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Chronologie du Siège de Compiègne (1430)

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Début du Siège (Avril 1430) :
- Les assiégeants, dirigés par les Bourguignons, débutent les travaux de siège avec des mines, des tranchées, et des tourelles face au boulevard de Compiègne.
- Guillaume de Flavy, avec ses frères et les compagnons de Jeanne d'Arc, organise la défense de la cité.
- La garnison de Compiègne compte environ 400 à 600 hommes.
- Guillaume de Flavy renforce les défenses, démolit des constructions gênantes, et rend l'Oise inutilisable.
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Transformation en Arsenal (Avril - Juin 1430) :
- Compiègne devient un arsenal avec des approvisionnements et la fabrication de munitions.
- L'investissement initial concerne principalement la rive droite de l'Oise.
- La ville reçoit des renforts réguliers.
- Jeanne d'Arc venue en renfort est capturée devant les murs de Compiègne.
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Érection d'une Bastille (Juin 1430) :
- Les Bourguignons érigent une bastille devant le boulevard, coupant la ville du reste du territoire par la rupture du pont.
- Les travaux d'approche autour de Compiègne se resserrent, et le bombardement s'intensifie.
- Guillaume de Flavy utilise habilement des couleuvrines de cuivre sur les courtines.
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Assaut Bourguignon (Juin 1430) :
- Les Bourguignons, dirigés par le duc de Bourgogne, prennent le boulevard de Compiègne lors d'un assaut.
- La fortification est retournée contre la ville, et Baudot de Noyelles s'y établit.
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Élargissement du Siège (Juin - Août 1430) :
- Les Bourguignons rétablissent le pont de Venette, s'étendant sur la rive gauche de l'Oise.
- Les Bastilles compliquent l'investissement, rendant difficile les sorties et l'entrée des secours.
- En août, des troupes anglaises dirigées par le comte de Huntington et d'Arundel rejoignent le siège.
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Appels à l'Aide et Difficultés Bourguignonnes (Juillet - Août 1430) :
- Guillaume de Flavy intensifie ses appels à l'aide en sollicitant des secours à Epernay, Reims, et Château-Thierry.
- La situation financière des Bourguignons devient critique, et des bans sont publiés pour rappeler les troupes.
- À la mort de Philippe de Brabant, Philippe le Bon retourne à Lille, laissant l'armée à Jean de Luxembourg.
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Retrait Bourguignon (Octobre 1430) :
- Les Bourguignons, forcés par des événements tels que la retraite des Anglais et le mouvement des troupes françaises, abandonnent le siège.
- La grande bastille du côté de la forêt reste inachevée.
- La famine s'installe à Compiègne, exacerbant la situation.
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Arrivée des Renforts Français (Octobre 1430) :
- Le comte de Vendôme rassemble des troupes et marche vers Compiègne pour porter secours.
- Le 24 octobre, la colonne du comte de Vendôme débouche devant Verberie.
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Libération de Compiègne (Octobre 1430) :
- Le 26 octobre, les Anglais se retirent, provoquant la retraite des Bourguignons et l'abandon du siège.
- Les assiégeants, après avoir libéré Compiègne, s'emparent de bastilles et démolissent des fortifications.
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Suite des Événements (Novembre - Décembre 1430) :
- La campagne se poursuit avec des affrontements à Conti et Roye.
- Philippe le Bon tente une nouvelle offensive, mais la fatigue de l'armée et les revers la conduisent à la dissolution.
- Philippe le Bon se retire à Péronne et au Brabant, mettant fin à la campagne de 1430.
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Le Palais National de Compiègne, aujourd'hui un musée Impérial et de la Voiture, fut édifié au XVIIIe siècle par Louis XV et terminé sous Louis XVI. Relativement dégradé au début du XIXe c'est Napoléon Ier qui va le faire restaurer en 1807-1808.
Connu pour son parc, sa forêt de Compiègne, le Palais fut dès Charles le Chauve une des résidences importantes de la Royauté, puis de l'Empire.
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Informations
- Adresse : Place du Général de Gaulle 60200 Compiègne
- Maps : Carte
- Téléphone : 03 44 38 47 00
- Email :
- Site : http://palaisdecompiegne.fr/
- Heures d'Ouvertures & Visites en 2018 ( à titre indicatif, changement d'horaire possible, toujours se référer au site officiel avant tout déplacement ) :
DU 14/03/18 AU 01/11/18
Le Palais est ouvert tous les jours, sauf le mardi, 01/01, 01/05, 25/12 et certains jours fériés.
► Appartements de l'Empereur et de l'Impératrice: visite libre de 10h à 18h (dernière admission à 17h15).
► Musée du Second Empire: visite libre les mercredis, jeudis, samedis et dimanches de 10h à 12h.
► Musée national de la Voiture: visite libre les mercredis, jeudis, samedis et dimanches de 14h à 18h (dernière admission à 17h15).
DU 2/11/18 AU 10/03/19
Le Palais est ouvert tous les jours, sauf le mardi, les 01/01, 01/05, 25/12 et certains jours fériés.:
► Appartements de l'Empereur et de l'Impératrice: visite libre de 10h à 16h.
► Musée du Second Empire: visite libre les mercredis, jeudis, samedis et dimanches de 10h à 12h et de 16h15 à 18h (dernière admission à 17h15).
► Musée national de la Voiture:
- visite libre les lundis et vendredis de 16h15 à 18h (dernière admission à 17h15)
- visite libre les mercredis, jeudis, samedis et dimanches de 14h à 18h (dernière admission à 17h15)
Horaires modifiés les 24 et 31 décembre
Les 24 et 31 décembre, en raison des fêtes de fin d'année, les musées et domaine du Palais de Compiègne fermeront à 17h (dernière admission 16h15). Le parc fermera à 16h. Nous vous remercions de votre compréhension.
♦ PARC
1er novembre - 29 février: de 8h à 17h
1er mars - 15 avril et 16 septembre - 31 octobre: de 8h à 18h
16 avril - 15 septembre: de 8h à 19h
Dernier accès 15 minutes avant la fermeture
Horaires susceptibles d'être modifiés
L’histoire du château de Compiègne remonte aux premiers temps de la monarchie française.
Les deux premiers palais qui furent construits à des époques différentes le furent sur des emplacements bien différents de celui que nous connaissons aujourd'hui. Sous Clovis la présence d'une "ville" est attestée, probablement située sur l'emplacement de l'Abbaye de Saint-Corneille.
C’était primitivement une de ces maisons de chasse où les rois de la première race passaient une partie de l’année, lorsqu’ils n’étaient pas en guerre. Clotaire Ier y termina ses jours le 30 novembre 561 ou 31 décembre 561 . On vit souvent encore arriver dans Compiègne ces princes « fainéants » que traînaient dans de lourds chariots Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent.
Les rois carlovingiens héritèrent de ce goût pour Compiègne.
Troisième Palais
Charles le Chauve y fit de fréquents séjours et rebâtit le château, qui devint pour 1'époque une résidence somptueuse. C'est sur cet emplacement que le troisième palais de Compiègne va être construit, modifié et reconstruit pour devenir celui que nous connaissons aujourd'hui.
Louis le Bègue y lut couronné et y mourut. Sous cette race, Compiègne vit encore le sacre du roi Eudes et la mort de Louis V.
A dater de l’avènement de Hugues Capet, le château de Compiègne vit commencer pour lui de longues années d’abandon. Cependant Roi Saint-Louis, Louis IX y séjourna quelquefois, et l’on sait que Charles V y reconstruisit complètement la forteresse de Charles le Chauve. Les travaux lancés par Charles V furent terminés probablement vers 1380. Il reste de ce palais médiéval quelques pans de murs enrobés dans la maçonneries du XIIIe, du côté de la terrasse Louis-Philippe et sur les remparts de la Porte Chapelle.
Sous les règnes de Charles VI et de Charles VII, Compiègne fut tour à tour assiégé et pris par les Bourguignons, les Anglais et les Français. En 1429, le château et la ville étaient déjà retombés au pouvoir de Charles VII et de nouveau bloqués par les Anglo-Bourguignons, quand Jeanne d'Arc - Histoire & Parcours vint s’y jeter. Quelques jours après, la Pucelle - Puella - Jeanne la Pucelle est informée qu’un renfort lui est envoyé.
Le 24 mai, elle se résout a tenter une sortie pour le seconder. Le matin, elle alla communier à l’église Saint-Jacques, s’appuya tristement contre un des piliers et dit aux bonnes gens et aux enfants qui étaient là en grand nombre : « Mes bons amis et mes chers enfants, je vous le dis avec assurance, il y a un homme qui m’a vendue ; je suis trahie et bientôt je serai livrée à la mort. Priez Dieu pour moi, je vous supplie, car je ne pourrai plus servir mon roi ni le noble royaume de France. ».
Au sortir de 1'église, elle monte à cheval, prend avec elle six cents hommes et s’avance hors des murs de la ville.Les assiégeants, d’abord surpris, reculèrent. Mais, remis en un moment, ils poussèrent les assiégés jusqu’au rempart. Arrivée au pied de la muraille, elle resta devant la poterne pour couvrir la retraite des siens, qui se pressaient pour rentrer dans la ville. Son costume la désignait ; elle fut bientôt entourée, saisie, tirée à bas du cheval. Il est possible même que le pont-levis fut relevé. L’archer picard qui l’avait prise la vendit à Jean de Luxembourg, et moyennant dix mille livres et une pension de cinq cents francs, celui-ci la céda aux Anglais, qui brûlèrent sur le bûcher à Rouen, 30 mai 1431, comme dit Villon, « Jehanne, la bonne Lorraine ».
XVIe
Après ce triste événement, nouvelle interruption dans les fastes de Compiègne. François Ier y vint quelquefois et fit même dans cette ville, en 1526, une promotion de chevaliers de l’ordre de Saint-Michel ; mais rien n’indique qu’il ait songé à embellir le palais. Toutes ses prédilections étaient pour le château de Villers-Cotterêts, à quelques lieues de là, dont il avait fait une résidence somptueuse. Cependant c’est à Compiègne qu’il reçut Charles-Quint, en 1540, lorsque l’empereur traversa la France pour aller châtier les Gantois révoltés.
Henri IV établit souvent son quartier général à Compiègne pendant les dernières années de sa guerre contre les Espagnols. En 1595, « on accusait le roi, dit Sully, de se tenir à Compiègne pour quelque amourette. En réalité, il y attendait la jonction de toutes ses forces pour aller sur la frontière, au-devant du duc de Parme ». Sully vint rejoindre son maître à Compiègne et lui dévoila, preuves en main, un complot avec l’étranger, où avaient trempé, entre autres grands seigneurs, le comte de Soissons et le duc de Mayenne.
Le roi accueillit chaleureusement son ami, qui avait fait le voyage de Compiègne, à peine remis d’une blessure à l’épaule, prit bonne note de ses avis et le renvoya quelques jours après, en lui disant : « Adieu, mon ami, ayez l’œil au guet, servez-moi bien et vous assurez de mon amitié. »
XVIIe
En 1624, un traité signé à Compiègne assura l’alliance de Louis XIII avec la république des Provinces- Unies. En février 1631, quelques semaines après la Journée des Dupes, la cour de France s’installe dans le château. Marie de Médicis l’emplit toujours de scs intrigues. Déjà, Louis XIII a pris la résolution de se séparer de sa mère. Il ordonne à la reine Anne d’Autriche de se préparer à quitter Compiègne de grand matin, et lui fait dire par le garde des sceaux que la reine mère restera dans ce château, sous la garde du maréchal d’Estrées. Anne d’Autriche effrayée demande à Maris de Médicis une entrevue qui lui est aussitôt accordée. « Anne d’Autriche, raconte Mme de Motteville, prit seulement une robe de chambre, et toute en chemise passa chez la reine, sa belle-mère, qu’elle trouva dans son lit, assise sur son séant. Elle tenait ses genoux embrassés, et ne sachant que deviner de ce mystère, elle s’écria en voyant la reine et lui dit : Ah ! ma fille, je suis morte ou prisonnière. Le roi « me laisse-t-il ici? Que veut-il faire de moi? » La reine touchée de compassion, se jeta entre ses bras, et quoique du temps de sa faveur elle en eût été quelquefois maltraitée, l’état présent où elle était effaçant ce souvenir, elle pleura sa disgrâce, la ressentit et lui témoigna un regret sensible de la résolution du roi, qu’elle lui apprit avec l’ordre de la détention. Ces deux princesses se séparèrent satisfaites l’une de l’autre, mais toutes deux bien touchées de se voir les victimes du cardinal de Richelieu, leur ennemi commun. Ce lut la dernière fois qu’elles se virent. »
Quelques mois se passent, et Louis XIII apprend un beau jour que, le 19 juillet, « par une longue et belle soirée d’été, un carrosse attelé de six chevaux, appartenant à une dame de la cour, était sorti vers dix heures, par la porte de la ville de Compiègne; qu’à la même heure une dame accompagnée d’un gentilhomme s’était fait ouvrir une porte du château donnant sur le rempart, comme pour aller prendre le frais ; que le carrosse et ceux qu’il portait avaient passé l’Oise sur le bac, lequel n’était plus revenu de l’autre rive jusqu’au lendemain ». Ainsi s’expriment les mémoires du temps. La fugitive était Marie de Médicis, partant pour un exil qui devait durer jusqu’à sa mort, en 1642.
C’est encore à Compiègne que Louis XIII et le grand chancelier de Suède Oxenstierrr signèrent, en 1635, le traité qui décida l’intervention de la France dans la guerre de Trente ans.
Pendant la régence d’Anne d’Autriche, Louis XIV fit à Compiègne quelques séjours d’assez longue durée. Il y vint avec sa mère en 1649, au début de la Fronde. « Le séjour de la reine à Compiègne servit un peu à délasser son esprit des affaires qui en avoient troubler le repos. La forêt et la rivière qui font l’ornement de cette petite ville lui firent passer d’agréables heures et donnèrent beaucoup de divertissement au roi et à Monsieur, qui étant tous deux trop jeunes pour prendre part aux maux de l’Etat, ne pensaient qu’à chercher du plaisir partout où ils le trouvaient. »
Pendant ce temps Anne d’Autriche négociait la rentrée de la cour à Paris et recevait la visite des principaux frondeurs qui venaient laire leur soumission. L’un des premiers fut le laineux coadjuteur de Retz, qui arriva à Compiègne au lever de la reine.
« Comme je montois l’escalier, dit-il, un petit homme habillé de noir, que je n’avois jamais vu, et que je n’ai jamais vu depuis, me coula dans la main un billet où étoicnt ces mots en grosses lettres : « Si « vous entrez chez le roi, vous êtes mort. » J’y étois, il n’étoit plus temps de reculer. Comme je vis que j’avois passé la salle des gardes sans être tué, je me crus sauvé. Je témoignai à la reine que je venois assurer de mes obéissances très humbles et de la disposition où étoit l’Église de Paris de rendre à Leurs Majestés tous les services auxquels elle étoit obligée. J’insinuai dans mon discours tout ce qui étoit nécessaire pour pouvoir dire que j’avois beaucoup insisté pour le retour du roi. La reine me témoigna beaucoup de bonté, et même beaucoup d’agrément sur ce que je lui disois ; mais quand elle fut tombée sur ce qui regardoit le cardinal Mazarin, et qu’elle eut vu que, quoiqu’elle me pressât de le voir, je persistais a lui répondre que cette visite me rendroit inutile a son service, elle ne put plus se contenir, et tout le pouvoir qu’elle eut sur elle fut, à ce qu’elle a dit depuis, de ne me rien dire de fâcheux. »
Quelques jours après cette visite, Mme de Chevreuse eut permission de faire la sienne. Mm0 de Chevreuse était toujours, non plus par elle-même, mais par ses relations, une amie ou une ennemie fort importante. Toutefois elle craignait qu’il ne lui arrivât quelque accident pendant le voyage, et, pour la décider a le faire, il fallut qu’on lui donnât un sauf-conduit. En effet, elle revint à Paris sans encombre. Mais la reine ne l’avait point embrassée.
Le lendemain, ce fut le tour du prince de Conti, qui alla jusqu’à accepter une invitation du cardinal Mazarin. Quelques jours apres, la cour rentrait à Paris.
N oublions pas une anecdote qui se rapporte encore à ce séjour, et que nous devons à Laporte, valet de chambre de Louis XIV. Condé, dit-il, était entré en passant dans le cabinet où étudiait le roi. Louis se leva pour le recevoir, « et ils furent un instant tous deux auprès du feu, où le roi se tenoit toujours découvert, ce qui ne me plaisoit pas. Je m’approchai donc de son précepteur et lui dis qu’il le falloit faire couvrir, à quoi il ne répondit rien. J’en dis autant au sous-gouverneur qui n’eut pas plus de hardiesse. Ainsi, je m approchai de Sa Majesté, et lui dis tout bas par derrière de se couvrir : ce que M. le Prince ayant aperçu : « Sire, Laporte a raison, il faut que « Votre Majesté se couvre, et c’est assez nous faire « d honneur quand elle nous salue. » S’étant trouvé seul quelques moments après avec Laporte, Condé lui demanda « s’il y avait apparence qu’il fût honnête « homme, » et sur une réponse affirmative, il s’écria :
« Vous me ravissez, car il n’y a pas de plaisir d’obéir « à un sot. »
En 1656, Anne d'Autriche et Louis XIV reçurent a Çompiègne la reine Christine, qui avait déjà fait à Paris un assez long séjour. La première entrevue eut lieu à quelques lieues de Compiègne, au château du Fayet, avec un appareil royal. Mme de Motteville raconte que « la reine gothique » lui parut d’abord « comme une Égyptienne dévergondée, qui par hasard ne serait pas trop brune ». Christine portait un accou figure d’un pourpoint d’homme, et l’autre moitié celle d’une hongreline de femme, mais si mal ajustée, qu’une de ses épaules sortoit toute d’un côté, qui étoit celle qu’elle avoit plus grosse que l’autre. Sa chemise étoit faite a la mode des hommes, et sortoit par eu bas de son demi-pourpoint, comme celle des hommes, et elle faisoit sortir au bout de ses bras et sur ses mains la meme quantité de toile que les hommes en laissoient, voir alors au défaut de leur pourpoint et de leurs manches. Sa jupe étoit grise, chamarrée de petits passements d’or et d’argent, elle étoit courte, et au lieu que nos robes sont traînantes, la sienne lui faisoit 'oir les pieds découverts. Elle avoit des rubans noirs renoues en maniéré de petite oie, sur la ceinture de sa jupe. Sa chaussure étoit tout à fait semblable à celle des hommes et n’étoit point sans grâce. Elle au- r°it eu les mains belles sans la crasse qui les couvroit. » Avec tout cela, elle plaisait.
Anne d’Autriche, arrivée à Compiègne, conduisit son hôtesse dans son appartement, et raconta complaisamment à ses dames que Christine, sous prétexte d’examiner le portrait du roi et de son frère qu’elle avait au bras, lui avait fait ôter ses gants, « et lui avait dit les choses du monde les plus polies sur la beauté de ses mains ». Elle mena ensuite la reine de Suède a la Comédie italienne qui ne lui plut pas.
« Après cela, on la mena dans sa chambre où elle fut servie par les officiers du roi. 11 fallut qu’on lui donnât jusqu a des valets de chambre pour la servir et pour la déshabiller; car elle étoit seule; elle n’avoit ni dames, ni officiers, ni équipages, ni argent ; elle composoit a elle seule toute sa cour. Nous ne lui vîmes que deux femmes qui ressemblaient plutôt à des revendeuses qu a des dames de quelque condition. Enfin, je serois tentée, en faisant la description de cette princesse, de la comparer aux héroïnes des romans de chevalerie, dont les aventures étoient belles, dont le train était presque pareil au sien, et de qui la fierté avoit du rapport à celle qui paraissoit en elle. Je pense même, vu son équipage et sa pauvreté, qu’elle ne faisoit pas plus de repas et ne dormoit pas mieux que Marfise ou Bradamante, et qu’à moins d’arriver par hasard chez quelque grand roi comme le nôtre, elle ne faisoit pas souvent bonne chère. » Christine se montra d ailleurs extraordinaire en tout ; elle se fit servir par des hommes « dans les heures les plus particulières » ; elle riait démesurément, chantait souvent en compagnie, ou rêvait « et sa rêverie alloit jusqu’à l’assoupissement ». Elle paraissait inégale, brusque, « libertine en toutes ses paroles », tant sur la religion que sur les mœurs. Elle jurait à tout propos. « En présence du roi et de la reine et de toute la cour, elle appuyoit ses jambes sur des sièges aussi hauts que celui où elle étoit assise et les laissoit voir trop librement. Cependant, il étoit difficile, quand on 1 avoit bien vue et surtout écoutée, de ne point lui pardonner toutes ses irrégularités. » Outre la Comédie italienne, on lui donna une comédie française. « Elle montra d’avoir l’âme passionnée ; elle s’écria souvent sur les beaux endroits, paraissant sentir de la joie ou de la douleur, selon les divers sentiments qui étaient exprimés par les vers qui se récitaient devant elle ; puis, comme si elle eut été toute seule dans son cabinet, se laissant aller sur le dos de sa chaise, après ses exclamations, elle de- meuroit dans une rêverie profonde. La reine même ne l’en pouvoit tirer, quoique souvent elle voulut lui parler. »
