Abbaye de Fontevraud

 

L'Abbaye Notre-Dame de Fontevraud est une ancienne Abbaye d'inspiration bénédictine, siège de l'ordre de Fontevraud, fondée en 1101 par Robert d'Arbrissel et située à Fontevraud, près de Saumur en Anjou. Cette position au carrefour de l’Anjou, de la Touraine et du Poitou, explique sa vocation, historique et actuelle. En 1099, un ermite breton s'y installe avec 500 disciples aspirant à la vie monastique.

Elle fut utilisée comme nécropole royale des Plantagenêts, c'est ainsi qu'on y trouve les gisants de Richard Coeur de Lion, Aliénor d'Aquitaine, d'Henry II et d'Isabelle d'Angoulême. L'Abbaye est une des rares communauté mixte à avoir eu comme dirigeant une abbesse. Sur sept siècle c'est 36 abbesses, souvent issues de la haute noblesse, et parfois de sang royal, qui vont diriger l'abbaye 

De 1804 à 1963, elle fut utilisée comme prison et c'est seulement en 1975 qu'elle ouvre pour le public impliquant un grand programme de restaurations. On peut y découvrir de très belles cuisines du XIIe siècle, un réfectoire ainsi qu'un cloître, ainsi que de nombreux bâtiments de vie.

 

Abbaye de Fontevraud Abbey

Historique
source : source sur place, documentation diverses, wikipédia

 

L'Abbaye de Fontevraud, qui vient de Fons Ebraldi,  fut fondée en 1101 par Robert d'Arbrissel, ce dernier fut aussi le fondateur de l'Abbaye de la Roë et de l'ordre de Fontevraud.

Le moine ermite est né vers 1047 dans le village d’Arbrissel en Bretagne. Prêcheur itinérant, reconnu par le pape Urbain II, il suit une pratique érémitique extrême. Robert d'Arbrissel pratique le  syneisaktisme, pratique ascétique qui consiste en la cohabitation chaste de personnes de sexe différent afin de surmonter les tentations charnelles. Ce qui conduit à la cohabitation chaste, assez rare dans un cercle religieux, des hommes et femmes dans le même lieu. Cette situation peu commune va conduire Robert à avoir des déboires avec la hiérarchie religieuse et modifier l'installation en ordre double. Ainsi les hommes sont installés dans le monastère de Saint-Jean-de-l'Habit et les femmes dans le monastère du Grand-Moûtier. Puis viennent d'autres structures comme le monastère de la Madeleine pour accueillir les pécheresses repenties et le couvent de Saint-Lazare pour les personnes atteintes de la lèpre.

1106, l'ordre de Fontevraud est finalement reconnu par l'évêque de Poitiers et par le pape Pascal II. Ce qui apporte le soutien rapide des comtes d'Anjou, dont Ermengarde d'Anjou qui va notamment fait ratifier des dons par son frère Foulque V.

1112,  Ermengarde d'Anjou s'y retire jusqu'en 1118.

1115, octobre, pour la première fois, une abbesse est nommée à la direction de l'Abbaye de Fontevraud. Pétronille de Chemillé est élue quelques mois avant la mort de Robert.

1116, Robert d'Arbrissel, reparti en itinérance après avoir fait élire Pétronille de Chemillé, décède en février. Il est inhumé dans le chœur de l'abbatiale alors en construction.

1119, le chœur et le transept de l'église abbatiale sont consacrés, suivi rapidement par la nef à coupoles.

1149, Mathilde d'Anjou succède à Pétronille de Chemillée. Comme sa prédécesseuse, elle doit faire face à défection de religieux peu enclins d'être dirigé par une femme.

1154, le pape Anastace IV à la demande de Mathilde d'Anjou fait cesser les désertions de religieux.
 
Le XIIe siècle est une période faste pour l'Abbaye de Fontevraud, qui s'étend sur trente-cinq prieurés qui regroupe plus deux milles religieux et religieuse. En comparaison, Suger , fondateur de l'Abbaye de Saint-Denis et de sa Basilique, compte jusqu'à cinq milles moniales au milieu du XIIe siècle. Le nombre de prieurés triple à la fin du siècle et s'étend également en Espagne et en Angleterre.

