La cathédrale de Chartres est aussi connue et importante pour le culte catholique que la Cathédrale Notre-Dame de Paris ou la Cathédrale de Reims, c'est un bijou de l'architecture gothique d'une extrême finesse. C'est un des plus beaux édifice religieux de France, voir d'Europe, qui mérite le déplacement.
Elle fut construite en 1145 pour la partie Romane et en 1194 pour la gothique, finalement terminée en 1260 pour la plus grande partie. Sa longueur intérieure est de 130m et surtout la largeur de la nef est de 16.5m ce qui en fait la plus large de toutes les églises de France. Avec environ 6000 sculptures ( personnages, anges, animaux etc ) et 2600 m2 de vitraux ( 176 vitraux datées principalement du XIIe et XIIIe ), c'est une des plus riches en terme iconographique dont certaines sont mystérieuses comme "l'âne qui veille"et de "la truie qui file".
Chaque année plus de 80 000 pèlerins viennent à la cathédrale de Chartres lors du pélerinage de la Vierge Marie. En effet la cathédrale est réputée pour avoir un morceau du voile de la Vierge Marie dans la tradition chrétienne.
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Informations
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- Heures d'Ouvertures & Visites en 2018 ( à titre indicatif, changement d'horaire possible, toujours se référer au site officiel avant tout déplacement ) :
de 8h30 à 19h30 tous les jours de l’année. L'entrée est gratuite.
les mardis, vendredis et dimanches de juillet et août, ouverture jusqu’à 22h, dans le cadre des "Soirées Autrement" (consulter la programmation).
La circulation des visiteurs dans la nef et les transepts est cependant interrompue durant les messes et les différents offices, afin de respecter le recueillement et la prière ( voir les horaires ici )
Histoire de la Cathédrale
Nous savons peu de chose des églises antérieures au IXe siècle.
743, Hunald, duc d'Aquitaine détruit la cathédrale, une nouvelle est reconstruite sur l'emplacement.
858, une bande de Viking danois détruisirent l’église. L'église est reconstruite dans un style Carolingien dotée d'une crypte ( Saint-Lubin ).
876, le voile de la Vierge est mis à Chartres.
Voile de la Vierge Marie
876, offerte à Chartres par le roi de France Charles le Chauve, le Voile dit de la Vierge Marie vient de Constantinople, elle fut identifiée au début comme Sainte Chemise (Sancta Camisa). Cette relique aurait été portée par Marie le jour de la naissance de Jésus.
Charles le Chauve détenait cette relique de Charlemagne, son grand-père, qui qui était conservée au palais impérial d'Aix-la-Chapelle. L’empereur l'avait reçu en main propre de l'impératrice Irène de Byzance, impératrice du Saint-Empire romain d’Orient à Constantinople. L'historique est assez précis car elle était déjà recensée dans les listes de reliques que détenait la grande Constantinople au Ve siècle de notre ère, ce qui en fait une des reliques les plus proches du début de la chrétienté en lien direct avec Jésus.
1194, la cathédrale brûle et on pensait la relique détruite à jamais, mais c'était sans compter les prêtres qui dans leur fuite ont réussi à prendre le reliquaire et se refugient dans la crypte. Pendant trois jours le doute va subsister sur le destin de la relique, jusqu'à la sortie imprévue des prêtes de la crypte.
En 1712, le reliquaire est ouvert, et c'est à cette période qu'ils découvrent que la chemise n'était en fait qu'un tissu de soie d'un demi mètre de large pour 5.30m de longueur.
1793, le voile est coupée en plusieurs morceaux puis une partie revient dans la cathédrale sous la Restauration.
Lors de la Première Guerre Mondiale, le tissus quitte Chartres pour un immeuble à Paris.
1927, une expertise indépendante par les grandes Soiries de Lyon estime que le tissage correspondrait à un tissus réalisé en Palestine au Ier siècle.
1940, afin de le soustraire aux Allemands, le tissus est transféré à Lourdes.
1944, le tissus est de retour à Chartres.
sources : Echo Républicain, Passerelles BNF.fr & divers
L’évêque Gislebert commença aussitôt la reconstruction de l’édifice. Il l’agrandit même en jetant les fondations de l’abside au-delà des remparts. De cette église, il nous reste le martyrium, communément appelé chapelle Saint Lubin, et qui était éclairé de cinq fenêtres, maintenant murées. Cette église fut détruite par un incendie dans la nuit du 7 au 8 septembre 1020.