Une chasse au sanglier, où on mena Christine, ne lui plut pas, « parce qu’elle était périlleuse, et qu elle ne pouvait souffrir qu’on s’exposât à quelque péril que pour acquérir de la gloire ». Elle se moqua « hardiment » d’une tragédie que les Jésuites firent représenter pour elle dans leur collège. Le lendemain, l’un d’eux, le Père Annat, confesseur du roi, vint lui faire des compliments, sur quelques plaintes qu’elle avait faites contre leur ordre. « Elle lui dit d’un ton moqueur, et avec cette brusque manière qui lui étoit naturelle, qu’elle serait fâchée de les avoir pour ennemis, sachant leurs forces, et qu’elle chercherait plutôt d’avoir querelle avec un prince souverain qu’avec eux ; mais qu’elle l’assuroit qu’en cas de confession et de tragédie elle ne les choisiroit jamais ; voulant leur reprocher par là qu’ils étoient accusés d’avoir une morale trop indulgente, et se moquer de la mauvaise tragédie où elle avoit été le jour précédent. »
Il paraît que Christine ne prit pas grand plaisir a un festin royal « qui fut, comme de tels repas ont accoutumé d’être, où la profusion fatigue plus 1 esprit qu’elle ne nourrit le corps ». Par contre, elle aimait suivre le jeu, et un jour qu’Anne d’Autriche jouait aux cartes, « elle s’assit près d’elle, et s’appuyant nonchalamment sur la table, il parut qu’elle s’oc- cupoit agréablement à regarder les belles mains de la reine; elle les loua et lui dit d’un air galant, qu’elle estimeroit son voyage de Rome en France bien employé, quand elle n’auroit pas eu d’autre avantage que celui de voir en cela seulement la plus belle chose du monde ». C’était savoir prendre la régente par son luible. Anne d’Autriche avait des mains admirables et s en montrait très vaine.
Le séjour de Christine à Compiègne dura dix jours environ. Elle repartit pour Rome le 23 septembre donnes et de 1argent pour les pouvoir payer; elle s'en alla suivie seulement de sa chétive troupe, sans tram, sans grandeur, sans lit, sans vaisselle d’argent m aucune marque royale ». Elle revint en France quelque temps après. Nous avons raconté le drame qui marqua son séjour à Fontainebleau.
Louis XIV vint souvent à Compiègne passer la revue de ses troupes. Dans ces occasions, on formait un camp dans la plaine qui s’étend entre l’Oise et la foret, près du palais. C’est en 1692, pendant une de ces revues, que le jeune duc de Saint-Simon, l’auteur des fameux Mémoires, fit ses premières armes dans les mousquetaires du roi. C’est encore à Saint-Simon que nous devons le récit de la fameuse revue de 98 Soixante mille hommes y avaient été réunis sous le commandement du maréchal de Boufflers.
Le maréchal déploya une magnificence extraordinaire, qui fut imitée par tous ses officiers. Pendant quinze jours, des tables d’une recherche et d’une profusion « elli ayantes » lurent constamment dressées pour toute la cour. « La beauté et la profusion de la vaisselle pour fournir à tout, et toute marquée au ne le fut pas moins, ce fut l’exactitude des heures et des moments de tout service partout : rien d’attendu, „en de languissant, pas plus pour les bayeurs laquais, que pour les premiers seigneurs, à toutes heures et à tous venants A quatre lieues autour de Compiègne, les villages et les fermes étoient remplis de monde, et François et étrangers, à ne pouvoir plus contenir personne’ et cependant tout se passa sans désordre. Ce qu’il y avoit de gentilshommes chez le maréchal étoit un monde tous plus polis et plus attentifs les uns que les autres a leurs fonctions de retenir tout Ce qui paraissoit, à les faire servir depuis cinq heures du matin jusqu’à dix et onze heures du soir, sans cesse et à mesure, et à faire les honneurs, et une livrée prodigieuse avec grand nombre de pages; des maisons de bois meublées comme des maisons de Paris les plus superbes, une galanterie singulière, et des tentes immenses et magnifiques, dont le nombre pouvoit seul former un camp. L'abondance et la somptuosité ne se démentirent jamais d’un seul moment ni d’un seul point. »
Les princes et les princesses de la maison royale dinerent presque tous les jours chez le maréchal Louis XIV y prit un repas en compagnie du roi détrôné d’Angleterre, Jacques II. Les troupes étaient par alternent belles. Les généraux ajoutèrent « à la beauté majestueuse et guerrière des hommes, des armes, des chevaux, les parures et la magnificence de la cour, et les officiers s’épuisèrent par des uniformes qui auroient pu orner des fêtes. Le roi s’amusa fort à voir et à faire voir les troupes aux dames, leur arrivée, leur campement, leur distribution, en un mot, tous les détails d’un camp, des détachements et des marches, des fourrages, des petits combats, des convois ».
Enfin, la revue générale, accompagnée de grandes manœuvres où l’on devait simuler un siège, eut lieu le 13 septembre par un temps magnifique. Le roi et les dames se placèrent sur le rempart du château, maintenant transformé en terrasse, vers la porte Ca- pelle, de façon à dominer la plaine. « C’étoit le plus beau coup d’œil que l’on pût imaginer que toute cette armée, et ce nombre prodigieux de curieux de toutes conditions, à cheval, à pied, à distance des troupes pour ne les point embarrasser. Mais un spectacle d’une autre sorte, et que je peindrois dans quarante ans comme aujourd’hui, tant il me frappa, fut celui que, du haut du rempart, le roi donna à toute son armée et à cette foule innombrable d’assistants de tous états, tant dans la plaine que sur le rempart même.
« Mme de Maintenon y étoit, en face de la plaine et des troupes, dans sa chaise à porteurs, entre ses trois glaces et ses porteurs retirés. Sur le bâton de devant à gauche, étoit assise Mme la duchesse de Bourgogne, du même côté, en arrière et en demi-cercle, debout, Mme la duchesse de Bourbon, Mme la princesse de Conti et toutes les dames, et derrière elles, des hommes. A la glace droite de la chaise, le roi, debout, et, un peu en arrière, un denn-cercle de ce qu’il y avoit en hommes de plus distingué. Le roi étoit presque toujours découvert, et à tout moment se baissoit dans la glace pour parler à Mme de Maintenon, pour lui expliquer tout ce qu’elle voyoit et les raison de chaque chose : à chaque fois, elle avoit l’honnêteté d’ouvrir la glace, de quatre ou cinq doigts, jamais de la moitié, car j’y pris garde, et j’avoue que je fus plus attentif à ce spectacle qu’à celui des troupes ; quelquefois elle l’ouvroit pour quelques questions au roi, mais presque toujours, c’étoit lui qui, sans attendre qu’elle parlât, sc baissoit tout à fait pour l’instruire; et quelquefois qu elle n’y prenoit pas garde, il frappoit contre la glace pour la faire ouvrir. Jamais il ne parla qu’à elle, excepté pour donner des ordres en peu de mots, et quelques réponses a Mme la duchesse de Bourgogne qui tachoit de le faire parler, et à qui Mme de Main- tenon montroit et causoit par signes de temps en temps, sans ouvrir la glace de devant, à travers laquelle la jeune princesse lui crioit quelques mots. Le roi mit souvent son chapeau sur le haut de la chaise pour parler dedans, et cet exercice si continuel lui devoit fort lasser les reins. » La cour était plongée dans une stupéfaction profonde.
« On montoit du champ de manœuvres à la terrasse par un escalier fort roidc qui débouchoit devant la chaise à porteurs. Canillac, colonel du régiment de Bourgogne, fut chargé d’aller demander un ordre au roi. Il monte donc par cet escalier et dépasse jusqu un peu plus haut que les épaules. Je le vois d’ici aussi distinctement qu’alors. À mesure que la tête dé- passoit il avisoit cette chaise, le roi et toute cette assistance, qu il n avoit point vue ni imaginée, parce que son poste étoit en bas, au pied du rempart, d’où on ne pouvoit découvrir ce qui étoit dessus. Ce spectacle le frnppa d un tel étonnement qu’il demeura court à regarder, la bouche ouverte, les yeux fixes. Il n’y eut personne qui ne le remarquât ; et le roi le vit si bien qu’il lui dit avec émotion : « Eh bien! Canillac, montez donc! » Canillac demeuroit; le roi reprit : « Montez donc; qu’est-ce qu’il y a ? » Il acheva de monter et vint au roi à pas lents, tremblant et passant les yeux à droite et à gauche avec un air éperdu. J’étois à trois pas du roi. Canillac passa devant moi et balbutia fort bas quelque chose. « Comment dites-vous ? dit le roi. Mais parlez donc! » Jamais il ne put se remettre. Il tira de soi ce qu’il put. Le roi, qui n’y comprit pas grand’chose, vit bien cpi’il n’en tireroit rien de mieux et ajouta d’un air chagrin : « Allez, Monsieur. » Canillac ne se le fit pas dire deux fois, regagna son escalier et disparut. A peine était-il dedans que le roi, regardant autour de 'lui : « Je ne sais ce qu’a Canillac, dit-il, mais il a perdu la tramontane et n’a plus su ce qu’il me vouloit dire. » Personne ne répondit.
« Vers la fin de la revue, Mmo de Maintenon demanda la permission de se retirer. Le roi cria : « Les porteurs « de Madame ! » Ils vinrent et l’emportèrent. Moins d’un quart d’heure après, le roi se retira, suivi de la duchesse de Bourgogne et des dames. On ne pouvoit revenir de ce qu’on venoit de voir. Cet effet fut le même parmi tout ce qui étoit dans la plaine. Jusqu’aux soldats qui demandoient ce que c’étoit que cette chaise à porteurs et le roi à tout moment baissé dedans. Il fallut doucement faire taire les questions des troupes. »
Construction de l'actuel Palais de Compiègne
Louis XV vint au Palais la première fois en 1728. Il fit complètement rebâtir le château, mais sur les fondations de l’ancien.
1733, début des travaux d'aménagements du château devenu trop petit pour la cour et ses invités qui sont parfois obligés de loger chez l'habitant ou dans des châteaux à proximité.(1) C'est Jacques Gabriel qui chargé des travaux, puis son fils Ange-Jacques Gabriel qui fit édifié notamment le Pavillon de la Muette, Saint-Germain-en-Laye.
1755, un jardin à la française est mis en place et joint le château à la forêt, le rempart est détruit.
Il ordonna aussi la construction d’un pavillon sur la limite du parc pour Mme de Pompadour. C’est dans ce pavillon qu’habitait la du Barry. Cette favorite fut 1'héroïne d’une fête splendide que donna Louis XV, en 1769, lorsque le nouveau palais fut terminé.
Un an après, en mai 1770, Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche arrivant de Vienne était reçue à Compiègne par Louis XV et le Dauphin, qui, plus interdit qu’elle, la regardait presque à la dérobée et, pour parler le langage officiel du temps, « la salua à la joue ».
1795, si le palais de Compiègne n'est pas endommagé par la Révolution, les meubles furent cependant vendus.
XIXe
Louis XVI et Marie-Antoinette résidèrent souvent à Compiègne, mais sans que leurs séjours aient été marqués par aucun événement d importance. La Révolution installa dans le palais un prytanée ; le Consulat, une école d’arts et métiers. En 1806 - 1807 Napoléon ordonna une réparation générale, et en 1808 il assignait Compiègne comme résidence a Charles IV, le roi d’Espagne dépossédé.
Charles X ayant quitté Compiègne pour Marseille, Napoléon fit du palais une maison impériale. Il y reçut, le 27 mars 1810, Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, alors sa fiancée. Cette impératrice se plaisait fort à Compiègne, et c’est pour elle que Napoléon fit construire le grand berceau qui longe tout le parc.
Vers la fin d’avril 1814, Louis XVIII s arrêta quelques jours à Compiègne, avant de faire a Paris son entrée solennelle. Il y reçut les maréchaux de 1 Empiic dont il tenait fort à gagner le cœur. « Il leur tendit la main, raconte Thiers, leur dit que dans son exil il avait maux de la France; qu’il était heureux de les rencontrer les premiers en rentrant dans le patrimoine de ses ancêtres ; qu’il voulait s’appuyer sur eux ; qu’il leur appointait la paix, bien précieux dû à sa famille, mais que si jamais cette paix pouvait être troublée, tout vieux, tout infirme qu’il était, il marcherait à leur tète sous la bannière du vieil honneur français. Puis, aux paroles conformant le geste, Louis XVIII prit le bras de deux des maréchaux pour se mouvoir dans les vastes appartements de Compiègne, adressa à chacun d’eux un mot adapté à sa vie, les présenta l’un après l’autre à sa nièce, à ses cousins, les retint à dîner, portant pendant le repas un toast à l’armée, et ne les quitta pas sans les avoir charmés par un mélange de bonne grâce et de dignité qui leur parut bien supérieur à la brusquerie impérieuse de leur ancien maître. » Ce fut, on le voit, une vraie scène de comédie que joua le nouveau roi avec un art consommé.
Autre attitude en face du prince de Talleyrand, qui se présenta le lendemain. Il ne fallait pas tenter de duper ce modèle des diplomates, qu’on était bien forcé de subir, tout en lui gardant rancune de s’être rallié à Napoléon, et surtout d’avoir imposé une charte constitutionnelle aux princes légitimes. L’entrevue fut courte. Louis XVIII et M. de Talleyrand s’en déclarèrent également satisfaits, tout en gardant le silence sur les propos qu’ils avaient échangés. M. de Talleyrand se contenta de dire que le roi était un homme d’esprit, d’infiniment d’esprit, de cet esprit surtout dont la tradition était perdue depuis la fin du dix-huitième siècle. La discrétion de M. de Talleyrand prouva tout au moins l’insignifiance de l’entretien.
Cependant, on annonçait une visite plus importante encore, celle du tzar Alexandre, qui voulait insister en personne auprès du roi sur la nécessite de donner aux Français une constitution aussi libérale que possible. Autre comédie. « Louis XVIII ouvrit ses bras au jeune empereur, mais en père que son âge et son rang plaçaient au-dessus des souverains de son temps. Tout en le remerciant de 1 appui prêté a sa famille, il affecta d’attribuer les prodigieux événements auxquels on assistait à des causes providentielles et supérieures. Il parut n’avoir rien à apprendre quand le tzar lui parla de l’état nouveau de la France, écouta par politesse, mais en homme à qui un jeune prince n’a rien à enseigner, ne contesta rien, n’accorda rien, en un mot resta insaisissable. Alexandre renonça donc à toute insistance trop vive et revint fort déçu, quoique comblé de politesses, n’ayant pu dire que peu de paroles, en ayant encore moins obtenu de son auguste interlocuteur, pas plus content que M. de Talleyrand, mais l’avouant plus franchement. Disposant de deux cent mille soldats et malheureusement maître de la France, il y avait plus de grâce à lui que de confusion à se donner pour éconduit. »
Louis XVIII reçut encore à Compiègne une députation du Corps législatif, venant le complimenter, puis il prit la route de Paris. Il ne revint que très rarement à Compiègne.
Pendant tonte la Restauration Charles X chassa souvent dans la magnifique forêt qui entoure le château. Louis-Philippe célébra dans cette résidence le mariage d’une de ses filles, la princesse Louise, avec le roi des Belges (1832).
1867, Napoléon III fait construire la galerie Natoire qui relie le Palais au Théâtre Impérial par l'achitecte Ancelet. (1)
1870 - 1871, le château est occupé par les Prussiens.
Enfin la cour du second Empire assista dans le palais de Compiègne à des fêtes annuelles restées célèbres.
LE PALAIS, LE PARC ET LA FORÊT
Le palais de Compiègne est un vaste édifice d’aspect triste et monotone. Gabriel, qui en donna les plans, fut fort gêné par la disposition triangulaire de l’ancien château, sur les fondations duquel il lui fallait élever le nouveau. Cependant il a su trouver le moyen d’élever deux façades monumentales, l’une sur la ville, l’autre sur le parc. La première rappelle, avec des proportions plus imposantes, le Palais-Royal de Paris ; l’autre, très développée, mais très basse, doit une certaine majesté à la magnifique terrasse sur laquelle elle est construite, et surtout à l’admirable perspective qui s’ouvre devant elle.
L’intérieur du palais, que l’on visite entièrement, comprend des appartements d’honneur actuellement transformés en musée, et des appartements réservés encore aménagés comme au temps de la cour impériale. On y accède par un vestibule orné de statues et de tableaux et par un escalier d'honneur dont la rampe en vestibule de la Chapelle, tendu de tapisseries des Gobe- lins d’après les fresques de Raphaël, et enfin la Chapelle, d’aspect froid, mais où l’on voit de beaux vitraux exécutés sur les dessins de la princesse Marie d’Orléans, et deux toiles remarquables provenant du Louvre : Adoration des bergers, par le Parmesan, et Jésus chez Simon le Pharisien, par Yéronèse.
Le Musée proprement dit, où l’on pénètre ensuite, est disposé dans une série de pièces sans caractère, sauf la grande galerie des Fêtes, qui date de Napoléon Ier. Cette immense salle, dont la voûte est supportée par vingt colonnes corinthiennes complètement dorées, n’a pas moins de 45 mètres de long sur 13 de large. Onze fenêtres l’éclairent, et ses parois sont décorées de tableaux d’une grande valeur.
Parmi les tableaux du musée il y a des toiles remarquables, surtout de l’école italienne, mais un grand nombre aussi d’insignifiantes et dont l’attribution reste douteuse. Nous nous contenterons de signaler les deux suites relatives a 1 Histoire de don Quichotte, l’une par Natoire et l’autre par Charles Coypel, cette dernière très supérieure à la première. Ce sont de spirituelles compositions d’un beau coloris. Il y a en outre, dans une série de salles donnant de chaque côté de la cour d’honneur, une remarquable collection de gravures, de dessins, d’aquarelles et de pastels.
Les appartements réservés qui donnent sur la terrasse du parc sont vastes et commodes. L’ameublement on est somptueux. Mais il ne faut pas s’attendre, en parcourant cette longue enfilade de salons, a rien trouver qui rappelle, même de loin, Fontainebleau ou Versailles. Les quinze ou vingt pièces qui composent ces appartements sont loin de présenter toutes le même intérêt. Dans le salon bleu ou salon de repos, on remarquera un beau plafond do Girodet représentant le départ et le retour du guerrier ; — dans la chambre à coucher des Impératrices, dont le lit moderne est d’un bon travail, Girodet a peint au plafond une jolie figure de l’Aurore. — Le boudoir attenant à cette chambre est une jolie piece ronde éclairée par une coupole en verre dépoli qui répand un jour favorable sur les tentures de satin bleu. — Le salon de musique est garni de belles tapisseries des Gobelins. — La bibliothèque et la chambre à coucher des Empereurs ont gardé leur riche mobilier du premier Empire, et Girodet les a décorées de plafonds allégoriques. — La salle du Conseil et le salon de Famille sont peut-être les plus belles pièces du palais, avec leur ameublement Louis XV, leuis tapisseries des Gobelins, et la vue magique dont elles jouissent sur le parc et sur la longue percée qui s’enfonce dans la forêt après avoir escaladé les Beaux- Monts à cinq kilomètres de la terrasse du ehateau. Après le salon des Cartes et la salle à manger, il ne nous reste plus à signaler que les trois pièces de l’appartement de Marie-Antoinette, élégamment meublées et tendues, les deux salons de tapisseries des Gobelins, et la chambre à coucher de brocart ; enfin Yesca- Her d'Apollon orné d’une splendide rampe en fer forgé. Le parc du château, remanié sous Napoléon Ier, n’a de remarquable que sa terrasse, sa grande pelouse et le berceau de 1400 mètres qui le longe depuis le château jusqu’à la forêt. Les statues et les vases semés dans les massifs sont insignifiants.
La forêt de Compiègne est une des plus belles de France, et ses futaies sont sans rivales par leur majesté et leur étendue. Son vaste périmètre renferme des villages et des étangs, et les routes qui la parcourent ont une longueur de 1350000 mètres. Le carrefour principal, nommé le Puits du Roi, avec ses huit avenues, ses plantations de hêtres séculaires, est un cadre à souhait pour les haltes des grandes chasses, pour lesquelles la forêt est, paraît-il, supérieurement aménagée depuis le règne de Louis XV.
Nous signalerons, parmi les points les plus remarquables de la forêt, les admirables futaies des Grands- Monts, de la Forte-Haie, des Rossignols et du mont Saint-Mard, les jolis villages du Vieux-Moulin et de Saint-Jean-des-Bois, ce dernier tout à fait digne d’une visite, grâce aux ruines et à la chapelle de sa vieille abbaye où fut enterrée la reine Adélaïde ; les étangs Saint-Pierre entourés de collines boisées ; enfin le mont Saint-Pierre avec son romantique pavillon Louis XIII et les ruines de son prieuré.
(1) MJM Moulin, conservateur du Musée National du Château de Compiègne
source : Les palais nationaux : Fontainebleau, Chantilly, Compiègne, Saint-Germain, Rambouillet, Pau, etc., etc. / par Louis Tarsot et Maurice Charlot ( date d'édition inconnue mais probablement fin XIXe ), numérisation et OCR par montjoye.net avec quelques rajouts et modifications du texte initial.
Vous pouvez trouver un exemplaire numérique sur gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6448891b
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Au palais Carolingien, situé sur la hauteur dominant l'Oise, succéda le château Capétien édifié par Charles le Chauve dont il reste la Grosse Tour du Roi, appelée aussi aujourd'hui Tour Jeanne d'Arc. Cette tour fut édifiée entre 1120 et 1130.
Situé sur les bords de l'Oise, il permettait de renforcer la défense du Pont Saint-Louis, aujourd'hui détruit.
Le château fut abandonné après Saint-Louis, mais repris une certaine activité lors de la Guerre de Cent-Ans, notamment avec Guillaume de Flavy, seigneur du Château de Nesles et Jeanne d'Arc capturée le 23 mai 1430 alors qu'elle était venue prêter main forte aux assiégés.
Il demeura jusqu'à Louis XI le siège de l'Auditoire de la justice Royale avec une prison.
A la Révolution Française, les habitants voulurent détruirent les restes du donjon alors en ruine, en vain.

