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- Catégorie : Eure-et-Loir - 28
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Tour Neuve à hanches et/ou Saint-Lucien
La Tour Neuve, située dans le petit îlot forestier entre Hanches et Saint-Lucien (Eure-et-Loir, proche des Yvelines), constitue un vestige remarquable du patrimoine médiéval français. Edifiée à proximité d'une ancienne voie romaine, partiellement parallèle à la D4, cette structure défensive intrigante est entourée de fossés profonds et probablement d’une motte castrale encore visible sur place. On distingue sur les lieux un imposant pan de mur présentant deux meurtrières, témoignages du passé militaire de la région.
Histoire et architecture de la Tour Neuve
La Tour Neuve est composée d'un mur d’environ douze mètres, abritant deux gaines de défense : l’une située à l’étage supérieur, accessible par un couloir voûté, servait de poste de tir pour les arbalétriers ; l’autre, au niveau du sol, se distingue par une étonnante disposition associant latrines, meurtrière évoluée et tourelle de faible diamètre.
L'une des meurtrières, probablement datée du XIIe siècle ou antérieure, mérite une attention particulière pour son renfoncement supérieur adapté au tir des archers. Sa situation défensive laisse présager qu’elle protégeait un accès stratégique, peut-être une porte ou une ouverture essentielle du fort.
La coexistence des latrines et de la défense militaire au sein d’un même espace intérieur atteste du caractère sophistiqué de la tour pour son époque. D’après certains historiens, dont Franck Faupin (Association Forteresse), la partie haute du mur pourrait correspondre à une simple ouverture de jour, typique des fortifications romanes.
Contexte historique : fortification sous Robert le Pieux
Selon des sources et traditions locales, la Tour Neuve aurait été érigée au XIe siècle sous le règne du Roi Robert II le Pieux dans une démarche de protection de la frontière du domaine royal du côté de la Normandie. Elle faisait partie d'un ensemble de tours carrées constituant une ligne défensive secondaire, en complément des grandes forteresses bordant l’Eure.
De nombreux éléments suggèrent que la Tour Neuve aurait partagé ses pierres et matériaux avec un ancien manoir voisin, propriété aux XVIe et XVIIIe siècles de nobles familles locales (Champrond, Pardaillan de Gondrin). Aujourd'hui, la ferme de la Tour Neuve est connue sous le nom « Les Hauts de Pardaillan », espace de réception et chambres d’hôtes à quelques centaines de mètres du site.
La destruction de la tour semble volontaire, contemporaine des guerres de religion ou d’une volonté royale de neutralisation : des traces de feu sont encore perceptibles sur certains pans.
Informations pratiques
Adresse : 28 210 Saint-Lucien, le long de la D4 à la limite Eure-et-Loir/Yvelines.
Accès : Sentier traversant le bois, environnement non urbanisé et escarpé ; présence possible de propriété privée (non indiquée sur place).
Patrimoine local : Motte castrale, vestiges de fortifications, anciens manoirs seigneuriaux.

