Logis Médiéval
Situé dans au 52 Rue Haute Sainte-Maurice, en plein centre de la Ville-Forte de Chinon. Le logis se distingue par sa visibilité et son ancienneté, c'est probablement le logis le plus ancien du centre historique, de plus en dehors de l'église Saint-Maurice, la tour d'escalier du logis est encore aujourd'hui l'un des points culminants de Chinon pour ce qui concerne la partie médiévale de la ville encore existante.
Abandonné depuis plusieurs décennies (depuis presque 30 ans ), le logis fut racheté à plusieurs reprises pendant cette période sans que rien de concluant fût réalisé, il a été racheté en février 2022, il bénéficie depuis d'un début de restauration qui devrait s'étaler sur plusieurs années. Une autre particularité, c'est d'avoir deux escaliers médiévaux, d'époques différentes, pour un seul logis, c'est assez rare à Chinon. Au XIXe siècle fut rajoutée une aile allant jusqu'à la rue, bénéficiant d'un confort moins rudimentaire pour l'époque.
Il est daté de la fin du XVe pour la plus grande partie, mais il existe encore des éléments du XIVe siècle, une aile rajoutée est datée du XIXe siècle. Inscrit MH (1978, façades et toitures).
Note : l'article sera modifié avec le temps selon les découvertes, approfondissements des renseignements. Il peut donc comporter des erreurs.
Informations
- Adresse : 52 rue Haute-Saint-Maurice 37500 Chinon
- Heures d'Ouvertures, Tarifs & Visites en 2022 ( à titre indicatif, information valable lors de la mise en ligne de l'article, ne pas hésiter à vérifier sur le site officiel ou les contacter quand l'information est disponible, avant tout déplacement ) :
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Propriété privée ne se visite pas.
Historique & Histoire
Le Logis de Chinon en vidéo
Situées en plein cœur historique, dans la Rue Haute Saint-Maurice de Chinon, ses parties les plus anciennes sont datées à l'heure actuelle du XIVe. Il est très probable qu'il existait dès le XIIe ou XIIIe siècle un logis, une habitation ou tout autre bâtiment. La rue Haute Saint-Maurice était initialement habitée par des notables, des bourgeois, commerçants, au vu de la construction, il est assez évident qu'il a pu appartenir à une personnalité locale et royale de première importance.
Le logis selon une gravure de 1804 par l'anglais Thomas Allom. Cette gravure est intéressante, en effet elle survient avant les grands chamboulements du XIXe siècle. On remarque notamment encore les défenses de la ville, quelques rares pans du mur d'enceinte, mais aussi les défenses intérieures de Chinon. On constate singulièrement en face du logis actuel deux tours carrées, qui sont probablement des tours porches au niveau de l'actuelle rue de la chapelle.
Tentative de datation
Malheureusement, avant la période la fin du XVIIe siècle, on ne connaît pas les différents propriétaires et surtout l'initiateur de la construction de ce logis. En effet, le centre historique bénéficie d'une excellente historiographie dans son ensemble, mais comporte beaucoup de lacunes si on cherche plus précisément certains éléments historiques : habitations, propriétaires, etc, spécialement lorsqu'on veut remonter au XVe et antérieur.
Cheminée datée du XIVe siècle.
Étude de la datation du bois réalisée par Dendrotech pour Mr Goës en 2018 (1) :
La charpente des combles du corps principal est de 1464 à 1465 ( sous Charles VII )
La charpente de couvrement de la tourelle d'escalier nord-est est automne hiver 1493/94. ( sous Charles VIII )
Cette datation permet d'établir une date assez précise d'abattage des arbres, qui en général précède assez rapidement à sa mise en place dans une construction. Il est assez étonnant qu'il y ait presque 30 ans de différence alors que le logis principal et sa tourelle d'escalier ont probablement été construits en même temps. Difficile en effet d'accéder à cette salle sans cet escalier, à l'heure d'aujourd'hui il n'y a pas d'éléments qui permettent de donner une explication.
Comble du corps de logis principal, on remarquera les trous effectués pour des recherches historiques. La fenêtre, située plein sud, bénéficie de très beaux coussièges, mis en place sûrement vers 1465. Les accousièges, assez bas, sont idéalement situés et dénotent pour les propriétaires de l'époque d'un grand confort et d'une résidence agréable, néanmoins on remarquera qu'il n'y a pas de cheminée à cet étage. Peut-être cela n'était pas nécessaire, en effet les ardoises ont la particularité de chauffer dès qu'il y a du soleil, nécessitant dans cette situation beaucoup moins de chauffage.