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Grosse Tour ou Tour Jeanne d'Arc à Compiègne. Edifiée au XIIe siècle.
Porte Chapelle de la ville de Compiègne ( XIIe et XIIIe pour les tours et l'enceinte ), elle protégeait la ville. Son nom a changé au cours du temps, initialement porte de Choisy puis Porte Saint-Nicolas, elle fut aussi appelée porte du Connétable en souvenir de Anne de Montmorency qui fut seigneur de Compiègne de 1526 à 1567.
La façade de la porte, intérieur de la ville, est attribuée à Philibert Delorme, et parfois à Jean Bullant, elle est restaurée en 1876.
Le petit bâtiment au dessus cache en réalité un réservoir qui puise l'eau dans l'oise.
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Château de Chantilly
Aujourd'hui Le château Chantilly est connue pour l'hippodrome de Chantilly qui fut inauguré en 1834. Le château actuel, qu'on devrait désigner par le vieux château (XVIe ) rasé à la révolution française, à l'exception du petit château et des grandes écuries, et le château neuf ( XIXe ) avec son jardin initialement dessiné par André le Nôtre , Jardinier du Roi Soleil Louis XIV, est l'un des plus beaux de la région historique de Picardie ( aujourd'hui les Hauts de France ). Il ne reste plus grand chose de la forteresse médiévale qui fut l'objet d'âpre lutte pendant la guerre de Cent-Ans.
La légende voudrait que soit le maître d'Hôtel, François Vatel, qui inventa dans le château la crème Chantilly qui porte aujourd'hui son nom. En réalité elle fut importée d'Italie par Catherine de Médicis, puis probablement utilisée par Vatel au XVIIe siècle à Chantilly lors des repas du Grand Condé. S'il n'est pas l'inventeur de cette crème, c'est probablement ce dernier qui va faire entrer la crème dans l'histoire en l'utilisant lors des banquets royaux.
Le château fut souvent comparé à Versailles, notamment par rapport à son parc et jardins, qui fut pour l'époque une oeuvre majeure et un défi technique de Le Nôtre. Les écuries princières sont les plus grandes d'Europe, capable accueillir jusqu'à 240 chevals.
Le duc d'Aumale donne le château à l'Institut de France, avec comme condition de ne pas apporter de modifications au château, ce qui rend complexe parfois sa restauration.
En juin 2021 fut tourné de nombreuses scènes du film GrayMan de Netflix sorti en 2022, avec un budget de 200 millions de dollars. Le casting : Chris Evans (ex Captain America), Ryan Gosling et une James Bond Girl : Ana de Armas.

