Tour de La Mal-Coiffée, Palais Ducal de Moulins

 

Tour Mal Coiffee

Tour de la Mal-Coiffée

 

La Tour de La Mal-Coiffée est une ancienne tour du Palais Ducal de Moulins, palais ravagé en grande partie par un incendie en 1755. Elle entre dans le type de construction défensive, l'épaisseur de ses murs justifie sa fonction. Néanmoins la tour possède un meilleur confort qu'un donjon médiéval, avec notamment une cheminée à chaque étage, de vastes et larges pièces et des latrines. Sur certains aspects on peut faire un rapprochement dans sa fonction avec la tour de Jean-sans-Peur à Paris ou celle de Philippe-le-Bon au palais des Ducs de Bourgogne à Dijon.

La Tour fut également une prison à plusieurs reprises, mais surtout un haut lieu d'enfermement des résistants, juifs et autres déportés lors de la Seconde Guerre Mondiale. Une partie de ces prisonniers ont fait l'objet de tortures et de déportations vers des camps de concentration et d'extermination. Elle resta une prison de droit commun jusqu'en 1984. Depuis la tour garde encore cette image lugubre, alors qu'elle fut  initialement un lieu de confort et le symbole du pouvoir des Ducs de Bourbons.

La tour fait 45 mètres de hauteur, sur 7 niveaux au dessus du sol avec chacun deux salles, et 2 niveaux en dessous du sol. Elle doit son nom de "La Mal-Coiffée" par rapport à son toit aux proportions et à la forme peu usités.

 

Historique
source : source sur place, documentation diverses, dossier de presse, prison cherche midi

 

 

1049, première mention du Château dans « la Vie de Saint Odilon ». C’est alors probablement qu’une petite forteresse sur les bords de l’Allier, néanmoins on en sait peu. Il faut noter que la résidence principale est principalement au château de Bourbon-l’Archambault.

1366, le duc Louis II de Bourbon revient d’Angleterre pendant 6 ans, il avait été pris en otage en échange de la libération du roi Jean II le Bon qui avait été fait prisonnier à Poitiers en 1356. À son retour, le château est fortement délabré. Il fait reconstruire l’ensemble.

1371, début ( probable ) de la construction du nouveau château et Palais Ducal.

1374, Moulins devient siège de l’administration du duché géré par la Chambre des Comptes fondée en 1374. Moulins devient ainsi la capitale du duché de Bourbonnais.

1375, le château est en grande partie terminé. Au XVe siècle on reconnait le premier Palais Ducal dans l’armoriale de Guillaume Revel. Il était sur la partie Sud de la tour de la Mal-Coiffée.

Selon Célia Condello, docteur en histoire et archéologie, le château pourrait avoir été édifié entre 1375 et 1410. Néanmoins ça entrerait en contradiction avec le fait que le duc de Bourbon ait choisi Moulins comme capitale dès 1374 sans avoir un palais digne de ce nom.

 

 Guillaume Revel Armoirie Moulins Palais ducal des Bourbons

Palais Ducal au XVe siècle, par Guillaume Revel

1488,  Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu (1438-†1503) et son épouse Anne de France (1461-†1522), fille de Louis XI deviennent duc et duchesse de Bourbon. Sous leur principat, le château va connaître sa seconde grande phase de travaux. Pierre II est le deuxième frère du précédent duc de Bourbon, Jean II mort sans héritier.

Le premier frère du duc, Charles, est cardinal et prélat de Lyon, c’est lui qui laisse la succession du duché à Pierre. Le couple formé par Pierre et Anne va prendre une importance politique prépondérante à la mort du roi Louis XI, devenant régents du royaume pendant la minorité du nouveau roi Charles VIII, le frère cadet d’Anne de France.

 Le roi, Charles VIII, effectuera plusieurs séjours à Moulins auprès de sa sœur et de son beau-frère entre 1489 et 1498.

Dès 1488, Pierre II nomme un contrôleur des dépenses dédiées au château de Moulins afin de mettre en place les réparations du château et des jardins. Ces travaux vont tout d’abord viser diverses réparations au sein même de la tour maîtresse du château. Différentes poutres vont ainsi être remplacées, comme c’est le cas dans la salle du rez-de-chaussée, où la poutre maitresse a été installée en 1490 et au-dessus de laquelle a été apposé le blason des Bourbons : d’azur à trois fleurs de lys d’or et à la bande de gueules (bande rouge barrant le blason). Ces travaux de réaménagement vont être réalisés dans le parfait respect de l’architecture du château.

Un « bâtiment neuf » est construit, dont subsiste encore aujourd’hui une petite partie, par l’architecte Marceau Rodier. Pour sa construction, il fallut détruite un quartier urbain complet au nord de l’ancienne forteresse. Une nouvelle enceinte urbaine permet également de réduire le rôle militaire du Palais Ducal et ouvre la possibilité de construire des nouveaux jardins d’agréments qui sont décrits par Nicolas de Nicolaï.

 De nouveaux bâtiments vont venir compléter la partie d’époque Louis II, sans la dénaturer ou la rendre obsolète. Le couple va également mener les travaux d’agrandissement du château vers le nord avec la construction d’un grand corps de logis, visible encore aujourd’hui depuis les jardins bas. D’une longueur de plus de 70 mètres, cette extension témoigne d’une architecture du gothique flamboyant. Elle est parfaitement alignée avec la façade de la Mal Coiffée, montrant là encore le respect envers l’architecture d’originelle du château.

