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- Catégorie : Guerre de Cent-Ans
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Guy IV de Nesle, Seigneur d'Offémont
L'étude de la figure de Guy IV de Nesle, seigneur d'Offémont, nous plonge au cœur des rivalités féodales et des mœurs militaires brutales qui caractérisaient le règne de Charles VII. Membre de l'illustre maison de Nesle, il fut l'un des plus fidèles soutiens du parti royaliste contre les Anglo-Bourguignons, bien que son nom reste indissociablement lié à un différend mémorable avec Étienne de Vignoles, dit La Hire.
I. Un capitaine au service du Roi de Bourges
Le seigneur d'Offémont s'illustra très tôt dans la défense du royaume. Dès l'automne 1428, il figure parmi les chefs de guerre expérimentés qui s'enferment dans Orléans pour assurer la défense de la ville assiégée par les Anglais. Son engagement militaire est alors motivé par une loyauté indéfectible envers la couronne de France. Par la suite, il occupe des postes stratégiques, notamment comme capitaine du château de Clermont-en-Beauvaisis.
II. Le différend avec La Hire : entre trahison et vengeance
La relation entre Offémont et La Hire illustre parfaitement l'instabilité des alliances entre capitaines de l'époque, mus autant par la cause nationale que par l'intérêt personnel.
• L'attentat de 1434 : En 1434, La Hire, accompagné de ses écorcheurs, se présente devant le château de Clermont. Offémont, ne se défiant nullement de son « frère d'armes », sort lui offrir le vin de l'amitié. La Hire profite de cette hospitalité pour s'emparer par ruse de lui et de sa forteresse. Offémont est alors soumis à une captivité jugée « ignoble » par ses contemporains, enfermé dans un cachot et chargé de fers, jusqu'au paiement d'une rançon exorbitante de 14 000 saluts d'or.
• La vengeance de 1437 : Offémont mûrit sa vengeance pendant trois ans. Le 4 août 1437, profitant du fait que La Hire joue à la paume dans une hôtellerie de Beauvais, il pénètre dans la ville avec une centaine d'hommes. Surpris, La Hire tente vainement de se cacher dans la mangeoire de ses chevaux. Offémont le capture et l'emmène prisonnier, d'abord au château de Mouy, puis à celui d'Albert.
III. L'arbitrage royal et la pacification
Cet incident diplomatique et militaire interne au camp français oblige Charles VII à intervenir personnellement pour éviter que le conflit ne nuise à la reconquête. Le Roi sollicite la médiation du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui réunit les deux parties à Douai.
Un compromis est finalement trouvé : Guy IV de Nesle obtient la restitution de son château de Clermont, tandis que La Hire doit lui verser une rançon de 6 500 saluts d'or pour recouvrer sa liberté. À la suite de cet arbitrage, les deux capitaines se réconcilient formellement, permettant à La Hire de reprendre sa place auprès du souverain, notamment lors de son entrée triomphale à Paris en novembre 1437.
IV. Un héritage familial complexe
La trajectoire de Guy IV de Nesle est également liée à celle de ses alliés, notamment la famille de Flavy. En 1437, son cousin Guillaume de Flavy se réfugie d'ailleurs auprès de lui à Offémont pour échapper à la colère du roi après avoir été temporairement destitué de sa capitainerie à Compiègne. Plus tard, en 1449, après l'assassinat de Guillaume de Flavy par son épouse Blanche d'Aurebruche, Guy de Nesle est nommé tuteur du jeune héritier, Charles de Flavy.