Eglise de Tavant, les fresques romanes

 

L'église Saint-Nicolas de Tavant, en France, est un édifice religieux dont la réputation repose sur la qualité et l'originalité de ses fresques de la crypte. Ces dernières ont été copiées grandeur nature à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine et ont été illustrées sur deux timbres postaux en 1997. L'église est située sur la rue Saint-Nicolas, en bordure de la Vienne, dans le département d'Indre-et-Loire.

eglise romane de tavant

L'église Saint-Nicolas a été construite au début du XIIe siècle, comme en témoigne sa dédicace à saint Nicolas, qui correspond au développement de son culte en Occident après le transfert de ses reliques à Bari en 1087. L'église présente des influences limousines et berrichonnes, telles que la nef à bas-côtés, le voûtement de tout l'édifice, ainsi que l'ordonnancement de la façade avec un portail entre deux arcades aveugles. Le premier texte mentionnant l'église date de 1223 et relate la concession d'une maison par le prieur de Notre-Dame au curé de l'église paroissiale.

Les fresques de l'église, situées dans le chœur, racontent l'histoire de l'Enfance du Christ. Le Christ en Majesté, entouré d'une mandorle, siège au milieu de ces scènes peintes, encadré par le tétramorphe et un cortège d'anges. La crypte, pourtant de la même époque que le reste du bâtiment, a été construite après l'édification du chœur. Elle a été redécouverte vers 1862 et présente des fresques remarquables probablement jamais recouvertes, ayant fait l'objet de plusieurs restaurations au cours du XXe siècle afin de préserver ce patrimoine religieux d'une qualité exceptionnelle.

Henri Focillon signale, dans son livre sur les Peintures murales des églises de France, la qualité exceptionnelle des fresques de Tavant et les considère comme étant l'un des chefs-d'œuvre de la peinture romane en France. André Malraux les inclut dans son Musée imaginaire. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 7 mai 1908.

 

 choeur eglise romane polychrome

Architecture de l'église

 

La construction de cette église suit le plan de croix latine. Elle s'ouvre sur une façade occidentale dotée d'un portail en plein cintre, dépourvu de tympan, mais orné de trois rouleaux décorés de cordes, de pommes de pin et de pointes de diamant. Cette façade est encadrée par deux arcatures aveugles étroites. À l'origine, la nef comportait trois vaisseaux. Elle est entièrement voûtée en berceau et compte cinq travées. Toutefois, les deux bas-côtés ont été démolis à une date indéterminée. Les ouvertures sur la nef et les arrachements des murs témoignent de cette disparition. Des contreforts puissants ont été construits pour contrebuter la nef.

Au niveau de la croisée du transept, se dresse une coupole sur trompe à base carrée qui correspond au clocher roman, arasé et remplacé par un clocher octogonal postérieur coiffé d'ardoises. La girouette qui surmonte le clocher représente une gabare. Quant au chœur, il se compose d'une travée et d'une Abside en cul-de-four. Sa particularité réside dans le fait qu'il est surélevé, ce qui ne permet pas de voir la base des colonnes. Cependant, lors de la restauration récente de la crypte, les parties inférieures des colonnes ont été dégagées, laissant penser que la crypte a été construite postérieurement au chœur. La crypte occupe la surface du chœur et comprend trois travées et trois vaisseaux voûtés d'arêtes. Les piliers engagés des côtés ne correspondent pas aux piliers du chœur dégagés lors de la restauration de la crypte. En effet, ils descendent jusqu'au niveau de la base de la voûte à la hauteur du sol natif. Les explorations effectuées lors de la restauration n'ont révélé aucune trace de confession ou de martyrium.

L'église est connue pour la qualité et l'originalité de ses fresques. En 1941, Marthe Flandrin et Simone Flandrin-Latron ont réalisé un relevé grandeur nature de ces fresques, exposé à la cité de l'architecture et du patrimoine. Les chercheurs se posent des questions sur la qualité d'exécution, le caractère en mouvement des personnages et certaines caractéristiques d'inspiration byzantine. En avril 2012, une restauration sans repeint a été effectuée par Madame Reille-Taillefer. Cette opération a permis de mieux connaître la structure de l'édifice, d'assainir les supports et de raviver les couleurs des fresques.

En somme, cette église présente une architecture particulière avec son plan en croix latine et son clocher arasé remplacé par un clocher octogonal postérieur. Le chœur surélevé et la crypte qui occupent sa surface sont également des éléments qui attirent l'attention. Enfin, les fresques de l'église sont remarquables pour leur qualité et leur originalité.

 

Les Fresques

Les peintures de la crypte de Tavant sont un ensemble exceptionnel qui suscite l'émerveillement des visiteurs. Les colonnes et les chapiteaux ont été peints pour imiter différentes natures de roches, et les restaurations récentes ont permis de stabiliser la dégradation du décor. L'impression qui se dégage de ces peintures est forte car elles sont situées à la hauteur des yeux et leur style peu répandu est fait d'images riches et en mouvement.

Chaque scène est développée sur une retombée de voûte et encadrée par un motif linéaire. Si le programme pictural est centré au fond par un Christ en majesté, la signification de l'ensemble est encore très débattue. Certaines scènes font l'unanimité sur leur signification, comme le roi David musicien, le supplice de saint Pierre et le supplice de saint André. D'autres sont singulières sans équivalent, comme les deux saintes face à face dans l'entrée, tenant un symbole arborescent dans la main, ou encore les deux hommes affrontés portant une poutre. Certaines sont innovantes dans leur traitement, comme l'attitude de la Vierge soutenant le corps de son fils, qui évoque les futures pietàs du XIVe siècle.

Le décor intérieur sculpté et le mobilier de la crypte de Tavant sont également remarquables. Les chapiteaux sont à motifs simples et non figuratifs pour la majorité d'entre eux, sauf à la croisée du transept où sur huit chapiteaux, trois sont à motifs végétaux et quatre sont figuratifs avec des motifs conventionnels, tels que des sirènes à deux queues, des griffons, des oiseaux affrontés buvant dans un vase et un monstre dévorant. Un chapiteau à l'angle de la nef est historié, représentant la tentation d'Adam et Ève. Dans la crypte, les chapiteaux sont épannelés avec un décor de pierres de coloris variés. Seuls deux chapiteaux à l'entrée sont sculptés, l'un de rinceaux et palmettes, l'autre figuratif et inachevé, avec un personnage chevauchant un monstre.

À l'entrée de la nef, un baptistère roman daté de la fin du XIe-XIIe siècle est visible. Un gisant venant du cimetière autour de l'église est placé dans le transept nord. L'épigraphie précise qu'il s'agit de Jehan Guydier, curé, avec une incertitude sur la date de sa mort, qui serait en 1334 ou 1534.

En somme, la crypte de Tavant est un trésor d'art et d'histoire. Les peintures, les chapiteaux et le mobilier témoignent de la richesse artistique et culturelle de cette époque. Malgré les lacunes dans notre compréhension de leur signification, ces œuvres restent un témoignage précieux de l'art médiéval. Les restaurations récentes ont permis de préserver ce patrimoine et de le rendre accessible au public, pour le plus grand plaisir des visiteurs.

 

 christ en majeste

 

 

 

sources : site officiel, wikipedia, gallica.bnf.fr :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562371s

 

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