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- Catégorie : Guerre de Cent-Ans
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Jean Poton de Xaintrailles, le capitaine fidèle de Charles VII
Jean Poton de Xaintrailles fut l’un des plus illustres capitaines français de la guerre de Cent Ans. Chevalier gascon réputé, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, puis maréchal de France, il se distingua par une fidélité sans faille envers Charles VII et par son rôle majeur dans la reconquête du royaume.
Origines et débuts au service du dauphin
Né à la fin du XIVᵉ siècle — probablement vers 1400 — Jean, dit Poton, de Xaintrailles appartient à la petite noblesse gasconne. Il apparaît pour la première fois dans les sources en 1418, au service du dauphin Charles, futur Charles VII, que les Bourguignons viennent de chasser de Paris. Cette fidélité précoce s’explique par ses attaches à la mouvance armagnaque : dès 1415, il figure déjà dans l’armée de Bernard VII d’Armagnac.
Entre 1418 et 1424, Xaintrailles mène, aux côtés de son compatriote La Hire, diverses opérations de harcèlement et de pillage dans le nord-est du royaume. Installé un temps dans la Thiérache, à Guise, il en est chassé en 1424. Cette même année, après la défaite française à Verneuil, la situation de Charles VII devient critique. Mais le désastre favorise paradoxalement l’ascension de capitaines audacieux, jusque-là secondaires, tels Poton de Xaintrailles, La Hire ou le bâtard d’Orléans.
De Montargis à Patay : la reconquête
Au cœur de la reconquête, Xaintrailles se distingue dans plusieurs actions décisives : la délivrance de Montargis en 1427, la prise du Mans en 1428, puis surtout la défense héroïque d’Orléans (1428-1429). Il participe activement à la levée du siège et commande l’avant-garde à la bataille de Patay, le 18 juin 1429, victoire déterminante pour le redressement du royaume. Le mois suivant, il assiste, aux côtés de La Hire, au sacre de Charles VII à Reims (17 juillet 1429).
Un capitaine du roi
La même année, Xaintrailles devient premier écuyer de corps du roi. En 1430, il combat auprès de Jeanne d’Arc à Compiègne, avant d’être capturé lors de la bataille du Berger (1431). Rapidement libéré, il reprend les armes et poursuit, durant la première moitié des années 1430, ses opérations depuis Beauvais : incursions en Normandie anglaise, raids contre Paris, attaques sur les terres bourguignonnes. À Gerberoy, en 1435, il remporte un succès éclatant en capturant le comte d’Arundel.
Sénéchal de Limousin en 1433, puis bailli de Berry en 1437, Xaintrailles s’affirme comme un homme de confiance du roi. Après la paix d’Arras (1435) entre Charles VII et le duc de Bourgogne, il se consacre un temps à la réorganisation des troupes, notamment celles des Écorcheurs durant l’hiver 1438-1439.
Le maréchal de la reconquête
À partir des années 1440, Xaintrailles retrouve le théâtre des opérations : il joue un rôle actif dans la reconquête de la Normandie et de la Guyenne. En 1449, il participe à la reddition de Rouen, puis à la prise de Caen et Falaise en 1450, avant de s’emparer de Bordeaux en 1451. Ces campagnes, qui marquent la fin effective de la présence anglaise en France, achèvent de consacrer sa carrière.
En 1454, en récompense de ses services, Charles VII le fait maréchal de France. Jean Poton de Xaintrailles meurt à Bordeaux en 1461, quelques mois seulement après son souverain.
Un tandem légendaire : Xaintrailles et La Hire
S’il partage de nombreuses campagnes avec son compatriote La Hire, Poton de Xaintrailles suit une trajectoire propre, marquée par une ascension constante et une reconnaissance officielle. Son parcours illustre la transformation des capitaines gascons, devenus de véritables chefs de guerre au service du pouvoir royal, dans une armée en pleine réorganisation. « Ils n'étaient pour lors que quarante lances, lesquelles n'épargnaient ni leurs corps ni leurs chevaux. C'étaient, pour la plupart, des Gascons qui sont bons chevaucheurs et hardis » selon Jean Froissart
Compagnon de Jeanne d’Arc, serviteur du roi
Son compagnonnage avec Jeanne d’Arc tient autant aux circonstances qu’à un choix personnel : Xaintrailles est avant tout un soldat du roi. La postérité romantique du XIXᵉ siècle fera de lui un « compagnon de Jeanne », mais les chroniques contemporaines laissent transparaître une certaine réserve vis-à-vis de la Pucelle de la part des anciens capitaines, plus aguerris et prudents.
Héritage et postérité
L’histoire a retenu de Poton de Xaintrailles l’image d’un capitaine loyal, modèle de fidélité et d’efficacité militaire. Serviteur dévoué de Charles VII, héros de la reconquête nationale, puis figure légendaire associée à Jeanne d’Arc, il incarne à lui seul la transition entre la chevalerie médiévale et l’armée royale moderne.
Son souvenir demeure, comme celui de ses compagnons d’armes, un symbole durable de courage, de discipline et de dévouement au service de la couronne de France.

Portrait imaginaire de Xaintrailles.
« Le type parfait de l'homme de guerre au XVème siècle »
Jean Poton de Xaintrailles, souvent désigné simplement comme Poton dans les écrits, est né aux alentours de 1400, probablement en Gascogne, une région alors très disputée. Issu d'une famille de petite noblesse en Gascogne, son père était le seigneur de Xaintrailles. Il était également apparenté à l'évêque de Bordeaux, sa mère étant la soeur de l'évêque, et même au pape Guido Vincent V, ce qui souligne son extraction nobiliaire.
Jeune homme fougueux, irascible et d'une bravoure reconnue, Poton commença sa carrière militaire en Gascogne. Il servit d'abord les troupes d'Armagnac dès 1415, puis se rallia, après la prise de Paris par les Bourguignons, au dauphin Charles qui deviendra Charles VII, durant la Guerre de Cent Ans. Sa loyauté envers le dauphin, puis le roi, fut indéfectible.
Chronologie de la carrière de Jean Poton de Xaintrailles
Jean Poton de Xaintrailles (v. 1390 – 1461)
Le personnage de Jean, dit Poton, de Xaintrailles, est indissociable de celui de La Hire. Issu de la petite noblesse gasconne, il naît dans le village de Xaintrailles (Lot-et-Garonne), probablement vers 1400, bien que certaines sources situent sa naissance entre 1390 et 1400 (Vaissette, Histoire générale du Languedoc, t. XII ; Vallet de Viriville, Chronique de Charles VII). Fidèle parmi les fidèles du dauphin, puis roi Charles VII, il se forge une réputation de capitaine audacieux et loyal, compagnon de Jeanne d’Arc, avant d’être élevé à la dignité de maréchal de France en 1454.
Chronologie de la carrière de Jean Poton de Xaintrailles
| Date / Période | Événement principal | Source(s) |
|---|---|---|
| v. 1390 – 1400 | Naissance à Xaintrailles (Lot-et-Garonne). | Vaissette, La Chesnaye-Desbois, Vallet de Viriville |
| 1415 | Figure dans l’armée de Bernard VII d’Armagnac. | Chronique de Monstrelet, t. III |
| 1418 | Se rallie au dauphin Charles après la fuite de Paris ; mentionné comme tenant la place de Guise. | Monstrelet, Juvénal des Ursins |
| Début 1419 | Son frère Pierre de Xaintrailles est capitaine de Coucy ; Poton et La Hire agissent dans la région. | La Trémoille, Mémoires |
| 1419 | Campagnes autour de Soissons et Liesse-Notre-Dame, victoire sur Charles de Longueval et Hector de Saveuses ; commandement conjoint de quarante lances avec La Hire. | Monstrelet, Lobineau |
| Décembre 1419 | Prise de Crépy et du château de Clacy avec La Hire. | Monstrelet |
| 1423 | Campagnes en Picardie et Champagne ; participe à un tournoi à Arras présidé par le duc de Bourgogne. | Juvénal des Ursins |
| Octobre 1423 | S’empare de Ham-sur-Somme « par échelle, par faute de guet ». | Monstrelet |
| 1424 | Ham repris par Jean de Luxembourg ; Xaintrailles se retire sur Guise puis en est délogé. | Monstrelet, Vallet de Viriville |
| 17 août 1424 | Commande les cavaliers lombards (avec La Hire) à la bataille de Verneuil. | Monstrelet, Hardouin de Fontaines-Guérin |
| Fin 1424 | Capturé par Jean de Luxembourg au siège de Wiège-en-Thiérache ; libéré contre rançon et abandon de Guise. | Monstrelet |
| 1425 | Sert sous la bannière du duc de Bourgogne (sans fidélité formelle) ; participe au siège de Braine-le-Comte (Hainaut). | Vaissette, Monstrelet |
| 1425 | Arrêté pour pillages au château de Peruwez, absous et gratifié de 235 livres par le duc. | Archives du Hainaut |
| 13 septembre 1427 | Signe un traité d’alliance à Jargeau avec le comte de Foix. | Vallet de Viriville |
| Octobre 1428 | L’un des premiers défenseurs d’Orléans ; blessé au premier assaut (21 octobre). | Journal du siège d’Orléans |
| 12 février 1429 | Présent à la bataille des Harengs ; protège la retraite française. | Chronique de Perceval de Cagny |
| Février 1429 | Envoyé par les assiégés d’Orléans auprès du duc de Bourgogne pour négocier une trêve (échec). | Journal du siège d’Orléans |
| 8 mai 1429 | Participe à la levée du siège d’Orléans. | Vallet de Viriville, Chronique de la Pucelle |
| 12–18 juin 1429 | Présent à Jargeau, Beaugency et à la bataille Patay ; commande l’avant-garde et capture Lord Talbot. | Monstrelet, Perceval de Cagny |
| 27 juillet 1429 | Devient Premier écuyer de corps et maître de l’écurie du roi (lettres données à Coincy). | Arch. nat., JJ 176, fol. 115 |
| 31 octobre 1430 | Arrive à Compiègne avec l’armée de secours, protège l’entrée des vivres. | Chronique de la Pucelle |
| 30 novembre 1430 | Victoire à Bouchoir contre les Bourguignons ; capture de plusieurs capitaines, dont Thomas Kiriel. | Monstrelet |
| 24 juin 1431 | Pille la ville d’Eu en Normandie. | Monstrelet |
| 12 août 1431 | Participe à la bataille du Berger près de Beauvais ; fait prisonnier. | Monstrelet, Vaissette |
| 1431 (après) | Libéré par échange contre Lord Talbot. | Perceval de Cagny |
| 1433 | Présent dans le Beauvaisis avec La Hire ; nommé sénéchal de Limousin. | Vallet de Viriville, Arch. nat. JJ 177 |
| 9 mai 1435 | Victoire de Gerberoy ; capture et mort du comte d’Arundel. | Monstrelet, Juvénal des Ursins |
| Janvier 1436 | Échec d’une tentative sur Rouen avec La Hire. | Monstrelet |
| Avril–mai 1436 | Prend puis perd Gisors. | Vallet de Viriville |
| Juillet 1436 | Sollicité par Beauvais pour réprimer les courses armées. | Archives de Beauvais |
| 1437 | Nommé bailli de Berry et garde de la tour de Bourges (lettres du 19 août). | Arch. nat., JJ 180 |
| 1437 | Épouse Catherine Brachet, dame de Salignac ; dot de 4 000 écus d’or versée par le roi. | Vallet de Viriville |
| 12 novembre 1437 | Porte le heaume du roi lors de l’entrée solennelle de Charles VII à Paris. | Juvénal des Ursins |
| 8 août 1438 | En mission politique à Toulouse. | Vaissette |
| 1438–1439 | Rencontre Rodrigue de Villandrando en Languedoc ; campagne en Roussillon. | Monstrelet |
| 1441 | Cède la place de Château-Thierry au dauphin Louis contre 6 000 écus ; siège de Pontoise (juin–septembre). | Vallet de Viriville |
| Août 1444 | En campagne contre les Trois-Évêchés (Metz, Toul, Verdun). | Monstrelet |
| 31 mars 1450 | Reçoit du roi la ville et seigneurie de Tonneins. | Arch. nat., JJ 191 |
| Juin 1451 | Reçoit la soumission des Bordelais avec Dunois ; reçoit la terre de Saint-Macaire. | Vallet de Viriville |
| 1453 | Capturé à Bordeaux par Talbot ; rançon payée par Charles VII. | Monstrelet, Chronique de Chartier |
| 1er avril 1454 | Nommé maréchal de France ; succède à Jalogne. | Vallet de Viriville, Arch. nat., JJ 192 |
| 30 octobre 1459 | Gouverneur de Bordeaux. | Arch. nat., JJ 195 |
| 7 octobre 1461 | Décès à Bordeaux, au château Trompette ; inhumé à Nérac selon son testament. | Vallet de Viriville, Vaissette |
Jeunesse et formation chevaleresque
Né probablement vers 1390 -1400 à Xaintrailles ( incertain mais très probable ), en Gascogne, dans une famille de petite noblesse, Poton se forma probablement très tôt à l’art de la guerre.
Pierre Poton, le frère aîné de Xaintrailles, était capitaine du château de Coucy. Il y a fait emprisonner des partisans du duc de Bourgogne capturés par La Hire et son frère. Parmi eux se trouvaient les seigneurs de Maucourt, de Bournonville et d'Humereuilles.
Fortifications et Château de Coucy
La captivité du duc d’Orléans n’empêcha pas le duc de Bourgogne de poursuivre ses hostilités contre les vassaux de ce prince. Plusieurs seigneurs fidèles à la cause bourguignonne — Maucourt, Bournonville, Humereuilles et d’autres — étaient alors détenus au château de Coucy, placé sous le commandement de Pierre de Xaintrailles, gentilhomme gascon.
