, Francin apparaît comme un site idéal pour une résidence de campagne : un village situé sur un plateau, au voisinage de Chambéry, avec des terres en partie plantées de vignes et un cadre dégagé vers Belledonne. En 1768, le baron Joseph Rambert de Châtillon, président du Sénat de Savoie, acquiert le domaine de Charron et y fait édifier une demeure campagnarde de belle taille, légèrement à l’écart des communs existants qui sont conservés.​​

Cette « maison des champs » s’inscrit dans un paysage déjà structuré par un jardin aménagé au début du XVIIIe siècle par les propriétaires précédents. Le château est ainsi pensé dès l’origine comme une résidence d’agrément, associée à un domaine viticole et à des jardins, dans l’esprit des élites savoyardes proches de la cour ducale de Chambéry.​

Grandes dates du château de Carron

L’histoire du château se lit au travers d’une chronologie dense, où se mêlent construction, décors, Révolution, Empire, aménagements paysagers et agrandissements.

  • 1768 : construction du château par Joseph Rambert de Châtillon, qui fait bâtir une grande demeure rectangulaire sur cave voûtée, au cœur d’un jardin déjà structuré.​

  • 1790 : Hyacinthe Rambert de Châtillon, officier au régiment Piémont Royal Cavalerie, fait réaliser l’essentiel de la décoration intérieure et planter la grande allée de platanes qui mène au château.​

  • 1792 : la Savoie est annexée par la France ; le duché devient le département du Mont‑Blanc après l’invasion des armées révolutionnaires.​​

  • 1790–1792 : le château de Carron sert de refuge à plusieurs officiers de la maison du comte d’Artois, émigrés fuyant la Révolution, avant de quitter Chambéry lorsque la Savoie est occupée.​

  • 1808 : le général Pierre Decouz, baron de l’Empire, acquiert le domaine de Carron qu’il ne connaît encore que par description.​​

  • 1809 : pendant la campagne d’Allemagne, Pierre Decouz se distingue en chassant l’ennemi d’une île du Danube, capturant six cents prisonniers et de nombreux canons, ce qui lui vaut d’être promu général de brigade après la bataille de Wagram.​​

  • 1810 : le général Decouz découvre enfin Carron lors d’une permission, et Joachim Murat, roi de Naples, parrain du fils Decouz, séjourne au château en se rendant au mariage de Napoléon et de Marie‑Louise célébré le 2 avril 1810 dans le salon Carré du Louvre.​​

  • 1813 : l’architecte chambérien Trivelly est chargé de redessiner le parc dans le goût romantique, sous la supervision à distance du général Decouz.​

  • 18 février 1814 : Pierre Decouz meurt à Paris, à l’âge de trente‑huit ans, des suites de blessures reçues en menant l’assaut de Brienne le 29 janvier 1814 ; son nom est inscrit sur l’Arc de triomphe de l’Étoile et dans la galerie des Batailles du château de Versailles.​​

  • 1837–1838 : son fils Joachim fait transférer le jardin potager à son emplacement actuel, libérant l’avant du château pour créer une grande pelouse bordée de marronniers.​

  • XXe siècle : le baron Léon Decouz agrandit le corps de logis et modifie la façade sur le parc, faisant disparaître un décor en trompe‑l’œil qui ornait autrefois cette élévation.

Pierre Decouz, un général de l’Empire lié à Carron

La figure la plus marquante associée au château est le général Pierre Decouz, officier de la Révolution et de l’Empire, qui en devient le propriétaire en 1808. Né à Annecy le 18 juillet 1775, il s’engage en mars 1793 au 2e bataillon des volontaires du Mont‑Blanc, quelques mois avant ses dix‑huit ans, et se distingue rapidement au siège de Toulon où Bonaparte remarque sa bravoure et lui accorde le grade de lieutenant.​​

Decouz combat ensuite en Italie, en Égypte et à Aboukir, où il est plusieurs fois exposé en première ligne ; à Austerlitz, deux chevaux sont tués sous lui, ce qui témoigne de la violence des combats auxquels il participe. Ses états de service lui valent une ascension rapide : il est nommé colonel quelques jours après Austerlitz, puis promu général de brigade après la campagne de Wagram en 1809, où il s’illustre en enlevant une île du Danube et des centaines de prisonniers.​​