Informations
- Adresse : 7 rue du Connétable 60500 Chantilly
- Google Maps : Carte
- Téléphone :
- Email :
- Heures d'Ouvertures & Visites en 2020 ( à titre indicatif, changement d'horaire possible, toujours se référer au site officiel avant tout déplacement ) : 17€ pour la visite du parc, château et écuries. 8€ opour le parc.
-
Basse saison
Du 28 octobre 2019 au 27 mars 2020 inclus
Domaine fermé tous les mardis
10h30-17h / 18h pour le parc
Haute saison
Du 28 mars 2020 au 1 novembre 2020 inclus
Ouvert 7j/7 y compris les jours fériés
10h-18h / 20h pour le parc
HISTOIRE
XIe
Le château médiéval fut construit en prenant la forme triangulaire, sur un éperon rocheux sur les bords de la Nonette, rivière assez large au débit assez faible cependant. Le château est construit sur un ancien axe qui reliait Paris à Senlis, deux villes à l'époque importante.
L'éperon rocheux est coupé en deux et une partie est aplanie afin de construire la première forteresse. Les murs dans les sous-bassement font jusqu'à 3 mètres d'épaisseur. Ce fut pour l'époque un défi majeur, sur lequel repose en partie le château actuel.
Parmi les châteaux français qui n’ont point été bâtis ou possédés par nos rois, Chantilly se place au premier rang. Cette résidence a gardé à travers les siècles un renom de luxe princier et de noble hospitalité qui s’est perpétué jusqu’à nos jours, et que le dernier possesseur, le duc d’Aumale, est fait un devoir de justifier. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, les familiers de la maison comparaient volontiers Chantilly à Versailles, et cette ambitieuse comparaison n’étonnait pas ceux qui avaient eu l’honneur être les hôtes des princes de Condé.
Trois noms résument l’histoire du château de Chantilly : ceux du connétable Anne de Montmorency, qui l’a transformé ; du grand Condé, qui l’a rempli de sa gloire ; du duc d’Aumale, qui l’a restauré. Et pourtant, bien avant Anne de Montmorency, un manoir s’élevait au milieu des étangs alimentés par les eaux de la Nonette, et l'origine de ce manoir se perd dans la nuit du moyen âge. Il appartint tour à tour aux seigneurs de Senlis, aux familles de Laval et d’Orgemont.
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Pierre d'Orgemont
C’était une place très forte qui subit plus d’une fois les assauts des Anglais et des Bourguignons, et quant à la fin du XVIe siècle le mariage de Marguerite d’Orgemont avec Jean II de Montmorency la fit passer à de nouveaux maîtres, ses vieilles murailles portaient plus d’une noble cicatrice.
XVIe