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Les gisants royaux Isabelle d'Angoulême ( épouse de Jean sans Terre ), d'Aliénor d'Aquitaine, de Richard Coeur de Lion et d'Henri II .



1152, 21 mai, Henri II, roi d'Angleterre et nouvellement marié avec Aliénor d'Aquitaine ancienne femme de Louis VII roi de France, visite l'Abbaye. Le couple royal décide d'y laisser deux de leurs enfants, Jeanne née en 1165 et Jean né en 1166, qui sera le futur roi d'Angleterre dit «  Jean sans Terre », ce dernier y reste 5 ans environ, tandis que Jeanne quittera l'Abbaye que pour son mariage en 1176.

1180, Henry II d'Angleterre, fait financer la construction de l'église Saint-Michel, église paroissiale de Fontevraud.

1189, Henry II meurt subitement au Château de Chinon. Alors qu'initialement il devait probablement être enterré à Grandmont dans le Limousin, c'est dans l'Abbaye de Fontevraud qu'il fut finalement inhumé.

1199, 6 avril, Richard Ier Coeur de Lion meurt d'un coup de flèche devant le Château de Châlus-Chabrol. Aliénor d'Aquitaine décide de le faire inhumer auprès de son père Henry II d’Angleterre dans l'Abbaye.

1199, la même année sa sœur Jeanne, meurt en couche dans l'Abbaye le 11 juillet en donnant naissance à un enfant qui ne survivra pas.

1200, Aliénor d'Aquitaine, alors âgée de 80 ans, décide de vivre principalement ses dernières années dans l'abbaye.

1204, Aliénor d'Aquitaine meurt à Poitiers et est inhumée dans l'abbaye auprès de Richard Coeur de Lion, de son fils Henry II et de sa fille Jeanne. S'ensuit alors pour une partie des descendants direct d'Aliénor d'Aquitaine une continuité d'inhumation dynastique qui fait de facto l'abbaye de Fontevraud une nécropole royale.

1248, le pape Innocent IV fait imposer à l'Abbaye le paiement de dix livres tournois pour l'entretien de l'évêque de Tibériade. L'abbesse refuse notamment par le coût des 700 religieux et personnes qu'il faut entretenir et nourrir.

1250, Raymond, comte de Toulouse et petit-fils d'Aliénor, est inhumé auprès de Jeanne sa mère.

1254, Henry III, petit-fils d'Aliénor mais du côté de Jean sans Terre, fait transférer le corps d'Isabelle d'Angoulême dans l'abbaye, alors qu'elle était dans l'abbaye de Notre-Dame de la Couronne.

1292, Henry III d'Angleterre meurt en 1276, mais c'est en 1292 que le cœur est disposé dans l'Abbaye de Fontevraud.

XIIIe, dès la fin du XIIe siècle, l'Abbaye manque de fond, l'abbesse Mathilde de Flandre fait mention de « l'excessive pauvreté dont nous souffrons ». En 1247, les moniales sont alors autorisées à bénéficier des biens de leurs parents en succession. L'abbesse est dans l'obligation de faire une cession des terres du domaine des Ponts-de-Cé près d'Angers au comte d'Anjou, en échange d'une rente de 300 setiers de blé et 70 livres en argent.

1297, l'évêque est contraint de limiter le nombres de moniales du Grand-Moûtier à 300 au lieu de 360.

1360, en pleine guerre de Cent-Ans, l'abbaye perd presque 60 % de ses rentes foncières, rendant la situation délicate.

 

 

 abbaye de fontevraud

 Abbatiale de Fontevraud


1399, Richard II est renversé et remplacé par un cousin germain, le duc de Lancastre, devenu Henri IV d'Angleterre, il fonde la maison de Lancastre. Malgré que la famille de Lancastre soit une branche héréditaire des Plantagenêt, la dynastie prend fin définitivement après la Guerre des Deux-Roses lorsque la lignée des Tudors prend le trône. Cette fin de règne des Plantagenêt entraîne de facto une perte d'influence de l'Abbaye de Fontevraud, d'autant que la fin de la Guerre de Cent-Ans à la mi-XVe met l'Abbaye dans un situation fâcheuse d'encerclement du royaume de France.