Les agents du duc de Bourgogne parvinrent à corrompre deux domestiques du gouverneur, ainsi qu’une femme de chambre éprise d’un des prisonniers. Une nuit de février 1419, cette dernière s’introduisit dans la chambre de son maître endormi, subtilisa les clefs de la grosse tour dissimulées sous son chevet, et ouvrit la porte aux captifs. Sitôt libres, ceux-ci, accompagnés des domestiques complices, se précipitèrent dans l’appartement du gouverneur, qu’ils assassinèrent avec son valet de chambre. Ils égorgèrent ensuite les sentinelles et les hommes dévoués au duc d’Orléans, libérèrent tous les prisonniers et crièrent « Vive Bourgogne ! ». Dans le même temps, un détachement bourguignon, embusqué dans la vallée, pénétra dans la forteresse.
Étienne Vignolles, connu plus tard sous le nom de La Hire, commandait alors la garnison de la ville. Informé de la prise du château, il accourut avec ses troupes jusqu’au pont de la forteresse, espérant en reprendre le contrôle. Mais Humereuilles, posté sur la plate-forme de la grosse tour, fit pleuvoir sur lui et ses hommes une telle quantité de pierres que La Hire, voyant tomber inutilement de nombreux soldats, dut se replier dans la ville et attendre le jour. Constatant bientôt qu’il lui était impossible de tenir avec une garnison trop faible, il fit exécuter soixante prisonniers placés sous sa garde, puis se retira avec ses troupes vers Guise.
Les chevaliers bourguignons appelèrent alors à l’aide Jean de Luxembourg, comte de Ligny. Mais avant de lui ouvrir les portes de Coucy, ils exigèrent qu’il leur laissât la propriété de tout ce qui s’y trouvait. Envoyé à la rencontre du comte, Maucourt n’osa pas lui exposer cette condition. Lorsque Luxembourg arriva devant le château et trouva les portes closes, il soupçonna une trahison. Il fit aussitôt arrêter Maucourt et menaça de le faire exécuter. Effrayés, les gentilshommes ouvrirent les portes. Le comte pardonna à tous et prit officiellement possession de la forteresse, où il plaça une garnison.
Peu après, La Hire, réuni à Pothon de Xaintrailles, avide de venger la mort de son frère, marcha de nouveau sur Coucy et réussit à reprendre la place. Le duc de Bourgogne, conscient de l’importance stratégique de la forteresse, envoya aussitôt des renforts. Son armée fut repoussée, et l’un de ses plus redoutés capitaines, Tabary le Boiteux, chef d’une bande de paysans à sa solde, fut tué devant les murailles.
La même année, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur — dont l’audace lui avait valu ce surnom, et qui, pour servir ses desseins, avait ouvert la France aux Anglais — trouva lui-même la mort. Il fut assassiné sur le pont de Montereau, alors qu’il paraissait disposé à se réconcilier avec le dauphin et à unir ses forces aux siennes contre le roi d’Angleterre, dont les conquêtes menaçaient désormais la monarchie.
Coucy demeura sous la domination des Orléanais jusqu’en 1423, date à laquelle la place fut assiégée et prise par les Anglais, maîtres de tout le nord du royaume. source : HISTOIRE DE LA VILLE ET DES SIRES DE COUCY PAR M. LE Cher E. DE L’EPINOIS
Deux domestiques de Pierre Poton ont trahi leur maître. Ils ont libéré les prisonniers et leur ont ouvert les portes du château. Aux cris de "Vive Bourgogne !", les Bourguignons ont massacré les gardes, les portiers, Pierre Poton et tous les soldats du Dauphin qu'ils ont croisés.
Quant à Jean Poton, il était le vassal du comte d'Armagnac. C'est pour cette raison qu'il s'est mis à son service dès qu'il fut en âge de combattre. L'allégeance de La Hire (de la famille des Vignoles) et de Xaintrailles au parti des Armagnacs explique leur engagement. Leurs familles étaient en effet liées par des relations de vassalité aux puissantes maisons d'Albret et des comtes d'Armagnac.
Cette connexion est prouvée par le fait que les deux capitaines figuraient déjà dans l'armée de Bernard VII d’Armagnac en 1415, lors d'une campagne militaire contre le comte de Foix. (1)
À partir de 1418, leur rôle dans la lutte contre l'alliance anglo-bourguignonne est jugé essentiel par les chroniqueurs de l'époque. Le Héraut Berry écrit qu'ils ont accompli de grands faits d'armes dans le royaume, tandis que la Cronique Martiniane rapporte qu'ils ont rendu au royaume de France de « grands et louables services ».( pour le Héraut Berry, ils « ont fait depuis grans
exercices et faiz de gens d’armes par le royaume de France tant que la guerre y a duré » et la Cronique Martiniane dit qu’ils « ont fait au royaume de France plusieurs grans et louables services »(1 )
La Hire, Poton de Xaintrailles et d'autres capitaines du Dauphiné continuent de harceler l'armée bourguignonne dirigée par Jean de Luxembourg en Picardie. Celle-ci est alors cantonnée à Montdidier. Les soldats du Dauphiné, partis de Guise et de ses environs, rejoignent la garnison de Compiègne et avancent jusqu'à Montdidier. En octobre 1419, les Dauphinois, commandés par La Hire et Xaintrailles, s'emparent de la ville de Coucy où le frère de Poton fut exécuté par trahison.
En dehors des champs de bataille, il participa régulièrement à des tournois, où il montra une grande habileté et un panache reconnu par ses contemporains. Ces affrontements, bien que rudes, se concluaient rarement par des blessures graves, et se terminaient souvent dans la convivialité, les combattants partageant une boisson après les joutes.
La campagne militaire de La Hire et de Xaintrailles en 1419 leur a permis de s'emparer de Crépy-en-Laonnois et du château de Clacy, consolidant ainsi leur emprise sur le Laonnois et le Vermandois.
Siège de Crépy-en-Laonnois (1420) ( aujourd'hui Crépy en Valois )
En février 1420, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, se rend à Péronne, puis à Saint-Quentin. Les habitants de Saint-Quentin et de Laon le sollicitent alors pour assiéger Crépy, dont la garnison « gastoit et destruisoit le pays d'environ ». Le duc accepte et envoie une avant-garde sous le commandement de Jean de Luxembourg, Hector et Philippe de Saveuse, qui s'établit à Crécy-sur-Serre.
Le duc de Bourgogne, accompagné de deux maréchaux de France et de nombreux seigneurs picards, décide de diriger personnellement le siège, ce qui marque ses premières armes. La garnison de Crépy, forte d'environ 500 combattants, est défendue avec vigueur par La Hire, Xaintrailles et Dandonnet. Les Bourguignons installent des engins de siège pour attaquer les portes et les murailles. Après quinze jours de siège, les défenseurs se rendent. La Hire, Xaintrailles et leurs hommes obtiennent la vie sauve et se retirent vers Soissons.
Crépy est pillée et démantelée par les Bourguignons. Mais Xaintrailles, assoiffé de vengeance après la mort de son frère, s'unit à La Hire pour reconquérir Coucy.
Le duc de Bourgogne envoie rapidement des troupes pour reprendre la place, mais elles sont repoussées. Tabary le Boiteux, un brigand célèbre qui dirigeait une bande de paysans pour le duc, est tué lors de cet affrontement.
L'influence de Jacques d'Harcourt, lieutenant du Dauphin en Normandie, a été déterminante pour l'occupation du Ponthieu et du Vimeu par les forces dauphinoises. En juillet 1421, il a fait appel à Xaintrailles et à Guy de Nesle d'Offemont, qui sont arrivés avec un contingent de 1 200 à 1 500 cavaliers, majoritairement issus de la garnison de Compiègne. Ils ont traversé la Somme au gué de Blanquetaque de nuit et ont surpris la ville de Saint-Riquier, la prenant sans combat.
Courses et affrontements
Une fois maîtres de Saint-Riquier, Xaintrailles, Jacques d'Harcourt et Guy d'Offemont se sont livrés à des raids continuels dans le Ponthieu. Ils ont étendu leurs ravages jusqu'à la Canche, pillant les villages et s'emparant de Conchy. Xaintrailles a ensuite avancé jusqu'à l'Authie et a pris le château de Dourier, où il a établi une garnison.
En août 1421, alors que l'armée de secours dauphinoise arrive, Xaintrailles quitte Saint-Riquier de nuit avec onze hommes d'armes d'élite. Il traverse la Somme à la nage pour rejoindre l'avant-garde. Il la mène au gué de Blanquetaque. Alors que 500 hommes ont déjà traversé, le duc de Bourgogne se présente avec toute sa cavalerie, coupant le passage au reste des troupes. Xaintrailles se distingue par sa bravoure lors de la bataille qui s'ensuit à Mons-en-Vimeu. Il mène une charge impétueuse qui met en déroute le centre de l'armée bourguignonne. Cependant, après la bataille, il est fait prisonnier par le duc de Bourgogne en personne.
La reconquête de Saint-Riquier (juillet 1421)
Profitant du départ du roi d'Angleterre, Jacques d'Harcourt se lance à la conquête de Saint-Riquier. Au mois de juillet 1421, il est rejoint par Xaintrailles et Guy de Nesle, seigneurs d'Offemont, à la tête de 1200 à 1500 cavaliers. L'armée du Dauphin traverse la Somme à gué à Blanquetaque de nuit et prend la ville de Saint-Riquier par surprise. Les forteresses voisines de la Ferté et de Drugy tombent également. À la suite de cette victoire, les Dauphinois ravagent la région jusqu'à la Canche, s'emparent de Conchy et de Dourier, menaçant ainsi Abbeville et Amiens. La prise de Saint-Riquier établit une solide base pour les Dauphinois dans la région.
Captivités et libérations
Xaintrailles est libéré en novembre 1421. Le duc de Bourgogne, impressionné par sa valeur, le comble de présents, dont une armure et un cheval, et lui donne 500 écus d'or. En échange de sa liberté et de celle de ses compagnons, il accepte de livrer Saint-Riquier aux Bourguignons.
En 1422, Xaintrailles rassemble entre 800 et 1000 combattants à Compiègne pour secourir les garnisons d'Airaines. Ils avancent jusqu'à Pierrepont. Lors d'une escarmouche contre les Bourguignons, les troupes de Xaintrailles parviennent à rallier leurs rangs et à reprendre leurs prisonniers, mais leur offensive est stoppée.
La bataille de Mons-en-Vimeu (30 août 1421)
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, furieux de cette situation, quitte Croissy et se rend à Amiens. Après avoir obtenu des vivres et des munitions, il envoie Jean de Luxembourg en reconnaissance vers Saint-Riquier. Le duc arrive lui-même avec son armée à Pont-Remy, qu'il prend après six jours de siège le 27 juillet 1421. Après avoir détruit les châteaux de Mareuil et d'Eaucourt, le duc se rend à Abbeville. Le 28 ou 29 juillet, il part pour Saint-Riquier avec six mille hommes et met le siège devant la ville le 31 juillet.
Jacques d'Harcourt, qui a un plan de bataille bien organisé, demande l'aide des garnisons de Champagne et de Compiègne. L'armée de secours, forte de 1500 à 1600 lances, est dirigée par La Hire et se réunit à Soissons et Compiègne. Informé de leur arrivée grâce à ses espions, le duc de Bourgogne lève le siège de Saint-Riquier dans la nuit du 29 août. Le 30 août, il se dirige vers Abbeville pour intercepter les renforts. Il surprend les Dauphinois près de Saigneville.
L'armée de La Hire, dont l'avant-garde est dirigée par Xaintrailles, est prise de court. Bien que La Hire, blessé, ne participe pas au combat, Xaintrailles, qui a rejoint le détachement, mène une attaque audacieuse. La bataille de Mons-en-Vimeu, le 30 août 1421, se termine par la défaite des Dauphinois, avec environ 400 morts et 120 prisonniers, dont Xaintrailles.

La Hire et Xaintrailles formaient un duo de capitaines presque indissociable. Cette association s'explique non seulement par leurs origines gasconnes communes, mais surtout par leurs débuts militaires où ils commandaient conjointement des compagnies de routiers. Bien que la nature exacte de leur relation personnelle nous échappe, leur long parcours commun suggère un lien de fraternité et de confiance très fort.
Plus tard, le comte de Dunois est devenu leur principal compagnon d'armes et surtout leur chef, probablement au début de par son statut : fils du duc d'Orléans et cousin de Charles VII, mais aussi en partie par son comportement au combat. C'est ensemble que ce trio de capitaines a connu les premières victoires et défaites qui ont marqué la reconquête du royaume.
Duel d'Arras et bataille de Verneuil
En 1423, alors qu'il est en garnison à Guise, Xaintrailles participe à un tournoi solennel à Arras contre Lionel de Vandamne, présidé par le duc de Bourgogne. Le combat, qui dure deux jours, se solde par un succès indécis.
En juillet 1423, à la bataille de Cravant, Xaintrailles est de nouveau capturé. Cependant, il est libéré peu de temps après, le 17 août, grâce à un échange de prisonniers suite à la victoire des Français à Bussière.
Le 3 octobre 1423, il s'empare de la ville de Ham-sur-Somme. Huit jours plus tard, Jean de Luxembourg la reprend. Xaintrailles se replie sur Guise. C'est lors d'un siège ultérieur que Xaintrailles est de nouveau fait prisonnier par Jean de Luxembourg, qui l'a attiré dans un piège. Il est libéré après avoir payé une rançon et accepté de livrer la ville de Guise.
La Bataille de Verneuil, un tournant décisif
À la bataille de Verneuil en 1424, Xaintrailles et La Hire commandent l'une des ailes de l'armée française, composée principalement de Lombards. Leur charge initiale est un succès, mais ils s'éloignent en poursuivant les fuyards, les Lombards fuient en définitive ce qui va affaiblire le reste de l'armée française qui est lourdement défaite. Xaintrailles doit son salut à la vitesse de son cheval.
Apèrs ce désaste, qui ne leurs sont pas imputés, La Hire et Poton de Xaintrailles voient leur importance grandir considérablement au sein de l'armée royale. Cette promotion résulte de deux changements majeurs provoqués par la défaite.
1 ) Un vide de commandement, il faut donc remplacer au pied levé !
Le premier changement est lié à la situation critique de l'armée française. La défaite de Verneuil fut une hécatombe, anéantissant une grande partie du commandement. Face à ce désastre, le roi Charles VII n'eut d'autre choix que de promouvoir des capitaines qui n'avaient jusqu'alors joué qu'un rôle secondaire. C'est ainsi que Jean, le bâtard d’Orléans, ainsi que La Hire et Poton de Xaintrailles, furent propulsés au premier plan.
