Village, Château et Eglises de Curçay-sur-Dive

 

Situé à côté de Loudun le village de Curcay sur Dive était l'un des seuls passages à guet de la Dive, un petit pont, dit de la Reine Blanche, édifié à l'époque gallo-romaine existe encore. Le positionnement géographique permettait alors de voir sur quatre départements actuels : la Vienne, l'Indre-et-Loire, le Maine-et-Loire et les Deux-Sèvres qui reprennent en partie les régions historiques de l'Anjou, de la Touraine et du Poitou. Le village se situe quasiment au centre d'un triangle formé par Montreuil le Bellay, Loudun et Thouars, c'est donc un endroit à forte valeur stratégique militaire dans la région, offrant un panorama et une position d'avant poste pour Loudun. 

 Eglise Saint-Pierre, maintenant isolée dans un champs, porte et clocher du XIIe siècle, se trouve dans l'ancien emplacement du village probablement d'origine gallo-romain. L'église paroissiale, Saint-Gervais, actuelle est une ancienne chapelle castrale et se trouve dans le centre du village actuel de Curcay-sur-Dive. Le donjon est une construction du XIVe siècle, d'une hauteur de 30 mètres, parapet du XIVe, avec angles en encorbellement et mâchicoulis sur les faces. 

chateau curcay sur dive

 

Historique & Histoire 

 

 

De tout temps la haute valeur stratégique d'un tel point fut reconnue et utilisée ; les hommes du néolithique y ont laissé une abondante et remarquable industrie de pierre polie; les Gaulois, dont on découvre çà et là des monnaies de basse époque, s'y retranchèrent à n'en pas douter lorsque les cohortes de Dumnacus, en déroute le long de la Dive, cher-
chaient désespérément des points d'appui sur le chemin qui mène de la capitale des Pictaves à celle des Andes.

Sous la domination romaine, avec la paix revenue, Curçay jouit d'une ère de prospérité que souligne la présence, près de son église Saint-Pierre, c'est-à-dire en se rapprochant précisément de la Dive, en direction de Thouars, d'une villa fort importante si l'on en juge par la qualité et la quantité des objets d'art, bronzes, bijoux, fragments de statues et de marbres les plus rares, mis au jour par le soc de la charrue 2. Des
traces d'incendie visibles encore sur des quartiers de pierre, la fonte et l'éclatement des débris de verre et de terre cuite ne laissent guère de doutes sur la fin de cet établissement, qui, comme la plupart de ses sem blables, périt par le feu lors des grandes invasions barbares.

La période mérovingienne se signale à Curçay par un atelier monétaire, admis aujourd'hui par la plupart des numismates, dont on connaît un triens d'or portant la légende : CURCIACO VI et au recto le nom du magistrat FREDEGIVS Mo 1 ; et aussi par un certain nombre de sarcophages ; enfin par un ensemble de poteries, ou plus exactement de casseaux d'une poterie très particulière qui constitue l'objet de cette étude.

Notons que le nom de Curçay apparaît dans une donation que Charlemagne fit de ce lieu à l'église Saint-Martin de Tours en l'an 775, et qu'Abbes Manrez, comte de Poitou, y tint un plaid en 926, afin de faire restituer aux religieux de la même église Saint-Martin les biens dont ils avaient été spoliés par les Francs.

A partir du xe siècle Curçay devient le fief d'une famille qui en por tera désormais le nom ; c'est sous le régime des descendants de ces seigneurs que se produisirent les deux événements saillants de l'histoire de ce petit pays, à savoir : en 1152 la présence sur son sol de Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou, futur époux de l'héritière du trône d'Angleterre,
et, en 1227, celle du roi saint Louis, accompagné de sa mère Blanche de Castille, venus tous deux à la tête d'une puissante armée pour conférer sur la soumission à la couronne de Thibaut de Champagne et sur celle du comte de Bar.

Au XIVe siècle Curçay passa, par l'alliance de la dernière du nom, à une autre maison chevaleresque du Poitou, celle des Odart. C'est Aimar Odart qui acheva la construction de « la tour et forteresse pour tenir la frontière de Loudunois à l'enconstre des anglois »  commencées l'une et l'autre par Huet de Curçay, son beau-père, et dont le donjon seul subsiste encore intégralement aujourd'hui.

eglise saint pierre curcay sur dive

Eglise Saint-Pierre, aujourd'hui désafectée, mais jouxtant toujours le cimetière communal.



Devant la vieille église Saint-Pierre, qui fut jadis l'église paroissiale de Curçay, dont\le clocher, soit dit en passant, est un fort intéressant spécimen de l'architecture romane poitevine, se situe d'une part un champ de peu d'étendue, qualifié sur le cadastre de « terres noires », sur lequel les débris romains ne sont pas rares après un labourage.

 Texte du Comte de Rilly, ancien propriétaire du donjon

 

Curçay — Gros bourg dominant la Dive canalisée.Vestiges d'une ville gallo-romaine autour de l'église Saint-Pierre, maintenant isolée, porte et clocher du XIIe siècle.

Saint Louis y tint un parlement en 1228, avec sa mère et de nombreux seigneurs. Il y séjourna quinze jours, prêt à châtier les rebelles de Thouars. La conférence de la Charrière de Curcay amena la soumission de Thibault de Champagne.

Pendant la guerre de Cent Ans, Hugues ou Huet de Curçay défait les Anglais à la Motte-Bourbon et, pour les contenir, cons truit le donjon, fin du XIIIe. Sa fille unique épouse Aimar Odart, chevalier seigneur de Verrières, Rilly et autres lieux. Celui-ci termine le Château. Sa descendance garde Curçay jusqu'au
XVIIe siècle, où il passe aux Gouffier d'Oiron et, successivement,au duc de La Feuillade, à la marquise de Montespan, aux ducs de Villeroy, etc. Il a été racheté de nos jours par le comte de Rilly.

Anciennes églises de Saint-Gervais et Saint-Pierre, détruites; ancienne chapelle du château, aujourd'hui église paroissiale.

eglise curcay sur dive

Eglise Saint-Gervais, ancienne église castrale du château, aujourd'hui église paroissiale. On remarquera son chevet  roman.

 

Donjon de Curçay — Sur la crête du coteau, il domine les restes du château. Il a été partiellement restauré par le comte de Rilly.

donjon curcay sur dive

Très joli donjon de Curcay-sur-Dive, dernier grand témoin du château. Son sommet est affublé d'échauguettes d'angles et de machicoulis.

On y monte par une allée rapide, bordée d'arbustes exotiques, parfaitement acclimatés : jujubiers, oliviers, chênes verts et lièges, figuiers et micocouliers.

Le donjon est une tour carrée de 30 mètres, fin du XIIIe, parapet du XIVe, avec angles en encorbellement et mâchicoulis sur les faces. Les murs ont 2 m. 20 à la base.

Il comprend quatre étages, agrémentés d'objets et meubles de différentes époques, notamment des chaises du mobilier de Bontemps, valet de chambre de Louis XIV. Le rez-de-chaussée a servi de temple, quand le châtelain eut embrassé la religion
réformée.

De la plate-forme, on jouit d'une vue très étendue sur le Poitou, l'Anjou et la Touraine.

 texte de : Bulletin de la Société archéologique de Touraine

 

sources : Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest et  Bulletin de la Société archéologique de Touraine

 

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