Statue équestre Anne de Montmorency à Chantilly
Le Petit Château
Les seigneurs de la maison de Montmorency ne paraissent pas s’être occupés particulièrement de Chantilly avant 1522, époque où le grand connétable fit ériger en châtellenie cette terre où il était né. En même temps, il transformait les cours et les appartements du vieux château, auquel il conserva extérieurement l’aspect d’une forteresse ; mais, le trouvant trop étroit, il fit bâtir, par Jean Bullant, le petit Château qui est construit sur pilotis, comme à Venise, donc placé sur une île artificielle et réuni par un pont-levis aux constructions primitives. Le petit château fut édifié sur une période d'environ six ans.
Des bosquets et des parterres furent plantés et dessinés ; les futaies de la forêt ouvrirent aux chasseurs des routes cavalières, et lorsque Charles-Quint, traversant la France, reçut la fastueuse hospitalité du connétable, il put lui dire sans flatterie que son château rivalisait, sinon pour la grandeur, du moins pour le luxe et les commodités, avec les plus belles habitations royales. Ce n’était pas un mince éloge dans la bouche d’un homme qui venait de visiter Chambord et Fontainebleau.
Pendant toute la fin du seizième siècle, Chantilly fut avec Ecouen la résidence habituelle des ducs de Montmorency. Le connétable, en disgrâce, l’habitat souvent pendant les dernières années du règne de François Ier.
Le dauphin, depuis Henri II, venait en secret demander des conseils à l’illustre exilé qui, vers la fin de sa vie, reçut dans ce même château le jeune roi Charles IX et la régente Catherine de Médicis. Ses fils François et Henri héritèrent de son affection pour Chantilly. Henri y donna de superbes fêtes à l’occasion d’une visite d’Henri IV, qui lui avait confié, en 1595, l’épée de connétable. En cette même année, était né dans ce château le dernier duc de Montmorency, l’infortuné Henri, maréchal de France, qui osa se révolter contre Richelieu, et, vaincu à Castelnaudary, fut jugé et décapité à Toulouse en 1632.
XVIIe
Le petit château se trouve à l'avant de la gravure, à l'arrière le grand château avant sa restauration, voir sa reconstruction quasi complète au XIXe siècle : source : INHA, gravure de Manesson-Mallet, Allain. Il garde encore un aspect médiéval qu'il va perdre au XVIIIe.
Cette mort tragique fit passer le domaine de Chantilly entre les mains de Charlotte de Montmorency, sœur du maréchal et femme d’Henri II, prince de Condé. Cette princesse avait été d’une surprenante beauté, et cette beauté fit tant d’impression sur Henri IV que, pour préserver son honneur, le prince de Condé dut s’enfuir à Bruxelles avec sa femme.
Pendant plus de la moitié du dix-septième siècle, l’histoire de Chantilly ne se distingue pas de celle des autres résidences princières. Ce beau séjour voit arriver pendant les mois d’été les Montmorency ou, plus tard, les Condé, avec leur suite presque royale. On reçoit grande compagnie, on se promène dans les bosquets et les parterres, sur les canaux peuplés de carpes familières ; on chasse surtout, car la chasse est le passe- temps favori des grands seigneurs du temps. Mais à partir de 1632, le château prend une animation inaccoutumée. Une brillante jeunesse l’emplit de ses jeux et de ses éclats de rire. Les yeux sont éblouis par les grâces naissantes d’Anne-Geneviève de Bourbon, la future duchesse de Longueville. Le duc d’Enghien, qui sera bientôt le grand Condé, étonne par les brusques saillies de son esprit impétueux et prime-sautier. La grande époque de Chantilly va commencer.
En 1646, le duc d’Enghien devient prince de Condé. Pendant les quatre années qui suivent, dans l’intervalle de ses victoires, il fait à Chantilly de fréquents séjours. Les familiers de l’hôtel de Rambouillet, les Voiture et les Sarrasins sont ses hôtes ordinaires ; Mlle de Scudéry le peint avec complaisance sous les traits du grand Cyrus. Il aime d’un amour chevaleresque Mllc du Vigean, et cette noble fille, qui partage sa passion, s’enferme dans un cloître pour n'y pas succomber. En ces courtes années, Chantilly apparaît comme le refuge du bel esprit et des sentiments délicats.
Soudain la Fronde éclate. Condé s’y jette corps et âme et la suite de la duchesse de Longueville. En 1650, il est emprisonné au Donjon de Vincennes; en 1653, il passe dans le camp des Espagnols. Chantilly ne le reverra plus avant une quinzaine d'années.
Pendant ce temps la cour paraît avoir considéré ce château comme une résidence royale. En 1656, Mazarin s’y installa pour attendre la reine Christine de Suède, qui allait à Compiègne visiter Anne d’Autriche et Louis XIV. Il dîna avec cette princesse. Le roi et Monsieur arrivèrent à Chantilly comme de simples particuliers. Mazarin les présenta à la reine comme deux gentilshommes des plus qualifiés de France. Christine les reconnut pour avoir vu leurs portraits au Louvre, et répondit qu’ils lui paraissaient être nés pour porter des couronnes. Alors le roi, sans feindre plus longtemps, s’excusa de la recevoir trop simplement dans ses états. La reine de Suède le remercia et, ajoute Mme de Motteville, « le roi, quoique timide en ce temps-là, et nullement savant, s’accommoda si bien de cette princesse hardie, savante et fière, que, dès ce premier instant, ils demeurèrent ensemble avec agrément et liberté de part et d’autre ».
A sa rentrée en France, en 1660, après la paix des Pyrénées, Condé, encore suspect, est relégué dans son gouvernement de Bourgogne. Louis XIV veut tenir quelque temps loin de sa cour ce prince orgueilleux qui lui a disputé la couronne. Après la conquête de la Franche-Comté, il lui permet enfin le séjour de Chantilly. Condé, vieilli avant l’âge, revoit avec joie ces beaux lieux témoins des meilleurs jours de sa jeunesse. Grâce à l’habile administration de son intendant Gourville, il peut désormais sortir sans trouver dans son antichambre une double haie de créanciers. II va jouir en paix de sa fortune et la consacrer avec amour aux embellissements de Chantilly.
De son temps, les bâtiments du château ne reçoivent que d’insignifiantes modifications, toutes relatives à l’amélioration des dispositions intérieures. Il fait peindre cependant, dans une galerie du petit Châtelet, une suite de tableaux représentant les principales scènes de sa vie. Mais les jardins et les parterres sont l’objet de sa prédilection.