Liste des propriétaires connus*
1685, Urbain Amirault, sir de Réfault et sa veuve Marie Boiré
Début XVIIIe, Mr François Le Breton de la Bonnelière, conseiller du Roi, échevin de 1721 à 1724. Il était également lieutenant particulier des affaires criminelles et conseiller du baillage de Chinon qui se situe quasiment en face.
Cette information est donnée par Paul Piquet, Commis-Greffier au Tribunal de Chinon, métier qui demande normalement beaucoup de rigueur. Il participa notamment à l'écriture de plusieurs articles dans Les Amis du Vieux Chinon. Il a écrit des milliers de notes des diverses informations qu'il a pu recueillir, néanmoins elles n'étaient pas toutes sourcées, car c'était des notes personnelles dans un but d'écrire ces articles. Cependant la majorité de son travail fut de retranscrire des informations et de les regrouper, il a pu avoir accès notamment à des informations comme les comptes de Saincoins, receveur général de Charles VII et d'autres (notaires notamment). A moins d'une erreur sur le document dont il a pris la source, l'information semble sérieuse et peu enclin aujourd'hui à discussion, même s'il faut regretter qu'on n'ait pas la source initiale que l'on retrouvera probablement un jour.
La Roche-Clermault - La Bonnellière
Ce domaine s'est appelé : La Bonnellière (1600, acte notarié après l'achat par la famille de Le Breton), Bannelière (XVIIIe siècle, Carte de Cassini), La Bonnelière (1794, Archives 37, Biens nationaux), La Bonnellière (1837, 1957, Cadastre).
En 1689, ce fief appartenait à Jean Le Breton, lieutenant particulier au bailliage de Chinon; en 1696, à Charles Le Breton, conseiller du roi, assesseur civil et criminel au même bailliage, et receveur des tailles de l'élection. Il y existait une chapelle qui, en 1787, appartenait à Jean-Charles-François-Joseph Le Breton de la Bonnelière. source : http://lieuxditsdetouraine
LE BRETON DE LA BONNELIÈRE, Ec., Sgrs de la Bonnelière, près Chinon, du Bessay, de la Gilleberdière, etc... ( XVIIe et XVIIIe siècles). Cette famille paraît originaire de la Bonnelière, près Chinon. Le 15 avril 1840, un jugement du tribunal civil de Meaux a ordonné la rectification, sur les registres de l’état-civil, du nom de cette famille qui n’avait pas été accompagné de la particule ou du nom de la Bonnelière.
Les trois personnages dont les noms suivent, appartenant à cette famille, sont mentionnés dans un acte de 1697. Charles Le Breton, Sgr de la Bonnelière, conseiller du roi, assesseur civil et criminel au bailliage et siège royal de Chinon et receveur des tailles de l’élection :
Joseph-Philippe-François Le Breton, prêtre, chanoine de la collégiale de St-Mesme, de Chinon;Jean-Charles-François Le Breton du Bessay, chanoine honoraire de la même collégiale.
Jean-Charles-François-Joseph Le Breton de la Bonnelière, conseiller du roi, président du siège royal du grenier à sel de Chinon (8 juillet 1772), mourut en 1805. Blasonnement : D’azur, à un chevron d’or, accompagné en chef de deux étoiles d’argent, et en pointe d’un croissant de môme. Source : Mémoires de la Société Archéologique de Touraine: Série in 8° Volume 18
On remarque qu'à partir du milieu du XVIIIe siècle, le logis passe de main en main assez fréquemment :
1744, Jacques Lecourt, probablement notaire à Chinon ( source archive du département Indre et Loire )
1748, Mr Coste
1763, Pierre Benoît Caillaut, peut-être un échevin car on retrouve un autre Caillaut échevin à Chinon.
1773, Pichereau, lieutenant civil, il s'agit probablement de Pierre-François Pichereau de Geffrut, car l'ancien maire de Chinon est pendant cette période Lieutenant particulier du bailliage et subdélégué de l'intendant de Tours. Accusé d'intelligence avec les Vendéens, il fut condamné à mort comme contre révolutionnaire, par une commission militaire séant à Tours et exécuté le 11 janvier 1794 (22 nivôse an II) dans cette ville.
Le mariage de Pichereau de Geffrut avec Françoise-Marguerite Duchastel fut célébré à Saumur en 1768. D'après l'Armorial de Touraine, la famille Pichereau de Geffrut portait les armoiries suivantes : D'or au lion rampant de ...... au chef d'azur chargé de 3 roses de ...... rangées en fasce. - Supports : 2 lions.
