Histoire & Visite

 

Château de Lucheux

 

Edifié au XIIe, il subit les dommages de la Guerre de Cent-Ans mais aussi les outrages des guerres de Religions et du temps. Déjà en mauvais état à la Révolution Française il n' a depuis quasiment connu aucune restauration et fut plus ou moins abandonné à plusieurs reprises.

Aujourd'hui le Château est laissé en partie à l'abandon depuis 2014, il aurait été racheté par un belge en 2017 ou 2018 .

 

 

Historique & Histoire du château de Lucheux
source : source sur place, documentation diverses, Philippe des Forts et Raymond Dubois : voir bas de page pour plus de détail.

 

 

Chronologie

Réalisée à partir des recherches archéologiques de Philippe des Forts et dans une moindre mesure par Raymond Dubois, entièrement mis à jour.

Il fut probablement édifié par Hugues Campdavène II, comte de Saint-Pol, vers 1120. Ce dernier pris part à la croisade en 1096.

1147, première mention écrite connue du château dans un cartulaire de Valloires.

1131, Hugues III qui succède à Hugues II, brûle Saint-Riquier. Personnage à la réputation assez somble il fit, afin de se faire absoudre de ses pêchers, édifier l’Abbaye de Cercamp. 

Hugues IV Campdavaine ( ou Campdavène ), l'un de ses successeurs, porta au roi Philippe Auguste l’hommage de sa châtellenie de Lucheux en avril 1198. Depuis cette date la châtellenie a relevé directement de la couronne de France et a constitué une unité féodale distincte du comté de Saint-Pol. Malgré cela, elle fut, sans aucune interruption, jusqu'en 1694, la possession du titulaire du comté. Hugues IV mourut à Constantinople en 1205 et sa fille Elisabeth porta ses domaines dans la maison de Châtillon par suite de son mariage avec Gaucher de Châtillon.

Le XIIIe siècle semble avoir été l'époque la plus brillante de l'histoire du château. Il était la résidence préférée des comtes de Saint-Pol, comme en témoigne le nombre de leurs chartes datées de Lucheux (l'une d'elles est datée de « no palais de Lucheux ») . 

Parmi les seigneurs qui se succédèrent à Lucheux,

Gauthier II, mort en 1219

Guy II, tué au siège d’Avignon en 1225.

Hugues de Châtillon (1214-1248) ;

Guy III (1248-1289), Celui-ci fut l’ami duRoi Saint-Louis, Louis IX et lit élever le donjon actuel. Il obtint du roi l'autorisation de clore de murs son « parc » de Lucheux (1264), malgré les plaintes des bourgeois de Doullens qui avaient l'habitude de s'y promener et d'y cueillir des noisettes. En revanche, il dut leur accorder divers avantages fiscaux. Il épousa la fille du duc de Bretagne fut nommé grand bouteiller de France. Louis X le Hutin détacha son intention la ville de Doullens du domaine royal vers 1315, et l'unit à la châtellenie de Lucheux .

Hugues VI, comte  de Blois en 1292

Guy IV

Jean Ier

En 1359, dit Froissart : « les Anglais vinrent devant Lucheu... si ardirent la ville, mais le château n'eut garde ».

Guy V, il meurt en 1360 en Angleterre après avoir été pris en otage de Jean II le Bon, prisonnier des anglais après la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356.

1364, Mahaut de Châtillon, veuve de Guy V, par son mariage avec Guy de Luxembourg, fit passer Lucheux, Saint-Pol et leurs dépendances dans la maison de Luxembourg. Elle est aussi la mère de Pierre de Luxembourg, évêque de Metz, qui sera déclaré Vénérable par le pape Clément VII.

Attirés par la large hospitalité des comtes et par les plaisirs de la chasse, de nombreux souverains séjournèrent à Lucheux : Philippe IV le Bel, Philippe de Valois, Charles VI, Philippe le Bon, Ducs de Bourgogne, Charles le Téméraire et surtout le roi Louis XI.