Comme on peut le voir le château fin XVIIe et début XVIIIe ne ressemble pas beaucoup à ce que nous pouvons connaître aujourd'hui. Cour intérieure du château de Chantilly.
André le Nôtre , Jardinier du Roi Soleil Louis XIV, accepte de travailler pour les travaux de Chantilly, le jardinier va donc mener de front les jardins de Chantilly et ceux de Versailles. Afin de faire amener l'eau dans les fontaines dans les parcs et jets mais assez éloignés, dont une grande partie à disparus aujourd'hui, il fut construit une pompe, appeler la Machine, dans un bâtiment à l'extérieur. Un bassin de charge est crée pour alimenter les fontaines en continue, cette fois-ci juste à proximité du château.
L’illustre jardinier combine un plan à la fois grandiose et original. Il transforme la terrasse qui réunit le château aux bosquets de Sylvie ; il trace le vaste parterre orné de pièces d’eau qui s’étend jusqu’au grand canal de la Nonette, et, pour compléter la perspective, il dessine sur la colline opposée la belle pelouse du Vertugadin. C’est alors qu’on est en droit de comparer Chantilly à Versailles, encore inachevé, et dont les eaux, amenées à grand-peine de la Seine et de l’Eure, ne valent pas les belles sources qui alimentent le parc du grand Condé. Tous ces travaux sont exécutés en quelques années avec une rapidité merveilleuse, et, en 1671, Chantilly est tout prêt pour recevoir le grand roi.
A cette date, en effet, la réconciliation est complète entre Louis XIV et son cousin, jadis rebelle, devenu le plus fidèle des sujets et le plus soumis des courtisans. Pour la sceller, le roi consenti visiter Chantilly. C’est toujours à Mme de Sévigné qu’il faut revenir pour les détails de cette réception fameuse. Dès le 17 avril, elle écrit à sa fille : « Jamais il ne s’est fait tant de dépenses au triomphe des empereurs qu’il n’y en aura là ; rien ne coûte ; on reçoit toutes les belles imaginations, sans regarder à l’argent. On croit que Monsieur le prince n’en sera pas quitte pour quarante mille écus ; il faut quatre repas ; il y aura vingt-cinq tables servies à cinq services, sans compter une infinité d’autres qui surviendront : nourrir tout, c’est nourrir la France et la loger; tout est meublé; de petits endroits qui ne servaient qu’à mettre des arrosoirs deviennent des chambres de courtisans. Il y aura pour mille écus de jonquilles ; jugez à proportion! »
Le 24 avril, la marquise reprend sa narration : « Le roi arriva hier au soir à Chantilly ; il courut un cerf au clair de la lune; les lanternes firent des merveilles; le feu d’artifice fut un peu effacé par la clarté de notre amie, mais enfin le soir, le souper, le jeu, tout alla à merveille. Le temps qu’il a fait aujourd’hui nous faisait espérer une suite digne d’un si agréable commencement. Mais voici ce que j’apprends en entrant ici, dont je ne puis me remettre et qui fait que je ne sais plus ce que je vous mande : c’est qu’enfin Yatel, le grand Yatel, maître d’hôtel de M. Fouquet, présentement " Monsieur le prince, voyant que ce matin, à huit heures, la marée n’était pas arrivée, n’a pu soutenir l’affront dont il a cru qu il allait être accablé, et, en un mot, il s’est poignardé. Vous jouez penser l’horrible désordre qu’un si terrible accident a causé dans cette fête. Songez que la marée est peut-être arrivée comme il expirait. Je n’en sais pas davantage présentement. Je pense que vous trouvez que c’est assez."
Le 26 avril, Mme de Sévigné a reçu de nouveaux détails qu’elle communique encore à sa fille : « Le roi, écrit-elle, arriva jeudi au soir ; la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. On soupa. Il y eut quelques tables où le rôti manqua, à cause de plusieurs dîners à quoi l’on ne s’était point attendu. Cela saisit Vatel ; il dit plusieurs fois : « Je suis perdu d’honneur ! voilà un affront que « je ne supporterai pas. » Il dit à Gourville : « La « tète me tourne, il y a douze nuits que je n’ai dormi ; « aidez-moi à donner des ordres. » Gourville le soulagea en ce qu’il put. Le rôti qui avait manqué, non pas à la table du roi, mais aux vingt-cinquièmes, lui revenait toujours à l’esprit. Gourville le dit à Monsieur le prince. Monsieur le prince alla jusque dans la chambre de Vatel et lui dit : « Vatel, tout va bien ; rien « n’était si beau que le souper du roi. » Il répondit : « Monseigneur, votre bonté m’achève. Je sais que le « rôti a manqué à deux tables. — Point du tout, dit « Monsieur le prince, ne vous fâchez pas : tout va « bien. » Minuit vint. Le feu d’artifice ne réussit pas ; il fut couvert d’un nuage; il coûtait seize mille francs.
A quatre heures du matin, Yatel s’en va partout. Il trouve tout endormi, il rencontre un petit pourvoyeur qui lui apportait seulement deux charges de marée ; il lui demanda : « Est-ce là tout? — Oui, Monsieur. » Il ne savait pas que Yatel avait envoyé à tous les ports de mer. Vatel attend quelque temps ; les autres pourvoyeurs ne vinrent point ; sa tête s’échauffait; il crut qu’il n’y aurait point d’autre marée ; il trouve Gourville, et lui dit : « Monsieur, je ne survivrai pas à cet « affront-ci. » Gourville se moqua de lui. Yatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup, car il s’en donna deux qui n’étaient pas mortels. Il tombe mort. La marée cependant arrive de tous côtés; on cherche Vatel pour la distribuer ; on va à sa chambre, on heurte, on enfonce la porte, on le trouve noyé dans son sang; on court à Monsieur le prince, qui fut au désespoir. Il le dit au roi fort tristement. On dit que c’était à force d’avoir de l’honneur à sa manière ; on le loua fort ; on loua et l’on blâma son courage. Le roi dit qu’il y avait cinq ans qu’il retardait de venir à Chantilly, parce qu’il comprenait l’excès de cet embarras. Il dit à Monsieur le prince qu’il ne devait avoir que deux tables et ne point se charger de tout; il jura qu’il ne souffrirait plus que Monsieur le prince en usât ainsi ; mais c’était trop tard pour le pauvre Yatel. Cependant Gourville tâche de réparer la perte de Yatel; elle le fut : on dîna très bien, on fit collation, on soupa, on se promena, on joua, on fut à la chasse; tout était parfumé de jonquilles, tout était enchanté. » De Yatel il n’était plus question. Cependant cet accident fut cause que le roi ne voulut plus désormais de ces réceptions somptueuses, trop lourdes pour un sujet, fût-il prince du sang. Mme de Sévigné évalue à cinquante mille écus, somme énorme pour le temps, la dépense de cette fête. Il ne paraît pas que le grand Condé en ait été gêné : ce qui prouve que dès lors sa fortune était singulièrement rétablie.
Au reste, il menait à Chantilly une existence royale et tenait une véritable cour, où s’honoraient d’être admis ceux que l’on renommait le plus à Paris et à Versailles. II avait conservé de sa jeunesse un goût très vif des choses de l’esprit, et aimait à s’entourer des grands écrivains de son temps. C’est ce que le duc d’Aumale a voulu rappeler en plaçant leurs statues dans le parterre, entre autres celles de La Bruyère et de Bossuet. Tous les deux, en effet, furent des familiers de la maison de Condé. Le premier, précepteur du fils aîné du prince, passa de longues années dans la familiarité du maître, heureux d’observer de ses yeux perçants le défilé des courtisans et des gens de lettres, de saisir leurs ridicules et leurs secrets intérêts, d’épier sur leurs visages la joie, la crainte, l’envie, enfin de découvrir les hommes réels sous les masques des acteurs qui paradaient devant lui. C’est h Chantilly qu’est né le livre immortel des Caractères.
Bossuet venait souvent visiter à Chantilly La Bruyère, son ami, et le grand Condé retenait volontiers l’illustre prélat. De longues causeries s’engageaient sous l’ombrage des quinconces, et les plus hautes questions de la littérature, de la philosophie et de la religion étaient abordées tour à tour. « On voyait, dit Bossuet dans son oraison funèbre, le grand Condé à Chantilly comme à la tête de ses armées, toujours grand dans l’action et dans le repos. Ou le voyait s’entretenir avec ses amis, dans ces superbes allées, au bruit de ces eaux jaillissantes qui ne se taisaient ni jour ni nuit. »
Parfois Racine et Boileau venaient se mêler à ces entretiens et donner la repartie à La Bruyère. Dès longtemps, ces deux écrivains étaient les protégés de
Condé. Lorsqu’après la représentation de Phèdre, le grand tragique avait failli être, ainsi que Boileau, la victime d’une cabale puissante, Monsieur le prince s’était déclaré « prêt à venger comme siennes les insultes qu’on s’aviserait de laire à deux hommes d’esprit qu’il aimait et prenait sous sa protection ». Et ces deux hommes d’esprit lui en avaient gardé une profonde reconnaissance. Boileau ne se lassait pas de célébrer
Condé, dont le seul nom fait tomber les murailles,
Force les escadrons et gagne les batailles.
et lorsque Racine s’irritait contre ses détracteurs, il lui répondait que ses vers n’avaient rien à craindre de leurs critiques,
Pourvu qu’ils puissent plaire au plus puissant des rois, Qu’à Chantilly Condé les souffre quelquefois.
L’éloge était aussi délicat pour le poète que pour le prince, aussi juste que délicat, quoique Boileau, dans les discussions littéraires, ne fût pas toujours de l’avis de Condé. On raconte même qu’en se promenant un jour dans le parc, le prince s’emporta contre le satirique, qui l’avait contredit avec obstination : « Désormais, Monseigneur, dit Boileau avec vivacité, je serai toujours de votre avis quand vous aurez tort. » Condé sourit. Il était désarmé.
L’illustre capitaine meurt à Fontainebleau en 1686. Son fds llenri-Jules établit définitivement à Chantilly la résidence de la famille. Il détruit le vieux château que son père avait conservé malgré ses apparences gothiques, et le remplace par un palais dont le plan reproduit d’ailleurs celui du vieil édifice. Il fait tout pour continuer les royales traditions du grand Condé, et quand il reçoit, en 1698, Louis XIV qui se rend au camp de Compiègne, il déploie une magnificence restée fameuse. Cependant il ne put soutenir le haut renom de Chantilly. C’était un prince instruit et spirituel, mais son humeur bizarre et brusque effrayait ses hôtes.
XVIIIe