L’évêque Saint Fulbert gouvernait alors le diocèse de Chartres. Cet illustre prélat mit tout son génie, sa science et sa-piété, à relever les ruines du temple. Il écrivit au roi Robert et aux différents souverains d’Europe, qui répondirent par des dons généreux. Fulbert commença par la crypte, fit tourner un déambulatoire autour du martyrium avec trois grandes chapelles voûtées en berceau et le prolongea de chaque côté. Il édifia ensuite l’église supérieure qui mesurait 108 mètres de longueur sur 34 mètres de largeur.
L’incendie qui, en 1134, dévora la ville, endommagea la façade de l’église et le clocher. On commença presque immédiatement la construction du clocher nord qui fut achevé vers 1150. Il ne comprenait alors que deux étages et était couvert en plomb. Vers 1144, on travailla en même temps au clocher sud qui fut terminé avec sa flèche vers 1160. Ce clocher est assurément un des plus beaux qui existent Il possède une harmonie de ligne merveilleuse. L’architecte, qui en dressa le plan, sut avec une science remarquable passer du carré à l’octogone. La flèche s’élance vers le ciel avec une grande majesté. Sa hauteur est de 105 mètres.
La nuit du 10 juin 1194, un incendie dévora la célèbre basilique de Fulbert dont il ne resta que les cryptes, les tours, la façade nouvellement bâtie. Le voile de la Vierge ,comme on l'a vu précédemment, fut sauvée de l'incendie par des moines.
L’incendie de la cathédrale eut un retentissement considérable, car le pèlerinage à la Vierge de Chartres était un des plus populaires de la chrétienté.
Le légat du pape se trouvait alors à Chartres. Il assembla le peuple et le clergé, leur parla avec tant d’enthousiasme que tous, oubliant leurs pertes personnelles, s’engagèrent à relever leur cathédrale avec une splendeur nouvelle. L’évêque Renaud de Mouçon et les chanoines abandonnèrent leur prébende pendant trois années. Tout le peuple, à leur exemple, apporta de larges offrandes. Les rois, les seigneurs donnèrent aussi généreusement et contribuèrent à la construction de la nouvelle basilique. Les travaux, sous la direction d’un maître d’œuvre inconnu, marchèrent avec une rapidité extraordinaire. Commencé en, 1194, l’édifice était couvert en 1220 ; aussi est-on frappé de son unité et voit-on qu’une seule volonté en a conçu le plan et dirigé l’exécution.
Il restait cependant à construire sept des neuf tours que comportait le plan de l’édifice ainsi que les porches. On y travailla avec tant d’activité, que l’ensemble de la cathédrale actuelle fut achevé en 1260, année de la consécration qui se fit alors avec une grande pompe en la présence du Roi Saint-Louis, Louis IX, après la dédicace on compléta les travaux.
En 1300, on construisit la sacristie.
En 1326 fut édifiée au chevet de l’église, une belle chapelle sous le vocable de saint Piat dont le corps attirait une foule de pèlerins. Cette chapelle est d’une grande pureté de style et d’harmonieuses proportions. Elle mesure 15 m. 40 sur 7 m. 20, est divisée en quatre travées. Les chapiteaux et les clefs de voûte sont d’une exécution parfaite. Les vitraux sont du XIVe siècle et dignes d’intérêt. On y remarque aussi une charmante piscine double.
En 1413, Louis de Bourbon, comte de Vendôme, prisonnier en Angleterre, fit vœu, s’il était délivré, de construire une chapelle à Notre-Dame. En exécution de cette promesse, il fit bâtir en 1417, à la seconde travée du bas-côté méridional, une chapelle qui porte le nom de son donateur et qui, construite dans le style flamboyant semble peu en harmonie avec le reste de l’édifice.
En 1507, Jean Texier (aussi connu sous le nom de Jehan de Beauce ) commença la flèche du clocher nord qu’il termina en 1513.
En 1514, il entreprit la construction du tour du chœur.
1594, Henri IV est intronisé roi de France le 27 février en la cathédrale Notre-Dame de Chartres.
En 1753, les chanoines commencèrent, pour ainsi dire, la dévastation du chœur. On recouvrit les colonnes d’un stuc vulgaire et l’on remplaça les huit tentures par les huit bas-reliefs qui font le désespoir des admirateurs du Moyen Age. Bridan sculpta le groupe de l’Assomption dont il est inutile de parler.
