Jeanne d’Arc à Nangis

 

 

Château de Nangis

Château de  Nangis

Après le sacre en la cathédrale de Reims, les troupes de Charles VII, avant d’aller à Paris début septembre 1429, prennent la direction de la Loire au grand « désespoir » de Jeanne d’Arc mais aussi et surtout au grand dam des villes reconquises comme Reims, Troyes et d’autres qui supplient le roi de revenir sur sa décision. En effet après la reprise de territoires, les villes qui se sont soumises à nouveau au roi de France ont une peur manifeste d’une reconquête vengeresse des troupes anglo-bouguignonne.

L’objectif de Charles VII, qui semble décider quasi seul en cette période, est de rejoindre les régions du Centre Val-de-Loire, mais c’est aussi, pourquoi pas, une fuite déguisée afin d’attirer les troupes anglaises dans un endroit plus propice à une bataille. Il y a en tout cas entre les capitaines, Charles VII, Jeanne d’Arc et d’autres « conseils » des divergences sur la suite à donner au sacre de Reims et elle s'expriment pleinement pendant cette période comme le montre la lettre de Jeanne envoyée aux habitants de Reims.

Jeanne d’Arc et l'armée royale sont restées au moins une journée à Nangis, peut-être deux jours , attendant en vain de batailler contre les troupes anglaises. 

 

Histoire
source : source sur place, documentation diverses,

 

Chronologie des faits

23 juillet : L’armée royale stationne à Soissons et y reste pendant deux à trois jours.

Le mardi 26 ou le mercredi 27 juillet : l'armée est parvenue au bourg de Coincy, en Tardenois, au-delà de la profonde coupure de la vallée de l'Ourcq, à une étape, — à sept lieues, — de distance de Soissons. [i]

Le vendredi 29 juillet : l'armée, à trois lieues au-delà de Coincy ( en Tardenois ) vers le sud, est « tout le jour » sous les murs de Château-Thierry, qui, le soir, « au vespre », ouvre enfin décidément ses portes.[ii]

Lundi 1er août, l’armée royale quitte le château de Château-Thierry. [iii] [iv] La ville de Compiègne envoie une mission au roi pour négocier l'offre de leur ville, mais lorsqu’ils arrivent à Château-Thierry, Charles VII est déjà parti avec l’armée. [v] L’armée royale campe à Montmirail le soir même.

Mardi 2 août, elle atteint Provins.[vi] Ils vont rester dans les alentours jusqu’au 6 août selon Perceval de Cagny. C’est probablement dans cette période qu’une trêve est convenue avec le duc de Bourgogne.

Le mercredi 3 août, la ville de Reims, manifeste son inquiétude et envoi une missive au roi. « On a entendu qu'il veut délaisser son chemin à Paris et aussi sa poursuite ( contre les troupes anglaises ), qui pourrait être la destruction du pays. » [vii] On peut comprendre l’inquiétude des villes qui ont offert le "gîte et couvert" aux troupes du roi, sachant que maintenant elles étaient à la merci de représailles des troupes anglaises ; Il est fort probable que ce n’était pas  prévu initialement et que ce retour en vallée de Loire fut une mauvaise surprise. Cette missive va encourager Jeanne d'Arc à y répondre quelques jours plus tard.

 

 4 août 1429 au 6 août 1429, journées décisives

Toujours est-il que le duc de Bedford a surement pensé poursuivre les troupes de Charles VII, afin de livrer bataille. Puisque le 4 août il sort de Paris remontant la Seine par Corbeil et Melun, à la rencontre des forces françaises, qu'il sait en Brie.

Le 4 août, Reims avertit anxieusement Châlons et Laon que « on a entendu que le Roy veut prendre son chemin à Orléans et Bourges, en éloignant et délaissant sa poursuite » et qu'on lui a envoyé un message pour le supplier de ne pas abandonner ses nouvelles conquêtes. [viii]

Toujours le 4 août 1429, les troupes se positionnent au Château de Nangis ( appelé alors La Motte Nangis ou la Mothe de Nangis ) en vue d’un affrontement éventuel avec le Duc de Bedford, régent du royaume de France au profit du roi d’Angleterre.