Veüe et perspective du Canal des Jardins et du Châsteau de Chantilly par Poilly, Nicolas-Jean-Baptiste de (1707-1780). Réalisée en 1750. source : Gallica.bnf.fr
Louis-Henri de Bourbon, qui fut premier ministre immédiatement après la régence du duc d’Orléans, rendit au château tout son éclat. Il avait triplé la fortune des Condé en s’associant aux spéculations de Law, et tenait à Chantilly une cour digne d’un souverain, où régnait la célèbre marquise de Prie, sa maîtresse. Ce prince avait le dessein de reconstruire le château sur un plan colossal, dont il n’a fait exécuter que ces écuries légendaires, incontestablement plus grandioses que celles des maisons royales. Lorsque le jeune roi Louis XV honora d’une visite son premier ministre, ne dit-il pas, en présence de ce luxe étonnant, éprouver ce sentiment de mauvaise humeur jadis ressenti à Vaux par Louis XIV, et qui précipita la chute de Fouquet ? ( en réalité Fouquet était déjà dans le collimateur de Louis XIV et Colbert avant la visite au château de Vaux le Vicomte ). Quelques mois après, le duc de Bourbon était disgracié et consigné à Chantilly, où son exil n’eut d’ailleurs rien de bien pénible. Il y mourut en 1746. Louis-r5xdeph de Bourbon, son fils, continua de résider à Chantilly. C’est un prince aimable, spirituel et brave.
Louis XV et Louis XVI l’eurent en grande estime et virent sans déplaisir la cour dont il s’entourait à Chantilly rivaliser avec celle de Versailles pour la magnificence et le nombre. Sous lui s’élevèrent le château d’Enghien et un petit hameau dans le goût de celui de Trianon. Aucun prince étranger ne fût venu en France sans visiter le prince de Condé, et chaque visite était l’occasion de fêtes splendides. Ce n’étaient que chasses, festins, bals et comédies. Le théâtre de Chantilly était remarquable par son architecture et sa décoration. Le fond de la scène, en s’ouvrant à volonté, laissait voir une cascade naturelle ornée d’une figure de nymphe. Par un ingénieux appareil, on pouvait amener jusqu’à cette cascade huit nappes d’eau d’un effet magique qui, combinées avec les décors, produisaient une impression aussi agréable que surprenante.
Les rois de Danemark et de Suède, l’empereur Joseph II, le comte du Nord, depuis Paul Ier, vinrent tour à tour visiter Chantilly. D’après une tradition contestable, mais ancienne, le prince de Condé eut un soir la fantaisie d’offrir un souper au comte du Nord, sous la grande coupole des écuries, splendidement décorée et séparée des deux ailes par d’immenses draperies. Au dessert, le prince de Condé demanda à son hôte où il croyait être : « Dans le plus somptueux salon de votre palais, » aurait répondu le comte.
La Révolution fut impitoyable pour cette belle résidence.
Le 9 août 1789, le château est pris d'assaut par les révolutionnaires et les canons sont pris pour les ramener sur Paris.
1792, le domaine est mis sous séquestre le 13 juin , suite à la loi sur les émigrés. Le château est envahi par un groupe de gardes nationaux. Il est vidé de son mobilier, Le Petit Château est transformé en prison sous la Terreur.
Une première partie est vendue par lots entre 1793 et 1795 : l'ancien potager, le jardin des cascades, les derniers terrains disponibles le long de l'actuelle rue du Connétable et autour de l'actuelle petite pelouse ainsi que les maisons de la ville appartenant au Prince. . Le reste du domaine est loti en 1798 et vendu progressivement.

Il fut édifié en 1769 par l'architecte Jean-François Leroy, il avait comme usage initial de loger les invités des princes. Son nom est donné par la présence de Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien, fils du dernier prince de Condé, qui fut logé dès sa naissance en 1772 avec ses nourrices dans le bâtiment.
En 1799, les adjudicataires du château, Damoye et Boulée, entreprennent aussitôt de le démolir pour récupérer les matériaux de construction. ( source wikipedia )
Le grand château commence a être dépouillé dès 1799, le parc transformé en terrains de rapport ; les écuries reçurent un régiment de cavalerie. Un hasard inexplicable laissa subsister le château d’Enghien et le Châtelet ( dit aussi le petit château ), ce bijou de la Renaissance. En effet les acheteurs ne purent conclurent le marché avant qu'il ne soit retiré de la vente.
Mais dans quel état les retrouva le prince de Condé lorsqu’il revint d’exil, après la chute de Napoléon ! La reine Hortense, qui avait reçu Chantilly dans son apanage, n’y fit aucune réparation. Pourtant le prince voulut, en souvenir du temps passé, recevoir dans son château l’empereur Alexandre.
Quel contraste avec les fêtes données au comte du Nord ! Il pleuvait : le czar fut obligé de s’abriter sous un parapluie en parcourant les salles et les galeries du Châtelet. Le prince ordonna quelques travaux que son fils fit continuer après sa mort (1818). Le dernier des Condé, qui vivait retiré à Chantilly, restaura et agrandit le Châtelet, rétablit quelques parties des parterres et du parc, nettoya les canaux et construisit une terrasse sur les soubassements du grand château détruit. Chantilly était habitable quand il mourut, en 1830.
Son héritage entier échut au duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe. Ce prince avait résolu de rendre à Chantilly sa primitive splendeur ; mais la Révolution de 1848 ajourna la réalisation de ses projets. Ses Biens furent confisqués en 1852, comme ceux de tous les membres de sa famille, et le domaine des Condé fut adjugé pour onze millions aux banquiers anglais Coutts . Enfin, par un décret rendu en 1872 par M. Thiers, sur l’invitation de l’Assemblée nationale, Chantilly a été rendu au duc d’Aumale.
Reconstruction et restauration du château "Neuf"
Depuis 1876, on a entrepris, non pas la restauration, mais la reconstruction de ce château célèbre. M. H. Daumet, architecte, membre de l’Institut, a élevé, sur le tracé même du manoir féodal, une délicieuse résidence qui, sauf quelques détails, supporte bien le voisinage du Châtelet de Jean Bullant. Le parc a retrouvé sa correction du grand siècle, ses fleurs et ses statues. N’avait-il pas gardé ses belles eaux et ses ombrages séculaires. Le Chantilly du duc d’Aumale se présente aussi bien que celui des Condé. On ne saurait assez dignement apprécier la générosité du prince qui a fait don à l’Institut de France de ce magnifique palais et des incomparables collections artistiques et littéraires qu’il abrite.
DESCRIPTION
Ecurie de Chantilly, Course Hippique, Hippodrome
Lorsqu’on arrive à Chantilly, les écuries frappent d’abord les regards, un peu au détriment du château. Leur immense façade, le pavillon central, avec sa coupole, son portique, son fronton aux superbes reliefs ; la rotonde aux proportions romaines, appelleraient un monument comme le Louvre ou Versailles. L’intérieur du palais équestre est en tout digne du dehors. C’est une énorme galerie voûtée, haute comme une cathédrale, coupée par un dôme massif sous lequel se dressent de riches trophées de chasse, puissamment sculptés dans la pierre et rehaussés de couleurs d’un effet original. Des bassins, alimentés par des eaux jaillissantes, en garnissent la base. Cent soixante-dix chevaux peuvent s’aligner à l’aise dans les stalles ‘ménagées sur deux rangs dans les deux ailes. La rotonde, dont nous avons parlé plus haut, forme un manège découvert peut-être unique au monde.
Vers l’extrémité des écuries, la pelouse des courses s’incline subitement jusqu’au canal, qui la sépare du château et du parc. Un pont jeté sur ce canal conduit à une grille flanquée de deux pavillons du dix-septième siècle. A gauche s’élèvent le Châtelet et le châ- teau neuf; à droite, sur une terrasse, le château d’En- ghien; en face, une rampe en pente douce aboutit à une plate-forme au milieu de laquelle se dresse la statue du connétable Anne de Montmorency, par Paul Dubois.
Un pont relie cette plate-forme h l’entrée du château. Cette entrée est formée d’une galerie à jour avec portique central surmonté d’un dôme, orné d’écussons, de vases et de lions sculptés. A gauche se dresse la chapelle, délicieux édifice inspiré par les monuments analogues du seizième siècle, couronné de fines plomberies douces et d’une statue de saint Louis, et qui doit au château d’Ecouen ses merveilleux vitraux, son autel et ses délicates boiseries. Un cippe, placé derrière l’autel, renferme les cœurs des princes de Gondé.
Au fond de la cour d’honneur, d’aspect très élégant, un vestibule conduit au grand escalier, de forme elliptique, dont la magnifique rampe en fer forgé, œuvre des frères Moreau, rappelle les meilleurs morceaux des maîtres français du siècle dernier. Par cet escalier on accède aux appartements du Châtelet, au salon des Chasses, à la bibliothèque, aux boudoirs décorés de peintures, souvent reproduites, représentant des scènes de genre, dont les rôles sont joués par des singes et des guenons, galamment costumés en marquis et en marquises. Viennent ensuite les appartements du duc d’Aumale et la belle galerie où le prince de Condé avait fait retracer ses hauts faits. C’est dans le Châtelet que se trouve le trophée de Rocroy, glorieux faisceau de drapeaux auquel le duc d’Aumale a ménagé une place d’honneur.
En haut du grand escalier, un perron intérieur donne accès dans la galerie des Cerfs, tendue de tapisseries des Gobelins qui reproduisent la série des chasses de l’empereur Maximilien. Baudry a peint dans cette galerie quelques dessus de portes et un remarquable saint Hubert. C’est encore à Baudry que l’on doit les compositions de la rotonde qui termine la galerie de peinture.