Signe de cette nouvelle stature, la compagnie de La Hire vit ses effectifs augmenter. Des soldats dont les chefs avaient été tués à Verneuil, comme Antoine de Chabannes et Jean V de Bueil, un tourangeau ( sa famille est originaire de Pocé-sur-Cisse ) qui deviendra un redouté combattant ( voir Bataille de Patay et Bataille de Castillon ), rejoignirent son service, attirés par sa réputation de capitaine capable de leur assurer solde et renommée.
Cette fois-ci on ne cherche plus vraiment des nobles de haute noblesse mais surtout des hommes de guerres efficaces.
2 ) Un nouveau théâtre d'opérations
Le second changement concerne le déplacement des opérations militaires. La Hire et Xaintrailles quittent le nord-est du royaume pour se concentrer sur une zone devenue stratégique : la Beauce et le Maine. Cette région était le principal front entre les Anglais basés en Normandie et les forces françaises du "royaume de Bourges".
Désormais souvent sous les ordres du jean de dunois, ils y remportent plusieurs succès décisifs :
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La prise de La Ferté-Bernard.
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La libération de Montargis, assiégée par les Anglais en 1427.
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La prise du Mans en 1428.
Collaboration avec Jeanne d'Arc et derniers combats
En 1427, Xaintrailles signe un traité d'alliance avec le comte de Foix pour soutenir la cause des fils de Louis d'Orléans. Il se démarque avec La Hire et Dunois au siège de Montargis.
En 1428, il participe à la levée du siège d'Orléans, où il est blessé. Avec La Hire, il mène plusieurs sorties contre les Anglais. Il est notamment l'un des commandants de l'arrière-garde à la bataille des Harengs, le 12 février 1429.
L’année 1429 : la rencontre avec Jeanne d’Arc
L’année 1429 constitua un tournant majeur. Au printemps, alors que Jeanne d’Arc rejoignait le dauphin Charles, Poton fut parmi les premiers capitaines à rallier sa cause, aux côtés d’Étienne de Vignolles, dit La Hire, et de Gilles de Rais. En 1429, il est nommé premier écuyer de corps.
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29 avril – 8 mai 1429 : il participa à la levée du siège d’Orléans, première grande victoire française.
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10 juin 1429 : il combattit au siège de Jargeau.
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18 juin 1429 : il fut présent à la bataille de Patay, où l’armée française remporta un succès décisif contre les Anglais.
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17 juillet 1429 : il accompagna Jeanne à Reims pour le sacre de Charles VII, portant fièrement l’étendard royal. C’est à cette occasion qu’il fut anobli, à l’instar de plusieurs compagnons de la Pucelle.
- 14-16 aoît 1429 : il est présent lors de la bataille de Montépilloy.
- En 1430, il participe avec Jeanne d'Arc à une sortie contre les Anglais à Pont-l'Évêque, et les deux hommes échappent de justesse à la capture.
- En mai 1430, il est présent au siège de Compiègne où Jeanne d'Arc se fait capturer.
- Il participe à la bataille du Bergers un an plus tard.
Après il reste en Champagne où ses troupes se livrent à des pillages.
Après la capture de Jeanne d’Arc (1430–1431)
Lorsque Jeanne d’Arc fut capturée à Compiègne en mai 1430 puis exécutée à Rouen en mai 1431, Poton demeura fidèle à Charles VII.
Les campagnes de reconquête (1430–1453)
Au cours des décennies suivantes, Poton de Xaintrailles se distingua dans plusieurs théâtres d’opérations :
La carrière de Poton de Xaintrailles alterne entre les honneurs de la cour, les champs de bataille et les hautes responsabilités administratives.
L'année suivante, en mai 1430, il combat aux côtés de Jeanne d’Arc à Compiègne. Cependant, en 1431, il est capturé lors de la bataille du Berger.
En 1431, après un combat près de Beauvais, à la bataille du Berger, il est capturé (avec la Hire ) et conduit à Rouen. Il est échangé contre Lord Talbot, qu'il avait fait prisonnier à Patay, et retrouve sa liberté.
Après sa libération, il assume d'importantes fonctions pour le royaume : il est d'abord nommé sénéchal de Limousin en 1433, un poste qu'il occupe pendant quatre ans, avant d'être promu bailli de Berry en 1437.
En 1435, il participe aux côtés de La Hire à l'expédition qui a conduit à la victoire de Gerberoy, où le comte d'Arundel est mortellement blessé.
1435 le traité d'Arras
Le traité d'Arras a pour effet pour certains capitaines un appauvrissement des opérations militaires et donc un aspect financier non négligeable.La même année, il prend part à une inqualifiable expédition de pillage en Artois au mépris de la trêve d'Arras, retenons néanmoins qu'ils pillaient les territoires sous domination anglaise ou anglo-bourguignonnes en évitant les territoires sous protection de Charles VII.
D'une manière générale la seconde moitié des années 1430 marque une accalmie dans l'activité militaire de La Hire et Xaintrailles. La raison principale est la signature du traité d'Arras en 1435, qui met fin au conflit entre le roi de France et le duc de Bourgogne. Cette paix, combinée à la reprise de Paris en 1436, réduit le nombre de batailles et prive les capitaines de leurs cibles de pillage habituelles.
Cette situation crée un nouveau problème : la gestion des nombreuses troupes de soldats sans solde, les "Écorcheurs", qui se tournent vers le pillage pour survivre. Pour les contrôler, Charles VII ordonne à ses capitaines de les affronter directement, comme il le demande à La Hire en 1438, ou d'en prendre le commandement, ce que firent La Hire et Xaintrailles durant l'hiver 1438-1439.

La reprise des offensives et les dernières années
Au début des années 1440, les hostilités contre les Anglais reprennent en Normandie et en Aquitaine. La Hire et Xaintrailles participent à toutes les opérations d'envergure. La Hire meurt en 1443 durant le siège de Montauban.
Poton de Xaintrailles, de son côté, partage son temps entre la guerre et les joutes, ce qui lui permet de conserver une position privilégiée à la cour, notamment après les trêves de 1444 qui raréfient les batailles.
Xaintrailles, artisan de la victoire finale
Grâce à ses talents militaires et à sa position à la cour, Xaintrailles devient l'un des chefs d'armée les plus respectés.
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En 1445, lors de la réforme de l'armée, il est nommé capitaine d'ordonnance, une fonction qu'il gardera jusqu'à sa mort.
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À partir de 1449, il est l'un des principaux acteurs de la reconquête de la Normandie, négociant la reddition de Rouen sous les ordres de Dunois, cette année-là, avant de prendre Caen et Falaise en 1450.
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Il joue ensuite un rôle clé dans la reconquête de la Guyenne, négociant sous les ordres de Dunois la reddition de Bordeaux en 1451.
Son engagement sans faille est finalement récompensé par le titre de maréchal de France en 1454. Il meurt à Bordeaux en 1461, quelques mois après le roi Charles VII. En conclusion, les carrières de La Hire et de Xaintrailles furent étroitement liées à la politique et aux campagnes militaires menées par le roi.
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Dans les années 1430-1440, il mena des actions militaires en Normandie et en Guyenne, contribuant à affaiblir l’emprise anglaise.
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1449–1450 : il participa à la campagne de Normandie, qui culmina avec la victoire française à Formigny (15 avril 1450) et la reprise de Caen (juillet 1450).
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1451–1453 : il fut engagé dans la campagne de Guyenne. En 1451, Bordeaux fut prise le comte de Dunois, mais la ville se souleva l’année suivante. Poton prit peut-être part à la bataille de Castillon (17 juillet 1453), première grande victoire de l’artillerie française, mais il est surtout présent lors de la capitulation de Bordeaux en octobre 1453, qui scella la fin effective de la Guerre de Cent Ans.
Maréchal de France et gouverneur (1454–1461)
En reconnaissance de ses services, Charles VII nomma Poton de Xaintrailles maréchal de France en 1454. Revenu dans sa ville natale, il entreprit la reconstruction du château familial et exerça des responsabilités de gouverneur militaire dans sa région.

Château de Xaintrailles en 3D inspiré d'une gravure de Viollet le Duc.
Il accumula titres et charges :
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seigneur de Xaintrailles, d’Ambrus et de Tonneins,
-
bailli du Berry,
-
sénéchal des Bordelais et du Limousin.
Ces fonctions témoignent de son influence grandissante et de sa richesse à la fin de sa vie.
Fonctions et mort
En 1437, Xaintrailles est nommé premier écuyer d'écurie du roi. Il participe à l'entrée solennelle de Charles VII à Paris, portant le heaume du souverain. La même année, il devient bailli de Berry.
En 1449, il prend part à la campagne de Normandie, participant aux sièges d'Harcourt, Rouen, Bellême, Lisieux, Caen et Falaise.
En 1451, il est nommé sénéchal du Limousin.
En 1453, il participe à la victoire de Castillon, la bataille finale de la guerre de Cent Ans, où Talbot est tué.
Le 1er avril 1454, Xaintrailles est nommé Maréchal de France. Il devient également gouverneur de Bordeaux en 1459.
Jeanne d'Arc et Xaintrailles
Un fait notable et surprenant est l'absence de Poton de Xaintrailles lors du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc. Alors que d'autres grands capitaines comme Dunois ont été appelés à témoigner, Xaintrailles, lui, n'a pas été convoqué ( en tout cas on en a pas connaissance ). Quant à La Hire, décédé quelques années auparavant à Montauban, il est impossible de savoir s'il y aurait participé.
Cette absence soulève plusieurs questions et hypothèses :
Une relation initialement tendue ?
Au début du siège d'Orléans, Xaintrailles et son compagnon La Hire étaient très réticents à l'idée de servir sous les ordres de la Pucelle, au point qu'ils tenter même de lui cacher certaines interventions.
De son côté, Jeanne d'Arc elle-même ne mentionne jamais Xaintrailles lors de son propre procès à Rouen. C'est un détail frappant, car il était pourtant à ses côtés à Orléans, au sacre de Reims et lors de sa capture à Compiègne. Cet indice reste toutefois à nuancer, car le procès de Jeanne fut entièrement manipulé, et on ignore si elle a eu l'occasion ou le besoin de le nommer.
Dans l'ombre de La Hire ?
Une autre explication est que Xaintrailles, bien qu'il soit devenu Maréchal de France, a souvent été perçu comme le second de La Hire. Les chroniqueurs de l'époque ont davantage mis en lumière son compagnon, le présentant souvent comme le leader du duo. Il est possible que les organisateurs du procès l'aient simplement jugé moins pertinent.
Un témoignage potentiellement gênant ?
En définitive, bien qu'aucune certitude ne soit possible, l'absence de Xaintrailles suggère fortement que son témoignage n'allait pas dans le sens souhaité. Son récit contenait peut-être des nuances ou des détails considérés comme défavorables à l'objectif du procès, qui était de réhabiliter Jeanne sans la moindre ambiguïté.
Mort et héritage (1461)
Jean Poton de Xaintrailles mourut le 7 octobre 1461, quelques mois après la mort de Charles VII (22 juillet 1461). Resté sans descendance, il légua ses domaines à sa nièce, Béatrice de Pardailhan, dont les héritiers conservèrent la seigneurie de Xaintrailles jusqu’au règne d’Henri IV.
Postérité
Considéré comme l’un des plus grands capitaines de la Guerre de Cent Ans, Poton de Xaintrailles incarne le modèle du chevalier fidèle, courageux et dévoué. Compagnon de Jeanne d’Arc, plus par nécessité et ordre que par volonté manifestement, maréchal de France, artisan de la victoire française, il symbolise l’idéal du gentilhomme-guerrier au service du roi et du royaume.
Sources et bibliographie
- Jean Alexandre C. Buchon, Chronique de la Pucelle ou Chronique de Cousinot, Paris, 1824.
- Jean Chartier, Chronique de Charles VII, Société de l’Histoire de France, 1858–1863.
- Enguerrand de Monstrelet, Chroniques, éd. Douët d’Arcq, Paris, 1857–1862.
- Jean Juvénal des Ursins, Histoire de Charles VI, Paris, 1841.
- Vallet de Viriville, Chronique de Charles VII, Paris, 1858.
- Dom Claude Devic et Dom r5xdeph Vaissette, Histoire générale du Languedoc, t. XII, Paris, 1875.
- Perceval de Cagny, Chronique (éd. Société de l’Histoire de France), Paris, 1868.
- Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, 1856.
- La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, t. XXI, Paris, 1781.
- Hardouin de Fontaines-Guérin, Journal du siège d’Orléans, éd. Quicherat, Paris, 1841.
- Jean du Clercq, Mémoires, Paris, 1835.
- Archives nationales, série JJ (Registres du Trésor des chartes).
- Textes au château de Xaintrailles,
- Esquisses militaires de la guerre de cent ans, par A. Ledieu,...
- La Hire et Xaintrailles. Les Flavy - J. Lefort (Lille),
- Jean Froissart
- Christophe Furon
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Une histoire frappée dans le métal : la fabuleuse aventure de la monnaie
Dans une société médiévale où la monnaie incarne à la fois le pouvoir du souverain et la stabilité des échanges, toucher à son intégrité revient à défier l’ordre établi. Chaque pièce frappée porte l’image et l’autorité du prince ou du roi, garant de sa valeur. Dans un monde encore largement dominé par les trocs locaux, la confiance dans la monnaie devient essentielle pour les transactions à longue distance, le paiement des impôts ou la solde des armées. Ainsi, falsifier la monnaie, ce n’est pas seulement voler ; c’est s’en prendre à l’équilibre même du royaume, à la foi collective dans l’autorité. D’où la brutalité des châtiments : ils ne visent pas seulement à punir, mais à dissuader, à faire exemple, en rappelant que seule l’autorité légitime peut battre monnaie.
Bien avant de devenir un simple outil d’échange, un symbole national ou un objet de spéculation, la pièce de monnaie fut d’abord une matière brute, un disque épais de métal, façonné à la main, gravé avec soin, fruit d’un savoir-faire millénaire. Chaque pièce raconte une histoire, celle d’une époque, d’un pouvoir, d’une technique.