De 1765 à 1789, il exerça à Chinon les fonctions de lieutenant particulier du bailliage et de subdéléguer de l'Intendant de Tours.
Le 20 février 1790, il fut élu maire de Chinon par 369 voix sur 431 votants. Installé le jour même de l'élection, Pichereau de Geffrut prononça à cette occasion une allocution, dont le style ampoulé, porte bien la manière de l'époque : "Je verse des larmes de sensibilité pour les marques d'attachement et de considération que la commune vient de me donner en m'accordant la place de maire."
Les élections, qui suivirent celles du maire, furent particulièrement mouvementées pendant les mois de février et de mars 1790 ; il s'agissait de nommer les "officiers municipaux" pour constituer "le conseil". Dans cette circonstance difficile, le nouveau maire déploya la plus grande énergie pour assurer le maintien de l'ordre et le respect des lois. Il est probable qu'après la revente il déménage toujours à Chinon dans une maison dite au Vieux Marché puis dans les affres de la révolte, il part pour Ligré.
Le 7 décembre 1790, les communes du district de Chinon procédèrent à l'élection d'un juge de paix ; fonction qu'une récente loi venait de rendre élective ; Pichereau fut élu à ce poste. Comme cette fonction judiciaire était incompatible avec les fonctions municipales, Pichereau de Geffrut donna sa démission de maire le 31 janvier 1791.
Après cette démission, Pichereau de Geffrut quitta sa maison de Chinon, sise au Vieux Marché, pour aller résider à Ligré dans sa propriété de la Martinière. Malgré cet éloignement volontaire des affaires publiques, il devint une victime de la politique jacobine.
Surviennent les affaires de Vendée, la prise de Saumur, l'occupation de Chinon. Six mois après, jour pour jour, il est arrêté sur la dénonciation du Comité de Surveillance qui porte la date du 13 novembre.
Il lui est beaucoup reproché. Il aurait reçu, chez lui, des prêtres réfractaires "desquels il se vantoit d'être admiré comme un bon théologien". Il n'aurait "fait sa société que des aristocrates", et aurait été "reconnu pour un aristocrate par le peuple de Chinon". En présence "de beaucoup de citoyens", il aurait lu "la proclamation affichée par les rebelles", et l'aurait fait lire à une femme "qu'il reprenait lorsqu'elle se trompait en la lisant". Il aurait arboré une cocarde blanche à l'arrivée des Vendéens à Chinon, une cocarde blanche et noire à leur départ. Une vague histoire de désertion, compliquée d'émigration, montée contre son fils qui aurait été vu avec les chefs chouans qu'il aurait suivis à Saumur, l'enfonce un peu plus, encore qu'il assure que ce dernier a été emmené contraint et forcé, puis relâché. Mais là n'est pas le fond du procès. Certains attendus du jugement le situent ailleurs.
"Considérant qu'il résulte des aveux du prévenu dans ses différents interrogatoires, que depuis le commencement de la Révolution, il a vécu dans la plus grande insouciance, ne prenant aucune part active à son succès, dédaignant toute espèce d'instruction publique, ne s'occupant que de ses affaires, ignorant toute espèce de nouvelles ..."
Pichereau n'a jamais eu d'illusions sur le sort qui lui était réservé. Se sachant perdu, il ne lutte pas ou s'il le fait c'est sur un autre plan. A quoi bon tenir tête à ces gens qu'il considère comme de viles canailles ? À quoi bon leur disputer une vie finissante ? S'ils la veulent, qu'ils la prennent donc ces sectateurs ! Mais avant de disparaître à jamais pourquoi dissimulerait-il son mépris hautain et ce qu'il pense, lui, de cette sanie. Et que cela soit dit de telle sorte qu'ils arrivent à douter d'eux-mêmes, de leurs chefs, et de cette mystique nouvelle.
Le 31 mai, les 2 et 3 juin ? Ne connais pas ! Le 10 août ? Les massacres parisiens, peut-être ? La République? J'ignorais qu'elle eût été proclamée. Le serment d'exécration aux rois et à la Royauté ? Tiens, qu'est-ce cette chose ?
Affecter insolemment une pareille ignorance alors que, dans votre dos, le Samson tourangeau prend des mesures, ne manque pas de grandeur.
Accusé d'intelligence avec les Vendéens, il fut condamné à mort comme contre révolutionnaire, par une commission militaire séant à Tours et exécuté le 11 janvier 1794 (22 nivôse an II) dans cette ville.