Le XVe siècle fut une époque fort troublée ; aussi le château semble-t-il avoir été sur un pied de guerre presque perpétuel. Les comptes mentionnent les dépenses nombreuses faites pour compléter l'approvisionnement en munitions et en artillerie.

1430, en novembre, Jeanne d'Arc - Histoire est très probablement passée par Lucheux. Le château appartenait alors à la famille des Luxembourg, dont Jean II de Luxembourg-Ligny est issu et qui détenait la Pucelle avant qu'elle ne soit vendu aux Anglais. On ne sait pas cependant si elle fut enfermée dans le château ou dans un autre endroit ( beffroi éventuellement ) et le temps passé.

Vers 1451, les habitants des villages de la châtellenie furent convoqués pour venir faire le guet à tour de rôle au château de Lucheux. Mais cela ne se lit pas-sans difficultés. Les habitants d'Etrée-sur-Canche, par exemple, s'y refusèrent et les registres mentionnent les dépenses occasionnées par les nombreux procès qui furent entrepris pour les y contraindre. Parmi ces dépenses figurent les frais d'envoi de venaison, d' « une rouge beste », de trois douzaines de lapins et enfin d'un cerf à M. le bailly d'Amiens.

Pendant cette période brillante, les registres mentionnent d'importants travaux, mais surtout travaux de réfection et de reconstruction :

1456, une grande cuisine, qui fut faite par André Bullant et Jean Laloier.

1466, la Tour Neuve, qui n'existe plus, reconstruite après qu’elle se soit écroulée. C’est le capitaine et bailli du Lucheux, Philippe de Brimeu, qui après avoir eu la permission du Comte de Saint-Pol, via demande Jacques de Villemain, maître des œuvres de Lucheux. Après avoir eu l’autorisation, Guillaume de Bullant et Henry Desfontaine, maçons de Lucheux, sont chargés de la faire réparer.

Il s’agissait d’une tour relativement imposante avec environ 21m pieds de hauteur, 17m de circonférences et 2m environ d’épaisseurs. Elle possédait des chambres et des canonnières. Même si la guerre de Cent-Ans était finie, les menaces polyformes existaient encore comme le stipule un registre de 1464-1465 : «  pour la crainte des Franchois qui étaient en nombre de 4000 hommes près d’Amiens ».

Situé entre la Picardie et les Pays-Bas bourguignons, Lucheux sera sans doute devenu une place forte d'une grande importance si Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, avait réussi son hardi projet de créer
entre la France et la Bourgogne une seigneurie indépendante. Le roi Louis XI parvint à déjouer ses calculs, et une sentence du Parlement de Paris condamna le comte à être exécuté en place de Grève à Paris, le 19 novembre 1475.

Cette date marque la fin du rôle politique des comtes de Saint-Pol et le début d'une période de décadence pour Lucheux.

Le duc de Bourgogne mit en sa main ceux des domaines du comte qui étaient dans sa mouvance, dont Lucheux, et fit achopper, c'est-à-dire réduire de moitié, les gages des officiers de la châtellenie.

Le 5 mai 1475, Lucheux retomba au pouvoir du roi de France.

Celui-ci en abandonna le revenu en décembre 1477 à Guy Pot, son chambellan, qu'il fit comte de Saint-Pol (1).

1483, Philippe de Crèvecoeur prend le château de Lucheux au nom du roi de France. Pierre Savarie est chargé de garder le château, avec un revenu de 20 sous par mois.

1484, Enfin, Charles VIII restitua la châtellenie et le comté de Saint-Pol à Marie de Luxembourg, petite-fille du Connétable (1488).

