Château d'Ampuis
Le Château d'Ampuis, édifié sur une terrasse longeant le fleuve et entouré de coteaux plantés de vignes, doit son charme à cet emplacement exceptionnel. Bien que son architecture puisse sembler un peu lourde, l'édifice a connu de nombreuses transformations depuis ses origines au Xème siècle, qui ont entraîné la disparition de la plupart de ses caractéristiques médiévales, jusqu'au XVIIIème siècle.
Le château autrefois appelé "château haut", situé au lieu-dit La Garde, a été complètement démoli. Seules deux des quatre tours rondes du "château bas" d'origine ont survécu. Le corps principal, qui est un long rectangle orienté nord-est/sud-ouest, date du milieu du XVe siècle, tout comme les plafonds du rez-de-chaussée qui sont "à la Serlio" et ceux du premier étage qui sont "à la fougère". Un donjon circulaire est adossé à l'extrémité nord du corps principal, et du côté sud-ouest, un pavillon est adjoint pour former un "L". Entre 1592 et 1622, le logis a subi une rénovation dans le style classique. Le colombier, construit en 1653, a été transformé en chapelle au XIXe siècle. Les escaliers principaux et celui de l'aile sud datent de 1640. Des portes-fenêtres ont été percées en 1748.
Le « château haut », qui était situé au lieu-dit La Garde, a disparu. Du « château bas » d'origine, subsistent deux des quatre tours rondes. Le corps principal, long rectangle orienté nord-est/sud-ouest, date du milieu du xve siècle, comme les plafonds « à la Serlio » du rez-de-chaussée et « à la fougère » du premier étage. Au nord est, un donjon circulaire lui est accolé et, côté sud-ouest, il est flanqué d’un pavillon avec lequel il forme un « L ». Entre 1592 et 1622, le logis est remanié dans le style classique. Le colombier, construit en 1653 a été transformé en chapelle au xixe siècle. L'escalier principal et celui de l'aile sud sont de 1640. Des portes-fenêtres sont percées en 1748. La toiture à double pente constituée de tuiles plates a été refaite au xixe siècle. Les fossés ont été remblayées au xxe siècle. Divers bâtiments, parallèles à l’aile sud, complètent l’ensemble. Face au corps principal, les jardins à la française, qui forment une terrasse face au Rhône, ont été réaménagés vers 1935. Un belvédère a été édifié à l’angle ouest. Un jardin à l’anglaise occupe le nord du domaine. Le château est détenu par la Maison vinicole E. Guigal.
Guy de Maugiron (v. 1490-1554), l'un des grands capitaines de François ler est à l'origine destransformations qui donnèrent à Ampuris ses allures de château de plaisance.
Le roi Henri III, s'est arrêté à Vienne pour visiter la demeure de Laurent de Maugiron, l'un des gentilshommes ordinaires de sa Chambre. Pendant sa visite, il remarque le jeune fils de son hôte, Maugiron, qu'il embauche comme chambellan. Louis Maugiron devient l'un des favoris du roi, mais sa carrière est de courte durée. Lors du siège de la Charité-sur-Loire en 157, il est blessé et perd un œil. Peu de temps après, à l'âge de dix-huit ans, il est tué lors d'un duel aux Tournelles. Le roi est inconsolable et fait construire un magnifique tombeau en l'église Saint-Paul en son honneur. Malheureusement, la foule le saccage en 1559.
Historique & Histoire
Les transformations du château
Le neveu Claude de Maugiron, qui occupe les postes de Maître des camps du régiment de cavalerie de la reine Anne d'Autriche, maréchal des camps et armées du roi et gouverneur de Vienne, est à l'origine d'une nouvelle campagne de travaux au château. Il double la surface du corps de logis en ajoutant de nouvelles travées et organise la composition autour d'un avant-corps en façade, qui abrite un nouvel escalier d'honneur. Cet avant-corps est appareillé à -). Avec son épouse, Ozanne Lhermite, Guy de Maugiron s'emploie à faire du château une demeure digne de son rang en perçant le corps de logis de croisées et en le couvrant d'une toiture à forte pente. Les intérieurs sont réaménagés, et les plus belles pièces sont décorées de fresques et de plafonds à solives. Une galerie à arcades vient doubler l'ancienne courtine à pont-levis, et des ailes de dépendances viennent fermer la cour.
Laurent de Maugiron succède à son père et effectue également une belle carrière en tant que lieutenant général au gouvernement de Dauphiné et de Bourgogne, conseiller du roi en son conseil d'Etat et privé, et gentilhomme ordinaire de sa Chambre. Il se distingue comme l'un des plus zélés défenseurs de la cause catholique pendant les guerres de Religion et affronte à plusieurs reprises le baron des Adrets, un des chefs protestants les plus redoutables en Dauphiné.