Employé ensuite dans l’armée de Naples, il s’attache à la personne de Joachim Murat, dont il devient un proche collaborateur sur le terrain. En 1813, il est promu général de division au sein de la Garde, avant d’être mortellement blessé lors de la campagne de France à Brienne, le 29 janvier 1814, et de mourir à Paris trois semaines plus tard, le 18 février 1814. En hommage à ce « valeureux soldat qui donna sa vie pour la patrie », son nom est gravé sur l’Arc de Triomphe et rappelé dans la galerie des Batailles à Versailles.​​

Une retraite campagnarde rêvée, entre guerre et famille

En parallèle de sa carrière militaire, Pierre Decouz construit un projet de retraite campagnarde à Carron, qu’il n’a d’abord connu que par les lettres de son beau‑frère. En 1805, alors qu’il est sous‑chef d’état‑major du 5e corps de la Grande Armée à Grenoble, il rencontre Louise Michel, veuve d’un avocat au parlement de Dauphiné, dont il tombe amoureux. Le mariage, retardé par les campagnes, n’est célébré qu’en 1808, et la même année, le couple acquiert le domaine de Charron sans que le général l’ait encore vu.​

Son beau‑frère lui décrit alors le château comme « une maison de maître assez jolie et bien distribuée, bien décorée, sans être pour autant du goût moderne parce que son établissement date d’environ 1790 », soulignant à la fois la qualité et le caractère déjà « ancien régime » de la demeure. Ce n’est qu’en 1810, lors d’une brève permission avant son départ pour Naples, que Decouz découvre réellement Carron, s’attachant immédiatement à ce domaine qu’il rêve d’habiter après la guerre.​

Un château refuge à l’époque révolutionnaire

Dès les années 1790, Carron se trouve au cœur des grands bouleversements politiques et militaires qui traversent la Savoie. En 1790, le château sert de refuge à plusieurs officiers de la maison du comte d’Artois, l’un des frères de Louis XVI, qui fuient la Révolution et trouvent à Chambéry et dans ses environs un premier havre avant un exil plus lointain.​

La proximité avec la frontière française fait toutefois de la région une zone sensible, et en 1792, les armées révolutionnaires pénètrent en Savoie pour prévenir une éventuelle attaque autrichienne venue d’Italie. La Convention nationale entérine l’annexion en novembre 1792 ; le duché est rebaptisé département du Mont‑Blanc et cette situation est confirmée par le traité de Paris de 1796, avant de prendre fin en 1814, puis de préparer le rattachement définitif de la Savoie à la France en 1860.

Architecture : sobriété extérieure et raffinement intérieur

Le château de Carron a conservé l’essentiel de son caractère architectural du XVIIIe siècle, malgré les agrandissements du XXe siècle. Le corps principal, rectangulaire, est construit sur une cave voûtée et comprend un rez‑de‑chaussée surélevé et deux étages, dont un sous combles, sous une haute toiture d’ardoise à croupes d’où émergent des lucarnes en pavillon.​​

Deux ailes latérales, plus tardives, ont été ajoutées de part et d’autre du noyau central, de même hauteur mais couvertes de toits moins pentus, ce qui donne au château une silhouette allongée typique des grandes maisons de maître du XVIIIe et du XIXe siècles. L’architecture extérieure, volontairement sobre, met d’autant plus en valeur le contraste avec le raffinement des décors intérieurs, réalisés dans les dernières années du XVIIIe siècle par des artistes italiens originaires des confins du Piémont et de la Lombardie, établis à Chambéry.​

Décors intérieurs : salons, trophées et scènes galantes

Parmi les pièces de réception, la salle à manger et les salons de Carron comptent parmi les ensembles décoratifs les plus intéressants de la demeure. La salle à manger, aux angles arrondis, est scandée par des pilastres cannelés qui rythment les parois et délimitent des panneaux dans lesquels sont encastrés des ornements en gypserie : trophées, rubans et symboles des sciences et des arts, dans un esprit décoratif hérité du classicisme tardif.​

Le grand salon est tendu d’un tissu mural représentant des scènes galantes, dans la tradition des décors aimables de la fin de l’Ancien Régime. Les dessus‑de‑porte y sont ornés de motifs en bois sculpté et doré illustrant des thèmes cynégétiques, guerriers et musicaux, qui témoignent à la fois des loisirs aristocratiques et des idéaux militaires de l’époque. Le petit salon présente quant à lui des dessus‑de‑porte peints de scènes de chasse et des gravures « à l’antique » insérées dans des médaillons dorés à gracieux motifs de guirlandes, ainsi qu’un trumeau ancien qui souligne le caractère intime de la pièce.​