Les débuts : frapper la monnaie à la force du bras
Au Moyen Âge, tout commence dans l’ombre d’un atelier, dans l’odeur du métal fondu et le martèlement régulier du fer sur l’enclume. Le métal, qu’il s’agisse d’or, d’argent ou d’un alliage plus modeste, est d’abord fondu, coulé en lingots ou en longues barres. On y taille ensuite de petites rondelles, appelées flans, soigneusement pesées, car le poids de chaque pièce doit être rigoureusement contrôlé. On mesure alors la valeur d’une monnaie au nombre que l’on peut tirer d’un marc de métal.
Puis vient l’étape spectaculaire : la frappe au marteau. Le flan est posé sur un coin de pile, bloc de métal gravé, fiché dans un billot de bois. Un second coin, tenu à la main — le coin de trousseau — est placé au-dessus. Le monnayeur, souvent assis, ajuste le tout, prend son souffle, et abat violemment le marteau. Une, deux, parfois trois fois pour que l’empreinte prenne bien. Et voilà : d’un coup sec, l’image du prince, la croix, les lettres gothiques surgissent dans le métal. Mais gare aux erreurs : un flan mal centré, un glissement, et la monnaie est tréflée, marquée plusieurs fois. Certains flans trop fins se fendent, d’autres trop petits perdent une partie de la légende. Le geste est précis, l’effort constant, le métier rude.
La mécanique s’invite à l’atelier
Au XVIe siècle, l’Europe entre en mutation. Les souverains veulent des monnaies plus régulières, plus difficiles à falsifier. L’heure est aux machines. À Paris, en 1551, dans un petit jardin sur l’île de la Cité, un moulin commence à faire tourner une révolution discrète : le moulin des Étuves. Grâce à l’ingénieur Aubin Ollivier, la France adopte peu à peu la frappe au balancier, une presse mécanique venue d’Allemagne. Le balancier, actionné par deux grandes barres armées de lourdes boules de plomb, peut frapper jusqu’à trente pièces à la minute. Une prouesse, mais au prix d’un labeur exténuant : deux équipes de quatre hommes se relaient sans cesse.
Dans ce nouveau système, les flans sont découpés avec précision grâce au coupoir et amincis par le laminoir, sorte de rouleau géant mû par un moulin hydraulique. Finis les bords irréguliers, finis les rognages. Mieux encore : une virole, sorte de bague métallique, maintient désormais le flan en place pendant la frappe, assurant une régularité inédite.
Mais le progrès a ses ennemis : les artisans du marteau, jaloux de leur savoir-faire et de leur monopole, s’opposent farouchement à ces machines. Trop coûteuses, trop complexes. Les moulins ferment, et la frappe mécanique recule… pour un temps.
La révolution industrielle frappe fort
Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour qu’un nouveau souffle transforme à jamais la fabrication de la monnaie. À Birmingham, en Angleterre, deux industriels visionnaires, James Watt et Matthew Boulton, unissent la vapeur et le métal. Leurs machines, silencieuses et puissantes, frappent cent pièces par minute avec une régularité inégalée. Après des années à produire jetons et monnaies de nécessité, Boulton obtient enfin, en 1797, le droit de frapper la monnaie royale. Londres, puis Saint-Pétersbourg, Copenhague, l’Europe entière adopte ces presses.
Mais la technique évolue encore. Dans la première moitié du XIXe siècle, l’Allemand Uhlhorn conçoit une presse encore plus fiable, plus douce pour les coins, offrant une qualité de frappe remarquable. En 1845, Thonnelier introduit une version française de cette machine à Paris. La mécanique prend définitivement le pas sur le geste humain.
De la vapeur à l’électron : la frappe moderne
Aujourd’hui, dans les ateliers ultra-modernes comme celui de Pessac, la fabrication des monnaies n’a presque plus rien de manuel. Des bobines de métal sont découpées à la presse, les flans recuits dans des fours, parfois galvanisés par électrolyse. Des caméras repèrent les défauts, les presses frappent jusqu’à 800 pièces à la minute. Le comptage, le tri, tout est automatisé.
Et pourtant, malgré cette modernité, un espace demeure où la main de l’homme reste reine : la création. Les graveurs, véritables artistes, dessinent encore les visages, les symboles, les détails infimes qui feront d’un simple disque de métal un objet d’art et d’histoire. Aidés par l’informatique et l’optique de précision, ils perpétuent une tradition vieille de plus de deux mille ans.
Les Faussaires de Monnaie
À la fin du Moyen Âge, les faussaires s’activent dans l’ombre, rusant avec les lois pour manipuler la monnaie. Certains rognent les pièces précieuses, grattant l’argent ou l’or jusqu’à les vider de leur valeur. D’autres frappent eux-mêmes des monnaies illégales, mal calibrées, ne respectant ni poids ni effigie. Il y a aussi ceux qui introduisent discrètement des devises étrangères pour contourner les règles. Face à ces pratiques, les autorités réagissent avec une sévérité croissante. Dès le XIIIe siècle, à mesure que l’État se renforce, les peines deviennent exemplaires : lourdes amendes, mutilations, et pour les cas jugés les plus graves, une mort terrible — plongé vivant dans un « chaudron de justice ». Ce supplice, à la fois châtiment et spectacle, est consigné dans les coutumes de régions comme le Beauvaisis, la Bretagne ou Toulouse. On le retrouve même illustré dans des manuscrits enluminés, tel le cartulaire commandé par le notable Pierre de Seilh, témoin silencieux d’un monde où frapper de la fausse monnaie pouvait coûter bien plus que quelques pièces.
sources principales : https://essentiels.bnf.fr/
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Signature du traité de Brétigny : un tournant dans la guerre de Cent Ans
Le traité de Brétigny, ( Brétigny-lez-Chartres ), signé le 8 mai entre Édouard, prince de Galles, au nom du roi d’Angleterre, et Charles, duc de Normandie, au nom de Jean, roi de France. C'est un moment clé dans la longue et complexe Guerre de Cent Ans qui opposa la France et l'Angleterre. Considéré comme une tentative majeure de rétablir la paix après plus de vingt ans de conflits sanglants, cet accord offrait un répit temporaire dans une guerre qui durera encore près d'un siècle. Négocié à Brétigny, près de Chartres, et ratifié à Calais quelques mois plus tard, le traité reflète les ambitions anglaises de s'étendre en France tout en illustrant les difficultés diplomatiques et militaires de l'époque. Bien que promettant de réorganiser les relations entre les deux couronnes, il n'aura pas les effets durables espérés, ouvrant la voie à une nouvelle phase de guerre dès 1369. Dans cet article, nous allons explorer les contextes, les termes et les conséquences de ce traité qui a profondément influencé le cours de l’histoire franco-anglaise.
Le traité de Brétigny : la paix de 1360
Alors qu’Édouard III et son armée campent encore à Montlhéry, Charles, duc de Normandie et régent du royaume de France, accompagné de ses frères les ducs d’Anjou et de Berry, ainsi que du chancelier de France Gilles Aycelin de Montagu, décide d’ouvrir des négociations de paix avec le roi d’Angleterre. Pour cette mission délicate, il mandate Androuin de La Roche, abbé de Cluny, Simon de Langres, maître des Frères Prêcheurs, et Hugues de Genève, seigneur d’Anthon.
Au départ, Édouard III reste ferme sur son ambition : conserver le titre de roi de France et mener ses troupes jusqu’à Paris, après un passage en Normandie et en Bretagne durant l’été. Il lève alors le camp de Montlhéry, avançant vers la région de Chartres, tandis que les émissaires français multiplient les tentatives pour relancer les pourparlers.
Alors que l’armée anglaise traverse Gallardon, un violent orage éclate, semant la terreur parmi les soldats et les chevaux. Édouard III, voyant là un signe de la Providence, adresse ses prières à la Vierge Marie en apercevant l’église Notre-Dame de Chartres à l’horizon. Sensible aux instances répétées de l’abbé de Cluny, il accepte finalement d’entamer des négociations près de Chartres, au hameau de Brétigny.
Les tractations durent plusieurs jours et débouchent sur la conclusion du traité de Brétigny, le 8 mai 1360. Ce texte, quelque peu remanié avant sa ratification définitive, inclut une clause de suzeraineté réservée aux rois de France, prémisse d’éventuelles revendications futures. Une trêve est également décrétée, s’étendant jusqu’à la Saint-Michel, puis reconduite pour un an.
Charles, duc de Normandie, ratifie l’accord, provoquant une immense liesse dans tout le royaume. À Paris, l’accueil réservé aux quatre barons anglais venus prêter serment est triomphal : les rues sont jonchées de draps d’or, les cloches sonnent à toute volée. Le duc Charles, en gage de fraternité, leur offre des chevaux et des reliques sacrées.
Après un séjour dévot à Chartres, Édouard III regagne Harfleur pour s’embarquer vers l’Angleterre avec ses enfants. Les deux souverains, Jean II et Édouard III, confirment les termes du traité lors de somptueuses célébrations à Calais et à Londres. Les otages français, garantis du paiement de la rançon de six cent mille florins, sont livrés conformément à l’accord.
Pendant ce temps, les forteresses françaises occupées par les troupes anglaises sont progressivement restituées, bien que certains capitaines récalcitrants, notamment en Normandie et en Bretagne, résistent à l’évacuation, parfois avec la complicité du roi de Navarre.
Le roi Jean séjourne à Calais de juillet à octobre 1360, période durant laquelle il érige ses fils Louis et Jean en ducs d’Anjou et de Berry. Lors d’une cérémonie solennelle, les deux rois se reconnaissent comme frères et scellent l’ensemble des clauses du traité par des chartes soigneusement rédigées et scellées.
Édouard III renonce officiellement à la couronne de France ainsi qu’à ses prétentions sur la Normandie, l’Anjou, la Touraine, le Maine, la Bretagne et la Flandre. Enfin, dans un ultime geste de pacification, il ordonne le retrait définitif de ses troupes des territoires français.
Malgré la signature du traité, la question de la succession du duché de Bretagne demeure en suspens, le roi d’Angleterre voyant d’un bon œil la poursuite du conflit local, qui offrait un exutoire à ses compagnies de mercenaires.
Les festivités s’achèvent par un somptueux banquet à Calais, avant le départ du roi Jean pour Boulogne, puis pour Paris où il est accueilli triomphalement par ses sujets. Trente otages issus de la haute noblesse et dix-huit villes françaises fournissant des garants achèvent de sceller cette paix fragile mais précieuse, fruit d’intenses négociations et d’un contexte militaire épuisant.

Stèle de Brétigny. Elle se situe sur le hameau de Brétigny, néanmoins elle n'a qu'un caractère mémorielle, car l'emplacement exacte de la signature semble plutôt avoir été faite dans le petit château de Sours ( ou château de la Valé anciennement ) dans le hameau voisin.
Anecdote
En 1360, Le 1er mai de cette année-là, Anglais et Français se réunissent pour négocier une paix tant attendue. Cependant, les exigences excessives du roi d'Angleterre, Édouard III, empêchent la signature de l'accord, le roi d'Angleterre souhaite en effet toujours prétendre au titre de roi de France.
Quelques jours plus tard, le 6 mai, un violent orage s’abat sur Brétigny, semant la panique au sein des troupes et effrayant le roi lui-même. Édouard III et son fils, le Prince Noir, se réfugient alors à la cathédrale de Chartres, où ils implorent la Vierge Marie. Ils promettent de conclure la paix avec la France si l'orage s'apaise.
Il est a noté qu'il existe plusieurs variantes de cette petite histoire.

source image : Historical Atlas of Modern Europe"; Edited by Reginald Lane Poole, Published by Henry Frowde, London
Le 8 mai 1360, leur vœu est exaucé : le traité de Brétigny est signé, marquant un moment de répit dans le long conflit qui oppose les deux nations. Cet accord symbolise l’instauration temporaire de la paix entre les belligérants et représente un tournant dans l'histoire de la guerre.
Termes du traité
Le traité de Brétigny, ratifié en grande pompe lors d’un banquet en Angleterre en juin 1360, consacre d'importantes concessions territoriales à l'Angleterre. Édouard III obtient la souveraineté sur de vastes territoires, incluant la Guyenne, le Poitou, la Saintonge, ainsi que Calais et ses environs. Ces possessions lui sont attribuées sans devoir prêter hommage au roi de France, marquant un coup de force dans l'équilibre féodal. En contrepartie, Édouard III renonce à ses prétentions au trône de France, une revendication majeure qui avait attisé le conflit depuis son début.
Le traité stipule également la libération de Jean II contre une rançon colossale de trois millions d'écus. Pour garantir le paiement de cette somme, des otages prestigieux, dont les fils du roi, sont remis aux Anglais.
Le traité de Brétigny, signé en 1360, se distingue par deux rédactions principales : l'une établie le 8 mai et l'autre, ratifiée le 24 octobre. Ces deux documents représentent différentes étapes d'un même processus diplomatique.

Encyclopédie Britannica 1875
1° La première version du traité, conclue le 8 mai à Brétigny, est le texte fondateur sur lequel s'appuient toutes les conventions postérieures.
Rymer, dans son ouvrage (III, pars 202-209), publie à la fois les versions française et latine du traité, rédigé au nom de Charles, duc de Normandie et régent de France. Ce texte a été établi entre les représentants du régent et ceux du prince de Galles. Il existe également des lettres datées du 16 mai, émises par le prince de Galles à Louviers. Ces dernières ne diffèrent des précédentes que par quelques formules d’introduction et de conclusion, mais le contenu et les articles restent strictement identiques. Il n'y a donc pas lieu de parler de deux textes distincts, mais bien d’une continuité dans la rédaction.
« Charles, ainsné filz du roy de France, regent le royaume, duc de Normandie et dalphin de Viennois, à tous ceuls qui ces presentes lettres (a1) verront salut.