Le fils de Laurent, Timoléon, peut entreprendre de nouveaux aménagements pendant la période de paix qui s'ouvre dans les dernières années du XVIIe siècle. Il déplace les ailes de communs pour ouvrir la vue du château vers le Rhône et aménage une terrasse.
Louis Mongiron, un combattant mais aussi un "mignon" d'Henri III
Il suivit le duc au siège de la Charité-sur-Loire, 18 avril-i *rmai 1577, et à celui
d’Issoire, 20 mai- i 2 juin. Le neuvième jour, ce prince ayant su le désordre
faict par la noblesse à la brèche de M. de Guise, envoya M. de Maugiron
à M. de Nevers pour lui commander que la noblesse ne donnât point. Ce
dernier, vers les cinq ou six heures du soir, envoya cent harquebuziers à
la brèche. Ceux-ci s’y étant logés, quelques gentilshommes se joignirent
à eux, sur le rapport que M. de Nevers le permettait, ce qui était faux, et
parmi ceux-ci Maugiron, Blanieu, Leyssin, etc. Le jeune Maugiron y fut
blessé d’un coup de flèche qui lui emporta l’œil droit , d’où lui vinrent
le nom de brave borgne si la faveur du roi Henri 111. Le portrait de Louis
de Maugiron est reproduit d’après un dessin du temps, aux crayons de
couleurs, portant le nom de Maugiron et la date 1577, conservé dans
la collection des estampes, à la Bibliothèque Nationale 905. Suivant Ronsard et l’abbé Desportes, comme on le verra plus loin, l’œil gauche fut
crevé; d’après le dessin et le récit de du Rivail, la blessure aurait atteint
l’œil droit. On voyait, en 1850, dans une salle du château d’Ampuis, le
portrait en pied de Louis de Maugiron, remarquable par le naturel de la
pose, la perfection des détails, et sortant de la main d’un des plus habiles
peintres de l’époque80®. Il a été vendu et sa trace a disparu.
« Les mignons, qui étaient auprès du roi, avaient fait pratiquer quatre
ou cinq des plus honnêtes hommes qu’eût le duc d’Alençon, qui étaient
Maugiron, La Valette, Mauléon 307, Livarot 808 et quelques autres, pour
quitter son service et se mettre à celui du roi 809. » Fier de cette royale
amitié; il oublia trop les bontés de son ancien maître, en cherchant à
édifier sa fortune sur l’animosité existant entre les deux augustes frères.
« Maugiron, qui lors possédait le roi et qui, ayant quitté le service du duc
d’Alençon, croyait qu’il s’en dût ressentir (ainsi qu’il est ordinaire que qui
offense ne pardonne jamais), le haïssait d’une telle haine, qu’il conjurait
sa ruine en toutes façons, le bravant et méprisant sans respect ; comme
l’imprudence d’une folle jeunesse, enflée de la faveur du roi, le poussait
à faire toutes ces insolences, s’étant ligué avec Quelus, Saint-Luc, SaintMaigrin, Gramont 810, Mauléon, Livarrot et quelques autres jeunes gens
que le roi favorisait, qui, suivis de toute la cour, à la façon des courtisans
qui ne suivent que la faveur, entreprenaient toutes choses qui leur venaient en fantaisie. De sorte qu’il ne se passait jour qu’il n’y eût nouvelle
querelle entre eux et Bussy 811. Mais celui-ci étant parti, la persécution ne
cessa pas pour cela, et on connut alors, qu’encore que ses belles qualités
apportassent beaucoup de jalousie à Maugiron et à ces autres jeunes gens
qui étaient près du roi, que la principale cause de leur haine contre Bussy
était qu’il était serviteur du duc; car depuis qu’il fut parti, ils bravent et
morguent le duc avec tant de mépris et si apparemment, que tout le
monde le connaissait. » Lors du mariage de Saint-Luc, le duc d’Alençon
s’étant trouvé au bal, pour complaire au roi, 10 février 1578, « Maugiron
et autres de sa cabale commencèrent à le gausser avec des paroles si
piquantes qu’un moindre que lui s’en fût offensé, l’attaquant de sa laideur
et petite taille 313 ». Les excès de cette arrogance sont pourtant la preuve
de la faveur dont il jouissait auprès du roi et de son autorité à la cour et
dans le cercle des mignons.