1793, le voile de la Vierge est déchiré sous "la terreur", mais plusieurs fragments sont restitués à l'église au cours du XIXe siècle sous la Restauration. Son reliquaire monstrance, réalisé par l’orfèvre Poussielgue-Rusand date de 1876. L'ensemble du métal de la cathédrale, jusqu'aux cloches, est fondu pour être utilisée dans l'armée ( munition, canon etc ). la Vierge Noire de la crypte, Notre-Dame-de-sous-Terre, est brûlée tout comme la châsse en bois, contenant le morceau du voile de la Vierge Marie, de cèdre plaquée d'or et couverte de pierreries qui renfermait la relique est forcée. Le riche ornement est pillé alors que la relique de la Vierge Marie est partagée entre les commissaires de la Révolution.
En 1836, le 4 juin, l’imprudence d’un plombier fut cause d’un incendie épouvantable : la charpente et les deux beffrois furent entièrement consumés, toutes les cloches fondues, mais l’édifice souffrit peu et ses verrières restèrent intactes. Une charpente de fer recouverte de cuivre remplaça la célèbre forêt. La charpente, si complexe qu'elle était surnommée "la forêt", est remplacée par du fer et le plomb de couverture par des plaques des cuivre. Celles-ci, au contact de l'air, vont s'oxyder jusqu'à offrir à la toiture cette couleur verte si caractéristique.
1979, c'est le premier monument classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Historique de l'Extrait de la Monographie de la cathédrale de Chartres by Houvet, Étienne, 1868-1949 ( modifié et actualisé par montjoye.net ).
Description de la Cathédrale
Il semble que l’architecte inconnu de la cathédrale de Chartres a trouvé la cathédrale type qui servit de modèle à toute l’Europe. Elle a la forme d’une croix latine, l’abside placée à l’Orient d’été. Elle possède une nef de sept travées et deux bas-côtés qui deviennent doubles à l’entrée du chœur. L’abside compte sept absidioles formant chapelles. Deux clochers dominent la façade occidentale. A chaque extrémité des transepts, est un porche à trois baies, flanqué de tourelles qui devaient être surmontées d’une flèche. Deux autres tours ornent la courbure absidiale, une autre tour devait surmonter le carré du transept.
Tout le monument est construit en pierres du pays, appelées pierres de Berchères, du nom du village où elles furent extraites, c’est du calcaire siliceux.
Voici les principales dimensions :
Longueur totale 130 mètres ; longueur du chœur 37 mètres.
Longueur du transept 64 m. 50.
Largeur de la façade principale 47 m. 65.
Largeur dans œuvre prise des clochers 33 m. 35 et dans l'Abside 45 m. 95.
Largeur de la nef centrale, centre à centre : 16 m. 50 ; elle surpasse toutes les églises de France.
Hauteur de la voûte centrale 37 mètres.
Hauteur des porches latéraux 37 m. 65.
Diamètre des trois roses 13 m. 36.
Hauteur du clocher vieux 105 mètres.
Hauteur du clocher neuf 115 mètres.
C’est en pénétrant par le portail royal que nous éprouvons cette impression indéfinissable de beauté et de grandeur, qui faisait dire à Napoléon « qu’un athée serait mal à l’aise ici »
Et que de souvenirs rappelle ce temple ! Trois papes sont venus s’agenouiller sur ses dalles. Henri IV y fut sacré. La plupart de nos rois et une foule innombrable de pèlerins de tous rangs et de toutes contrées y sont venus rendre leurs hommages à la mère de Dieu.
Nous ne trouverons là aucun tombeau de roi ni d’évêque. Par respect pour le monument dédié à Notre-Dame, cette terre devait rester Vierge de toute sépulture humaine.
En dehors du mérite d’avoir été foulé par cette multitude de pèlerins, le pavage n’a rien Je particulier à l’exception du labyrinthe que nous voyons au centre de la nef. Les fidèles du Moyen Age y venaient faire des pèlerinages et suivaient à genoux la ligne de pierre blanche. De nombreuses indulgences étaient attachées à cette pratique de dévotion.
A ce moment, le culte de Notre-Dame amenait des foules considérables, beaucoup de pèlerins couchaient dans l’église qui devait ensuite être lavée à grande eau. Le pavage fut donc ménagé de telle sorte, que l’eau put s’écouler du bas-côté nord (un réservoir à eau était aménagé dans la tour de ce côté) au bas-côté sud en passant par Je déambulatoire. C’est pourquoi nous remarquons cinq marches de la nef au bas-côté nord et deux au bas-côté sud.