Plus loin, dans l’alignement de ce grand corps de logis, sera installée une chapelle dédiée à Saint Louis. C’est perpendiculairement à cette chapelle que sera construite la galerie de style Renaissance, qui abrite aujourd’hui le musée

 

1523, le duché est saisi par le roi de France. Après le décès de Pierre II en 1503, Anne de France puis sa fille Suzanne (1491-†1521), sont duchesses de Bourbon. Cette dernière épouse en 1505 Charles de Bourbon-Montpensier (1490-1527) qui sera nommé Connétable du roi François Ier (1494-†1547) de 1515 à 1521. Les relations entre le roi et son Connétable vont cependant se détériorer, jusqu’en 1523 ou Charles fuira son duché qui sera saisi par le roi, de même que l’ensemble des biens des Bourbons. Le duché reviendra à la mère de François Ier, Louise de Savoie (1476-†1531), cousine germaine de Suzanne.

1531, après la mort de la Reine Mère, l’ensemble revient à la couronne de France, Il sera attribué aux reines durant leur veuvage.

1560, Catherine de Médicis (1519-†1589) sera la dernière à faire réaliser de grands travaux au château de Moulins, avec la construction d’un bâtiment entre la chapelle et le grand corps de logis, à l’emplacement actuel de l’entrée du musée.

 

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Palais Ducal et la Tour de la Mal-Coiffée ( XVIe )

 

1661, le duché de Bourbonnais est cédé au prince Louis II de Bourbon-Condé en échange de celui d’Albret.

XVIIe siècle, il abrite parfois des locataires, mais aussi des services administratifs ( prisons, arsenal, palais de justice ). On est donc dans un bâtiment à usage parfois très polyvalent.

 

gravure palais ducal israel sylvestre

Palais ducal , tour de la Mal-Coiffée, au XVIIIe siècle.

 

1755,  dans la nuit du 2 au 3 juin 1755, dans l’appartement du marquis des Gouttes, au premier étage au centre du grand corps de logis, un incendie se propage rapidement. En passant par les combles, il se dirige vers la Mal Coiffée au sud puis vers la chapelle Saint-Louis au nord. Cet incendie aura pour conséquence la destruction de la plus grande partie du Palais Ducal.

1900, un Pavillon est construit entre le jardin et le musée ainsi que l’ancienne prison.

 

Seconde Guerre Mondiale

tenue de deportee

Tenue de déporté, ayant appartenu à Raphaël Lassandre qui sera interrogé violemment dans les prisons de la tour. Voir cet article  

 

La tour fut choisie par les Allemands parce qu’il se trouvait sur la ligne de Démarcation et aussi par la voie de communication qui permet rejoindre directement Paris par le train.

Dès le lendemain de la signature de l’armistice du 18 juin 1940, un prisonnier y est enfermé puis le 3 août de de la même année la première femme de la prison.

En janvier 1941, la prison va être utilisée non seulement pour des détenus de droit communs ( vol, etc ) mais aussi comme lieu de détention arbitraire par les Allemands. En Avril 1941, le registre d’écrou, qui permet de connaître les entrées et sorties, n’est plus utilisé.

Cette situation va évoluer rapidement, puisque au court de l’année la prison va devenir une prison pour prisonnier de guerre de la Werhmarcht (kriegs wehrmachts haftanstalt ), les prisonniers de droit communs sont alors transférés à Nevers.

Le 30 janvier 1943, le personnel initial de la prison est remplacé par du personnel allemand, à l’exception des cuisiniers. Le registre concernant les femmes n’est plus rempli.

Juste après le débarquement du 6 juin,  la répression contre les prisonniers se fait encore plus forte.

En juillet 1944, 3 prisonniers sont fusillés dans la forêt de Marcenat : Kespi, Clavel et Marcus.

Néanmoins voyant probablement la progression alliée, l’étau contre les prisonniers se fait moins dur. En effet, le 10 Août, 17 prisonniers arrivent à s’évader. Le 20 août, la majorité des prisonniers sont libérés.

Le 25 août 1944, afin d’assurer leur retraite, Karl Zimmermann qui est le responsable de la prison, surnommé "Tartarin" par son armement : un fusil, une mitraillette, des grenades, deux pistolets, un poignard, comme si il partait à la guerre à chaque instant...procède à l'évacuation de la prison. Ils prennent les 66 prisonniers restants ( dont 1 enfant de7 ans ) et les déportent par le même convoi afin de fuir les armées alliées. Le fait de les prendre en « otage » les prisonniers, avait probablement pour but de ne pas subir de bombardement lors de leur fuite de Moulins.

Le 6 septembre 1944, la ville de Moulins est libérée.

1946, depuis la libération de la ville jusqu’au 15 janvier, la prison est utilisée par la préfecture et le Ministère de l’Intérieur, principalement pour y enfermer les personnes soupçonnées de collaboration avec l’ennemi. Après cette date, c’est les prisonniers de droits communs qui y sont enfermés.

 

 

1984, après l’ouverture du centre pénitentiaire d’Yzeur, la tour perd définitivement sa fonction de prison.

 

Photographies


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