Le vendredi 5 août Jeanne d’Arc envoie une lettre aux habitants de Reims, mentionnant la trêve de quinze jours tout en estimant qu’elle ne la souhaitait pas et qu’elle ne l’accepte qu’au bon vouloir du roi. Lettre envoyée dans un « logis au champ ou chemin de Paris » sans indiquer réellement sa position, peut-être aussi pour des raisons de sécurité au cas où le message serait intercepté. On peut penser que cette lettre fut envoyée dans les champs de Nangis, vu que l’armée était positionnée afin de livrer bataille[ix].

En définitive, l’armée anglaise ne vint pas, probablement parce que les anglais ont estimé que le terrain ne leur était pas favorable.

Le 5 ou 6 août l’armée du roi de France aurait donc dû prendre la direction de la ville de Bray-sur-Seine, où il y a « bon pont », au-dessus de Montereau, à quatre lieues au sud de Provins, qui avait fait soumission et promis le passage. [x]

 

Pont de Bray sur Seine

Pont de Bray sur Seine au XVIIIe siècle. source gallica.bnf.fr

 

Mais dans la nuit du 5 août au 6 août, le pont fortifié est pris par surprise par les Anglo-Bourguignons. Les soldats du roi de France qui tentèrent de passer au matin « furent tués ou détroussés ».[xi]

Ce coup du sort, ou coup de maître du duc de Bedford, oblige Charles VII à rebrousser chemin et de revenir sur Château-Thierry afin de prendre la direction de Crépy-en-Valois. Le jeux du chat de la souris entre le duc de Bedford et Charles VII, ne fait que commencer et va  prendre fin , en partie, à la bataille de Montépilloy.

Il n'est pas certain que Jeanne d'Arc soit restée au Château, car il s'agissait d'attendre en "ordre de bataille" les troupes anglaise. Jeanne était connue pour être aux avant postes ( comme à la Bataille de Montépilloy ou à la bataille de Patay ) et dans ce cas et comme dans les autres, elle aurait été au plus près des combats. Il n'y a pas de texte d'époque à ma connaissance qui parle de Jeanne au château. Il n'est pas impossible qu'elle soit venue prier en l'église comme elle le faisait quasi systématiquement lorsqu'elle le pouvait et avec une certaine rigueur remarquée en son temps.

 

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source principale :  notes d'érudition de Germain Lefèvre-Pontalis, parues dans "Chronique d'Antonio Morosini", t.III (1898), p.66 et suivantes, accompagnées de la traduction de Léon Dorez, trouvé sur le site http://www.stejeannedarc.net 

[i] Lettre de Charles VII portant nomination de Saintrailles à la charge de grand écuyer de France, en date de Coincy, le 27 juillet 1429, dans P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 92, t. VIII, p. 488

[ii] Cagny, 29 juillet, procès, t. IV, p. 20; cf. Monstrelet, l. II, ch. lxiv, t. IV, p. 340.

[iii] Perceval de Cagny, 1er août, procès, t. IV, p. 20 ; Lettres de Charles VII au bailli de Chaumont accordant exemption d'impôts au village de Domremy, en date de Château-Thierry, 31 juillet 1429, dans Jollois, Hist. de Jeanne d'Arc, Pièces just., B, p. 138, cf. Procès, t. V, p. 138-139.

[iv] Perceval de Cagny, 1er août, Procès, t. IV, p. 20.

[v] De l'Epinois, Arch. commun, de Compiègne, p. 483.

[vi] Perceval de Cagny, 2 août, Procès, t. IV, p. 21,

[vii] Henri Jadart, Jeanne d'Arc à Reims, Pièces just., n° 19, p. 118; Varin, Archives législatives de la ville de Reims, Statuts, t. I [annot. du doc. n° XXI], p. 741.

[viii] Henri Jadart, loc. cit.; Varin, Ibid., p. 742.

[ix] Chartier, ch. L, t. I, p. 98-99; Journal du siège, entre 17 juillet et 31 août; Chron. de la Pucelle, ch. LIX, p. 324-325.

[x] Chartier, Journal du siège, Chron. de la Pucelle, loc. cit.

[xi] Renée Grisel, Présence de Jeanne d’Arc, page 148.


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