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Préface de l'Extrait de la Monographie de la cathédrale de Chartres by Houvet, Étienne, 1868-1949
Notre-Dame de Chartres est un des plus beaux monuments élevés à la gloire de Dieu et de Notre-Dame. Son architecture est puissante, sans être lourde ; ses proportions sont parfaites: ses admirables flèches, dressées vers le ciel, semblent inviter à la prière et l’austère beauté de sa façade paraît dédaigner les atours inutiles.
Quelle forte émotion s’empare de l’âme dès l’instant qu’on pénètre dans la nef aux lignes si harmonieuses ! mais on ne se sent aucunement écrasé sous ces blocs de pierres suspendus à trente-sept mètres au-dessus du sol, portés par d’énormes piliers à qui l’épaisseur de leur taille n’enlève rien de leur élégance, on ne tremble pas sous cette masse imposante, et la raison, c’est qu’elle apparaît robuste et bien charpentée, notre cathédrale.
Et l’on s’avance comme vêtu de mille pierres précieuses que jette sur nos épaules la lumière tamisée par nos incomparables verrières ; leur douce clarté court sur les murs, inonde les dalles; leur teinte varie selon la saison de l’année et l’heure du jour, et, quand le soir les derniers rayons d’un soleil couchant traversent ces sortes de mosaïques diaphanes, il semble qu’une poudre d’or soit projetée abondante sur les parois de la basilique.
Des enchanteurs du Moyen Age ont-ils voulu nous emporter dans un monde de rêve ? Non; les artistes ont simplement cherché à nous donner une idée de la cité mystique où l’âine rencontre Dieu sans effort, ils ont tenu à faire de ce lieu un séjour digne de la Vierge qu’ils vénéraient.
Quelques pas de plus, on arrive derrière le chœur à ce déambulatoire voûté avec tant de science, on entre sous une forêt de palmiers de pierre et la lumière se fait plus douce parce que cette forêt n’a pour percées que les vitraux du rez-de-chaussée plus sombres que ceux de nos transepts et de l’étage supérieur. Et le mysticisme de nos artistes du Moyen Age éclate à nos yeux avec la plus grande évidence, puisque c’est là qu’ils ont voulu ménager « le Saint des Saints »
Aussi, croyante ou non, toute âme délicate, qui vibre instinctivement devant tout ce qui est grand et beau, en entrant dans ce temple, en contemplant la hauteur de sa nef, en sondant du regard la profondeur des galeries qui l’entourent à droite et à gauche et le religieux mystère qui y règne, ne peut se soustraire à cette sensation de jouissance idéale qu’éprouvent si profondément les admirateurs passionnés de notre cathédrale.
Ce qui pourrait parfois moins impressionner le visiteur, parce qu'il la comprendrait moins, c’est notre magnifique statuaire. N’est-ce pas elle pourtant qui nous permet de lire comme en un livre ouvert dans le cœur de nos maîtres sculpteurs de l’époque médiévale ?
Laissez-vous guider par le gardien et, si vous le voulez, contemplons en premier lieu l’incomparable portail royal, exécuté vers le milieu du xne siècle. Rien pour la beauté plastique dans ces étonnantes statues et l’on se demande comment des hommes qu’on est tout près d’appeler génie ont pu, dans l’enfance de leur art, faire rayonner des âmes à travers la pierre et laisser entrevoir le divin. Voyez le Christ du tympan central : quelle grandeur, quelle dignité en toute sa personne ! Il trône au milieu des vieillards de l’Apocalypse ; eux magnifiques dans leur extase, lui majestueux dans son triomphe.
Et que dire des grands personnages, de ces rois et reines de Juda, ancêtres présumés du Christ ? Sont-ils assez immatériels et la sérénité empreinte sur leur visage n’est-elle pas le reflet de la vision béatifique ?
Ebauches d’un art naissant, incapable de reproduire des êtres réels, est-on tenté de dire ? Supposition erronée, répondrons-nous. En effet jetons les yeux sur les sujets voisins. A côté de cette vision de l’au-delà, il y a le travail mis en honneur. Nous ne trouvons plus ici le calme et la béatitude, mais l’action et l’image de la vie matérielle. D’une part en effet l’on peut voir sous la représentation des arts libéraux, les personnages qui ont illustré chaque science. Ah ! comme ils semblent peiner! si grande est la tension de leur esprit que leur visage est contracté par l’effort. D’autre part, près de là, les travaux des mois sont retracés dans des tableaux étonnants de vérité : ce sont, prises sur le vif, des scènes de la vie journalière.