Même si on ne le voit pas très bien sur les photos, il y a dans ce mur, d’une douzaine de mètre de longueur, deux gaines de défenses. Une au premier étage avec un conduit entre deux petites salles ou un couloir voûté en berceau, qui semble en tout cas faire une partie assez importante du mur.
La gaine de défense au sol est plus étrange, puisque l’ouverture de service est assez basse et en théorie donc facilement accessible, et mène à Roi Roi distincts en un seul élément ou presque : les latrines, une meurtrière assez évoluée et enfin une tourelle ou une demi-tour d’un diamètre et d’une épaisseur relativement modestes. Cette position basse de l'entrée pourrait attester que nous sommes bien à l’intérieur du bâtiment, mais pourtant les archères sont situées juste au-dessus, donnant d’ailleurs un angle de tir assez fermé.
La meurtrière du bas, que je date du XIIe voire d'une date antérieure, ou du moins ce qu’il en reste, est assez intéressante de par sa construction. Notons d’abord son renfoncement au-dessus permettant à un archer de tirer. On peut constater aussi, à moins d’être un équilibriste ou contorsionniste hors pair, que l’angle de défense est particulièrement dirigé en un point précis. Il s’agit donc d’une indication assez évocatrice permettant au moins d’affirmer que la meurtrière défendait un point clef sans pour autant qu’on sache de quel élément, mais il s’agit probablement d’une porte, ouverture ou d’un système défensif particulièrement sensible. Il n’est pas impossible que la meurtrière du bas ne soit pas de la même époque que celle du dessus plus ancienne, les pierres ne semblent pas à vue d’œil être taillées de la même façon et être de la même composition. Ce qui expliquerait l’étrangeté du positionnement de la meurtrière.
Il est en tout cas assez rare que les latrines qui permettaient de desservir deux étages donnent directement sur une meurtrière fermée, qui elle-même est desservie par l’entrée du sol. Je ne sais pas si cette entrée menait à la tourelle, voire aux deux étages supérieurs ou directement à la meurtrière, peut-être aux deux. Cette entrée pouvait très probablement servir aussi à nettoyer en partie les latrines en versant de la chaux. En tout cas l’archer qui devait s’y positionner ne pouvait guère y rester longtemps au vu des odeurs et des gaz que les excréments pouvaient engendrer, à moins d’un nettoyage régulier ou d’adjonction de chaux, l’ouverture de service pouvait sûrement faciliter la tâche.
Au vu des restes actuels, il est difficile de se prononcer sur l’architecture et le type de bâtiment, personnellement je pense davantage à une tour carrée défensive, certains documents parlent d’une demeure seigneuriale ou d’une tour donjon construite au XIe par le Roi Robert, dit "Le Pieux". En effet cherchant à protéger l’extrémité de la forêt des Yvelines, il va faire construire des fortifications tels que celles d’Epernon, Montfort et celle de la Tour Neuve , un ensemble construit au début du XIe. Ces défenses, composées souvent de tours carrées, étaient la seconde ligne de défense du domaine royal du côté de la Normandie, tandis que les forteresses de première ligne couvraient le cours de l'Eure. Construites à la même époque elles devaient faire partie d’une stratégie bien établie et dans une certaine cohérence militaire, donnant donc toute son importance à la « tour neuve ».

L’ensemble semble avoir été détruit volontairement hors combat par un travail de mine, il reste encore des traces de feu violent difficilement visibles cependant sur la photo. Tout indique dans la disposition des destructions qu’il s’agit probablement d’une œuvre volontaire de destruction dans le but d’une non réutilisation. En effet il est assez étrange que la partie restante est dans un état de conservation relativement bon, alors que le reste a été totalement détruit et arasé. Il n’est pas impossible que lors de la construction ou réhabilitation du manoir seigneurial à quelques centaines de mètres, celui-ci ait reçu des pierres de l’édifice, ce qui est fort probable tant les ouvertures ( fenêtres et portes ) semblent être des pièces rapportées ( voir ici ). On peut aisément deviner sous les broussailles de larges monticules de terres donnant l’impression, peut être faussement parfois, d’avoir d’importantes fondations ou restes.
C’est cependant un ensemble défensif qui mériterait de plus amples fouilles, notamment par sa construction, son emplacement qui peut paraître étrange aujourd’hui mais aussi sa probable motte castrale. Comme je le soulignais il y a à quelques centaines de mètres, un ancien manoir seigneurial ayant appartenu, au XVI siècle, à la famille de Champrond, d’où est issu le blason de Hanches, la ferme de la Tour Neuve, propriété au XVIII siècle du duc d’Antin, Louis de Pardaillan de Gondrin . Bâtiment appelé aujourd’hui « Les hauts de Pardaillan » qui sert de salles de réceptions et de salons accueillant séminaires, fêtes de famille et chambres d'hôtes. Il est assez étonnant que la famille en question n’ait pas cherché à récupérer cette tour; la destruction par une guerre de religion très violente dans les alentours est la plus probable. En effet si la tour a été détruite sous ordre du Roi, il semblait improbable qu’un seigneur puisse reconstruire par-dessus ou réutiliser le reste de l’ensemble. Mais tout cela n’est que supposition sans preuve mais pour le moins crédible.**
notes :
* : il peut s'agir d'une simple ouverture de jour même si sa disposition extérieure semble indiquer que c'est une meurtrière de petite taille.
** : sans fouille ou document historique, cela ne peut être qu'une simple conjection historique ne prouvant rien.
![Tour Neuve Hanches Saint Lucien [Group 1] Tour Neuve Hanches Saint Lucien [Group 1]](https://montjoye.net/images/chateau/chateau-du-centre/tour-neuve/tour-neuve-hanches-saint-lucien-%5BGroup%201%5D.jpg)







![Tour Neuve Hanches Saint Lucien [Group 1] Tour Neuve Hanches Saint Lucien [Group 1]](https://montjoye.net/images/chateau/chateau-du-centre/tour-neuve/tour-neuve-hanches-saint-lucien-%5BGroup%201%5D-.jpg)