Nous vous faisons savoir que de tous les debaz et descors quelconques, meuz et demenez entre monseigneur le roy de France et nous, d'une part, et le roy d'Angleterre, d'autre part, pour bien de paix, est accordé le VIIIe jour de may, l'an mil CCCLX, à Bretigny, en la maniere qui s'ensuit :
« Primo (a2), que le roy d'Angleterre, avecques ce qu'il tient en Guyenne et en Gascoigne, aura pour luy etc. » (si comme es articles cy dessoubz est contenu).
« Toutes les quelles choses dessoubz escriptes et chascunes d'icelles furent faites, ordenées et accordées (a3) par et en la presence (a4) de reverent pere en Dieu, nostre tres chier et feal chancellier Jehan, par la grace de Dieu, esleu de Beauvais, per de France (a5), noz amez et feaulx conseilliers maistre Estienne de Paris, chanoine, Pierre de la Charité, chantre de l'eglise de Paris, Jehan d'Angerant, doyen de Chartres (a6), messire Jehan le Mangre, dit Bouciquaut, mareschal de France, Charles, sires de Montmorency, Aymart de la Tour, sires de Vinay, Jehan de Grolée, Regnaut de Coulions (a7), Pierre d'Oomont (a8), Symon de Bucy, chevaliers (a9), maistre Guillaume de Dormans, Jehan des Mares, Jehan Maillart, bourgois de Paris, maistre Macy Guery (a10) et Nicole de Veres (a11), noz clers secretaires, commis et deputez de par nous sur ce, avec les commis et deputez du dit roy d'Angleterre ci dessoubz nommez, c'est a savoir :
messire Henry, duc de Lenclastre, Guillaume, conte de Norentonne, Thomas, conte de Waruhic, Rauf, conte de Stafort (a12), Wyllaume, conte de Saleberys (a13), mons. Gautier, sires de Manny, mons. Regnaut de Gobehan, mons. Jehan de Beauchamp (a14), monseigneur Guy de Bryenne (a15), Jehan, captau de Buef (a16), Berthelemy de Broueiz, Franc de Hale (a17), Guillaume de Grançon (a18), Jehan Chandos (a19), Noel Lorrengier (a20), Richart la Vache (a21), Mile de Stapelenton, chevaliers (a22), monseigneur Jehan de Wynewyc (a23), chancelier du dit roy d'Angleterre, maistre Henry de Asshton (a24), maistre Wyllaume Lugheburgh (a25), maistre Jehan de Branquetre (a26), Adam de Hilton (a27), et Wyllaume de Tuynton (a28), l'an et le jour et au lieu dessus dit, à l'onneur de la benoite Trinité, le Pere et le Filz et le saint Esperit, et de la glorieuse Vierge benoite Marie (a29), et pour la reverence de nostre saint pere le Pape Innocent VIe (a30), le quel, quant il estoit cardinal en sa personne, et puis sa promocion par reverens peres en Dieu les cardinals de Bouloigne et de Pierregort, noz cousins, et d'Urgel (a31), qui furent de par li envoiez en France et en Angleterre, qui en faire ceste paix et accort ont adjousté et mis tres grant et bonne diligence, et de noz bien amez frere Àndruyn de la Roche, abbé de Cligny, et messire Hue de Genevre, seigneur d'Anton (a32), messages derrenierement envoiez par devers nous sur ce, de par nostre dit saint pere, qui ont sur ce diliganment travaillié et traictié, et receu les sairemenz des diz procureurs et autres pluseurs dessus nommez, en tesmoignant chascune d'icelles ès noms que dessus, nous acceptons, accordons, aggreons, approvons et confermons de nostre certaine science, et les voulons avoir vigour et fermeté, si et par tele maniere comme se nous les eussions traictiées, parlé, accordé, juré et promis en nostre propre personne. »
(a1). P. Paris : « Ces lectres. »
(a2). P. Paris : « Premierement. »
(a3). P. Paris : « Et chascune d'icelles faites, accordées et ordenées. »
(a4). P. Paris : « En la presence. »
(a5). P. Paris supprime les mots per de France.
(a6). Manuscrit : « Chantre de Chartres. »
(a7). Regnaut de Gouillons, chevalier originaire du pays char train, capitaine de la ville et de la vicomte de Paris, mort avant le mois de mars 1361 (Charles Guérin, Recueil des documents concernant le Poitou, etc., t. III, 1886, p. 147, n. 1).
(a8). Pierre d'Omont, chambellan du régent.
(a9). Le mot chevaliers est omis par P. Paris.
(a10). Manuscrit : « Macy Guéry. » — Mathe (Macé, Mathieu) Guehery, chanoine de Paris, secrétaire du Roi.
(a11). Nicolas de Veyres (Veires, Vaire), chanoine de Paris et d'Auxerre, secrétaire du Roi ; évêque de Chalon en 1374.
(a12). Ralph, comte de Stafford.
(a13). Manuscrit : « Saleberys. » — William de Montagu (Montacute), second comte de Salisbury.
(a14). Jean de Beauchamp, frère de Thomas.
(a15). Guy de Bryan.
(a16). Jean de Grailly, captal de Buch.
(a17). Frank de Hall, d'une famille originaire du Tyrol.
(a18). G. de Granson, sire de Sainte-Croix, d'une illustre maison du pays de Vaud. Attiré en Angleterre, où une branche de sa famille s'était fixée, il était devenu le serviteur et le conseiller d'Edouard III (A. Chérest, l' Archiprêtre, p. 128).
(a19). Le héros de Poitiers. De la première promotion de l'ordre de la Jarretière, comme tous les chevaliers ici nommés.
(a20). Sir Nigel ou Nel Loryng.
(a21). D'une famille d'origine gasconne.
(a22). Miles de Stapleton.
(a23). Jean de Wynewik, trésorier de l'église de Saint-Pierre d'York. Il n'était pas chancelier d'Angleterre; ce titre appartenait à Guillaume d'Edinglon, évêque de Winchester, demeuré en Angleterre. J. de Wynewik était seulement garde du sceau privé du Roi, « custos privati sigilli », mais en l'espèce il fit bien fonction de chancelier.
(a24). Henri de Ashton, docteur es lois.
(a25). Manuscrit : « Lugheburd. » — William de Loughteburgh, docteur en droit civil, trésorier de l'église de Chichester.
(a26). Jean de Branketre, clerc du diocèse de Norwich, notaire apostolique et impérial, avait remplacé vers 1356 ou 1357 Robert de Hemynburgh, démissionnaire en raison de son grand âge.
(a27). Adam de Hylton, clerc, notaire apostolique et impérial.
(a28). William de Tiryngton (Tyrington), clerc du Roi (P. R. 0. Privy seals, 364, n° 22894; 5 octobre, anno 29).
(a29). Manuscrit : « D'Urget. »
(a30). P. Paris : « Glorieuse vierge Marie. »
(a31). Il manque quelque chose à cette phrase, dans les manuscrits comme dans les imprimés. Il faudrait un verbe, ayant Innocent VI pour sujet, et marquant que le Pape s'est employé à faire conclure la paix.
(a32). Hugues de Genève, seigneur d'Anthon, était le troisième fils d'Aîné II, comte de Genève, et d'Agnès de Chalon, le frère de Guillaume III, comte de Genève. Il épousa Isabelle, dame d'Anthon, dont il prit le nom et les armes, et testa le 7 novembre 1365. C'était un grand-oncle de Robert de Genève, le futur pape Clément VII (Anselme, t. II, p. 160-161). — Anthon, Isère, arr. de Vienne, cant. de Meyzieu.
Une des lettres attribuées au régent Charles, rédigée avec l’approbation des négociateurs de la paix du côté français, reflète l’engagement pris lors de ces discussions. Bien que ces lettres ne soient pas datées, il est probable qu’elles aient été émises à Paris le 10 mai 1360, jour où le régent jura de respecter le traité. Cette hypothèse est renforcée par la ratification du traité par le prince de Galles, datée du 15 mai à Louviers, correspondant au moment où il prêta également serment.
L’original du traité, publié par Rymer sous le titre Tractatus magnae pacis Bretigniaci (tome III, 1re partie, p. 487-494, « ex autographo »), reproduit fidèlement le texte sans aucune modification ni approbation supplémentaire de la part du régent, à l'exception de la mention « de l’adveu des traicteurs ». Au Moyen Âge, un mandataire n'engage pas de manière irrévocable son mandant sans son consentement explicite. Ce dernier conserve le droit d'approuver ou de désavouer les décisions prises en son nom.
Ces précisions démontrent l'importance des deux versions du traité dans l’établissement de la paix, tout en soulignant les subtilités du droit médiéval en matière de diplomatie.
2°Le traité de Calais : une version définitive du traité de Brétigny
Le traité signé le 24 octobre 1360 à Calais est en réalité une version corrigée et ratifiée du traité initialement conclu le 8 mai à Brétigny. Comme prévu à l’article 37, les deux rois, Jean II de France et Édouard III d’Angleterre, ont finalisé cet accord dans la ville portuaire. Bien que le texte reprenne presque mot pour mot celui de Brétigny, certaines dispositions devenues obsolètes, comme l’article 12 qui prévoyait que Jean II serait amené d’Angleterre à Calais, sont maintenues, bien que sans effet. Ce traité de Calais est ainsi la version définitive et seule juridiquement contraignante entre les deux parties.
Modifications principales
Le principal changement par rapport à la version du 8 mai réside dans la suppression de l'article 12 ainsi que d'une partie de l'article 11. Bien que ces modifications semblent mineures, elles marquent une étape importante dans la formalisation de la paix. En effet, ce traité, généralement appelé "traité de Brétigny", pourrait tout aussi bien être nommé "traité de Calais", étant donné son caractère définitif.
Les renonciations
Dans le traité du 24 octobre, les rois suppriment certaines clauses, notamment la dernière partie de l'article 11 et la totalité de l'article 12. Pour compenser ces suppressions, de nouvelles promesses et lettres de renonciation sont émises à Calais les 24 et 26 octobre, conformément à l’article 37 du traité.
Ces documents incluent :
- Une promesse des deux rois d’envoyer à Bruges, d’ici la Saint-André 1361, des lettres concernant les 12 premiers articles du traité de Brétigny une fois les renonciations et cessions effectuées.
- Une promesse de réaliser les cessions territoriales avant la Saint-Jean-Baptiste ou, au plus tard, la Toussaint de 1361, et d’envoyer les lettres de renonciation à Bruges avant la Saint-André.
- Les renonciations définitives des deux rois. Jean II abandonne tous ses droits sur les territoires cédés au roi d’Angleterre, tandis qu'Édouard III renonce de son côté aux territoires revenant à la France. Ces renonciations sont également confirmées par les héritiers des deux rois. Cependant, il est précisé que ces lettres n’entreront en vigueur qu’après leur échange à Bruges, comme convenu.
Conséquences
Ces actes, bien qu’annexés au traité du 24 octobre, revêtent une importance capitale. Toutefois, l’échange des renonciations définitives n’a jamais eu lieu, ce qui servira de prétexte à la reprise des hostilités en 1369 par Charles V. Parmi les documents annexés, on trouve également des attestations du nonce du pape, des formules de serments que les rois devaient prêter, ainsi que des lettres d’alliance, tous disponibles dans les archives.
Le traité du 24 octobre, corrigé et ratifié à Calais, est le seul à être juridiquement valable. Il a été publié par Rymer (III, pars II, 3-6) et collationné à partir de trois copies authentiques, scellées du grand sceau royal d'Angleterre, dont une figure aux Archives nationales, sous la cote AE III, 13 (J 638, n° 1). Cette version ratifiée par Édouard III ne diffère du texte original que par les formules et les noms des seigneurs qui prêtèrent serment.
La version finale du traité
Jehan, par la grâce de Dieu, Roy de France (33), sçavoir faisons à tous presens et avenir, que nous avons veu le traittié d'accort, fait n'aguieres, par certains traitteurs et procureurs (34), entre nous et nostre treschier frère le roy d'Angleterre, contenant la fourme qui s'ensuit:
Charles, ainsne filz du roy de France (35), regent le royaume, duc de Normandie et dalphin de Vienne, a tous ceuls, qui ces présentes lettres verront salut.
Nous vous faisons sçavoir que,
De tous les debas et descors quelconques, meuz et demenez, entre Monsire le roy de France et nous pour lui et pour nous et pour touz ceuls a qu'il appartient, d'une part, et le roy d'Angleterre et touz ceuls a qu'il puet touchier de sa partie, d'autre, pour bien de pais, est accordés le viii jour de May, l'an de grâce mill trois cens soixente, a Bretigny de lès Chartres (36), en la manière qui s'ensuit,.
- Premierement, que le Roy d'Angleterre, avec ce que il tient en Guienne et en Gascoigne, aura, pour lui et pour ses hoirs, perpetuelment et a touz jours, toutes les choses qui s'ensuivent, à tenir par la manière que le Roy de France et son filz, ou aucun de ses ancestres, Roys de France les tindrent c'est assavoir, ce que en demaine en demaine et que en fié en fié et par le temps et manière dessus esclarciz,
La citée, le chastel et la conté de Poictiers, et toute la terre et le pais de Poitou, ensamble le fiez de Thouart (37) et la terre de BelleviIIe (38) ;
La citée et le chastel de Xainctes et toute la terre et le pais de Xaintonge, par deçà et par- delà la Charente (39);
La citée et le chastel d'Agen et la terre et le pais d'Agénois ;
La citée et le chastel et toute la conté de Pierregort et la terre et le pais de Pierreguis;
La citée et le chastel de Limoges et la terre et le pais de Limousin ;
La citée et le chastel de Caours et la terre et le pais de Caourcin ;
La citée, le chastel et le pais de Tarbe et la terre, le pais et la conté de Bigorre;
La conté, la terre et le pais de Gaure (40);
La citée et !e chastel d'Angolesme et la conté, la terre et le pais d'Angolemois;
La citée et le chastel de Rodes et la terre et le pais de Rouergue (41).
Et, se il y a aucuns seigneurs, comme le conte de Fois, le conte de Armignac, le conte de Lisle (42) le conte de Pierregort, le viconte de Limoges, ou autres, qui teignent aucunes terres ou lieux, dedenz les mètes des diz lieux, il feront hommage au Roy d'Angleterre et touz autres services et devoirs deus à cause de leurs terres ou lieux, en la maniere que il ont fait ou temps passé (43).