Sources : shenandoahdavis.canalblog.com et Bulletin des Amis du vieux Chinon - 1923 (T2, N5), Bulletin de la Société archéologique de Touraine - 1966 (T34)
1774, Antoine de Villeneuve, fait-il parti de la puissante famille des Villeneuve, plutôt présente dans le domaine maritime et dans le sud ? En tout cas on trouve à cette même période une Marie-Anne de Villeneuve, mariée en 1788. "Mexme Legrand épousa le 12 juillet 1768, paroisse Saint-Mexme, Marie- Anne de Villeneuve, de ce mariage naquit une fille Marie-Anne Legrand, qui épousa le 4 novembre 1788, Etienne de David, baron de Saint-Hilaire, leur lils Marie-Étienne de David de Saint-Hilaire, époux de Marie-Claire Athénaïs de la Chesnaye, mourut le 21 janvier 1870, en sa demeure située rue Saint-Mexme de cette ville".
1821, division des biens en 2 propriétaires :
Jacques Herpain, médecin : bâtiments A, B, B', C + le 50 rue Haute Saint Maurice intégré.
Mme Clément, bâtiments D et E : source : plan de Chinon 1821, AD37.
Jacques Herpain est un médecin connu, il étudiera notamment la nymphomanie dans un ouvrage : Il y a une vingtaine d'années, Le Quotidien du médecin mentionnait, dans une brève, un essai sur la nymphomanie publié en 1812 par le docteur Jacques Herpain, médecin chinonais. L'information n'échappa pas au Dr Jean-Claude Lenoble, qui finit par retrouver cet écrit au Département des thèses à la bibliothèque de la Faculté de Médecine, rue de l'École de
Médecine, à Paris. Copie fut faite et ensuite transmise aux A.V.C. qui en possédait aussi un exemplaire. Le présent article a pour but de faire connaître ce mémoire et de fournir quelques éléments d'appréciation quant à son contenu.
source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57959603
Après 1821, travaux d'alignement de façades Chinonaises
la façade du bâtiment D est détruite, puis reconstruite en recul pour être alignée sur celle du 50 rue Haute Saint Maurice. source : plan de Chinon 1821, AD37.
1838, rassemblement des biens par Jacques Herpain, il reprend les parties divisées en 1821.
1848, revente du 50 rue Haute- Saint-Maurice à un acheteur inconnu.
1871, Jacques Albert Herpain, probablement un des descendants de Jacques Herpain.
1910, Georges Pellerin, source : matrice cadastre napoléonien, AD37
1913, Auguste Gaillard Dasse; épicier sur le quai Jeanne d'Arc (4), le logis prend le nom de "Maison Gaillard" ou Hôtel Gaillard, probablement vers 1960-1970 lors des grands travaux de restauration du centre historique de Chinon.
Le logis va bénéficier depuis 1920 de quasiment aucune restauration, modification, en dehors du toit qui a été plutôt bien entretenu.
1962, loi Malraux est un levier de défiscalisation monument historique. Cette loi va sauver le centre de Chinon indirectement de projets immobiliers.
1975, décès de Auguste Gaillard.
1978, Eléments protégés : Les façades et les toitures (cad. AR 67) : inscription par arrêté du 7 septembre 1978
2006, il est abandonné et mis en vente.
2013, Mlle Madeleine GAILLARD (96 ans), née le 23/05/1917 à Chinon, probablement dans le Logis, meurt à Chinon le 10 septembre. Elle est la dernière descendante y avoir vécue, néanmoins le logis était déjà très abandonné depuis les années 90.
2017, il est finalement vendu. Il était prévu de réaménager les appartements pour de la location. Projet qui fut abandonné, néanmoins le propriétaire va initier plusieurs recherches qui vont permettre de mieux dater le logis ( voir étude endocrinologique en haut de l'article ). Il semble que le corps des architectes des Bâtiments de France (ABF) ait émis des désaccords sur l'évolution prévu du logis rendant impossible la concrétisation du projet et de son financement.
2022, il est racheté par un particulier.
Evolution depuis son rachat des jardins et terrasses du Logis. Déboisement, restauration à la chaux des murs de garde et de l'escalier .
Entrée de la tourelle d'escalier du logis. On remarquera la présence d'une niche à statue, probablement religieuse. Sur la droite une autre pièce avec cheminée, probablement du XIVe siècle.
sources :
(1) Dendrotech , Cabinet d'Architecte Atelier 27, shenandoahdavis.canalblog.com, Bulletin des Amis du vieux Chinon, (4) Le Réveil populaire : organe de la 2e circonscription de Fontenay-le-Comte1907-1942, * Atelier 27 pour la liste des noms mais complété par mes recherches.