Château de Montfaucon

Une maison-forte du XIVe siècle

Le Château de Montfaucon, ou plutôt une maison-forte, fut édifié à une période incertaine, peut-être au XIVe siècle mais il n'est pas impossible au vu de la construction qu'il y avait déjà au XIIIe ou avant un autre bâtiment. Etonnamment le château tranche avec sa situation géographique si on compare avec les autres châteaux ayant le même "patronyme", ils sont pour la plupart situés dans des monts, donc en hauteur et parfois difficilement accessible. Ce n'est pas le cas ici, on est sur une fortification très exposée et sans défense naturelle majeure, seule les refuges dans les troglodytes permettent de s'y réfugier. Son nom provient donc du lien avec ce château et la famille de Montfaucon, une dans l'Est de la France et l'autre dans le Sud.

On remarque les refuges et habitations troglodytes sont datés du XIIe et du XIIIe semblent-ils mais là aussi les données manquent. Ils sont très fréquents dans la région mais aussi dans des régions frontalières comme en Touraine et l'Anjou. La carrière de pierre se trouvait à proximité, à quelques centaines de mètres, mais on peut aussi imaginer qu'une partie des troglodytes et leur excavations ont permis d'utiliser la pierre pour l'édifice. 

On remarque cependant une chose étonnante à l'heure actuelle, aucun édifice religieux, pas l'ombre d'une chapelle ou d'un oratoire, ce qui est étrange pour une époque où l'aspect religieux est quasi vital.

Il reste aujourd'hui difficile de donner une datation exacte de la construction principale, tout d'abord parce que les documents d'époques manquent. Si on se réfère aux fenêtres à meneaux ( notamment celles à simple meneau, caractéristique des édifices du XIVe ) et cheminées une date du XIVe siècle est envisageable. Une cheminée semble avoir été modifiée, fin XVe ou XVIe siècle.

La maison forte devait être initialement une maison seigneuriale d'habitation avec un confort assez important au vu des cheminées, il n'y avait pas de prétention défensive majeure même si on peut penser qu'il fut rajouter des éléments plus tardivement afin de l'améliorer. On peut constater également que le monument n'a que très peu évolué après le XVe et XVIe siècle, seule l'étage supérieur semble avoir disparu au gré du temps à une date inconnue. Il n'y a jamais eu d'électricité ou de conduite d'eau selon le propriétaire actuel, malgré que la dernière habitante née dans le domaine ait vécue assez longtemps, elle est décédée récemment il y a quelques années.

maison forte montfaucon chateau

Les tourelles d'angles

 Les tourelles pleines, plutôt rares en général, doivent leur physionomie par le caractère étroit de la plateforme qui repose sur des troglodytes, des fondations donc très fragiles vu le nombre de cavité. On peut imaginer qu'ils étaient accessibles sur le dernier étage, manquant actuellement, permettant aux défenseurs de limiter les angles morts et de pouvoir défendre l'ensemble de l'édifice. Néanmoins les tourelles seraient datées du XVe siècle selon , mais leur construction architecturale semblent plutôt dater de la fin du XIIe et XIIIe siècle, leur base taluté notamment est typique des constructions sous Philippe-Auguste. On note le glacis de l'édifice en pierre de moulon, mis en place après la construction de la maison forte, pour deux raisons : éviter l'érosion des soubassements de l'édifice mais aussi pour limiter le travail de sape.

 

Vidéo sur Montfaucon, en 2023

 

Bref Historique du château de Montfaucon

Il était la propriété de la famille de Montfaucon d'où son nom. On peut imaginer qu'à cette époque il existe déjà un bâtiment.

1397, il entra dans la possession de Jean Pleignart grâce à son mariage avec Jeanne de Montfaucon.

1476, il fut acquis par Jacques de Vieux, écuyer. Au début du XVIe siècle, il passa entre les mains de Louis de Monléon, seigneur de Touffou et d'Abain. C'est sa fille Claude qui le transmit à la famille Chasteigner par son mariage avec Jean Chasteigner, seigneur de la Rochepozay, en 1519.