2. ITEM, aura le Roy d'Angleterre tout ce que le Roy d'Angleterre, ou aucuns des Roys d'Angleterre anciennement, tindrent en la ville de Monstereul sur la mer et ès appartenances.
3. ITEM, aura le roy d'Angleterre toute la conté de Pontieu tout entièrement sauf et excepté que, se aucunes choses ont esté aliénées par lez Roys d'Angleterre, qui ont esté pour le temps, de la dicte conté et appartenances et a autres personnes que aus Roys de France, le Roy de France ne sera pas tenuz de les rendre au Roy d'Angleterre. Et, se les dictes alienacions ont esté faites aus Rois de France, qui ont esté pour le temps, sanz aucun moien (44), et le Roy de France les tiegne a présent en sa main, il les lessera au Roy d'Angleterre entierement excepté que, se les Roys de France les ont euz par eschange à autres terres, le Roy d'Angleterre delivrera au Roy de France ce que on en a eu par eschange, ou il lui laissera les choses ainsi alienées.
Mais, se lez Rois d'Angleterre, qui ont esté pour le temps, en avoient aliéné ou transporté aucunes choses en autres personnes que ès Roys de France, et depuis soient venues ès mains du Roy de France, ou aussi par partage, le Roy de France ne sera pas tenuz de les rendre.
Aussi, se les choses dessus dictes doivent hommage, le Roy les baillera à autres, qui en feront hommage au Roy d'Angleterre; et, s'il ne doivent hommage, le Roy de France baillera un tenant qui lui en fera le devoir, dedans un an prochain, après ce qu'il sera partiz de Calais.
4. ITEM, le Roy d'Angleterre aura le chastel et la ville de Calais
Le chastel et la ville et la seignorie de Merck;
Les villes, chasteaux et seignories de Sangate, Couloigne, Hames, Walle et Oye,
Avec terres, bois, marois, rivières, rentes, seignories, avoesons d'églises et toutes autres appartenances et lieux entregisans dedans les mètes ou bondes qui s'ensuivent, c'est assavoir
De Calais jusques au fil de la rivière par devans Gravelingnes,
Et aussi, par mesme le fil de mesme la rivière, tout entour l'Engle,
Et aussi, par la rivière qui va par dela Poil,
Et aussi, par mesme la rivière, qui chiet ou grant lac de Guines, jusques à Fretun,
Et, d'ilec par la vallée, entour la montaigne de Kalkuli, encloant mesme la montaigne,
Et aussi jusques a la mer, avec Sangate et toutes ses appartenances. (45).
5. ITEM, le dit Roi d'Angleterre aura le chastel et la ville et tout entierement la conté de Guines, avec toutes les terres, villes, chasteaulx, forteresces, lieux, hommes, hommages, seignories, bois, forez, droitures d'icelles, aussi entierement comme le conte de Guines, derrein mort (46), les tint ou temps de sa mort ; et obeiront les eglises et les bonnes gens estans dedans les limitations du dit conté de Guines, de Calais et de Merk et des autres lieux dessusdiz, au Roi d'Angleterre, aussi comme il obeissoient au Roy de France et au conte de Guines qui fu pour le temps (47).
Toutes les quelles choses de Merk et de Calais, contenues en ce présent article et en l'article prochain precedant, le Roy d'Angleterre tendra en demaine, excepté les héritages des eglises, qui demourront aux dictes églises entierement, quelque part qu'il soient assis et aussi excepté les héritages des autres gens des pais de Merk et de Calais, assis hors de la ville de Calais, jusques a la value de cent livres de terre par an, de la monnoye courant au paiis et au desouz ; lesqueux héritages leur demourront jusques a la value dessus dicte et au dessouz.
Mais les habitations et héritages assis en la dicte ville de Calais, avec leurs appartenances, demourront, en demaine, au Roi d'Angleterre, pour en ordener à sa volenté et aussi demourront aus habitanz en la conté, ville et terre de Guines touz leurs demaines entièrement, et y revendront plenement; sauf ce que dit est des confrontacions (48), mètes et bondes en l'article prouchainement précèdent.
6. ITEM, est accordé que le Roi d'Angleterre et ses hoirs auront et tendront toutes les isles adjacens aus terres, pais et lieux avant nommez, ensamble avecques toutes les autres isles, les quelx le dit Roi d'Angleterre tient à présent.
7. Item. Est accordé que ledit Roy de France, et son ainsné filz, le regent, pour euls, et pour tous leurs hoirs et successeurs, au plutost que bien pourra, senz fraude et senz mal engin, et au plustart dedenz la feste Saint-Michiel, prochein venir, en un an, rendront, bailleront, et délivreront audit Roy d’Engleterre , et a touz ses hoirs et successeurs, et transporteront en euls, toutes les honneurs, obédiences, hommages, ligeances, vassauls, fiez, services, recognoissances, droitures, mere et mixte impere, et toutes manières de jurisdictions hautes et basses, ressorz et sauvegardes, avoaisons et patronnages d’églises (49), et tout le droit qu’il avoient ou povoient avoir, appartenoient, appartienient, et povent appartenir pour quelque cause, tiltre, ou couler de droit, a euls, aus Roys et a la couronne de France, pour cause des citez, contes, chastiaux, villes, terres, palis, illes et lieux avant nommez, et de toutez leur appartenances et appendences, quelque part qu’il soient, et chascune d’icelles, senz y riens retenir a euls, a leurs hoires ne successeurs, aus Roys ne a la couronne de France :
Et aussi manderont le diz Roy et son ainsné filz, par leurs lettres patentes, a touz arcevesques, evesques, et autres prelaz de sainte église, et aussi aus contes, viscontes, barons, nobles, citoienz, et autres quelconques des citez, contes, terres, paiis, illes, et lieux avant nommez, qu’il obéissent au Roy d’Engleterre, et a ses hoirs, et a leur certain commandement, en la maniere qu’il ont obéi aus Rois et à la couronne de France ; et, par mesmes les lettres, leur quittront et absoldront, au mielx qu’il se pourra faire, de touz hommages, fois, seremenz, obligations, subjections et promesses, faiz, par aucun d’euls, au Roy et a la couronne de France en quelque manière.
8 ITEM. Accordé est que le Roy d’Engleterre aura les contez, citez, chasteaux, terres, paiis, isles, et lieux avant nommez, avec toutes les appartenences et appendances, quelque part qu’il soient, a tenir a luy, et touz ses hoirs et successeurs, heritablement et perpetuelement, en demaine ce que le Roy de France y avoit en demaine (50) et aussi en fié, service, souvereinete ou ressort, ce que les Rois de France y avoient, sauf tout ce que dit est par dessus en l’article de Calais et de Merch.
Et, se des citeez, contes, chasteaux, terres, paiis, illes et lieux avant nommes, drois, mere et mixte impere, jurisdictions et profiz quelconques que tenoit aucuns Roys d’Engleterre, illovecques, et en leur appartenances et appendences quelconques, aucunes aliénations, donations, obligations, ou charges ont este faitez par aucuns des Roys de France, qui ont esté pour le temps puiz LXX. anz en ca, par quelque fourme ou cause que ce soit, toutes teles donations, alienations, obligations, et charges sont dessores, et seront du tout, rappelees, cassees, et annullees et toutes choses, ainsi données, alienées, ou chargées, seront realment et de fait rendues et baillées au dit Roy d’Engleterre, ou a ses députes especiauls, a mesme l’entierete, comme ils furent aus Roys d’Engleterre depuis LXX. anz en ca, au plutost que l’en pourra, sanz mal engin, et au plus tart dedenz la Saint Michiel, prochein venant, en un an, a tenir au dit Roy d’Engleterre, et a touz ses hoirs et successeurs, parpetuelment et heritablement, par manière que dessus est dit : excepté ce qui est dit par dessouz en l’article de Pontieu (51), qui demourra en sa force : et sauf et excepte toutes les choses donnés et aliénés aux églises, qui leur demourront paisiblement en tous les paiis et lieux, ci-dessus et dessouz nommez ; si que les personnes des dittes églises prient diligement pour les diz Roys, comme pour leurs fondeurs ; sur quoi leur consciences en seront chargiées.
9. Item. Est accordé que le Roy d’Engleterre toutez les citez, villes, chasteaux et paiis dessous nommez, qui anciennement n’ont este des Roys d’Engleterre, aura et tendra, en l’estat et aussi comme le Roy de France, ou ses filz, les tiennent à présent.
10. Item. Est accordé que, se, dedenz les metes des diz paiis, qui furent anciement des Roys d’Engleterre, auroiement aucunes choses, que autrefoitz n’eussent este des Roys d’Engleterre, dont le Roy de France estoit en possession le jour de la bataille de Poitiers (qui fu le XIX. jour de septembre, l’an mill CCCLVI. elles seront et demourront au Roy d’Engleterre, et a ses hoirs en la manière que dessus est dit.
11. Item. Est accordé que le Roy de France, et son ainsné filz, le régent, pour euls, et pour leurs hoirs, et pour touz les Roys de France, et leurs successeurs, à touz jours, au plustost que pourra faire, sanz mal engin, et au plustart dedenz la Saint Michiel, prochein venant, en un an (52), rendront et bailleront audit Roy d’Engleterre, et a touz ses hoirs, et successeurs, et transporteront en euls touz les honneurs regalites, obediences, hommages, ligeances, vassauls, fiez, services, recognoissances, serements, droitures, mere et mixte impère, toutes manieres de jurisdictions hautes et basses, ressors, sauvegardes, et seignories et souverainetés qui appartenoient, appartienent, ou pourraient en aucune manière apartenir, aus Roys, et a la couronne de France, ou a aucune autre personne, a cause du Roy et de la couronne de France, en quelque temps, es citez, contes, chasteaux, terres, paiis, illes et lieux avant nommez, ou en aucun d’euls, et a leur appartenances et appendences quelconques, ou es personnes, vassauls ou subgiez quelconques d’iceuls (53).
12.(54) ITEM, est accordé, a fin que cest present traictié puisse estre plus briefment accompli que !e Roi d'Angleterre fera (55) amener le Roi de France a Calais, dedenz trois sepmaines, après la nativité Saint Jehan Baptiste prouchain venant, cessant tout juste empeschement, aus despens du Roy d'Angleterre, hors les fraiz de l'hostel du dit Roi de France.
13. ITEM, accordé est que le Roi de France paiera au Roi d'Angleterre trois millions d'escuz d'or, dont les deux valent un noble de la monnoie d'Angleterre (56)
Et en seront paiés au dit Roy d'Angleterre, ou a ses deputez, siz cens mille escuz (57) a Calais, dedans quatre mois, a compter depuis que le Roi de France sera venuz à Calais Et, dedans l'an delors prouchain ensuivant, en seront paicz quatre cenz mille escuz, tielx comme dessus, en la citée de Londres, en Angleterre, et delors, chascun an prouchein ensuivant, quatre cens mille escus tielx comme devant, en la dicte citée, jusques a tant que les diz iii millions seront parpaiez.
14. ITEM, est accordé que, par paiant les diz siz cens mille escuz à Calais, et par baillant les hostages ci dessouz nommez et delivrant au Roi d'Angleterre, dedans les quatre moys, à compter depuis que le Roy de France sera venuz à Calais, comme dit est, la ville (58), le chastel et les forteresses de la Rochelle, et les chasteaux, forteresces et villes de la conté de-Guines, avec toutes les appartenances et appendances, la personne du dit Roi sera toute délivrée de prison et pourra a partir franchement de Calais et venir en son povoir, sanz aucun empeschement mais il ne se pourra armer, ne ses genz, contre le Roi d'Angleterre, jusques a tant qu'il ait accompli ce qu'il est tenu de faire par ce présent traictié.
Et sont hostages, tant prisonniers prins 1 la bataille de Poitiers, comme autres, qui demourront pour le Roy de France, ceuls qui s'ensuivent; c'est assavoir: Messire Loys, comte d'Anjou (59), Messire Jehan, conte de Poitiers, filz au Roy de France (60), le duc d'Orliens, frère du dit Roy (61), le duc de Bourbon (62), le conte de Blois (63), ou son frère, le conte de Alençon, ou messire Pierre d'Alançon (64), son frère, le conte de Saint Pol (65), le conte de Harecourt (66), le conte de Porcien (67), le conte de Valentinois (68) le conte de Brene (69), le conte de Waudemont (70), le conte de Forez (71), le viscomte de Beaumont (72), le sire de Coucy (73), le sire de Fienles (74), le sire de Preaux (75), le sire de Saint Venant (76), le sire de Garencieres (77), le daulphin d'Auvergne (78), le sire de Hangest (79), le sire de Montmorency (80), messire Guillaume de Craon (81), messire Loys de Harecourt (82), messire Jehan de Ligny (83).
Les noms des diz prisonniers sont tielx :
Messire Phelip de France (84), le conte de Eu (85), le conte de Longueville (86) le conte de Pontieu (87), le conte de Tancarville (88), le conte de Joigny (89), le conte de Sancerre (90), le conte de Dampmartin (91), le conte de Vantadour (92), le conte de Sallebruche (93), le conte d'Aucerre (94), le conte de Vendosme (95), le sire de Craon (96), le sire de Derval (97), le mareschal d'Odenham (98), le sire d'Aubigny (99).
15. ITEM est accordé que les dessus diz seze prisonniers, qui venront demourer en hostage pour le Roi de France, comme dit est, seront parmi ce delivrés de leurs prisons, sanz paier aucunes rançons pour le temps passé, s'il n'ont été a accort de certaine raençon, par convenence faite par avant le tiers jour de may derrenerement passé et, se aucun d'eulx est hors d'Angleterre et ne se rent à Calais, en hostage, dedans le premier mois après les dictes trois semaines de la Saint-Jehan, cessant juste empeschement, il ne sera pas quicte de la prison, mais sera contrains, par le Roi de France, à retourner en Angleterre, prisonnier, ou paier la peine par lui promise et encorue par denaut de son retour (100)
16. ITEM, est accorde que, en lieu des diz hostages qui ne vendront a Calays, ou qui mourront, ou se départiront sanz congié hors du povoir du Roi d'Angleterre, le Roi de France sera tenuz d'en baiHer d'autres, de samblablc estat, au plus près qu'i! pourra estre fait, dedans quatre mois proucbain, après que le bailli d'Amiens, ou le maire de Sainct-Omer en sera sur ce, par lectres dudit Roi d'Angleterre, certifiez.