1511 – 1512, d’importants travaux sont réalisés, la peur du retour des Anglais est manifeste. «  on met 26 claies sur la muraille du château depuis la porte du devant jusqu’à la porte Cornière, et de là jusques à la tour au Pavillon »

1522, les Anglais, unis aux Impériaux, assiégèrent le château et s'en emparèrent. Seule la Grosse Tour résista, malgré un blocus de huit jours. La résistance farouche des assiégés va néanmoins réduire une partie du château en cendre : le pont-levis, combles des tours et le corps des logis sont brûlés.

1525, sous la direction de Jean  Bullant qui est un homonyme de Jean Bullant d’Ecouen et des Tuileries, au service de Anne de Montmorency et de Catherine de Médicis, contrôleur des Bâtiments du Roi.

 Selon Philippe Des Forts, il est possible qu’il n’y ait aucun lien de parenté entre Jean Bullant de Lucheux et celui d’Ecouen. Philippe des Forts constata en effet qu’ils sont morts en 1555 et un autre en 1581, alors que l’illustre Jean Bullant est décédé en 1578. 
Jean Bullant est notamment chargé de la restauration de la Tour le Comte qui va devenir plus tard la résidence de Adrienne d’Estouteville, comtesse de Saint-Pol.

1552, le 20 octobre, les « Bourguignons » au service de Charles-Quint brûlent le moulin à vent de Lucheux et assiège le château.

1567, les protestants du capitaine Cocqueville viennent à Lucheux et font également des dégâts.

1595, cette fois-ci ce sont les Espagnols d'Hernando Teillo de Porto Carrero pendant le siège de Doullens vont saccager le château au point qu’il ne fut pas cette fois-ci restauré au même niveau qu’avant.

Le XVIIe siècle vit s'accentuer encore la décadence de la ville et du château. Le comté de Saint-Pol et la châtellenie de Lucheux, promue au titre de baronnie, étaient passés, toujours par alliance, des mains des Bourbon -Vendôme en celles des Orléans-Longueville, princes du sang. 

1629 à 1631, la famille des Longueville va restaurer le château mais il semble selon Philippe des Forts qu’il s’agit principalement de restauration malheureuse en dénaturant les plus belles constructions. Néanmoins les Longueville viendront semble-t-il relativement rarement.

Dans leurs Châteaux de France (3) MM. Jean de Foville et A. Le Sourd déclarent que le château de Lucheux aurait été démantelé par ordre de Richelieu, la réunion de l'Artois à la France lui ayant fait perdre son importance stratégique. Malgré d'activés recherches je n'ai pas encore retrouvé la source de cette affirmation.

En 1708, Marlborough fit porter une dernière fois la dévastation dans le château. Cependant, celui-ci n'avait pas encore perdu toute importance militaire vers la fin du règne de Louis XIV, puisque les habitants étaient encore
prêts à s'y réfugier en cas d'alerte.

Toujours par alliance, le château passa au début du XVIIIe siècle dans la maison de Luynes.

1923,  il restera jusqu’à cette année-là dans la famille des Luynes. Le 3 mai il est revendu par la duchesse d'Uzès, née de Luynes. 

Ni les noms des acquéreurs, ni ceux de leurs nombreux successeurs (3 ventes et une faillite en 8 ans). Ils n'ont rien épargné pour mettre le château dans l'état lamentable où nous allons le trouver. Grâce àeux, dans quelques années on pourra dire : Etiam periere ruinae ! ( Raymond Dubois a dans cette partie volontairement ommis de donner les noms des différents propriétaires. )

1965, il est classé Monument Historique. 

2012, l’IME,  Institut Médico-Éducatif qui a pour mission d’accueillir des enfants et adolescents handicapés atteints de déficience intellectuelle quel que soit le degré de leur déficience,  quitte le château. Il est par la suite laissé à l’abandon ou presque. 

Actuellement propriété des Antiquaires de Picardie, la bâtisse a été mise en vente à plus de 720 000 €.

 

 

Sources :

Philippe des Forts : première édition 1910, source : gallica.bnf.fr

Raymond Dubois : edité en 1935, source gallica.bnf.fr livre 2

 

 

Photographies


Recherche sur le site