1664, le château appartenait à Jean du Tertre, écuyer et seigneur du Coudray, qui décida de le vendre au couvent des Filles-Notre-Dame de Poitiers. À cette époque, il était toujours habité, avec Jean du Tertre comme résident. Aujourd'hui, l'édifice se tient encore debout, reflétant son état de 1562, bien que démantelé et en mauvais état. Bien que le ménage Jean Chasteigner n'ait apparemment pas vécu au château de Montfaucon (préférant résider à Touffou et à Abain), la présence de vaisselle aux armes suggère qu'il avait été habité à une période antérieure.

 Durant la guerre de Cent ans, le château a été fortifié et agrandi pour le protéger des attaques. 

Au début du XVIe siècle, le château a été modifié pour le rendre plus confortable. Une cheminée a été installée dans la salle principale et de nouvelles baies ont été ouvertes.

1662, on note la présence  des filles de Notre-Dame de Poitiers qui en sont les propriétaires.

Pendant la guerre de 14-18, plusieurs prisonniers allemand vont y loger.

montfaucon 1917

Prisonniers allemand en 1917.

Vers 1970, des pilleurs s'introduisent dans le domaine et volent les poutres en chêne de l'édifice.

 

Inventaire de 1562 par J Salvini

 

Le Château de Montfaucon a d'abord été la propriété de la famille de Montfaucon. En 1397, il est passé entre les mains de Jean Pleignart, grâce à son union avec Jeanne de Montfaucon. En 1476, il est devenu la propriété de Jacques de Vieux, un chevalier. Au début du XVIe siècle, il est passé à Louis de Monléon, seigneur de Touffou et d'Abain. Sa fille Claude l'a ensuite transmis aux Chasteigner par son mariage avec Jean Chasteigner, seigneur de la Rochepozay, en 1519. En 1664, le château était sous la propriété de Jean du Tertre, chevalier, seigneur du Coudray, lorsqu'il l'a vendu au couvent des Filles-Notre-Dame de Poitiers. Il résidait alors dans le château.

L'édifice est encore debout, dans l'état qu'il avait en 1562, bien qu'il soit maintenant démantelé et en mauvais état.

Il semble que le château de Montfaucon n'ait pas été habité par Jean Chasteigner et son épouse (ils résidaient plutôt à Touffou et à Abain). Cependant, la présence d'articles de vaisselle aux armoiries suggère une occupation antérieure à une certaine époque.

L'inventaire actuel pourrait être lié à la succession de Louis de Monléon. Il a été recopié par feu notre collègue Georges de La Marque, décédé en 1915, d'après l'original qui était conservé à l'époque dans les archives du château d'Abain, et qui se trouve maintenant dans les manuscrits de la Société des Archives historiques du Poitou.

J. SALVINI.

 

Inventaire réalisé au lieu de Monfaulcon par nous, Estienne Bonnyn et Pierre Dubrueil, notaires, le cinquième jour d'octobre de l'an 1562 des meubles et objets domestiques trouvés tant au château de Monfaulcon qu'aux celliers, caves, cuviers et autres dépendances du lieu, en présence de Françoys et Charles de La Tousche, écuyers, et de Maître Martin Grenet, procureur de Messire Jehan Chasteigner et Dame Claude de Monléon, son épouse. Cet inventaire a été réalisé avec le consentement des susmentionnés, dans le but de préserver ces biens, sans préjudice de leurs droits et conformément à la manière suivante :

Premièrement :

Dans la première chambre basse, où se trouve l'entrée du château, un grand lit garni de couettes, coussins, d'un ciel et de trois rideaux en toile blanche, avec un édredon, et un marchepied à côté de la cheminée. À l'intérieur du lit, six nappes, deux grands draps en toile double, un petit rideau de lit et trente et une serviettes, disposés sur une fenêtre du buffet. Il y a également un petit lit de coin d'un pied et demi carré.

De plus, une couchette garnie de couette, coussin, d'un ciel et de deux rideaux en toile blanche, avec un édredon.

Aussi, une autre petite couchette près de la porte, garnie de couette, coussin et d'une couverture en laine aux couleurs noire, jaune et rouge, usée, avec seulement le chaslit.

Un buffet à deux fenêtres, ferré et équipé de deux serrures près de la porte.

Deux bancs, deux tables, une à tréteaux et l'autre à deux pieds, ainsi que deux chaises.

Dans la cheminée de la chambre, deux landiers brisés, deux chenets, une pelle et deux broches en fer, dont l'une est de grande taille.