Et porra le Roi de France, a son departir de Calais, amener en sa compaignie dix des hostages, tels comme les deux rois accorderont ; et souffira que, du nombre de quarante dessusdit, en demeure jusques au nombre de trente (101).
17. ITEM, accorde est que le Roy de France, dedans trois mois après ce qu'il sera parti de Calais, rendra a Calais, en hostage, quatre personnes de la ville de Paris et deux personnes de chascune des villes dont les noms s'ensuivent c'est assavoir :
De Saint-Omer, Arras, Amiens (102), Bauvez, Lille, Douay, Youruay, ReiotS, Chaaioos, Troyes, Chartres, Tholouse, Lyons, Criions, Compiegne, Rouen, Caen, Tours, Bourges, les plus souuisanx des dictes villes, pour l'accomplissement de ce présent traictié
18. ITEM, est accordé que le Roi de France sera amené d'Angleterre a Calais, et demourrera a Catais par quatre mois après sa venue (103) ; mais il n'en paiera riens pour le premier mois, pour cause de sa garde et, pour chascun des autres mois ensuivant, qu'il demourra a Calais, par deffaut de lui ou de ses gens, il paiera, pour ses gardes, dix mil royauts, tielx comme il cuerent (104) au présent en France, avant son départir de Calais, et aussi au feur du temps qu'il demourra (105)
19. ITEM, est accordé que, au plustot que faire se pourra, dedans l'an prouchain, après ce que le Roi de France sera parti de Calais, messire Jehan, conte de Montfort, aura la conté de Montfort (106) avec toutes ses appartenances, en faisant homage lige au Roy de France, et devoir et service en touz cas, teli comme bon et loial vassaulz liège doit faire à son seigneur lige, a cause de la dicte conte et aussi lui seront rendux ses autres héritages, qui ne sont mie de la duchié de Bretaigne, en faisant homage ou autres devoirs que appertendra.
Et s'il veult aucune chose demander en aucuns des heritaiges qui sont de la dite duchié, hors du pais de Bretaigne, bonne et brieve raison li sera faite par la cour de France.
20. ITEM, sur la question du demaine de la duchié de Bretaigne, qui est entre ledit monsire Jehan de Montfort d'une
partie et monsire Charles de Blois (107) d'autre partie, accordé est que les deux Roys, appelés par devant eulx, ou leurs deputez, les parties principals de Blois et de Montfort, par eulx et par leurs deputez especiaux, s'enformeront du droit des parties et s'efforceront de meetre les dictes parties à accord sur tout ce que est en debat entre eulx, ou plustost qu'ils pourront.
Et, ou cas que lesdiz Rois, par eulx, ou par leursdiz deputez, ne les pourroient accorder dedans un an prouchain, après que le Roy de France sera arrivé à Calais, les amis d'une partie et d'autre s'enfermeront diligemment du droit desdictes parties, par la manière que dessus est dit, et s'enforceront de mectre lesdictcs parties à accort, au mieulx que faire se pourra, au plus tost qu'il pourront.
Et, se il ne les peuent mettre a accort, dedans demi an adonc prouchain ensuivant, ils raporteront aus diz deux Rois, ou à leurs deputez, tout ce qu'il en auront trouvé sur le droit des dictes parties et sur quoi le debat demourra entre les dictes parties et adonc les deux Rois, par culx, ou par leurs deputez especiaux, au plus tost qu'il pourront, mectront les dictes parties a accort, ou diront leur final avis sur le droit de l'une partie et d'autre, et ce sera excecuté par les deux Rois.
Et, ou cas qu'il ne le pourront faire dedans demi an, deslors prouchain ensuivant, adonc les deux parties principals de Blois et de Montfort feront ce qui mieulx leur semblera et les amis d'une partie et d'autre aideront quelque partie qu'il leur plaira, sanz empeschement des diz Roys et sanz avoir, en aucun temps avenir, domage, blasme, ne reproche, par aucun des diz Roys, par la cause dessusdicte. Et, se ainsi estoit que l'une des dictes parties ne voulsist comparoir souffisamment devant les diz Roys, ou leurs diz deputez, au temps qu'il sera establi, et aussi, en cas que les diz Roys, ou leurs deputez, auraient ordené, ou declairé que les dictes parties feussent a accort, ou qu'il auroient dit leur avis pour le droit d'une partie, et aucune des dictes parties ne se voudroit accorder à ce, ne obeir a la dicte declaracion adonc les diz Roys seront encontre luy de tout leur povoir, et en ayde à l'autre qui se voudroit accorder et obeir; mais, en nul cas, les deux Rois, par leurs propres personnes, ne par autre, ne pourront faire ne entreprendre guerre l'une à l'autre, pour la cause devant dicte; et touz jours demourra la souvereincté et hommage de la dicte duchié au Roi de France (108)
21. ITEM, que toutes les terres, pais, villes, chasteaux et autres lieux bailliez aus diz Rois seront en teles libertez et franchises comme elles sont à présent, et seront confermez par les diz seigneurs Rois, ou par leurs successeurs, ou par chacun d'eulx, toutes les foiz qu'il en seront sur ce deuement requis, se contraires n'estoient à ce présent accord.
22. ITEM, le dit Roi de France rendra et fera rendre et restablir de fait, a messire Phelippe de Navarre (109), et a touz ses adherens en appert, au plus tost que l'en pourra, sanz mal engin, et, au plus tard, dedans un an prouchain après que te Roi de France sera partiz de Calais, toutes les villes, chasteaux, forteresces, seignories, droiz, rentes, prouStz, jurisdicions et lieux quelzconques, que le dit messire Pheiippe, tant pour cause de lui comme pour cause de sa femme, ou ses diz adhérons, tindrent ou doivent tenir ou roiaume de France; et ne leur fera jamais le dit Roi reprouche, domage ne empeschement pour aucune chose faite avant ces heures; et leur pardonra toutes offenses et mesprises du temps passé pour cause de la guerre; et sur ce auront ses Icctres bonnes et soumsans, si que le dit messire Phelippe et ses diz adhérens retournent en son homage et lui facent les devoirs, et lui soient bons et loyaulx vassaulx.
23. ITEM, est accordé que le Roi d'Angleterre pourra donner, ceste foiz tant seulement, à qui il lui plaira, en héritage, toutes les terres et héritages qui furent de feu messire Godefroy de Harecourt (110), a tenir du duc de Normandie, ou autres seigneurs, de qui elles doivent estre tenues, par raison, parmi les homages et services anciennement accostumez.
24. ITEM, est accordé que nul homme, ne pais, qui ait este en l'obéissance d'une partie, et vendra par cest accort, a l'obéissance de l'autre partie ne soit empeschié pour chose faite ou temps passée
25. ITEM, est accordé que les terres des banniz et adhérens de l'une partie et de l'autre, et aussi des églises, de l'un royaume et de l'autre, et que touz ceulz qui sont desheritez ou ostez de leur terres ou héritages, ou chargiez d'aucune pension, taille ou redevance, ou autrement grevez, en quelque manière que ce soit, pour cause de ceste guerre, soient restituez entièrement en mesme le droit et possession, qu'il eurent devant la guerre commenciée;
Et que toutes manières de forfaitures, trespas et mespriscs, faiz par eulz, ou aucun d'eulx, en moyen temps, soient du tout pardonnées; et que ces choses soient faites au plustost que l'en pourra bonnement, et, au plus tard, dedans un an prouchain, après que le Roi sera parti de Calais (112);
Excepté ce qui est dit en l'article de Calais et de Merk (113) et des autres lieux, nommez ou dit article :
Excepté aussi le viconte de Fronsac (114) et messire Jehan de Galart (115); les queulx ne seront point compris en cest article, mais demourront leurs biens et heritages en l'estat qu'il estoient par avant ce présent traictié.
26. ITEM, est accordé que le Roi de France delivrera au Roi d'Angleterre, au plustost qu'il pourra bonnement, et donra, et, au plustard (116), dedans un an prouchain après son départir de Calais, toutes les citeez, villes, pais et autres lieux dessus nommez, qui par ce present traictic doivent estre bailleez au Roi d'Angleterre.
27. ITEM, est accordé que, en baillant au Roy d'Angleterre, ou a autres par lui par especial deputez, les villes et fortereces et toute la conté de Ponthieu,
Les villes et fortereces et toute la conté de Monfort,
La citée et le chastel de Xaintes,
Les chasteaux, villes et fortereces et tout ce que le Roi tient en demaine ou pais de Xaintonge, déçu et delà la Charente,
Le chastel et la citee d'Angoulesme,
Et les chasteaux, fortereces et villes que le Roi de France tient en demaine en pais d'Angoulemois,
Avecques lectres et mandemens des delaissemens des foiz et hommages,
Le Roy d'Angleterre, à ses propres couz et frais, delivrera toutes les forteresces prises et occupées par lui et par ses subgiez, adhérens et alliez ès pais de France, de Touraine, d'Anjou, du Maine, du Berry, d'Auvergne, de Bourgoigne et de Champaigne, de Picardie et de Normandie et de toutes les autres parties et lieux du royaume de France excepté celles du duchié de Bretaigne et des pais et terres qui, par ce présent traictié, doivent appartenir et demourer au Roi d'Angleterre.
28. ITEM, est accordé que le Roi de France fera bailler et délivrer au Roi d'Angleterre, ou à ses hoirs ou deputez, toutes les villes, chasteaux, forteresces et autres terres, pais et lieux avant nommez, avecques leurs appartenences, aus propres couz et frais du dit Roi de France (117) ;
Et aussi que, s'il y avoit aucuns rebelles ou désobéissans de rendre, bailler, ou restituer audit Roi d'Angleterre aucunes citeez, villes, chasteaulx, pais, lieux ou fortereces qui, par ce présent traictié, lui doivent appartenir, le Roi de France sera tenu de les faire délivrer audit Roi d'Angleterre a ses despens, et, semblablement, le Roi d'Angleterre fera délivrer, a ses despens, les fortereces qui, par ce présent traictié, doivent appartenir au Roy de France. Et seront tenuz les diz Rois et leurs gens a eulx entreaidier, quant a ce faire requis en seront, aus gages de la partie qui les requerra ;
Qui seront d'un flourin de Florence (118), par jour, pour chevalier,
Et demy flourin pur eschuer,
Et pour les autres au feur
Et, de surplus des doubles gaiges, est accordé que, se lesdiz gaiges sont trop petiz, eu regard au merchié des vivres ou pais, il en sera en l'ordenance de quatre chevalers pour ce esleus, deux d'une partie et deux d'autre.
29. ITEM, est accordé que les arcevesques, evesques et autres prélas et gens de sainte église, a cause de leur temporalité, seront subgiez d'icellui des deux Rois soubz qui il tendront leur temporalité; et, s'il ont leur temporalité soubz touz les deux Rois, il seront subgiez de chascun des deux Rois, pour la temporalité qu'il tendront soubz chascun d'iceulx.
30. ITEM, est accordé que bonnes alliances, amitiez et confederacions soient faites entre les deux Rois de France et d'Angleterre (119) et leurs royaumes, en gardant l'honneur et la conscience de l'un Roi et de l'autre non obstant quelconques confederacions qu'il aient, deçà et delà, avecques quelconques personnes, soient d'Escoce, de Flandres, ou d'autre pais quelconques.
31. ITEM, accordé est que le Roi de France et son ainsné filz, le régent, pour eulx et pour leurs hoirs, Rois de France, si avant qu'il pourra, estre fait, se delairront et departiront de tout des aliances qu'il ont avecques les Escoz (120); et promectront, se avant que faire se pourra, que jamais eulx, ne leurs hoirs, ne les Rois de France qui pour le temps seront, ne donront, ne feront au Roi, ne au royaume d'Escoce, ne aus subgiez d'icellui, prescns et a venir, confort, aide, ne faveur contre le dit Roi d'Angleterre, ne contre ses hoirs et successeurs, ne contre son royaume, ne contre ses subgiez, en quelque manière; et qu'il ne feront autres alliances avecques les diz Escos, en aucun temps a venir, encontre les diz Rois et royaume d'Angleterre.
Et, samblablement, si avant que faire se pourra, le Roi d'Angleterre et son ainsné filz, se delairont et departiront de tout des alliances, qu'il ont avec les Flamanz (121) et promecteront que eulx, ne leurs hoirs, ne les Rois d'Angleterre qui pour le temps seront, ne donront, ne feront aus Flamanz, presens ou a venir, aide, confort, ne faveur contre le Roi de France, ses hoirs et successeurs, ne entre son royaume, ne contre ses subgiez, en quelque manière; et qu'il ne feront autres alliances avec les diz Flamanz, en aucun temps à venir, contre les Rois et royaume de France.
32. ITEM, accordé est que les collacions et provisions, faites d'une partie et d'autre, des bénéfices vacans, taut comme la guerre a duré, tiennent et soient valables; e que les frais, issues et revenues, rcceues et levées de quelconques bénéfices ou autres choses temporels quelconques, es diz royaumes de France et d'Angleterre, par l'une partie et par l'autre, durant les dictes guerres, soient quictes d'une partie et d'autre (122)
33. ITEM, que les Rois dessusdiz soient tenuz de faire confermer toutes les choses dessus dictes par nostre saint père le pape ; et seront vallées (123) par seremens, sentences et censures de court de Rome et touz autres liens, en la plus forte manière que faire se pourr a et seront empêtrées dispensacions et absolucions et lectres de la dicte cour de Rome, touchanz la parfection et acomplissement de ce present traictié, et seront baillées aus parties, au plus tart, dcdanz les trois semaines, après ce que le Roi sera arrivez à Calais (124).