« Ce nom de mignon commença, en 1576, à trotter par la bouche
du peuple, auquel il était fort odieux, tant pour leurs façons de faire qui
étaient badines et hautaines, que pour leurs fards et accoutrements effé-
minés et impudiques, mais surtout pour les dons immenses et les libéralités que leur faisait le roi, que le peuple avait opinion être la cause de sa
ruine. Ces beaux mignons portaient leurs cheveux longuets, frisés et
refrisés par artifices, remontant par-dessus leurs petits bonnets de velours,
comme font les p..., et leurs fraises de chemises de toiles d’atour empesées et longues de demi-pied, de façon qu’à voir leur tête dessus leur
fraise, il semblait que ce fût le chef de Saint-Jean dans un plat. Le reste de
leur habillement fait de même; leurs exercices étaient de jouer, blasphé-
mer, sauter, danser, volter, quereller et paillarder, et suivre le roi partout,
ne faire, ne dire rien que pour lui plaire ; peu soucieux, en effet, de Dieu
et de la vertu, se contentant d’être en la bonne grâce de leur maître,
qu’ils craignaient et honoraient plus que Dieu 31*. »
L’intervention de Louis de Maugiron, dans le fameux duel de trois
contre trois, lui a conservé une certaine célébrité. Une querelle, suscitée
au Louvre, par quelques propos échangés, au sujet d’une dame douée de
plus de beauté que de chasteté, entre Quelus 313, mignon du roi, et d’Entragues 316, favori des Guise, en fut la cause futile. « Ils firent complot de
se vouloir battre et de se trouver le lendemain, dimanche matin, à quatre
heures, 27 avril 1578, au parc des Tournelles, près la Bastille de SaintAntoine, avec l’épée et le poignard pour toutes armes, et chacun deux
seconds seulement pour empêcher qu’aucun tort ou supercherie ne fût
fait ni à l’un ni à l’autre. Quelus prit pour les siens Maugiron, non moins
beau que brave gentilhomme, aussi favori du roi, et Livarot ; quant à
Entragues, il choisit Riberac 3,7 et Schomberg 31S, plutôt toutefois pour y
mettre la paix que la guerre. Si bien que se voyant de loin, Riberac
s’avance vers Quelus et, parlant à Maugiron, lui dit : Il me semble que
nous devrions plutôt accorder et rendre amis ces deux gentilshommes
que de les laisser entre tuer. Sur quoi Maugiron, que la Furie Alecton
possédait déjà, répondit en ces termes : Par la mort de Dieu, Riberac, je
ne suis pas venu ici pour enfiler des perles, et résolument je veux me
battre. L’autre, plus modéré, lui répartit : Contre qui te voudrais-tu
battre, Maugiron ? Tu n’as point d'intérêt dans la querelle, et qui plus est,
il n’y a personne ici qui soit ton ennemi. Alors Maugiron, jurant encore
plus fort, réplique : C’est contre toi que je veux me battre. Alors Riberac,
qui était brave gentilhomme et qui ne put endurer l’audace de ce jeune
fou, répondit : A moi! Et soudain, comme l’autre mit l’épée à la main, il
tira aussi la sienne du fourreau et son poignard, et les croisant à terre l’un
sur l’autre, dit à Maugiron : Prions Dieu et nous nous battrons puisque
tu le veux. Et lors, se jetant à genoux, il fit sa prière assez courte, et toutefois trop longue au gré de Maugiron, qui en jurant encore lui dit que
c’était trop prier. Alors Riberac, prenant son épée et son poignard, s’en
alla à Maugiron, et tout d’abord lui enfonce furieusement un coup d’estoc; lequel, se sentant blessé, recule en arrière, le plus vite qu’il peut,
poursuivi toujours par son ennemi, jusqu’à ce que, tombant par terre, et
tendant la pointe de son épée contre l’autre, il mourut. Mais, par malheur,
Riberac pensant qu’il ne tomberait pas si tôt, comme il le poursuivait
avec un grand courage, s’enferra lui-même dans les armes de son ennemi » et trépassa le lendemain.
Pierre de Ronsard, dans ses Épitaphes, a consacré un sonnet à la mémoire de ce jeune et beau courtisan :
La déesse Cyprine avoit conceü des deux,
En ce siècle dernier , un enfant dont la veuë
De fiâmes et d'esclairs estoit si bien pourveuë ,
Qu' Amour, son fils aisné , en devint envieux .
DeSpit contre son frère et jaloux de ses yeux.
Le gauche luy creva, mais sa main fut deceuë ;
Car l’autre qui restoit, d'une lumière aiguë
Perçoit, plus que devant, les hommes et les Dieux.
Il vint , en soupirant , s'en complaindre à sa Mère ;
La Mère s'en moqua ; luy, tout plain de colère
La Parque il supplia de luy donner confort .
La Parque, comme Amour, en devint amoureuse,
Ainsy Maugeron gist, soubs cette tombe ombreuse,
Tout ensemble vaincu d' Amour et de la Mort
sources : Histoire et généalogie de la famille de Maugiron en Viennois, 1257-1767 by Terrebasse, H. (Humbert) de, 1842-1927 https://archive.org/details/histoireetgnalo00terrgoog - Wikipedia - Edition Atlas