Le parc romantique et le jardin potager

Le parc de Carron, fortement structuré au XIXe siècle, est un élément majeur de l’identité du domaine. On y accède par une longue allée de platanes plantée à la fin du XVIIIe siècle, qui conduit à la façade principale du château. Le domaine est ceinturé par une allée de noisetiers, tandis qu’une grande pelouse bordée de marronniers s’étend devant la demeure, dans un esprit de composition paysagère dégagée.​​

Sous le Premier Empire, le parc est réaménagé dans le goût romantique, notamment sous l’impulsion du général Decouz qui confie en 1813 à l’architecte Trivelly la mission de redessiner les allées et les plantations. Au sud‑est, un jardin potager est divisé en quatre parterres entourés de buis et agrémentés de poiriers taillés en pyramide, typiques des jardins de production structurés des XVIIIe‑XIXe siècles. Une fontaine, une volière en brique et un bassin complètent cet ensemble, illustrant l’art paysager du XIXe siècle et l’équilibre recherché entre utilité agricole, agrément et ornements.

Portraits de famille et personnages liés au château

Le grand salon de Carron conserve plusieurs portraits de famille qui permettent de mettre des visages sur les principaux acteurs de l’histoire du château. On y trouve notamment le portrait du général Pierre Decouz, peint en 1809 par l’artiste autrichien Ferdinand Licht (1748‑1822), celui de son épouse Louise Michel, ainsi que celui de leur fils Joachim. Ces œuvres rappellent l’ancrage du domaine dans la mémoire familiale et la période napoléonienne.​

Un quatrième portrait représente Alexandre Grand‑Thorane, avocat au parlement de Dauphiné, auteur en 1785 d’un ouvrage technique sur les rapports d’experts publié à Grenoble, intitulé « Observations sur les rapports d’experts… », et premier mari de la générale Decouz. Leur présence dans le salon illustre la continuité entre l’élite judiciaire d’Ancien Régime et les élites militaires et administratives de l’Empire. À ces figures s’ajoute la mémoire du passage de Joachim Murat, roi de Naples (1767‑1815), parrain du second fils Decouz, Joachim, dont la marraine n’est autre que Caroline Bonaparte, sœur de Napoléon.​​


Tableau des principaux personnages cités

PersonnageRôle ou fonctionLien avec le château de Carron
Joseph Rambert de Châtillon Baron, président du Sénat de Savoie Acquéreur du domaine et bâtisseur en 1768.​
Hyacinthe Rambert de Châtillon Officier au régiment Piémont Royal Cavalerie Décors intérieurs et allée de platanes en 1790.​
Pierre Decouz Général de division, baron de l’Empire Propriétaire dès 1808, aménage parc et maison.​​
Joachim Decouz Fils du général Decouz Déplace le potager en 1837‑1838.​
Léon Decouz Baron, petit‑fils du général Agrandit le logis au XXe siècle.​
Joachim Murat Roi de Naples (1767‑1815) Parrain du fils Decouz, séjour à Carron en 1810.​​
Caroline Bonaparte Sœur de Napoléon, reine de Naples Marraine de Joachim, second fils Decouz.​
Louise Michel Épouse du général Pierre Decouz Figure centrale de la famille, portrait conservé.​
Alexandre Grand‑Thorane Avocat au parlement de Dauphiné, auteur (1785) Premier mari de Louise Michel, portrait au salon.​
Trivelly Architecte chambérien Refonte du parc en 1813.​
Comte d’Artois Frère de Louis XVI Ses officiers trouvent refuge à Carron vers 1790.​
 
 

Sources et liens externes

En respectant les droits d’auteur, l’article ci‑dessus est une reformulation originale à partir des documents et sources suivants :

  • Plaquette « Châteaux, jardins et vignobles – Carron, à Francin, une harmonie campagnarde », Éditions Atlas, 2004.​

  • Présentations patrimoniales et notices en ligne sur le château de Carron / Charron à Francin.​

  • Biographies et notices sur le général Pierre Decouz (1775‑1814).​

  • Ressources historiques sur la Savoie, l’annexion de 1792 et l’évolution administrative jusqu’en 1860.​​

 

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