34. ITEM, que ouz les subgiez des diz royaumes qui voudront estudier es estudes et universitez des royaumes de France et d'Angleterre joiront des privilèges et libertez des dictes estudes et universitez, tout ainsi comme il povoient faire avant ces présentes guerres et comme il font à présent (125)
35. ITEM, afin que les choses dessus dictes, traictées et parlées soient plus fermes, stables et valables, seront faictes et données les fermetés qui s'ensuivent, c'est assavoir lectres scellées des seaux des diz Rois et des ainsnez fils d'iceulx, les meilleurs qu'il pourront faire et ordener par les conseils des diz Rois.
Et jureront les diz Rois et leurs enfans ainsnez et autres enfans, et aussi les autres des lignages des dis seigneurs et autres grans des diz royaumes, jusques au nombre de vint de chascune partie, qu'il tendront et aideront à tenir, pour tant comme à chascune d'eulx touche, les dictes choses, traictiées et accordées, et accompliront, sans jamais venir au contraire, sanz fraude et sanz mal engin et sanz faire nul empeschement. Et s'il y avoit aucun du dit royaume de France, ou du royaume d'Angleterre, qui fussent rebelles, ou ne vousissent les choses dessus dictes, les diz Rois feront tout leur povoir, de corps, de biens et d'amis, de mectre les diz rebelles en vraie obeissance, selon la tburme et teneur du dit traictié.
Et, avec ce, se soubsmettront les diz Rois et leurs hoirs et royaumes à la cohercion de nostre saint père le pape, afin qu'il puisse contraindre, par sentences, censures d'église et autres voyes deues, celui qui sera rebelle, selon ce qu'il sera de raison.
Et, parmi les seurtez et fermetez dessus dictes, renonceront les diz Rois et leurs hoirs, par foi et par serement, a toutes guerres et a tous procès de fait.
Et se, par désobéissance, rebellion ou puissance de aucuns subgiez du royaume de France, ou autre juste cause, le Roi de France, ou ses hoirs, ne povoient acomplir toutes les choses dessus dites, le Roi d'Angleterre, ses hoirs, ou aucun pour eulx, ne feront, ou deveront faire guerre contre le Roi de France, ses hoirs, ne son royaume, mais touz ensambte se enforceront de mectre les diz rebelles en vraie obeissance et de accomplir les choses devant dictes.
Et aussi, se aucuns du royaume et obéissance du Roi d'Angleterre ne vouloient rendre les chasteaux, villes, ou forteresces qu'il tiennent ou royaume de France, et obéir au traictié dessus dit, ou, pour juste cause, ne pourroit accomplir ce que doit faire par ce présent traictié, le Roi de France, ne ses hoirs, ou aucun pour eulx, ne feront point de guerre au Roi d'Angleterre, ne à son royaume mais touz deux ensamble feront leur povoir de recouvrer les chasteaux, villes et forteresccs dessus dictes, et que toute obeissance et accomplissement soit fait ès traictiés dessus diz (126)
Et seront aussi faites et données, d'une partie et d'autre, selon la nature du fait, toutes manières des fermetez et scurtez que l'en saura ou pourra deviser, tant par le pape, le collège de la cour de Rome, comme autrement, pour tenir et garder parpetuelment la paix et toutes les choses par dessus accordées.
36. ITEM, est accordé que, par ce présent traictié et accord, tous autres accors, traictiés, ou prolocucions, Se aucun en y a faiz ou parparlez ou temps passé, sont nulz et de nulle valeur et de tout mis au néant et ne s'en pourront jamais aidier les parties ne faire aucun reprouche l'un contre l'autre, pour cause d'iceulx traictiés ou accors, se aucuns en y avoit, comme dit est.
37. ITEM, que ce présent traictié sera approuvé, juré et conformé par les deux Rois à Calais, quant il y seront, en leurs personnes; et, depuis que le Roi de France sera partiz de Calais et sera en son povoir, dedens un mois prouchain ensuivant le dit departement, le dit Roi de France en fera lectres confirmatoirs et autres necessaires ouvertes, et les envoiera et délivrera, à Calais, au dit Roi d'Angleterre, ou a ses deputez, au dit lieu et aussi le dit Roi d'Angleterre, en prenant les dictes lectres confirmatoires, en baillera lectres confirmatoires pareilles à celles du dit Roi de France. (127).
38. ITEM, est accordé que nul des Rois avant diz, ne procurera, ne fera procurer, par lui, ne par autre, que aucunes nouvelletez ou griefs se facent par l'église de Rome, ou par autres de sainte Eglise, quelconques il soient, contre ce présent traictié, sur aucun des diz Rois, leurs coadjuteurs, adherens, ou alliez, quelconques il soient, ne sur leurs terres, ne leurs subgiez, pour achoison (128) de la guerre, ou pour autre cause, ne pour services que les diz coadjuteurs ou alliez aient faiz au. diz Rois, ou à aucun d'iceulx ; et, se nostre dit saint père, ou autre, le vouloient faire, les deux Rois le destorberont, selon ce qu'il pourront, bonnement, sanz mal engin.
39. ITEM, des hostages qui seront baillez au Roi d'Angleterre, à Calais, de la manière et du temps de leur département, les deux Rois en ordeneront à Calais (129).
Et nous, Roi de France dessusdit, veu et considéré le dit traictié, pour bien de paix, fait en nostre nom et pour nous, en tant comme a nous touche, de nostre partie aians ferme et agréable, ycellui et toutes les choses dessus escriptes volons, loons, ratifions et approvons, et de nostre anctoritt roy al, par delibéracion, conseil et consentement de plusieurs prélas et gens de saincte eglise, duz et contes, tant de nostre linage, que autres, et de pluseurs, tant pers de France, que autres grans, barons, nobles, bourgois et autres sages de nostre royaume, consentons et conformons le dit traictié et toutes les choses dessus dictes contenues en ycelui.
Et jurons, sur le corps Jesus-Crist et en parole de Roi, pour nous et pour noz hoirs, ycelui tenir et garder et accomplir, sanz jamais venir encontre, par nous où par autre et, pour les choses dessus dictes et chacune d'icelles tenir fermement a perpétuité, obligeons nous, noz biens présens et avenir, noz hoirs et successeurs et leurs biens.
Et souzmettons, quant a toutes ces choses, nous et noz hoirs et successeurs a la jurisdicion et cohercion de l'eglise de Rome, et volons et consentons que nostre saint père le pape conferme toutes ces choses, en donnant monicions et mandemens généraux sur l'acomplissement d'icelles, contre nous, noz hoirs et successeurs et contre touz nos subgiez, soient communes, collèges, universitez, ou personnes singulières quelconques, et en donnant sentences generaux d'excommuniement, de suspension et de entredit, pour estre encorues par nous et par eulx pour celui fait, si tost que nous, ou eux, ferons ou accepterons, en occupant forterece, ville, ou chastel, ou autre quelconque chose faisant, ratifRant, ou agréant, ou donnant conseil, confort, faveur ou aide, celeement, ou en appert, contre la dicte paix; des quelcs sentences il ne puissent estre absouz jusques il aient fait pleine satisfaction di tous ceulx qui par celui fait auroient soustenu ou soustendroient domages.
Et, avec ce, volons et consentons que nostre saint père le pape, pour ce que plus fermement soit tenue et gardée la dicte paix a parpétuité, toutes pactions, confederacions, aliances et convenances, comment qu'elles puissent estre nommées, qui pourroient estre préjudiciables, ou obvier, par quelconque voie, a la dicte paix, en temps present ou avenir supposé qu'elles feussent termes ou vallées par peines, ou par seremens et conformées de l'auctorite de nostre saint pere le pape, ou d'autre, soient cassées, irritées et mises au néant, comme contraires à bien commun et au bien de paix commune et profitable a toute crestienté, et déplaisant à Dieu ;
Et touz seremenz, faiz en tel cas, soient relaschez; Et soit decerné, par le dit nostre saint père, que nul soit tenu a tels seremens, aliances, ou convenances tenir ou garder ;
Et défende que, ou temps à venir, ne soient faites telles ou semblables ;
Et se, de fait, aucun attemptoit ou faisoit le contraire, que, dès maintenant, les casse et irrite et rende nulz et de nulle vertu ;
Et, neantmoins, nous les punirons, comme violateurs de paix, par peine de corps et de biens, si comme le cas le requera et que raison le voudra.
Et, se nous faisions, procurions ou souffrions estre fait le contraire, que Dieu ne vueille, nous volons estre tenuz et reputé pour desloial et parjure, et volons encourir tel blasme et diffame comme Roi sacré doit encourir en tel cas.
Et les choses dessus dictes ferons jurer a tenir et garder par les prelas, quant il feront les seremens de feaulté, et chiefs d'églises de nostre royaume,
Par nos enfans, par nostre frère le duc d'Orliens (130), par noz cousins et autres prochains de nostre sanc,
Par les pers de France,
Par les duz, contes, barons et granz terriers,
Par les maires, jurés, eschevins et consuls et universitez ou communes de nostre royaume,
Et par noz officers, en la créacion de leurs offices;
Et qu'il ne feront, ne mouveront, ou soustendront, ou nourriront guerre quelconque, haine, ou discorde entre nous, Rois, et noz royaumes dessusdiz et les subgiez d'iceulx.
Et le dit serement ferons renouveller, de cinq ans en cinq ans, pour en estre plus fresche mémoire.
Et jamais ne ferons alliance à quelque personne, citée, ville, ou université contre nostre dit frère, ne contre ses enfans, ou leurs terres, ou leurs subgiez, ne autrement, qu'il n'en soient expressement exceptez.
Et nous avons fait, samblablement, jurer toutes les choses devant dictes par nos enfans, le duc d'Anjou et du Maine (131), le duc de Berry et d'Auvergne (132), le duc de Tourainne (133), le duc d'Orliens, notre frère (134), et noz cousins, le duc de Bourbon (135), Jacque de Bourbon (136), Jehan d'Artois (137), Pierre de AIençon (138) Jehan d'Estampes (139), Guy de Bloys (140), le conte de Saint-Pol (141), le conte de Harecourt (142), le conte de Tancarville (143), le conte de Saint Seurre (144) ; conte de Joigny (145), le conte de Sairebruche (146), le conte de Brene (147), le sire de Coucy (148), le sire de Craon (149), le sire de Fienles (150), le dauphin d'Auvergne (151), le sire de Montmorency (152), Guillaume de Craon (153), le sire de Saint Venan (154),
Et ferons aussi jurer sambtabtement, et au plus tost que faire pourrons bonnement, la plus grant partie des prelas, pers, dux, contes, barons et autres nobles de nostre royaume.
En tesmoingnance de quelle chose nous avons fait mectre nostre seel à ces lettres.
Données à Calais le xxiv jour d'octobre, l'an de grace mil trois cens soixante (155).

C'est probablement dans le château de Sours qu'a été délibéré le traité.
Les limites du traité
Si ce traité semble apporter une paix temporaire, les tensions entre les deux royaumes ne sont que partiellement apaisées. Le fils de Jean II, Louis d’Anjou, s’évade de sa captivité en 1362, créant un incident diplomatique. Fidèle à son honneur, Jean II décide alors de retourner en captivité en Angleterre, où il meurt en 1364. Son successeur, Charles V, relance les hostilités en 1369, sous prétexte que l'Angleterre n’a pas respecté les termes du traité en effet Charles V reprochait à Édouard III d'Angleterre plusieurs violations du traité de Brétigny (1360), ce qui servit de prétexte pour reprendre la guerre de Cent Ans après une période de paix relative.
Voici les principaux griefs de Charles V contre Édouard III :
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Le non-respect des clauses du traité : Le traité de Brétigny prévoyait qu'Édouard III renonçait à ses prétentions sur la couronne de France en échange de vastes territoires en pleine souveraineté (notamment l’Aquitaine, la Gascogne, le Poitou, le Périgord, etc.). Cependant, Édouard III ne renonça jamais officiellement à ses droits sur la couronne de France.
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Les difficultés d'application du traité : Le transfert effectif des terres promises à l’Angleterre posait problème, notamment en raison de la réticence des seigneurs locaux à reconnaître l’autorité anglaise. Certains territoires, comme la Basse Normandie et d'autres régions, n’avaient pas été cédés comme prévu.
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Les abus de l’administration anglaise en Aquitaine : Les sujets aquitains, pourtant censés être sous souveraineté anglaise selon le traité, se plaignaient des lourdes taxes et de la gouvernance anglaise. Plusieurs seigneurs et villes d’Aquitaine se révoltèrent et demandèrent la protection du roi de France.
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Le refus d’Édouard III de rendre hommage au roi de France : Bien que le traité de Brétigny devait supprimer l'hommage du roi d'Angleterre au roi de France pour ses possessions en France, la situation restait ambiguë. Charles V considérait qu’Édouard III et son fils, le Prince Noir (gouverneur d’Aquitaine), devaient malgré tout prêter hommage. Leur refus fut vu comme une violation du traité.
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Le soutien d’Édouard III aux ennemis de la France : Édouard III soutenait certains seigneurs révoltés contre Charles V, comme Charles le Mauvais, roi de Navarre, et encourageait la piraterie anglaise en Manche.
Face à ces violations, Charles V utilisa la révolte des Aquitains comme justification pour citer le Prince Noir devant le Parlement de Paris en 1368. Son refus de comparaître entraîna la confiscation de l’Aquitaine en 1369, ce qui marqua la reprise de la guerre contre l’Angleterre.
Un répit temporaire
Malgré son ambition de pacifier durablement les relations franco-anglaises, le traité de Brétigny ne permet qu’un court répit de neuf ans dans la guerre de Cent Ans. Dès 1369, les hostilités reprennent de plus belle. À la mort d'Édouard III en 1377, les forces anglaises ont largement perdu leur emprise sur le territoire français, limitées alors à la région de Bordeaux. Le traité, bien qu’il ait marqué un moment fort dans l’histoire de la guerre, n’aura finalement pas permis d’instaurer une paix durable entre les deux royaumes.
Héritage
Le traité de Brétigny constitue une étape cruciale dans l'évolution du conflit franco-anglais, mais il illustre aussi les limites des accords diplomatiques de l'époque face aux rivalités dynastiques. Les succès militaires, comme ceux de Bertrand du Guesclin, et les nouvelles batailles qui suivront comme celles de Patay, Formigny ou Castillon, scelleront progressivement la reconquête des territoires perdus par la couronne française.