1460, Guillaume de Bailleul, prieur du monastère Saint-Jean de l'Habit, mentionne après sa visite de  cinquante prieurés, dont trois sont abandonnés, que l'ensemble perd de plus en plus de religieux.

1457, l'abbesse Marie de Bretagne, fille de Richard d'Étampes, fait réformer l'ordre, rédige une nouvelle règle et supprime les prieurés les plus pauvres.

1479, Louis XI soutient l'abbaye et accorde de nouveaux privilèges le 15 octobre.

1491, malgré que le Pape autorise la réforme, Anne d'Orléans ne réussit pas à imposer la réforme nécessaire à la survie de l'ordre, seul six prieurés ont réellement mis en place la réforme.

1491, Anne de Bretagne décède et c'est Renée de Bourbon qui la remplace, le changement d'influence aidant, c'est la première abbesses issues de la famille royale français de Bourbon à être élue de Fontevraud.

Renée de Bourbon entreprend de grand travaux d'aménagement, ainsi elle fait édifier une cloture longue 1.3 km et fait aménager la partie sud du cloître et refait le réfectoire.

1534, Louise de Bourbon continue l’œuvre de sa prédécesseuse,fait construire trois galeries du cloître, aménage l'aile Est et c'est dans cette dernière partie qu'elle fait la salle de la communauté et la salle capitulaire peinte par Thomas Pot.

1558, l'infirmerie est totalement inondé mais la chapelle est épargnée.

1575, Éléonore de Bourbon lui succède et fait terminer le grand dortoir. Elle entreprend la reconstruction totale de l'infirmerie Saint-Benoît pour un coût de 37410 livres.

1611, Louise de Bourbon de Lavedan devient l'abbesse de l'abbaye.

1618, création d'un séminaire pour les religieux de Saint-Jean de l'Habit à la Flèche.

1632, acquisition du fonds du sénéchal de Saumur dans le but mettre en place en bibliothèque au monastère. Elle fait édifier aussi une enceinte autour de Saint-Jean-de-l'Habit pour leur permettre un cloisonnement plus stricte avec l'extérieur.

1637, à nouveau les moines se rebellent contre la féminisation de la direction gérée par une Abbesse depuis le XIIe siècle. Les moines désertent à nouveau l'Abbaye et à nouveau il faut des bulles papales pour limiter les désertions.

1641, la révolte des moines et leur désertion est définitivement endigué après que le Conseil d'État fait un arrêté stipulant l'importance et le rôle de l'abbesse.

1642, impression de  la règle de l'ordre de Fontevraud.

chevet cuisines

Edifiée au XIIe siècle, les cuisines de Fontevraud sont exceptionnelles. Fortement ruinées au XIXe siècle, elles ont été restaurées et sont à nouveau en cours de restauration en 2020.



1670, l'abbaye compte encore 230 religieuses,  60 religieux, des laïcs et des serviteurs. Cette même année, Jeanne-Baptiste meurt sans avoir choisie une nouvelle coadjutrice. Le 16 août de la même année, Louis XIV met à sa tête Gabrielle de Rochechouart sœur de sa maîtresse Mme de Montespan.  Elle termine la construction du noviciat, aménage des jardins, fait construire une galerie liant l'abbaye au parc Bourbon et poursuit la construction du palais abbatial. Malgré une certaine rigueur de la règle qu'elle inculque aux moines et religieuses, elle va mettre en place une vie mondaine très en vogue  à l'époque y faisant jouer une pièce de Jean Racine, Esther.

1689, Madame de Montespan séjourne un an à l'abbaye , elle y fait venir une partie de la cour.

1704, Louise-Françoise de Rochechouart prend la tête de l'abbaye.

1738, juin,  les quatre filles cadettes de Louis XV arrivent à Fontevraud où le roi les confie à l'éducation des religieuses. Elles y restent jusqu'en 1750.

1741, fin des travaux d'un logis à l'Ouest, appelé le logis Bourbon, qui sera agrandi en 1747.

Les dernières abbesses sont Marie-Louise de Timbrone et Julie-Gillette de Pardaillan . Elles y feront des agrandissements du palais abbatial, construisent les bâtiments de la Fannerie et des étables, et érigent le portail d'entrée actuel.