Les portails des transepts offrent un tout autre aspect : l’art, selon nous, y est plus humain. Regardez au porche sud le Christ enseignant : il figure, tel que nous le rêvons, le Dieu descendu du Ciel, le Verbe incarné. 11 est au milieu de ses apôtres : ce n’est plus la majesté qui domine en sa personne, mais la bonté : on croit voir un nuage de tristesse assombrir sa physionomie, ne dirait-on pas qu’il a conscience que sa mission auprès des hommes sera difficile.
Toute son Eglise est à ses côtés. Dans la baie de droite, ce sont les saints Martyrs. Un pape, saint Clément, s’appuie sur sa crosse, il personnifie l’autorité pontificale. Deux diacres, saint Etienne et saint Laurent, se tiennent auprès, humbles et obéissants. Un évêque, saint Denis, a un diacre à sa droite, saint Vincent, et un prêtre à sa gauche, saint Piat, l’un et l’autre dans une attitude de soumission. A chaque extrémité de ces deux groupes, saint Théodore et saint Georges, se présentent sous le type de deux fiers chevaliers.
A la baie de gauche saint Léon et saint Ambroise apparaissent rigides, comme il sied à des Docteurs ; saint Nicolas, toujours bienfaisant, esquisse une bénédiction et le personnage qui représente l’apôtre des Gaules, saint Martin, est plein de grandeur et de dignité. Plus loin, c’est saint Jérôme avec le livre des Ecritures, il semble que l’artiste ait voulu lui donner un air d’austérité pour nous rappeler ses longs jeûnes au désert et ses études ardues sur les textes sacrés. Sur les deux derniers socles sont posés deux moines méditatifs, saint Laumer et saint Avit.
Ainsi nous ne sommes plus ici en présence d’êtres immatériels, impersonnels, mais l’homme se révèle tout entier dans l’action avec son caractère propre.
Transportons-nous au portail Nord. Nous avons sous les yeux l’Ancien Testament. Les prophètes se montrent avec leur sévère figure et sous leurs traits semble se cacher une grave pensée : l’attente du Messie.
Deux personnages attirent particulièrement notre attention. Saint Jean-Baptiste présente à nos regards un corps émacié par la pénitence, dans sa figure d’ascète se lit un profond chagrin ; ne croirait-on pas qu’il se sent comme écrasé sous le poids des péchés du monde que son Maître est venu expier. Que dire de la ravissante sainte Modeste ? Une beauté virginale rayonne dans son extérieur, plein de noblesse et de modestie tout à la fois.
Dans ce même portail il y a des scènes où nos vieux artistes ont fait passer toute leur âme : par exemple, la dormition de la Vierge. Quelle paix dans cette figure, avec quel respect infini les Anges s’approchent du lit de leur Reine et y portent les mains ! Et ne sommes-nous pas tout saisis d’admiration devant la Création du monde ? En un geste grandiose Dieu fait sortir du néant le Ciel et la Terre. Plus loin après avoir séparé le Jour et la Nuit, Il se recueille ! Quel voyant pourrait pénétrer le sujet de sa méditation ? Il va créer Adam. Oh ! quel chef-d’œuvre que cette statuette ! Avec quel amour et queile tendresse II a modelé le premier homme « fait à son image et ressemblance ». Vient la tentation, suivie de la chute, le Très- Haut prend un visage courroucé : il va punir et chasser les coupables de son Paradis.
Dans cet endroit aussi nos sculpteurs du Moyen Age ont représenté les travaux des mois, leur œuvre à moins souffert qu’au portail royal des intempéries des saisons et c’est un charme nouveau que l’on trouve dans la contemplation de ces scènes vécues. Quel naturel dans la pose de ce paysan qui en juin bat sa faux! Est-il rien de plus vrai que le geste de ce laboureur, qui en octobre jette son grain à la volée? Mais qu’il est plaisant surtout ce vilain tout frileux; la neige semble le recouvrir et pour mieux jouir de la flamme, il quitte sa chaussure devant l’âtre.
A ces impressions qui peuvent sembler trop sommaires, nous jugeons utile, pour guider les visiteurs dans l’étude qu’ils font du merveilleux monument, de grouper ici :
1° Un historique de la cathédrale ;
2° La description du portail royal ;
3° La description du portail sud ;
4° La description du portail nord ;
5° La description du tour du chœur ;
6° La description des verrières.
Puissent ces simples notes d’un sincère admirateur de la cathédrale faire naître en tous les amis de notre Moyen Age le désir de la voir mieux connue et plus souvent encore visitée.
Extrait de la Monographie de la cathédrale de Chartres by Houvet, Étienne, 1868-1949 . Vous pouvez trouver le document complet ici