Galerie des Actions de Mr le Prince de Condé
Une série de cinq salles renferme les trésors artistiques de Chantilly, tableaux, dessins et estampes. Il y a dans la collection des morceaux de premier ordre : deux Raphaël : la Vierge d’Orléans et les Trois Grâces; deux Poussin : le Massacre des Innocents et Thésée retrouvant le corps de son père. Signalons encore : -, le Songe de Vénus, par Antoine Carrache; les Foscari, de Delacroix, et la Stratonice, d’Ingres. Il faudrait citer tout le catalogue. C’est la plus belle collection particulière qui soit en France. Ne la quittons pas sans admirer les vitraux qui décorent la galerie de Psyché. Ils étaient autrefois au château d’Ecouen, et Raphaël en a dessiné les cartons. Les sujets sont tous empruntés il la faille de Psyché.
Revenons à la plate-forme du Connétable et descendons aux jardins par ces vastes escaliers ornés de niches, de statues et de vasques où l’eau ruisselle la nuit et le jour. Devant nous s’étend, avec ses blanches statues et ses bassins d’eau vive, le parterre, encadré de deux allées de platanes ; plus loin, la pelouse du Vertugadin, dominée par une statue équestre du grand Coudé. A gauche, le jardin anglais attire les promeneurs par ses vastes prairies coupées de nappes d’eau et semées de grands arbres ; à droite, l’enclos du Hameau présente un dédale de sentiers et de ruisseaux perdus dans le feuillage, au milieu duquel se cachent les chaumières d’un village d’opéra-comique ; le long de cet enclos, derrière le château d’Enghien, le parc de Sylvie ouvre ses allées aux parois rectilignes, taillées à même le taillis et tapissées d’une mousse épaisse, où des troupes de paons familiers laissent nonchalamment traîner leurs queues éblouissantes. Versailless seul, en France, surpasse cette harmonieuse agglomération de jardins, de bosquets et de parterres.
Une vaste forêt enveloppe ce parc digne d’une maison royale. Elle est parfaitement aménagée pour la chasse et commode pour la promenade. Douze allées aboutissent au carrefour central. Tout auprès, au fond d’un étroit vallon dominé par de belles futaies de hêtres et de chênes et par le viaduc du chemin de fer, les étangs de Comelle étalent leur nappe sinueuse, coupée de chaussées aux talus verdoyants. Sur l’une de ces chaussées s’élève le château de la reine Blanche de Navarre, femme de Philippe de Valois. Ces étangs, ce château et les bois qui les enserrent forment un site fait à souhait pour le plaisir des yeux. Les grandes chasses s’encadrent à merveille dans ce décor romantique. Lorsqu’au temps du grand Condé Louis XIV courut le cerf au clair de lune, au bord des étangs de Comelle, ne dit-il pas garder de cette nuit un vif et charmant souvenir.
En 2022 fut tourné de nombreuses scènes du film GrayMan de Netflix, avec un budget de 200 millions de dollars, l'un des plus chers au monde et l'un des meilleurs démarrages sur la plateforme. Le casting : Chris Evans (ex Captain America), Ryan Gosling et une James Bond Girl : Ana de Armas. Le tournage a duré septs nuits. Le château est situé en Croatie dans le film, il a bénéficié de mapping 3D, en effet le château est entouré d'un autre paysage dans le film que celui que nous connaissons aujourd'hui.

source : Les palais nationaux : Fontainebleau, Chantilly, Compiègne, Saint-Germain, Rambouillet, Pau, etc., etc. / par Louis Tarsot et Maurice Charlot ( date d'édition inconnue mais probablement fin XIXe ), numérisation et OCR par montjoye.net avec quelques modifications, émission RMC découverte " architecture du château de Chantilly.
Vous pouvez néanmoins trouvez un exemplaire sur gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6448891b
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Situé à 38km de Compiègne, dans le canton de Lassigny, Beaulieu les Fontaines est un petit village aujourd’hui connu pour avoir été l’un des endroits de captivité de Jeanne d’Arc, après sa capture à Compiègne le 23 mai 1430. En 14-18, dès le début du conflit, le village est témoin de violents combats à la fois meurtriers et destructeurs.
CB
Voir aussi
Prison de Jeanne d'Arc
Informations
- Adresse : MFR du NOYONNAIS - 9, rue du château - 60310 Beaulieu les fontaines
- Google Maps : Carte
- Téléphone : 03 44 43 40 16
- Email :
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- Site : http://www.mfrbeaulieu.com
- Heures d'ouvertures & Visites :
Le château appartient aujourd'hui à une école de formation par alternance : Les Maisons Familiales Rurales. Il n'est donc pas ouvert en visite libre sauf pour les Journées du Patrimoine et sur demande. Cependant l'accueil est très sympathique et un coup de fil sympa avant votre visite devrait vous permettre d'ouvrir les portes du château sans coup férir, mais uniquement hors périodes de vacances scolaires. Je tiens à remercier l'école pour l'accueil . Le village a organisé en 2012, lors des Journées du Patrimoine, une manifestation locale avec comme thème Jeanne d'Arc et un marché médiéval.
Le village a pris nom de Biauliu, Bellus Locus, Bellum Locum, Bialen, Beaulieu en Vermandois , Beaulieu-le-Comte puis aujourd'hui Beaulieu-les-Fontaines : au sujet de Fontaines, il s’agit des 3 fontaines qui alimentent la ville en eau ferrugineuse. Proche de la forêt de Bouvresse qui l’entourait en partie et dont il ne reste plus grand chose, le sol est sec, relativement sableux et peu fertile.
Le premier seigneur connu est Jean II de Nesle, qui avant de partir en croisade, crée l'Abbaye au Bois à Ognolles en 1202 ou 1205, aujourd'hui détruite, initialement rattachée à Beaulieu les Fontaines ( Bellum Locum ).[6]
L'un des Seigneurs de Nesle ( anciennement Neele ) était seigneur du château de Beaulieu mais aussi de Ham, comme le stipule ce document :
« Item pour le voie où Estenes Wasselins et Robers Belins alèrent à Bialen et à Hem parler au segneur de Neele pour le besongnes des sauniers , III sols et IIII den.[1]
Mailly de Nesle semble avoir négligé cette forêt, vu qu’elle ne rapportait pas autant qu’elle aurait pu avec un entretien régulier ( 20 000 livres au lieu de 30 000 ). Le village a été longtemps pauvre et les activités agricoles ne fonctionnaient que six mois dans l’année.[2] Il existe un ruisseau dit de Beaulieu qui prend sa source au village pour descendre vers Ecuvilly qu’il traverse.[3] Voilà pour les informations que j'ai récoltées, pour l'instant, sur Beaulieu-Les-Fontaines.
Le Cellier



Sur la photo de gauche, un escalier plein cintre qui mène au cellier ( photo de droite ) avec voûte plein cintre et deux alvéoles en berceau brisé ( il y en a deux séries mais une est visible sur cette photo ). Très belle construction massive, peut-être du XIIIe ( ? ) , aucune certitude . On trouve un autre cellier très ressemblant dans les Yvelines à Andresy : voir photo et le côté très massif fait penser au château de Coucy, même si la voûte est uniquement en berceau brisé avec pillier plein cintre. Sur l'extrême gauche une ouverture de ce qui pouvait servir de meurtrière puisqu'elle donnait sur les douves, l'escalier trahit sa fonction militaire car il permettait à un archer de se rapprocher de l'ouverture pour décocher une flèche. Notons que la hauteur du sol est surélevée d'au moins 1 à 2 mètres, peut-être naturellement ou artificiellement en partie pour éviter les inondations ?
En 1465 et 1476, Beaulieu redevenu français, est reconquis par les Bourguignons qui détruisent le donjon octogonal. [4]
On sait que Beaulieu fut pris en 1465 grâce à un rouleau de parchemin qui contient les comptes de l'artillerie Bourguignonne « item, qui a été dépensé le 20, 21, 22 et 23 du mois de Juin durant les jours de siège fut mis par mondit seigneur de Charrolois ( Charles le Téméraire, futur Duc de Bourgogne ) devant le château de Beaulieu et qui fut délivré à Monseigneur de Moreul, maistre de la dite Artillerie, pour faire les approches dudit siège ainsi qu'il est accoustumé, « dont rien n'a été recouvré, la dite place gagnée » : 34 pics, 50 boyaux, 80 pelles ferrées et louchets, 54 cognées, 32 serpes. [5]
Une première reconstruction est faite au XVIIe, c'est en grande partie ce nous voyons aujourd'hui en brique.
1793, après la Révolution Française le château passe de propriétaires en propriétaires.
1917, la statue de Jeanne d'Arc fut enlevée par les Allemands, elle fut refaite plus tard par Dechin ( c'est celle que vous voyons aujourd'hui à l'entrée ).
1928, la château appartient à la demoiselle Lesur, Religieuse du Saint-Esprit.
Au milieu des années 30, le château appartient à des religieuses canadiennes de Congrégation de Sainte-Jeanne-d'Arc du Québec fondée par un assomptionniste, le révérend Père Clément. À cette époque le château est ouvert à la visite par les religieuses.

D'importants combats pendant la Première Guerre Mondiale vont émailler la région, Beaulieu les Fontaines n'échappa pas aux diverses vicissitudes de la guerre comme à Margny-aux-Cerises situé à 6km de Beaulieu.

Soldats français pendant les premières heures des combats à Margny-aux-Cerises à 6km de Beaulieu les Fontaines.Source
Pendant la Première Guerre Mondiale, les Allemands occupent le château mais quittent Beaulieu-les-Fontaines en détruisant l'église pour ralentir l'armée française, mais le clocher s'écroule sur lui-même et sa destruction fut totalement inutile.


Avant et après la destruction par les Allemands
"Le 25 mars 1918 , une compagnie formée par le 1er et le 2e escadrons, sous le commandement du capitaine CLOUËT des PESRUCHES, est mise avec une S.M. (lieutenant FARGUE) à la disposition du groupe cycliste qui était engagé à hauteur de la ferme de l'ABBAYE-aux-BOIS. La compagnie arrive en ligne à 18 heures et prolonge à gauche la ligne des cyclistes. Elle subit aussitôt un violent feu d’infanterie qui lui cause des pertes. A 21 heures, la compagnie reçoit ordre de se porter à la droite des cyclistes (mission de contre-attaque), d’occuper les lisières nord du village de BEAULIEU-les-FONTAINES et d’arrêter, coûte que coûte, la progression de l'ennemi. Le mouvement sous le feu fut des plus pénibles, mais il réussit."[source]
Le château, pour ce qu'il en restait, a été restauré en 1930 et la chapelle de Jeanne d'Arc est construite à cette époque.

Chapelle de Jeanne d'Arc construite en 1930 . Elle est très raffinée et semble avoir été faite avec minutie.

Sur la gauche une pierre de la Tour des Champs du château de Bouvreuil à Rouen, dernier lieu de captivité de Jeanne d'Arc. Elle fut achetée par un musée américain à New-York et offert le 14 juillet 1935 à Beaulieu les Fontaines. Au centre le puit du cellier, les briques trahissent sa modification au cours du XVIIe, mais peut-être existait-il à l'époque de Jeanne. Les pierres qui forment un carré au dessus proviennent à mon avis du puits extérieur. Sur la droite un beau reste de la fortification et du fossé.