Le Château d'Alluyes, ancienne baronnie, possède un beau donjon du XIIIe siècle. Situé sur la route entre Chartres, Vendôme et Châteaudun, il fut un temps intégré dans un ensemble de fiefs appartenant à l'évêque de Chartres. Encore dans un bel état, le donjon, ainsi que sa chapelle du XIVe siècle et quelques éléments de l'enceinte et une porterie offrent une belle architecture médiévale. C'est aujourd'hui un MECS ou IMPP, de la Fondation Chevallier Debeausse, pour les enfants.
Informations
- Adresse : Place du donjon 28800 Alluyes
- Google Maps : Carte
- Téléphone : Fondation : 02 37 47 77 77 Société Archéologique : 02 37 36 91 93
- Email : Fondation : fondation.chevallier.debeaussewanadoo.fr - Société Archéologique d'Eure et Loir : sael28@wanadoo.fr
- Sites : Office de Tourisme de Bonneval - Société Archéologique d'Eure-et-Loir http://www.sael28.fr/
- Heures d'ouvertures & Visites du château : C'est aujourd'hui une Maison d’Enfants à Caractère Social , MECS, de la Fondation Chevallier Debeausse.
Il ne se visite pas, sauf lors des Journées du Patrimoine.
- L'intérieur du donjon est actuellement inaccessible pour des raisons de sécurité, seule la chapelle et ses fresques sont visitables, ainsi que les extérieurs lors des Journées du Patrimoine. C'est la Société Archéologique d'Eure et Loir qui gère les visites ( en 2014 ), il convient donc de les contacter en premier car la visite se fait uniquement sur réservation; En 2014 seul le dimanche des Journées du Patrimoine fut ouvert, bien se renseigner avant toute visite.
Alluyes vient du latin Avallocium nom donné lors de la présence romaine, elle était initialement occupée par les Carnutes un peuple puissant de Gaule, le terme de Avallocium voudrait dire « le lieu planté de pommiers » . La ville est par ailleurs citée par Grégoire de Tours au VIe et elle est présente sur la carte de la Gaulle Antique entre Chartres ( Autricum-Carnutum ) et Vendôme ( Vendocinum ), sans d’ailleurs faire mention de Châteaudun ( Castridunum ) qui n’était alors qu’un oppida Gaulois appartenant également à la tribu des Carnutes.
Selon Grégoire de Tours lorsque Childéric poursuivi par Sigebert et Gontran en 576 se réfugia dans le Perche à Alluyes où il fait la paix avec ces derniers, ce qui laisse supposer que Alluyes était alors une fortification plus importante que l’Oppdium Dunense ( Châteaudun ).
888, selon la tradition, le village aurait été donné par l'empereur Charles le Gros à l'évêque de Chartres.
Au IXe siècle le terme de Avallocium est remplacé par Aloia, ou Aluia, dont la signification serait Chemin de ronde d’une place fortifiée, ce qui laisse supposé que la cité a déjà une fortification.
1024, un certain Gauthier de Alogia apparaît, sans cependant connaître son titre, on sait simplement qu'il fut un fidèle de Eudes I de Blois. Ce dernier eut une fille qui se maria en première noce avec Gaufrid de Médène ( Honoris Alogia Dominus ) puis avec Guillaume I Goët en seconde noce.
XIe, Guillaume I Goët est le premier « seigneur » connu par son titre grâce à son mariage avec cette dernière, seigneur de Montmirail mais également de Authon, La Basoche, Alluyes et Brou, qui formèrent alors le Perche-Goët ou Petit-Perche qui appartient à l'évêque de Chartres. Il semble qu'ils vivaient cependant principalement à Brou où un Aula et Castellum étaient déjà signalés en 1070.
~1070, Mathilde est probablement à nouveau veuve et lègue Alluyes à son fils Guillaume. Selon Jean Mesqui, Mathilde aurait épousé Geoffroy de Médène en seconde noce mais aurait donc légué Alluyes au premier de ses fils en première noce avec Guillaume I Goët.
~1070, Guillaume II Goët devient seigneur de 5 baronnies et épouse Eustachie. Ils auront comme enfant Guillaume, Hugues mort en 1100, Robert et Mathilde. Ses 5 baronnies appartiennent néanmoins à l'évêque de Chartres.
~1125 Guillaume III Goët. Ce dernier se mari avec Élisabeth « duchesse » , sœur du comte Thibault III de Blois et veuve du duc Rocher d'Apulie. Il part en croisade vers 1164-1165 et laisse la possession à sa fille et son gendre Hervé de Donzy, alors seigneur de Gien.
1169, Hervé de Donzy en conflit avec Guillaume III décide laisser le château de Montmirail, ainsi que le château de de Saint-Aignan-sur-Cher à Henri II roi d'Angleterre dans l'attendre du règlement du conflit. Louis VII et le comte de Nevers raseront le château de Donzy en représailles.
1187, Philippe d'Alluyes figure comme témoin dans une charte donné par Thibault V aux habitants de Saint-Martin du Péan.
1199, Renaud de Montmirail, fut un croisé mais également seigneur d'Alluyes. Il est le fils d'Hervé II de Donzy et d'Agnès. Il meurt en 1204, il est remplacé par son frère Hervé III de Donzy qui deviendra comte de Nevers avec son mariage avec Mathilde de Courtenay, comtesse de Nevers.
1222, après la mort d'Hervé III de Donzy, Agnès sa première fille est mariée jusqu'en 1218 avec Philippe de France, fils de Louis VIII, mais décède. Elle se marie en seconde noce avec Guy de Châtillon , comte de Saint-Pol, fils de Gaucher III de Châtillon.
1253, Eudes, seigneur de Bourbon et d'Alluyes, fils du duc de Bourgogne. Il était marié avec la fille de la sœur de Gaucher de Châtillon mariée à Archambaud de Bourbon. Il meurt en 1269.
Alluyes passe de famille en famille, par don, héritage etc et c'est en 1307, sous Jeanne de Bretagne alors femme de Robert de Flandre, que le château actuel va être construit, même si le donjon actuel est du XIIIe.
La seigneurie d'Alluyes, passe au XVe siècle dans la maison de Bar, puis dans les maisons de Luxembourg et d'Armagnac.
La datation du donjon
Selon Jean Mesqui, la datation probable du donjon serait entre 1240 et 1250, avec peut-être un début de construction vers 1230. Il se réfère notamment aux archères , aux défenses sommitales du donjon d'Alluyes mais avec quelques archaïsmes de défense comme la poterne d'entrée très élevée pour l'époque. Les archères larges avec une chambre de tir confortable apparaissent plutôt vers la mi-XIIIe, les étriers triangulaires et les croisillons horizontaux apparaissent principalement dans le seconde moitié du XIIIe. Ce type d'archère à étriers triangulaires auraient pu être rapportées des techniques du Moyen-Orient par Gaucher de Châtillon lors de son retour de croisade.