1789,  nuit du 3 au 4 août, l'Assemblée nationale décrète la fin des privilèges et déclare l'imposition des privilégiés pour les six derniers mois de l'année 1789. La dîme de 600 livres par an disparaît et met  à mal les finances de l'abbaye. Le  2 novembre,  les biens du clergé sont déclarés biens nationaux.

1790, 30 avril, le maire de Fontevraud, Alexandre Guerrier, ancien moine de Saint-Jean de l'Habit, arrive à la porte de son ancien couvent avec la municipalité. Le couvent ne compte plus que 21 religieux et 18 frères convers. On dresse l'inventaire des biens et un certain nombre de religieux en profitent pour quitter l'ordre et recevoir en échange une pension de l'État. Le 19 juillet, l'administration du district de Saumur procède à l'inventaire du mobilier du reste de l'abbaye : celui-ci prend huit jours et se termine le 26. À l'exception d'une sœur converse, les religieuses déclarent toutes leur intention de rester sur place. Le 5 août, l'administration engage les derniers frères de Saint-Jean de l'Habit à quitter l'abbaye et leurs verse un acompte sur leur pension. Le 2 juin 1791, le couvent est totalement vide et le 16 août, on vend le mobilier restant, signant la fin de Saint-Jean de l'Habit.

1792, 17 août, la Convention Nationale décrète que les bâtiments encore occupés par des religieux doivent être évacués avant octobre. Les religieuses quittent peu à peu l'abbaye pendant l'automne. Julie-Gillette de Pardaillan d'Antin, la dernière abbesse, quitte l'abbaye la dernière, le 25 septembre 1792. Le domaine est alors divisé en lots, et le mobilier est difficilement vendu le 15 octobre. Le 30 janvier 1793, une troupe pénètre dans l'abbaye malgré l'interposition du gardien, et commence à piller et saccager les bâtiments. Les sarcophages et cercueils du caveau des abbesses sont brisés et les ossements laissés à l'abandon ou jetés. Pour éviter de nouveaux pillages, la municipalité s'empresse de vendre les biens restants. Les 106 anciens religieux et religieuses résidant encore à Fontevraud assistent à l'ultime dispersion du mobilier et aux martelages des blasons et enseignes de l'Ancien régime. En pleine Terreur, l’atmosphère est lourde et les anciens occupants de l'abbaye deviennent suspects aux yeux de l'administration.

En l'An III, la municipalité prend des mesures pour éviter les dégradations et vandalisme quotidiens des bâtiments. L'église de Saint-Jean de l'Habit menace de ruine, mais la municipalité ne possède pas les moyens financiers de procéder aux réparations. On met fin à l'affermage des terrains de l'abbaye qui favorisent les pillages quotidiens.

1804, 18 octobre, Napoléon Ier fait transformer l'Abbaye en centre de détention, tout comme celles de Clairvaux et du Mont Saint-Michel. Les travaux de conversion, confiés à l'ingénieur des Ponts et Chaussée Alfred Normand, s'échelonnent de 1806 à 1814, il fait notamment construire un  chemin de ronde autour du Grand-Moûtier. Des nouveaux bâtiments sont construits près de l'abbatiale et dans les cours. Fontevraud a été considérée comme l'une des centrales pénitentiaires les plus dures de France. 

1840, Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, fait inscrire l'abbaye sur la première liste nationale de classement des monuments historiques. Lucien Magne est chargé de  restaurer les cuisines du XIIe.

porte prison fontevraud

Ancienne porte de la prison de Fontevraud.

Au fur et à mesure plusieurs bâtiments sont libérés de leur affectation pénitentiaire :

1860, le cloître

1882, le réfectoire

XXe, la tour d'Évrault et l'église Abbatiale.

1940-1944, des résistants sont enfermés dans la prison.

1963, fin de la prison, néanmoins une quarantaine de détenus restent pour l'entretien des espaces verts et à la démolition des installations pénitentiaires.

1985, ces derniers détenus quittent le quartier de la Madeleine, l'ensemble de l'abbaye est rendue au public.

 

 



 

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