Dans l'autre chambre basse du château, un buffet à deux fenêtres, dont une seule fonctionne, un grand coffre en bois avec une serrure, renfermant un ciel de lit en lin à franges en assez bon état, trois rideaux en assez bon état, et un autre ciel de lit en forme de pavillon à franges en toile plutôt belle, bien que partiellement usée.

Un autre buffet près de la cheminée, avec une vieille serrure à bosse.

Une grande table à deux tréteaux.

Un vieux banc.

Un coffre en bois.

Dans un coin de la pièce, un petit coffre garni d'une serrure, ainsi qu'une petite table sur deux tréteaux en bois.

Une perche pour suspendre des oiseaux.

Une haute chaise en bois d'environ cinq pieds de long.

Deux landiers en forme de croix.

Dans la chambre supérieure, donnant sur la grange, un grand lit avec couette et coussin, avec un édredon et un ciel de serge à franges en couleur jaune, verte et rouge, usé et déchiré. Deux rideaux de couleur similaire, usés et déchirés, et un chaslit garni de quenoilles.

Une couchette garnie d'un chaslit à quenoilles, d'une couette et d'un coussin, ainsi qu'un vieux ciel de serge rouge, jaune et verte, complètement déchiré.

Un vieux buffet sans serrure.

Un grand coffre garni d'une serrure.

Une petite table sur deux pieds.

Un grand banc tourné.

Une perche à suspendre les oiseaux.

Un haut tabouret en bois de cinq pieds de long, environ.

Deux landiers en forme de crosse.

Dans la pièce supérieure, donnant sur la grange, un grand vieux lit à quenoilles garni d'une couette et d'un coussin.

Un buffet avec une fenêtre et une serrure presque brisée.

Un banc cassé.

Dans la cave supérieure, près de la chambre du fournil, il y a deux fûts et deux bussards de vin ancien, presque pleins.

Dans cette cave, il y a deux autres fûts et deux bussards de vin ancien, mais presque vides, et un fût contenant du vin aigre.

Dans le pressoir, un tonneau près de la meule en pierre, trois petites cuvettes et la meule en bois.

Dans le haut cellier près du fournil, deux grandes cuves et un petit tonneau.

Dans la grande cave, il y a sept fûts de vin blanc ancien, dont quatre sont presque pleins, et un fût presque vide.

Dans une autre rangée, tout près, quatre bussards de vin blanc ancien, pleins.

Et dans une autre rangée, deux autres fûts de vin ancien pressé, dont l'un est à moitié plein.

À l'entrée des caves, un bussard de vin ancien, presque plein.

Dix-sept pippes et sept bussards de vin nouveau, dont quatre sont du vin clairet.

Dans le grand grenier du château, trente-sept paniers de noix.

Cet inventaire a été vérifié par nous, notaires susmentionnés, en présence et à la demande dudit Grenet, procureur mentionné ci-dessus, et a été signé et arrêté le jour et l'an susmentionnés.

[Signé :] DUBRUEIL, à la demande dudit Grenet. BONNYN, à la demande dudit Grenet.

 

Architecture

Le château est composé d'une maison-forte entourée d'une enceinte. La maison-forte est un bâtiment rectangulaire flanqué de quatre tours rondes. La façade principale est percée d'une porte charretière et d'une porte piétonne, ainsi que de fenêtres à meneaux. L'entrée se faisait probablement en hauteur pour éviter un accès trop facile, par la suite modifié.

Sous-sols

Sous le château se trouve un réseau de souterrains qui ont servi de refuge. Ces souterrains datent de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle.

Patrimoine

Le château de Montfaucon est un monument historique classé depuis le 21 mai 2001. Il est ouvert à la visite ( voir avec l'association pour les heures d'ouvertures ).

Informations complémentaires

  • Le château est situé à 40 km environ au sud de Loudun.
  • Il est accessible par la route départementale D102.
  • Les visites sont organisées par l'association des Amis du château de Montfaucon.

 

 

 

sources : gallica.bnf.fr, Mérimée, Une incursion anglaise en Poitou en novembre 1412 : mélanges XVe et XVIe siècles : compte d'une aide de 10.000 écus accordée au duc de Berry pour résister à cette incursion / par René Lacour.

 

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